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Revue des études juives

Le nom divin de vingt-deux lettres dans la prière qui suit la


bénédiction sacerdotale
Bernat Heller

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Heller Bernat. Le nom divin de vingt-deux lettres dans la prière qui suit la bénédiction sacerdotale. In: Revue des études juives,
tome 55, n°109, janvier-mars 1908. pp. 60-71;

https://www.persee.fr/doc/rjuiv_0484-8616_1908_num_55_109_4869

Fichier pdf généré le 04/12/2020


LE NOM DIVIN DE VINGT-DEUX LETTRE

DANS LA PRIÈRE QUI SUIT LA BÉNÉDICTION SACERD

Nulle part peut-être dans la liturgie juive, le mysticism


ses formules énigmatiques, n'a persisté avec autant de
que dans la prière qui suit, aux jours de fête, la bénédiction
dotale Birkat Cohanim. Nous essaierons ici d'exposer l'or
d'expliquer l'introduction et le maintien, dans les rituels,
étrange prière, qui se récite encore de nos jours.

Les prières ayant, pendant et après la bénédiction sacer

Les trois versets de Nombres, vi, 24, 25, 26, qui forment l
diction sacerdotale figurent dans la liturgie tant des jour

naires que des jours de fête. Cette bénédiction, d'une co


admirable, a paru justement un peu trop brève. Ne compt
quinze mots, elle finit à peine commencée. Il s'agissait
LE NOM DIVIN DE VINGT-DEUX LETTRES

En achevant la bénédiction, les prêtres devaient, à l'époque ta


dique, prononcer l'invocation suivante : tmba 'n 'psbtt "pan
■psn bien» na arp «b biour γν *pnb larmitï) it nana κη
c< Qu'il te plaise que cette bénédiction, par laquelle tu nous as p
crit de bénir ton peuple Israël, soit sans esclandre ni péc
Cette prière a changé et de place et de texte. Destinée à suivr
bénédiction, elle précède, au contraire, l'eulogie, sans doute
suite de la décision de Maïmonide ' . Son texte a subi une sér
modifications 2.
Enfin, se détournant du peuple, la face vers l'arche de l'allia
les prêtres ont à dire : ma rro* irby ntae rra iris? y
'■un snnoama. « Maître du monde, nous avons fait ce
tu nous as enjoint, toi, fais ce que tu nous as fait espérer »,
le verset du Deutér., xxvi, 15. Cette prière a gardé sa place et
que légèrement changé de texte 3.
Les additions à prononcer par les prêtres furent admises
controverse. Mais une discussion 4 s'éleva sur le point suiv
comment le peuple doit-il écouter la bénédiction qui le conce
R. Zéra au nom de R. Hisda (ce sont eux qui ont aussi tran
l'eulogie) recommandent à la communauté les trois derniers
sets du Psaume cm qui commencent chacun par'n wna. Au m
saph du Sabbat le peuple doit — d'après R. Assé - répondre
les deux premiers versets du Ps. cxxxiv et le dernier du Ps. cx
Au minha du jeûne on récite — d'après R. Aha b Yacob -
versets de Jérémie (xiv, 7, 8, 9) 3. Dans la prière de Nella de

rpy-D
monter
prononcé
1. Mischné
sur
{Sota,
la l'estrade
bénédiction.
Tora,
39 a]; Hilch.
en
comme
réalité,
Nesiatmbyb
cela
Kcippaïm,
veut
"pbm
direxiv,
que
"φΤ3?,
12.
le piètre
Ma'imonide
quandquitte
le explique
prêtre
la place
part
"!p
o

2. Nombres Rabba, ch. π, 4 (éd. Vilna, 43 c) : îOO pour ¡<b : Halachot Ge


p. 221 : nmirui it nana N-nœ nama« Ttbao -lavir« 'n "psbtt

Dbu
Siddour
-I3H Amram il.(Varsovie, p. 11
b IO
b) :3 73ΓΟ"Ι3
Π 3 ΝΠΠ"
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73*
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Berlin,
nanitaSarra·«
1889,
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p. 100-101)
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Obi* "T3M nnr» "ρ*η. — Ma'imonide, xiv, 12 : nma ΓΡηηΐΰ 'Ν 'n »

•pan 5113373
□bir "tjh ΓΐΠ73.
na C'estban
presque
n»-bola même
nona version
banta que
"p*celle
natqui*pab
a pénétré
larmxd

Schoulhan
3. Halachot
Avouch
Gedolot
, Orah
ontliayyim,
Π733 pour
§ 128,Π73·
12, M.
et dans
Vitryla omet
liturgie
1372,
actuelle.
Aboudarh
62 REVUE DES ÉTUDES JUIVES

Kippour la réponse du public devait comprendre les trois


versets du Psaume cxxvm. On voyait dans ces réponses d
munauté une manifestation de reconnaissance envers D
uns voulaient en restreindre l'emploi au seul temple de J
Les autres les trouvaient tout à fait inconvenantes, com
serviteur négligeait d'écouter la bénédiction de son maîtr
C'est pourquoi les Halachot Gedolot, le Siddour Am
code de Maïmonide ne font aucune mention de ces v
Jacob b. Ascher (xivtì siècle) les désapprouve1. Son conte
David Aboudarham, connaît un usage en vigueur chez
uns, qui accompagnent d'un verset biblique chaque m
bénédiction, mais il ne l'approuve pas non plus2. Le Mahz
au contraire, fait l'énumération complète de ces verset
vent chaque mot. tandis que, dans le Talmud, les réponse
de verset à verset. Ces versets sont presque les mêmes
qu'on récite aujourd'hui encore dans la synagogue3.
Mais nous ne sommes pas encore au bout des additions
talmudique. Si l'on est inquiet d'un songe à présage d
Talmud (le babylonien de même que le palestinien) rec
de prononcer pendant la bénédiction des prêtres une p
tend à réaliser les songes favorables et à paralyser, à
les songes funestes. Le babylonien ajoute encore une au
non moins efficace : ûibra Qibra ¡ηηκ 'ϊτ-naan pins û
ü"ibiB irb* Dtünio 1 "¡τ 4.
Au temps de R. Asché (ve siècle) un amôra (Amémar, M
ou R. Asché lui-même) rapporte cette prière comme t
inconnue de ses collègues 5. Le Siddour Amram l'adop

rabbin qui
verset : R. se
Houna
soit (j.
maintenu
Ber., 2c,
dans
25) le
; Ps.
Mahzor
cxxxv,
d'aujourd'hui),
21, est remplacé
de par
sortecxxx
qu

cxxxiv est entièrement récité. — Nombres fi., n, 4 (éd. Vilna, p. 43cci


sion babylonienne.
1. Tour Orah Hayyim, § 128.
2. Séfer Aboudarham , éd. Amsterdam, 1726, p. 43 ; pareillement
Avouch, Or. Hay., § 128, 26, et même la glose de Moïse Isserles.
3. Mahzor Vitry , p. 101. Toutefois il faut noter les divergences su
CXXIII, 1, "OVra "TINTI." j et Ps. XXV, ciiUN "OSS 'Π chang
Après le second T3S, M. Vitry met "jVaNI 'y *3 ",27073 "ρ3Ε "Ι
acontaminant
Ps. eu, 3. Le
Ps. plus
xxvn,frappant
9, ou eu,
est 3,que
avecpour
lxxxvi,
Nombres,
1, tandis
vi, 27,
que 'Ή'ότιΝ
dans le r

dÌD,,,"l) M. Vitry met Ps. cxxxn, 17 : nib "pp ΓΡΚ3ΕΝ 0®, comme
LE NOM DIVIN DE VINGT-DEUX LETTRES

pour celui qui est inquiété par un songe1. De là, elle a pa


au Mahzor Vitry 2. Méïr Ha-Cohen nous apprend, que
maître, R. Méïr de Rothembourg (xiii6 siècle), avait Γ habitude
réciter ce Mais au χνπθ siècle encore Iesaya Hour
n'y oblige que ceux qui sont effrayés par un songe 4. Dans les M
zors courants cette restriction est tombée, le modifié
place en place devint obligatoire pour la communauté entière e
Dritta TT«, altéré quelque peu, a pénétré jusque dans la litu
quotidienne 5.
Si, avec la guérison des songes, la superstition est déjà en
dans le rite de la bénédiction, une addition plus grave a
encore intervenir. Elle est empruntée, non plus au Talmud, m
à la Cabale. Le point de départ, c'est le Sé fer Raziel 6, qui se
pour ses amulettes de ce groupe de mots mystiques :

.troS-PT tTDDOE ÖPDS DPpSN

Une fois ce groupe de mots est suivi des versets de là béné


tion7, une autre fois le mot trosos s'intercale dans ces verse
Voilà donc un rapport établi entre la formule mystique et la bé
diction des prêtres et voilà un motif suffisant pour broder su
thème une prière finale pour la bénédiction. C'est de quoi
chargé Nathan b. Moser Hanover Aschkenazi (xvit® siècle) en r
geant un yrin TP qui s'est cristallisé, si j'ose m'exprimer ai
autour de ladite formule.

Le nom divin de vingt-deux lettres.

A côté du tétragramme, déjà l'ancienne littérature post-bibl


connaissait les noms divins de douze, de quarante-deux et
soixante-douze lettres9. Le livre de Raziel ne se contenta pa

1. P. 102.
2. 11 b, 12 a.

3. p-plTO mnan ad D'DO PÍOÍÜ3 'bri, χιν, 7.


4. Π'ΉΦΠ "133, Amsterdam, 1714,
Dibia
5. Lap-iaraab
version courante
nmm est οπ
: ΓΡ3
bjmo"v
122 bo 521 Ì3""b3? DíünO "Υ'ΓΡ ..."
64 REVUE DES ETUDES JUIVES

révéler ces mystères, il en ajouta un nouveau : le nom


deux lettres *. Le mysticisme ne pouvait se passer aisém
nom qui compte autant de lettres que l'alphabet hébre
par la Cabale d'une sainteté magique.
Paulus (Selig) Cassel semble être le premier qui ait es
plication de cette formule mystique. Il propose la po
suivante :

.2io3i"H ûPaEWD cnpç

« άνακτες, les dieux Hephaestos et Dionysios, qui pers


gagne tout le monde, formule fort remarquable dans
Hephaestos et Dionysios, les παίδες de Zeus, sont nommé
comme les Dioscures 2 ».
Plusieurs autres explications se trouvent alléguées ou
par M. Grünwald :
Άναξ πιστηων Διόνυσος. Anaxos, Hephaistos, φώσφορος (pa
Hermes), Dionysos. Άνάκειται Διονύσω πιστά θεών επίσπ
convient à Dionysos, foi des dieux, une libation3 ».
La deuxième de ces hypothèses a donné lieu à une
spirituelle : Anax, Mephistos Phosphoros. Dionysos À ; la
fait trop d'honneur à la logique de ces combinaisons mys
Contrairement à ces interprétations qui se flattent de
des propositions complètes pleines d'un sens profond, d'
reconnaissent pas même des mots, mais seulement d
amalgamées. Albert Katz y voit les lettres qui comm
prière : ranion anp «3 ba3. Après d'autres, cet acro
également indiqué par M. Schwab, qui trouve la conj
P. Cassel bien hypothétique et met un point d'interrogat

nvm»
de
p.
Διόνυσος
d'être
qui
drait
kunde,
2.
1.65)
transcription
n'existe
Raziel,
Paulus
dire
; et
Cassel
V,Î31S,
; après
:leHambourg,
«pas
45
Cassel,
mot
celui
pense
a,lui,
V.grecque;
non
πάμφασις
Ρ"ΡΓΠΝ
Blau,
qui
Messianische
àM.un
plus
1900,
persuade
Grünwald
p.(c'est
dérivé
M.
(qui
126.
p.Schwab
pourquoi
EO,
71)
d'ailleurs
tout
deStellen
(πείθω,
lui
Mitteilungen
àlelire
fout
monde
( Vocabulaire
Cassel
, ne
rvniK
persuader,
Berlin,
lire
paraît
».hésite
à der
tort
1885,
a"Dcomposé
pas de
Gesellschaft
: exister)
àiap
"Ανηκτες
p.l'Angelologie,
transcrire),
D\¡3,
92. avec
n'a
Cassel
ad
"Ηφαισ
ici
für
πάν,
nor
m
au
n

3. Grünwald, Mitteilungen , etc., V, p. 51, η. ad 135α, p. 58, η.


LE NOM DIVIN DE VINGT-DEUX LETTRES

Διονύσι'ος, l'élément le plus assuré dans cette hypothèse1. L'hyp


thèse des initiales est trop facile. On trouve toujours des acr
tiches.
L'auteur du ypit ·η*β est infatigable dans ces combinaisons2.
Il vaut mieux chercher dans la même voie que P. Cassel, sau
ne pas essayer de découvrir une sentence profonde. Pour l'aut
du Raziel il ne s'agissait que d'arriver à une combinaison de vin
deux lettres. Lui-même n'en comprenait pas les éléments co
titulifs. On s'en aperçoit bien à la manière dont il explique le m
üwi¡ il y voit une composition de t*i et iroa « deux miracles
L'équation de ûwi avec Διόνυσος semble hors de deute··.
rapports réels ou imaginaires du judaïsme avec le culte de D
nyse sont un curieux sujet d'étude. P. Cassel pense retrouver
idée bizarre — le nom du dieu grec dans le livre de Daniel (xi,
.où il lit cw rîbîôi (pour trraa ïib«bi) « Dionysos » 5. Il consid
la lutte contre l'hellénisme comme une lutte contre le cultç
Dionysos 6. Plutarque de Chéronée, Claudius Iolaos supposent q
les Juifs adorent Dionysos. Tacite aussi allègue cette croyance
est vrai, pour la combattre7. On était surtout tenté de rapproc

avoir
astronomie
1. Vocabulaire
cité Cassel,
les Dioscures.
de l'Angélologie
Schwab »(p. 66) ajoute
, p. 102,
: «s.Ν.v. B. On peutIl lire
est aussi
"Ανακτες
étrange
qui égale
qu'a

2. Il offre pour anp5N :


mat» rjbi:stn íanp finia tw«

pour tjnDÖ : "jnbTm


ûnao
fana»riann
•'aayn
ismntanp
'■pn&np
rjnbo
fima
6«b«
wd
«a»

pour DOSDB : "]τη%


D*irobaban
asrcnn
nnbo
nbo
lapins
*wdb

Tpmanxj yw
wröao
nbo nns
fins nmbo
nrrbo Tins
mi» rr nasrao nam) ñauo nns
pour aoavr :
■jnaa w laaws «ma fnn wn «m
inmatt
"imane ητΓΡ
nrp -ιταο
■'-ino
sta issa
-[nnsnan
wiv
nsf «in
Ήη

Édition Vienne, 1817, p. 34 b, 35 a, 38α, 60α, 63α.


wörter
3. Ρ., II,
45 198.
α; il s'appuie sur l'analogie de "pauns "PT, voir Krauss-Löw, Leh

4. Notons que Dionysos figure aussi dans l'oracle pour la « guérison des songe
v. le lexique de Roscher, ci-après cité, I, p. 1033 (ligne 6).
5. Messianische Stellen , p. 91.
66 REVUE DES ÉTUDES JUIVES

des initiations et fêtes mystiques de Dionysos lès rites d


des Cabanes1. Le Talmud et l'ancien Midrasch semblen
connaître le nom de Dionysos. Mais dans la généalogie fa
de Haman, un Targoum présente des noms comme didvi
le Targoum schéni (m, 1) un fiDTt na, où l'on entrevoit
ration de Dionysos3. Dans le mysticisme juif du moyen
nysos eut sa vogue, grâce justement au Séfer Raziel. D

on
catholique
a cru rencontrer
aussi4. les traces du culte dionysiaque iians

plus
"Ανακες,
cures
c'est
déjà
de
vertu
quité
phique
ingénieux
semblables
comme
Phosphoros
πεισις,
qu'il
a Pour
déjà
Mais
la évidence
possible;
connu
ne
5.
fidélité,
et
elle-même
très
c'est
que
les
ne
Que
qui
πάμφασις,
qu'il
pouvait
que
se
justement
autres
?veut
désignent
,;önoö
lui
Forger
c'est
est
peut
le
parfaite,
dont
lire
probable,
prêter
plus
avoir
dire
soit
devenait
fort
πάμπεισις,
éléments
assez
guère
onotott
leplus
Héphaistos,
ùdsdd,
douteux
les
signalé
simple
culte
la
mais
demoindre
séduisant,
démons
imaginer.
ou
puisque
ops«Anax
plus
c'est
sérieuses
du
grandissait
probabilité,
objet
moins
l'erreur
est
qu'à
nom
rare
se
ou
protecteurs,
de
teinture
Méphistos
de
divertir
l'époque
habilement
»mais
Faire

de
Méphistos
connaissances
penser
6.
qui
tant
d'après
«vingt-deux
ûnpi»,
au
une
dire
consiste
de
d'hellénisme.
àfür
àdu
est
combinaiso
notamment
peu
M.
telle
c'est
Πίστις,
à est
des
Raziel
et
un
Schwab
inconnu
de
àingén
bien
lettre
altéra
voca
caba
de
attr
mes
Fid
fra
cg
"

p.
(1898),
αJ.
grösster,
wiederfanden,
Ausführliches
Targumim,
Martonne
Léon
v.Der
1.
2.
4.
3.
5.
1087.)
6.
Perles,
Krauss-Löw,
Cité
V.
Il
Oertl
"Wissowa
Gautier,
indische
p.
s'agit
Ad.
Krauss-Löw,
höchst
181.
aussi
ont
Etymologische
dans
Büchler,
n'enregistre
de
mis
Les
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Feldzug
Lexicón
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Lehnwörter
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«le
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Grecs
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Lexicon
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Roscher,
II,
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Kult
Mythologie
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DOT,"V
Chaldäisches
fremden
368,
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catholiques,
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369.
Griechen,
Lara,
controverse
Mythologie
et
divinités
Gottheiten
deTacite
άναξ
Wörter
que
Roscher
(F.-A.
diedans
est
,Fr.
un
bek
Rdd
LE NOM DIVIN DE VINGT-DEUX LETTRES

groupes de lettres plus de sens que ne leur en donnaient leu


inventeurs1. Il ne faut pas oublier que l'auteur du Raziel av
absolument besoin de six lettres. Résignons-nous donc à reco
naître dans öoedb un mot de remplissage nécessaire qui, d'ailleu
s'explique assez aisément, dbdd n'est que le redoublement de
première syllabe de onos. Redoubler « une syllabe du mot sac
par une sorte de bégayement » était un des procédés des ca
listes, dont M. Schwab a donné plusieurs exemples2, poböd
trouve, d'ailleurs, assez souvent dans la littérature du Talmud,
Targoum et du Midrasch, comme pluriel de dcob = ψήφος.
Une fois créé, le nom de vingt-deux lettres fit fortune. Il en
dans les amulettes 3, il pénétra dans la liturgie, par l'abus d'u
ancienne tradition. La baraïta atteste que dans le sanctuaire
Jérusalem les prêtres prononçaient le tétragramme DU
Pour d'autres noms mystiques aussi la bénédiction des prêt
était un propos favorable. « Primitivement — nous rapporte u
baraïta — on transmettait le nom de douze lettres à tout le mon
depuis que les débauchés devinrent de plus en plus nombreux,
le transmit aux vertueux d'entre les prêtres, ceux-ci le glissai
furtivement pendant que se prolongeait la voix de leurs frè
les (autres) prêtres. R. Tarfon rapporte ceci : un jour je suivis
frère de ma mère, en montant sur l'estrade des prêtres, je penc
mon oreille vers le grand -prêtre et j'entendis qu'il glissait
nom3 dans le chant de ses frères, les (autres) prêtres6. » Le my
cisme ultérieur attribuait aux prêtres qui avaient béni le peu
une force magique 7.
Il est donc bien naturel que la Cabale ait voulu introduire

schrift
etc.,
superstitions
2.
3.
1. Raziel
Dàns
V,
Vocabulaire
, p.1898,
25,
la, 42
du
recension
n.
p.b,ad
570).
xvi*
de
amulette
n®jusqu'au
VAngélotogie
16.
du d'une
Vocabulaire
xvme
râleur
, p.
siècle
26;
générale,
de lavoir
l'Angélologie
formule
aussi
44 b,est
M.
contre
extrêmement
Grünwald,
de M.
les Schwab
armes;
Mitteilun
fréquent
(Mon
dans

M. Grünwald, Mitteilungen der Gesellschaft für jüdische Volkskunde, V (Hambo


1900), p. 17, 23 (n· 9), 31 (n· 37), 50 (n· 128), 51 (n., n· 135«), 58 n., 66 (n· 226
4. Sàia , 38 α; Nombres R., n, 4, 8; éd. Vilna, p. 43 ó, 45 b, à la mor
Siméon le Juste, les prêtres, pour manifester leur deuil, s'abstinrent de prononc
tétragramme, Yoma , 39 ά.
5. R. Tarfon n'indique pas avec plus de précision quel nom mystique il entend
68 REVUE DES ÉTUDES JUIVES

nom mystique dans la liturgie de la bénédiction des prê


teur du fTSt "nwS avait à choisir sur lequel de ces nom
broder sa prière. Les noms de quarante-deux et soixa
lettres lui paraissaient sans doute trop longs, de même l
minis que le Séfer Raziel (p. 24 a) composait de douze
du tétragramme, en somme, de quarante-huit lettres. C
au nom de vingt-deux lettres qu'il rattacha sa prière.
il le met assez gauchement en rapport avec la bénédi
prêtres, invoquant « le nom grand, fort et terrible de v
lettres qui sort des versets de la bénédiction des prêt
prière elle-même ne présente qu'une chaîne d'étvmolog
laires, obtenues en partie par des fautes de lecture, ûn
changement de o en ü, est résplu en vipí«, npss, ün n
gémissement », « le gémissement de l'irréprochable », c
de Jacob, ûnos lui rappelle on noD « le morceau de pain
prochable Jacob » ; tröööB le tros nana, la tunique de
Jacob donna à Joseph. Pour trwim (au lieu de 0ί03Τ»ί) il
mologie du Raziel 2, invoquant les itm, miracles de Dieu
Le dernier chapitre du beau livre de M. L. Blau sur
juive est consacré à la superstition dite étymologique, c
relative au double sens d'un mot4. Dans le mysticisme s
dans celui qui ne crée plus, mais qui interprète plut
jour une étymologie populaire qui se plaît à découvrir
formule incomprise des lettres, des syllabes, des mots,
éléments connus. Ce procédé rappelle un des trois «p
artifices » de la Cabale 5, le notaricon , mais c'est un
involontaire. C'est ainsi qu'on reconnut en DnpiN le r
« gémir », le substantif np3» « gémissement », et nous cr
c'est là le motif pour lequel on préposait onpss aux

trouvent
2.
1. P.
Ce 45
n'est
pasa. dans
mêmeNombres,
pas exact
vi, 24-26
: les ;lettres
'o ne p,
se trouve
n, du
que niniN
sous la forme

3. Le 1VX (éd. Wien, 1817, p. 63 ab) recommande sa prière


où les prêtres montent sur l'estrade. Il en a aussi composé une variante
gie du mardi (p. 38 ab) ; ici le nom de vingt-deux lettres est résolu en
Dr npfiO, et encore une fois npS, D">DD. Dans la prière pour la
ΪΤ3ΗΓΤ
deux lettres
by (p. 75 b).
il engage aussi à penser, en prononçant "p", au n

fasciner
4. Das et
altjüdische
teindre (un
Zauberwesen,
arbre) de rouge,
1898, on
p. 165-167
peut encore
; auxjoindre
deux sens
un tro
du
LE NOM DIVIN DE VINGT-DEUX LETTRES

gémissement ») du schofar dans la liturgie de la fête du Nouvel A


Dans un appendice nous essayerons de démontrer que le démo
ïttid ne doit son existence qu'à un pareil besoin étymologique.
Ainsi, la prière accompagnant le nom de vingt-deux lettres n'e
pas née d'un recueillement pieux, elle n'a pas jailli spontanémen
d'un mysticisme fervent, elle est un composé fâcheux d'élémen
factices, disparates, laborieusement rattachés ensemble. Tout d
même elle ne manqua pas de faire fortune. Elle fut recommandé
aux fidèles dans le recueil de prières rédigé par l'auteur du rfbt
Isaïe Hallévi Hourvitz (χνπθ siècle) Et de nos jours encore un
des tentatives liturgiques les plus remarquables, le livre d
prières que le Consistoire israélite du grand-duché de Bade vien
de publier, ne s'en est pas tout à fait débarrassé; il l'a abrégée,
l'a modifiée, il ne l'a pas rayée 2.

POURAH DÉMON DE L'OUBLI.

Les croyances populaires tiennent à la conservation de


mémoire et ne se lassent pas d'inventer des remèdes contre l'oubl
Gomme le judaïsme a toujours attaché une valeur capitale à
science ou plutôt à l'étude, il est bien naturel que la lutte de l
superstition juive contre l'oubli ait été particulièrement acharné
Cette lutte est fort ancienne3, et l'on en trouve un écho dans l
liturgie.
Déjà le Siddour Amram nous offre la prière suivante à pro

üiua
noncer
anöT
après les
Nmu
adieux
b* faits
mm aubcm
Sabbat
1353»: [ïttid
rasa b"3S]i-imD
ab -ronmb*îttdiô
rrwwτ

bsmriD bìr ôïrwïn«orma οέτχ am «nsnp anrrau) « Je t'ad


jure Pothéh (lire : Ρ our ah), démon de l'oubli, de m'enlever mo
cœur stupide et de le faire tomber sur les monts, sur les hauteurs
aux saints noms, au nom de Armas, Arimas, Armimimas Ansis
Yaël, Petah'él 4.

1. Amsterdam, 1714, p. : Isaïe Hourvitz était le contemporai


plus jeune de Nathan b. Moses Hannover Asehkénazi; la citation empruntée aux
est-elle de l'auteur ou bien de l'éditeur ? Que quelqu'un mieux rompu à ce
questions bibliographiques en décide.
70 REVUE DES ÉTUDES JUIVES

Le Sêfer Raziel est plein de ces recettes. Entre autres, i


un gâteau, préparé avec des cérémonies compliquées,
noms divins inscrits sur les deux côtés. Huit feuilles de
chacune portant un nom, devront être trempées dans
Avant de le boire, il faudra dire cette prière : -reo nmc Y
ü va νγιεί ionia b» ϊτγρ "pbuim rasa ab τοηβ
bernnen bircos« bfcoosK biro» owwi» ο>τί» *p
»nnei ... A la fin on mangera le gâteau 1 .
En somme, il n'y a ici que trois noms qui entrent en
compte : Io expliqué comme Hermes ou Ormuzd
Perles2, comme Armimus ou Rémus par M. Schwab ? (le
bable c'est Hermes) ; 2e birt»«le démon qui contraint
oublier ; 3° bemne 4, l'ange qui ouvre l'esprit. Ces trois n
variés, abrégés et allongés.
D'ailleurs, il est évident que le Raziel n'a fait que dé
« enrichir » les données du Siddour Amram 5. Ensem
forment donc qu'une seule variante en face de la version
plus naturelle et — d'après Jos. Perles — originale :

Ö D» DÎT OXPtt 073Τ0Ί WWI«

En diminuant les lettres du nom du démon, on diminue


lui-môme, on l'exorcise. J. Perles signale l'exemple d
procédé donné déjà par le Talmud ( Pesahim , i%a ; Abo
126) : η ή? ·ηη nna "nrna» β. On peut aussi rappele
•Wïô »Vi -,3n «b tmw «bi dans l'exorcisation Ber., 62 a.
page du Sé fer Raziel n'offre pas moins de douze exem
« ms. n° 1380 du fonds hébreu de la Bibliothèque Na
fait de même avec pip», ram On essay
d'éteindre des incendies par de pareils exorcismes 9.

Alterthümer,
i.
2. Raziel,
J. Perles,
421871,
Etymologische
a. p. 78 ; l'identification
Studien zur avec
Kunde
Ormuzd
derest
rabbinischen
déjà chez SchS

Vni (1889), p. 12.


3. Vocabulaire de l'Angélologie , p. 74.
4. Zunz, Die Synagogale Poesie des Mittelalters, 18S5, p. 478.
5. L'éditeur du Siddour Amram, Varsovie, 1865, II, p. 59a, voit da
sage une interpolation postérieure.
6. Raschi au passage de Aboda Zara, 12 b, explique déjà le decres
uñe exorcisation.
LE NOM DIVIN DE VINGT-DEUX LETTRES

otrontt s'impose d'autant plus à ce procédé, qu'une varian

OH"1 marque justement la diminution, la disparition du démon,

une autre, oïrMn, rappelle quelque peu les hauteurs sur le

quelles le cœur stupide doit tomber.

Mais que vient faire ici Pourah ? M. Schwab 4 suppose que

forme correcte ïirv© fut défigurée en ïtt®, « par allusion à Isaï

Lxiii, 3 ». C'est l'explication contraire que nous proposons. A rm

qu'on n'a plus compris, on a substitué nms, qui donne un se

suffisant : le trompeur, le démon qui égare, confond2. Mais d'o

vient Pourah ? On ne comprenait pas le mot owrna. Dans la Bib

entière il n'y a pas de mot qui lui ressemble mieux que üdöin, q

présente toutes les lettres de sauf le '■», et qui, d'après

témoignage des Concordances, ne se trouve qu'une seule fois

Isaïe, Lxiii, 3. On identifia les deux, et on interpréta le vers

de la manière suivante : « J'ai écrasé Pourah sans le secours d

personne, je les ai écrasés, lui et Armîmas, dans ma colère. » Ain

d'une étymologie populaire naquit le démon Pourah.

Bernard Heller.

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