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HÉRODOTE

HISTOIRES

223 tranes.
HÉRODOTE
LI VRE V

T E R PSIC H O R E
COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE
publiée sous le patronage de VASSOCIATION GUILLAUME BUDÉ

HÉRODOTE
HISTOIRES
LIVRE V
TERPSICHORE

Il a été tiré de cet ouvrage :


300 exemplaires sur papier de Rives T E X T E É T A B L I E T T R A D U IT
PA R

numérotés de i à 300 .
P h .- E . LEGRAND
Membre de l'Institut
Professeur honoraire de rUniversité de Lyon

P A R IS
SOCIÉTÉ D’ÉDITION « LES BELLES LETTRES »
9 5, BOULEVARD RASPAIL
ig46
Tous droits réservés.
A V A N T -PR O PO S

E n raison des circonstances, qui créent aux im pri­


meurs tant de difficultés, ce volume, comme le précédent,
ne paraît que plusieurs années après avoir été rédigé. Je
Conformément aux statuts de l’Association Guillaume souhaite que les lecteurs n ’aient jja s à y constater, en
Büdé, ce volume a été soumis à l’approbation de la conséquence, de fâcheux retards dans l’information.
commission technique, qui a chargé M. J. Hatzfeld Pour l’établissement du texte, j ’ai eu de nouveau, à
d ’en faire la revision et d ’en surveiller la correction en. Paris, le concours fidèle de M. Dain ; à Rome, Mcr De-
collaboration avec M. Ph.-E. Legrand. vreesse a eu la complaisance de faire, sur ma demande,
un certain nombre de vérifications ; M. Pieraccioni en a
fait autant à Florence, et M. Rattenbury à Cambridge.
Pour les notes, MM. Flacelière, Ollier, Louis Robert
m ’ont fourni d’utiles précisions. M. Hatzfeld a révisé la
traduction avec son habituelle diligence et l’a améliorée
sur plusieurs points ; il m ’a assisté pour la correction
des épreuves. Pour ce dernier travail, qui m’est devenu
de plus en plus difficile, le P . des Places m ’a aussi
secouru. Oe m ’est un agréable devoir d’adresser ici, à
tous, mes remerciements.
SIGLA

( ex editione H udiana repetita )

A = Laurentianus LXX 3, saec. X.


B = Romanus bibliothecae nunc Angelicanae Augusti­
norum , olim Passioneus, saec. XI.
C = Laurentianus Conventi soppressi 207, saec. XI.
D = Vaticanus 236g, ex bibliotheca Mureti, saec. XI
vel XII.
E = Excerpta quae in codice Parisino Suppi. i34
saec. X III exstant, ex codice X saec. u t videtur descripto.
P = Parisinus 1633, saec. XIV.
U = Urbinas 88, saec. XIV. Codicis Vaticani 123 (R)
in locum venit, ubi intercidit liber quintus.
S = Cantabrigiensis Collegii S. Emmanuelis 3o, ex
bibliotheca Sancrofti, saec. XV (cf. Powell, Classical
Review, 1937, p. 118-119; saeculo XIV0 vulgo
adscribebatur).
V = Vindobonensis LXXXV, saec. XIV.
Const. = Excerpta Constantini Porphyrogenneti, de
quibus cf. Hude P raef. p. x.
Codices alios, sicubi in rationem vocantur, nomine
integro designavi.

codd. = codices, i. e. codices universi qui in rationem


vocantur.
SIGLA

codd. pi. = codices plerique, i. e. codices universi


qui in rationem vocantur, illis modo exceptis quorum
lectionem diversam rettuli.
cett. = ceteri, i. e. codices ceteri qui in rationem
vocantur.
Numeri x, 2 siglo additi vel scribae priorem et poste­
riorem scripturam indicant, vel scribae et correctoris.
m a r g . = i n margine.
V. 1. = varia lectio,
inc. = incertum.

LES PERSES EN SCYTHIE,


EN LIBYE ; SUR ^HELLESPONT,
EN THRACE;
LA GRÈCE MENACÉE.
(IY i - V 27, fin ).
NO TICE

3. — L ’avance des P erses en E urope .

A la fin du récit de la guerre scythique, nous lisons que


Darius s’embarqua à Sestos pour l’Asie, laissant en Europe
Mégabaze avec une armée de 80000 hommes1. Dans les
premiers chapitres du livre V, Hérodote accompagne tour à
tour ces deux personnages. Mégabaze d’abord, qui, confor­
mément aux instructions reçues, soumet ceux des Helles-
pontins qui n ’avaient pas accepté jusqu’alors ou qui avaient
secoué la domination du Grand Roi et tous les habitants du
littoral de la Thrace (ch. 1-10). Puis Darius, qui, de retour
à Sardes, récompense de leurs bons offices Goès de Mytilène
et Histiée de Milet, et chez qui le spectacle d’une Péonienne
accomplissant trois travaux à la fois fait naître le désir de
conquérir le pays d’une feihme aussi laborieuse et de trans­
planter ses compatriotes en Asie (ch. n - i 3 ) . Entre ces deux
groupes d’événements, il n ’est pas indiqué de rapport chro­
nologique; il faut évidemment les considérer comme s’étant
passés, les uns en Europe et les autres à Sardes, durant un
même laps de temps. A partir du chapitre 14, les événements
constitutifs du récit principal, — conquête de la Péonie,
ambassade en Macédoine, départ de Mégabaze pour l’Asie,
conseil donné par lui à Darius, appel d’Histiée à la cour du
Grand Roi, nomination d’Artaphernès comme satrape de
Sardes, d’Otanès comme commandant des troupes opérant
sur les côtes, réduction de Byzance et autres cités grecques,
— s’ils n’ont pas tous le même lieu pour théâtre, sonti.

i. IV i43.
10 L’AVANCE DES PERSES EN EUROPE NOTICE

exposés, d’une façon générale, dans l’ordre où, d’après cipant sur le cours des événements, explique comment il put
Hérodote, ils se seraient succédé1. se frire que l’audacieux coup de tête d ’Alexandre fils d’Amyn­
Des développements joints au récit principal, celui qu’on tas n ’attira pas sur lui et sur les siens de terribles représailles;
rencontre dès le début du livre est le plus faiblement rat­ cette anticipation satisfait la curiosité et prévient l’incrédu­
taché à ce qu’il accompagne: l’événement rapporté dans ce lité de lecteurs qui, sans cela, pourraient être tentés de
premier chapitre n ’a d’autre raison d’être rappelé à cette mettre en doute l’attitude attribuée au prince macédonien,
place, au moment où il va être dit que Mégabaze brisa la et sert à raccorder un récit mensonger avec ce fait réel :
résistance de Périnthe, que d’être, d’après Hérodote, un pré­ qu’une sœur d’Alexandre fut donnée pour femme à un
cédent désastre des Périnthiens, essuyé par eux en de tout Perse. Au chapitre suivant (a a), une brève digression établit
autres circonstances que le nouveau désastre dont ils sont que c’était à bon droit qu’Alexandre, parlant aux ambassa­
menacés. Le développement consacré aux coutumes des deurs, s’était appelé lui-même άνήρ “Ελλην, Enfin, au cha­
Thraces, à la lointaine limite septentrionale de leur pays et pitre a5, l’anecdote relative à Sisamnès, condamné à mort
à son mystérieux hinterland, est aussi opportun, entre cette pour avoir prononcé des sentences iniques et dont la peau
introduction : ήλαυνε τδν στρατόν ό Μεγάβαζος διά της Θρηΐκης servit à recouvrir le siège sur lequel il avait rendu la justice,
(ch. a) et cette conclusion : ταΰτα μεν νυν της ^ώρης ταότης fait partie de la « présentation » de son fils Otanès, nommé
πέρι λέγεται, τά παραθαλάσσια δ’ ών αυτής Μεγάβαζος Περσε'ων par Darius à un haut commandement.
κατήκοα έποίεε (ch. ίο), que tant d’autres morceaux géogra­
*
phiques et ethnographiques des Histoires décrivant des pays ♦ *
que les Perses envahirent et des peuples avec qui ils entrèrent
en conflit*. La description des villages lacustres du lac Pra­ Nous avons déjà constaté que la rédaction d’une phrase
sias (ch. 16), permet de comprendre pourquoi les habitants du livre IV chapitre 33, où était signalée une pratique reli­
de ce lac purent défier les attaques de Mégabaze8. Celle de gieuse des femmes de Péonie et de Thrace, révèle que, dans
la route conduisant du lac en Macédoine (ch. 17), suit tout la circonstance, Hérodote apportait au lecteur le fruit de ses
naturellement l’annonce du départ des ambassadeurs qui observations personnelles, un renseignement qu’il avait
auront à suivre cette route. Au chapitre a i, Hérodote, anti-I.*3 recueilli lui-même par δψις ou par άκοή 4. Ce qui était vrai
en ce cas peut l’être et l’est aussi, je crois, pour une bonne
partie des détails ethnographiques et géographiques contenus
I. Si, comme il est probable, l’ambassade envoyée en Macédoine
revint aussitôt, saine et sauve, rapportant l’hommage d’Amyntas, le dans les chapitres 4-3· Pour apprendre ce qui est dit là de la
départ de Mégabaze pour Sardes, mentionné seulement au cha­ division des Thraces en de nombreuses tribus indépendantes
pitre a3, dut effectivement n’avoir lieu qu’après le règlement de et ne s’accordant guère, de leur indulgence aux fredaines de
cette affairo. Dans le récit donné par Hérodote de ce qui se serait leurs filles et de la sévère surveillance à laquelle ils sou­
passé en Macédoine, — récit tendancieux et plein d’invraisemblances mettaient leurs femmes, de leur habitude de se tatouer, de
(voir les notes aux chapitres 18 et suiv., ai), — on voit mal à quel leurs dieux, des rites de leurs funérailles, il n’était pas néces­
point du cours des événements l’auteur entendait situer ce départ. saire qu’Hérodote s’enfonçât profondément en Thrace ; ni,
— Pour l’ordre de succession de l ’envoi en Asie des Péoniens captifs pour parler des scènes de réjouissance ou de lamentation
(ch. 17) et du départ pour Sardes de Mégabaze lui-même (ch. a3),
doht il parle au chapitre 4, — en les interprétant plus ou
voir la note au chapitre a3.
a. Particulièrement opportune est, dans la circonstance, l’obser­
moins bien, — ou des contestations édifiantes et macabres
vation par laquelle débutent les ©ρηχικά (ch. 3): que, sans le frac­ du chapitre 5, qu’il ait assisté à rien de tel. De tout cela, il
tionnement du peuple thrace en de nombreuses tribus qui ne pouvait être instruit dans une ville grecque du littoral, à
s’accordent pas, ce peuple serait invincible.
3. ΈπειρήΟη SI x«i τούς Iv τη λίμνη Ιξαιρεειν, καιοιχημάνους däSs. :i. Notice des Σχυθιχοί λόγοι, p, 45<
ta L’AVANCE DES PERSES EN EUROPE NOTICE i3
Abdère par exemple, où il alla sans doute, car ce doit être aurait eu, par l’intermédiaire des Vénètes, quelque connais­
sur place qu’il entendit rapporter une boutade de l’Abdéritain sance positive des habitants de l’Europe centrale. Au contraire,
Mégaeréon, qu’il sut quels cadeaux avait faits aux Abdéri- la fable des abeilles interdisant l’accès d’une région déserte est
tains Xerxès regagnant l ’Asie, qu’il eut connaissance des chose qu’Hérodote a bien pu entendre, — comme permet de
honneurs héroïques rendus à Timésios de Clazomène par le croire la phrase ώς Θρήιχες λέγοοσι, — de la bouche de
les Téiens d’Abdère1. A-t-il parcouru l’une des deux routes Thraces ou de Grecs répétant ce que des Thraces racontaient.
qui s’offraient à Mégabaze pour atteindre le pays des Péo- Des récits anecdotiques qui, dans les parties narratives de
niens, vu de ses yeux le lac Prasias et les habitations lacustres cette section, tiennent la plus grande place, celui du châti­
qu'il décrit si complaisamment, suivi la σύντομο; boé; qui, ment infligé par Alexandre de Macédoine aux insolents émis­
de ce lac, menait en Macédoine? Je le croirais volontiers. saires de Mégabaze a un caractère nettement apologétique,
Mais, s’il ne l’a pas fait, il n’a pas eu besoin, pour connaître qui permet d’en discerner la provenance. Ce récit, qui ne
ces itinéraires et savoir ce qui les jalonnait, de consulter un saurait prétendre à l’exactitude historique et qui même
ouvrage de géographie; c’est non loin d’Abdère que se sépa­ manque de vraisemblance *, est à rapprocher de quelques
rait de la route longeant la côte la route de l ’intérieur (ή dvu» passages des livres VII VIII IX qui tendent à prouver
οδός) que choisit Mégabaze ; et la route menant en Macédoine qu’Alexandre, pendant la seconde guerre médique, était, en
en était le prolongement. 11 n ’est pas sans intérêt de rappeler dépit des apparences, attaché de cœur à l’hellénisme3. Il fut
ici qu’en faisant commencer « la Macédoine » où il la fait imaginé pour absoudre rétrospectivement le fils d’Amyntas
commencer, — au mont Dysoros (ch. 17), — Hérodote parle d’avoir accepté de vivre et de régner pendant un temps,
en homme de son temps et décrit un état de choses qui comme son père, dans l’obédience du Grand Roi et d ’avoir
n ’existait pas encore au lendemain de la guerre scythique; pactisé avec l’ennemi national. Imaginé, semble-t-il, sur le
l ’État macédonien était alors limité par l’Axios; c’est l i e fils modèle d’une histoire que Plutarque nous a conservée3, his­
d ’Amyntas qui l’étendit plus à l’Est. toire où le rôle principal est joué par des Athéniens contem­
Dans ce qui concerne les pays situés au delà de l’Istros, porains de Solon et qui devait, au ve siècle, se raconter à
— dont Hérodote place le cours beaucoup trop au Nord, — Athènes. Il se pourrait donc que ce soit à Athènes qu’Héro-
sont juxtaposés des renseignements qui, contradictoires, dote recueillit le Técit en question, à un moment où l’on y
doivent provenir de sources différentes. Cette région, est-il était animé à l’égard du roi de Macédoine, « proxène et éver-
dit d’une part, est déserte (έρημος, ch. g) et l’accès en est gète » 4, de dispositions amicales. Je crois plus vraisemblable 3
défendu par des abeilles (ch. 10); au-delà de l’istros, est-il
d it d’autre part, vivent des hommes appelés Sigynnes, dont — tout au moins la seconde partie de cette remarque : la première
on sait qu’ils portent le costume médique, qu’ils attellent à partie pourrait reproduire un renseignement acquis en Occident ; il
des chars des chevaux petits et velus, que leur habitat rejoint est moins vraisemblable que la seconde ait été recueillie directement
le territoire des Vénètes, qu’ils prétendent descendre des par Hérodote &Cypre.
Mèdes (ch. g). Le second groupe de renseignements peut i. Cf. les notes aux chapitres 18 suiv., a i.
avoir été en partie emprunté à un ouvrage écrit dont l’exa­ a. VU i 7 3, V III 34, ι 4ο ; IX 44.
men aurait été compris par Hérodote dans le cercle de ses 3. Plut., Solon, 8 .
4. VIU i3 6 ; cf. ι43 (πρόξεινο'ν τε χαίφίλον).
recherches3, en partie recueilli par lui en Occident, où l’on 5. Des réflexions comme celles-ci : χατοίπερ αυτοί λε'γουσι (V a a ; il
s’agit des descendants de Perdiccas); ώς λίγεται υπό Μαχεδόνων
«. VII la o ; V III i a o ; I 168. (VIII ι38) conviennent manifestement pour des informations
a. Auxquelles font allusion les mots δύναμαι χυΜσβαι. Du même recueillies sur place et de vive voix. Un souvenir confus d'un séjour
ouvrage provient probablement la remarque concernant l’emploi du d’Hérodote en Macédoine survit dans une phrase de la notice bio­
mot Sigynne chez les Ligures voisins de Massilia et chez les Cypriotes ; graphique consacrée par Suidas à Hellanicos : Διίτριψε δ’ Έλλόνιχο;
V. — a
L’AVANCE DES PERSES EN EUROPE NOTICE l5
qu’il le recueillit en Macédoine, dans l’entourage d’Alexandre, passer devant lui, filant, portant une cruche et menant un
eu même temps que l'indication de la somme d’argent fournie cheval à l’abreuvoir, la femme d’un Thrace originaire d’un
chaque jour à la cassette royale par les mines voisines du lac district appelé Mysie, qui, pour une raison qu’on ne précise
Prasias, que le verdict des hellénodiques d’Olympie recon­ pas, était venu habiter en Asie ; ce spectacle lui inspire le
naissant au Macédonien la qualité d’Hellène, que la liste de désir d’avoir parmi ses sujets des gens dont les femmes sont
ses ancêtres, que la légende des trois fils de Téménos, Gau- aussi travailleuses ; il demande au roi de Thrace, qui accepte,
anès, Aéropos et Perdiccas, le plus jeune, fondateur de la de lui envoyer de ces « Mysiens » ; et la contrée du royaume
dynastie1. de Lydie où s’établissent ces colons involontaires prend
Le récit des chapitres ia-i4 s’accorde mal avec ce qui l’in­ d’eux le nom nouveau de Mysie. A la différence du récit
troduit. Si Pigrès et Mantyès, désireux d’établir leur pou­ d’Hérodote, ce récit ne contient rien d’incohérent, rien
voir sur leurs compatriotes, espéraient que la vue d’une d’inexplicable ; et il a une valeur aitiologique ; c’est un
Péonienne amènerait Darius à servir leur dessein, ils furent, conte, un conte lydien, qui se suffit à lui-même. Hérodote
sans qu’Hérodote le souligne, cruellement déçus; car le seul paraît avoir eu une science étendue des antiquités et des
résultat de leur machination fut que le roi de Perse ordonna légendes lydiennes. N’a-t-il pu se permettre d’insérer, dans
de transplanter les Péoniens en Asie. On conçoit mal, d’ail­ l’exposé d’événements qui devaient aboutir à un transfert de
leurs, comment Pigrès et Mantyès auraient pu se flatter d’un population, une réplique d’un joli conte dont la conclusion
tel espoir. Ce qu’ils escomptaient, était-ce simplement que, était la même ?
si Darius remarquait leur sœur et en venait & l’interroger, La provenance d’un troisième récit, celui de la guerre
ils auraient ainsi une occasion de s’approcher de lui, de se entre Périnthiens et Péoniens, semble de primo abord
faire connaître, de solliciter une aide toute-puissante? Il ne incontestable. Il n’est guère douteux qu’Hérodote a passé
semble pas, puisque — Hérodote le dit en termes explicites à Périnthe : d’après la façon dont il s'exprime au livre IV
— leur but se trouva atteint dès lors seulement qu’ils eurent chapitre 90, on est en droit de croire qu’il partit de cette
affirmé à Darius que toutes les femmes de Péonie égalaient ville pour aller visiter les sources du Téaros et, de là, se
celle qu’il avait sous les yeuxa. Ce peut être un fait histo­ rendre à Apollonie, ou bien que, parti d’ApoIlonie, il y est
rique que deux Péoniens intrigants, mus par des ambitions arrivé au terme de son excursion. Dans ces conditions, il
ou des rancunes, incitèrent et décidèrent Darius à attaquer est assurément tentant de considérer le récit du chapitre 1
leur pays; à cette explication, qui est plausible, de la cam­ comme une information recueillie à Périnthe. Cela, toute­
pagne de Péonie, Hérodote en associa une autre, qui l’est fois, ne va pas sans quelque difficulté. Il ne semble pas que,
beaucoup moins, sans réussir à combiner les deux d’une depuis'la fondation de Périnthe par des colons samiens,
manière satisfaisante. Cette autre explication avait-elle cours c’est-à-dire depuis les toutes premières années du vi* siècle,
avant lui? J ’en doute. Nicolas de Damas3, suivant un auteur des Péoniens aient été voisins de cette ville1. Si jamais un
plus ancien (Xanthos?), racontait une histoire toute pareille conflit se produisit entre les habitants du site où elle devait
à ce que raconte Hérodote : la scène est en Lydie ; le roi voit
I . Aussi bien, d’après le récit d’Hérodote, les Péoniens qui
συν Ήροδότω παρ’ Άμύντα τφ Μακεδόνιυν βασιλίϊ κατά τούς χρόνους avaient attaqué Périnthe seraient-ils venus de la vallée du Strymon
Εύριπίδου καί Σοφοκλίους, dans laquelle phrase Amyntas est nommé (οί άπό Στρυμόνος Παίονες) ; on comprend mal pourquoi ils auraient
par erreur à la place d’Alexandre. cherché noise à des gens qui n’étaient pas, à beaucoup près, leurs
1. Ch. 17 , a i ; VIII 137- 189. voisins. Hérodote, qui n’ignorait pas combien Périnthe était éloignée
2 . Ch. i3 : 6 δε (Darius) ειριύτα εί καί πασαι αυτόθι αί γυναίκες du Strymon, estimait peut-être que la conduite des « Péoniens du
εIVσαν ουτω Ιργατίδες· οί δέ καί τοΰτο Ιφασαν προθύμως οίίτω ίχειν· Strymon » s’expliquait assez par le désir d’obtempérer à un ordre
αυτοί! γάρ ών τούτου εϊνεκα καί έποιεετο. divin (χρήσαντώς τοϋ θεοΰ) ; dans la réalité, il est invraisemblable que
3. Fr. 71 Müller. les choses se soient passées de la sorte.
ιβ L’AVANCE DES PERSES EN EUROPE NOTICE •7
s’élever et le· Péoniens, ce ne pat être qu’à une époque plus an­ Lycarétos1, Hérodote a pu se procurer à Samos des informa­
cienne, lors de la migration qui aurait amené ceux-ci de l’Asie tions complémentaires. C’est probablement dans quelqu’une
en Europe1. Dans ces conditions, admettre que l’anecdote des villes où il s’informa des opérations d’Otanès qu’il apprit
du chapitre i fut recueillie à Périnthe, c’est admettre du par surcroît comment avait péri le père de ce personnage,
même coup ou bien que les Périnthiens du v* siècle consi­ Sisamnès, et quel avis menaçant lui-même avait reçu de
déraient comme leurs ancêtres les prédécesseurs des colons Cambyses : dans les villes soumises par Otanès et traitées par
samiens ·, et, à ces prédécesseurs, qui notaient pas des lui plus ou moins durement, on avait dû prêter autrefois
Grecs, attribuaient, sans souci de la vérité des mœurs, la une oreille complaisante à ce qui se disait de fâcheux sur
coutume de chanter le péan, ou bien qu’Hérodote, transcri­ son compte, et on ne l’avait pas oublié.
vant à des années de distance un récit que lui avaient fait Le récit de l’entretien que Mégabaze aurait eu avec Darius
des Périnthiens, mit inconsidérément au compte dm conci­ et de ce qui s’ensuivit (ch. a3-a4) fait partie d’une tradition
toyens de ses informateurs la mésaventure d’un autre peuple·. concernant Histiée de Milet, sur laquelle noua aurons à
Deux hypothèses hardies. Quoi qu’il en soit, l’anecdote, qui revenir.
a pour centre un jeu de mots sur le nom des Péoniens et
dont certains détails prouvent la connaissance de leurs habi­ I. Ch. ιη.
tudes et de leurs goûts·, avait été sans doute imaginée non a. Ch. s5.
loin de leur pays ; et ce doit être au cours d’un voyage en
Thrace qu’Hérodote l’a entendu raconter.
Dégagé de ces anecdotes, le récit des actes de Mégabaze et
d’Otanès se réduit à peu de chose; ce n ’est guère qu’une
énumération de villes et de pays conquis. Hérodote a-t-il
puisé cette énumération dans un ouvrage antérieur? Il se
peut. Mais rien n’invite particulièrement à le supposer, rien
n ’empêche de croire qu’il a plutôt consigné, sans plus, des
renseignements glanés au cours de voyages en Troade, dans
l ’Hellespont, sur la côte de Thraco et dans des lies adja­
centes. L’hommage rendu à la belle défense que firent les
Périnthiens et les Lemniens6 se comprend d’autant mieux,
si l’on pense qu’une partie des documents de l’auteur lui vint
de Périnthe et de Lemnos; sur la destinée des Lemniens,
auxquels les Perses imposèrent comme gouverneur le SamienI.*345

I . Comme colons des Teucrieni de Troade (ch. i3 ; cf. VII


ao, 75).
a. Que les Péoniens venant d’Asie auraient, avant l'arrivée de ces
colons, presque complètement exterminés (ϊλιπον σφεων ολίγου;),
3. On,pourrait songer aux Apsinthiens, si, comme les prédé­
cesseurs des colons grecs de Périnthe, ce peuple, de race barbare,
n’avait sans doute ignoré le péan.
4. Voir les notes au chapitre i.
5. Ch. a, 37 .
TER PSIC H O R E Τ ΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ

1 Ceux des Perses qui avaient été laissés en Europe par ΟΙ δέ έν Tfj Εύρώπη τβν Περσέων καταλειφθέντες ΰπδ Î
Darius sous le commandement de Mégabaze subjuguèrent en Δαρείου, τβν δ Μεγάδαζος ήρχε, πρώτους μέν ΠερινθΙους
premier lieu parmi les habitants de l ’Hellespont les Périn- Έλλησποντίων οά βουλομένους ύπηκάους είναι Δαρείου
thiens ’, qui ne voulaient pas obéir à Darius ; auparavant
Κατεστρέψαντο, περιεφθένταξ πρότερον καί ΰπδ Παιάναν
déjà ils avaient été durement malmenés parles Péoniens. Les
τρηχέως. ΟΙ γάρ δν άπδ Στρυμδνος Παίονες, χρήσαντος 5
Péoniens du Strymon, en effet, avaient reçu de l’oracle du
dieu® l’avis de marcher contre les Périnthiens, et, si les τοΟ θεοΟ στρατεύεσθαι έπ ΐ ΠερινθΙους καί, ήν μέν άντικα-
Périnthiens, campés en face d’eux, les appelaient en les inter­ τιζάμενοι έπικαλέσωνταί σψεας οΐ Περίνθιοι δνομαστί βώ-
pellant par leur nom, de les attaquer ; mais de n’en rien faire σαντες, τούς δέ Ιπιχειρέειν, ήν δέ μή έπιδώσωνται, μή
si les Périnthiens ne les appelaient pas ; les Péoniens suivirent έπιχειρέειν, έποίευν οί Παίονες ταΟτα. Άντικατιζομένων
cet avis. Comme les Périnthiens campaient en face d’eux δέ τβν Περινθίων έν τφ προαστείω, ένθαΟτα μουνομαχίη ΙΟ
devant la ville, ils engagèrent, en réponse à un défi, un triple τριφασίη έκ προκλήσιάς σφι έγένετο· καί γάρ &νδρα άνδρΐ
combat singulier, opposant un homme à un homme, un καί ίππον ΐππ<ρ συνέδαλον καί κύνα κυνί. Νικώντων δέ τά
cheval à un cheval, un chien à un chienI.*34. Vainqueurs δύο τβν Περινθίων, ώς έπαιώνιζον κεχαρηκδτες, συνε-
dans deux de ces combats, les Périnthiens, pleins de joie, βάλοντο οί Παίονες τδ χρηστήριον αύτδ τοΟτο είναι καί
entonnèrent le péan; les Péoniens, alors, pensèrent que
εΐπάν κου παρά σφίσι αάτοΐσι' « ΝΟν &ν εϊη δ χρησμδς ,5
c’était cela même que signifiait l ’oracle*, et ils durent se dire
έπιτελεδμενος ήμίν, νΟν ήμέτερον τδ Ιργον. » 08τω τοΐσι
entre eux : « Maintenant, l’oracle semble bien pour nous en
Περινθίοισί παιωνίσασι έπιχειρέουσι οί Παίονες καίπολλδν
vue d’accomplissement; maintenant, à nous d’agir. » Ainsi
donc, lorsque les Périnthiens eurent entonné le péan, les
1 a τάίν om. G || 3 Δαρείου ABCP : -είω DUSV j| 4 χαί om. G ||
5 τρηχίως codd, p i.: τρι- D'SV || οί γάρ 2>v ABCP : ώς γάρ οί
I. Exactement, Périnthe (Érégli) était sur la Propontide, qu’Héro-
DUSV II Στρυμδνος codd. pi. : -οίνος G || χρήσαντος codd. pi. : -ντο
dote inclut plus d’une fois dans l’Hellespont.
D 1 II 7 έπικαλέσωνταί AGP : -ίσονταί Β -ίονταί DUSV || όνομαστΐ
a. De quel dieu ? Hérodote signale 1. V II ch. n i l ’existence en
codd. pi. : -τοί V || 8-9 ήν ... έπιχειρίειν om. DS || 9 Ιποίευν DUSV :
Thrace d’un oracle du dieu qu’il appelle Dionysos.
-εον ABCP II ίο προαστείω codd. pi. : -τίω V || ι ι τριφασίη codd.
3. Mimnerme (fr. 17) vante les chevaux de Péonie ; les chiens de pi. : -βασίη SV || προκλήσιός codd. pi. : -ήσεοίς P || σφι om. ABC ||
chasse péoniens étaient réputés (Pollux, V 46).
13 έπαιώνιζον codd. pi. : έπαιο- D 1 || ι5 σφίσι ABCPD : σφιν USV |j
4. Ils prirent l ’invocation ίή παιών pour un appel. 16 τό om. ABC || 17 παιωνίσασι codd. pi. : παιδ- D*.
V2 TERPSICHORE «9 ig ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V2
Péoniens les attaquèrent ; ils remportèrent sur eux une grande τε I κράτησαν καί Ιλιπάυ σφεων δλίγους. Τά μέυ δή άπδ 2
2 victoire et n’en laissèrent survivre qu’un petit nombre. Voilà .Παιάνων πράτερον γεν6μένα δδε έγένετο. Τάτε δέ άνδρδν
ce qui était arrivé, antérieurement, aux Périnthiens du fait άγαθδν περί τή ς έλευθερίης γινομένων τδν Περινθίων οΐ
des Péoniens. Dans la circonstance actuelle, ils se comportèrent Πέρσαι τε καί δ Μεγάθαζος έπεκράτησαν πλήθεΐ. Ώ ς δέ
en hommes de cœur pour défendre leur liberté ; les Perses Ιχειρώθη ή Πέρινθος, ήλαυνε τδν στρατδν δ Μεγάβαζος 5
de Mégabaze l’emportèrent sur eux grâce à leur nombre.
διά τής Θρηΐκης, πδσαν πάλιν καί πβν Ιθνος τδν ταύτη
Périnthe soumise, Mégabaze mena son armée à travers la
ρίκημένων ήμερούμενος βασιλέν ταΟτα γάρ οΐ ενετέταλτο
Thrace, conquérant au Grand Roi toutes les cités, tous les
peuples établis de ce côté ; car il avait reçu de Darius cette έκ Δαρείου, ΘρηΙκην καταστρέφεσθαι.
mission : conquérir la Thrace. Θρηίκων δέ έθνος μέγιστάν έστι μετάι γε ’Ινδούς πάντων 3
3 Les Thraces forment le peuple le plus nombreux du monde, άνθρώπων* εΐ δέ ύπ’ ένδς &ρχοιτο ή φρονέοι κατά τώυτά,
du moins après les Indiens1 ; s'ils Obéissaient à un seul chef άμαχόν τ’ δν εΐη καί πολλφ κράτιστον πάντων έθνέων κατά
et étaient animés du même esprit, ce peuple serait invincible γνώμην τήν έμήν άλλα γάρ τοΟτο άπορόν σφι καί άμήχανον
et de beaucoup le plus puissant de tous, à mon avis ; mais il n’y μή κοτε έγγένηται' είσΐ δή κατά τοΟτο άσθενέες. Ούνάματα 5
a pas de possibilité ni de moyen que cela se réalise jamais δ’ Ιχουσι πολλά κατά χώρας έκαστοι, νάμοισι δέ οΰτοιπαρα-
chez eux® ; c’est pourquoi ils sont sans puissance. Ils portent πλησίοισι πάντες χρέωνται κατά πάντα, πλήν Γετέων καί
des noms multiples, variables d’une contrée à l’autre; mais
Τραυσδν καί τδν κατύπερθε Κρηστωναΐων οίκεάντων. Τού- 4
ont tous à peu près les mêmes usages en tout, sauf les Gètes,
των δέ τά μέν Γέται οΐ άθανάτίζοντες ποιεΟσι είρηταί μοι.
les Trauses et ceux qui habitent au-dessus desCrestoniens*.
ΤραυσοΙ δέ τά μέν άλλα πάντα κατά ταύτά τοΐσι άλλοισι
4 Parmi ceux-là, ce que font les Gètes, qui se croient immor­
tels, je l’ai d itI.*34. Les Trauses, qui, pour tout le reste, se Θρήιξι έπιτελέουσι, κατά δέ τδν γινάμενον σφέσι καί άπο-
comportent comme les autres Thraces, agissent de la façon γινάμενον ποιεΟσι τοιάδε· τδν μέν γενάμενον περιιζάμενοι 5
que voici au moment d’une naissance ou d’un décès : quand οί προσήκοντες δλοφύρονται, δσα μιν δει Ιπ είτε έγένετο
un enfant est né, les proches, assis tout autour, déplorent άναπλήσαι κακά, άνηγεάμενοι τά άνθρωπήια πάντα πάθεα,
les malheurs dont, dès lors qu’il est né, il doit être comblé
nécessairement, énumérant toutes les misères humaines ;
2 I τά codd. pi. : ταΰτα C || a γινόμενα codd. pi. : -μέθα G |[
lorsque quelqu’un est mort, ils l’enterrent au milieu de plai­ 5 έχειρώθη codd. pi. : έπεχειρ- G || ή om. ABC || τόν στρ. 4 Μ«γ.
santeries et de réjouissances, donnant comme explication PDUSV : Μεγ. τόν στρ. ABC [| η ένετέταλτο ABG : έντέ- PDUSV.
3 i γε om. ABC || a !>r,’ PDUSV : ύφ’ ABG || άρχοιτο ABGP :
I. Par suite de l’erreur où était Hérodote quant à la direction de -οίατο DUSV || τώυτό codd. pi. : ταότό G || 4 τούτο eodd. pi. : τ. μέν
l ’ultime section de l’Istros (IV 99), il reportait trop au Nord la section D II 5 έγγένηται PDUSV : έν γέν- ABC || δή codd. pi. : δέ G ||
précédente, limite septentrionale de la Thrace, et croyait celle-ci bien 6 Ιχουσι πολλά ABG : π. ϊχ. cett. || 7 πάντες om. D || χρέωνται
plus vaste qu’elle n ’est. codd. pi. : γ ρέονται Ρ || κατά ABGPU : καί τα DSV || πάντα ABGP !
a. Bien qu’il appelle quelque part Sitalkès Θρηίκων βασιλεύς (VII π. είναι DUSV || 8 κατύπερθε codd. pi. : -δεν V j| Κρηστωναίων
137), Hérodote ne croyait sans doute pas que ce roi des Odryses eût DUSV : -νέων ABCP || οίκεόντων ABGP : έόντων DUSV.
soumis toute la Thrace à son autorité. 4 3 άλλοισι om. DUSV || 4 τόν codd. pi. : τό U || σφισι ABGD
3. Sur le fleuve Τραΰος, cf. V II109 ; sur la Κρηστωνική, VII i a 4, Slob. Flor. CXX 33 : σφι PUSV || 5 ποιεΰσι ABGP : -έουσι DUSV ||
V IH 116. τοιάδε ABGP : τάδε DUSV || γενάμενον AGP : γιν- cett. Stob. || 7 πάντα
4- IV 93-94. πάθεα ABCP : πάθεα π. DUSV.
V4 imPSICHORE so ao ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ ? 4
que, délivré de tant de maux, il jouit d’un parfait bonheur1. τδν δ* άπογενίμενον παίζουτές t e καί ήδάμενοι yfj κρύπ-
5 Quant aux Thraces qui habitent au-dessus des Grestoniensf τουσι, έπιλέγοντες βσων κακών έξαπαλλαχθείς έστι έν πάση
void ce qu’ils font. Chacun a plusieurs femmes ; quand l’un εύδαιμονίη. ΟΙ δέ κατύπερθε ΚρηστωυαΙωυ ποιεΟσι το κάδε. 5
d’eux meurt, il s’engage entre ses femmes de grandes contes­ "Έχει γυναίκας Ικαστος πσλλάς* έπεάν δν τ ις αύτών άπο-
tations, où leurs amis prennent un vif intérêt, à l'effet de θάνη, κρίσις γίνεται μεγάλη τών γυναικών καί φίλων σπουδα!
savoir laquelle d’entre elles était la plus aimée du mari ; celle Ισχυροί περί τοΟδε, ήτις αύτέων έφιλέετο μάλιστα ύπδ τοΟ
en faveur de qui la contestation est tranchée et à qui est
άνδρός· η·’'δ’ άν KpiSfj καί τιμηθβ, έγκωμιασθεΐσα ύπδ τε h
attribué le prix, après avoir reçu les éloges des hommes et
άνδρών καί γυναικών σφάζεται ές τδν τάφον ύπδ τοΟ οίκηιο-
des femmes, est égorgée sur le tombeai^ par son plus proche
τάτου έωυτής, σφαχθεΐσα δέ συνθάπτεται τώ άνδρΐ* αΐ δέ
parent ; et, une fois égorgée, est ensevelie avec son mari ; les
autres femmes tiennent pour un grand malheur de n ’être pas Κλλαι συμφορήν μεγάλην ποιεΰνται* δνειδος γάρ σφι τούτο
choisies ; car il en résulte pour elles un très grand opprobre. μέγιστον γίνεται.
6 Les autres Thraces ont cette coutume : ils vendent leurs Τών δέ δή άλλων ΘρηΙκων έστί 8δε νύμος* πωλέουσι τά 6
enfants pour être emmenés hors du pays. Ils ne surveillent τέκνα έπ’ έξαγωγβ. Τάς δέ παρθένους ού φυλάσσουσι, άλλ’
point les jeunes filles, mais les laissent libres de s’unir à tels Ιώσι τοίσι αύταί βούλονται άνδράσι μίσγεσθαι, τά ς δέ
hommes qu’elles veulent, tandis qu’ils surveillent sévèrement γυναίκας ίσχυρώς φυλάσσουσι* καί ώνέονται τά ς γυναίκας
les femmes mariées ; et ils achètent les flemmes qu’ils épousent, παρά τών γονέων χρημάτων μεγάλων. Καί τδ μέν έστίχθαι 5
très cher, de leurs parents Ils tiennent le fait de porter des εύγενές κέκριται, τδ δέ άστικτου άγενυές* άργδν εΐναι
stigmates* pour signe de noblesse, le fait de n’en point porter
κάλλιστον, γής δέέργάτην άτιμδτατον*τδ ζώειν άπδ πολέμου
pour signe du contraire ; la condition de l’oisif pour la plus
καί ληιστύος κάλλιστον. ΟΟτοι μέν σφεων ot έπιφανέστατοι
honorable, celle du travailleur de la terre pour la plus vile ;
vivre de la guerre et du pillage pour ce qu’il y a de plus νδμοι είσΐ. Θεούς δέ σέβονται μούνους τούσδε, "Αρεα καί 7
7 beau. Telles sont leurs coutumes les plus remarquables. En Διδνυσον καί “Αρτεμιν* οΐ δέ βασιλέες αύτών, πάρεξ τών
fait de dieux, ils n ’adorent que ceux-ci : Arès, Dionysos, άλλων πολιητέων, σέβονται Έρμέην μάλιστα θεών καί
Artémis; mais leurs rois, en dehorsI.*3 des autres habitants
4 8 άπογενο'μενον ABCP : άπογιν- DUSV Stob. || g έξαλλαχθεί;
du pays, adorent surtout, parmi les dieux, Hermès, jurent ABGP : Ιξαλ(λ)απαχθείς DUSV || πάση codd. pi. : πασι Α.
8 par lui seul, et prétendent descendre eux-mêmes de lui. Les 5 I κατύπερθε codd. : ΰπερθεν Stob. Flor. CXXIII ia || Κρηστωναίων
DUSV : -ίων ABGP Κριστωνέων Stob. j| τοιάδε ABC : τάδε PDUSV ||
I. Les Trauses pouvaient partager la croyance des Gètes à une vie a αύτών P : -ίων cett. || 6-7 οίχηιοτάτον ABGP* : -xsio- DUSV
heureuse d’outre-tombe. Sur le sens des lamentations qui saluaient -χηιω- P 1 I] 8-9 τοΰτο μέγιστον ABCP : μέγ. τ. DUSV.
chez eux les naissances et la possibilité qu’ils aient réellement pro­ 6 i δδε ΑΒΡ : 88ε ό cett. || πωλέουσι : πωλ(πολ- Β’) εΰσι codd. || a
fessé le pessimisme que leur attribue Hérodote, cf. Kazarow, Philo* δέ om. DUSV y 3 τοίσι Struve : οίσι GP οίς cett. || μίσγεσθαι codd. pi. :
logische Wochenschrift, igéo, é i o - é n . μίγ- D 1 U δέ om. DUSV || 5 γονέων codd. pi. : νέων SV || xa! om.
3. Έστίχθαι. Il s’agit de tatouages, signes d’appartenance à une DUSV II 6 άγεννές ABGP : άγενίς DUSV || 7 άτιμδτατον codd. pi. :
noble famille ou manifestations d’élégance. Mais, pour des Grecs, le» -ώτ- SV y το ζώειν : τό ζην codd. ζην δε Eust. od II. g33, ad Dion. 3aa.
mots στίζεtv, στίγματα évoquaient l’idée de marques infamantes comme 7 I μούνους codd. pl. : μδ- V || a αυτών ABCP : -ίων DUSV ||
celles qu’on imprimait à des esclaves (II n 3 , VII 35, a 33). 3 άλλων πολι(η)τέων codd. : ώλλοι πολιηται (i. e. praeter deos quos
3. Gela devrait signifier ici : « à la différence des... ». Mais πάρεξ alii colunt) coniecit Powell Classical Quarterly XXXII (ig38), p. 316 ||
peut-il avoir ce sens ? Voir l’apparat critique. ‘Ερμέην : -ην codd.
8 TERPSICHORE II 31 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ
funérailles des gens riches se font chez eux de la façon sui­ δμνύουσι μοΟνον τούτον καί λέγουσι γεγονέναι άπδ Έρμέω
vante: durant trois jours, ils exposent le mort, et, ayant έωυτοδς. Ταφαί δέ τοΐσι εδδαΐμοσι αύτΩν «tot αΐδε· τρεις g
immolé toutes sortes de victimes, ils hanquètent, après s’ètre μέν ή μέρος προτιθεΐσι τδν νεκρόν καί παντοΐα σφάξαντες
préalablement lamentés ; puis, ils donnent la sépulture au Τρήια εδωχέονται, προκλαύσαντες πρΩτον· έπειτα δέ
cadavre, qu’ils brûlent ou que, sans cela, ils enterrent; ils θάπτουσι κατακαύσαντες ή άλλως γή κρύψαντές, χΩμα δέ
amoncellent un tertre, et instituent des concours athlétiques
χέαντες άγΩνα τιθεΐσι παντοίον, Ιν τφ τά μέγιστα Κεθλα 5
en tout genre, où les prix les plus importants sont proposés,
τίθεται κατά λόγον μουνομαχίης. ΤαφαΙ μέν δή Θρηίκων
avec raison, aux vainqueurs en combat singulier1. Voilà
comment se font les funérailles chez les Thraces, είσΐ αδται.
g Quant à la région située du côté du Nord au delà de’ce pays Τδ δέ πρδς βορέω Ιτ ι τή ς χώρης ταύτης οδδείς Ιχ ει 9
de Thrace,nul ne peut dire avec exactitude quels sont les φράσαι τδ άτρεκές, οΐτινές είσι άνθρωποι οΐκέοντες αδτήν,
humains qui l’habitent ; mais il apparaît qu’à partir de l’Istros Αλλά τά πέρην ήδη τοΟ "Ιστρου έρημος χώρη φαίνεται έοΟσα
s’étend une région déserte illimitée. Les seuls hommes καί άπειρος. Μούνους δέ δύναμαι πυθέσθαι οΐκέοντας πέρην
habitant au delà de l’Istros2 sur lesquels j ’ai pu avoir des τοΟ "Ιστρου άνθρώπους τοΐσιοΰνομα είναι Σιγύννας, έσθήτι 5
renseignements sont des hommes appelés Sigynnes, qui porte­ δέ χρεωμένους Μηδική. Τούς δέ ίπ π ους αότΩν εΤναι
raient le costume médique. Leurs chevaux sont, dit-on, cou­ λασίσυς άπαν τδ σΩμα καί 6πί πέντε δακτύλους τδ βάθος
verts sur tout le corps d’une épaisseur de poils qui peut même τΩν τριχΩν, σμικρούς δέ K a t σιμούς καί άδυνάτους άνδρας
atteindre cinq doigts ; ils sont petits et camus, incapables de
φέρε ιν, ζευγνυμένους δέ δπ* άρματα εΐναι δξυτάτους·
porter un homme ; mais, attelés à des chars, ils sont très
άρματηλατέειν δέ πρδς ταΟτα τούς έπιχωρίους. Κατήκειν to
vifs ; c’est pourquoi les gens du pays circulent sur des chars.
Les frontières des Sigynnes s’étendraient jusqu’au voisinage δέ τούτων τούς οΰρους άγχοΟ ΈνετΩν τΩν έν τφ Ά δ ρ ίη .
des Énètes de l’Adriatique3. Ils disent être des colons des ΕΤναι δέ Μήδων σφέας άποίκους λέγουσι· δκως δέ οδτοι
Μήδων άποικοι γεγόνασι, έγώ μέν οδκ Ιχω έπιφράσασθαι,
I. Μουνομαχίης, qu’il ne faut pas rattacher à κατάλογον, ne désigne γένοιτο δ’ &ν π8ν έν χΩ μακρφ χρόνφ. Σιγύννας δ’ Ων
pas toute espèce d’épreuves où n’entreraient en compétition que deux καλέουσι Λίγυες ot άνω δπέρ Μασσαλίης οίκέοντες τούς ι5
adversaires, mais en particulier le combat de deux hommes armés.
Cette épreuve étant la plus dangereuse, il était naturel que, suivant
une juste proportion (κατά λο'γον), le prix fût alors le plus important 8 i τοΐσι ABCPS : τοϊς DUV || » προτιθεΐσι DUSV : -θίασι ABGP ||
(τα μέγιστα «Αλα τίθεται της μουνομαχίης). 4 κρύψαντές ABCP : κατακρ- DUSV || 5 άεθλα PDUSV : άθλα ABC ||
s. Le pays n’était donc pas désert, comme il rient d’être dit. Le 6 8η ο in. DUSV || η αΰται ABC : αΐδε cett.
développement consacré aux Sigynnes interrompt l’exposé de ce que 9 I Ιτι τής χώρης PDUSV : τής χ . ϊτι ABC [| a άνθρωποι ABC :
racontaient les Thraces, lequel sera repris ch. 10. -ώπων PDUSV |] 3 τα om. ABC || ήδη om. ABC || έοδσα codd. pi. :
3. Gela invite à les situer du côté delà Hongrie. Strabon(XI t i , 8 ), ouoa A || 5 τοΐσι ABCP : τοΐσι 3έ DUSV || Σιγύννας BSP ‘USV :
Apollonios do Rhodes (IV 3ao), Gtésias (fr. 88 M.) placent des -ύννα AB1 -ύνας CP2D || 6 δε (post Ισθήτι) om. PDUSV || χρεωμένους
Σίγυννοι ou Σίγιννοι et une ville Σίγυννος vers le Caucase, près du codd. pi. : χρεο- P || αυτών ABCP : -έων DUSV || η καί om.
Danube inférieur, en Égypte. Il doit s’agir de fractions, sédentaires ABCP [I έπί codd. pi. : ές U || 8 σμικρούς : μικρ- codd. || g ύπ’ codd.
ou nomades, d’un peuple dispersé, qui, d’après son costume, ses affi­ pi. : 6p’ AB*C j| όξυτάτους ABCP : ώκυτάτους DUSV || to 81
nités avec les Perses (Strabon), sa prétention de descendre des Mèdes, ABCP : τε D om. USV || n ού'ρους codd. pi. : op- CD || ι 3 έπι-
serait venue de l’Orient. Peut-on rapprocher de leur nom celui des φρίίσασθαι ABCP : -φράσαι DUSV || t 4 σιγύννας codd. pi. : -ύνας
Tsiganes (all. Zigeuner) ? CPD J| ι5 avu> om. DUSV.
Ψ 0 TERPSICHORE 33
33 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V«

Modes ; comment ces gens-là ont-ils pour origine une colonie καπήλους, Κύπριοι δέ τά δΑρατα. Ώ ς δέ Θρήικες λέγουσι, 10
des Mèdes, je ne puis quant à moi le concevoir ; mais tout μέλισσαι κατέχουσι τά πέρην τοΟ “Ιστρου, καί ΰπδ τουτέων
peut arriver dans la longue suite des temps. En fait', les OÖK et ναι διελθεΐν τδ προσωτέρω. Έ μοΙ μέν νυν ταΟτα
Ligures qui habitent au-dessus de Marseille appellent sigynnes λέγοντες δοκέουσι λέγειν ούκ οίκύτα- τά γάρ ζφα ταΟτα
les marchands au détail2; et les Cypriotes appellent ainsi les φαίνεται εΤναι δύσριγα· Αλλά μοι τά ύπδ τήν άρκτον 5
10 javelots2. A ce quedisent les Thraces, des abeilles emplissent le άοΐκητα δοκέει είναι διά τά ψύχεα. ΤαΟτα μέν νυν τής
pays au delà de l’Istros, et ce sont elles qui rendent impossible χώρης ταύτης πέρι λέγεται, τά παραθαλάσσια δ’ Sv αυτής
dépasser plus avant. A mon avis, quand ils parlent ainsi, ils Μεγάβαζος Περσέων κατήκοα έποΐεε.
disent quelque chose d’invraisemblable ; car ce genre d’insectes
Δαρεΐοςδέ ώς διαβάς τάχιστα τδν 'Ελλήσποντον άπίκετο 11
paraît craindre beaucoup le froid ; ce qui, pour moi, rend in­
Ι ς Σάρδις, έμνήσθη τή ς Ι ξ ‘ΙστιαΙου τε τοΟ Μιλησίου
habitables les régions situées sous la Grande Ourse, c’est la
εδεργεσίης καί τή ς παραινέσιος τοΟ Μυτιληναίοο Κώεω,
rigueur du climat. Voilà ce qu’on dit de cette contrée ; quoi
qu’il en soit, Mégabaze en soumettait aux Perses les parties μεταπεμψάμενος δέ σφεας ές Σάρδις έδίδου αάτοΐσι αϊρε-
voisines de la mer. σιν. Ό μέν δή Ίστιαίος, &τε τυραννεύων τής Μιλήτου, 5
11 Darius, aussitôt que, l’Hellespont franchi, il fut arrivé à τυραννίδος μέν οόδεμιής προσεχρήιζε, αΐτέει δέ Μύρκινον
Sardes, se souvint du service que lui avait rendu Histiée de τήν Ήδωνών, βουλάμενος Ιν αύτή πάλιν κτίσαι. Οδτος
Milet et du conseil donné par le Mytilénien Coès ; il les μέν δή τούτην αίρέεται, δ δέ Κώης, οΤά τε ού τύραννος
manda à Sardes et leur donna le choix. Histiée, qui était δημότης τε Ιών, αΐτέει Μυτιλήνης τυραννεΟσαι.
tyran de Milet, ne demanda point une tyrannie de plus ; il Τελεωθέντων δέ άμφοτέροισι οδτοι μέν κατά εΐλοντο 12
demanda Myrkinos, canton des Édoniens*, dans l’intention έτράποντο, Δαρεΐον δέ συνήνεικε πρήγμα τοιένδε Ιδδμενον
d’y fondèr une ville. C’est là ce qu’il choisit ; quant à Coès,
έπιθυμήσαι εντείλασθαι Μεγαβάζερ Παίονας έλάντα άνα-
qui n ’était pas tyran mais simple particulier, il demanda
σπάστους ποιήσαι έκ τή ς Ευρώπης ές τήν Άσίην. *Ην
12 d’être tyran de Mylilène. Satisfaction donnée à l’un et
Πίγρης καί Μαντύης άνδρες Παίονες, οι έπείτε Δαρεΐος 5
l’autre, chacun se mit en route vers l’objet de son choix. ,
Quant à Darius, le spectacle de ce que je vais dire fit
naître chez lui l’envie de commander à Mégabaze la conquête 10 a χατ!'/ουσι ABCPU : -σαι DSV || ύπό PDUSV : υπέρ ABC ||
de la Péonie et le transfert d’Europe en Asie des Péo- τουτίων ABCP : τούτων DUSV || 3 τό codd. pi. : τω(ι) BCV || 4 οίχοτα

I. A des renseignements reproduits sous toute réserve, cette phrase


oppose des faits certains. — Pour le cas où cela pourrait servir à
élucider le problème, de l’origine des Sigynnes, Hérodote signale que
le mot qui était leur nom appartenait au vocabulaire d’autres peuples,
1
codd. pl. : elx- SV || 5 είναι om. C j| 6πό codd. pi. : Οκίρ C || 8
Ιποίεε ABCP : έποίηαε DUSV.
a τε τον Μιλησίου om. DUSV || 3 Μυτιληναίου AB : Μιτυλ»
cett. y 6 α’ιτέει ABCPD : -έειν USV || 7 Ήδωνών ΑΒΡ ; -όνων C
-ωνίδα USV -ονίδα D || έν αυτή πόλιν ABCP ; π. έν αυτή DUSV ||
et dans quelles acceptions. 8 ού ABCP : οϋτε DUSV || 9 αίτέει ABCPV‘ : αΐ’τεε DUSV2 || Μυτι­
a . Des marchands ambulants ? λήνης AB : Μιτυλ- cett.
3. Particulièrement, semble-t-il, des javelots faits pour la chasse 1 2 I κατά ABC κατά τά cett. || a Δαρεΐον codd. pl. : -εϊος C || πρήγμα
plutôt que pour la guerre ; cf. Marinatos, Σιγύνη (Annual o f the ABCD : πράγμα PUSV || ίδύμενον codd. pl. ι εΐδ- D || 4 έκ τής
British School at Athens, XXXVII, p. 187-191). Ε. ές τήν Ά . PDUSV : ές τήν Ά . έκ τής E. ABC || 5 Πίγρης
à. Non loin du lieu où, plus tard, les Athéniens devaient fonder ABCP : Τίγρης DUS Τύγρης V II Μαντύης ABC 1 Μαστύης PDU
Amphipolis. Μάστίης SV.
V 42 TERPSICHORE a3 a3 ΤΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 42
niene1. Pigrès et Mantyès étaient des Péoniens qui, après que διέβη ές τήν ΆσΙηυ, αΰτοί έθέλοντες Παιόνων τυραννεύειν
Darius eut passé en Asie, désirant pour leur compte être tyrans άπικνέονται ές Σάρδις, άμα άγόμενοι άδελφεήν μεγάλην
de la Péonie, se rendirent à Sardes en compagnie d’une sœur τε καί εύειδέα. Φυλάξαντες δέ Δαρεΐον προκατιζόμευου ές
grande et belle. Us guettèrent le moment où Darius venait τδ προάστειον τδ τών Λυδών έποίησαν τοιόνδε· σκευά-
siéger en avant de la ville des Lydiens, et voici ce qu’il firent : σαντες τήν άδελφεήν ώς εΐχον άριστα έπ’ Βδωρ Ιπεμπον ίο
ils parèrent leur sœur le mieux qu’ils purent2, et l’envoyèrent 8γγος έπΐ τή κεφαλή Ιχουσαν καί έκ τοΟ βραχίουος ίππον
chercher de l’eau, ayant sur la tête une cruche, tirant un
έπέλκουσαν καί κλώθουσαν λίνον. Ώ ς δέ παρεξήιε ή γυνή,
cheval par une longe attachée à son bras, et filant du lin.
έπιμελές τφ Δαρείω έγενετο' ούτε γάρ Περσικά ήν οβτε
Lorsqu'elle passa devant Darius, ce spectacle attira son at­
tention ; car ce que faisait cette femme n’était pas conforme Λυδία τά ποιεύμενα έκ τής γυναικός, ούτε πρδς τών έκ
aux coutumes des Perses ni des Lydiens ni d’aucun peuple τή ς Ά σΙης ούδαμών. Έ πιμελές δέ ώς οΐ έγενετο, τών ι5
de l’Asie. Son attention attirée sur elle, il envoya quelques- δορυφόρων τινάς πέμπει κελεύων φυλάξαι 8 τι χρήσεται
uns de ses gardes avec l’ordre d’épier ce qu’elle ferait du τφ ΐπ π φ ή γυνή. Οί μέν δή βπισθε έϊποντο, ή δέ έπείτε
cheval. Us la suivirent par derrière ; elle, lorsqu’elle fut άπίκετο έπΐ τδν ποταμόν, ήρσε τδν ίππον, άρσασα δέ καί
arrivée au bord du fleuve, abreuva le cheval ; puis après τδ άγγος τοΟ 8δατος έμπλησαμένη τήν αότήν δδδν
l ’avoir abreuvé et avoir rempli d’eau la cruche, repassa παρεξήιε, φέρουσα τδ Οδωρ έπΐ τής κεφαλής καί έπέλ- ao
par le même chemin, portant l’eau sur sa tête, tirant le κουσα έκ τοΟ βραχίονος τδν ίππον καί στρέφουσα τδν
cheval par la longe passée à son bras, et tournant son fuseau. άτρακτον. Θωμάζων δέ δ Δαρεΐος τά τε ήκουσε έκ των 13
13 Étonné par ce que lui avaient rapporté ses observateurs et κατασκόπων καί τά αυτός ώρα, άγειν αότήν έκέλευσε
par ce qu’il voyait lui-même, Darius ordonna qu’on amenât
έωυτφ ές 8ψιν. Ώ ς δέ άχθη, παρήσαν καί οί άδελφεοί
la femme· en sa présence. Quand elle fut amenée, se présen­
αότής οβ κη πρόσω σκοπιήν έχοντες τούτων. ΕΙρωτώντος
tèrent avec elle ses frères qui, à peu de distance, surveillaient
ce qui se passait. Darius demanda de quel pays elle était ; δέ τοΟ ΔαρεΙου δκοδαπή εΐη, έφασαν οί νεηνίσκοι είναι 5
les jeunes gens déclarèrent qu’ils étaient Péoniens et qu’elle
était leur sœur. Darius répliqua en demandant qui donc
12 9 τό (ante των) om. DUSV || ia κλώθουσαν PDUSV : κλώσαν
A*BG κλώσασαν Α2 [| παρεξήιε ABGP : -ηει DUSV Suidas s. ν. έπι-
I. Il va de soi que Darius eut pour commander à Mégabaze la μελέ{ II ι 4 Λύδια ABGP : Λυδικά DUSV || ι 4- ι 5 έκ της codd. pi. :
conquête de la Péonie de tout autres raisons que le dit Hérodote : du αυτής SV || ι 5- ι 6 των δ. τινάς τ.. codd. : π. των δ. τινάς Suidas ||
moment qu’il projetait d’étendre sa domination vers l’Occident, il ι 6 πε'μπει ABCP Suidas: -ειν DUSV || ι 6 κελεύων φυλάξαι codd.:
allait rencontrer les Péoniens sur sa route et devait les soumettre pour γνώναι Suidas || χρήσεται ABC : -σαιτο cett. Suidas || 17 ό'πισδε :
progresser plus avant. -θεν codd. II έκείτε om. SV || 18 άπίκετο codd. pi. : έπ- SV || ηρσε
3 . A quoi bon, s’ils devaient estimer atteint le but qu’ils se pro­ codd. pi. : καί ηρσε S || ao παρεξήιε ABGP : -ήει DUSV || a3 άτρακ­
posaient, — comme Hérodote va le dire, — dès qu’ils auraient pu τον ABCPU : άδρ- DSV.
affirmer & Darius que, dans leur pays, toutes les femmes étaient 13 I θωμάζων ABC : βωυμ- cett. || 3 έκέλευσε ABC : -ευε cett. ||
laborieuses P Le soin de parer leur sœur, qui était « grande et belle », 4 οϋ κη ABCP : ούχί DUSV |{ πρόσω codd. pi. : πρόσσω D2UVa ||
se comprendrait mieux de leur part s’ils avaient eu l'intention d’ins­ ϊχοντες codd. pi. : t'yov V || τούτων PDUSV : τουτέων ABC || είρω-
pirer à Darius un autre désir que celui de peupler son empire de τώντος codd. pi. : -έοντος P ήρωτέωντος C || 5 όκοδαπή coniecit
courageuses ouvrières ; il s’accorde assez mal avec le reste de la mise BekLer non improbabiliter (cf. Bechtel Ion. Dial. 88) : όπου- ABC
en scène. ποδαπή PDU ποταπή V ποταποί S j εϊη codd. pi. : ειεν S.
V. — 3
V 13 ÎERPSICHORÉ î4 a4 Τ Ε ΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 13
étaient lesPéoniens, en quel lieu de la teire ils habitaient, et ce Παίονες καί Ικείνηυ είναι σφέων άδελφεήν. Ό δ’ &μείβετο,
qu’ils étaient venus, eux, faire ou chercher à Sardes. Ils dé­ τίνες τε οί Παίονες άνθρωποί είσι καί κοΟ γής οίκημένοι,
clarèrent qu’ils étaient venus pour se donner à lui, que la καί τί κείνοι έθέλοντες Ιλθοιεν Ι ς Σάρδις. ΟΙ δέ ut εφραζον
Péonie était un pays situé sur le fleuve Strymon, que le &ς Ιλθοιεν μέν Ικείνω δώσοντες σφέας αότούς, εΐη δέ ή
Strymon n ’était pas loin de l’Hellespont, que les Péoniens Παιονίη επί τφ Στρυμόνι ποταμφ πεπολισμένη, δ δέ ίο
étaient des colons des Teucriens de Troie1. Après qu’ils eurent
Στρυμών oö πρόσω τοΟ Ελλησπόντου, εΐη σαν δέ Τευκρδν
ainsi répondu point par point12, Darius demanda si toutes les
TÖv Ικ Τροίης άποικοι. Οί μέν δή ταΟτα Ικαστα Ιλεγον,
femmes de leur pays étaient aussi laborieuses. A cette nou­
velle question, ils répondirent sans balancer que oui ; aussi δ δέ είρώτα εΐ καί πδσαι αυτόθι αί γυναίκες εϊησαν οίίτω
bien était-ce précisément pour en arriver là que l'affaire était έργάτιδες, Οί δέ καί τοΟτο Ιφασαν προθύμως οΒτω εχειν
14 combinée. Darius écrivit alors à Mégabaze, qu’il avait laissé αότοΟ γάρ δν τούτου εΐνεκα καί έποιέετο. ΈνθαΟτα 14
en Thrace à la tète de ses troupes, pour lui enjoindre de faire Δαρεΐος γράφει γράμματα Μεγα6άζω, τδν Ιλιπε έν τή
sortir de leurs demeures les Péoniens et de les lui amener, Θρηίκη στρατηγόν, εντελλόμενος έξαναστήσαι Ιξ ήθέων
eux, leurs enfants et leurs femmes. Aussitôt, un cavalier Παίονας καί παρ’ έωυτδν άγαγείν καί αότούς καί τά
courut porter le message à l’Hellespont, et, passé au-delà, τέκνα τε καί τάς γυναίκας αύτδν. Αύτίκα δέ ίππεύς Ιθεε 5
remit la missive à Mégabaze. Mégabaze, l’ayant lue, prit des φέρων τήν άγγελ(ην ΙπΙ τδν Ελλήσποντον, περαιωθείς δέ
guides en Thrace, et marcha contre les Péoniens. διδοΐ τδ βυβλίον τδ Μεγαβάζφ. Ό δέ έπιλεξάμενος καί
15 Informés que les Perses marchaient contre eux, les Péoniens
λαβών ήγεμόνας Ικ τής Θρηίκης έστρατεύετο ΙπΙ τήν
se rassemblèrent et se portèrent hors de chez eux vers la mer,
Παιονίην.
dans la pensée que c’était de ce côté que les Perses entre­
Πυθόμενοι δέ οί Παίονες τούς Πέρσας ΙπΙ σφέας ΐέναι, 15
prendraient de les envahir. Ainsi, les Péoniens étaient prêts à
repousser l’attaque des troupes de Mégabaze; mais les Perses, άλισθέντες έξεστρατεύσαντο πρδς θαλάσσης, δοκέοντες
ayant appris qu’ils s’étaient rassemblés et gardaient la voie ταύτη έπιχειρήσειν τούς Πέρσας έσβάλλοντας. Οί μέν δή
d’accès du côté de la mer, prirent, avec les guides qu’ils Παίονες ή σαν έτοιμοι τδν Μεγαβάζου στρατδν έπιόντα
έρύκειν, οί δέ Πέρσαι πυθόμενοι συναλίσθαι τούς 5
1. Venus en Europe avant la guerre de Troie, lors de la migration
dont il est parlé 1. VII, oh. 20 , 75 . 13 6 εκείνην codd. pi. : -νων G || η τε Abi ch t : δέ codd. || 8 è6i-
2 . Ainsi ont pu parler sans que leur entretien avec Darius ait eu Xovrsç codd. pi. : θέλοντες C'D j| οί om. DUSV || 10 Στρυρόνι codd.
lieu dans des circonstances romanesques, des Péoniens nourrissant pi. : -ώνι C II 1 1 ε’ίησαν codd. pi. : ήιααν G || 12 raïîra PDUSV :
l’ambition qu’Hérodote attribue & Pigrès et Mantyès. Rappeler l’ori­ αύτά ABC j| ι 3 είρώτα codd. pi. : ήρώτα GP j| αυτόθι αί γ. εϊησαν
gine asiatique du peuple péonien, c’était le présenter comme pré­ ABC : εϊησαν αυτόθι αί γ. PDUSV || ι 3- ι 4 οίίτω έργατίδε; codd.
destiné à vivre sous l’autorité du Grand Roi, puisque « les Perses pi. : έργ. οίίτω Ρ 1 || ι 5 καί om. ABG.
considéraient comme leur appartenant l’Asie et les peuples barbares 14 2 Μεγαβάζω ABC : προς Μεγάβαζον cett. || 4 τα om. PDUSV ||
qui l’habitaient » (I 4); signaler qu’il n’habitait pas loin de l'Helles- 5 τε om. B*S j| τά; om. PDUSV || αύτδν ABGP : -ίων DUSV ]| 7 ßu-
pont, c’était dire que la conquête de son pays ne serait pas difficile ; βλίον A : βιδ- cett. || τω om. ABG || Μεγαδαζιρ codd. pi. : - 6υζψ
et en déclarant être venus à Sardes pour se donner à Darius. Pigrès et U y 8 ηγεμόνας ABGP : -όνα DUSV || έστρατεύετο ABGP : Ιστρατο-
Mantyès laissaient entendre qu’ils lui prêteraient leur concours et πεδεύετο DUSV.
pensaient bien s’assurer, pour le lendemain de la conquête, des titres 15 2 Ιξεστρατεύσαντο codd. pi. : έστρατ- G || 3 έσβάλλοντας van
à sa reconnaissance. Herwerden : έμδάλλ- ABC Ισδαλόντας PDUSV || 4 τόν codd. pi. ; τοΒ B.
V IS TËRPSÏGHOBE a5 a5 ΤΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 15
avaient, la route par le haut des terres1; et, sans que les Παίονας καί τή* πρδς θαλάσσης έσβολήν φυλάσσοντας,
Péoniens s’en aperçussent, ils tombèrent dans leurs villes
έχοντες ήγεμάνας τήν άνω δδδν τρέπονται, λαθόντες δέ
où il n ’y avait plus d’hommes, et, tombant sur des villes
τούς ΠαΙονας ΙσπΙπτουσι Ι ς τάς πόλις αύτΩν, έούσας
vides de défenseurs, ils s’en emparèrent aisément. Les Péo-
άνδρΩν έρήμους' οΐα δέ κεινήσι Ιπιπεσόντες εόπετέως
niens, lorsqu’ils eurent appris l’occupation de leurs villes, se
dispersèrent aussitôt, retournèrent chacun chez soi, et se κατέσχον. ΟΙ δέ ΠαΙονες ώς Ιπύθοντο έχομένας τάς ίο
rendirent aux Perses. C’est ainsi que, des Péoniens, les Si- πόλις, αδτίκα διασκεδασθέντες κατ’ έωυτούς έκαστοι
riopéoniens, les PaioplesJ, et ceux qui habitaient jusqu’au lac έτρέποντο καί παρεδίδοσαν σφέας αΰτούς τοΐσι Πέρσησι.
Prasias5 furent enlevés de leurs demeures et emmenés en ΟΒτω δή Παιάνων Σιριοπαίονές τε καί Παιόπλαι καί οΐ
16 Asie. Quant aux Péoniens delà région du mont Pangée, des μέχρι τή ς Πρασιάδος λίμνης έξ ήθέων έξαναστάντες
Dobères, des Agrianes, des Odomantesi.*34 et du lac Prasias lui- ήγοντο έ ς τήν ΆσΙην. ΟΙ δέ περί τδ Πάγγαιον 8ρος καί 16
même, ils ne furent point du tout subjugués par Mégabaze, Δόβηρας καί Άγρι&νας καί Όδομάντους καί αότήν τήν
mais il tenta de s’emparer aussi de ceux qui habitaient le lac, λίμνην τήν Πρασιάδα ούκ έχειρώθησαν άρχήν ύπδ Μεγα-
où ils étaient installés comme suit. Un plancher repose sur
βάζου* έπειρήθη δέ καί τούς έν xfj λίμνη έξαιρέειν, κατοι-
de hauts pieux plantés au milieu du lac ; on n ’y a, de la terre
κημένους δδε. “Ικρια έπί σταυρΩν ΰψηλΩν Ιζευγμένα έν 5
ferme, qu’un étroit accès par une passerelle. Jadis, à ce qu’il
μέση έστηκε τή λίμνη, Ισοδον έκ τής ήπείρου στεινήν
semble, les pieux qui soutiennent le plancher étaient dressés
en commun par tous les habitants de l’agglomération ; plus έχοντα μιή γεφύρη. Τούς δέ σταυρούς τούς ΰπεστεΩτας
tard, la coutume s’est établie chez eux de les dresser dans ces τοΐσι Ικρίοισι τδ μέν κου άρχαΐον έστησαν Koivfj πάντες οί
conditions : chaque fois qu’ils épousent une femme, ils four­ πολιήται, μετά δέ νόμφ χρεωμένοι ίστδσι τοι^δε' κομίξοντες
nissent trois pieux de soutien apportés de la montagne qui έξ δρεος τφ οΰνομά έστι "Ορβηλος κατά γυναίκα έκάστην ·ο
δ γαμέων τρεις σταυρούς ΰπίστησι· άγεται δέ έκαστος
i. Elle quittait la côte vers l’embouchure du Nestos, traversait le συχνάς γυναίκας. ΟΙκέουσι δέ τοιοΟτον τρόπον, κρατέων
pays des Sapéens, passait près du futur champ de bataille de Philippes,
longeait le flanc septentrional du Pangée. C’était en partie une route 15 7 τρέπονται : τράπ- codd. || 8 έσπίπτουσι ABCP : έπεισπ- DUSV
de montagne, peu favorable au cheminement d’une armée. II πόλις : -ιας codd. || αυτών ABCP : -ίων DUSV || g xsivijai
a. Les Siropéoniens avaient pour capitale Siris (auj. Sérès), les ÀBCPD : xoiv- U χην-V χεν- S || έπιπεσόντες codd. pi. : ίπεισπ- US ||
Paioples habitaient au Nord du Pangée (Y1I 1 13). ii πόλις : -ιας codd. || χατ’ PDUSV : καθ’ ABC || ia έτρέποντο :
3. Probablement le grand lac appelé aussi Kerkinitis (auj. Ter- έτρ<£- codd. || παρεδίδοσαν codd. pi. : -εδίδωσαν B || αυτούς PDUSV :
kino), que traversait le Strymon. On a songé aussi à quelque lac situé έωυτούς ABC || ι3 Σιριοπαίονές Holsten : Σιροπ- DUSV Σειροπ-
plus au N.-O. (le lac de Butkovo ?). ABCP II lé έζαναστάντες codd. pi. : άναστ- D.
é- Le massif du Pangée, le lac Prasias étaient des régions où la 16 I τό PDUSV : τε ABC || Πάγγαιον codd. pi. : -γεον B || ορός
nature mettait les habitants à l’abri des envahisseurs ; dans le groupe codd. pi. : ουρος CP || i-a χα'ι Δόβηρας ... Όδομάντους Verba
de mots qui interrompt cette constatation, figurent côte à côte le nom suspecta ; cf. quæ ad versionem gallicam adnotavi ; seel. Stein, alii ||
d’un peuple thrace voisin des Péoniens, les Odomantes, et ceux de a Άγριάνας ABCPD1 : -άννας DSUSV || Όδομάντους codd. pi. : -ας
deux peuples qui étaient péoniens eux-màmes : les Agrianes (Thuc., SV y 4 έξαιρέειν, χατοικημένους Abicht : κα%. έξ. codd. || 6 εστηχε
II 96 ) et les Dobères, — que ce soient les voisins des Paioples DUSV i -ήχεε ABCP || 7 τους (ante 6π.) ABCP : τούτους DUSV ||
(VII 113) ou les gens du pays de Dobéros dont parle Thucydide II 98 . 8 τό ABCP : τούτο DUSV || 9 χρεωμένοι codd. pi. : χρεό- P || 10
Cette association est surprenante et rend malaisée l’interprétation du ορεος ABU : ofip- cett. || "Ορβηλος codd. pi. : -βιλος C -βιλλος P ||
passage. Peut-être les mots gênants sont-ils interpolée. i a συχνάς ABC : πολλάς cett. || οίχέουσι codd. pi. : -εύσι S || τοιοΰτον
ABCP : τούτον τάν DUSV.
V 16 TERPSICHORE 26 a6 ΤΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 18
a nom Orbélos1 ; et chacun épouse plusieurs femmes. Voici le έκαστος ârtl τών Ικρίων καλύβης te έν τή διαιτάται καί
mode de leurs habitations: chacun dispose pour demeure θύρης καταρρακτής διά τών Ικρίων κάτω φερούσης ές τήν
d’une cabane ; une trappe, à travers le plancher, donne en λίμνην. Τά δέ νήπια παιδία δέουσι τοΟ ποδδς σπάρτφ, μή ι5
bas sur le lac. Ils attachent leurs jeunes enfants par le pied κατακυλισθή δειμαίνοντες. Τοίσι δέ ΐπποισι καί τοΐσι
avec une corde, dans la crainte qu’ils ne roulent au fond de ΰποζυγίοισι παρέχουσι χόρτον ΪχθΟς· τών δέ πλήθός έστι
l’eau. A leurs chevaux et à leurs bêtes de somme, ils donnent τοσοΟτο ώστε, 8ταν τήν θύρην τήν καταρρακτή’ν άνακλίνη,
en guise de fourrage des poissons ; ces poissons sont si abon­
κατιεΐ σχοινίω σπυρίδα κεινήν ές τήν λίμνην καί οΰ πολλόν
dants, que, si on soulève la trappe et qu’on descende par une
τινα χράνον έπισχών άνασπφ πλήρεα Ιχθύων. Τδν δέ so
corde un panier vide dans le lac, au bout de peu de temps
d’attente on le retire plein de poissons. Il y en a de deux Ιχθύων ΙστΙ γένεα δύο, τούς καλέουσι πάπρακάς τε καί
espèces, qu’on appelle papraces et tilons. τίλωνας.
17 Tandis que ceux des Péoniens qui avaient été subjugués Παιάνων μέν δή οί χειρωθέντες ήγοντο ές τήν Άσίην, 17
étaient conduits en Asie, Mégabaze, les Péoniens subjugués, Μεγάθαζος δέ ώς Ιχειρώσατο τούς Παίονας, πέμπει άγγέ-
envoya comme ambassadeurs en Macédoine sept hommes de λους ές Μακεδονίην ανδρας έπτά Πέρσας, οΐ μετ’ αύτδν
race perse, qui étaient après lui-même les plus considérables έκεΐνον ήσαν δοκιμώτατοι έν τφ στρατοπέδω. Έπέμποντο
dans l ’armée. Ces hommes étaient envoyés près d’Amyntas δέ οβτοι παρά Άμύντην αΐτήσοντες γήν τε καί ύδωρ Δαρείφ 5
pour lui demander la terre et l’eau au nom du Roi Darius. βασιλέΐ. "Εστι δέ έκ τής Πρασιάδος λίμνης σύντομος κάρτα
Du lac Prasias, un bref chemin conduit en Macédoine : au ές τήν Μακεδονίην πρδτον μέν γάρ Ιχεται τής λίμνης τδ
lac fait suite d’abord la mine d’où, postérieurement à ces
μέταλλον έξ οδ ύστερον τούτων τάλαντον άργυρίου Άλε-
événements2, il revenait un talent d’argent par jour à
ζάνδρφ ήμέρης έκάστης έφοίτα, μετά δέ τδ μέταλλον
Alexandre ; après cette mine, quand on a franchi la mon­
tagne appelée Dysoros3, on est en Macédoine*. Δύσωρον καλεάμενον δρος ύπερθάντι είναι έν Μακεδονίη. ίο
18 Les Perses envoyés en mission, quand ils furent arrivés ΟΙ δν Πέρσαι οΐ πεμφθέντες οδτοι παρά τδν Άμύντην 18
chez Amyntas, se présentèrent donc devant lui et demandèrent ώς άπίκοντο, αΐτεον έλθάντες ές 8ψιν τήν Άμύντεω
pour le Roi Darius la terre et l’eau. Amyntas voulait bien les Δαρείφ βασιλέΐ γήν τε καί ύδωρ. Ό δέ ταΟτά τε έδίδου καί
donner, et il invita les Perses à un repas d’hospitalité ; il σφεας έπί ξείνια καλέει, παρασκευασάμενος δέ δεΐπνον
prépara pour eux un festin magnifique et leur fit un bien­
veillant accueil. A la fin du festin, les Perses, buvant à qui 16 ι 3 τε om. DUSV || τή : η codd. |] ι 4 καταρρακτής coniecit
mieux mieux6, tinrent ce langage : « Notre hôte Macédonien, Reiske (cf. Plut. Arat. a6) : καταπακτής codd. || ι 5 ποδός codd. pi. :
παιδός. DV || ι6 χατακυλισθή codd. pi. : -κλυαθή Laurent. LXX 6
c’est la coutume chez nous autres Perses, quand nous offrons
-κλησδή D 1 ( p ) || ι8 τοσοϋτο AB : -ον cett. || καταρράχτην Reiske :
I. Le long de la rive gauche du Strymon. καταπακτήν codd. || 19 κατιεΐ scripsi (cf. Praef. ao 4) : χατίει codd.
3 . Après qu’Alexandre fils d’Amynlas, annexant la Mygdonie et la pi. : -η'ει C χάτει B1 || σχοινίιρ USV : -via D -σχοίνω ABCP || κείνην
Bisaltie, eut étendu ses États jusque-là. CPU SV : κενήν AB χειμένην D || a i πάπρακάς codd. pi. : -τρακάς D.
3. Cette montagne devait donc se trouver à l’Ouest du cours 17 4 δοκιμώτατοι έν τώ στρατ. ABGP : έν τω ατρατ. δοκιμώτατοι
inférieur du Strymon, au Nord du pays des Bisaltes. DUSV || 5 δέ codd. pi. : δή S || 6 έχ τής om. USV || η πρώτον ABC :
4. Non pas en Macédoine proprement dite, mais dans une province -τα cett. || ίο ορος codd. pi. : οορος CP || £>περ6άντι Abicht : -τα codd.
de l’État macédonien. Cf. Notice, p. ia. 18 a ές codd. pi. : εις V || 3 Δαρείιρ om. S || βασιλέΐ om. DUSV
5. Les Perses étaient grande buveurs (I 133). II 4 ξείνια AB : ξεινία G -νίαι P -νίας DUSV || δέ om. DUV,
V 18 TERPSICHORE a7 a7 ΤΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 18

un grand festin, qu’alors nos concubines et nos légitimes μεγαλοπρεπές Ιδέκετο τούς Π έρσ ας φιλοφρόνως. ‘Ω ς δέ 5
épouses soient introduites et prennent place près de nous*. άπδ δείπνου έγίνοντο, διαπίνοντες εΐπαν οΐ Πέρσαι τάδε·
Eh bien, toi qui nous as fait un accueil empressé, qui nous « Ξ ε ΐν ε Μακεδών, ήμΐν νόμος έσ τί το ΐσ ι Π έρσησι, έπεάν
traites magnifiquement, et qui veux bien donner au Roi Da­ δεΐπνον προτιθώ μεθα μέγα, τό τε καί τ ά ς πα λλα κά ς καί τ ά ς
rius la terre et l’eau, suis donc notre coutume. » A cela, κουριδίας γυναίκας έσάγεσθαι παρέδρους. Σ ύ νυν, έ π ε ί π ερ
Amyntas répondit : s Perses, chez nous la coutume n’est pas προθύμω ς μέν έδέξαο, μεγάλως δέ ξ ε ιν ίζ ε ις , διδοΐς τ ε ίο
ce que vous dites, mais que les hommes soient séparés des
ΙδασιλέΧ Δ αρείφ γήν τ ε καί ΰδωρ, έπεο νόμω τώ ήμετέρω . »
femmes ; mais, puisque vous, quiètes les maîtres, voulez cela
Είπε πρδς ταΟτα Άμύντης· « ®Ω Πέρσαι, νόμος μέν ήμΐν
aussi, cela aussi vous sera accordé. » Cela dit, Amyntas en­
voya chercher les femmes ; elles se rendirent à l’appel, et γέ έστι ούκ οΟτος, Αλλά κεχωρίσθαι ανδρας γυναικών έπείτε
s’assirent en un rang en face des Perses. Pour lors, voyant δέ ύμεΐς έόντες δεσπόται προσχρηίζετε τούτων, παρέσται
de belles femmes, les Perses déclarèrent à Amyntas que ce δμΐν καί ταΟτα. » Εΐπας τοσαΟτα δ Άμύντης μετεπέμπετο ι5
qu’il avait fait n ’était rien de sage, et qu’il aurait mieux valu τά ς γυναίκας, αΐ δ’ έπείτε καλεόμεναι ήλθου, έπεξής Αντίαι
que les femmes ne vinssent pas du tout que de venir et de ΐζοντο τοΐσι Πέρσησι. ΈνθαΟτα οΐ Πέρσαι Ιδόμενοι γυναί­
ne pas s’asseoir à leur côté, mais en face d’eux pour être le κας εύμόρφους Ιλεγον πρδς Άμύντην φάμενοι τδ ποιηθέν
tourment de leurs yeux3. Contraint, Amyntas ordonna qu’on τοΟτο ούδέν είναι σοφόν κρέσσον γάρ είναι Αρχήθεν μή
fit asseoir les femmes auprès d’eux ; elles obéirent ; et aussitôt έλθεΐν τάς γυναίκας f) έλθούσας καί μή παριζομένας Αντίας so
les Perses, en hommes qui avaient bu plus que de raison, ΐζεσθαι Αλγηδόνας σφίσι δφθαλμών. Αναγκαζόμενος δέ δ
mirent la main à leurs seins; et il put arriver que l’un ou
Άμύντης έκέλευε πα ρ ίζειν πειθομένων δέ τών γυναικών
19 l’autre essayât même de les embrasser. Amyntas, qui voyait
αύτίκα οΐ Πέρσαι μαστών τε Απτοντο οΐα πλεόνως οίνω-
cela, se tenait coi, bien qu’il en souffrit, parce qu’il avait
grand’peur des Perses. Mais Alexandre fils d'Amyntas, qui μένοι καί κού τ ις καί φιλέειν έπειρβτο. Άμύντης μέν δή 19
ταΟτα δρέων Ατρέμας εΐχε, καίπερ δυσφορέων, οΐα ύπερδει-
I . Que cela soit vrai des concubines, que les Perses entretenaient μαΐνων τούς Πέρσας. Αλέξανδρος δέ δ Άμύντεω παρεών
en grand nombre (I i35), il n’y a pas lieu d’en douter. Mais associer
aux orgies les épouses légitimes n’était pas moins contraire aux mœurs
des Orientaux qu’à celles des Grecs eux-mèmes (Plut., Quaett. 18 6 έγίνοντο codd. pi. : Ιγέ- DS || 8 μέγα codd. pi. : -αν D ||
Convie., I i). Le propos attribué aux ambassadeurs pour rendre plus παλλαχάς ABPDU : παλακά{ CSV || g χονριδίας codd. pi. : χουρίδας C
choquante leur attitude et plus vraisemblable le sursaut de fière indi­ II ίο ξεινίίεις ABGP : έξείνιααί DUSV || τε DUSV : δέ ABCP ||
gnation d’Alexandre n’a certainement pas été tenu par eux. ia ’Αμύντηΐ codd. pi. : 6 ’Αμ. D || ι 3 oùx PDUSV : oùy ABC ||
a. La même expression est placée par Plutarque dans la bouche οδτος ABCP : ούτως DUSV || ιό προσχρηίζετε ΑΡ : -ται Β -χρίζετε
d’Alexandre le Grand admirant de belles dames perses {Alex., ai). DUSV -χίζεται C || τούτων ABC : -έων cett. || ι 5 δμΐν ABCP : μέν
Ce peut être un orientalisme. Y verra-t-on une preuve que la scène DUSV II ταΰτα ÀBGPS : τάδε DUV || μετεπέμπετο ABGP : -πέμψατο
racontée par Hérodote s’est passée réellement comme il le dit ? Ce DUSV II ι6 χαλεο'μεναι ABGP : χελευο'μεναι DUSV || άντίαι codd. pi. :
serait méconnaître d’autres possibilités. Notre auteur — ou celui de -ία C II ιη οί ΓΙ. ίδόμενόι ABGP : ίδ. οί IL DUSV || ig είναι (ante
qui il tenait le récit de l’aventure — pouvait être capable d’introduire αοφόν) om. G || ao παριζομένας PDUSV ι -εζομένας ABC || άντίβς
dans ce récit une nuance de coloris exotique. Que savons-nous ABCP : άντία DUSV || ai άλγηδόνας ABGP ι -δόνα DUSV || οφίσι(ν)
d’ailleurs du langage galant qui avait cours de son temps dans les ABG : οφι PDUSV || aa πειθομένων USV : -μενέων cett. || a3 πλεόνως
pays de langue grecque où il avait eu l’occasion de l’entendre : en codd. pi. : πλεόνως C.
Ionie, en Attique, en Macédoine même ï1 19 ι δή om. C.
V 19 TERPSICHORE a8 a8 ΤΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 19
était présent et voyait ce spectacle, en homme jeune et sans TC καί δρέων ταΟτα, &τε νέος t e έών καί κακών Απαθής,
expérience du m alheur1, était incapable de se contenir da­ ούδαμώς ϋτι κατέχειν οΐ6ς τε ήν, ώστε δέ βαρέως φέρων 5
vantage ; indigné, il dit à Amyntas : « Père, obéis à ton âge ; είπε πρδς Άμύντην τάδε- « Σύ μέν, δ π<4τερ, εΐκε τή
retire-toi, prends du repos, ne t’obstine pas à assister à cette ήλικίη άπιώυ τε άναπαύεο μηδέ λιπάρεε τή πύσι- έγώ δέ
beuverie; moi je resterai ici, et je fournirai tout ce qu’il προσμένων αύτοΟ τήδε πάντα τά έπιτήδεα παρέξω τοίσι
faudra à nos hôtes. » A cela, comprenant qu’Alexandre
ξεΐνοισι. » Πρδς ταΟτα συνιείς Ά μύντης 8τι νεώτερα
projetait un coup audacieux, Amyntas répondit : « Mon fils,
πρήγματα πρήξειν μέλλοι “Αλέξανδρος, λέγει- « ®Ω παΐ, ίο
je pense que tu t’échauffes et que je comprends bien tes pa­
rolesI.23: tu veux, après m’avoir écarté, accomplir quelque σχεδόν γάρ σεο άνακαιομένου συνίημι τούς λδγους, δτι
coup d’audace ; or donc, moi je t ’en prie, abstiens-toi, pour έθέλεις έμέ έκπέμψας ποιέειν τ ι νεώτερον- έγώ δν σεο
ne pas nous perdre, de tout mauvais coup contre ces gens, χρηίζω μηδέν νεοχμώσαι κατ’ Ανδρας τούτους, ΐνα μή
résigne-toi à voir ce qui se passe. Pour ce qui est de me Ιξεργάση ήμέας, άλλά άνέχεο δρέων τά ποιεύμενα. Ά μφΙ
20 retirer, je suivrai ton avis. » Lorsqu’Amyntas fut parti δέ άπδδφ τή έμή πείσομαί τοι. » Ώ ς δέ δ Ά μύντης χρηΐσας 20
après avoir adressé à son fils cette prière, Alexandre dit aux τούτων οΐχώκεε, λέγει δ Αλέξανδρος πρδς τούς Πέρσας-
Perses : « Les femmes que voici, ô mes hôtes, sont à votre en­ « Γυναικών τουτέων, δ ξεΐνοι, πολλή εστι ύμίν εύπετείη,
tière disposition, que vous vouliez faire l’amour avec toutes καί εΐ πάσησι βούλεσθε μίσγεσθαι καί δκδσησι δν αύτέων.
ou avec autant d’entre elles qu’il vous plaira ; sur ce point,
Τούτου μέν πέρι αύτοί άποσημανέετε. ΝΟν δέ, σχεδόν γάρ 5
vous-mêmes donnerez vos indications. Mais pour l’heure, car
ήδη τής κοίτης δρη προσέρχεται ύμίν καί καλώς Ιχοντας
déjà le moment approche pour vous de gagner le lit et je vois
que vous êtes dans un bel état de gaieté, permettez, si cela ΰμέας δρέω μέθης, γυναίκας ταύτας, εΐ ύμίν φίλον Ιστί,
vous agrée, que ces femmes aillent se baigner, et recevez-les &φετε λούσασθαι, λουσαμένας δέ δπίσω προσδέκεσθε. »
à leur retour après qu’elles auront pris un bain. » Il dit ; et, Εΐπας ταΟτα, συνέπαινοι γάρ ή σαν οΐ Πέρσαι, γυναίκας
comme les Perses approuvaient, il fit sortir les femmes, qu’il μέν έξελθούσας άπέπεμπε ές τήν γυναικηΐην, αύτός δέ δ ίο
renvoya dans leur appartement, et, lui-même, Alexandre
revêtit de vêtements féminins des jeunes hommes imberbes
en nombre égal à celui des femmes2, leur donna des poi- 19 4 όρέων CPDUSV : όρων AB || τε om. PDUSV || έών ABGD :
ών PDUSV y 5 8έ om. D || 6 Άμύντην ABCP : -τεα DUSV || Σύ
μέν, Æ πάτερ PDUSV : ΤΩ πάτερ, σύ μεν ABC || 7 ττόσι AB : -σει
I. Ce qui n’était plus le cas pour Amyntas, homme d’âge à qui les GPDUS V inc. y g συνιείς ABCPU : συνείς DSV || Άμύντης ABCP :
dures leçons de la vie avaient appris une résignation qu’Hérodote, je ό Ά μ . DUSV II ιο πρήξειν PDUSV : πρη'σσειν ABC || μέλλοι codd.
crois, ne jugeait pas sans excuse ; cf. De la malignité d'Hérodote, dans pi. : -ει V y ’Αλέξανδρος PUSV : ό Ά λ . ABCD || i t σεο : σευ codd.
les Mélanges Glotz, II, p. 546-547· pl. om. SV y άνακαιομένου ABCP : άναγομένου DUSV || ia σεο :
a. En particulier, ce qu’il y avait de menaçant dans ces paroles : σευ codd. || ι4 άνε'χεο : -έχευ codd. pl. άνάχευ SV || ι 5 τοι om. DUSV.
πάντα τά έπιτήδεα, « tout ce qu’il faudra ». 20 I ό om. DUSV || a τούτων codd. pl. ; -εων C τούτον D || λέγει
3. Des femmes dont les Perses avaient pu admirer la beauté ABC : Ιλεγε(ν) PDUSV || 3 πολλή έστι υμϊν P : π. έ. έν ύμίν DU
avaient dû se montrer le visage découvert, et il est peu probable que πολλή (-λοί V) έν ύμϊν SV Ιστι ύμίν πολλή ABC || 4 καί εί πάσησι
leurs substituts masculins aient été voilés plus strictement qu’elles- ABCP : καί εί άπάσήσι DS καί κάπάσησι cum ήν supra κά addito U
mèmes. Pour être confondus avec elles, même par des ivrognes, il άπάσησι sine καί ει V || μίσγεσθαι ABCP : μίγνυσθαι DUSV || 5 άποση­
n’aurait donc pas suffi qu’ils fussent en nombre égal et imberbes. μανέετε ABCP : -σημάνετε DUSV || η όρέω G : όρώ cett. || 8 προσδέ-
Il n’en est pas ainsi dans les récits de Xénophon (Hell., V 4 5-6) et κεσθε PDUSV : -εσθαι ABG || ίο έξελθούσας ABGP : Ισ- DUSV.
V 20 TERPSICHORE 29 »9 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ
guards, laa mena dans la salle, et, en les introduisant, il dit ’Αλέξανδρος ίσους άριθμδν xfjai γυναιξΐ άνδρας λειογε-
aux'Perses : « O Perses, vous ave* été traités, il me semble, υείους τή τδν γυναικών Ισθήτι σκευάσας καί έγχειρίδια
avec une libéralité parfaite ; car, d’une façon générale, tout δούς παρήγε Ισω, παράγων δέ τούτους έλεγε τοίσι Πέρσησι
ce que nous avions, tout ce que nous avons pu trouver en τάδε· « *Ω Πέρσαι, οΐκατε πανδαισίη τελέη ίστιήσθαι· τά
outre pour vous le fournir, tout cela vous est offert ; et en τε γάρ άλλα 8σα εϊχομεν, καί π ρ δςτά ο ΐά τε ήν Ιξευρόντας ι5
particulier, ce qui dépasse tout, nous vous faisons généreux παρέχειν, πάντα ύμίν πάρεστι, καί δή καί τόδε τδ πάντων
abandon de nos propres mères, de nos propres sœurs, afin de μέγιστον, τάς τε έωυτδν μητέρας καί τάς άδελφεάς έπιδα-
vous bien convaincre que nous vous rendons les honneurs ψιλευδμεθα ύμίν, ώς παντελέως μάθητε τιμώμενοι πρδς
dont vous êtes dignes1, et pour que vous rapportiez au Roi
ήμέων τδν πέρ Ιστέ άξιοι, πρδς δέ καί βασιλέΐ τδ πέμψαντι
qui vous a envoyés comment un homme de race grecque,
άπαγγείλητε ώς άνήρ "Ελλην, Μακεδών Βπαρχος, εδ ao
gouverneur2 de Macédoine, vous a fait une belle réception
et à table et au lit. » Cela dit, il fit asseoir à côté de chaque ύμέας έδέξατο καί τραπέζη καί κοίτη.» Τ α Ο τα εΐπαςδ
Perse un jeune Macédonien, donné pour une femme; et les ’Αλέξανδρος πορίζει Πέρση άνδρί άνδρα Μακεδόνα ώς
jeunes gens, lorsque les Perses tentèrent de les toucher, les γυναίκα τφ λάγφ· οί δέ, έπείτε σφέων ot Πέρσαι ψαύειν
massacrèrent. Ιπειρωντο, διεργάζοντο αύτούς.
21 Ainsi périrent de male mort les ambassadeurs, eux et leur Καί οδτοι μέν τούτφ τφ μόρφ διεφθάρησαν, καί αύτοί καί 21
suite ; car ils étaient accompagnés de chars, de serviteurs, de ή θεραπηίη αύτων εΐπετο γάρ δή σφι καί δχήματα καί
tout leur abondant équipage ; tout cela disparut avec eux θεράποντες καί ή πδσα πολλή παρασκευή- πάντα δή ταΟτα
tous3. Par la suite, peu de temps après *, une grande enquête άμα πάαι έκείνοισι ήφάνιστο. Μετά δέ χρόνφ ού πολλφ
sur le sort de ces personnages fut ordonnée par les Perses, ύστερον ζήτησις των άνδρδν τούτων μεγάλη Ικ τδν Περ- 5
qu’Alexandre arrêta habilement en donnant une grosse
σέων έγίνετο, καί σφεας ’Αλέξανδρος κατέλαβε σοφίη,
somme d’argent et sa propre sœur, qui avait nom Gygaié ;
χρήματά τε δούς πολλά καί τήν έωυτοΟ άδελφεήν τή
de Plutarque (Pelop., 7 11- 12), où des conjurés ne se substituent pas οΰνομα ήν Γυγαίη· δούς δέ ταΟτα κατέλαβε δ ’Αλέξανδρος
& des femmee que ceux qu’on veut tromper aient déjà vues, et
prennent des précautions pour dissimuler leurs visages. Il y a ici dans
le récit d’Hérodote une invraisemblance de détail qui en trahit le 20 I I αριθμόν τήσι γυναιξί DUSV : τήσι γ. άρ. ABCP || ι3 παρήγε
caractère non historique, PDUSV : ηγε ABC || εσω Ρ : εισω cett. || ι4 xeAévj ABGP : -εί»]
1. Τώνπέρ έστε άξιοι. Expression pleine d’une ironie que les Perses DUSV II ιοτιηοθαι : ήστ- ABGD1 (?) είστ- PU είοτ- D2 ή είστ- V έστ- S
ne pouvaient pas comprendre. Il ι5 ol* ABCP : olov DUSV || ιβ τό om. DUSV || 17 τε om. :
2 . "Υπαρχο;. C’est le nom par lequel sont toujours désignés chei PDUSV D έωυτών et τά,· om. Suidas s. v. έπιδαψιλενόμενος || 17-18
Hérodote les chefs mis par le Roi à la tête d’une province. En se έπιδαψιλευο'μεθα PDUSV Suidas : -λεύμεθα ABC || 18 παντελέως codd. :
l’appliquant à lui-même, Alexandre feignait de se considérer comme -λΰς Suidas || μάθητε PDUSV : μάθετε ABC || τιμώμενοι codd. pl. :
un simple délégué du maître. -ειύμενοι C -εόμενοι P || 20 Μα/.εδών codd. pl. : -όνων S || 21 ό om.
3. La «disparition» (ήφάνιστο) de tant d’hommes et d’objets est PDUSV y 22 Πέρση codd. pl. : Πέρσησι B1.
invraisemblable. L’ambassade, après avoir reçu l’hommage d’Amyntas, 21 2 θεραπηίη ACPU : -πηί B -πείη DSV || αυτών ABCPD : -έων
dut retourner auprès de Mégabaie. USV II 4 πασι om . ABC || ήφάνιστο PDUSV : ήφανίζετο ABC || 5
4. Il semble, d’après ce qui suit, qu’Alexandre avait alors succédé τούτων ABCP : -έων DUSV || 5-6 Περσε'ων om . SV || 6 έγίνετο codd.
à son père, ce qui eut lieu en 4g8· On aurait donc attendu plus de pl. : έγέ- C1 || κατέλαβε σοφίη codd. pl. Suidas, s. v. χατέλαβεν : *oç.
dix ans pour s’informer du sort de l’ambassade ! χατ. D y 7 τε om. Suidas || 8 ταΰτα ABCPU : ταύτην DSV.
V 21 TERPSICHORE 3o 3o ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 21
il arrêta l’affaire en donnant cela & Bourbarès, un Perse1, le Βουβάρη άνδρΐ Πέρση, τών. διζημένωυ τούς άπολομέυους
chef de ceux qui recherchaient les disparus. Ainsi donc, sur τφ στρατηγφ. Ό μέν νυν τδν Περσέων τούτων θάνατος ίο
la mort de ces Perses s’étendit le silenceI.2. οΒτω καταλαμφθείς έσιγήθη.
22 Que les princes dont je viens de parler, descendants de Per­ "Ελληνας δέ είναι τούτους τούς άπο Περδίκκεω γεγο- 22
diccas, sontde race grecque, comme ils l'affirment eux-mêmes, νότας, κατά περ αύτοί λέγουσι, αύτός τε οίίτω τυγχάνω
je suis personnellement en état de le savoir, et je montrerai έπιστάμενος καί δή καί έν τοίσι δτησθε λόγοισι άποδέξω
dans la suite de mon récit3 que ce sont bien des Grecs ; ώς είσΐ "Ελληνες, πρδς δέ καί οί τδν Ιν ΌλυμπΙη διέποντες
d’ailleurs les Hellanodiques, qui gouvernent les jeux olym­
άγδνα Έλληνοδίκαι οΒτω έγνωσαν είναι. ’Αλεξάνδρου γάρ 5
piques, ont décidé qu’il en était ainsi. Alexandre, en effet, avait
άεθλεύειν έλομένου καί καταβάντος έπ’ αύτδ τοΟτο οί άντι-
résolu de prendre part à ces jeux et il était, dans cette inten­
tion, descendu à Olympie4 *; les Grecs qui devaient disputer θευσόμενοι Ελλήνων έξείργόν μιν, φάμενοι ού βαρβάρων
le prix de la course voulaient l’écarter, alléguant que le άγωνιστέων είναι τδν άγδνα άλλά 'Ελλήνων. ’Αλέξανδρος
concours n’était pas ouvert à des concurrents barbares, que δέ έπειδή άπέδεξε ώς εϊη ’Αργείος, έκρίθη τε εΐναι "Ελλην
c’était un concours entre Grecs. Mais, après qu’Alexandre eut καί άγωνιζόμενος στάδιον συνεξέπιπτε τφ πρώτω.
démontré qu’il était Argien d’origine3, il fut jugé être Grec; ΤαΟτα μέν νυν οΒτω κη έγένετο. Μεγάβαζος δέ &γων τούς 23
et, dans la course du stade, il arriva de front avec le premier. Παίονας άπίκετο έπΐ τδν Ελλήσποντον, ένθεΟτεν δέ δια-
23 Voilà donc comment les choses se seraient passées de ce côté. περαιωθείς άπίκετο ές τά ς Σάρδις. "Ατε δέ τειχέοντος ήδη
Quant à Mégabaze, emmenant les Péoniens6, il arriva sur ‘Ιστιαίου τοΟ ΜιλησΙου τήν παρά ΔαρεΙου αΐτήσας Ιτυχε
l’Hellespont, traversa de là sur l’autre rive, et se rendit à Sardes. δωρεήν μισθδν φυλακής τή ς σχεδίης, Ιόντος δέ τοΟ χώρου 5
Déjà Histiée de Milet entourait de murailles la place que, sur
τούτου παρά Στρυμόνα ποταμόν, τφ οΰνομά έστι Μύρκινος,
μαθών δ Μεγάβαζος τδ ποιεύμενον έκ τοΟ ΊστιαΙου, ώς ήλθε
I . Le même qui dirigea plus tard le percement du canal de l’Athos τάχιστα ές τάς Σάρδις άγων τούς Παίονας, έλεγε ΔαρεΙφ
(VII 3î).
а. On ne croira pas volontiers que le chef d’une commission d’en­
quête ait étouffé une affaire aussi grave que celle d’un massacre 21 9 απολομένους codd. pi. : άπολλ- B |j 10 τώ στρατηγω Valcke-
d’ambassadeurs de haut rang, ni qu’un grand seigneur perse se soit naer : των στρατηγών codd. || τούτων ABGP : -τε’ων DUSV |[ n χατα-
laissé corrompre par ce que pouvait lui offrir à cette époque un λαμφθείς codd. ρΐ. : -λαμφείς U.
prince de Macédoine. Je pense que Boubarës avait été mis par son 22 I εΐναι τούτους ABC : τ. εΐναι cett. || τους om. USV || Περ­
père à la tête de l’ambassade envoyée à Amyntas, que, jeune alors, δίκκεω codd. ρΐ. : -ίχεω CV || 3 χαί (ante èv) om. SV || οπισθε codd.
il prit envie au cours de sa mission d’une fille d’Amyntas et se la fit pi. : -θεν V K 4 ώς εισί codd. pi. : ώσίν V [| τον codd. pi. : των D j|
donner. Tels peuvent être les faits historiques autour desquels se έν om. ABC y 5 Έλληνοδίκαι ABGP : Ελλήνων DUSV |[ ουτω
forma une légende. codd. pi. : χαί οίίτω DV || 5-6 Ά λ . γάρ άε6λ. έλομένου PDUSV : βουλο-
3. Cf. VIII 137 (histoire de Perdiccas). μένου γάρ Ά λ . άεθλ. ABG || 8 άγωνιστέων ABGP : -τέον DUSV ||
4· Καταβάντος επ’ αυτό τοΰτο. Si χαταβαίνειν signifiait ici 8-9 Ά λ . δέ ABCP : Ά λ . μεν δή DUV Ό μέν δή ·Άλ. S |[ Q τε om.
« descendre dans la lice », έπ’ αυτό τοΰτο serait oiseux. Le sens DUSV II εΐναι Έ λλην ABCP : "Ελλην είναι DUSV || ίο άγωνιζόμενος
n’est-il pas que, pour gagner Olympie, dans une zone littorale, ABGP : -σάμενος DUSV.
Alexandre était « descendu » vers la mer ? 23 a έπΐ ABGPD : ές USV || δέ om. ABGP || 3 τάς om. DUSV ||
5· Perdiccas passait pour descendre de Téménos, qui avait régné δέ codd. pi. : δή G II 5 δωρεήν μισθόν Abicht : μ. δωρ. codd. j|
sur Argos (V III 137 ; Thuc., II 99 ). 6 Στρυμόνα codd. pi. : -ώνα G || Μύρχινος codd. pi. : -χιννος C -χιος
б . Partis en avant (ch. 17), il avait dû les rejoindre. SV y 7 μαθών ABCS : μ. δέ PDUV.
V 23 TERPSICHORE Si 3i ΤΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 23.
sa demande, il avait reçu en don de Darius comme récom­ τάδε· « *Ώ βασιλεΟ, κοΐάν τι χρήμα έποίησας, άνδρΓΈλληνι
pense pour avoir gardé le pont de bateaux1 — ce lieu est situé δεινφ τε καί σοφβ δούς ΙγκτΙσασθαι πίλιν έν ©ρηίκη, ϊνα ίο
sur les bords du fleuve Strymon, il a nom Myrkinos ; — ϊδη τε ναυπηγήσιμες έστι άφθονος καί πολλοί κωπέες καί
ayant appris ce que faisait Histiée, Mégabaze, aussitôt qu’il μέταλλα άργύρεα, βμιλός τε πολλδς μέν "Ελλην περιοικέει,
fut arrivé à Sardes amenant les Péoniens, dit à Darius : πολλδς δέ βάρβαρος, οι προστάτεω έπιλαβδμενοι ποιήσουσι
« O Roi, qu’as-tu fait, de permettre à un Grec fin et habile τοΟτο τδ &ν κείνος έξηγέηται καί ήμέρης καί νυκτός. Σύ
de fonder une ville en Thrace, dans un canton où abonde le
νυν τοΟτον τδν άνδρα παΟσον ταΟτα ποιεΟντα, ϊνα μή ι5
bois pour la construction des navires, où l’on peut trouver
οίκηίφ πολέμψ συνέχη. Τ ρίπφ δέ ήπίω μεταπεμψάμενος
beaucoup de rames, où il y a des mines d’argent*, au milieu
d’une nombreuse population de Grecs, d’une nombreuse παΟσον έπεάν δέ αότδν περιλάβης, ποιέειν βκως μηκέτι
population de Barbares, qui, s’ils mettent la main sur un κείνος ές "Ελληνας άπΐξεται. » ΤαΟτα λέγων δ Μεγάβαζος 24
chef, feront ce qu’il leur commandera, jour et nuit. Empêche εΰπετέως Ιπειθε Δαρεΐον ά ς εδ προορέων τδ μέλλον
donc cet homme de continuer ce qu’il fait, pour ne pas te γίνεσθαι. Μετά δέ πέμψας άγγελον Ις τήν Μύρκινον δ
trouver engagé dans une guerre domestique. Empêche-le en Δαρεΐος έλεγε τάδε' « Μστιαΐε, βασιλεύς Δαρείος τάδε
procédant avec douceur ; mande-le près de toi ; et, quand tu λέγει. 'Εγώ φρόντιζαν εΰρίσκα Ιμοί τε καί τοΐσι Ιμοΐσι δ
te seras assuré de sa personne, fais en sorte qu’il ne retourne πρήγμασι είναι οόδένα σέο άνδρα εύνοέστερον, τοΟτο δέ οΰ
24 plus chez les Grecs. » Ces paroles de Mégabaze persuadèrent λδγοισι άλλ’ Ιργοισι οίδα μαθών, ΝΟν δν, Ιπινοέω γάρ
aisément Darius, qui y reconnut une juste prévision de ce qui πρήγματα μεγάλα κατεργάσασθαι, άπίκεδ μοι πάντως, ΐνα
devait arriver *. En conséquence, Darius envoya à Myrkinos
τοι αύτά δπερθέωμαι. » Τούτοισι τοΐσι έπεσι πιστεύσας δ
un messager chargé de dire ceci : « Histiée, voici ce que
Ίστιαΐος καί &μα μέγα ποιεύμενος βασιλέος σύμβουλος «ο
dit le Roi Darius. Quand j ’y réfléchis, je ne trouve pas
qu’aucun homme soit animé de meilleurs sentiments que toi γενέσθαι άπίκετο ες τάς Σάρδις. Άπικομένφ δέ οί έλεγε
pour moi et pour mes aflaires ; et, cela, je le sais pour l’avoir Δαρεΐος τάδε' « Ίστιαίε, Ιγώ σε μετεπεμψάμην τδνδε
reconnu, non pas à des paroles, mais à des actes. Maintenant εΐνεκεν. Έ π ε ίτε τάχιστα ένόστησα άπδ Σκυθέων καί σύ
donc, comme je songe à accomplir de grandes choses, viens μοι έγένεο Ι ξ δφθαλμ&ν, ούδέν κω άλλο χρήμα οΰτω έν
me trouver toute affaire cessante, afin que je te soumette ces βραχέΐ Ιπεζήτησα ώς σέ Ιδεΐν τε καί Ι ς λίγους μοι άπι-
desseins. » Confiant en ces paroles, et, en même temps,
23 9 κΐκόν ABC : oTov PDUSV || ίο έγκτίσασθαι ABGP : -κτήσασ-
attachant un grand prix à devenir conseiller du Roi, Histiée Öat DUSV y τι ΐ'δη τε ναυπ. έστι A.BCP : τε ναυπ. έστι(ν) Ιδη DUSV
se rendit à Sardes. Lorsqu’il fut arrivé, Darius lui dit : (ί]δη V1) [I ia μέταλλα άργύρεα A.BGPi.23: μεγάλα αργύρια PJDUSV
« Histiée, voici pourquoi je t ’ai fait appeler. Du moment où U "Ελλην codd. pi. : άλλην D || ι3 πολλό; codd. ρΐ· : - it V y ι 4 κεί­
je suis revenu de Scythie et où tu es sorti de ma vue, il n ’est νος ABGPU : έχεΐνος DSV || έξηγέηται ABCPD : -έεται USV || ι5 τούτον
τόν όίνδρα ABCP : τόν &. τ. DUSV || ιδ συνέχη AB : -έχεai cett.
24 a Δαρεΐον ABCP: τόν Δ. DUSV |[ προορέων CP : -ορδν cett. ||
i . Ch. ii . 3 πέμψας ά'γγελον Ις τήν Μ. ό Δ. ABC : άγγ. π. ό Δ. ές τήν Μ.
a. Même constatation chez Thucydide IV io8 à propos d’Amphi- PDUSV II Μύρκινον codd. pi. : -ιννον Β || 6 είναι οϋδε'να ABC : οΰδ.
polis, que les Athéniens fondèrent dans le même canton. είναι cett. II 8 άπίκεο' ABC : -ίκνεό cett. || ίο βασιλέος codd. pi. :
3. Ce qui serait arrivé si Histiée s’était installé fortement à Myr­ -έως C II i t οί PDUV : γε S ont. ABC || ι3 εΐνεκεν PDUSV : -κα
kinos : il se serait taillé en Thrace une principauté indépendante, ABC II ι4 χρήμα ABCP : πρήγμα DUSV II ι5 ιδεΐν : -έειν codd. ||
barrant la route à l’avance des Perses. μοι codd. pi. : μου C.
V. - k
V 24 T EH PSIG H Ü R E 3a 3a ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 24
jusqu’ici rien autre chose dont j ’aie en ce peu de temps κέσθαι, έγνωκώς 8τι κτημάτων πάντων έστί τιμιώτατον
ressenti si vivement le désir que de te voir et que tu viennes άνήρ φίλος συνετός τε καί εβνοος, τάτοιέγώ καί άμφότερα
t ’entretenir avec moi, ayant reconnu que, de tous les biens, le συνειδώς Ιχω μαρτυρέειν ές πρήγματα τά Ιμά. ΝΟν &ν, εδ
plus précieux est un ami avisé et qui vous veuille du bien, γάρ έποίησας άπικόμενος, τάδε τβι έγώ προτείνομαι*
deux qualités que j ’ai constatées chez toi, j ’en puis porter Μίλητον μέν ία καί τήν νεόκτιστον tv Θρηίκη πόλιν, σύ ao
témoignage, en ce qui concerne mes affaires. Pour l’heure
δέ μοι έπόμενος ές ΣοΟσα έχε τά περ fiv έγώ έχω, έμός τε
donc, puisque tu m’as fait le plaisir de venir, voici ce que je
σύσσιτος Ιών καί σύμβουλος. »
te propose : laisse là Milet et la ville nouvellement fondée en
ΤαΟτα Δαρεΐος εϊπας καί καταστήσας Άρταφρένεα 25
Thrace ; et, toi, accompagne-moi à Suse; tu y auras part à
tout ce que je puis avoir moi-même, tu seras mon commensal ‘ άδελφεύν έωυτοΟ δμοπάτριον Οπαρχον είναι Σαρδίων,
et mon conseiller. » άπήλαυνε Ι ς ΣοΟσα άμα άγόμενος Ίστιαΐον, Ότάνην
25 Ainsi parla Darius; et, après avoir établi gouverneur de δέ άποδέξας στρατηγόν εΐναι τδν παραθαλασσίων άνδρδν,
SardesI.2 Artaphernès, son propre frère né du même père que τοΟ τύν' πατέρα Σισάμνην βασιλεύς Καμδύσης γενόμενον 5
lui, il partit pour Suse, emmenant avec lui Histiée ; il avait τδν βασιληίων δικαστέων, 8τι Ιπ ΐ χρήμασι δίκην άδικον
désigné pour commander les troupes de la région littorale3 έδίκασε, σφάξας άπέδειρε πάσαν τήν άνθρωπηίην, σπα-
Otanès, dont le père, Sisamnès, avait été l’un des juges royaux ; δίξας δέ αΰτοΟ τύ δέρμα ιμάντας έξ αύτοΟ Ιταμέ καί ένέ-
ayant rendu pour de l’argent une sentence injuste, Sisamnès τεινε τύν θρόνον ές τύν ΐζων έδίκαζε' έντανύσας δέ δ
avait été, sur l’ordre de Cambyse, égorgé, écorché de la tête Καμβύσης άπέδεξε δικαστήν είναι άντί τοΟ Σισάμνεω, τδν ίο
aux pieds; dans la peau arrachée de son corps, Cambyse
άποκτεΐνας άπέδειρε, τύν παΐδα τοΟ Σισάμνεω, έντειλά-
avait fait tailler des bandes de cuir, qu’on avait tendues sur
μενός οΐ μεμνήσθαι έν τφ κατίζων θρόνφ δικάζει.
le siège où Sisamnès s’asseyait pour rendre la justice ; et, le
siège une fois recouvert de ces bandes, il avait désigné pour être Οδτος δν δ Ό τάνης, δ Ιγκατιζόμενος ές τοΟτον τύν 26
juge à la place de Sisamnès, qu’il avait fait mettre à mort et θρόνον, τότε διάδοχος γενόμενος Μεγαβάζφ τή ς στρατη-
écorcher, le fils de Sisamnès, en lui recommandant de se γΐης Βυζαντίους τε εΐλε καί Καλχηδονίους, εΐλε δέ "Αύταν­
rappeler sur quel siège il était assis quand il rendait la justice. δρον τήν έν τή Τρφάδι γή, εΐλε δέ Λαμπώνιον, λαβών δέ
παρά Λεσβίων νέας εΐλε Λήμνόν τε καί "Ιμβρον, άμφοτέρας
I. Ce qui, à la cour de Suse, était une haute distinction ; cf. III Ιτ ι τότε δπύ Πελασγών οίκεομένας. Οί μέν δή Λήμνιοι καί 27
i3 î, VII 119 ; Xén., Amb., I 8 a5.
a. Artaphernès, de qui il sera dit plus loin (ch. 3o) : των έπιθα- 24 ΐ7 τε καί om. DUSV |] τοι codd. pi. : τε SV [[ 20 νεόκτιστον
λασσίων των έν ’Ασίη Spy st πάντων, était satrape ; son gouvernement, codd. pi. : -κτηστον Β.
qui avait Sardes pour capitale, était ce qui, dans les documents 25 I Άρταφρένεα ABCV : -φίρνεα PDUS || 2 Ιωντοΰ codd. pi. :
perses, est appelé Çparda ; il comprenait les deux premiers νομοί du ΙαντΟΰ C II 3 Ότάνην : -νεα codd. '|| 4 στρατηγόν είναι PDUSV : είναι
1. Ill ch. go (’Ιωνικός v., Λύδιος v.). στρ. ABC II 5 Σισάμνην codd. pi. : Σισάμην C || 6 δικαστίων ABGP :
3. Gomme Mégabaze, dont il était le successeur (διάδοχος Μεγαδάζω -των DUSV || η άνθρωπηίην (-αν D) codd. : -είην Eust. ad II. 3γ4 -πην
της ήγεμονίης), Otanès avait un commandement exclusivement mili­ Pollux II 5 II I I Σισάμνεω codd. pi. : -μεω G.
taire. L’armée dont il était le chef (στρατηγός των παραθαλασσίων 26 I ό (ante έγκ.) om. DUSV || 3 Βυζαντίους codd. pi. : -ιείους
άνδρων) n’était pas une armée levée et cantonnée dans les provinces SV II τε codd. pi. : δέ G || Καλχηδονίους codd. pi. : Καρχ- P*D ||
maritimes ; c’était l’armée chargée alors par Darius d’opérer sur le ’Άντανδρον codd. pi. : "Ατανδρον U (?) άντρον D 1 || 4 yf, codd. pi. :
littoral. γην G.
V 26 TERPSICHORE 33 33 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 27
26 Or donc, cet Ota nés, qui s’asseyait sur le siège en question έμαχέσαντο εδ καί άμυνδμενοι. &và χρόνον έκακώθησβυ·
et qui avait alors succédé à Mégabaze à la tète des τοΐσι Si περιέουσι αότΩυ οί Πέρσοα δπαρχου επιστδσι
troupes, s’empara des villes des Byzantins et des Chalcédo- Λυκάρητου τδυ Μαιαυδρίου τοΟ βοίσιλεύσαυτος Σάμου
niens, s’empara d’Antandros en Troade, s’empara de Lam- άδελφεόν. Οδτος δ Λυκάρητος &ρχωυ έν Λήμνφ τελευτή.., 5
ponion ; et, ayant reçu des navires des Lesbiens, s’empara de ΑΙτίη δέ τούτου ήδε- πάυτας ήυδραποδίζετο καί κατεστρέ-
Lemnos et d’Imbros, l’une et l’autre habitées à cette époque
φετο, τούς μέυ λιποστρατίης έπΐ Σκύθας αΐτιώμενος, τούς
27 encore par des Pélasges. Les Lemniens combattirent vaillam­
δέ σΐυεσθαι τδυ Δοφείου στρατδν άπδ Σκυθέων δπίαω άνα-
ment et succombèrent à la longue en se défendant ; à ceux
κομιζόμενου.
d’entre eux qui survécurent les Perses imposèrent comme
gouverneur Lycarétos, le frère de Maiandrios1 qui avait régné Οδτος μέν νυν τοσαΟτα Ιξεργάσατο στρατηγήσας. 28
à Samos ; ce Lycarétos mourut à Lemnos dans l’exercice
de son commandement... Voici ce qui motivait ces actes: 27 2 eu om. DUSV || 3 αύτίϋν CP : -έων cett. [| 5 έν Λ. codd.
i l s réduisait tous ces peuples en esclavage et faisait la pi. : έν τί) Λ. D || 6 Ante Α’ιτίη lacunam statuit Valctenaer; cf. quae
ad versionem gallicam adnolavi [| η λιποστρατίης ABCP : -ίη D
conquête de leurs pays parce qu’il accusait les uns de
(λειπ- D12) CSV || 8 άπό ABC : τόν άπό cett.
n ’avoir -pas voulu faire campagne contre les Scythes, les 28 I μέν νυν PDUSV : δέ ABC.
autres d’avoir harcelé l’armée de Darius pendant sa retraite de
28 Scythie. Tels sont les actes qu’accomplit Otanès pendant qu’il
était à la tête des troupes.

1. Sur Maiandrios et Lycarétos, cf. III ié i suiv.


2 . Otanès. Mais, dans les phrases précédentes, il n’était parlé que
de Lycarétos et des Lemniens. Ou bien, donc, ces phrases ont été
intercalées après coup ; ou bien il a disparu, avant Α’ιτίη δε τούτου
ήδε, quelque chose où il était question d’Otanès et où l’attention
était rappelée sur ses actes. Cette seconde hypothèse mo semble plus
plausible.
LA RÉVOLTE DE L’IONIE.
(V 28 - VI 42).
NOTICE 37
entre ces chapitres. Pourquoi le soulèvement a-t-il eu lieu?
A cause des intrigues d’Aristagoras et d’Histiée ; d’Aristagoras,
qui, à la suite de l’entreprise manquée contre Naxos (3o-35),
se trouvait fort embarrassé : d’Histiée, que les honneurs dont il
était entouré à Suse n’empêchaient pas de s’y sentir en exil (35).
Ces explications valent ce qu’elles valent ; on peut les juger
N O TICE à la fois incomplètes et surabondantes; incomplètes, parce
que, avant de risquer le coup, Histiée avait dû s’assurer des
complicités auxquelles il ne sera fait allusion que beaucoup
plus tard (V I4); surabondantes, parce que l’initiative d'Histiée
Nous avons vu dans la section précédente les Perses, dé­ eût suffi à tout expliquer, sans qu’on nous dît qu’Aristagoras,
bordant du continent asiatique, entrer en contact avec les avant même d’en recevoir l’ordre, songeait à se révolter (35).
Grecs d’Europe et de Libye. En Libye, où les Grecs n ’a­ Peut-être, en attribuant au lieutenant d’Histiée personnelle­
vaient établi que quelques colonies, les Perses ont poussé ment ce dessein audacieux, et en le présentant comme une
aussi loin, ou peu s’en faut, que les Grecs avaient fait eux- conséquence de la malheureuse campagne de Naxos, Héro­
mêmes : jusqu’au pays des Evhespérites 1 ; ce n’est pas de ce dote obéissait-il au désir de justifier l’introduction en cet
côté que devait se produire le choc décisif entre l’hellénisme endroit de son œuvre, avant le récit de la révolte, du récit
et les Barbares d’Asie ; maintenant que les Perses avaienl d’événements qui n ’avaient eu, dans la réalité, aucune rela­
étendu leur influence jusqu’en Macédoine, jusqu’aux confins tion avec elle1 ; auquel cas le souci de la composition l’aurait
de la Thessalie, les Grecs de la Grèce propre étaient menacés emporté chez lui, en cette circonstance, sur le respect de la
de près ; le conflit semblait imminent sur la terre d’Europe. vérité historique. Quoi qu’il en soit, docile aux injonctions
Contrairement à ce qu’on pouvait attendre, c’est sur la terre d’Histiée plutôt qu’aux sages conseils d'Hécatée de Milet,
d’Asie que s’en développa la première phase ; et, durant cette Aristagoras décide de se révolter, et, par des mesures propres
première phase, ce sont les Grecs d’Europe, — les Athéniens, à lui concilier dans les villes grecques le sentiment populaire,
— qui prirent l’initiative de l’agression. Ils y furent d’ailleurs associe à sa rebellion l’ensemble des Ioniens (36-38). Il va
entraînés par une série de complications à l’origine desquelles solliciter l’assistance de Sparte, qui lui est refusée (49-51) ;
se place, d’après le récit d’Hérodote, une tentative d’annexion déçu de ce côté, il sollicite ensuite l’alliance des Athéniens ; et
à l’empire du Grand Roi de pays helléniques, — Naxos et les Athéniens la lui accordent (97) ; un corps expéditionnaire
autres Cyclades, — c’est-à-dire une nouvelle manifestation de est envoyé d’Athènes à Milet (99). Avec l’aide de ce corps,
l’humeur conquérante héréditaire chez les Achéménides. les Ioniens s’emparent de la basse ville de Sardes (100), qui
est incendiée (ro i) ; mais, devant une réaction inattendue de
* la garnison de l’acropole et de la population, ils battent
* * en retraite, et sont, en cours de route, rejoints et défaits par
Le sujet de cette section des Histoires est le récit du sou­ des détachements de troupes perses accourus des régions voi­
lèvement de l’Ionie, de ses préliminaires et de son épilogue. sines (io i-io a ). Sur quoi, les Athéniens abandonnent la
Laissons de côté, provisoirement, les chapitres 3g-48 et 55-q6
du livre V ; au soulèvement de l’Ionie se rattache, par des I. L’intention d’établir un lien très fort entre les événements de
liens étroits, presque tout ce qui est raconté avant, après et Naxos et la révolte de l’Ionie s’affirme dès la première phrase du
chapitre a 8 : χαί ηρ·/ετο τό δεύτερον b. Νάξου τε χαί Μιλήτου "Ιωσι
γίνιαβαι χαχά. On pourrait croire, d’après cela, que le déboire
). IV ao 4. d’Aristagoras a été la cause principale, unique, de la révolte.
LA RÉVOLTE DE L’IONIE •NOTICE 39
partie (io3). Les Ioniens, qui ne désarment pas, s’emparent agissements de cet astucieux personnage depuis son départ de
des villes de l’Hellespont, et trouvent en Carie, à Caunos, Suse jusqu’à l’échec de sa tentative pour reconquérir le gou­
à Cypre, des alliés de rechange pour continuer la lutte vernement de Milet (i-5). Tandis que, réduit ensuite à
(io3-io4)· A ce point, Hérodote remonte quelque peu en n’être plus qu’un aventurier, il arrête en vue de Byzance les
arrière pour dire comment Darius accueillit la nouvelle de vaisseaux venant du Pont-Euxin, la menace du châtiment se
l’incendie de Sardes, et comment il se laissa persuader d’auto­ précise contre les Milésiens ; des forces importantes de terre
riser Histiée à regagner l’Ionie sous prétexte d’y mieux servir et de mer investissent Milet, cependant que la flotte ionienne,
les intérêts du maître (1 0 5 -1 0 7 ). Viennent ensuite, reprenant qui représente seule un élément sérieux de résistance, se
l’exposé des opérations militaires, le récit des combats qui se concentre devant la ville, auprès de l’île de Ladé (6-8). Avant
livrèrent à Cypre et de l’écrasement final des Cypriotes d’attaquer cette flotte, les commandants perses essaient de
( i o 8- i i 5); puis celui des expéditions punitives menées, provoquer par de belles promesses la défection d’une partie
durant le même laps de temps, contre les Ioniens qui avaient des alliés (9-10) ; n’y ayant pas réussi, ils guettent le moment
attaqué Sardes, et, cela fait, contre les villes de l’Hellespont, où les Ioniens, las d’observer la sévère discipline que leur im­
contre les Cariens, sur la Propontide, en Êolide, en Ionie, pose leur chef Dionysios de Phocée, s’abandonnent à l’insou­
par trois généraux perses agissant chacun de son côté, Dau- ciance et au désordre (1 1-12) ; ils attaquent alors, et triomphent
risès,Hymaiès,Otanès,etpar lesatrape Artaphernès(i 16- ia3). d’autant plus aisément que, parmi leurs adversaires, quelques
Découragé, Aristagoras renonce à défendre même Milet ; il contingents, et non des moindres, travaillés par une propa­
s’enfuit en Thrace, où bientôt il trouvera la mort (12/1-126). gande insidieuse et désespérant de la victoire, prennent la
Après qu’il est mis hors de cause, l ’attention est rappelée fuite au cours de l’action (i3-i5). Après ce désastre naval,
sur Histiée1. Les premiers chapitres du livre VI relatent les Milet ne peut plus être sauvée; la ville est prise d’assaut;
ceux de ses habitants qui échappent au massacre sont réduits
I. Cela se fait sans qu’il soit besoin d’admettre dans le récit, aux en esclavage, ainsi qu’un oracle l’avait prédit (18-20). Et
premiers chapitres du livre VI (où est rapportée l ’entrevue d ’Histiée aussitôt commence la restauration par les Perses de l’ancien
et d’Artaphernès), par comparaison avec la dernière partie du livre V état de choses momentanément ébranlé : dès le lendemain
(où était rapporté le départ d’Aristagoras pour la Thrace), un retour de la bataille de Ladé, un tyran avait été ramené à Samos ;
appréciable en arrière. Sans doute, Histiée n ’avait pas tardé à profiter au lendemain de la chute de Milet, la Carie est remise sous le
de l’autorisation que lui donnait Darius de regagner l’Ionie ; mais il
joug (25).Cependant l’hiver est venu ; en attendant le retour
lui avait bien fallu un certain temps pour se rendre de Suse à Sardes ;
et Darius n’avait pas dù le faire comparaître devant lui avant d’avoir
de la saison favorable aux opérations maritimes que nécessi­
reçu et étudié, à Suse, les résultats d’enquêtes faites par Artaphernèg tera la réduction du reste de l’Ionie et des villes de l’Helles­
dans son gouvernement. L’intervalle de temps nécessaire pour ces pont, la flotte stationne dans le voisinage de Milet ; le récit
enquêtes, la transmission des rapports d ’Artaphernès, le congédiement des actions punitives reprendra au chapitre 3 i. Auparavant,
d’Histiée et son voyage fut assez long, à en croire Hérodote (V 108 :
Έ ν ώ δε ή άγγελίη τε περί των Σαρδίων παρά βασιλέα άν»|ιε καί
Δαρεΐος τα περί τό τόξον παιησας 'Ιστιαίω ίς λόγους ήλθε καί 'Ιστιαΐος ήγεμονίην τοΰ πρός Δαρεϊον πολέμου); dès lors, Aristagoras, —
μιμετειμένο; υπό Δαρείου έκομίζετο έπί θάλασσαν, έν τούτω παντί τω toujours d/après Hérodote, qui ne montre jamais les deux hommes
χρόνω έγίνετο τάδε), pour qu’y aient trouvé place, sur le théâtre agissant simultanément et d ’un commun accord, — avait donc
cypriote des opérations, les événements racontés ch. i o 8 - i i 3 . Les résigné cette direction. Le récit qui nous est donné suppose qu’Arta-
événements qui, se déroulant sur les théâtres ionien et carien, font phernès, lorsqu’il reçut et admonesta Histiée, était revenu d’Ionie,
l’objet des chapitres n 6- i a 3 n ’ont-ils pu, — d ’après Hérodote, — y où il avait accompagné pour un temps Otanès (ch. 123) ; les rapides
trouver place également ? Au chapitre a du livre VI Histiée est succès des généraux de Darius, qui soumettaient les villes grecques
représenté prenant (ou essayant de prendre) la direction des hosti­ révoltées à raison d’une par jo u r (ch. 117), avaient déjà, faut-il
lités engagées par les Ioniens contre Darius (όπέδυνε των Ίώνων τήν croire, provoqué le découragement d’Aristagoras et sa défection.
4o LA RÉVOLTE DE L’ION tE NOTICE 4i
sans avoir à s’écarter gravement de l’ordre chronologique des ou bien sont destinés à justifier un détail de ee qui précède :
faits, Hérodote consacre plusieurs chapitres aux derniers ainsi, au livre V chapitres 5i-54, la description de la Route
agissements d’Histiée, dont l’activité ne chôme pas. A la nou­ Royale justifie en fin de compte, — ce qui, à vrai dire, n ’était
velle de la prise de Milet, il avait quitté les eaux de Byzance, guère nécessaire1 et aurait pu se faire moins longuement, —
envahi Chios (26) ; de là, retournant vers le Nord, il va une assertion d'Aristagoras, en la mettant d’accord avec le
assiéger Thasos ; puis, lorsqu’il apprend que la flotte du Grand nombre des σταθμοί βασιλήιοι qui jalonnaient cette route2. Au
Roi s’ébranle, il revient à Lesbos, fait une descente sur le livre V chapitre 98, le retour sur les bords du Strymon des
continent pour s’y approvisionner, se heurte à une armée Péoniens déportés en Phrygie n ’a évidemment aucun rapport
perse, est battu, fait prisonnier, et, par les soins d’Artapher- avec le soulèvement de l’Ionie ; mais, sur ce point, Hérodote a
nès, qui craint que malgré ses méfaits il ne regagne la faveur par avance désarmé la critique, en déclarant lui-même que, de
de Darius, mis en croix (a8-3o). Les deux instigateurs du sou­ ce retour, il ne pouvait résulter aucun profit pour les Ioniens
lèvement de l'Ionie ont disparu, la révolte agonise. Les Ioniens et qu’Aristagoras ne l’avait provoqué que pour chagriner le
sont châtiés ; la flotte phénicienne établit ou rétablit l’au­ Grand Roi. Enfin, plusieurs morceaux contiennent la rela­
torité du Roi dans les îles voisines du continent, sur les côtes tion d’événements qui, au moment du récit principal où ces
de l’Hellespont et de la Propontide, en Chersonese (31-33). mprceaux sont intercalés, appartenaient au passé ; c’est le cas
Et, dans l’Ionie pour la troisième fois subjuguée, Artaphernès au chapitre 29 du livre V, où il est rappelé comment les
institue des règlements propres à prévenir de nouveaux arbitres pariens avaient rétabli l ’ordre et la concorde à Milet ;
troubles (4a). c’est le cas aux chapitres 34-4i du livre VI, où, à la première
Tels sont, présentés par l ’auteur à peu près dans l’ordre mention de Miltiade tyran de la Chersonèse, est annexé un
où, d’après lui, se seraient produits les événements, les élé­ résumé non seulement de sa carrière antérieure, mais de la
ments nécessaires du récit principal. Que s’y ajoute-t-il, dans carrière de ses prédécesseurs, les deux fois sans que ces détails
ceux des chapitres V a8-38, V 49-54, V 97-VI 4a que n ’a
pas résumés l’analyse ci-dessus ? 1. Gela ne pouvait avoir quelque intérêt que pour des lecteurs
instruits du nombre des σταθμοί, — ce qui devait être raro, — et
Dans plusieurs, Hérodote, conformément à une habitude
capables de remarquer une contradiction entre ce nombre et celui des
que nous avons déjà maintes fois constatée, accompagne jours de marche énoncé par Aristagoras.
certains acteurs du drame qu’il raconte, après qu’ils ont 2 . Gh. 54 : οΰτω τω Μιλησίω Άρισταγόρη, εϊπαντι πρός Κλεομενεα
cessé d’y jouer un rôle, pour faire connaître la suite de leurs τόν Λακεδαιμόνιον είναι τοιων μηνιΰν την άνοδον την παρά βασιλία, όρθώς
destinées : ainsi faisait-il, au dernier chapitre du livre V, εϊρητο. A deux reprises, au cours du chapitre 5o et & la fin du
pour Aristagoras; dans les chapitres a8-3o du livre VI, pouf chapitre 5 1 , Hérodote laisse entendre, — non, je pense, sans ironie,
Histiée; ainsi fait-il au chapitre 16 du même livre VI, — que, si Gléomène n’avait une première fois coupé la parole à
pour les gens de Chios qui survécurent au désastre de Ladé, Aristagoras et refusé ensuite de l’écouter, le Milésien, bavard et fier
au chapitre 17 pour Dionysios de Phocée, aux chapitres 22-24 d’étaler ses connaissances géographiques, se serait volontiers répandu
en détails περί της όδοΰ, περί της ανόδου της παρά βασιλέα. Faut-il
pour les Samiens dissidents qui ne voulurent pas demeurer à
voir là une sorte d’excuse anticipée de la digression qui va suivre, où
Samos quand y fut restaurée la tyrannie, aux chapitres 4t-4a l’écrivain dirait au nom de son personnage ce que celui-ci n’avait pu
pour Miltiade et son fils Métiochos. Rapprochons de ce groupe dire lui-même? Ce serait une excuse bien imparfaite. Pour essayer
ce qui est dit au chapitre 21 du retentissement qu’eut à de convaincre Gléomène, de lui faire admettre la possibilité, la facilité
Athènes la chute de Milet. D’autres morceaux ou bien sont même, d’une expédition contre Suse, ce c’est pas sur la multiplicité
des réflexions que suggèrent à l’écrivain les événements dont des stations royales et des « très belles hôtelleries », sur la sécurité du
il fait le récit; ainsi, au livre Vf chapitre 27, à propos des pays, sur le « kilométrage » de la Route Royale, qu’il eût été oppor­
malheurs répétés qui accablèrent Chios, le rappel des signes tun d’insister. La dernière phrase du chapitre 5 1 est une transition
précurseurs qui, d’après Hérodote, les auraient annoncés; — de pure forme.
4a LA REVOLTE DE L’IONIE NOTICE 43
rétrospectif» aient, à la place qu’ils occupent, une opportunité qui lui sera opposée ; ces développements sont placés où ils
particulière. sont parce qu’Hérodote tenait à les placer quelque part, et
Ce sont également des retours sur le passé qui remplissent aussi parce qu’il désirait qu’un morceau traitant de l’histoire
les chapitre 3g à 48, 55 à 96 du livre V, dont jusqu’ici nous de Sparte fît pendant aux chapitres 55-96 ; par rapport au
n ’avons pas parlé : aux chapitres 4g à 58, un retour sur récit principal, ils constituent une digression, digression du
l’histoire de Sparte; aux chapitres 55 à 96, un retour sur premier degré tant qu’il s’agit d’expliquer par suite de quelles
l’histoire d’Athènes. Les deux morceaux sont d’ailleurs circonstancesAristagoras allait avoir affaire àCléomène(3g-4i),
d’étendue et de teneur différentes. Le second, de beaucoup le digression du second degré lorsqu’Hérodote raconte les
plus long, contient à peu près tout ce qu’Hérodote racontera insuccès de Dorieus (4a-43, 45), expose les versions diver­
de l’histoire d’Athènes non pas précisément depuis le point gentes qui avaient cours à Crotone et à Sybaris quant à
où cette histoire en était restée au livre I, — c’est-à-dire depuis l’aide prêtée ou non par lui aux Crotoniates (44-45), dit ce
l’établissement de la tyrannie de Pisistrate, — mais depuis le que devinrent après sa mort plusieurs de ses compagnons (46),
meurtre d’Hipparque, jusqu’à la venue d’Aristagoras. Le fait à l’un d’eux l’honneur d'une notice biographique et
premier, plus bref, ne résume pas à beaucoup près l’histoire vante sa beauté (47).
de Sparte pendant une période équivalente ; il n ’y est exposé Il peut sembler, de prime abord, que le cas soit le même
que les circonstances de l’accession au trône de Cléomène et pour les chapitres 55 à 96, qu’ici encore nous n ’ayons qu’une
certaines conséquences que cette accession entraîna. Comme simple digression ou, plus exactement, une série de digres­
au livre I, les deux interruptions du récit principal se placent sions ramifiées. Hérodote a pris peu de soin pour justifier
au moment où un personnage de ce récit, — Crésus au livre l’intercalation en cet endroit d’une tranche de l'histoire
I, Aristagoras au livre V, — recherche en Grèce une alliance. d’Athènes ; on ne doit pas cependant méconnaître qu’une
Au livre I, ce qui était dit du passé d’Athènes et de Sparte bonne part de ce qu’il raconte permet de mieux comprendre
était, dans son ensemble, de nature à faire comprendre qu’Aristagoras, rebuté à Sparte, se soit adressé à Athènes, et
pourquoi Crésus, invité par l’oracle à solliciter l’alliance que les Athéniens aient prêté volontiers l’oreille à sa requête,
« des plus puissants des Grecs », se décida, après enquête, à — c’est-à-dire fournit sur deux points du récit principal des
solliciter, plutôt que celle d’Athènes, celle de Sparte. En peut- éclaircissements qui ne sont pas superflus. La double intention
on dire autant pour les chapitres du livre V ? Évidemment de l’écrivain se manifeste nettement, — un peu tardivement,
non pour ceux du premier groupe. Si Aristagoras se rend jugera-t-on peut-être, —dans quelques phrases du chapitre 97.
d’abord, à Sparte, ce n ’est certes pas parce que Cléomène y « Chassé de Sparte », y est-il dit, « Aristagoras se rendit à
règne au lieu de Dorieus, qui par ses qualités personnelles Athènes ; car cette ville était la plus puissante de toutes les
aurait mieux mérité le trône, ni parce que, après la mort autres » ; et, dans le résumé qui est donné du discours de
d'Anaxandride, étaient parties de Sparte et du Péloponnèse, l’adroit Milésien, à côté de promesses alléchantes, de consi­
sous la conduite de Dorieus, des expéditions tendant à établir dérations permettant d’espérer une victoire facile, d’appels
des colonies, une première fois en Libye, une seconde fois en au sentiment de la parenté qui unit Athènes et Milet, figure
Sicile; Aristagoras est attiré par la réputation de puissance, la constatation de la puissance athénienne (δυναμ,Ινους αίγα).
déjà ancienne, des Lacédémoniens, réputation que les Ce qui attire Aristagoras à Athènes, c’est l’espoir d’y trouver
événements rapportés aux chapitres 3g-48 ne sont pas propres mieux que partout ailleurs, à défaut de l’alliance Spartiate à
à fortifier. Ce qui est raconté du double mariage d’Anaxan- quoi il avait songé en premier lieu, une autre alliance ca­
dride, de l’élévation de Cléomène au détriment de Dorieus, pable de le dédommager. liest dès lors naturel qu’Hérodote,
et des entreprises où ce dernier se lance plutôt que de vivre à avant d ’aller plus loin, veuille expliquer comment Athènes
Sparte sous la loi de son demi-frère ne sert aucunement à s’était élevée à ce degré de puissance, et signale les étapes de
expliquer la démarche du Milésien ni la fin de non recevoir cette élévation. Or, à ses yeux, — une phrase du chapitre 66
44 la REVOLTE DE L’IONIE NOTIGE 45
et le chapitre 78 en contiennent du moine l’affirmation ré­ taphernès s’était montré d u ret cassant, c’est parce qu’Hippias
pétée, — le facteur le plus important de la grandeur l’excitait contre les Athéniens (ibid.); et, si Hippias était à
athénienne, celui qui est mis en relief dès les premiers mots même d ’agir auprès du satrape, c’est parce qu’il s’était
du chapitre 55 *, aurait été le renversement des tyrans et réfugié en Asie (65,94); et ses agissements lui étaient
l’instauration à Athènes d’un régime de liberté. Dans ces inspirés par sa rancune de tyran déchu, rancune exacerbée
conditions, on ne saurait trouver inopportune, tout au par l’insuccès récent d’un essai de restauration (g3). Ainsi,
plus pourrait-on la trouver trop complaisamment développée, beaucoup des développements compris entre les chapitres 55
— la relation des entreprises successives qui aboutirent à et g6 sont d’un intérêt plus précis, plus particulier que ne
l’expulsion des Pisistratides (55-56, 6a-65), non plus que pourraient le faire croire, — le faire craindre, — ces mots du
l’exposé, d’ailleurs succinct, des réformes de Clisthène (66), chapitre 65: 6σα (Αθηναίοι) Ιρξαν I) επαθον αξιόχρεα άπηγή-
Ces événements constituent la première étape de l’ascension σιος... ταΰτα... φράοω ; ils concourent au progrès du récit
d’Athènes; les échecs infligés à Gléomène lorsqu’il voulut principal et en facilitent l’intelligence.
imposer aux Athéniens la domination d’Isagoras (70, 7a, Parmi les autres, que n ’atteignent pas directement les ob­
74-76), les éclatantes victoires remportées sur les Béotiens et servations précédentes, il en est quelques-uns qu’elles attei­
les Chalcidiens (77), en constituent la seconde. Athènes a dès gnent indirectement, parce qu’ils fla ire n t et complètent
lors assez de force pour inquiéter même Sparte,qui commence avec avantage tel ou tel développement du premier ban.
à découvrir en elle une dangereuse rivale et voudrait bien, Au chapitre 71, par exemple, la conjuration de Kylon est
pour l’affaiblir, la replacer sous le joug d’un tyran (90-91); brièvement racontée pour que les lecteurs puissent mesurer
le prestige dont elle jouit, la crainte qu’elle inspire, expliquent la portée d’une exigence de Cléomène réclamant l ’expulsion
la démarche d’Aristagoras. Et, si les Athéniens ont bien des Εναγείς ; aux chapitres g/t-go, ce qui est dit à propos de
accueilli cette démarche, ce fut d’abord, — Hérodote le sou­ Sigée permet de comprendre pourquoi Hippias, plutôt que
ligne non sans malice2, — par une conséquence de leur d’accepter l’hospitalité qu’on lui offrait en Macédoine et en
régime politique, de ce régime populaire dont l'établissement Thessalie, fixa sa résidence dans cette ville, où, fils de Pisis­
vient d’être rappelé : parce qu’à Athènes Aristagoras plaida trate et frère d ’Hégésistrate, il devait se sentir chez lui ; au
sa cause devant une assemblée composée en majeure partie chapitre 65, il n ’est pas déplacé qu’au moment où les Pisis­
d’hommes irréfléchis et ignorants, et qu’une telle assemblée tratides vont quitter Athènes à tout jamais, soit rappelée, en
est inévitablement plus sensible qu’un homme d’Etat respon­ quelque sorte pour prendre congé d’eux, l’origine de leur
sable aux flatteries et à de fallacieuses promesses. Ce fut aussi, dynastie*.
comme il est dit expressément au début du Chapitre 97 *, Ce tri effectué, il reste à considérer plusieurs morceaux
parce que les Alhénient se trouvaient alors animés à l’égard importants. Le plus complet comprend les chapitres 82-88.
des Perses de sentiments défiants et hostiles. Mais s’ils étaient Hérodote y expose, avec beaucoup de détails, l’origine de
dans ces dispositions, c’est parce qu’Artaphernès, peu de temps l’inimitié qui, lorsqu’éclata la révolte de l’Ionie, avait déjà
auparavant, avait fort mal reçu leurs députés (96) ; et si Ατ­ mis aux prises Athènes et Égine. Gela, sans doute, ne con­
court ni de près ni de loin à expliquer la démarche
d’Aristagoras ou le succès quelle obtint ; mais, à défaut d’un
ι. Άπελαυνορενος δε à Άρισταγο’ρης èr. της Σπάρτη ηιε h τα;
Αθήνας γενο|Ανα; τυράννων ωδε έλευθερας.
lien d’opportunité entre ces développements et ce qui les
a. Ch. 97 : « Il est plus facile, faut-il croire, d’enjôler beaucoup avoisine, il en existe un entre eux et le thème général des
d’hommes qu’un seul : Aristagoras n’avait pu enjôler Gléomène le
Lacédémonien isolé ; il y réussit pour tronte mille Athéniens. » I. De même, dans une phrase du livre I chapitre 45, auprès du
3. Νομίζουσι δ! ταϋτα /.ai οιαβεβληρε'νοια’. ές τούς ΓΠρσας 1ν τούτω nom d’Adraste, qui va mourir, sont rappelés comme des litres de
δη τφ καιρω ζτλ. gloire les noms royaux do son père et de son aïeul.
V. - 5
46 LÀ. RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE 47
Histoires, je veux dire le récit des conflits gréco-barbares : doit suivre; ce sont d’indéniables hors-d’œuvre, plus ou
un, qui apparaîtra distinctement plus tard, et qu’il n ’est pas, moins habilement rattachés au contexte :
je crois, hors de propos de signaler dès maintenant. Au — Ch. 57-61. Après avoir, au chapitre 56 qui lui-même est
livre VII chapitre i45, il est dit que les Grecs disposée à déjà un hors-d’œuvre, raconté la vision qu’Hipparque eut la
défendre l’indépendance de la Grèce, lorsque l’invasion fut veille de sa mort, Hérodote commence par discuter l’origine
imminente, décidèrent dans une assemblée qu’avant toute des Géphyréens; de là, ayant déclaré qu’ils descendaient de
autre chose il fallait mettre fin à leurs discordes, aux guerres compagnons phéniciens de Cadmus, il passe à cette constata­
qui les dressaient les uns contre les autres, dont la plus grave tion : que les Phéniciens introduisirent en Grèce beaucoup de
était celle d'Athènes et d’Êgine1. Athènes, à qui des mal­ connaissances, entre autres celle des lettres ; et, à cette occasion,
veillants reprocheront d’avoir attiré sur la Grèce le courroux il cite trois inscriptions en caractères « cadméens » qu’il dit
des BarbaresI.2345,Égine, qui fut accusée de « médisme » s, étaient avoir lues sur des trépieds votifs dans un temple de Thèbes.
appelées à jouer au moment décisif du conflit, — à Salamine, Le point de départ de tous ces développements est que les
— des rôles de premier plan : transformant leur inimitié en meurtriers d’Hipparque ôtaient, nous dit Hérodote (55),
une généreuse émulation, elles devaient y rivaliser de bra­ Géphyréens ; mais, dans son récit, le rappel de cette circon­
voure, se disputer la gloire d’y avoir accompli le plus d’ex­ stance n’a d’autre raison d’être que de servir d’amorce aux
ploits*; leur union devait être un puissant facteur de la digressions ; si, dans la réalité, elle influa en quelque mesure
victoire, que leur dissension persistante aurait dangereuse­ sur la décision des meurtriers1, Hérodote n’en dit rien.
ment compromise. Ajoutons que, de façon imprévue, — Ch. 67-68. Là, Hérodote a pris le soin d’introduire l’exposé
l’hostilité existant entre les deux cités se trouva contribuer de faits et gestes de Clisthène de Sicyone en prétendant que
au salut de la Grèce, puisque c’est pour lutter contre Égine Clisthène d’Athènes, lorsqu’il changea les noms des tribus
que Thémistocle avait fait construire les vaisseaux qui furent athéniennes, suivait l’exemple du Sicyonien son aïeul. Cette
utilisés contre les Perses*. De cette hostilité qui aurait pu allégation, qui est des plus contestables, a pu être inspirée à
devenir désastreuse pour l’hellénisme, et dont il ne résulta l’écrivain par le désir de trouver une transition. Le lien qu’elle
au contraire rien que de bon, on conçoit qu’Hérodote ait constitue est artificiel. En tout cas, il ne rattache au récit
voulu faire connaître les causes et quelques frappants épisodes. environnant que le chapitre 68, et non le précédent, où sont
C’est ce qui justifie la présence dans son ouvrage des chapitres relatées les entreprises du tyran de Sicyone contre le souvenir
considérés ici et de plusieurs chapitres du livre VI. Les et le culte d’Adraste.
lecteurs qui en auront pris connaissance ne se demanderont — Ch. ga. Les Lacédémoniens se disposent à ramener Hip­
pas, parvenus au livre VII chapitre i45, ce qu’était cette pias à Athènes ; dans l’assemblée des alliés, le Corinthien
guerre entre Égine et Athènes dont l’apaisement mérite Soclès s’élève contre ce projet ; il conjure ceux qui l’entendent
d’être expressément signalé ; et l’auteur n’aura pas à leur de ne pas rétablir dans une cité grecque le régime tyrannique ;
fournir alors, à un point du récit principal où il aurait été et, pour les en dissuader, puisant dans l’histoire de sa patrie,
fâcheux de l’interrompre, des éclaircissements rétrospectifs. il rappelle ce que les Corinthiens avaient eu à souffrir sous
On ne peut alléguer, au sujet de trois autres morceaux, la domination des Kypsélides. Jusque là, rien d’inadmissible.
aucune excuse de ce genre ; ils ne préparent rien de ce qui Mais Soclès ne se contente pas de rappeler les méfaits, les

I. ... ô Si ων μέγιστος Άθηναίοισΐ τε καί Α1γινιίτ»)σι. I . Peut-être est-ce parce qu’elle était Géphyréenne qu’une soeur
a. VIII ι ί ι. d ’Harmodios fut déclarée indigne de figurer comme canephore dans
3. VI 4g-5o. une procession, après y avoir été invitée (voir la note au chapitre 5γ) ;
4. VIII g t- 93. affront dont Harmodios voulut tirer vengeance et qui eut pour consé­
5. VII ι44. quence l’assassinat d’Hipparque (Thuc., VI 56).
48 LA RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE 49
actes arbitraires, les cruautés de Kypsélos et de Périandre ; quelquefois par co qui les précède immédiatement*. Ainsi
il raconte tout au long comment, dès avant la naissance de est atténué dans une certaine mesure l’inconvénient de la
Kypsélos, des oracles avaient annoncé sa fortune et prédit dispersion, rançon inévitable de la « diversité », —· de cette
qu’il ferait périr bien des gens ; comment les Baccbiades, diversité qu’Hérodote semble bien avoir délibérément re­
alors qu’il était encore un nourrisson, voulurent le suppri­ cherchée2; et qui, en effet, contribue pour une large part à
mer, et comment, caché par sa mère dans une jarre, il put l’agrément de son œuvre.
échapper à la mort. Dans un réquisitoire contre la tyrannie,
tout cela est sans valeur probante1; quelque avides qu’aient *
* *
pu être les Grecs d’entendre de belles histoires, il n ’est pas
vraisemblable que les auditeurs de Soclès aient entendu un Comme l’analyse que nous venons de faire a permis de le
pareil récit de sa bouche. C’est faute de trouver ailleurs une constater, les éléments descriptifs, géographiques ou ethno­
place plus convenable, qu’Hérodote a inséré en cet endroit de graphiques, si abondants dans les sections précédentes des
son œuvre ce chapitre d’une histoire des Kypsélides qu’il lui Histoires et qui, dans les suivantes, tiendront beaucoup moins
aurait coûté de laisser inédite ; nous avons déjà rencontré, de place, en tiennent fort peu dans celle-ci ; ils ne sont re­
de cette histoire, d’autres morceaux2, dont l’un au moins présentés que par le chapitre ég, énumération des pays qu’on
n’était pas introduit, lui non plus, d’irréprochable façon. traverse, des peuples qu’on rencontre en allant d’Ionie à Suse,
La présente section de l’ouvrage d’Hérodote est assurément et par le chapitre 5a, description de la Route Royale. Du
l’une de celles, — celle de toutes, avec la section qui suivra, premier, la matière a été fournie à Hérodote par la connais­
— où l’intérêt est le plus dispersé. Au milieu de tant de sance d’une carte accompagnée de commentaires, d’un ιτίναξ
digressions, d’épisodes, de retours en arrière, il en est de la ligne pareil au πίνας qu’Aristagoras avait mis sous les yeux de
du récit principal, et parfois des récits secondaires, comme Cléomène; le second est un compose d’observations person­
d’un sentier traversant des prairies et des sous-bois touffus, nelles (Hérodote ayant pu parcourir un premier tronçon de
çà et là envahi par l’herbe ou masqué par les frondaisons, et cette route, voir quelques-unes des stations, quelques-unes des
que l’on risquerait de ne plus reconnaître, si, de place en
place, des repères n'en signalaient le tracé. Les repères sont ράννων άπαλλάχθησαν renvoie à cette introduction répétée ; — au
chapitre 69 , δοχέειν έμοί,... τόν ομώνυμον Κλεισθένεα έμιμήσατο
représentés chez Hérodote par des phrases qui, à la fin de reprend δοχέειν έμοί, έμιμέετο... Κλεισθένεα du chapitre 6 7 ; — au
développements intercalés, rappellent, en des termes souvent chapitre 72 , Κλεομένης δέ ώς πέμπων έξέδαλλε Κλεισθένεα χαί τούς
presque identiques, les phrases qui les avaient introduits, et ΈναγΙα; reprend πέμπων Κλεομένης... χη'ρυχα εξέβαλλε Κλεισθένεα
remettent le lecteur dans la voie d’où, pour un temps, il s’était και άλλους πολλούς ’Αθηναίων τούς Έναγέας έπιλέγων du chapitre 7 0 ;
écarté. Dans les chapitres groupés autour du soulèvement de — au chapitre 89 , της δέ ’έχθρης της πρός Αίγινητέων Άθηναίοισι
l’Ionie, ces reprises d’expressions sont nombreuses3, préparées γενομένης αρχή κατά εί'ρηται έγένετο répond à ή δέ ϊχθρη ή προορει-
λομένη ές τούς ’Αθηναίους έκ των Αίγινητέων έγένετο εξ αρχής
I. A moins qu’on ne veuille voir dans ces mots de l’oracle : κολλών τοιήσδε du chapitre 82 .
δ’ ύπό γούνατα λύσει une réprobation anticipée des violences que 1. Au chapitre 48, après qu’il a été longuement parlé de Dorieus,
Kypsélos commettra quand il sera tyran, et en cette qualité ; ce l’attention est rappelée sur la personne de Cléomène, dont le nom
qui serait arbitraire. D’ailleurs, on ne mettrait ainsi à l’abri du va servir à raccorder le chapitre 49 au début du chapitre 3g. Dans la
reproche d’inutilité qu’une faible partie du chapitre 92 . digression consacrée à Clisthène de Sicyone, celui de ses actes
a. I a3 ; III 49 suiv. qu’aurait imité Clisthène l’Athénien, celui auquel pourra faire
8 . Au chapitre 49, Κλεομε’νεος ’έχοντος την αρχήν reprend Κλεο­ allusion, au chapitre 69 , la reprise έμιμη'σατο, — le changement des
μένης ... είχε τήν βασιληίην du chapitre 3g; — au chapitre 62 , ώς noms de tribus, — bien qu’annoncé dès les premiers mots, n’est exposé
τυράννων έλευθερώθησαν ’Αθηναίοι répète Άθη'νας γενομένα; τυράννων en détail qu’à la fin, après les entreprises contre le oulte d’Adraste.
ίόδε έλευθέρα; du chapitre 55, et, au chapitre 65, ουτω ’Αθηναίοι τυ- 2. Cf. Introduction, p. 234.
5o LA RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE Si
« très belles hôtelleries » qui en jalonnaient le parcours), et de peut-être pas (ibid.) ; il présente au satrape l’annexion de Naxos
renseignements recueillis auprès de voyageurs qui l’avaient et des Cyclades comme la chose la plus aisée du monde (3 i);
suivie d ’un bout à l’autre, de maîtres de poste, de courriers de à Cléomène, la marche à travers l ’Asie jusqu’à Suse, la
Yaggareion, qui en savaient les mesures et les divisions. conquête des trésors infinis du Grand Roi, comme des entre­
Cela dit, passons à l’examen des éléments qui forment la prises parfaitement réalisables (49)· Arrogant, il le prend de
presque totalité de la section, — des éléments narratifs. haut avec un grand seigneur perse qu’il estime placé sous
A qui cherche à discerner où et comment Hérodote ses ordres, et, par sa maladresse, se fait de lui un ennemi
recueillit ses informations sur le soulèvement de l’Ionie, une dangereux (33). Inutilement et puérilement provoquant, il
constatation s’impose tout d’abord : dans ce que notre auteur offense Darius, à propos des Péoniens, pour le plaisir de lui
dit de ce soulèvement, aucune sympathie ne se manifeste à être désagréable (98). Couard, il remet à d’autres le com­
l ’égard des Ioniens révoltés. Leur révolte n ’est pas présentée mandement des troupes qu’il envoie contre Sardes (99).
comme une explosion de colère et de fierté nationales, comme Dépourvu de sang-froid et de fermeté d’âme, il se dérobe
la réaction spontanée d’un peuple las d’être assujetti à l’é­ quand la situation devient critique, abandonne Milet au
tranger1 ; ils y sont incités, ils s’y laissent entraîner par un malheureux sort qu’il lui a préparé, et va, sans gloire, se
intrigant qui s’est mis dans la gêne et qui, pour se tirer faire tuer ailleurs (124-126). La révolte des Ioniens, dont ce
personnellement d’affaire, n’hésite pas à leur faire courir les triste sire aurait été l’artisan initial, improvisée, est vouée d’a­
plus grands risques, par un ambitieux, à qui des désordres vance à l’insuccès ; on le leur dit, quand il est encore temps
en Ionie fourniront, pense-t-il, une occasion d'échapper à pour eux de se tenir tranquilles, on le leur démontre pièces
l’esclavage doré où il est retenu près du Grand Roi (35), De en mains (36) ; ils ne veulent rien entendre, et n ’attendent
ces deux personnages, l’un, Histiée, a figuré en d’autres cir­ même pas, avant de prendre une attitude ouvertement hos­
constances ; l’opinion que l’auteur des Histoires invite à avoir tile, de s’être assuré des alliés (38, io3). Plus tard, lorsque va
de lui ne dépend pas seulement de l’attitude qui lui est at­ se livrer un combat décisif, qui pourra être— et sera en
tribuée aux livres V et VI; de l’autre personnage, Arislago- effet — un irréparable désastre, lorsque leurs affaires sont
ras, dont toute la carrière connue tient dans les événements « sur le tranchant du rasoir », ils repoussent l’offre d’un
qui sont racontés ici, Hérodote ne trouve à dire rien de bon12. accommodement inespéré (VI 10); et, à cette occasion, ce que
A aucun moment, sa conduite ne lui est inspirée par un sen­ l’écrivain reconnaît dans leur intransigeance, ce n’est pas une
timent généreux. S’il écoute les sollicitations des réfugiés de constance héroïque, — une constance qui n’avait guère
Naxos, ce n’est qu’en apparence parce qu’il existait entre eux duré, — c’est un manque de jugement (άγνωροσώνη), une
et Histiée, son beau-père et cousin, des liens d’hospitalité; obstination déraisonnable.
c’est, en réalité, parce qu’il espère, s’il les ramène chez eux, Une autre constatation qu’on est à même de faire en lisant
devenir le maître de Naxos (3o). Chimérique et vantard, il les chapitres consacrés à la révolte de l’Ionie, c’est que les
se targue d’avoir auprès d’Artaphernès un crédit qu’il n ’a Perses y sont représentés comme des maîtres relativement
cléments, et la condition de leurs sujets, des Ioniens en
1. Aristagoras pense attacher les cités d’Ionie à ses intérêts en les particulier, comme une condition supportable. Ne parlons
débarrassant de leurs tyrans ( 37); mais Mardonios en fera tout
autant (VI 43) ; il n’y avait donc pas partie liée de façon certaine
pas du cas exceptionnel d’Histiée, à qui Darius aurait vo­
entre le régime tyrannique et la domination perse. lontiers fait rémission de ses fautes, en considération des
2 . Il va de soi que je ne prétends pas, dans cette notice, apprécier services rendus (VI 3o). Avant la bataille de Ladé, les géné­
la personne et la conduite d’Aristagoras, qui peuvent mériter une raux perses font promettre aux rebelles que, s’ils se soumettent,
appréciation plus favorable (cf. G. de Sanctis, Aristagora di Mileto, ils ne seront pas punis, que leurs villes seront respectées, que
dans la Rhista di filologia, ig3 1, p. 48 - 72). Je constate simplement leur sort ne sera pas plus dur qu’il n’était avant la rébellion
de quelle façon Hérodote les présente et engage à les apprécier. (VI 9). Rien, dans le texte d’Hérodote, n ’autorise à croire
5â LA RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE S3
qu’en faisant ces promesses les généraux avaient l ’arrière- Π trouvait, ce faisant, une occasion de parler sévèrement
pensée de ne pas tenir parole, ou que ce qu’ils offraient ex­ des Ioniens, pour qui, en général, il professait peu d’estime,
cédait leurs pouvoirs. Sans doute, leurs propositions con­ voire un certain mépris, et de les déprécier ; il ne l’a pas laissée
ciliantes leur étaient dictées par des raisons d’opportunité, par échapper. Si, au cours de six années de lutte, les Ioniens
la crainte qu’ils avaient de ne pas triompher aisément des firent preuve de valeur militaire, on ne s’en aperçoit guère
forces navales ioniennes ; ce n’en était pas moins des proposi­ en le lisant1. Sa relation de la campagne de Sardes (100),
tions conciliantes. La révolte étouffée, — après qu’elle eut où il précise que les assaillants s’emparèrent de la ville sans
causé au Grand Roi plus de six ans de souci, — les Ioniens aucune résistance (ούδενάς σφι άντιωβέντος), de toute la ville
sont punis (VI 3a) ; ils subissent les sanctions qu’on leur excepté l’acropole (χωρίς της άκροπο'λιος ταλλα πάντα), qui
avait annoncées et qu’ils avaient en quelque sorte acceptées seule était défendue, puis battirent précipitamment en re­
par avance, en refusant de mettre bas les armes quand on les traite aussitôt que les Perses se ressaisirent et que des renforts
y avait invités (VI 9), Mais l’Ionie n ’est pas soumise ensuite, furent annoncés, — ce récit a quelque chose d'ironique. Les
de façon durable, à un régime spécial de pénitence. La revi­ faits d’armes sur lesquels des détails nous sont donnés ne
sion des tributs à laquelle procède Artaphernès après confection sont que ceux des Cypriotes (n o s u iv .) et des C ariens(n8
d’un cadastre n’aggrave pas sensiblement, si tant est qu’elle suiv.) ; la victoire remportée par la flotte ionienne dans les
l’aggrave, la charge qui pesait sur elle1. D’autres mesures eaux de Cypre est notée en peu de mots (11a)2; la mention
prises par Artaphernès, visant à supprimer, entre cités ou des défaites subies à Êphèse (10a, 116), en Carie (iao),
citoyens de cités ioniennes, des occasions de violences et de mention que n ’accompagne aucune excuse tirée soit de la
piileries, sont déclarées « très avantageusesi.2». Si bien qu’en fin supériorité numérique de l’ennemi soit des circonstances du
de compte les ioniens peuvent sembler n’avoir rien perdu en combat, laisse les Ioniens exposés au reproche d’être sur terre
retombant sous la domination des Perses. de médiocres guerriers. Hérodote, peut-on croire, ne désap­
Désapprobation d’initiatives égoïstes et imprudentes, accep­ prouvait pas le Roi Darius d’avoir, à la nouvelle de l’incendie
tation résignée d’un régime de sujétion, si l’on se demande où de Sardes, dirigé contre les Athéniens tout son ressentiment
Hérodote recueillit les éléments d’un récit dominé par ces deux et tous ses projets de vengeance, sans tenir aucun compte des
sentiments, on reconnaîtra que ce dut être, plutôt que partout
ailleurs, là même où s’était déroulée la révolte. Au lendemain
1. Ce n’est pas, probablement, sans raison que Plutarque (De
d’événements qui n’avaient que trop donné raison à Hécatée Herodoti malignitate, a4) lui reproche d’avoir dissimulé des actions
de Milet, bien des Grecs d’Asie se rangèrent rétrospectivement méritoires ou d’en avoir diminué le mérite (τα περί Σάρδεις διηγού­
à son avis et ne le virent pas de mauvais œil travailler, d’accord μενος ώς ίνήν μάλιστα διέλυσε καί διελυμήνατο την πραξιν). Du moins
avec Artaphernès, à la réorganisation du pays34. Et, moins Hérodote ne laisse-t-il pas ignorer que les Ioniens prirent une part
d’un demi-siècle après ces événements, la même façon de les active à l’expédition contre Sardes ; à ne lire que le chapitre de
apprécier pouvait être encore répandue dans des milieux où Plutarque et le fragment de Charon de Lampsaque qui y est rapporté
l’auteur des Histoires, au temps de sa jeunesse, les entendit textuellement (cf. ci-après, p. 55, note), on pourrait croire que
raconter, commenter, critiquer. Ami de la paix et φιλοβάρ- cette expédition fut le fait du seul contingent d’Athènes et d’Érétrie.
a. Une autre victoire navale, remportée sur les côtes de Pamphylie
6αρος *, Hérodote n’eut pas à prendre beaucoup sur lui pour
dès avant la campagne de Sardes, est passée tout à fait sous silence
l’adopter. (cf. Plutarque, l. c.). Pas plus à cette victoire qu’à l’expédition
contre Sardes, les Ioniens, bien que Plutarque ne leur en fasse pas
i. VI 4î: Ιτάχθησαν 81 σχεδόν κατά ταότά τά καί πρότερον είχον. honneur explicitement, ne furent sans doute étrangers. Leur parti­
a. Ibid.: χρήσιμα κάρτα τοϊσι ’Ίωσι. cipation à l’hypothétique combat de l’Artémision (ef. ci-dessous,
3. Diodore, X ι5. p. 5g, note) est plus douteuse, le commandement ayant été,
4. Cf. Introduction, ρ. ιο5, iag-i3o et ρ. ιοο. semble-t-il, exercé alors par un Carien, Héracleidès de Mylasa.
54 LA RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE 55
Ioniens (Ίώνων ούδένα λίγον ποιησάμενος), adversaires négli­ ouvrage, la triste histoire des temps de la révolte, on le croira
geables qu’il était bien sûr de réduire à merci (io5). Autre volontiers1, et il se pourrait qu’Hérodote ait mis à profit ce
insinuation, plus grave et plus explicite. Au livre VI cha­ travail d’un prédécesseur. Il semble bien, toutefois, que la plus
pitre ia , Hérodote montre les Ioniens,-avant la bataille de grande partie des éléments dont Hérodote a formé son récit ont
Ladé, incapables de se plier plus de huit jours à la discipline été recueillis par lui dans des lieux qu’il a certainement ou
que veut leur imposer Dionysios de Phocée, et il n’hésite probablement visités.
pas à mettre dans leur bouche des propos de ce genre : L’un de ces lieux est Samos, ou Hérodote a longtemps sé­
« Plutôt que les maux qu’on nous fait endurer, mieux vaut, à journé. Aïakès, tyran de Samos, avait été, avant la bataille
notre avis, souffrir n’importe quoi d’autre ; mieux vaut en­ de Ladé, l’un des intermédiaires entre les Perses et les re­
durer l’esclavage qui nous est réservé, quel qu’il soit, plutôt belles, l’un des porteurs des propositions faites à ceux-ci par
que de vivre dans l’esclavage actuel » ; propos qui à un ceux-là (VI 13) ; les Samiens avaient donné, au cours de la
Athénien, à un Spartiate, à un Grec de la Grèce propre, bataille, le signal de la débandade (14), et leur trahison était
devaient, au v* siècle, paraître sacrilèges ; propos d’hommes incontestable, puisqu’elle avait reçu sa récompense, leur
nés pour la servitude. Ce n’est pas, je pense, sans intention ville, à l’heure des châtiments, ayant été seule épargnée(20).
malicieuse que notre auteur conclut son récit par cette Mais on devait, à Samos, chercher à atténuer la honte d’une
phrase (VI 3a) : « Ainsi, les Ioniens furent, pour la troisième telle conduite ; or dans ce qu’Hérodole dit, au livre VI cha­
fois, réduits en servitude ; ils l’avaient été une première pitres i 3- i 4, des Samiens, l’intention apologétique est évi­
fois par les Lydiens, et cela faisait alors deux fois de suite dente. Elle se manifeste par l’affirmation que, si les Samiens
qu’ils l’étaient par les Perses». Les Ioniens asservis, assujet­ ont renoncé à une résistance obstinée, c’est qu’en personnes
tis à de* puissants voisins, cela, semble-t-il, aux yeux de sens ils en avaient reconnu l’inutilité ; par le rappel des
d’Hérodote, était dans l’ordre des choses.
Faisons abstraction de ces traits et de ces silences, qui sont I. Deux noms se présentent aussitôt à l’esprit : Charon de Lamp-
de la part de l’auteur des manifestations de malveillance saque, Dionysios de Milet. De ce qu’avait pu dire sur le sujet Dio­
personnelle, — d’une malveillance qui peut avoir reçu des nysios de Milet, nous ne savons rien du tout ; l’insistance avec
encouragements à Athènes, où, pour légitimer la a protection » laquelle l’ethnique Μιλήσως est joint, dans le récit d’Hérodote, au
octroyée aux Ioniens, on aimait sans doute à les représenter nom d’Aristagoras ne semble pas favorable à l’idée que ce qui est dit
de ce personnage soit tiré de l’ouvrage d’un Milésien (Macan, ad
incapables de se défendre eux-mêmes, et trop peu soucieux VI i3). De Charon de Lampsaque, nous possédons, conservé par
de le faire. Il reste que le récit donné par Hérodote du sou­ Plutarque (De Herodoti malignitate, a4), un fragment important
lèvement de l’Ionie doit, en raison du double sentiment que (fr. 2 Müller = 10 Jacoby) : ’Αθηναίοι 81 είκοσι rptrjptoiv ϊπλευσαν έπι-
nous avons vus s’y exprimer, — désapprobation de la révolte, κουρϊίσοντες τοϊς Ίω σί' καί ε’ς Σάρδεις έστρατεώσαντο καί εΐλον τα
résignation à vivre sous la loi de maîtres étrangers relative­ περί Σάρδεις άπαντα χωρίς τοϋ τείχους του βασιληίου· τα3τα Sà πι>ιτ[-
ment cléments et bons administrateurs, — avoir été puisé, σαντες έπαναχωροΰσι εις Μίλητον. Pour en savoir autant qu’il est dit
pAtr l’essentiel et, sous réserve des chapitres 4g-5o et 97, à là, Hérodote, de toute évidence, n’avait pas eu besoin de consulter un
des sources d’information gréco-asiatiques, principalement document écrit. A juger d’après ce fragment, la relation de Charon
ioniennes. de Lampsaque devait être d’une telle sécheresse, que l’auteur des
Hittoires n’aurait pu lui emprunter grand chose. Il est d’ailleurs fort
Sources de quelle nature ? Qu’au lendemain de la catastro­ douteux, — en dépit de ce qu’a pu penser Denys d’Halicarnasse (Ad
phe, durant les années qui s’écoulèrent ensuite jusqu’à la Pomp., 3), de ce qu’ont affirmé Plutarque ( 0 . I., 20) et Tertullien
rédaction des livres V et VI, un Grec d’Asie, — Ionien au (De anima, 46), — que Charon de Lampsaque ait écrit avant Héro­
sens précis du mot ou citoyen d’une des cités grecques que dote : cf. Jacoby, Charon von Lampsakos, dans les Studi italiani di
l’Ionie avait entraînées dans sa mésaventure, — ait consigné filologia classica, XV (ig38), p. 207 et suiv.; en particulier p. ato-
par écrit, dans un chapitre de Περσικά ou dans quelque autre 2 i 3 , 220 - 221 , a36.
55 LA RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE 57
reproches que se jetaient à la face les Ioniens des différentes lui obéir, aurait peut-être sauvé la cause de l’Ionie ; comment
cités (άλλήλους γάρ χαταιτιώνται), reproches qui compliquaient ce Phocéen avait refusé à son tour de vivre dans sa patrie
et qui obscurcissaient la question de responsabilité ; par l’ex­ asservie ; et comment, devenu pirate, il s’était toujours abstenu
pression quasi-dubitative λέγονται Si Σάμιοι χτλ., qui tendrait de. molester les navigateurs grecs.
ä reléguer l’inculpation dirigée contre les Samiens dans la Pour un autre motif, en raison de leur qualité de « faits
catégorie des on-dit ; par la mention des honneurs publique­ divers », d’incidents d’un intérêt local, les événements
ment décernés, à Samos, à quelques triérarques qui avaient rapportés au chapitre 27, — désastre d’une théorie envoyée
refusé de déserter leurs postes de combat. De semblables dé­ de Chios à Delphes, écroulement du toit d’une école, — sont
tails garantissent la provenance samienne des informations choses dont Hérodote n ’a pu avoir connaissance nulle part
qu’ils accompagnent. Je crois pouvoir comprendre au nombre plus vraisemblablement que dans le pays même, à Chios ;
de ces informations ce qui est rapporté, aux chapitres 9-10, et, en même temps qu’on lui en parlait, on lui parlait aussi,
des démarches faites par les tyrans, à la demande des Perses, à coup sûr, d’autres malheurs nationaux dont ces événements
auprès de leurs anciens sujets, et de la teneur des offres qu’ils avaient été les présages : des pertes subies à Ladé, où les
portaient; au chapitre 8, de la composition de la flotte gens de Chios avaient lutté jusqu’à l’extrême limite de leurs
ionienne et de son ordre de bataille ; et aussi une partie des forces (i5 ) ; du tragique destin des « rescapés », pris pour des
renseignements donnés, aux chapitres 22 et suivants, sur les brigands et massacrés par erreur aux environs d’Ëphèse (16) ;
agissements des Samiens qui ne retournèrent pas dans leur de l ’invasion de l’île par Histiée, à propos de laquelle sont
pays, le complément ayant été recueilli plus tard en donnés des détails topographiques précis (26).
Occident1. Quant à ce qui est relaté, livre Vchapitres 97,99, 100, xoi,
D’autres informations concernant la bataille de Ladé, ses 102 et livre VI chapitres 18-19, au sujet de la campagne de
préliminaires et ses suites proviennent de Chios et de Pbocée. Sardes (importance du renfort athénien et nom de son com­
C’est dans cette dernière ville, — où Hérodote se rendait mandant, noms des chefs du corps expéditionnaire, itinéraire
quand il vit, «t sur la routed’Ëphèse à Phocée », le bas-relief qu’ils suivirent, circonstances de l’incendie de la ville, pour­
rupestre de Karabel (II 106) et où il admira les belles mu­ suite et défaite par les Perses de l’armée qni battait en
railles construites avec l’argent d’Arganthonios (I i63), — retraite, nom d’un homme distingué qui fut tué alors)1, ou
qu’il dut entendre conter les épisodes glorieux de l’histoire de l ’investissement, de la prise, du sac de Milet et du traite­
phocéenne relatés en plusieurs endroits de son ouvrage: au ment infligé aux Milésiens, rien de tout cela n’est de telle
livre I chapitres i65 et suivants, comment les Phocéens avaient nature, si riche de détails et de précisions8, que la tradition
été les premiers entre les Grecs à accomplir de lointains orale n ’ait suffi à le conserver, et qu’Hérodote n’ait eu l’occasion
voyages maritimes ; comment, à l’époque de Cyrus, nombre de l’apprendre en maint et maint endroit de l ’Ionie3.
d’entre eux, plutôt que de faire acte de soumission, avaient
pris le chemin de l’exil; et maintenant, aux chapitres ιι- ια 1. La connaissance d’événements anciens par laquelle est expliquée,
et 17 du livre VI, comment un Phocéen, si on eût bien voulu dans ce chapitre, la participation d’Ërétrie à l’expédition peut bien
avoir été acquise par Hérodote à Samos, puisque ces événements
I . Ce doit être aussi à Samos qu’Hérodote apprit que, dans les avaient mis jadis en opposition Samiens et Milésiens.
eaux de Cypre, lors du combat naval sur lequel il ne donne pas 2 . On peut observer que ni le nom de Mélanthios (V 97 ), ni celui
d’autres détails, les Samiens s’étaient particulièrement distingués (ήρί- d’Hermophantos (V 99), ni celui d’Évalkès (V 102) ne sont accompa­
etteeav, ch. 1 1 2). Même, on peut croire que si, dans la circonstance, gnés de patronymiques.
il a un mot d’éloge pour les Ioniens en général (ά'κροι γενόμενοι), c’est 3. Ce qui est dit d’Évalkès au ch. 102 peut aussi avoir été appris
parce qu’il répète complaisamment ce qu’on lui avait dit à Samos; dans son pays d’origine, &Erétrie. Du texte de l’oracle annonçant
remporter le prix de la valeur est d’autant plus glorieux qu’on le le désastre des Milésiens (VI 19) Hérodote eut connaissance, je
remporte sur des compétiteurs plus vaillants. pense, à Delphes ou à Argos plutôt qu’en Ionie.
58 L à RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE
Si ce n’est pas en Ionie même qu’Hérodote«Btesidk racon­ bois de platanes deZeusStratios, près de Labraunda, où s’étaient
ter, avec le luxe de détails géographiques, généalogiques, réfugiés les survivants de la première défaite, qu’on lui dit
historique», anecdotiques, qui s’étale dans les chapitres io4, quelles résolutions extrêmes y avaient été envisagées (119)?
108-115, 118-131 du livre V, le» opérations qui avaient eu Cypre, ile fameuse par son étendue et sa richesse1, par ses
Heu chez des alliés des Ioniens révoltés, en Carie et à Cypre, temples et parle renom de certains de ses princes2, située sur
rien n ’empêche de croire qu’il s’en soit informé directement la route maritime allant d’Ionie en Syrie, en Palestine, en
dans l’un et l’autre pays. La Carie était aux portes d’Hali- Egypte3, avait certainement retenu Hérodote au cours d’un de
carnassse ; Hérodote dut y faire plus d’un voyage, plus d’un ses voyages. S’il n’a pas entendu de ses oreilles les Cypriotes
séjour, y avoir des relations personnelles, des hôtes, peut- appeler les javelots « sigynnes » (V 9), ce doit être de la bouche
être des attaches de famille1. Le récit qui est fait au livre V de gens du pays qu’il a recueilli l’aveu que leur temple
des combats soutenus par les Cariens contre les généraux de d’Ourania était moins ancien que celui d’Ascalon (I ιοδ); et
Darius est, dans son ensemble, à leur éloge. Hérodote signale c’est, je pense, dans l’ile même qu’il a reconnu ia ressem­
qu’une première fois ils ne succombèrent que sous le nombre blance d’usages cypriotes et d’usages babyloniens (I 199),
et après avoir subi de très grosses pertes (1 ig), q \|’ils ne
s’exposèrent une seconde fois à un nouveau désastre que pour le nom de Skylax n’étant pas rare, — un homonyme également
antérieur & Hérodote. L’ouvrage qui lui est attribué, étant donné
avoir trop compté sur l’appui décevant des Milésiens (120),
son titre, devait être, — ainsi qu’il est d’ailleurs nécessaire de le
et qu’ils réparèrent ensuite leurs défaites et vengèrent leurs croire si on en place la composition &une date aussi reculée, — quelque
morts dans une brillante affaire où périrent entre autres, du chose de plus ample qu’une simple biographie. Dans ces conditions,
côté des ennemis, plusieurs grands personnages dont les noms l’hypothèse d’emprunts faits par Hérodote à Skylax mérite à coup sûr
sont rappelés com m eautantdetrophées(i2i). Deux des lcùrs, d’être prise en considération. Jene crois pas toutefois qu’elle s’impose.
en particulier, sont proposés à l’admiration de la postérité : Et un détail, que voici, ne lui est pas, à mon avis, favorable. Dans
Pixodaros fils de Mausole (dont le père portait un nom des­ un fragment d’un nommé Sosylos, contemporain d’Annibal, publié
tiné à devenir célèbre à Halicarnasse), et Héracleidès fils par U. Wilcken (Hermes, 1906 , p. io3 suiv.), est rapportée une
d’ibanolis, l’un pour avoir donné un judicieux conseil, qui habile manœuvre exécutée par un Héracleidès de Mylasa dans un
combat naval livré έπ’ Άρτεμισίω. Il y a tout lieu de croire que, là
d’ailleurs ne fut pas suivi (118), l’autre pour avoir su dresser
encore, il s’agit de l’Héracleidès d’Hérodote (cf. Wilcken, p. 119);
une embuscade (121). D’après cela, ne peut-on se figurer et le combat naval livré έπ’ Άρτερισίω est vraisemblablement, non
Hérodote écoutant à Candys, patrie de Pixodaros, le récit de pas le fameux combat de é 80 livré près de l’Eubée, où il n’y eut
la bataille du Marsyas, et à Mylasa, patrie d’Héracleidès, point de place pour la manœuvre décrite, mais un combat qui eut
celui de l’embuscade vengeresse2 ? Et ne serait-ce pas dans le lieu quelque part sur la côte d’Asie mineure, à proximité d’un sanc­
tuaire d’Artémis, au cours du soulèvement de l’Ionie (Fr. Rühl,
I. Cf. Introduction, p. 8- 9 . Rheinisches Museum, 1906 , p. 35γ). Ce combat, où s’était distingué
a. On peut se demander si Hérodote, pour exposer aussi complai­ Héracleidès de Mylasa, ne pouvait manquer d’être rapporté dans
samment qu’il le fait les événements de Carie, n’a pas mis à profit l’ouvrage de Skylax, puisqu’Héracleidès, d’après le titre de l’ouvrage,
un ouvrage intitulé Ta κατά τόν Ήραχλείδην τόν Μυλασσΰν βασιλέα, devait y faire figure de personnage central, de principal héros. Si
cité par Suidas s. v. Σχύλαξ dans une notice confuse où sont énu­ Hérodote avait emprunté à Skylax autre chose, aurait-il passé ce
mérés côte à côte des ouvrages d’auteurs de même nom mais d’époques glorieux combat sous silence P
très différentes (dans le nombre, une ’Αντιγραφή πρός τήν Πολυβίου I. Pour donner à Artaphernes une idée de l’étendue et de la
ιστορίαν). Admettons, — ce qui ne parait guère douteux, — que richesse de l’Eubée, Aristagoras, au ch. 3 1, déclare que cette île ne le
l’HSracleidès en question est le même que celui du ch. ia i (sur cède pas à Cypre.
l’attribution qui lui est faite du titre βασιλίόΐ, cf. Wilcken, Hermea, 3 . Tel Philokypros, célébré par Solon (ch. n 3 ) .
1906 , p. 120). Admettons aussi que le Skylax auteur de Τα χατά τόν 3. La partie orientale de la Méditerranée est appelée par Arista­
Ήραχλείδην τόν Μυλασσων βασιλέα est Skylax de Caryanda, ou, — goras « la mer où se trouve Cypre » (ch. 4g).
βο LA RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE 6t
constaté que le linos était chanté en Cypre (II 79). Aussi bien, lion1. Celle du chapitre 97 l’a-t-elle été à Athènes ? Les Athé­
sans chercher hors du livre V, ce qui est dit au chapitre d é niens contemporains d’Hérodote n ’avaient pas lieu d’être fiers
des sacrifices annuels offerts par les habitants d’Amathonte à de la conduite tenue par leurs aïeux à la veille et au lendemain
Onésilos héroïsé, — « ils le faisaient encore de mon temps » de l ’expédition contre Sardes, de l’étourderie avec laquelle
(Άμαθούαιοι μέν νυν έποίευν ταϋτα και rh μέχρι έμέο), — est les Athéniens d’alors s’étaient lancés dans une dangereuse
le langage d’un homme qui s’est renseigné sur les lieux. aventure, du sans-gêne déloyal avec lequel ils s’étaient
Onésilos occupe tout le centre de nos chapitres cypriotes, presque aussitôt retirés de la bagarre, laissant leurs alliés
lesquels ne sont guère autre chose, en somme, qu’une « geste » seuls en face de l’ennemi quand le corps expéditionnaire se
de ce personnage. Peut-être Hérodote, en voyageur curieux, fut rembarqué pour l’Attique, et restant sourds aux demandes
demanda-t-il d’abord l’explication des honneurs qu’il voyait d’assistance qui leur furent ensuite adressées. Les concitoyens
rendre à sa mémoire ; et il fut amené, de proehe en proche, de Périclès avaient, je suppose, assez de tact pour ne point
à se faire narrer toute l’histoire. Quelques détails récoltés par parler volontiers de faits si peu honorables5. Et ce n ’est pas
lui en divers points de l’île, à Salamine par exemple. — où il non plus à Athènes, où l’on se glorifiait que tous eussent
put apprendre en même temps la plaisante historiette de la voix au chapitre, qu’Hérodote entendit faire cette réflexion :
quenouille offerte à Phérétimé (IV 162), — à Soles,-à Cou- «il est plus aisé, faut-il croire, d’abuser beaucoup d'hommes
rion, complétèrent à peu de frais sa documentation. qu’un seul » ; si nous n ’avons là un sarcasme recueilli au pays
Les informations dont nous avons jusqu’ici recherché l’ori­ de Gléomène, Irréflexion est d’Hérodote lui-même. Cequi est
gine étaient relatives à des faits d’armes, qui sont les événe­ raconté du séjour d’Aristagoras à Athènes me paraît être une
ments les plus « voyants » à l’heure ou ils se produisent et reconstitution faite par l ’auteur, d’après ce qu’il estimait
ceux dont le souvenir s’impose avec le plus de force et de té­ vraisemblable, de ce qui avait dû se passer. Le discours
nacité. Auprès d’épisodes militaires, le récit du soulèvement
de l’Ionie en comprend d’autre sorte, qu’il convient d’exa­ Cléomène seul d’accorder le secours sollicité, sans en référer ni à la
miner à leur tour. Une place à part doit être faite parmi ces yérousia ni à Yapella ; ce qu’Aristagoras espérait pouvait bien n’êtra
éléments à la relation des démarches d’Aristagoras en quête qu’un patronage, patronage assez puissant, pensait-il, pour lui assurer
d’alliés chez les Spartiates et chez les Athéniens. Certes, ces en fin de compte l’obtention de ce qu’il désirait.
I . Il me paraît difficile de meltre en doute qu’Aristagoras ait
démarches, et l’insuccès de l’une et le succès de l’autre,
apporté avec lui un π ί ν α ! ; . Quel usage en fit-il P S’en eervit-il pour
étaient choses notoires en Ionie. Je ne crois pas cependant appuyer auprès de Cléomène un projet de conquête de l’Asie P Ç’oût
que ce qu’en dit Hérodote provienne d’informateurs ioniens. été un dessein bien ambitieux ; mais Aristagoras voyait grand. Les
Dans les chapitres 49-51, dont la scène est à Sparte, s’expri­ Spartiates, d’ailleurs, pour s’excueer de n’avoir pas voulu assister des
ment la même défiance, le même dédain à l’adresse des Grecs Grecs contre des Barbares, avaient intérêt à exagérer la présomption
d’Ionie, — de leur faconde en particulier, — qu’aux chapitres de l’ambassadeur ionien, à lui attribuer des idées qui, en ce temps-lèi
i5a du livre I et 46 du livre III, la même intention d ’exalter pouvaient paraître folles.
la prudence, la droiture, l’incorruptibilité d’un roi lacédémo- 3 . Le seul détail qu’Hérodote, dans cette partie de son récit, doive
nien, — Cléomènede part et d’autre, — qu’au chapitre 148 de façon certaine & des informateurs athéniens est le rappel des
manifestations de douleur qu’auraient provoquées à Athènes les
du livre III ; la matière de tous ces chapitres a été recueillie
infortunes de Milet (VI 21) ; par ces manifestations « spectaculaires »,
à Spartel, où le πίνας d’Aristagoras avait dû faire sensa- les Athéniens pensaient probablement compenser l’inaction où ils
s’étalent enfermés quand la ville était en danger ; mieux eût valu,
I . C’est d’ailleurs ce que laissent entendre, tout au moins pour la pour les Milésiens, moins de compassion et plus d’aide. Peut-être
première tentative d’Aristagoras, ces mots du chapitre 49 : ώ< Λακε­ aussi les Athéniens racontaient-ils volontiers comment le Roi Darius,,
δαιμόνιέ λίγαυαι. On ne doit pas alléguer &l’encontre que les choses ors de la prise de Sardes, les avait honorés, si l ’on peut ainsi dire,
ont présentées, dans les chapitres 4g-5i, comme s’il eût dépendu des d’un tout particulier ressentiment (V io5).
V. - 6
NOTICE 63
attribué au Milésien, flatteur pour la vanité athénienne, cor­ d’un homme sage à une folle témérité, son sang-froid et sa
rigeait l’impression désagréable qu’auraient pu produire sur fermeté à un lâche découragement, son attitude digne au
un public d’Athènes la réflexion ironique que nous venons lendemain du désastre et ses interventions auprès du satrape
de relever et l’appréciation sévère de la décision prise à la de Sardes en faveur des Ioniens écrasés1 à une désertion sans
suite du discours : « l’envoi de cette flotte fut la source de ca­ vergogne. Hécatée, dans les deux passages du récit d’Hérodote
lamités pour les Grecs et pour les Barbares. » où il apparaît (V 36, ia5), est montré en conflit d’opinion
Pour d'autres informations n’ayant pas trait à des événe­ avec Aristagoras, dont il forme en quelque sorte la vivante
ments militaires, la probabilité qu’elles aient été recueillies antithèse ; ce qui est dit de l’un et de l ’autre provient mani­
par Hérodote de la bouche d’ioniens se déduit de la qualité des festement des mêmes informateurs2.
personnages mis en cause et de la nature des sentiments qui Plus complexe est le cas d’Histiée. Hérodote nous dit bien,
sont manifestés à leur endroit. Hécatée, Aristagoras, Histiée au chapitre 35 du livreV, qu’il fomenta la révolte de l’Ionie
avaient, lors de la révolte, déployé une activité dont le sou­ dans son intérêt personnel ; au chapitre 3 du livre VI, que
venir, exact ou déformé par la passion ou par la fantaisie, les Ioniens lui reprochèrent d’être pour eux la cause de grands
devaitresler vivace, après une cinquantaine d’années, en Ionie maux; au chapitre 5, que les Milésiens, après son retour de
et dans le voisinage. Si la responsabilité d’Aristagor'as, à Sardes, refusèrent de le recevoir et le repoussèrent par la
l’origine du soulèvement, n’a pas été aussi grande que le force. Et ces traits, considérés à part, feraient croire que la
ferait croire la lecture du chapitre 35, s’il ne fut dans la cir­ mémoire d’Histiée était, comme celle d’Aristagoras, honnie
constance, comme le reconnut Artaphernès (VI i), que l’ins­ chez les Ioniens. Mais ce n’est pas là tout ce qu’Hérodote dit
trument d’Histiée et un simple agent d’exécution, le fait que, de lui ; à ces traits d’autres s’ajoutent, non seulement dans
pendant un temps, il avait occupé, au vu et su de ses la présente section des Histoires, mais déjà dans la précédente,
compatriotes, le devant de la scène, avait attiré l’attention qui les complètent et, jusqu’à un certain point, les corrigent.
sur ses agissements ; et leur fâcheuse issue, les misères dont Le portrait qui ressort de l’ensemble, si c’est celui d’un am­
ils furent la cause, continuèrent de le désigner sans doute à bitieux sans scrupules, n ’est certes pas celui d’un homme
la rancune de la génération qui suivit. Ajoutons qu’il semble médiocre. Histiée, d’après le récit d’Hérodote, avait assez
avoir été, comme administrateur de Milet, haïssable, puisque d’envergure pour qu’on pût craindre à un moment donné,
les Milésiens, après qu’il eut disparu de leur horizon, se ré­ dans l’entourage du Grand Roi, qu’il ne se taillât en Thrace,
jouirent d’ôtre débarrassés de lu i1. Il n’est donc nullement autour du fief habilement choisi qu’il s’était fait concéder,
invraisemblable qu’Hérodote ait entendu parler de lui en un véritable royaume capable de faire obstacle aux projets
termes peu louangeurs et raconter sur son compte ce qui est
rapporté au livre V 2. Inversement, dans les mêmes milieux, 1. Diodore, X, 25, 2 : οτι Έκαταίος δ Μιλ^σιος, πρεσβευτής απε­
la mémoire d’Hécatée devait être tenue en honneur; on σταλμένος Οπό των Ίώνων, ήρώτησε δι’ ήν αιτίαν απιστεί αύτοΐς ό
devait s’y complaire à opposer la prudence et le réalisme Άρταφέρνης. Του δέ ε’ιπόντος, μηποτε Ειπέρ ών καταπολεμηθέντες
κακώς επαθον μνησίκακησωσιν' « Ούχοϋν », έφησεν, « εί τό πεπονθέναι
I. VI 5 : ασμενοι άπαλλα/θεντες καί Άρισταγόρεω. κακώς την άπιστίαν περιποιεϊ, τό παθεϊν Ιίρα ευ ποιήσει τάς πόλεις
a. Même si, dans les propos malveillants qui se colportaient sur Πέρσαις ευνοούσας. » Άποδεξάμενος δέ τό ^ηθέν ό Άρταφέρνης άπέ-
Aristagoras, on ne rattachait pas le rôle qu’il avait joué lors du δωκε τους νόμους ταις πόλεσι καί τακτούς φόρους κατά δύναμιν
soulèvement de l'Ionie au déboire que lui avait causé l’expédition de έπε'ταξεν.
Naxos, cette dernière entreprise, où il s’était montré si peu à son 2 . Qui, peut-être, en avaient dit plus long à l’éloge d’Hécatée. Ce
avantage, n’y était certainement pas oubliée. Pas davantage, sans que nous lisons chez Diodore (ί. V) permet de supposer que,
doute, son inutile malice dans l’affaire des Péoniens, bien qu’elle n’y lorsqu’Artaphernès accomplit l’œuvre de réorganisation rappelée au
fût peut-être pas associée aux mêmes événements que dans le récit livre VI chapitre 02 , il avait pris conseil de cet homme de sens et
d’Hérodote. d’expérience.
NOTICE 65
d’expansion des Achéménides (V a3). Tels étaient, à la cour de ce qui est dit de lui dans les Histoires me paraît pouvoir être
S use, son prestige et sori autorité, que des seigneurs perses venu à la connaissance de l’auteur par la voie de la tradition
du plus haut rang le jalousaient et ne croyaient point im­ orale ; si quelque chose a été emprunté à un document écrit,
possible qu’au lendemain d’une révolte dont il avait été ce seraient seulement quelques détails sur les dernières
l’artisan, il rentrât en faveur (VI 3o) ; et, par le fait, Darius, actions de ce personnage, qui se déroulèrent à distance de
si on le lui eût amené vivant, lui aurait, dit-on, pardonné l’Ionie et n ’intéressèrent pas directement les Ioniens.
(ibid.); car Histiée avait été auparavant, lors de la campagne C’est à une conclusion pareille è cette conclusion partielle
de Scythia, le sauveur de l’armée du Roi (IV 187). Ces traits, que conduit l’examen d’ensemble des chapitres consacrés au
propres à faire valoir le personnage, ont-ils pu être fournis à soulèvement de l’Ionie: si, pour rédiger ces chapitres, Héro­
Hérodote par une tradition ionienne ? Cela ne me paraît pas dote consulta un ouvrage antérieur, il dut en tirer peu de
incroyable. Dans un empire composite, comme était l'em­ chose : peut-être les sèches énumérations d’îles et de villes
pire achéménide, il n’est pas sans exemple que les membres conquises par les Perses que contiennent les chapitres 117,
d’un groupe ethnique assujetti conçoivent une certaine fierté iaa-ia3 du livre V, 3i-33 du livre VI; ces énumérations
si un des leurs arrive à faire figure auprès du maître. Plus rappellent celle qui est donnée à la fin de la section pré­
sûrement encore, d’autres traits de la personnalité d’Histiée cédente (V a6) des villes conquises par Otanès et pourraient
le recommandaient à l’indulgence de ses compatriotes : son ha­ avoir la même provenance ; Hérodote avait bien visité
bileté, sa fertilité d’imagination, sa promptitude à se tirer l’Hellespont, mais il n’y avait pas séjourné comme en Ionie
d’un mauvais pas; qualités qui n ’ont jamais manqué d’admi­ et n ’avait pu recueillir sur les opérations militaires dont cette
rateurs, et dont le folklore, par exemple, a toujours paré ses région avait été Je théâtre des renseignements détaillés1 ; —
favoris plutôt que d’une grande intégrité morale. Peut-être peut-être aussi les noms des généraux qui avaient travaillé à
les Ioniens ne lui en voulurent-ils qu’à demi de leur avoir étouffer la révolte et s’étaient partagé la besogne, ainsi que
fait croire, pour détourner de lui leurs reproches, que Darius le rappel de leur parenté avec le Grand Roi(V 116); autant
projetait de les transporter en Phénicie (VI 3). En tout cas, de particularités qui, à la différence de ce qu’on pouvait
ils devaient applaudir à ses ruses avec une maligne satisfac­ raconter sur le père d’Otanès (V a5), n ’étaient pas de nature à
tion quand elles avaient pour but d’endormir la défiance du frapper vivement les esprits et à rester gravées dans les mé­
Grand Roi ou de déjouer la surveillance de sa police. moires. Faut-il ajouter, en considération d’expressions telles
Qu’Histiée y ait réussi de la façon que raconte Hérodote, il que εχτψ ετει άπο της άποατάσιος της Άρισταγόρεω (VI ι8),
est permis d’en douter; mais, d’une façon ou d’une autre, il τ<ρ ίευτε'ρω ετει (VI 3 ι) : « et quelques précisions chronologi­
y réussit pour un temps ; et les prouesses qu’il avait accom­ ques » ? Ces a précisions » sont de qualité bien modeste, et
plies en ce genre furent sans doute célébrées, amplifiées, em­ ne dépassent pas ce dont on pouvait se souvenir en Ionie sans
bellies de détails piquants; à l’époque d’Hérodote, Histiée le secours de documents écrits. La chronologie de la révolte
était, je pense, en passe de devenir, en Ionie, un héros de est vague dans le récit d’Hérodote ; on est quelque peu étonné
contes populaires1. En somme, vérité ou fiction, presque tout i. d’apprendre, au chapitre 18 du livre VI, que cette révolte
durait depuis six ans lorsque Milet succomba, et que les
i. La façon dont est introduit, au chapitre V 35, le message événements relatés auparavant ont dû couvrir une aussi longue
d’Histiée — δ έστιγρίνος τήν χίφαλην — laisse entondre que ce
période ; et il est malaisé, sinon impossible, de discerner com-
compares et le stratagème dont il avait été l’instrument étaient
supposés par l’écrivain connus à l’avance de bien des gens. Les artifices
grâce auxquels un personnage fait parvenir à sa destination un mes­ I . Encore convient-il d’observer que la remarque faite sur l’immu­
sage secret sont des détails où se complaît la fantaisie des conteurs ; nité dont jouit la ville de Gvzique (VI 33), ville où notre auteur est
nous en avons vu un exemple 1. I ch. ia3 ; on en trouvera un autre certainement allé (IV i4), pourrait bien être une addition de Bon
1. VII ch. a3g. crû, fruit d’informations enregistrées sur place.
NOTICE 67
ment ces événements se répartissent entre les six années1. mos, invitait tout particulièrement à rappeler dans le second
Je croirais volontiers, s’il exista avant Hérodote une relation ce qui avait été dit dans le premier. Considérées à part, les
écrite du soulèvement de l’Ionie, que cette relation affectait informations du livre VI ne sont pas telles, qu’elles n ’aient
la forme d’une chronique, et qu’Hérodote, plutôt que de pu, — à quelques détails près1, — être recueillies par Hé­
s’en inspirer, s’appliqua à faire tout autre chose, dédaignant rodote, avant sa venue en Occident, à Samos ou à Halicar­
les catalogues arides de faits classés, avec leurs dates, dans nasse. On peut observer que, dans ces chapitres, la conduite
l’ordre où ils s’étaient produits, et réservant le meilleur de des Samiens, qui fut une félonie, n’est pas expressément
ses soins pour des épisodes choisis, dont il était en état, grâce condamnée2, et que le récit d’Hérodote met plutôt en relief,
aux informations qu’il avait recueillies, de donner des récils à leur profit, des circonstances atténuantes : s’ils ont trahi
animés, dramatiques et pittoresques. leurs alliés, c’est qu’ils ont été en butte aux suggestions per­
Venons-en maintenant aux développements multiples et fides de deux tentateurs successifs, Anaxilas et Hippocratès,
divers qui sont associés au récit principal. et c’est en parlant d’Hippocratès que l’écrivain emploie le
Ce doit être à proximité de Milet qu’Hérodote recueillit mot réprobateur, προέδωκε; ce n ’est pas par eux, c’est parle
l ’anecdote du chapitre ag, laquelle appartient à l ’histoire in­ tyran de Géla, que les malheureux Zancléens ont été réduits
térieure de cette ville. Autant que proprement historique, en esclavage, tandis que les trois cents κορυφαίοι qu’on avait
l’intérêt en était politique, puisqu’elle tendait à prouver que livrés aux Samiens pour être mis à mort ont été, par eux,
les gens qui mènent le mieux leurs affaires privées sont en épargnés. Si, d’autre part, Cadmos et son père avant lui
même temps les plus aptes à bien mener les affaires de avaient laissé de bons souvenirs à Cos, les traits de l’histoire
l’État. Ce caractère d’anecdote édifiante avait pu contribuer de Skythès qui sont rapportés aux chapitres 23-24 pouvaient
à en répandre la connaissance. bien être connus dans la ville natale d’Hérodote, proche
J ’ai dit plus haut, à propos des Samiens dissidents, que voisine de l ’île3.
les événements consécutifs à leur arrivée en Sicile pouvaient
être rapportés d’après des informations recueillies par l’au­ été mêlés à l’histoire de Zanclé-Messana si l’un n’était fils de l’autre.
teur en Occident. Ce serait d’autant plus probable, s’il était Et, par application de l’adage « Tel père tel fils *, leur commune
sûr que les chapitres VI 23-24 soient de même provenance que fidélité à la parole donnée invito à supposer entre les deux un lien
d’étroite parenté. En ce qui concerne la fin de la vie de Skythès, il
le chapitre 164 du livre VII, où nous verrons Cadmos fils de
n’y a pas contradiction irréductible entre VI 23 et VII x64 : παρα-
Skythès associé à des actes de Gélon dont Hérodote dut avoir δεξάρενο; παρά τοΰ πατρο'ς ne veut pas dire nécessairement que
connaissance en Sicile ou en Grande Grèce. Mais les infor­ Cadmos hérita la tyrannie de son père, qui serait mort lui-même
mations du livre VI et celles du livre Vil viennent-elles de la tyran de Cos ; mais simplement qu’il l’avait reçue ; Skythès, qui en
même source ? On est en droit d’en douter, aucune référence avait été gratifié par Darius, pouvait l’avoir cédée à son fils de son
n’étant faite d’un des passages à l’autre, alors que la commu­ vivant, pour se retirer à la cour.
nauté des éloges décernés au père et au fils12, Skythès et Cad- 1. L’internement de Skythès à Inyx, sa fuite à Himère. En re­
vanche, dans des informations recueillies en Occident, la ville que
1. Voir, sur cette question, l’intéressant article de Macan, The les Zancléens assiégeaient quand ils furent eux-mêmes attaqués
chronology o f the Ionian revolt, dans Herodotus Books IV-VI, t. II, serait-elle restée anonyme (πολιν xfiSv Σικελών) ?
Appendice V, p. 62- 70 . J ’ai indiqué ci-dessus (p. 38, note) et dans 2 . Si la conclusion Σάριοι ... άπονητί πόλιν χαλλίστην Ζάγκλην
des notes aux chapitres V 34, 37 , 121, 126, VI 18, comment je περιεβεδλίατο peut s’entendre en ce sens, que l’occupation de
crois devoir comprendre, en gros, la succession et la répartition Zanklé fut un larcin, partant un acte peu honorable, ce n’est certes
des événements. pas le sens le plus immédiatement apparent, celui qu’y devait voir la
2 . On a contesté que le Skythès du livre VI et le Skythès du majorité des lecteurs.
livre VII aient été un même personnage. Mais il serait bien étrange 3. Trouvera-t-on surprenant, si les choses se sont passées comme
qu’à la même époque un Skythès et un Cadmos fils de Skythès aient nous le supposons, qu’il ne soit rien dit ici d’un séjour de Skythès à
LA RÉVOLTE DE L'IONIE NOTICE 69
Douteuse en ce qui concerne le comportement des Samiens Sparte à la documentation d’Hérodote ? Je ne vols à y ajouter
dissidents, la provenance occidentale de l’information d’Hé­ que la remarque du chapitre 75 sur la loi qui interdisait aux
rodote est certaine ou hautement probable pour la remarque deux rois simultanés de Sparte de prendre part en même
du livre VI chapitre a i, — que les Sybarites de Laos et de temps à des expéditions en dehors du territoire national, et
Skidros ne prirent pas le deuil lors de la chute de Milet, — sur l’origine de cette interdiction '. En beaucoup de passages
et pour la plus grande partie de l’histoire de Dorieus (V 4a de la digression athénienne, les Spartiates interviennent de
et suiv.). C’est en Grande-Grèce qu’il connut les versions façon très active ; mais leur action n ’est jamais présentée de
opposées de la guerre entre Sybaris et Crotone1 ; or, les telle sorte, qu’ils en puissent retirer ni gloire ni sympathie. De
tenants de l’une d’elles faisaient expressément état dans leur leurs entreprises militaires contre Athènes, la première échoue
argumentation du projet qu’avait eu Dorieus de conquérir le (63); la seconde ne réussit,— Hérodote le souligne2, —
pays d’Éryx, de l’oracle qui l’y avait encouragé, de son in­ que grâce à une circonstance fortuite ; la troisième, après un
succès, de sa mort prématurée2, et du sort de ses compagnons succès éphémère, aboutit à une capitulation ( 7 3 ) ; la qua­
venus de Sparte avec lui, dont un seul ne survécut au désastre trième avorte3 ; la cinquième ne reçoit même pas un com­
commun que pour périr bientôt assassiné. C’est aussi en mencement d’exécution (93). Des mobiles qui inspirent ces
Grande-Grèce, à Crotone, qu’il sut les aventures de Philippe entreprises, un seul peut sembler honorable : l’obéissance à
fils de Boutakidès (47) ; or, ce Crotoniate, avant de prendre des ordres considérés comme divins (63); d’ordinaire, les
part à l’expédition contre Éryx, était allé, nous dit Hérodote, Spartiates ne sont animés que d’une basse jalousie, du désir
à Cyrène. N’était-ce pas au moment de l’entreprise libyenne d’empêcher les progrès d’une cité qui pourrait devenir pour
de Dorieus ? et le .récit qu’on faisait à Crotone de son exis­ la leur une rivale, de la maintenir coûte que coûte dans un
tence agitée ne comportait-il pas un rappel de cette entre­ état d’impuissance et de quasi-sujétion (91). Leurs alliés
prise, de ce qui, à l’avance, en avait compromis la réussite, mêmes, qu’ils essaient d’associer, — une fois par surprise4,
des circonstances de son échec ? De l’histoire de Dorieus, telle — à l ’exécution de leurs desseins égoïstes, réprouvent cette
qu’elle est racontée au livre V, le préambule seulement, conduite et la blâment en termes sévères3. L’histoire des
qui explique comment il fut exclu du trône et assure qu’il relations entre Sparte et Athènes, depuis le meurtre d’Hip-
en eùtété digne3, doit reproduire une information Spartiate4.
Ce préambule et le récit de la visite d’Aristagoras forment-
I. Cela est à rapprocher, d’une part, des chapitres 56 et suivants
ils, dans la section présente des Histoires, tout l’apport de du livre VI, où sont exposés les devoirs et les privilèges des rois de
Sparte, d’autre part, des chapitres 61 et suivants, où est contée
Cos en qualité de tyran ? Hérodote n’avait pas l’intention de résumer l ’histoire de Démarate ; le tout provient des mêmes sources d’infor­
la carrière du personnage, mais de donner une idée de sa fidélité aux mation, qui doivent être cherchées à Sparte. De l’incident même
engagements pris et de l’estime qui l’en récompensait de la part de à la suite duquel la loi en question aurait été adoptée, — l’oppo­
Darius. sition faite par Démarate à l’entreprise guerrière de Cléomène, —
I. Ταϋτα μέν vuv Συβαρϊχαι λέγουσι ποιήσαι Δωριέα τι και τούς μετ’ Hérodote put avoir connaissance à Athènes aussi bien que de l’inter­
αΰτοΰ, Κροτωνιήται δε ούδένα σφισΐ φασί ξεΐνον προσεπιλαβέσθαι τού vention des Corinthiens.
πρός Συβαρίτας πολέμου εί μη Καλλίην χτλ. a. Ch. 65 : Νΰν δέ συντυχίη τοϊσι μεν κακή Ιπεγένετο, τοϊσι δε ή
3. Il sera de nouveau parlé de la mort de Dorieus au livre VII αυτή αυτή σύμμαχος.
chapitre i58, dans un discours prêté au Sicilien Gélon. 3. Ch. 77 : Διαλυθέντος ων τοΰ στο'λου τούτου άκλέως.
3. C’est-à-dire ce qui est de nature à le rendre sympathique, par 4· Ch. ηί : ού φράζων Ις τό συλλέγει.
contraste avec Cléomène, la suite le présentant sous un jour moins 5. Ch. γ5 : Σφίσι αύτοΐσι δόντες λόγον ώς ού ποιοΐεν τά δίκαια ; —
favorable. ch. ga : ... τοΰ ούτε άδικώτερόν έστι ούδέν κατ’ ανθρώπους ού'τε μιαι-
4- Auprès de λέγουσι (ch. 4 1), ώς λέγεται (ch. 4a), il faut sous- φονώτερον... ; ga η : Ού'κων παύσεσθε άλλα πειρήσεσθε παρά τό δίκαιον
entendre Σπαρτιήται, υπό Σπαρχιηχέων. κτλ.
LA RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE 7'
parque jusqu’à la venue d’Aristagoras, est manifestement les Béotiens et les Ghalcidiens (77), — victoires célébrées par
exposée, dans les chapitres 63-g3,d’un point de vue athénien l ’inscription votive d’un quadrige de bronze, dont Hérodote
Ce sont d’ailleurs, comme on peut s’y attendre, des infor­ avait pu prendre copie ; des actes d’hostilité accomplis sur
mations recueillies à Athènes qui ont fourni presque toute la les côtes d’Attique, à l’instigation des Thébains, par les Égi-
matière de la digression athénienne. Nulle part aussi bien nètes (8 1 ,8g)’ ; des menées d’Hippias à Sardes auprès du
qu’à Athènes Hérodote n ’aurait pu apprendre ce qu’il dit de satrape Artaphernès, de la complaisance d’Artaphernès à son
Codros (65, 76), des Géphyréens12, de la conjuration de Kylon endroit, et du mécontentement qu’avaient ressenti les
(71), des ancêtres de Pisistrate (65), des guerres de Sigée (g4- Athéniens (g6).
g5), des opposants au gouvernement de Pisistrate, Miltiade Quelques-unes de ces informations ont été reconnues
(V I35) et autres (V 62), de la défaite des bannis près de inexactes ; ce n’est pas une raison pour mettre en doute leur
Leipsydrion (62), — défaite commémorée dans un skolion provenance athénienne ; car les Athéniens qui les ont fournies
fameux8,· du songe et du meurtre d’Hipparque (55-56); des à Hérodote pouvaient bien avoir eux-mêmes des idées fausses
libéralités et des intrigues des Alcméonides exilés (62-63)45; sur certains événements de leur propre histoire nationale2 ;
de l’insuccès d’Anchimolios, — dont on voyait le tombeau et il n’est pas exclu que, parfois, Hérodote ait imparfaitement
auprès du Kynosarge (63); de l’expulsion des tyrans (65); des retenu ce qu’on lui avait dit ou qu’il l’ait mal interprété.
réformes de Clisthène (66, 69) ; de la rivalité de Clisthène et L’image d’Athènes qui ressort des chapitres 5 5 -9 6 est telle,
d ’Isagoras (ibid.), — d’Isagoras que Cléomène vint d’autant dans son ensemble, que pouvaient aimer à se la figurer, à la
plus volontiers appuyer qu’il aurait eu pour cela, à en croire les voir et à la faire voir, des patriotes athéniens. Est-il besoin
mauvaises langues d’Athènes, des raisons toutes personnelles de dire qu’en y admirant l’heureuse influence de l’égalité
(70) ; des interventions répétées des Spartiates en faveur d’Isa­ politique (78), en faisant dépendre de l’expulsion des tyrans
goras et d’Hippias (72, ηά, go) ; de la déconfiture de Cléomène l’épanouissement de la prospérité et de la puissance
en 5o8 (72), — dont nous savons par Aristophane8combien le athéniennes (66, 78), Hérodote exprimait une opinion qui,
souvenir était vivace à Athènes ; des victoires remportées sur chez les concitoyens et contemporaine de Périclès, était l’o­
1. Par là s’expliquent en partie les invraisemblances dont cot
pinion orthodoxe, professée par les dirigeants, adoptée sans
exposé est émaillé : certaines ont pour cause une connaissance im­ réserve par la masse de la population ? Il reconnaît honnête­
parfaite des us et coutumes Spartiates ; ou bien la réalité est altérée ment que, déjà sous les Pisistratides, Athènes était une grande
dans une intention tendancieuse. cité3 ; mais il prétend, sans que l’on puisse savoir à quoi il
2 . Ch. 57 : ώς αυτοί λεγουσι. Les Géphyréens possédaient en
Attique des sanctuaires qui leur étaient particuliers ( 61) ; peutAtre 1. Et aussi, je pense, des circonstances dans lesquelles les Thébains
est-ce à propos d’un de ces sanctuaires, celui de Déméter Achaia ou avaient sollicité l’aide des Eginètes, c’est-à-dire de ce qui est rapporté
un autre, qu’Hérodote fut amené à s’enquérir auprès de quelque aux chapitres 79-80 ; Hérodote avait pu entendre conter tout cela
Géphyréen des origines et de l’histoire de son γένος. en se faisant expliquer, à Athènes, pourquoi ily avait sur l’agora un
3. Ά θ. Πολ., 19 ; Athénée, 695 f. téménos consacré à Éaque ( 89), et entendre parler de l’oracle qui
4. Ch. 63: ώς ών 8ή οί ’Αθηναίοι λέγουσι. La substitution, pro­ aurait conseillé aux Athéniens de différer leur vengeance.
posée par Schweighäuser, de Λακεδαιμο'νιοι à ’Αθηναίοι ne me paraît 2 . « En général », constate Thucydide (I 20), «les hommes se
pas devoir être acceptée. La fraudo qui consistait en la corruption de communiquent sans aucun contrôle le récit des faits passés, même de
la Pythie ayant été découverte ( 90), les Athéniens n’avaient pas à la ceux qui intéressent leur propre pays » ; et il cite comme exemple
nier ; et il pouvait leur plaire de publier que, pour décider les Spar­ une opinion courante à Athènes au v* siècle, qui considérait Hip-
tiates à contribuer à leur affranchissement, il avait fallu leur en faire parque comme le fils aîné et le successeur de Pisistrate, et Hippias,
donner l’ordre à Delphes, autrement dit leur forcer la main ; ce qui lequel avait été en réalité l’un et l’autre, comme le cadet et le suc­
diminuait singulièrement leur droit à de la gratitude. cesseur de son frère.
5. Lysistrala, 271 suiv. 3. Gh. 66 : Άθηναι, Ιοΰσαι καί ττρίν ρεγάλαι.
NOTICE 73
fait allusion, que, tant qu’ils furent soumis à des tyrans, les d’Athènes, — comme celles dont se moque Aristophane dans
Athéniens, délibérément, se conduisaient sans bravoure1 ; ce les Acharniens, — les autres partant de Sparte, — comme
qui pourrait bien être la transcription d ’un propos tenu celles auxquelles il est fait allusion chez Thucydide livre IV
devant Hérodote par un démocrate à tous crins, détracteur chapitre 5o‘, et dont le même Thucydide au livre II cha­
systématique de « l’ancien régime ». Dans les événements mi­ pitre 67 et Hérodote lui-même au livre VII chapitre 187
litaires et diplomatiques dont les chapitres 55-g6 contiennent nous font connaître un exemple. Qu’Hérodote, pour son
le récit, Athènes fait en général belle figure; un seul traitI.2 compte, ait réprouvé, déploré cette substitution de luttes
peut sembler choquant : qu’elle ait, la première entre les fratricides à la lutte en commun contre l’ennemi de l’hellé­
cités grecques, demandé contre d’autres Grecs l’assistance du nisme, cela est fort possible ; sa répugnance à préciser le but
Grand Roi (73). Mais, à l'époque où écrivait Hérodote, cela de l’ambassade de Callias2, le silence qu’il garde sur la nature
ne risquait plus de scandaliser, d’indigner, comme ç’eût été le de la mission d’Antéristos et de Nicolaos3, semblent en être des
cas à l’époque des Marathonomaques. L’ancienne solidarité preuves; mais autre chose était son sentiment personnel, autre
hellénique face à l’étranger n’existait plus; elle avait fait place chose l’opinion que tendait à faire prévaloir parmi les Athéniens
à des rivalités dont le Perse tirait avantage et qui amenaient la politique dePériclès. Ne prenant pas garde à la différence
les cités grecques à se disputer son appui. Si, en 457, Méga- des temps, beaucoup pouvaient bien ne rien voir de fâcheux
baze, envoyé par Artaxerxès, ne décida pas les Spartiates à dans la démarche faite jadis auprès d’Artaphernès ; et, en
tenter une invasion de l’A ttique34, c’est peut-être que, malgré rappelant cette démarche, Hérodote ne consignait pas une
ses largesses, il n’y mit pas le prix, ou bien que les Spartiates information qui fût à leurs yeux rétrospectivement injurieuse
virent un intérêt supérieur à laisser les Athéniens user leurs pour leur patrie, une information qui ne puisse être de prove­
forces en Égypte; le fait que, dès lors, le Grand Roi ait pu nance athénienne ; d’autant que la dite information présen­
espérer armer Sparte contre Athènes est par lui-même assez tait la démarche faite au temps de Clisthène sous le jour le
significatif. Hérodote n ’a pas vu Athènes alliée à la Perse, plus favorable : les Athéniens ne cherchent pas de l’aide pour
ce qui ne devait avoir lieu qu’au début du ive siècle, lors des attaquer autrui, mais pour se défendre contre une coalition
campagnes de 3g4-3ga ; mais il a assisté à l’évolution de la qui se forme autour d’eux et pour sauvegarder leur jeune
politique athénienne qui devait aboutir à ce renversement liberté ; et ils n ’hésitent pas à désavouer, en bons Hellènes,
des alliances. Il a connu l’ambassade de Callias (VII 151), les députés qui s’étaient montrés, de leur autorité privée, trop
envoyée à Suse vers 447 Pour y conclure, sinon un traité de dociles aux exigences du satrape.
paix définitif, du moins un modus vivendi qui, moyennant L’origine de certaines des informations reproduites au cours
certains abandons, dégagerait Athènes de toute inquiétude des chapitres 55-g6 est révélée par ce qui s’y laisse voir ou
du côté de l’Asie et lui laisserait les mains libres contre Sparte deviner des sentiments de l’informateur à l’endroit de telle
et la ligue péloponnésienne ; il a pu connaître d’autres ou telle cité grecque. Si, comme nous l’avons constaté, les
ambassades ayant l’allure de sollicitations*, les unes partant actes des Spartiates sont jugés, dans le livre V, du point de
I . Ch. 78 : κατε^όμενοι μ-àv Ιθελοχάκεον. παρεσκευάζοντο ώς πολεμήσοντες, παρεοκευάζοντο δε και οί Λακεδαι­
ï . De prime abord, le début du chapitre 8 a — ή δ; ϊ/βρη ή προο- μόνιοι... πρεσβείας χε μέλλοντες πέμπειν παρά βασιλέα καί άλλοτε είς
φειλομε'νη ές ’Αθηναίους έκ των Αίγινητέων έγένετο έξ άρχης τοιήσδε τους βαρβάρους, εϊ ποθέν τινα ώφελίαν ή'λπιζον έχάτεροι προσλήψεσΟαι.
— paraît annoncer un récit où la responsabilité initiale des conflits I. Dans les dépêches saisies en 4a5 sur le Perse Artaphernes, qui
entre Éginètes et Athéniens sera rejetée sur ceux-ci. Et, en effet, ce se rendait à Sparte, il était dit, de la part du Roi : où γιγνώσκειν S τι
sont les Athéniens qu’on montrera recourant les premiers à la force. βούλονται· πολλίδν γάρ έλθο'ντιον πρεσβέων ούδένα λεγειν ταυτά (IV 5ο).
Mais ils ne feront que mettre la force au service du droit. a. VII X5X: Ιτέρου πράγματος εί’νεκα.
3. Thuc., I 10g. 3. VII ι 37· Hérodote dit seulement : πεμφβέντες υπό Λακεδαι­
4. Thuc., II 7 (après le coup de main de Platées): οι ’Αθηναίοι μονίων δγγελοι ές την ’Ασίην. Thucydide est plus explicite.
74 LA RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE 75
vue athénien, c’est évidemment qu’Hérodote les rapportait dit des Éginètes. Toute la partie de son récit qui précède le
d’après les renseignements recueillis à Athènes. Pareille ob­ chapitre 86 est le fruit du contrôle qu’il exerça à Athènes.
servation peut être faite pour d’autres ennemis invétérés A la différence de ce qui se constate lorsque sont mis en
d’Athènes, les Éginètes. Au chapitre 8 r, lorsqu’Hérodote les cause Spartiates ou Éginètes, il peut sembler que le texte
montre unissant leurs rancunes à celles des Thébains, et d’Hérodote, là où il est question des Corinthiens, n ’est pas en
insultant les côtes de l’Attique, il note qu’ils se livrèrent à harmonie avec le sentiment athénien. L’occupation de Nau­
ces actes d’hostilité sans avoir déclaré la guerre1, c’est-à-dire pacte, de Mégare et de ses deux ports, Nisaiaet Pagai, en 4 5 g
traîtreusement. Aux chapitres suivants, le récit de l'affaire avait jeté Corinthe dans le camp des ennemis d’Athènes et
des statues de Damia et d’Auxésia est parsemé d’expressions créé entre les deux cités une « haine violente* ». Or, à deux
plus ou moins clairement réprobatrices : quand les Éginètes reprises, aux chapitres 75 et 92, les Corinthiens sont repré­
rompent les liens qui les unissaient à Ëpidaure, ils font preuve sentés modérant l’ardeur vindicative de Cléomène, épargnant
d^yva^oogv-q, et, dès qu’ils possèdent des vaisseaux, ils n’ont à l’Attique une invasion et le retour des tyrans, servant par
rien de plus pressé que de piller les Épidauriens ; l’enlèvement conséquent les intérêts d’Athènes ; et hommage est rendu
par eux des statues des déesses est nettement qualifié de vol expressément à leur esprit de justice2. N est-il pas impossible
(κλεφθεντων δέ τώνδε των αγαλμάτων); la brutale désinvolture de reconnaître dans ce rappel complaisant de bons offices3,
avec laquelle ils « envoient promener » les Athéniens (Ιφασαν dans cet hommage répété, l’écho d’une voix athénienne?
σφίσι τε καί Άθηναίοισι είναι ούδεν πρηγμα) contraste avec Je ne le pense pas. Entre 4 5 g et l’époque où Hérodote rédigea
1 attitude correcte des Épidauriens, démontrant posément le livre V, la « haine violente » dont parle Thucydide a pu ne
qu’ils ne doivent plus rien à Athènes, et avec la bonne foi pas être sans répit ; il a pu y avoir, dans le ciel des relations
des Athéniens, qui se rendent à leurs raisons. Ce n’est pas à attico-corinthiennes, des embellies. Nous savons qu’en 4 4 o , lors
Ëgine ni par des Éginètes qu’Hérodote entendit raconter les de la guerre de Samos, les Corinthiens intervinrent pour que
choses sur ce ton. Je crois très volontiers qu’il est allé à Ëgine, Sparte et la ligue péloponnésienne ne donnassent pas de secours
qu’il y a vu les statues « agenouillées » de Damia et d’Auxé­ aux Samiens révoltés*; on était alors probablement dans une
sia, qu’il a entendu raconter en face de ces statues la légende période de détente, une période qui pouvait avoir commencé
rapportée au chapitre 86, que des Eginètes célébrèrent devant dès la conclusion delà paix de trente ans, par laquelle Athènes,
lui la victoire que les Argiens, accourus au secours de leurs renonçant à Nisaia, à Pagai et à l’Achaïe5, avait apaisé le
pères, avaient remportée jadis sur les Athéniens, victoire si principal grief des Corinthiens. Les Athéniens purent, durant
complète qu’un seul Athénien y avait survécu, victoire que ces années, espérer le rétablissement de la a grande amitié »
commémoraient certains détails de la toilette des femmes
éginètes et argiennes, certains usages et certaines prescriptions il y aurait eu accord entre Argos et Égine, il se peut que 1 auteur
en vigueur dans le sanctuaire des déesses ; mais il dut s’infor­ ait cru les Éginètes sur parole quand ils lui affirmaient qu’à Argos
mer aussi de l’affaire des statues en dehors d’Égine, à Athènes on racontait les choses et les commémorait comme chez eux.
et peut-être à Argos2, pour contrôler ce que lui en avaient 1. Thuc., I io3 : Κορινθίοις μεν οόχ ήκιστα από τοΰδι τό σφοδρόν
μίσος ήρςατο πρώτον Ις ’Αθηναίους γενέσθαι.
2. Gh. : ... ΚορίνΟιοι μ'εν πρώτα σφίσι αυτοϊσι δόντες λόγον ώς οΰ
I. Πόλεμον ακήρυκτον Άθηναίοισι έπίφερον. ποιοϊεν τα δίκαια... ; 9a fin- '■Ουκων παόσεσθε αλλά πειρήσεσθε παρά
3 . Le témoignage des Argiens est invoqué au chapitre 87 ( ’Αργείο! τό δίκαιον κατάγοντες ‘Ιππίην ; "Ιστέ ΰμΐν Κορινθίους γε ου συναι-
μεν λεγουσι, précédé de : λέγεται μέν vuv ΰπ’ Άργείων τε χαΐ Αίγινητε'ων νΙοντας.
τάδε). Et, au chapitre suivant, signalant la dimension exceptionnelle 3. De bons offices dont il n’est point parlé chez Thucydide dans le
des agrafes que portaient Argiennes et femmes d’Égine, Hérodote dit discours du délégué corinthien (I 4o-4i)·
des unes et des autres : k’ti καί i; έμε έφόρεον, ce qui semble indiquer 4. Thuc., I. I.
qu’il l’avait constatée lui-même ici et là. Mais dans ces deux cas, où 5. Thuc., I n5.
7e LA REVOLTE DE L’IONIE NOTICE 77
qui avait existé jadis entre leur patrie et Corinthe1 ; et il put intention apologétique: le soin avec lequel est précisé que
être de bon ton, dans des cercles où Hérodote, présent alors Miltiade l’ancien n’accepta l’offre des Dolonces qu’avec l’assen­
en At tique12, aurait eu ses entrées, de rappeler des faits qui timent exprès de l’oracle de Delphes (ch. 36 : κελευουσης
encourageaient cet espoir. x*t τής Πυθίης) et devint tyran non par un coup de force
En somme, rien, dans l’exposé qui nous est donné au mais de par le vouloir des habitants (καί μιν οι έπαγαγόμενοι
livre V d’une période de l’histoire d’Athènes et de quelques τύραννον κατέστησαντο); l’affirmation qu’il ne pouvait souf­
épisodes plus anciens de cette histoire n’oblige — je dirais vo­ frir, malgré son opulence, de vivre dans sa patrie sous le
lontiers : n’autorise — à penser qu’Hérodote ait puisé, sans régime tyrannique et qu’avant même d’être sollicité par
le dire, à des sources d’information autres que des sources les Dolonces il songeait à s’expatrier (ch. 35 : οΤα ά/θο'μενον
athéniennes. Une seule fois, à propos d’événements apparte­ τή Πεισιστράτου αρχή και βουλομενον έκπο'Βων είναι) ; la façon
nant à un lointain passé (l’affaire des statues de Damia et dont le rapprochement qui s’opéra ensuite entre les Philaïdes
d’Auxésia), il a rapporté une version étrangère ; mais il ne l’a et les tyrans d’Athènes est présenté comme une manoeuvre
rapportée, en en signalant la provenance, qu’à titre de va­ hypocrite de ceux-ci, et le départ du second Miltiade pour
riante, auprès de la version qui avait cours à Athènes. devenir tyran de la Chersonèse comme une mission que les
C’est également à Athènes qu’il a obtenu, — en un seul Pisistratid.es lui auraient imposée, apparemment pour se
bloc, je pense, — les renseignements donnés au livre VI cha­ débarrasser de lui (ch. 3g : Μιλτιάδην... άποστέλλουσι τριήρεϊοί
pitres 36-4 ( sur la colonisation de la Chersonèse par Miltiade Πειαιστρατιοαι, οϊ μιν και έν Άθήνησι έποίευν ε υ , ώς ού συνειδότες
i ’ancien, les aventures de ses successeurs, les tribulations de δήθεν του πατρος αΰτοϋ τον θάνατον). C’est à la tradition
Miltiade le futur vainqueur de Marathon, sa fuite en 4g3 familiale des Philaïdes qu’Hérodote emprunta sans doute,
devant la flotte phénicienne qui opérait dans l’Hellespont, sa comme la matière du chapitre ι3γ du livre IV, celle des cha­
retraite en Attique. Un détail est, ici, nettement révélateur : pitres 34-41 du livre VI.
lorsque, nous dit-on, un fils de Miltiade tomba entre les Ce cas n ’est d’ailleurs pas le seul où l’on puisse indiquer la
mains des Phéniciens, ceux-ci le menèrent à Darius, persua­ provenance d’informations avec plus d’exactitude qu’en en
dés que le Roi leur saurait d’autant plus de gré de cette faisant simplement ressortir le caractère athénien. Au chapitre
capture, qu’autrefois, lors du conseil tenu par les Ioniens près 57, Hérodote dit en termes formels qu’une opinion sur l’ori­
du pont de 1’Istros, Miltiade avait été d’avis d’écouter les sug­ gine des Géphyréens, opinion qu’il rejette, était celle qu’ils
gestions des Scythes, de rompre le pont et de couper ainsi la professaient eux-mêmes (ώς αύτοι λέγουσι). Et, en plusieurs
retraite des Perses (IV 187). Nous avons dit ailleurs3 ce qu’il passages des chapitres que nous étudions, quelque trait per­
fallait penser de cette attitude attribuée à Miltiade : elle fut met de reconnaître que, dans la circonstance, l’auteur a
imaginée pour sa défense lorsqu’il se trouva, à Athènes, en présenté les choses comme, probablement, elles étaient pré­
butte à une accusation de tyrannie; et elle continua, par la sentées chez les Alcméonides. Ainsi, au chapitre 62, le soin
suite, à être affirmée dans les cercles où sa mémoire était parti­ qu’il prend de souligner que les Alcméonides étaient de pure
culièrement révérée. D’autres traits laissent apercevoir la même race athénienne (γένος έόντες ’Αθηναίοι), — par opposition,
cela est sous-entendu, à d’autres grandes familles qui étaient
1. VI 89 : 0' 8è Κορίνθιοι, ήσαν γάρ σφι (Άθηναίοισι) τούτον τόν en Attique des familles d’immigrés1. Les Alcméonides eux-
χρονον (vers 488) φίλοι ές τα μάλιστα... mêmes, d’après une tradition2, tiraient leur origine de
2 . Dans les années qui précédèrent son départ pour Thourioi (cf. Pylos, et ils avaient pu, à un moment donné, se glorifier de
Introduction, p. 3o suiv.) ; et de nouveau, peut-être, un peu plus tard
(ièid., p. 33-37). 1. Les Pisistratides (65), la famille d’Isagoras ( 66), pour ne citer
3. Dans la notice préliminaire de la section précédente (2κυθικοί que de> familles avec qui les Alcméonides avaient été en conflit.
λογοι), p. 24 · 2 . Pausanias, II 18 g.
V. 7
78 LA RÉVOLTE DE L’IONIË NOTICE 79
descendre de Nestor; mais lorsqu’il fut à la mode, à Athènes, un hommage éclatant est rendu à ses réformes démocratiques,
de prétendre à la qualité d’autochtones, ils purent trouver desquelles Hérodote fait da ter l’essor delà grandeur athénienne
avantage à se donner pour de vrais fils du sol. L’intention (78), tandis que, dans toutes les Histoires, il n’a pas trouvé
tendancieuse ne parait guère contestable, au chapitre 71, dans l’occasion, — qu’il aurait bien fait naître s’il l’eût voulu, —
ce qui est dit de la conjuration de Kylon. L’opinion unanime de dire un mot de l’œuvre législative et sociale de Solon1.
considérait les Alcméonides comme les auteurs du massacre Dans le récit donné au livre V des luttes entre Isagoras et Clis­
des conjurés; Hérodote, sans aller contre, s’exprime de telle thène, la cause de ce dernier est identifiée avec celle de la
sorte, que, si l’on n’était renseigné que par lui, on pourrait classe populaire; c’est contre l’ordre nouveau créé par ses
se demander si l’accusation était fondée1. Toujours d’après réformes que se produit l’intervention de Cléomène2 ;
l’opinion commune, les Alcméonides s’étaient rendus coupa­ en face de cette intervention, Clisthène s’efface de
bles, en même temps que d’assassinats perpétrés dans des son plein g ré3, laissant le peuple d’Athènes libre de choisir
conditions sacrilèges, d’une odieuse traîtrise ; car, parmi les ses destins ; et il ne reparaît que rappelé par lui4, en même
«neuf archontes » qui avaient, selon ThucydideI.2, promis la temps que les bannis, dont le nombre extraordinairement
vie sauve aux complices de Kylon, et à la tête du collège, élevé, — sept cents familles 1— prouve à quel point le gou­
figurait un des leurs, Mégaclès3; chez Hérodote, la promesse vernement d’Isagoras répugnait à ses compatriotes. Qui sait
de vie sauve est faite par les « prytanes des naucrares », avec si, dans la réalité, les choses s’étaient passées tout à fait de
qui les Alcméonides ne semblent avoir rien de commun. Aux cette manièreB?
Alcméonides, à Clisthène en particulier, est reconnu le mé­ C’est à propos des informations émanant de grandes
rite d’avoir contribué plus que personne, — par quels moyens, familles athéniennes qu’on peut le mieux se demander si
peu importe ; la fin justifie les moyens, — à l’expulsion des Hérodote historien d’Athènes a disposé de documents écrits.
Pisistratides (62-63, 66; cf. VI ia3). Une phrase du chapitre Il est vraisemblable que, dans ces grandes familles, on ne s’en
69 signifie peut-être qu’avant Clisthène le démos, à Athènes, remettait pas à la seule mémoire des générations successives
était exclu de tous droits4, ou que tous (c’est à dire tousles de conserver le souvenir des fastes domestiques, qu’on y avait
chefs de partis) le tenaient à l’écart5, ce qui ferait apparaître des archives, — des archives que, peut-être, Hérodote fut
l’Alcméonide comme un vrai « père du peuple » ; on tout cas,
1. To « the'father of history » Solon is the sage and the mora­
I. 71 fin. : φονεΰσαιαυτούς αίτίη 'έχει Άλκμεωνίδας.
οε list rather than the legislator and statesman. It is just possible that
a. I 126 : άναστήσαντες δέ αυτούς οί των ’Αθηναίων επιτετραμμένοι the political work of Solon was underestimated in the Athenian
τήν φυλακήν (il a été dit plus haut que c’étaient les neuf archontes).., sources from which Herodotus mainly drew (Macan, Herodotus
Ιφ’ ω μηδέν κακόν ποιήσουσιν, άπαγαγο'ντες άπέκτειναν. Books IV-VI, t. II, p. 129).
3. Ceux que Thucydide appelle « les neuf archontes » sont appelés 2 . Dans ΓΑΘηναίων Πολιτεία ch. a i, l’auteur, qui suit pour le
dans un fragment de l ’epitome d’Héracleidès (en tête de Γ’.ΑΘηναίων reste Hérodote, précise que les réformes constitutionnelles de Clisthène
Πολιτεία éd. Blass, fr. g) οί περί Μεγακλέα, et, chez Plutarque n’entrèrent en vigueur que postérieurement à cette intervention, la
(Solon, 12), Μεγακλής ό αρχών καί οί συνάρχοντες. Dans le récit de quatrième année après le renversement des tyrans ; ce qui est à coup
Plutarque, c’est même Mégaclès personnellement qui aurait décidé sûr plus vraisemblable.
les suppliants à quitter leur refuge : τους συνωμότας τοΰ Κΰλωνος ικε­ 3. Ch. 72 : αυτός ΰπεξέσχε.
τεύοντας τήν Θεόν Μεγακλής ό αρχών έπί δίκη κατελθεΐν έπεισε/. 4. Ch. 73 : Κλεισθε'νεα... μεταπεμψάμενοι.
0· Si on lit πρότερον απωσμένον πάντων, τότε κτλ. ; auquel cas 5. Si Clisthène fut compromis dans l’affaire rapportée au cha­
Hérodote dirait de l’état politique antérieur à Clisthène ce qui est dit pitre 73 , ce pourrait être à l’instigation d’un informateur du clan des
dans 1”Αθηναίων Πολιτεία ch. 2 de l’état antérieur à Dracon : ουδενός Alcméonides qu’Hérodote ne le met pas en cause personnellement
γάρ ώς είπείν ετύγχανον (οί πολλοί) μετεχοντες. ( ’Αθηναίοι ... συμμαχίην βουλόμενοι ποιήσασθαι ποός ΓΙέρσας)et garde'
5. Si on lit προ'τερον άπωσμένον ύπό πάντων. le silence sur la dernière partie de sa carrière.
NOTICE I

admis à consulter. Mais qu’il ait été, sur le contenu de telles das archives familiales dont nous parlions plus haut, et appa­
archives, renseigné de vive voix ou par la lecture des pièces rentés avec elles, les seuls documents écrits dont il ait pu
mêmes, cela ne change rien ni quant à la nature des sources disposer sont, — pour des temps légendaires ou semi-légen­
où il puisa ni quant à la façon dont ce qu’il y puisait a été daires, — des traités généalogiques.
utilisé par lui dans la rédaction de son oeuvre. Il serait de Trois morceaux, dont le rattachement au contexte narratif
tout autre importance de constater qu’il ait eu à sa disposi­ est particulièrement lâche, sont restés en dehors de l’examen
tion un ouvrage antérieur traitant de la période de l’histoire qui précède : les considérations sur l’origine de l’alphabet
d’Athènes dont il est parlé au livre V. Mais ce n’est pas là ionien (58-6i), le rappel d’actions mémorables de Clisthène
une constatation que l’on soit en risque de faire ; car il est le Sicyonien (67-68), l’histoire de Rypsélos et de Périandre(g2).
hors de la vraisemblance qu’à l’époque d’Hérodote un pareil Le premier de ces développements aboutit à la transcription
ouvrage ait existé ; si, dans les cités grecques d’Asie, au commentée de dédicaces en caractères archaïques que l ’auteur
contact de peuples orientaux qui avaient la pratique des an­ dit avoir lues dans un sanctuaire de Thèbes, gravées sur des
nales, l’historiographie avait déjà fait son apparition, à peine trépieds très anciens. C’est, je pense, de la visite qu’il fit à
naissait-elle alors dans la Grèce propre. Les chapitres du livre ce sanctuaire que lui est venue l’idée première de cette sorte
V consacrés à l’histoire d’Athènes sont à peu près vides de de dissertation; les boniments d’un cicerone local,— qu’il
précisions chronologiques ; on y cherche en vain le nom d’un ne reproduit pas sans réserves1, — lui en fournirent le point
magistrat éponyme, la date d’une victoire olympique; une de départ; et il saisit volontiers l’occasion, — après avoir
seule fois, au chapitre 65, où il est dit que Pisistrate et Hippias donné « le résultat de ses recherches sur l’origine des Géphy-
gouvernèrent Athènes pendant trente-six années, la durée réensi.2 », — de donner aussi sur les débuts de l’écriture en
d’un laps de temps est indiquée; ailleurs, à propos des Grèce, rectifiant peut-être ou complétant ce qu’en avait dit
guerres de Sigée, Hérodote se contente de dire qu'elles du­ un écrivain plus ancien, son opinion personnelle3.
rèrent longtemps (94 ■έπΐ χρόνον συχνόν), et nous en sommes De l’histoire de Rypsélos et des paragraphes consacrés à
réduits, pour nous faire une idée de leurs dates, aux conjec­ Périandre, j ’ai dit par anticipation, dans la notice d’une
tures que permettent les noms, qui y sont associe's, d’Alcée et autre section*, quelle fut à mon avis la genèse. Sur Périandre,
de Périandre. Les événements contés aux chapitres 82 et dont les Samiens, dans une circonstance mémorable, avaient
suivants, d’où serait née, nous dit-on, l’animosité d’Égine traversé les desseins (III 48), qui avait été étroitement lié
contre Athènes, sont laissés par l’auteur dans la pénombre avec Thrasybule de Milet (I 20), qui avait eu à sa cour Arion
d’un incertain passé, d’où la critique moderne a grand’peine de Lesbos (I a4), qui avait fait fonction d’arbitre lors d’un
à les faire sortir1. De la conjuration de Kylon, il est dit seu­ conflit entre Athènes et Mytilène (V g5), il courait chez les
lement quelle avait eu lieu avant l’âge de Pisistrate (71 : ταυτα Grecs d’Asie des anecdotes dont Hérodote dut avoir connais­
7tpà τής Πεισιστροίτου ήλικίης έγόνετο). Pour les événements sance avant d’être venu en Grèce d’Europe ; du nombre est
moins anciens n’est indiqué d’ordinaire, par un μετά δέ ou un celle qui le met ici, de nouveau, en relation avec le tyran de
μετά τα3τα (64, 66, 73, 79), que l’ordre de leur succession, Milet (92 ζ)”’ ; le reste, comme l’histoire de Périandre et Ly­
sans que soit donnée la mesure de l’intervalle qui les avait cophron au livre III, doit être la reproduction de récits que
séparés. Cette imprécision pourrait suffire à elle seule pour
infirmer, s’il en était besoin, l’hypothèse qu’Hérodote histo­ 1. Ch. 5 9 : ... εϊη αν...; 6o : ...αν εΐ'η ... ; ei δή ουτός γε Ιστί 6
rien d'Athènes au livre V ait consulté des annales. En dehors άναθεις χτλ.
2 . Ch. 57 : όις δε έγώ άναπυνΟανόμενος εδρίσχω.
i. Gf. Macan, Herodotus Books IV-VI, t. II, p. io5 euiv. ; Dun- 3. Ch. 58 : ... γράμματα ούχ έόντα πριν Έλλησι ώς Ιμοι βοχίειν.
babin, Έχβρη παλαιή, dans 1’Annual o f the British School at Athens, 4. T. III, ρ. 36.
XXXVII (igio), p. 83 suiv. 5. Voir la note ad I.
83 LA RÉVOLTE DE L’IONIE NOTICE 83

firent à notre auteur, plus tard, des Corinthiens. Précisément cisément à l’éloge du personnage n’a pas de quoi surprendre :
parce que Périandre était d’avance, pour lui, un personnage les Sicyoniens du v* siècle n’avaient pas de raison pour vé­
connu, célèbre, il était naturel que, venu au pays où ce tyran nérer la mémoire d’un tyran du vi*. Ce ne sont pas eux qui
fameux avait régné, Hérodote cherchât à en savoir sur lui donnèrent à Hérodote l’idée de présenter leur compatriote
le plus possible ; — quelques mots des chapitres a3 et a4 du comme le modèle de l’homme d’Etat athénien ; cette hypo­
livre I nous prouvent qu’il ne dédaigna pas de contrôler à thèse, — car l’idée est nettement exprimée sous forme hypo­
Corinthe même l’exactitude d’un récit qu’il avait pu entendre thétique1, — est une hypothèse de l’auteur, que, peut-être,
déjà à Lesbos1; — et le portrait que trace de Périandre Soclès lui suggéra surtout le désir de rattacher à l’histoire d’Athènes
est bien tel qu’il devait survivre dans la tradition populaire, les chapitres sicyoniens2.
en un lieu où sa mémoire était exécrée, en un temps où il fut
peut-être, en raison de ses crimes, exclu temporairement du I. Ch. 67 et 69 : δοχέειν έμοί.
collège des Sept Sagesa. L’histoire de Kypsélos, préface de celle 3 . En supposant que Clisthène, lorsqu’il supprima les quatre
de son fils, est due évidemment aux mêmes informateurs. anciennes tribus, voulut manifester parlé du dédain pour les Ioniens,
Clisthène, tyran de Sicyone, avait été en son temps un Hérodote prêtait au réformateur un sentiment qu’il éprouvait lui-
seigneur d’importance ; sa renommée, toutefois n’avait pas même. Mais, à l’époque où il vivait à Athènes, ce sentiment n’y était
dû se répandre, comme celle de Périandre, chez les Grecs pas inconnu ; il se peut qu’Hérodote ait entendu quelque Athénien
d’Asie, avec qui il ne semble pas qu’il ait entretenu des rela­ l’attribuer déjà à Clisthène.
tions ; et, aussi longtemps qu’Hérodote vécut à Samos ou à
Halicarnasse, il ne fut sans doute pas curieux de son histoire.
Mais on conçoit aisément qu’à Athènes cette curiosité lui soit
venue ; car il y fréquenta dans le clan des Alcméonides, et le
mariage de Mégaclès avec la fille du seigneur de Sicyone, qui
n’avait pu manquer de rehausser le lustre de la maison, était
un épisode des annales familiales qu’il y entendit certaine­
ment raconter3. Hérodote est allé à Sicyone; — les termes
en lesquels il parle du monument d’Adraste : « il y avait, et il
y a, sur la place même de Sicyone une chapelle d’Adraste* »,
en fournissent la preuve; — là, il chercha à se documenter
sur l’aïeul et homonyme du Clisthène d’Athènes ; les chapitres
67-68 contiennent ce qu’il apprit5. Que cela ne soit pas pré-

I. I a3 : Τώ δή λίγουσι Κορίνθιοι (όμολογοΰσι 81 αφι Λέσβιοι) χτλ. ;


a i : Ταϋτα μεν vuv Κορίνθιοί τε χαΐ Λέσβιοι λέγουσι.
a. T. III, ρ. 36, note.
3. Hérodote l’a signalé lui-même en introduisant son récit par ces
mots : Κλεισθένης μιν"(1β maison des Alcméonides) ό Σιχυώνιος τύραν­
νος έξήρε, ώστε πολλφ όνομαστοτερην γενέσθαι έν τοΐσι Έλλησι η προ-
τερον ην (VI ia 6).
4. Ch. 67 . Ήριόιον γάρ ην χαί Ιστι έν aüxîj τί| άγορη των Σοωωνίων
Άδραστου.
5. Une bonne part lui en fut probablement fournie à l’occasion de
la chapelle d’Adraste dont il signale l’existence.
28 Ensuite, pendant un temps qui ne fut pas long1, les cala­ Μετά δέ ού πολλόν χρόνον άνεσις κακΩν ήν, καί ήρχετο 28
mités firent relâcheI.2; puis, de nouvelles misères, venant de τδ δεύτερον έκ Νάξου τε καί Μιλήτου ”Ιωσι γίνεσθαι
Naxos et de Milet, commencèrent pour les Ioniens3. Naxos, κακά. ΤοΟτο μέν γάρ ή Νάξος εύδαιμονίη τΩν νήσων
par son opulence, tenait le premier rang parmi les îles ; et,
προέφερε, τοΟτο δέ κατά τδν αύτόν χρόνον ή Μίλητος
en ces mêmes années, Milet avait atteint le plus haut point
αύτή τε Ιωυτής μάλιστα δή τότε άκμάσασα καί δή καί τή ς 5
de sa prospérité, ce qui en faisait aussi à cette époque la pa­
rure de l’Ionie ; auparavant '%durant l’espace de deux généra­ ΊωνΙης ήν πρόσχημα, κατύπερθε δέ τούτων έπΐ δύο γενεάς
tions, elle avait souffert de dissensions, jusqu’à ce que les άνδρΩν νοσήσασα ές τά μάλιστα στάσι, μέχρι οδ μιν
Pariens y eussent rétabli l’ordre. Car ce sont eux que les gens Πάριοι κατήρτισαν. Τούτους γάρ καταρτιστήρας έκ πάντων
de Milet avaient, entre tous les Grecs, choisis pour cet office. Ελλήνων εΐλοντο οί Μιλήσιοι. Κατήλλαξαν δέ σφεας ώδε 29
29 Les Pariens avaient opéré la réconciliation des Milésiens de οί Πάριοι. 'Ω ς άπίκοντο αύτΩν άνδρες οί άριστοι Ι ς τήν
la façon suivante. Lorsque leurs députés, qui étaient les plus Μίλητον, Ωρών γάρ δή σφεας δεινως οίκοφθορη μένους,
distingués d’entre eux, furent arrivés à Milet, voyant l ’état de ϋφασαν αύτΩν βούλεσθαι διεξελθεΐν τήν χώρην ποιεΟντες
ruine économique déplorable des Milésiens, ils déclarèrent δέ ταΟτα καί διεξιόντες πδσαν τήν Μιλησίην, 8κως τινά 5
qu’ils voulaient visiter le territoire ; et, au cours de cette
ΐδοιεν (εν) άνεστηκυίη τή χώρη άγρδν εδ έξεργασμένον,
visite qui s’étendait à tout le pays de Milet, chaque fois que,
άπεγράφοντο τδ οδνομα τοΟ δεσπότεω τοΟ άγροΟ. Διεξε-
dans la campagne dévastée, ils voyaient un champ bien cultivé,

I. Vague. Si Hérodote disposa de documents en forme d’annales, 28 I άνεσις de la Barre : ανεως codd. pi. : «νιος G || 3 ή AGPD :
il dédaigna d’en reproduire la précision. ην BUSY y Νάξος codd. pi. : Νάξιος Α Φ άξιος Β || 4 αύτόν om.
a. ’Άνεσις (— χατάπαυσις, Hésych.) est une des lectures proposées DUSV H6 τούτων ABGP : -Ιων DUSV || η στάσι ABC : -σει ce». ||
au lieu de ce que donnent les manuscrits, une autre étant άνανίωσις. μίχρι codd. pi. : -ις DU(?)V || 8 χατήρτισαν ABGP : -σαντο DUSV ||
Mais pourrait-on parler d’un « renouvellement » des misères sans γάρ codd. pi. : δε GP || πάντων codd. pi. : πάντων των Ρ.
avoir dit qu’elles avaient fait relâche ? Μετά est un adverbe, où 29 a οί om. ABGP || οί ABC : om. cett. || 3 ώρων codd. pi. :
πολλόν χρόνον un accusatif de durée. -ίων G -εον P || δή om. DUSV || 4 «ύτών ΑΒΡ : -τίων DUSV -τόν G ||
3. Les Ioniens n’avaient pas souffert, semble-t-il, des représailles ποιιΰντες codd. pi. -έντες V || 5 διεξιόντες ABCP : διεξελθόντες DUSV
d’Otanès. Mais Hérodote comprend souvent sous leur nom d’autres II πάσαν τήν Μιλ. ABGP : τήν Μιλ. π. DUSV || 6 (έν) add. Reiske ||
Grecs asiatiques qui avaient lié partie avec eux et partagé leur sort. 7 άπεγράφοντο nescio quis primus : -φίατο codd. || τό ούνομα ABC :
4- Κατύπερβε τούτων. A une époque indéterminée. τοδν- cett. (I to3 (ante βεσπ.) om. DUSV || δεσπότεω codd. pi. : -τεα D.
V 29 TERPSICHORE 85 85 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 29
ils mettaient en écrit 1« nom du propriétaire de ce champ. λάσαντες δέ πβσαν τήυ χώρην καί σπανίους εύρόυτες
Après avoir parcouru le territoire entier, et n’y avoir trouvé τούτους, ώς τάχιστα κατέβησαν ές τό Αστυ, Αλίην ποιησά-
qu’un petit nombre de champs en cet état, aussitôt retournés μενοι Απέδεξαν τούτους μέν τήυ πόλιν υέμειν τδν εδρον
à la ville, ils convoquèrent une assemblée et désignèrent pour τούς Αγρούς εδ έξεργασμένους1 δοκέειν γΑρ Ιφασαν καί ίο
administrer l’état ceux dont ils avaient trouvé les champs τδν δημοσίων οδτω δή σφεας έπιμελήσεσθαι ώσπερ τδν
bien cultivés ; car, dirent-ils, ils pensaient que ces hommes
αφετέρου1 τούς δέ Αλλους Μιλησίους τούς πρίν στασιά­
prendraient autant de soin des affaires publiques que des
ζοντας τούτων έταξαν πείθεσθαι.
leurs propres ; et ils ordonnèrent que les autres Milésiens,
précédemment en proie aux dissensions, obéiraient à ceux-là. Πάριοι μέν νυν Μιλησίους οδτω κατήρτισαν- τότε δέ έκ 30
30 Les Pariens, donc, avaient rétabli de la sorte l ’ordre chez τουτέων τδν πολίων ώδε ήρχετο κακά γίνεσθαι τή Ίωυίη.
les Milésiens1; et voici comment, des cités que j ’ai dites, na­ Έ κ Νάξου Ιφυγον Ανδρες τδν παχέων ΰπύ τοΟ δήμου,
quirent alors des maux pour l’Ionie. Des hommes du parti des φυγόντες δέ άπίκοντο ές Μίλητον. Τής δέ Μιλήτου
gros2 avaient été exilés de Naxos parle peuple ; exilés, ils se έτύγχανε έπίτροπος έών Άριστα γύρης δ Μολπαγόρεω, 5
rendirent à Milet. Milet se trouvait avoir pour gouverneur8 γαμβρός τε έων καί Ανεψιός Ίστιαίου τοΟ Λυσαγόρεω, τόν δ
Aristagoras fils de Molpagoras, gendre et cousin d’Histiée fils Δαρεΐος έν Σούσοισι κατείχε1 δ γάρ Ίστιαίος τύραννος ήυ
de Lysagoras, que Darius retenait à Suse; car* c’était Histiée Μιλήτου καί έτύγχανε τούτον τόν χρόνον έών έν Σούσοισι,
qui était tyran de Milet et il se trouvait à Suse à cette époque, βτε οΐ Νάξιοι ήλθον, ξεΐνοι πρίν εόντες'τδ Ίστιαίω. Ά π ι-
quand vinrent les Naxiens, qui dès auparavant étaient ses
κόμενοι δέ οί Νάξιοι Ι ς τήν Μίλητον έδέοντο τοΟ Άριστα- ίο
hôtes. Arrivés à Milet, les Naxiens adressèrent leur requête à
γόρεω, εΐ κως αύτοΐσι παράσχοι δύναμίν τιυα καί κατέλθοιεν
Aristagoras, lui demandant s’il voudrait bien leur fournir
ές τήν έωυτδν. Ό δέ έπιλεξάμενος ώς, ήν δι’ αύτοΟ
des troupes avec lesquelles ils rentreraient chez eux. Lui,
ayant réfléchi que, si grâce à son aide ils rentraient au pays, κατέλθωσι ές τήν πόλιν, Αρξει τή ς Νάξου, σκήψιν δέ
il serait maître de Naxos5, et prenant pour prétexte le lien ποιεύμενος 'τήν ξεινίην τήυ Ίστιαίου, τόυδε σφι λόγον
d’hospitalité qui les unissait à Histiée, leur tint ce langage : προσέφερε1 « Αυτός μέν ΰμΐν ού φερέγγυός είμι δύναμιν ι5
« Je ne puis m’engager à vous fournir moi-même des forces παρασχείν τοσαύτην ώστε κατάγειν Αεκόντων τδν τήν
suffisantes pour vous ramener à Naxos contre le gré de ceux πόλιν έχόντων Ναξίων· πυνθάνομαι γάρ δκτακισχιλίην
Ασπίδα Ναξίοισι εΐυαι καί πλοία μακρά πολλά1 μηχανή-
1. Il est douteux que les Pariens aient opéré comme le dit Héro­ σομαι δέ πδσαν σπουδήν ποιεύμενος. Έπινοέω δέ τήδε.
dote. Mais l’appel fait par les Milésiens à des arbitres ou réformateurs
venant d’une autre cité, et leur soumission aux sentences de ces
étrangers peuvent être des faits historiques, dont des similaires sont 30 I Μιλ. οίίτω ABC : οίίτω Μιλ. cett. || 3 έχ Νάξου Εφυγον
bien connus (p. ex. IV i 6 i ). ανδρες των παχέων codd. : Εφ. α. των π. έκ N. Suidas s. ν. παχεϊς ||
2 . Των παχέων. Du parti des riches, du popolo grasso. 6 & om. ABC y 8 Μιλήτου ABCP : τής Μ. DUSV || ι ι αύτοϊσι
3. ’Επίτροπος. A qui Histiée en avait confié le gouvernement. ABGPS : -οΐς DUV [| ίο αύτοϋ ABC Suidas s. ν. έπιλεξάμενος :
é. L’absence du tyran explique qu’il y ait eu un έπίτροπος ; le fait έαυτοΰ Ρ εωυτοΰ cett. || ι3 κατέλθωσι codd. : χατ. οί φυγάδες Suidas
que ce tyran ait été Histiée, parent d’Àristagoras, explique que les II ι4 ξεινίην codd. pi. : ξενίην V || τήν PDIJV : τοϋ S om. ABC
fonctions d’επίτροπος aient été dévolues k celui-ci. II λόγον PDUSV : τόν λ. ABC || ι5 προσέφερε ABGP : προίφερε(ν)
5. Où, sous couleur de ramener des bannis, il établirait l’autorité DUSV II ι 6 παρασχείν τοσαύτην ABC Suidas s. y . φερέγγυος : τοσ.
du Roi, en récompense de quçi il recevrait le gouvernement de Plie, παρ. cett. || ι 8 ασπίδα codd. pi. : -δων V1 || ig Sè om. V.
V 30 TERPSICHORE S6 86 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 30
qui tiennent la cité, car j ’entends dire que les Naxiens ont Άρταφρένης pot τυγχάνει Ιών φίλος’ δ Si Άρταφρένης so
huit mille hommes pesamment armés et des vaisseaux longs en ΰμΐν Ύστάσπεος μέν έστι ποιίς, Δαρείου δέ τοΟ ήασιλέος
grand nombre; mais j'aviserai avec toute ma bonne volonté. άδελφεός, τΩν δ’ έπιθαλασσίων τΩν Ιν τή ΆσΙη άρχει
Et voici le moyen à quoi je songe. Artaphernès est mon ami ; πάντων, Ιχων στρατιήν τεπολλήν καί πολλάς νέας. ΤοΟτον
et Artaphernès, sachez-le, est fils d’Hystaspe, frère du Roi δν δοκέω τδν άνδρα ποιήσειν τΩν Sv χρηίζωμεν. » ΤαΟτα
Darius ; il a sous son autorité tous les pays maritimes d’Asie1, άκούσαντες ol Νάξιοι προσέθεσαν τΩ Άρισταγόρη πρήσσειν a5
il dispose d’une armée considérable et de beaucoup de vais­ tfj δύναιτο άριστα καί ύπίσχεσθαι δΩρα έκέλευον καί δαπά­
seaux I.2. Je pense que, lui, fera ce que nous pourrons désirer. »
νην τή στρατιή Ως αυτοί διαλύσοντες, Ιλπίδας πολλάς
Entendant ce langage, les Naxiens chargèrent Aristagoras de
Ιχοντες, 8ταν έπιφανέωσι ές τήν Νάξον, πάντα ποιήσειν
manœuvrer de son mieux ; ils l’engagèrent à promettre des
cadeaux et l’entretien des troupes, dont eux-mêmes feraient τούς Ναξίους τά Sv αύτοί κελεύωσι, Ως δέ καΐτούς άλλους
les frais, car ils avaient bon espoir que, lorsqu’ils paraîtraient νησιώτας. ΤΩν γάρ νήσων τουτέων τΩν Κυκλάδων οάδεμία 3ο
à Naxos, la population ferait tout ce qu'ils ordonneraient ; κω ήν ΰπδ Δαρείφ.
et, de même, celle des autres îles. Des îles en question, des Άπικάμενος δέ δ Άρισταγάρης ές τάς Σάρδις λέγει πρδς 31
Cyclades, aucune en effet n’était encore sous les lois de τύν Άρταφρένεα ώς Νάξος εϊη νήσος μεγάθεΐ μέν oö
Darius. μεγάλη άλλως δέ καλή τε καί άγαθή καί άγχοΟ Ίωνίης,
31 Aristagoras se rendit à Sardes, il exposa à Artaphernès χρήματα δέ Ινι πολλά καί άνδράποδα. « Σύ δν έπΐ ταύτην
que Naxos était une île d’une étendue restreinte, mais τήν χώρην στρατηλάτεε, κατάγων ές αύτήν τούς φυγάδας 5
d’ailleurs belle et fertile, voisine de l’Ionie, et renfermant έξ αύτής. Καί τοι ταΟτα ποιήσαντι τοΟτο μέν έστι
beaucoup de biens et d’esclaves. « Envoie donc contre ce pays
έτοιμα παρ’ έμοί χρήματα μεγάλα πάρεξ τΩν άναισιμω-
une armée, ramènes-y les exilés qui en viennent. Si tu le
μάτων τή στρατιή (ταΟτα μέν γάρ δίκαιον ήμέας τούς
fais, j ’ai entre les mains pour toi des sommes importantes
en dehors des fonds nécessaires à l’expédition (car, pour ces άγοντας παρέχειν Ιστί), τοΟτο δέ νήσους βασιλέΐ .
fonds, il est juste qu’ils soient fournis par nous, qui menons προσκτήσεαι αύτήν τε Νάξον καί τάς έκ ταύτης ήρτη- ίο
l’entreprise) ; et tu joindras aux possessions du Roi des îles, μένας, Πάρον καί “Ανδρον καί άλλας τάς Κυκλάδας
Naxos même et celles qui en dépendent3, Paros, Andros et
d’autres, qu’on appelle les Cyclades. Partant de là, tu 30 ίο Άρταφρένης ABCPD1 : -φερνής D2USV || ι ι ΰμϊν ABC : om·
cett. II 'Υστάσπεος ABGP2 : -πεω P'DUSV || βασιλέας oodd. pi. :
I . Il était satrape de Çparda, c’est-à-dire d’Ionie et de Lydie ; -έως A || a3 τε om. S || xai codd. pi. : τε καί USV || a4 χρηίζωμεν
cf. ci-dessus, p. 3s, n. a. codd. pi. : -ζομεν UV || l 6 τή nescio quis primus : η codd. j| ύπίσχεσ-
a. Il ne pouvait sans doute donner des ordres à des chefs militaires θαι ABCP : ύποσχέσθαι DUSV.
investis de commandements autonomes et chargés de missions déter­ 31 3 εϊη codd. pi. : tf V ή S || νήσος om. ABC || μέν om. C
minées comme avaient été Megabaze et Otanès, comme seront II 3 δέ om. UV y 4 svt ABC : έχει cett. || 6 έξ αυτής codd. pi. :
Daurisès et ses collègues (ch. i i 6 ) ; mais, en qualité de satrape, il έξ αυτών C. An αυτών ? || τοι ταϋτα codd. pi. : τοιαϋτα D || 7 έτοιμα
pouvait, avec l’assentiment royal, lever des troupes dans son gouver­ codd. pi. : έτοιμα CP || χρήματα μεγ. ABGP : μ«γ· χρ- DUSV ||
nement et disposer des contingents qui y étaient cantonnés. μεγάλα codd. pi. : μέγα SV || άναισιμωμάτων codd. pi. : -μωτάτων
3. A en croire tout au moins Aristagoras, Naxos exerçait alors CDV K 8 δίκαιον ABC : -καια cett. || 9 έστι om. PDUSV. An post
l’hégémonie sur une partie des Cyclades. Sa conquête représenterait δίκαιον transferendum ? || g-io βασιλέϊ προσκτ. ABC : προσκτ. βασ.
donc un réel accroissement de puissance. cett. II -κτήσεαι codd. pi. : -κτήσαιε UV.
V 3l TERPSICHORE 87 87 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 34
attaqueras aisément l’Eubée, qui est une île vaste et riche) καλεαμένας, ΈνθεΟτεν SA δρμώμενος εύπετέως έπιθήσεάι
non moins étendue que Cypre1 et très facile à prendre®. Εόδοίη, νήσφ μεγάλη τε καί εύδαίμονι, ούκ έλάσσονι
Cent vaisseaux suffisent pour s’emparer de toutes ces îles. » Κόπρου καί κάρτα εύπετέΐ αίρεθήναι. Άποχρώσι SA Ακατόν
Artaphernes répondit en ces termes : « Tu prends une νέες ταύτας πάσας χειρώσασθαι. » Ό δέ άμείβετο αύτόν >5
initiative favorable à la maison du Roi, et tous les avis que τοΐσδε· « Σύ Ι ς οίκον τόν βασιλέος Ισηγητής γίνεαι
tu me donnes sont bons, exception faite pour le nombre de πρηγμάτων άγαθΩυ καί ταΟτα εδ παραινέεις πάντα, πλήν
vaisseaux ; au lieu de cent, deux cents seront à ta disposition τδν νεών τοΟ άριθμοΟ. Ά ντΙ δέ Ακατόν νεδν διηκόσιαί τοι
quand viendra le printemps®. Mais il faut aussi que le Roi en
έτοιμοι Ισονται άμα τ δ έαρι. Δει δέ τούτοισι καί αύτόν
32 personne donne son approbation à ces projets. » Aristagoras,
βασιλέα συνέπαινον γίνεσθαι. » Ό μέν δή Άρισταγόρης ώς 32
dès qu’il eut entendu cette réponse, retourna à Milet plein de
joie. Artaphernès envoya à Suse un émissaire pour y soumettre ταΟτα ήκουσε, περιχαρής έώυ άπήιε ές Μίλητόν. Ό δέ
les propositions d’Aristagoras ; aussitôt que Darius eut donné Άρταφρένης, ώς οί πέμψαντι Ι ς ΣοΟσα καί ύπερθέντι τά
lui aussi son approbation, il équipa deux cents trières et des έκ τοΟ Άρισταγόρεω λεγόμενοι συνέπαινος καί αύτός
troupes très-importantes formées tant de Perses que d’alliés, Δαρείος εγένετο, παρεσκευάσατο μέν διηκοσίας τριήρεας, 5
et il désigna pour commander ces forces Mégabatès, Perse de πολλόν δέ [κάρτα δμιλον Περσέων τε καί τών άλλων συμ­
la race des Achéménides, son cousin et cousin de Darius, le μάχων, στρατηγόν δέ τούτων άπέδεξε Μεγα6άτην άνδρα
même dont Pausanias, fils de Cléombrotos, de Lacédémone, Πέρσην τών Άχαιμενιδέων, έωυτοΟ τε καί Δαρείου
si ce qu’on dit est vrai*, rechercha dans la suite des tem psB άνεψιόυ, τοΟ Παυσανίης δ Κλεομδρότου Λακεδαιμόνιος, εί
une fille pour épouse, ayant conçu un désir ardent * de devenir le δή άληθής γέ Ιστι δ λόγος, υστέρω χρόνω τούτων ήρμόσατο «ο
tyran de la Grèce. Après avoir désigné comme chef Mégaba-
θυγατέρα, έρωτα αχών τής ‘Ελλάδος τύραννος γενέσθαι.
33 tès, Artaphernès envoya l’armée à Aristagoras. A Milet, Mé­
Ά ποδέξας δέ Μεγαδάτην στρατηγόν Άρταφρένης άπέ-
gabatès prit avec lui Aristagoras, les troupes ioniennes et lesI.*35
στειλε τόν στρατόν παρά τόν Άρισταγόρην. Παραλαβών δέ 33
I. Pour les besoins de la cause, Aristagoras exagère, δ Μεγαβάτης τόν τε Άρισταγόρην Ικ τή ς Μιλήτου καί τήν
a.'Déduisait-il cela de la facilité avec laquelle les Athéniens
venaient de triompher des Chalcidiens (ch. 77) ? Il est curieux qu’il 31 X3 καλεομένας DUSV : -ευμένας ABGP || όρμιύμενος codd. pi. :
ne fasse pas valoir que, de l’Eubée, on pourrait menacer Athènes et -εώμενος C -εόμενος P || ι3 ούχ codd. pl. : χαί ούχ ABC || έλάσσονι
la Grèce continentale. codd. pl. : έλασσον C || ι4 εύπετέΐ codd. pl. : -έη A*B || ι5 νέες codd.
3. Probablement le printemps 499 . Gf. ci-après, ch. 37 . pl. : νέας D || 16 έσηγητής van Herwerden, Madvig : έξηγ- codd. ||
4- Hérodote, qui ailleurs vante ou excuse Pausaniae, parait donc 18 δντι codd. pl. : άν G || Si ABC : γάρ cett. || 19 έτοιμοι codd. pl. :
en douter. Thucydide, au 1. I ch. ia 8 , cite une lettre de Pausanias έτοίμοι GP || δέ ABGP Suidas s. v. συνέπαινος : Si xaî DUSV ||
au Grand Roi, qui, ä moins d’être apocryphe, serait une preuve τούτοισι o n . Suidas || αυτόν codd. pl. Suidas : τόν P.
flagrante de coupables intrigues. Dans cette lettre, Pausanias demandait 32 a άπήιε ABC : P -ήει DUSV || 3 Άρταφρένης codd. : -φέρ-
en mariage une fille de Xerxès lui-même ; l’erreur reproduite par νης Suidas s. v. ύπερθέντι || 5 έγένετο ABGDS Suidas: έγί- PUV || μέν
Hérodote peut s’expliquer par le fait que Mégabatès avait été satrape om. Suidas || διηχοσίας (i. e. σ') codd. : 0' (i. e. έδδομήχοντα) Suidas [(
' de Daskyleion, d’où les négociations furent conduites par son succes­ τριήρεας ABC Suidas : -εις cett. || 6 τε om. SV |j 7 τούτων ABC :
seur ; peut-être les avait-il engagées. -έων cett. || άπέδεξε codd. pl. : -δείξε D || 9 Κλεομδρότου ABGP :
5. En 474, après la chute de Byzance, donc a5 ans plus tard, -τεω DUSV || ι3 Άρισταγόρην ABC : -pea cett. Eust. ad II, 0,3k·
β. ’Έρωτα. L’expression est-elle ironique ? Ce n’est pas de la 33 a τόν τε Άρισταγόρην ix M. ABC : ix τής Μ. τόν τε (om. S)
femme que Pausanias était épris. Άρισταγόρεα cett.
V 33 TERPSICHORE 88 88 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 33
Naxiens, et fit voile soi-disant pour l’Hellespont; mais,' "Ιάδα στρατιήν «cd τούς Ναξίους έπλεε πρόφασιν έπ*
arrivé dans les eaux de Chios,il mena sa flotte à Caucase et ‘Ελλησπόντου, έπείτε δέ έγένετο έν Χίφ, εσχε τάς νέας ές
l’y arrêta, pour la faire passer de là par vent du Nord à Καύκασο, &ς έυθεΟτεν Ιϊορέη άνέμφ ές τήν Νάξον διαβάλοι. 5
Naxos. Καί ού γάρ Ιδεε τούτω τφ στόλω Ναξίους άπολέσθαι,
Et, comme il n’était pas voulu par le destin que cette
πρήγμα τοιόνδε συνηνείχθη γενέσθαι. Περιιόντος Μεγα-
expédition causât la ruine des Naxiens, il se produisit l’inci­
dent que voici. Au cours d’une ronde que faisait Mégabatès βάτεω τά ς έπΐ τδν νεδν φύλακάς έπΐ νεός Μυνδίης έτυχε
pour visiter les gardes des vaisseaux, il ne trouva personne ούδείς φυλάσσωV δ δέ δεινόν τι ποιησάμενος έκέλευσε τούς
en faction sur un vaisseau myndien1; Mégabatès prit mal la δορυφόρους Ιξευρόντας τύν άρχοντα τούτης τή ς νεός, τφ ,ο
chose ; et, lorsque les hommes de son escorte eurent décou­ οΰνομα ήν Σκύλαξ, τούτον δήσαι διά θαλαμίης διέλκοντας
vert le commandant du navire, qui avait nom Skylax, il le τή ς νεός κατά τούτο, έξω μέν (τήν) κεφαλήν ποιεΟντας,
leur fit attacher, engagé à demi dans un sabord, la tête hors έσω δέ τό σώμα. Δεθέντος δέ τοΟ Σκύλακος έξαγγέλλει τις
du navire, le corps dedans. Skylax attaché ainsi, quelqu’un τφ Άρισταγόρη 8τι τόν ξεΐνόν ot τόν Μύνδιον Μεγα6άτης
vint apprendre à Aristagoras que Mégabatès avait fait attacher δήσας λυμαίνοιτο. Ό δ’ έλθών παραιτέετο τόν Πέρσην, ,5
et maltraitait son hôte de Myndos. 11 alla demander grâce au τυγχάνων δέ ούδενός τδν Ιδέετο αύτός έλθών έλυσε. Πυθό-
Perse, mais n ’obtint rien de ce qu’il demandait ; lui-même
μενος δέ κάρτα δεινόν έποιήσατο δ Μεγαθάτης καί έσπέρ-
se rendit alors sur les lieux et détacha Skylax. Mégabatès, à
χετο τφ Άρισταγόρη. Ό δέ είπε- « ΣοΙ δέ καί τούτοισι
cette nouvelle, prit la chose tout à fait mal, et s’emporta
contre Aristagoras. Et celui-ci de lui dire : « Toi, qu’as-tu à faire πρήγμο τί έστι ; Οΰ σε άπέστειλε Άρταφρένης έμέο πεί-
avec ces gens? Artaphernès ne t’a-t-il pas envoyé pour θεσθαι καί πλέειν τή &ν εγώ κελεύω ; Τ ί πολλά πρήσσεις ; » ao
m’obéir et naviguer où, moi, j ’ordonnerai? Pourquoi te ΤαΟτα εΐπε δ Άρισταγόρης· δ δέ θυμωθείς τούτοισι, Δς
mêles-tu de tout ?12 » Ainsi parla Aristagoras ; et Mégabatès, νύξ έγένετο, έπεμπε ές Νάξον πλοίφ άνδρας φράσοντας
outré de ce langage, envoya à Naxos, si tôt la nuit venue, des τοίσι ΝαξΙοισι πάντα τά παρεόντα σφι πρήγματα. ΟΙ γάρ 34
hommes sur un bateau pour avertir les Naxiens de tout ce &ν Νάξιοι ούδέν πάντως προσεδέκοντο έπΐ σφέας τόν
34 qui était à leurs portes. Les Naxiens, en effet, ne s’attendaient στόλον τοΟτον δρμήσεσθαι' έπεί μέντοι έπύθοντο, αυτίκα
point du tout à voir cette flotte venir les attaquer3; mais, μέν έσηνείκαντο τά έκ τδν &γρδν ές τό τείχος, παρεσ-
quand ils furent informés, ils transportèrent aussitôt dans
l ’enceinte des murs ce qu’ils avaient aux champs, s’appro- 33 4 έγένετο ABCD : εγί- PUSV || Ις codd. pi. : έν G || 5 Καύχααα
ABGU : -σον PDSV ||7 συνηνείχθη ABDU : -ηνίχδη SV -ενείχθη CP ||
1. Myndos était en Doride, non loin d’Halicarnasse. Bien qu’ils ne 8 ν ε ό ς c o d d . p i . : ν ε ώ ς D S V || 8 - g ε τ υ χ ε ο ύ δ ε ΐ ς A B G P : ο υ δ ε ί ς ϊ τ . D Ü S V
soient pas nommés 1. Ill ch. go parmi les tributaires du premier II ί ο ν ε ό ς c o d d . p i . : ν ε ώ ς D S V || ιι δ ι ά o m . S u i d a s s . ν. θ α λ α μ ί δ ι ο ι
nome, les Doriens étaient tributaires du Grand Roi. κ ώ π α ι | | δ ι έ λ χ ο ν τ α ς S t e i n : δ ι ε λ ό ν τ α ς c o d d . S u i d a s || 1 2 ν ε ό ς c o d d .
2 . Πολλά πράσσειν était une locution consacrée pour caractériser p i . : ν ε ώ ς D S ν ή ο ς S u i d a s || V e r b a τ ή ς ν ε ό ς l i b e n t e r p o s t ϊ ξ ω μ ε ν ( v e l
la conduite de brouillons, de gens qui « font du zèle ». p o s t π ο ι ε ΰ ν τ α ς p ) e g o t r a n s t u l e r i m || ( τ ή ν ) a d d . H u d e || π ο ι ε ϋ ν τ σ ς c o d d .
3. Il est peu vraisemblable que les Naxiens aient ignoré jusqu’à la p i . : - ε ς B || 1 7 έ σ π έ ρ γ ε τ ο c o d d . p i . : Ι π ε ρ χ - S V || 1 8 σ ο ί A B P D : σ ί ι
dernière heure ce qui se préparait contre eux. Il l’est encore moins C U S V II τ ο ύ τ ο ι σ ι π ρ ή γ μ α τ ι V a l c k e n a e r ( c f . 84 1. 9 - 1 0 ) : τ ο ύ τ ο ι σ ι
que Mégabatès ait osé faire échouer une expédition approuvée par τ ο ϊ σ ι π ρ ή γ μ α σ ι τ ί c o d d . | | 2 0 έ γ ώ χ ε λ ε ύ ω c o d d . p i . : χ ε λ . Ι γ ο ί D || a i ό
Darius, et que sa trahison ne l’ait pas empêche d’ètre plus tard (ante Ά ρ ι σ τ . ) o m . P U S V II 22 φ ρ ά σ ο ν τ α ς c o d d . p i . : φ ρ α σ σ - B G .
safrape de Daskyleion. 34 4 ίσηνείχαντο codd. pi. : ioiv- C.
V. — 8
V à* TERPSICHORE 89 80 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 34
visionnèrent de vivres et de boisson en prévision d’un siège, κευάσαυτο δέ ώς πολιορκησόμενοι καί σίτοι καί ποτά, καί 5
et fortifièrent1 leurs murailles. Eux donc se préparaient dans xi τείχος έφράξαντο. Καί αδτοι μέν παρεσκευάζοντο ώς
l’attente d’une guerre prochaine; et, lorsque les ennemis παρεσομένου σφι πολέμου, ot 8’ έπείτε διέβαλον Ικ τής
eurent fait passer leurs navires de Chios à Naxos, ils se heur­ Χίου τάς νέας ές τήν Νάξον, πρδς πεπραγμένους προσε-
tèrent à des gens fortifiés, qu’ils assiégèrent l’espace de quatre φέροντο καί έπολιόρκεον μήνας τέσσερας, ‘Ω< δέ τά τε
mois. Puis, quand l’argent que les Perses avaient apporté se Ιχοντες ήλθον χρήματα οί Πέρσαι ταΟτα κατεδεδαπάνητό ίο
trouva complètement dépensé, et qu’Aristagoras en eut mis
σφι, καί αυτΩ τφ Άρισταγόρη προσαναισίμωτο πολλά, τοΟ
beaucoup d’autre de sa poche, comme le siège en réclamait
πλέονός τε έδέετο ή πολιορκίη, ένθαΟτα τείχεα τοΐσι
encore davantage, ils construisirent pour les bannis de Naxos
φυγάσι τΩν ΝαξΙων οίκοδομήσαντες άπαλλάσσοντο ές τήν
une forteresseI.2, et ils se retirèrent sur le continent, piteuse­
ήπειρον, κακΩς πρήσσοντες.
m ent3.
35 Aristagoras était incapable de tenir la promesse faite à Άρισταγόρη ς δέ οδκ είχε τήν δπόσχεσιυ τΩ ΆρταφρένεΙ 35
Artaphernès; en même temps, la réclamation qu’on lui έκτελέσαί' άμα δέ επίεζέ μιν ή δαπάνη τή ς στρατιής
faisait des frais de l’expédition le mettait dans un grand άπαιτεομένη, άρρώδεέ τε τοΟ στρατοΟ πρήξαντος κακΩς
embarras; et l’insuccès de l’armée, la brouille avec Mégaba- καί Μεγαβάτη διαβεβλημένος, έδόκεέ τε τήν βασιληίην
tès lui donnaient lieu de craindre ; il pensait que la souve- τή ς Μιλήτου άπαιρεθήσεσθαι. Άρρωδέων δέ τούτων Ικαστα 5
raineté de Milet lui serait enlevée. C’est sous l’empire de ces έβουλεύετο άπόστασιν. Συνέπιπτε γάρ καί τδν έστιγμένον
multiples craintes qu’il projeta de se révolter. Car, à cette τήν κεφαλήν άπίχθαι έκ Σούσων παρά ‘ΙστιαΙου, σημαί­
même époque, venait d’arriver de Suse, envoyé par Histiée, νοντα άπίστασθαι Άρισταγόρην άπδ βασιλέος. Ό γάρ
l’émissaire qui portait, imprimé sur sa tète, un message où
Ίστιαΐος βουλόμενος τΩ Άρισταγόρη σημήναι άποστήναι
il était enjoint à Aristagoras d’abandonner l’obédience du Roi.
άλλως μέν ουδαμΩς εΤχε άσφαλέως σημήναι Ωστε φυλασσο- ίο
Histiée, quand il voulut envoyer à Aristagoras l’ordre de se
révolter, n’avait en effet d’autres moyens de le lui mander μένων τΩν δδΩν, δ δέ τΩν δούλων τδν πιστότατου άπο-
avec sûreté, vu que les routes étaient bien gardées ; il fit ξυρώσας τήν κεφαλήν έστιξε καί άνέμεινε άναφΟναι τάς
raser la tète du plus fidèle de ses esclaves, y imprima des τρίχας- ώς δέ άνέφυσαν τάχιστα, άπέπεμπε Ι ς Μίλητον
caractères, et attendit que la chevelure repoussât4; et, dès Ιντειλάμενος αύτΩ άλλο μέν ούδέν, έπεάν δέ άπίκηται ές

I . Έ φ ρ ά ξ α ν τ ο e s t u n e c o n j e c tu r e , q u i p a r a it p r é fé r a b le è Ισ ά ­ 34 6 έφράξαντο Hoeger (cf. πεφραγμενους 1. 8) : έσάξ- codd. ||


ξ α ν τ ο , b ie n q u e , p o u r r é p a r e r le u r s m u r a ille s , le s N a x ie n s a ie n t d ù , παρεσκευάζοντο codd. ρΐ. : -αχευάδατο CP || η διέβαλον codd. pi. :
e n s o m m e , l e s b o u rrer d e m a t é r i a u x a j o u t é s . -βαλλον C II g τέσσερας codd. pi. : τέσσα- CSV || ίο χατεδεδαπάνητο
i . D ’o ù i l s p o u r r a i e n t t e n t e r u n c o u p d e f o r c e , c o m m e l e s ABDV : χαταδεδαπ- US χατεδαπ- GP || ιι σφι codd. pi. : σφι τοΐσι V
A lc m é o n id e s , e n A tt iq u e , a v a ie n t f a it d e L è ip s y d r io n ( c h . 6 2 ) . II ι3 άπαλλάσσοντο codd. pi. : -σαντο Α.
3. L ’ a p p r o c h e d e l a m a u v a i s e s a i s o n p u t ê t r e p o u r q u e l q u e c h o s e 35 3 άπαιτεομενη codd. pi. : -τεουμένη UV || 5 άπαιρεθήσεσθαι
d a n s la d é c is io n q u e p r ir e n t le s P e r s e s d e r e t ir e r le u r f lo t te , q u i ABD : αφ- USV άπαιρήσεσθαι GP || η Σουσων nescio quis primus :
r e s ta e n s u ite a u m o u illa g e à M y o n te . -σέων codd. || g τω om. B || ιο -ιι φυλασσόμενων Laurent. LXX 6 :
4. P o u r q u e l e s e c r e t d e l a r u s e p ù t ê t r e g a r d é , i l f a l l a i t q u e -μενέων cett. || 11 πιστότατον codd. pl. : -ώτατον V || i i-ia άποξυρώσας
l ’e s c l a v e f i d è l e e û t la t ê t e c o u v e r t e , p e n d a n t q u e s e s c h e v e u x r e p o u s ­ scripsi (cf. Praef. p. 2l4) : -ξυρήσας codd. pl. : -ξυρίσας D 1 || 12
s a i e n t , c e q u i n ’e û t p a s é t é r é a l i s a b l e e n G r è c e , o ù l e s h o m m e s ιστιξε codd. pl. : ϊστηξε A1B || άναφΰναι codd. pl. : -φηναι V || i4
a lla ie n t n u - tê te . L e c o n t e e s t n é e n O r ie n t. έπεάν P : έπήν cett.
35 TERPSICHORE ge ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 35
qu’elle fut repoussée, il expédia l’hoirittie à Milet, sans lui Μίλητον, κελεύειν Άρισταγόρην ξυρώσαντά μιν τάς τρίχας ι5
donner autrement d’instructions sinon de dire à Aristagoras, κατιδέσθαι ές τήν κεφαλήν τά δέ στίγματα έσήμαινε, ώς
quand il serait arrivé à Milet, de lui raser les cheveux et de καί πρότερόν μοι εΐρηται, άπόστασιν. ΤαΟτα δέ δ Ίστιαΐος
lui examiner la tète ; les caractères imprimés, comme je l’ai έποίεε συμφορήν ποιεύμενος μεγάλην τήν ΙωυτοΟ κατοχήν
dit plus haut, donnaient l’ordre de la révolte. Histiée agissait τήν έν Σούσοισι* άποστάσιος &ν γινομένης πολλάς εΤχε
de la sorte parce qu’il souffrait avec grand’peine d’être retenu έλπίδας μετήσεσθαι έπΐ θάλασσαν, μή δέ νεώτερόν τι ao
à Suse; il avait bon espoir, en cas de révolte des Milésiens, ττοιεύσης τής Μιλήτου ούδαμά ές αύτήν ήξειν ϊτ ι έλο-
d’être envoyé vers la mer *; tandis que, si aucun trouble ne se
γίζετο.
produisait à Milet, il ne comptait plus y jamais retourner,
Ίστιαΐος μέν νυν ταΟτα διανοεύμενος άπέπεμπε τδν 36
g Ces réflexions amenèrent donc Histiée à expédier son
message ; et tout cela, arrivant en même temps, concourut άγγελον, Άρισταγόρη δέ συνέπιπτε τοΟ αύτοΟ χρδνου πάντα
pour agir sur Aristagoras. 11 tint un conseil avec ses partisansI.2, ταΟτα συνελθόντα. Έβουλεύετο Sv μετά τΩν στασιωτέων,
où il exposa son avis personnel et le message venu d’Histiée. έκφήνας τήν τε έωυτοΟ γνώμην καί τά παρά τοΟ Ίστιαίου
Tous opinèrent dans le même sens et poussèrent à la révolte, άπιγμένα. ΟΙ μέν δή άλλοι πάντες γνώμην κατά τώυτδ 5
sauf l’historien Hécatée ; celui-ci déconseilla d’abord d’entre­ έξεφέροντο, κελεύοντες άπίστασθαι, Έκαταίος δ” δ λογο-
prendre une guerre contre le Roi, énumérant tous les peuples ποιδς πρώτα μέν ούκ Ια πόλεμον βασιλέΐ τφ Περσέων
sur lesquels régnait Darius et les forces dont il disposait; άναιρέεσθαι, καταλέγων τά τε Ιθνεα πάντα τΩν ήρχε
puis, comme il ne pouvait convaincre les assistants, il les ΔαρεΧος καί τήν δύναμιν αύτοΟ' έπείτε δέ ούκ έπειθε,
engagea en second lieu à s’assurer par leurs navires la maî­ δεύτερα συνεβούλευε ποιέειν 8κως ναυκρατέες τής θαλάσσης ίο
trise sur mer. Et, dit-il, il ne voyait pas d'autre manière d’y
Ισονται. "Αλλως μέν νυν ούδαμΩς έφη λέγων ένορ&ν έσό-
réussir (car il savait que les forces des Milésiens étaient
μενον τοΟτο (έπίστασθαι γάρ τήν δύναμιν τήν Μιλησίων
médiocres)3 que d’enlever du sanctuaire des Branchides les
trésors qu’y avait consacrés Crésus de Lydie ; à ce compte, il έοΟσαν άσθενέα), ε* δέ τά χρήματα καταιρεθείη τά έκ τοΟ
avait bon espoir qu’ils deviendraient les maîtres de la mer ; ΙροΟ τοΟ έν Βραγχίδησι, τά Κροΐσος δ Λυδδς άνέθηκε,
πολλάς είχε έλπίδας έπικρατήσειν τΑς θαλάσσης, καί οΒτω ιό
I. L e c a lc u l r é u s s it ; m a is il é ta it c h a n c e u x , le s in tr ig u e s d u αύτούς τε έξειν (τοΐσι) χρήμασι χράσθαι καί τούς πολε­
M i l é s i e n r i s q u a n t d ’ ê t r e d é c o u v e r t e s a v a n t q u ’i l f û t c o n g é d i é .
S ' é c h a p p e r d e S u s e n ’é t a n t d ’a i l l e u r s q u e l a p r é f a c e d e d e s s e i n s p l u s μίους ού συλήσειν αύτά. Τά δέ χρήματα ήν ταΟτα μεγάλα,
a m p l e s , H i s t i é e e s p é r a i t - i l r e s s u s c i t e r , a v e c l ’a i d e d e L y d i e n s , l e ώς δεδήλωταί μοι έν τφ πρώτφ τΩν λόγων. Αδτη μέν δή
r o y a u m e d e C r é s u s ? o u b i e n , s ’i l s ’ e m p l o y a i t v r a i m e n t à c a l m e r l a ούκ ένίκα ή γνώμη, έδόκεε δέ 8μως άπίστασθαι, ένα τε
r é v o l t e q u ’i l a v a i t f o m e n t é e , s e f a i r e c o n c é d e r u n e s o r t e d e v i c e -
r o y a u t é ? o u r e g a g n e r M y r k in o s e t y r e p r e n d r e u n e œ u v r e in te r ­
r o m p u e ? P e u t - ê t r e c o m p t a i t - i l s ’i n s p i r e r s u r p l a c e d e s c i r c o n s t a n c e s . 35 ι5 ξυρώσαντα scripsi : ξυρήσ- codd. || ι8 Ιποίεε codd. pi. : -ησε
a . Ε τ α σ ιω τ έ ω ν . E x p r e s s io n p e u f la tte u s e p o u r d é s ig n e r d e s h o m m e s B'SV [I ποιεύμενος μεγάλην codd. pi. : μεγ. *. D || ao μή δε codd.
q u i p o u v a i e n t ê t r e d ’h o n n ê t e s p a t r i o t e s . pi. : μή δέν V.
3. Τ ή ν δ ύ ν α μ ιν ... έ ο ΰ σ α ν α σ θ ε ν έ α . M a lg r é c e q u i e s t d it d e s t r é s o r s 36 3 στασιωτέων codd. pi. : στρατ- D || 5 τώντό codd. pi. : τοΰτο
d e s B r a n c h id e s , e t b ie n q u e α σ θ ε ν ή ς p u is s e q u a lifie r p lu s h a u t d e s r e s ­ Α1 ταύτό G || 6 δ’ om. G || η τω Bekker : των codd. || 8 χατα/.ίγων τά
s o u r c e s f in a n c i è r e s , i l d o i t s ’a g i r i c i e t l à d e p u is s a n c e m i l i t a i r e . L a τε codd. pi. : χατά τά λίγοντά τε V || ia τήν (ante Μιλ.) DV : των
m a i n m i s e s u r d e s .t r é s o r s p o u v a i t p e r m e t t r e d ’é q u i p e r u n e f l o t t e p l u s cett. y ι4 τά codd. pi. : τφ V || ι5 οϋτω Aldus : -ως codd. ||
f e r t e e t d ’ a c h e t e r des c o n c o u r s . ι6 (τοίσι) add. Stein,
V 36 TERPSICHORE 9* 9* ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ
ils pourraient de la sorte employer pour eux ces trésors, et αΰτΩν πλώσαντα ές ΜυοΟντα Ι ς τδ στρατόπεδον τδ άπδ ao
l’ennemi ne les pillerait pas. Les trésors en question étaient τή ς Νάξου άπελθόν, έδν ΙνθαΟτα, συλλαμβάνειν πειράσθαι
considérables, comme je l’ai fait voir dans mon premier τούς έπΐ τΩν νεΩν έπιπλέοντας στρατηγούς. Ά πο- 37
récit1. Cet avis ne prévalut pas ; on n ’en décida pas moins πεμφθέντος δέ Ίητραγόρεω κατ’ αύτδ τοΟτο καί σύλλα­
qu’on se révolterait, et qu’un du parti se rendrait par mer à βόν το ς δόλφ Όλίατον ΊΒανώλλιος Μυλασέα καί Ίστιαΐον
Myonte, à l’armée revenue de Naxos, qui se trouvait en ce Τύμνεω Τερμερέα καί Κώην Έρξάνδρου, τΩ Δαρεΐος
lieu, pour tâcher de saisir les commandants qui étaient à Μυτιλήνην έδωρήσατο, καί Άρισταγόρην Ήρακλείδεω 5
37 bord de ces vaisseaux. Ce fut latragoras qui fut envoyé pour
Κυμαΐον καί άλλους συχνούς, οΒτω δή έκ τοΟ Ιμφανέος δ
cela ; il s’empara par ruse d’Oliatos fils d’Ibanollis de Mylasa,
Άρισταγόρης άπεστήκεε, π&ν έπΐ ΔαρεΙω μηχανώμενος.
d’Histiée fils de Tymnès de Termère, de Coès fils d’Erxandros,
à qui Darius avait donné Mytilène, d’Aristagoras fils d’Héra- Καί πρΩτα μέν λόγω μετείς τήν τυραννίδα Ισονομίην έποίεε
cleidès de Kymé, et de beaucoup d’autres ; Aristagoras fut τή Μιλήτφ, ώς άν έκόντες αύτφ οί Μιλήσιοι συναπι-
ainsi, dès lors, en état de révolte manifeste2, et mit tout en σταΐατο· μετά δέ καί έν τή άλλη Ίωνίη τώυτδ τοΟτο ίο
œuvre pour nuire à Darius. D’abord il renonça en parole à la έποΐεε, τούς μέν έξελαύνων τΩν τυράννων, τούς δ’ ΙλαΒε
tyrannie et établit à Milet l’égalité des droits, pour décider les τυράννους άπδ τΩν νεΩν τΩν συμπλωσασέων έπί Νάξον,
Milésiens à s’associer de bon gré à sa rebellion ; puis, il établit le τούτους δέ φίλα βουλόμενος ποιέεσθαι τήσι πόλισιέξεδίδου,
même régime dans le reste de l’Ionie ; quelques-uns des tyrans άλλον Ι ς άλλην πόλιν παραδιδούς, δθεν εΐη έκαστος. Κώην 38
furent par lui expulsés ; quant à ceux qu’il avait fait saisir μέν νυν Μυτιληναΐοι έπείτε τάχιστα παρέλαΒον, έξαγά-
sur les vaisseaux qui l’avaient accompagné à Naxos, voulant γόντες κατέλευσαν' Κυμαΐοι δέ τδν σφέτερον αύτΩν
complaire aux villes, il les livra et remit chacun d’eux à la ville
άπήκαν, Ως δέ καί άλλοι οί πλέονες άπίεσαν. Τυράννων
38 d’où il était. Coès, aussitôt qu’il eut été remis aux Mytiléniens,
μέν νυν κατάπαυσις έγίνετο άνά τάς πόλις· Άρισταγόρης 5
fut conduit par eux en dehors de leur territoire et lapidé ;
les Kyméens relâchèrent leur tyran ; et d’autres, la plupart, δέ δ Μιλήσιος ώς τούς τυράννους κατέπαυσε, στρατηγούς
firent de même. La tyrannie fut donc abolie dans toutes les έν έκάστη τΩν πολίων κελεύσας Ικάστους καταστήσαι,
villes ; et, quand il l’eut abolie, Aristagoras de Milet ordonna δεύτερα αότδς ές Λακεδαίμονα τριήρεΐ άπόστολος έγίνετο·
à chaque ville d’établir chez elle des stratèges ; ensuite il par­ Ιδεε γάρ δή συμμαχίης τινός οί μεγάλης έξευρεθήναι.
tit lui-même sur une trière en mission pour Lacédémone ; Τής δέ Σπάρτης Άναξανδρίδης μέν δ Δέοντος οΰκέτι 39
car il avait besoin de trouver quelque part une puissante περιεών έβασίλευε άλλά έτετελευτήκεε, Κλεομένης δέ δ
alliance. Άναξανδρίδεω είχε τήν βασιληίην, oö κατ’ άνδραγαθίην
39 A Sparte, Anaxandride fils de Léon ne régnait plus et
n’était plus en vie; c’était Cléomène son fils qui avait le 37 i-a ά π ο π ε μ φ θ ε ν τ ο ς c o d d . p i . : - π ε φ β ε ν τ ο ς A B || 3 Ί β α ν ώ λ λ ι ο ς
A B G D : - ώ λ ι ο ς P U S Y || Μ ν λ α σ έ α Bekker : - σ σ έ α c o d d . || !\ Έ ρ ξ ά ν -
ï . Iça. δ ρ ο υ A B G P D : Έ ξ - U V Έ ξ ά ν δ ρ ε ω S || 5 Μ υ τ ι λ ή ν η ν A B : Μ ι τ υ λ -
a. La chute de Milet, qu’on croit pouvoir dater de l’automne âgé, c e t t . y g - i o σ υ ν α π ι σ τ α ί α τ ο c o d d . p i . : - ί α τ ο C 1 [| ί ο τ ώ ν τ ό c o d d . p i . :
eut lieu εχτω ίτεϊ από της άποστάσιος (VI ι 8). Si la première des τ α ΰ τ ό G || i a σ ν μ π λ ω σ α ο ί ω ν ( c f . B e c h t e l I o n . Dial. a o 8 ) : σ υ μ π λ ί υ -
6 années est celle même où éclata la révolte, l’événement, qui c o d d . II ι 3 π ό λ ι σ ι c o d d . p i . : - η σ ι C D .
surprit une flotte au repos, a pu se produire pendant l’automne ou 38 a Μυτιληναΐοι AB : Μιτυλ- cett. || 4 πλεόνες : πλεΰ- codd. || 5
l’hiver 4gg· vuv codd. pi. : τοι G || πόλις : -ιας codd,
V 89 TERPSICHORÏ 8a 93. ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 39
pouvoir royal ; il l’avait obtenu non pas en raison de son αχών- Αλλά κατά γένος. Άναξανδρίδη γάρ έχοντι γυναίκα
mérite, mais de sa naissance1. Anaxandride avait en effet άδελφεής έωυτοΟ θυγατέρα καί έούσης τούτης οΐ καταθυ- 5
épousé une fille de sa sœur ; elle lui était très chère, μίης παΐδες ούκ έγίνοντο. Τούτου δέ τοιούτου Ιόντος ot
mais il n ’en avait pas d’enfants. Telle étant la situation, les έφοροι εΐπαν έπικαλεσάμενοι αυτόν « Ε ΐτοι συ σεωυτοΟ μή
éphores l’appelèrent devant eux et lui dirent : « S'il te plaît, προοράς, άλλ’ ήμΐν τοΟτό έστι ού περιοπτέον, γένος τδ
à toi, de ne pas pourvoir à tes propres intérêts, nous ne
Εύρυσθένεος γενέσθαι έξίτηλον. Σύ νυν τήν μέν έχεις
pouvons pas, nous, assister avec indifférence à ce qui se passe
γυναίκα, έπείτε τοι ού τίκτει, έξεο, Αλλην δέ γήμον- καί ιο
et voir s’éleindre la race d’Eurysthénès*. Puisque la femme
que tu as ne te donne pas d’enfants, renvoie-la et prends-en ποιέων ταΟτα Σπαρτιήτησι άδήσεις. χ>Ό δ’ άμείβετο φάς
une autre ; en agissant ainsi tu seras agréable aux τούτων οδδέτερα ποιήσειν, εκείνους τε ού καλάς συμβου-
Spartiates. a Lui, répondit que, de ce qu’ils demandaient, λεύειν παραινέοντας τήν έχει γυναίκα, ΙοΟσαν Αναμάρτη­
il ne ferait ni ceci ni cela ; qu’ils lui donnaient un mauvais του έωυτΩ, ταύτην άπέντα άλλην Ισαγαγέσθαι· ούδέ σφι
conseil en le poussant à répudier la femme qu’il avait, laquelle πείσεσθαι. Πρδς ταΟτα οί έφοροι καί οΐ γέροντες βουλευ- 40
n’avait commis aucune faute envers lui, pour en épouser σάμενοι προσέφερον Άναξανδρίδη τάδε' « Έ π εΙ τοίνυν
40 une autre ; et qu’il ne leur obéirait pas. En face de cette περιεχόμενόν σε δράμεν τής έχεις γυναικός, σύ δέ
attitude, les éphores et les gérontesI.*3, après en avoir délibéré, ταΟτα ποίεε καί μή άντίΒαινε τούτοισι, ΐνα μή τι
firent & Anaxandride celte proposition : « Puisque tu es, άλλοΐον περί σέο Σπαρτιήται βουλεύσωνται. Γυναικδς μέν 5
comme nous voyons, très attaché à la femme que tu as, fais
τή ς έχεις ού προσδεόμεθά σεο τής ΙΕ,έσιος, σύ δέ ταύτη τε
ce que nous allons dire et ne va pas à l’encontre, de crainte
πάντα 8σα νΟν παρέχεις πάρεχε καί άλλην πρύς ταύτη
que les Spartiates ne prennent à ton égard quelque résolution
autre qu’il ne faudrait. Nous n’insistons pas auprès de toi έσάγαγε γυναίκα τεκνοποιόν. » ΤαΟτά κη λεγόντωυ συνε-
pour que tu renvoies la femme que tu as; mais, tout en χώρησε δ Άναξανδρίδης, μετά δέ γυναίκας έχων δύο διξάς
continuant de lui rendre tous les devoirs que tu lui rends Ιστίας οΐκεε, ποιέων ούδαμϋς Σπαρτιητικά. Χρόνου δέ ού 41
maintenant, outre cette femme épouses-en une autre qui πολλοΟ διελθόντος ή έσύστερον ΙπελθοΟσα γυνή τίκτει τδν
puisse avoir des enfants. » Tel fut à peu près leur langage, δή Κλεομένεα τούτον καί αΰτη τε έφεδρον βασιλέα Σπαρ-
et Anaxandride consentit; il eut par la suite deux femmes, τιήτησι άπέφαιυε καί ή προτέρη γυνή τδν πρότερον χρόνον
vécut à deux foyers, ce qui n’était nullement dans les usages άτοκος ΙοΟσα τότε κως έκύησε, συντυχίη ταύτη χρησαμένη. 5
41 de Sparte. Au bout dé peu de temps, la femme venue
la seconde mit au monde ce Cléomène dont nous parlions
tout à l'heure ; et, vers le même temps où elle donnait aux 39 6 έ γ ί ν ο ν τ ο c o d d . p i . : έ γ έ - V 1 || η εΓ c o d d . p i . : ε ϊ η C 1 || σ ε ω υ -

Spartiates un héritier présomptif de la dignité royale, il


τ ο ΰ μ ή c o d d . p i . : μ ή σ . D || ί ο έ ξ ε ο S c h a e f e r : έ χ σ έ ο c o d d . || l i t
έ ω υ τ φ o m . G || έ σ α γ α γ έ σ θ α ι c o d d . p i . : ε ί σ - D .
arriva que, par une coïncidence fortuite, la première femme, 40 a τοίνυν S : τ. toi cett. || 3 σε όρ.codd. pi. : έσορ.D [| δρίίμεν
codd. pi. : -έωμεν G -έομεν P ]| 5 σέο : σεΰ codd. || 6 σεο : σευ codd. ||
I. Cléomène a déjà paru au livre III ch. i48. Mais ici Hérodote η ταύτ») codd. pi. : -ην C1 || 8 έσαγ. γυν. codd. pi. : γυν. έσαγ. D ||
rattache ce qu’il va dire de l'hiatoire de Sparte à ce qu’il en a déjà 9 Άναξανδρίδης codd. pi, : Ά λ εξ - GV || διξάς codd. pi. : διζϊς V.
dit au livre I. 41 a έ σ ύ σ τ ε ρ ο ν έ π ε λ θ ο ϋ σ α c o d d . : ύ σ τ ε ρ ο ν έ π ε σ ε λ ό . c o n i e c i t S t e i n ,
3 . Ancêtre d’une des maisons royales de Sparte (VI 5a). n o n i m p r o b a b i l i t e r || It ά κ έ φ α ι ν ε c o d d . p i . : - φ ά ν ε S V || 5 τ ό τ ε κ ω ς
3. Membres du conseil des Anciens (γερουσία). c o d d . p i. : τό τέχο ς V .
V 41 TERPSICHORE 93 93 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 41
stérile, devint enceinte. Son état de grossesse était réel ; mais Έχουσαυ δέ αύτήν άληθέΐ λόγφ ot τή ς έπελθούσης γυυαι-
les parents de la seconde femme, instruits de l’événement, lui κδς οΐκήιοι πυθόμενοι Ωχλεον, φάμενοι αύτήν κομπέειν
créaient des ennuis, prétendant qu’elle se vantait sans άλλως βουλομένην ύποθαλέσθαι. Δεινά δέ ποιεύντων αότΩν,
raison et qu’elle voulait supposer un enfant. Comme ils τοΟ χρόνου συντέμνοντος, ύπ’ άπιστίης οΐ έφοροι τίκτου-
faisaient grand bruit, lorsque le temps de la délivrance fut
σαν τήν γυναίκα περιιζόμενοι έφύλαξαν. ‘Η δέ ώς έτεκε ίο
proche, les éphores, par mesure de défiance, se tinrent
Δωριέα, Ιθέως ΐσχει ΛεωνΙδην καί μετά τοΟτον Ιθέως ϊσχει
autour de la femme et la surveillèrent pendant qu’elle
Κλεόμβροτον ot δέ καί διδύμους λέγουσι Κλεόμβροτόν τε
accouchait. Après qu’elle eut mis au monde Dorieus,
elle conçut aussitôt Léonidas ; et, après lui, elle conçut καί ΛεωνΙδην γενέσθαι. Ή δέ Κλεομένεα τεκοΟσα καί [τδ]
aussitôt Cléombrotos; certains disent aussi que Léonidas δεύτερον έπελθοΟσα γυνή, έοΟσα θυγάτηρ Πρινητάδεω τοΟ
et Cléombrotos étaient jumeaux. Quant à la mère de Δημαρμένου, ούκέτι Ιτικτε τδ δεύτερον. ι5
Cléomène, à la seconde femme, qui était fille de Prinétadès Ό μέν δή Κλεομένης, ώς λέγεται, ήν τε oö φρενήρης 42
fils de Démarménos, elle ne fut pas mère une seconde άκρο μανής τε, δ δέ Δωριεύς ήν τΩν ήλίκων πάντων πρΩ-
fois. τος, εβ τε ήπίστατο κα·ί° άνδραγαθίην αύτδς σχήσων τήν
42 Cléomène, dit-on, n’était pas sain d’esprit, il avait une βασιληΐην. “Ωστε δν οδτω φρονέων, έπειδή 8 τε Άναξαν-
pointe de folie1 ; Dorieus, au contraire, était le premier parmi δρίδης άπέθανε καί ot Λακεδαιμόνιοι χρεώμενοι τφ νόμω 5
tous les jeunes gens de son âge, et il avait la ferme conviction
έστήσαντο βασιλέα τδν πρεσδύτατον Κλεομένεα, δ Δωριεύς
qu’en raison de son mérite ce serait lui qui obtiendrait la
δεινόν τε ποιεύμενος καί οόκ άξιΩν ΰπδ Κλεομένεος βασι-
royauté. Aussi, plein de cette idée, quand, après la mort
λεύεσθαι, αΐτήσας λεών Σπαρτιήτας ήγε ές άποικίην, ούτε
d’Anaxandride, les Lacédémoniens conformément â leur loi
firent roi l’aîné de ses fils, Cléomène, Dorieus fut-il indigné ; τφ έν Δελφοΐσι χρηστηρίφ χρησάμενος ές ήντινα γήν
ne jugeant pas digne de lui de vivre sous le sceptre de Gléo- κτίσων ΐη, ούτε ποιήσας οόδέν των νομιζομένων οΐα δέ ίο
mène, il demanda des hommes aux Spartiates et les emmena βαρέως φέρων, άπίει ές τήν· Λιβύην τά πλοία' κατηγέοντο
coloniser ; il le fit sans demander à l’oracle de Delphes en δέ ot άνδρες Θηραίοι. Άπικόμενος δέ ές τήν Κίνυπαοΐκισε
quel pays il irait fonder une colonieI.2, sans satisfaire à aucun χΩρον κάλλιστον τΩν ΛιΒύων παρά ποταμόν. ΈζελασθεΙς
des usages ; sous le coup de l'irritation,' il partit pour la Libye δέ ένθεΟτεν τφ τρίτφ έτεΐ ύπδ Μακέων τε [καί] ΛιΒύων
avec ses navires ; des hommes de Théra lui servaient de καί Καρχηδονίων άπίκετο ές Πελοπόννησου. ΈνθαΟτα δέ 43
guides. Arrivé au pays de Kinyps3, il s’établit dans un très
41 7 χομπίειν codd. pi. : -εύειν G || 8 δε om. A1 || 10 τήν om. A1
I . Traduction douteuse. Le préfixe άκρο- peut avoir des valeurs IIπεριιζο'μενοι codd. pi. : προϊζ- D || ia τε S: om. cett. || ι3 [το] del.
différentes : « à un point extrême » ou « à la limite de ». Cléomène Stein.
n’était pas « tout à fait » fou. Mais -μανής fait-il allusion &de la folie ? 42 3 ήπίστατο D : ίπ- cett. || 5 χρεώμενοι ABC : χρεο'- P om.
Ce qui est signalé chez Cléomène, comme au livre III ch. a5 chez DUSV H 7 τε ABPUV : τι CD τοι S || 8 λεών : ληόν ABCPD λαόν
Cambyse, qui fut toujours εμμανής, n’est-ce pas seulement un carac­ USV II ήγε codd. pi. : αγε CP || 9 τω codd. pi. : τό V |j χρηστηρίω
tère extrêmement violent, un manque total de pondération ? codd. pi. : -ήριον D || 10 κτίσων codd. pi. : κτή- D 1 || i'rj ABGPU :
a. Ce n’est pas la question qu’on posait d’ordinaire à l’oracle ; on εϊη DSV y δε S : om. cett. || 11 άπίει codd. pl. : -ήιει G -ίη V || ia
lui demandait plutôt s’il approuvait le dessein de fonder une colonie ©ηραϊοι AB‘C : ®jj6- cett. || οί'κισε codd. pl. : -ησε CPD || ι3 έξε-
dans tel pays qu’on indiquait. λασδείς PDUSV : -λαθείς ABC || ιό τω D : om. cett. || [xai] del. Nie­
3. Sur le Kinyps et les Maces, cf. IV 175 , 198. buhr Il 1.5 Καρχηδονίων codd. pl. : Καλχ- SV.
V 43 TERPSICHORE *4 94 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 43
beau^canton de la Libye au bord d’un grand fleure. Mais il οί ‘Αντιχάρης άνήρ Έλεώνιος συνεβούλευσε ix *rfiv Λάιου
en fut chassé la troisième année par les Libyens Maces et les χρησμών « ‘ΗράκλεΙην γήν έν ΣικελΙη » κτίζειν, φάς τήν
43 Carthaginois, et revint dans le Péloponnèse. Là, un homme Έ ρυκος χώρην πδσαν εΐνοιι ‘Ηρακλειδέων, αύτοΟ Ήρακλέος
d’Éléon1, Anticharès, lui donna le conseil, tiré des oracles de κτησαμένου. *0 δέ άκούσας ταΟτα ές Δελφούς οϊχετο 5
LaiosI.2, de coloniser « la terre d’Héraclès345qui était en Sicile » ;
χρησόμενος τφ χρηστηρίφ, εΐ αίρέει έπ’ ήν στέλλεται
tout le pays d’Éryx, disait-il, appartenait aux Héraclides,
χώρην ή δέ Πυθίη οί χρ$ αίρήσειν. Παραλαβών δέ Δωριεύς
Héraclès en ayant fait lui-même l’acquisition3. Ce qu’ayant
entendu, Dorieus alla à Delphea demander à l'oracle s’il τόν στόλον τόν καί ές Λιβύην ήγε Ικομίζετο παρά τήν
pourrait s’emparer du pays pour la conquête duquel il se ΊταλΙην.
disposait à partir* ; la Pythie lui répondit qu’il s’en empare­ Τόν χρόνον δέ τοΟτον, ώς λέγουσι Συβαρΐται, σφέας τε 44
rait. Il prit donc avec lui la troupe qu’il avait déjà conduite αύτούς καΙΤήλυν τόν έωυτών βασιλέα έπί Κρότωνα μέλλειν
en Libye, et longea les côtes d’Italie. στρατεύεσθαι, τούς δέ Κροτωνιήτας( περιδέας γενομένους
44 En ce temps, à ce que disent les Sybarites, ils étaient, eux δεηθήναι Δωριέος σφίσΐ τιμωρήσαι καί τυχεΐν δεηθέντας'
et leur roi Télys, sur le point de marcher contre Crotone ; συστρατεύεσθαΐ τε δή έπΐ Σύβαριν Δωριέα καί συνελεΐν 5
les Crotoniates, terrifiés, prièrent Dorieus de les secourir, τήν Σύβαριν. ΤαΟτα μέν νυν Συβαρΐται λέγουσι ποιήσαι
et ils obtinrent ce qu’ils demandaient ; Dorieus marcha avec
Δωριέα τε καί τούς μετ’ αύτοΟ, Κροτωνιήται δέ ούδένα
eux contre Sybaris, et avec eux prit la ville. Voilà ce qu’au­
σφίσι φασί ξεΐνον προσεπιλαβέσθαι τοΟ πρός ΣυβαρΙτας
raient fait, au dire des Sybarites, Dorieus et ses compagnons ;
πολέμου εΐ μή Καλλίην τών Ίαμιδέών μόιντιν Ήλεΐον μοΟ-
maïs les Crotoniates nient qu’aucun étranger se soit joint à
eux pour la guerre contre Sybaris; sauf le seul Callias, devin νον, καί τοΟτον τρόπφ τοιφδε- παρά Τήλυος τοΟ Συβαρι- ΙΟ
Êléen de la race des Iamides, qui les aurait rejoints dans les τέων τυράννου άποδράντα άπικέσθαι παρά σφέας, ΙπεΙτε
circonstances suivantes : il se serait enfui d’auprès de Télys, οίτάίρά ού προεχώρεε χρηστά θυομένφ έπΐ Κρότωνα. ΤαΟτα
tyran de Sybaris, et serait venu chez eux parce que, lorsqu’il δή[ούκ] οδτοι λέγουσι. Μαρτύρια δέ τούτων Ικάτεροι άπο- 45
sacrifiait au sujet de la guerre contre Crotone, les présages δεικνύουσι τάδέ- Συβαρΐται μέν τέμενός τε καί νηύν έόντα
donnés par les victimes n’étaient point favorables. Voilà ce παρά τόν ξηρόν Κρδθιν, τύν Ιδρύσασθαι συνελόντα τήν
45 que disent les Crotoniates. Chacun des deux partis produit à πόλιν Δωριέα λέγουσι ΆθηναΙη έπωνύμφ Κραθίη, τοΟτο δέ
l’appui de ses affirmations les témoignages que voici. Les Sy­
barites allèguent l’enceinte sacrée et le temple voisin du lit dcs- 43 3 Ήρακλείην PUSV : Ήράχλειαν ABCD || γην coniecit Stein :
τήν codd, y Σιχελίη : -ία codd. || χτίζειν codd. pi. : χρηίζειν G || η SI
(ante Δωριεύς) om. V.
I. Bourgade de Béotie, pays du légendaire Bakis. 44 2 τόν codd. pi. : των B || 3 στρατεύεσθαι codd. pi. : -εύσεσΟαι
a. Qui auraient été rendus à Laios ou colligés par lui, D II περιδέας scripsi (cf. Praef. 208): -δεέας codd. || γενομένους codd.
3. Les manuscrits donnent Ήρακλείην τήν έν Σ:χελίη. Mais il n’y pl. : γιν- C II 4 Δωριέος : -έως codd. pl. S inc. || 5-γ χαί... Δωριέα
avait pas dans le pays d’Éryx, partie occidentale de la Sicile, de ville om. G (I 8 προσεπιλαβέσθαι codd pl. : προσελ- V προσλ- S || 9 τδν
appelée Héraclée. D’où la correction. codd. pl. : τόν D2 |] Ίαμιίεών codd. pl. : άμ- USV || 12 προε/ώρεε
4. En triomphant d’Éryx, fils d’Aphrodite, au retour de son expé­ ABGP : προσεγ- DÜSV || t3 δή scripsi : 0’ codd. || [oux GP : ούχ
dition en Occident (Diod., IV a3 ; Paus., III i6 4-5)· cett.j ; ante ουτ- del. Wesseling.
5. Il ne le nommait pas, pour éviter tout quiproquo que pourrait 45 3 Κράθιν Wesseling : Κράστιν codd. pl. : Κράστον S V inc. ||
caueer une homonymie. 4 Κραθίη Wesseling : Κραστίη eodd. || τοϋτ· oodd. pl. : -sv C.
V 45 TERPSICHORE 05 95 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 45
séché du Crathis1, que Dorieus, disent-ils, après avoir pris part «fkoO Δωριέος τδν θάνατον μαρτύριου μέγιστον ποιεΟνται, 5
à la conquête de leur ville, consacra à Athéna surnommée 8τι παρά τά μεμαντευμένα ποιέων διεφθάρη· εΐ γάρ δή μή
Crathia ; -et, de la mort de Dorieus lui-même, ils tirent cet παρέπρηξε μηδέν, έπ’ 8 δέ έστάλη έποίεε, εΐλε &ν τήν
autre témoignage, qu’ils estiment très fort : lorsque Dorieus Έρυκίνην χώρην καί Ιλών κατέσχε, ούδ’ Sv αότός τε καί ή
péritI.23*, disent-ils, ce qu’il faisait dépassait les prédictions de
στρατιή διεφθάρη. Οί δ* αδ Κροτωνιήται άποδεικνύουσι
l'oracle8, car, s’il n’avait rien fait qui les dépassât, s’il avait
ΚαλλΙη μέν τφ Ή λείω έξαίρετα Ιν γή τή Κροτωνιήτιδι ίο
exécuté ce pour quoi il était parti, il se serait emparé du
pays d’Ëryx et, après s’en être emparé, l’eût gardé en sa πολλά δοθέντα, τά καί Ις έμέ Ιτ ι ένέμοντο οί Καλλίεω άπά-
possession; et il n’aurait point péri, lui et son armée*. Les γονοι, Δωριέΐ δέ καί τοΐσι Δωριέος άπογόνοισι ουδέν καί-
Crotoniates, de leur côté, font valoir qu’il fut donné & Callias τοι, εί συνεπελάθετύ γε τοΟ ΣυβαριτικοΟ πολέμου Δωριεύς,
d’Élide, dans le territoire de Crotone, beaucoup de biens δοθήναι &ν οί πολλαπλήσια ή ΚαλλΙη. ΤαΟτα μέν νυν έκά-
choisis, dont les descendants de Callias jouissaient encore de τεροι αυτών μαρτύρια άποφαίνονταΓ καί πάρεστι, δκοτέ- ι5
mon temps; à Dorieus et aux descendants de Dorieus, rien; ροισί τις πείθεται αύτδν, τούτοισι προσχωρέειν.
or, si Dorieus les avait assistés dans la guerre contre Sybaris, Συνέπλεον δέ ΔωριέΧ καί άλλοι συγκτίσται Σπαρτιητέων, 46
on lui aurait donné bien plus qu’à Callias. Tels sont les Θεσσαλδς teal ΠαραιΒάτης καί Κελέης καί Εύρυλέων, οΐ
témoignages que produisent les uns et les autres ; libre à
έπείτε &πίκοντο παντί στδλω ές τήν Σικελίην, άπέθανον
chacun de se ranger à l’opinion de ceux qui les convainquent.
μάχη Ισσωθέντες ύπό τε Φοινίκων καί Έ γεσταΙω ν μοΟνος
46 Avec Dorieus s’étaient embarqués pour fonder avec lui
δέ Εύρυλέων τδν συγκτιστέων περιεγένετο τούτου τοΟ 5
une colonie plusieurs autres Spartiates : Thessalos, Paraiba-
tès, Kélès et Euryléon ; arrivés en Sicile avec toute la flotte, πάθεος. Συλλαβών δέ οδτος τής στρατιής τούς περιγενο-
ils périrent dans la défaite qui leur fut infligée par les Phé­ μένους έσχε Μινώην τήν Σελινουσίων άποικίην καί συνε-
niciens et les gens de Ségeste ; seul des fondateurs de la λευθέρου Σελινουσίους τοΟ μουνάρχου Πειθαγόρεω. Μετά
colonie, Euryléon survécut à ce désastre. Il rassembla les δέ, ώς τοΟτον κατεΐλε, αύτδς τυραννίδε Ιπεχείρησε Σελι-
survivants de l’armée, occupa Minoa, colonie de Sélinonte, νοΟντος καί έμουνάρχησε χρόνον έπ’ δλίγον· οί γάρ μιν ίο
et aida les Sélinontins à s’affranchir du despotisme de Pei- Σελινούσιοι έπαναστάντες άπέκτειναν καταφυγόντα ΙπΙ
thagoras. Mais, après qu’il eut renversé celui-ci, il préten- Δ ιός’Αγοραίου βωμόν. Συνέσπετο δέ Δωριέ'ί. καίσυναπέθανε 47

I. Fleuve voisin de Sybaris, dont les Crotoniates vainqueurs 45 5 Δωριέος PUS : -έως ABCDV || 6 παρά τα codd. pi. : τα παρά
avaient détourné le cours et dirigé les eaux sur l’emplacement de la SV παρά D y 7 ίπ> 8 PDUSV : έπ’ ίι ÂBGP marg. || 8 Έρυχίνην codd.
ville détruite (Strabon, VI i i3). pi. : -χίην D y g άποδειχνύουσι (cf. Praef. a i 6) : -νΰσι codd. || n
a. Dans le désastre infligé à son armée par les Carthaginois et les τά om. pC || xai om. D* || ia Δωριέος CPU : -έως ABDSV || i3
gens de Ségeste (cf. ci-après, ch. 46). Συδαριτιχοδ codd. pl. : -pixoü D || ι4 πολλαπλήσια codd. pl. : -πλάαια
3. ΙΙαρά τα αεμαντευμενα. Dorieus avait demandé s’il s’emparerait PD II ι5 πάρεστι codd. pl : πάρεστι γε D || ι 6 προαχ- codd. pl. :
du pays pour la conquête duquel il partait, sans le nommer. Il avait προ/- D y -γωρέειν P : -χωρεΐν cett.
conquis Sybaris ; dès lors l’oracle était accompli ; ce qui suivit était 48 î Θεσσαλός codd. pl. : Θεσα- G || Παραιδάτης codd. pl. :
au-delà de ses promesses. Παρά a ici la même valeur qu’au 1. II ΙΙαραβ- SV || 4 Έγεσταίων ABC'D'S : Αιγ- C 2PD 2U Ά γ. V || 7-8
ch. i 6o : παρά ταΰτα ούδ’ αν... oùSàv έπεξευρεϊν. οονελευθέρου codd. pl. : -ους B || 8 μουνάρχου codd. pl. : ίσον- CU |l
4- La Pythie annonçait que Dorieus ferait une conquête ; il n’a 9 τυραννίδι codd. pl. : -ίδα S Vine.
pas fait celle du pays d’Éryx ; donc, il a dû en faire une autre. Ce 47 i συνέσπετο codd. pl. : -έπετο SV.
V 47 TEBPSICHORE »6 96 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 47
dit lui-même devenir tyran de Sélinonte, et il exerça l ’auto­ Φίλιππος & Βουτακίδεω Κροτωνιήτης άνήρ, δς άρμοσάμε-
rité souveraine; mais peu de temps, car les Sélinontins se νος Τήλυος τοΟ Συβαρίτεω θυγατέρα έφυγε έκ Κρότωυος,
soulevèrent et le mirent à mort, bien qu’il se fût réfugié à l’autel ψευσθείς δέ τοΟ γάμου οϊχετο πλέων ές Κυρήυην, έκ ταύ-
47 deZeusAgoraios. Un autre compagnon deDorieus, qui périt τη ς δέ δρμώμενος συνέσπετο οίκηίη τε τριήρεί καί οίκηΐη 5
avec lui, est Philippe fils de Boutakidès, Crotoniate; pour άνδρδν δαπάνη, Ιών τε Όλυμπιονίκης καί κάλλιστος
s’étre fiancé avac une fille de Télys de Sybaris, il avait été Ελλήνων τδν κατ’ έωυτάν. Διά δέ τδ έωυτοΟ κάλλος ήνεί-
exilé de Crotone; déçu dans ses projets matrimoniaux, il κατο παρά ΈγεσταΙων τά ούδείς άλλος· έπί γάρ τοΟ τάφου
avait pris la mer et s’était rendu à Cyrène; puis, partant de
αύτοΟ ήρώιον Ιδρυσάμενοι θυσίησι αότδν ίλάσκονται.
Cyrène, il avait suivi l’expédition avec une trière à lui et
Δωριεύς μέν νυν τρόπω τοιούτφ έτελεύτησε. El δέ 48
des hommes qu’il payait lui-même; c’était un olympionique
et le plus beau des Grecs de son époque. A cause de sa beauté, ήνέσχετο βασιλευόμενος υπό Κλεομένεος καί κατέμενε έν
il reçut des gens de Ségeste des honneurs que personne Σπάρτη, έβασίλευσε &ν Λακεδαίμονος· ού γάρ τινα πολλδν
d’autre ne reçut ; ils élevèrent sur son tombeau une chapelle, χρόνον ήρξε δ Κλεομένης, άλλ’ άπέθανε άπαις, θυγατέρα
et ils lui offrent des sacrifices pour se le rendre favorable. μούνην λιπών, τή οΰνομα ήν Γοργώ. __
4g Telles furent les circonstances de la mort de Dorieus. S’il Ά πικνέεταιδ’ δν δ Άρισταγόρης δ Μιλήτου τύραννος ές 49
avait supporté de vivre sous l’autorité de Cléomène et fût τήν Σπάρτην Κλεομένεος Ιχοντος τήν άρχήν. Τφ δή ές
demeuré à Sparte, il serait devenu roi de Lacédémone ; car λόγους ήιε, ώς Λακεδαιμόνιοι λέγουσι, έχων χάλκεον πίνακα
Cléomène ne régna pas longtemps1 et mourut sans avoir de έν τφ γής άπάσης περίοδος ένετέτμητο καί θάλασσά τε
fils, ne laissant qu’une fille, qui avait nom Gorgo*. πάσα καί ποταμοί πάντες. Άπικνεόμενος δέ ες λόγους δ 5
49 Aristagoras, tyran de Milet3, arriva donc à Sparte du temps
Άρισταγόρης έλεγε πρδς αύτδν τάδε- « Κλεόμενες, σπουδήν
que Cléomène y avait le pouvoir. Il vint s’entretenir avec
μέν τήν έμήν μή θωμάσης τής ένθαΟτα άπίξιος. Τά γάρ
lui, à ce que disent les Lacédémoniens, portant une tablette
de cuivre 1 où étaient gravés les contours de toute la terre, κατήκοντά έστι τοιαΟτα. Ίώνων παΐδας δούλους είναι άντ’
toute la mer et tous les fleuves8. Et, engageant l’entretien, il έλευθέρων 8νείδος καί άλγος μέγιστον μέν αύτοΐσι ήμΐν,
lui dit : « Cléomène, ne t’étonne pas de mon empressement Ιτι δέ τδν λοιπών ύμΐν, δσω προέστατε τής Ελλάδος. ΝΟν ίο
à venir ici. Voici, en effet, quelle est la situation présente. δν πρδς θεδν τδν Έλληνίων £ύσασθε “Ιωνάς έκ δουλοσύνης,
Les fils des Ioniens, au lieu d’être libres, sont esclaves, très άνδρας δμαίμονας. Εύπετέως δέ ύμΐν ταΟτα οΐά τε χωρέειν
grand sujet de honte et de peine pour nous-mêmes, mais έστί. Ούτε γάρ οί βάρβαροι άλκιμοί είσι, ύμεΐς τε τά ές
raisonnement, peut-être suggéré par le clergé de Delphes, suppose une 47 5 δρμώμενος codd. pi. : -εώμενος C -εόμενος Ρ || συνέσπετο
ferme confiance en l’infaillibilité de l’oracle. ABCP : -έπετο DUSV || η τό codd. pi. : τοϋ SV || η- 8 ήνείχατο codd.
I. Étrange erreur. Cléomène régnait dès le début du règne de pl. : èv- GP II 8 Έγεαταίων ABD’S : Αίγ- CPD2UV || 9 ήρώιον
Darin« (III 14.8) et ne dut mourir qu’après Marathon (VI 85 et ABPD : ήρώον USV Ιρώον C || ιλάσκονται ABCP : -οντο DUSV.
note). Dorieus était mort peu après la ruine de Sybaris ^5io). 48 I τ ο ι ο ύ τ ω c o d d . p l . : τ ο ι ω δ ε D || 3 Σ π ά ρ τ η c o d d . p l . : τ τ | Σ π . D
a. Elle devint la femme de Léonidas (VII a3çi). II έ β α σ ί λ ε υ σ ε K r u e g e r : - ε υ ε ( ν ) c o d d . | | 4 θ υ γ α τ έ ρ α c o d d . p l . : θ α τ έ ρ α ν
3. Il n’avait abdiqué la tyrannie qu’en paroles (λόγω, ch. 37). V I] 5 η υ o m . D .
4. Ou : de bronze ? 49 5 έ ς λ ό γ ο υ ς ό Ά ρ ι σ τ α γ ό ρ η ς c o d d . p l . : ό Ά ρ . έ ς λ ό γ . D ||
5. C’est à Milet, patrie d’Anaximandre et d’Hécatée, que parurent 8 έ σ τ ι τ ο ι α ΰ τ α o m . S V |j ι ι ρ ύ σ α σ θ ε c o d d . p l . : - σ θ α ι Β || ι 3 έ ς c o d d .
chez les Grecs les premières cartes géographiques, sous U forme de p l . : ε ις V .
V. - 9
y 49 TERPSICHORE 97 97 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 49
aussi, en dehors de nous, pour vous, d’autant que vous tenez τόν πόλεμον ές x i μέγιστα άνήκετε Αρετής πέρι. "Η τε
le premier rang en Grèce. Eh bien donc, au nom des dieux μάχη αδτδν έστι τοιήδε, τόξα καί αιχμή βραχέα* άναξυρί- ι5
grecs, arrachez à la'servitude les Ioniens, hommes du même 8ας δέ έχοντες έρχονται ές τά ς μάχας καί κυρΒασίας έττί
sang que vous. Il est aisé pour vous d’y réussir. Les Barbares,
τήσι κεφαλήσι. ΟΟτω εύπετέες χειρωθήναί είσι. “Εστι δέ
en efTet, sont sans force militaire; tandis que vous, vous êtes
καί Αγαθά τοίσι τήν ήπειρον έκεΐνην νεμομένοισι 8σα ούδέ
parvenus, pour la guerre, au plus haut point de valeur.
τοΐσι συνάπασι Αλλοισι, άπδ χρυσοΟ άρξαμένοισι, Αργυρος
Et voici avec quoi ils combattent : des arcs et de courtes
piques ; ils marchent au combat portant de larges braies et, καί χαλκός καί έσθής ποικίλη καί ΰποζύγιά τε καί άνδρά- so
sur la tête, de simples bonnets. Dans cet équipage 1 ils sont ποδα· τά θυμδ βουλόμενοι αύτοί Αν έχοιτε. Κατοίκηνται
faciles à vaincre. En même temps, les habitants de ce δέ άλλήλων έχόμενοι ώς έγώ φράσω. Ίώνων μέν τώνδε οΐδε
continent possèdent plus de richesses que n’en possèdent Λυδοί, οΐκέοντές τε χώρηυ άγαθήν καί πολυαργυρώτατοι
même tous les autres peuples ensemble, à commencer par έόντες » (δεικνύς δέ έλεγε ταΟτα ές τής γής τήν περίοδον
l’or; argent et cuivre, étoffes brodées, bêtes de somme et τήν έφέρετο έν τφ πίνακι έντετμημένην). « Λυδδν δέ », a5
esclaves ; ces richesses, si le coeur vous en dit, vous pourriez έφη λόγων δ Άρισταγόρης, « οϊδε έχονται Φρύγες οΐ πρός
les avoir à vous. Leurs pays se touchent, comme je vais te le τήν ήδ, πολυπροΒατώτατοί τε έόντες πάντων τδν έγώ οΐδα
faire voir. Aux Ioniens, que voici, touchent les Lydiens, que καί πολυκαρπότατοι. Φρυγδν δέ έχονται Καππαδόκαι, τούς
voilà, qui occupent un territoire fertile et possèdent beaucoup
ήμεΐς Συρίους καλέομεν. Τούτοισι δέ πρόσουροι Κίλικες,
d’argent2 » (il montrait ce dont il parlait sur le dessin de la
κατήκοντες έπ ΐ θάλασσαν τήνδε, έν τή ήδε Κύπρος νήσος 3ο
terre qu’il avait apporté, gravé sur sa tablette). «Aux
Lydiens», poursuivait Aristagoras, « touchent, ici, les Phry­ κεΐται, οΐ πεντακόσια τάλαντα βασιλέΐ τόν έπέτειον φόρον
giens orientaux, les plus riches des hommes que je connaisse έπιτελέουσι. Κιλίκων δέ τδνδε έχονται’Αρμένιοι οΐδε, καί
en troupeaux et en fruits. Aux Phrygiens touchent les Cappa- οδτοι έόντες πολυπρόΒατοι. ’Αρμενίων δέ ΜατιηνοΙ χώρην
dociens, que nous nommons Syriens. Aux Cappadociens τήνδε έχοντες. “Εχεται δέ τούτων γή ήδε Κισσίη, έν τή δή
confinent les Ciliciens, qui vont jusqu’à cette mer, où se παρά ποταμόν τόνδε Χοάσπην κείμενά έστι τά ΣοΟσα 35
trouve, ici, l’ile de Gypre ; ils payent au Grand Roi cinq cents ταΟτα, ένθα βασιλεύς τε μέγας δίαιταν ποιέεται, καί τδν
talents de tribut annuel. Aux Ciliciens touchent, ici, les χρημάτων οί θησαυροί ένθαΟτά είσι* έλόντες δέ ταύτην τήν
Arméniens, eux aussi riches en troupeaux. Aux Arméniens, πόλιν θαρσέοντες ήδη τφ Δ ιί πλούτου πέρι έρίξετε. ’Αλλά
les Matiènes, qui habitent cette contrée. Le pays qui touche περί μέν χώρης Αρα ού πολλής ούδέ οδτω χρηστής καί
ici au leur est la Kissie ; et c’est là qu’au bord de ce fleuve-
ci, le Ghoaspès, se trouve cette fameuse Suse, où le Grand
Roi fait sa résidence et où sont les dépôts de tous ses trésors ; 49 ι5 α ’ι χ μ ή codd. p i . : α ρ χ ή SV || 19 ά ρ ξ α μ έ ν ο ι σ ι ABGP : - μ ε ν ο ι
DUSV K ai α υ το ί ά ν ϊχ ο ιτ ε (-τ α ι B) codd. ρί. : ά ν ϊχ . α υ τ ο ί D ||
si vous vous emparez de cette ville, vous pouvez dès lors en a3 - ρ ώ τ α τ ο ι PDUSV : - ρ ό τ α τ ο ι ABC || ιη - τ ώ τ α τ ο ι codd. p i . : - τ ο ' τ α -
toute confiance le disputer de richesse avec Zeus. Mais allons, τ ο ι AB y π ά ν τ ω ν codd. p i . : α π ά ν τ ω ν P || a8 - π ό τ α τ ο ι codd. p i . :
- π ώ τ α τ ο ι D 1 || δ ε codd. p i . : τ ε SV || Κ α π π α ο ό χ α ι codd. p i . : - κ ' ι α ι U ||
tablettes. Au début du ve siècle, le πίνας d’Aristagoras devait être à ag Σ υ ρ ί ο υ ; codd. p i . : Σ υ ν ο ρ ί ο υ ; C | | 3ο τ ή : ^ codd. | | Κ ύ π ρ ο ; ν ή σ ο ;
Sparte une nouveauté. codd. p i . : ν ή σ ο ; Κ ύ π ρ ι ο ; D || 3 ι κ ε ΐ τ α ι : κ έ ι τ α ι codd. || 3 η l i a i
I. Embarrassant, et sans valeur défensive. codd. p i . : έ σ τ ι ν C | | 3 8 β α ρ σ έ ο ν τ ε ς ABC : θ α ρ ρ - cott. || 3g α ρ α
a. De métaux précieux monnayés. L’or abondait en Lydie. ABCPU : ά ρ α D ώ ρ α SV.
V 49 TERPSICHORE 98 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 49
pour un territoire qui n’est, certes, ni grand ni tellement ' oöpov σμικρΩν χρεόν Ιστι ύμέας μάχας άναΒάλλεσθοα πρός 4ο
bon, diffères, il le faut, les combats contre les Messéniens, τε Μεσσηνίους έόντας ΐσοπαλέας καί Άρκάδας τε καί
■qui vous égalent en force, contre les Arcadiens, contre les 'ΑργεΙορς, τοΐσι ο0τε χρυσοΟ έχόμενόν Ιστι οβδέν οβτε
Ârgiens, chez qui il n ’y a rien qui ressemble à l’or ni à 1 argent Αργύρου, τΩν πέρι καί τινα ενάγει, ττροθυμίη μοιχέ μεν ον
dont l’appât peut conduire à mourir les armes à la main ; Αποθνήσκειν παρέχον δέ τής Ά σΙης πάσης Αρχειν εύπε-
quand une occassion se présente de régner sans peine sur toute
τέως, Αλλο τι αίρήσεσθε ; » Άρισταγόρης μέν ταΟτα ελεξε, 45
l’Asie, prendrez-vous un autre parti ? » Après qu’Aristagoras
Κλεομένης δέ Αμείβετο τοΧσδε- κ *Ω ξείνε Μιλήσιε, άνα-
eut ainsi parlé, Cléomène répliqua en ces termes : « Étran-
50 ger de Milet, je remets à trois jours de te répondre. » Ils ΒΑλλομαΙ τοι ές τρίτην ή μέρη ν ύποκρινέεσθαι. » Τότε μέν 50
ne poussèrent pas plus loin cette fois. Quand fut venu le ές τοσοΟτο ήλασαν. Έ πεΙτε δέ ή κυρίη ήμερη έγένετο τής
jour où la réponse devait être donnée, et qu’ils se furent ΰποκρίσιος καΐήλθον ές τό συγκείμενον, εΐρετο δ Κλεομένης
trouvés à l’endroit convenu, Cléomène demanda à Aristagoras τδν Άρισταγόρην δκοσέων ήμερέων Από θαλάσσης τή ς
combien il y avait de jours de marche de la mer d’Ionie à la Ιώνων δδδς εΐη παρά βασιλέα. Ό δέ Άρισταγόρης, τδλλα 5
demeure du Roi. Aristagoras, qui jusqu’alors était adroit et έών σοφός καί διαβάλλων έκεΧνον εβ, έν τούτω έσψάλη’
s’y prenait bien pour tromper son interlocuteur, commit à Χρεόν γάρ μιν μή λέγειν τό Ιόν, βουλόμενόν γε Σπαρτιήτας
ce moment une maladresse : il ne devait pas dire la vérité έξαγαγεΧν ές τήν ΆσΙην, λέγει δ’ δν τριΩν μηνΩν φάς
s’il voulait attirer les Spartiates de chez eux en Asie; il la dit εΐναι τήν Ανοδον. Ό δέ ύπαρπάσας τδν έπίλοιπον λόγον τδν
cependant, et avoua qu’il fallait trois mois pour faire la
δ Άρισταγόρης ώρμητο λέγειν περί τή ς δδοΟ, είπε' « *Ω ιο
route. Cléomène alors, sans lui permettre d’achever ce qu’il
ξεΧνε Μιλήσιε, άπαλλάσσεο έκ Σπάρτης πρδ δύντος ήλΙου-
était disposé à dire sur le chemin à parcourir : « Étranger
de Milet, pars de Sparte avant le coucher du soleil1 ; tu ne dis οόδένα γάρ λόγον εύεπέα λέγεις Λακεδαιμονίοισι, έθέλων
rien qui puisse sonner bien à l’oreille des Spartiates, si tu σφέοις άπδ θαλάσσης τριΩν μηνΩν δδδν ΑγαγεΧν. » Ό μέν 51
51 veux les emmener à trois mois de marche de la mer. » Ayant δή Κλεομένης ταΟτα εϊπας ήιε ές τά οίκία. Ό δέ Άριστα­
ainsi parlé, Cléomène retourna dans son logis. Aristagoras γόρης λαβών ίκετηρίην ήιε ες τοΟ Κλεομένεος, έσελθών δέ
s’y rendit, un rameau d’olivier à la main ; et, une fois entré, έσοο Ατε Ικετεύων έπακοΟσαι έκέλευε τδν Κλεομένεα, άπο-
en suppliant, il pria Cléomène de 1 écouter après avoir πέμψαντα τδ παιδίον προσεστήκεε γάρ δή τΩ Κλεομένεΐ ή 5
renvoyé l’enfant qui était près de lui ; c était la fille de θυγάτηρ, τή οΰνομα ήν Ποργώ* τοΟτο δέ ot καί μοΟνον
Cléomène, nommée Gorgo ; elle était son unique enfant, τέκνον έτύγχανε έόν, έτέων δκτώ ή έννέα ήλικίην. Κλεο-
elle avait huit ou neuf ans. Cléomène l’invita à dire ce qu’il
voulait sans être arrêté par la présence de l’enfant. Alors
49 ίο έ σ τ ι υμίας c o d d . p i . : ΰμ- έατι D || όι ι σ ο π α λ ί α ς c o d e ) , p i . :
Aristagoras commença par promettre dix talents, pour le cas - π ο λ ί α ς C || χ α ι (ante Ά ρ χ ά δ α ς ) c o d d . p i . : τ ε χ α ί SV || ί ί π α ρ ε / ο ν
où Cléomène accomplirait ce dont il le priait. Cléomène c o d d . p i . : - ε χ ω ν B 1 V i n c . π α ρ ε ό ν S || ί η τ ρ ί ν η ν c o d d . p i . : τήν τ ρ .
refusa ; Aristagoras offrit des sommes de plus en plus consi- D II δποχρινέεσθαι Bekker : άπο- codd.
50 a τοσοΰτο : -ον codd. || 3 όποχρίσιος Bekker : άπο- codd. ||
I. Quelque quinze ans plus tôt, Cléomène n’avait pas expulsé β?ρετο codd. pi. : ηρ- C V inc. || 5 Ίιύνων codd. pi. : -νίων Β [| ίο δ
Maiandrios sans faire intervenir les éphores (III l48). Ici, il expulse om. DS II ώρμητο codd. pi. : εμελλε S || ia εύεπέα ABCPD2 t
Aristagoras sans en référer à personne ; en prenant de l’àge, il εύεπέτεα SV εύπετέα D1!!.
s’arrogeait plus d’autorité. 51 4 Ισω : εΐ'σω codd. || 6 oi codd. pi. : ε! V.
V 51 TERPSICHORE 99 99 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 51
dérablee; il en vint à promettre cinquante talents; et, à ce μένης Si λέγειν μιν έκέλευε τά βούλεται μηδέ έπισχεΐν τοΟ
moment, l’enfant s’écria : «. Père, l’étranger te corrompra1 παιδίου εΐνεκα. Ένθαΰτα δή δ Άρισταγόρης Κρχετο έκ δέκα
si tu ne t’en vas pas loin de lui. » Ravi du conseil que lui ταλάντων ΰπισχνεόμενος, fjv ot έπιτελέση τδν έδέετο. ίο
donnait sa fille, Cléomène passa dans une autre pièce ; et Άνανεύοντος δέ τοΟ Κλεομένεος ττροέβαινε τοΐσι χρήμασι
Aristagoras quitta tout à fait Sparte sans avoir pu donner
δπερΒάλλων δ ’Αρισταγόρης, ές οδ πεντήκοντά τε τάλαντα
plus de détails sur la route qui va de la mer chez le Roi.
ύπεδέδεκτο καί τδ παιδίου ηύδάξατο- « Πάτερ, διαφθερέει
52 Voici la description de cette route8. Il y a tout le long des
σε δ ξεΐνος, ήν μή άποστάς ΐης. » “Ο τε δή Κλεομένης
stations royales et de très belles hôtelleriesI.*3*5б
. ; la route entière
traverse des pays peuplés et sûrs. Dans la traversée de la Lydie ήσθείς τοΟ παιδίου Tfj παραινέσι ήιε ές έτερον οίκημα καί ι5
et de la Phrygie, il y a une suite de vingt stations*, quatre- δ ’Αρισταγόρης άπαλλάσσετο τδ παράπαν έκ τή ς Σπάρτης,
vingt-quatorze parasanges et demi. En sortant de Phrygie on οόδέ οΐ έξεγένετο έπΐ πλέον ετι σημήναι περί τή ς άνόδου
trouve le fleuve Halys ; il y a sur ses bords des portes8 par les­ τής παρά βασιλέα.
quelles il faut passer de toute nécessité si l’on veut franchir le “Εχει γάρ άμφί τή δδδ ταύτη ωδε. Σταθμοί τε πανταχή 52
fleuve ; il y a aussi sur le fleuve un fort poste de garde. Après είσι βασιλήιόι καί καταλύσιες κάλλισται, διά οίκεομένης τε
ce passage, on est en Cappadoce ; il y a dans ce pays, jusqu’aux ή δδδς άπασα καί άσφαλέος. Διά μέν γε Λυδίης καί Φρυ-
frontières de Cilicie, vingt-huit stations, cent quatre para­ γ£ηςσταθμοί τείνοντες εϊκοσί είσι, παρασάγγαι δέ τέσσερες
sanges ; aux frontières ciliciennes, vous traverserez deux καί ένενήκοντα καί ήμισυ. Έκδέκεται δέ έκ τής Φρυγίης δ 5
portes8 et passerez devant deux postes de garde. Sorti de là, vous
“Αλυς ποταμός, έπ’ Ç πύλαι τε έπεισι, τάς διεξελάσαι
avez en Cilicie trois stations, quinze parasanges et demi7. Entre
πάσα άνάγκη καί ο6το διεκπεράν τδν ποταμόν,·καί φυλακ-
I. Διαφθερέει σε peut signifier aussi « te fera du mal » ; et c’est là, τήριον μέγα έπ’ αότφ. ΔιαΒάντι δέ ές τήν Καππαδοκίην
je pense, ce que Gorgo voulait dire ; habituée au flegme Spartiate, καί ταύτη πορευομένω μέχρι οΰρων τδν Κιλικίων σταθμοί
elle pouvait être inquiétée par des gestes de l'exubérant Ionien. Ce
sont les circonstances qui conférèrent à ses paroles une signification δυδν δέοντές είσι τριήκοντα, παρασάγγαι δέ τέσσερες καί ίο
imprévue. έκατόν· έπΐ δέ τοΐσι τούτων οΰροισι διξάς τε πύλας διεζε-
а. Introduite par γάρ, elle se présente comme le substitut de ce λής καί διξά φυλακτήρια παραμείψεαι. ΤαΟτα δέ διεξελά-
qu’Aristagoras aurait pu dire.
3. Les σταθμοί βασιλψιοι étaient des gîtes d’étape, sous bonne σαντι καί διά τής Κιλικίης δδδν ποιευμένφ τρεις είσι
garde, pour le Roi et les grands personnages en déplacements, des σταθμοί, παρασάγγαι δέ πεντεκαίδεκα καί ήμισυ. Οδρος δέ
relais pour Vaggareion ; les χαταλύσιες étaient des caravansérails. Κιλικίης καί τή ς Άρμενίης έστί ποταμδς νηυσιπέρητος, ι5
l\. Σταθμοί τείνοντες εί'χοσι. Le voisinage de τείνοντες inviterait à
traduire ici σταθμοί par « étapes ». Mais il parait préférable de
conserver tout du long la même traduction. La suite des stations 51 8 λ έ γ ε ι ν c o d d . p i . : - ε ι UV || g ά ρ · / ε τ ο ABCPD : - τ α ι USV ||
s’allonge comme une chaîne. ί ο ί ι π ι σ χ ν ε ό μ ε ν ο ς c o d d . p i . : Ε ι π ο σ χ ν - V ΰ π ι σ χ ε ό μ ε ν ο ς C (I 1 3 ε ? o u
5. Des portes monumentales élevées sur les deux bords du fleuve ; c o d d . p i . : Ι σ ο ϋ σ α C || ι 3 θ π ε δ έ δ ε χ τ ο c o d d . p i . : 6 π ο - AB || δ ι α ρ θ ε ρ έ ε ι
entre les deux, il y avait un pont (I 75). c o d d . p i . : - φ θ ο ρ έ ε ι B - φ θ α ρ έ ε ι C |[ ι 4 ο τ ε δ ή Κλ. ή σ θ ε ί ς c o d d . p i . :
б . Deux portes accouplées entre lesquelles un pont permettait de ή σ θ ε ί ς δ ε ό Κλ. D || ι 5 π α ρ α ι ν έ σ ι : - σ ε ι c o d d . p i . : V i n c .
franchir une seconde fois l’Halys dans sa vallée supérieure. Rien de 52 4 τείνοντες codd. pi. : στείν- C || τέσσερες codd. pi. : τέσσα- V ||
commun avec les « Portes Ciliciennes ». 5 ένενήχοντα ABDU : έννεν- CPSV || ίο τέσσερες codd. pi. : τε'ασα- V
7 . La Cilicie d’Hérodote était très vaste (cf. tome I, p. 75 , n. 2 II 12 παραμείψεαι codd. pi. : διαμ- S || ι5 χαί της ’Αρμένιος om. SV |)
et 6). La Route Royale l’écornait au Nord-Est. νηυσιπέρητος codd. pi. : ναυσί περ- S ναυσί περιττός V,
▼ 52 TERPSICHORE ΙΟΟ IOO ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ Y 52
la Cilicie et l ’Arménie, la frontière est formée par un fleuve τφ οβνομα Εύφρήτης. Έ ν δέ τή Άρμενίη σταθμοί μέν είσι
qui se passe en bateau et qui a nom Euphrate. En Arménie, [καταγωγέων] πεντεκαίδεκα, παρασάγγαι δέ έξ καί πεντή-
quinze stations1, cinquante-six parasanges et demi ; sur le par­ κονχα καί ήμισυ, καί φυλακτήριον έν αύτοΐσι. Έ κ δέ
cours, un poste de garde. De l’Arménie, on entre dans la Ma- ταύτης τή ς Άρμενίης έσθάλλοντι ές τήν Ματιηνήν γήν
tiène, (trente) quatre stations, (cent trente-sept parasanges). σταθμοί είσι τέσσερες (καί τριήκοντα, παρασάγγαι δέ έπτά χο
Quatre fleuves qui se passent en bateau coulent à travers le
καί τριήκοντα καί Ικατόν). Ποταμοί δέ νηυσιπέρητοι τέσ­
pays, et il faut de toute nécessité les franchir : en premier lieu
σερες διά ταύτης βέουσι, τούς πδίσα άνάγκη διαπορθμεΟσαί
le Tigre; ensuite, un second et un troisième qui portent le
έστι, πρδτος μέν Τίγρης, μετά δέ δεύτερός τε καί τρίτος
même nom, (Zabatos), sans être le même fleuve ni venir du
même lieu, le premier énuméré des deux venant du pays ώυτδς δνομαζόμενος (Ζάθατος), ούκ ώυτδς έών ποταμός
des Arméniens, l’autre du pays des Matiènes2 ; le quatrième όύδέ έκ τοΟ αύτοΟ £έων δ μέν γάρ πρότερος αύτδν κατα- α5
fleuve a nom Gyndès3 ; c’est celui que Cyrus partagea autre­ λεχθείς έξ ’Αρμενίων £έει, δ δ’ Βστερος έκ Ματιηνβν· δ
fois en trois cent soixante canaux. De là, on passe dans le δέ τέταρτος τδν ποταμών οΰνομα έχει Γύνδης, τδν ΚΟρος
pays de Kissie, où il y a onze stations, quarante-deux διέλαβέ κοτε ές διώρυχας εξήκοντα καί τριηκοσίας. Έ κ δέ
parasanges et demi, jusqu’au fleuve Choaspès*, qui lui aussi ταύτης ές τήν Κισσίην χώρην μεταβαίνοντι ένδεκα σταθμοί,
se traverse en bateau ; c’est au bord de ce fleuve qu’est bâtie παρασάγγαι δέ δύο καί τεσσεράκοντα καί ήμισύ έστι έπί 3ο
la ville de Suse. Le total des stations que je viens de compter ποταμόν Χοάσπην, έδντα καί τοΟτον νηυσιπέρητον, έπ’ φ
est de cent onze. Tel est aussi le nombre des gîtes d’étape des
ΣοΟσα πόλις πεπόλισται. Οδτοι οί πάντες σταθμοί είσι
53 stationss, pour qui monte de Sardes à Suse. Maise, si la Route
ένδεκα καί έκατόν. Καταγωγαί μέν νυν σταθμών τοσαΟταί
Royale est exactement mesurée en parasanges· et si le para-
sange vaut trente stades, comme il les vaut en eflet, il y a, είσι έκ Σαρδίων ές ΣοΟσα άναθαίνοντι. Εΐ δέ δρθώς μεμέ- 53
de Sardes au palais dit de Memnon, treize mille cinq cents τρηται ή δδδς ή Ιΐασιληίη τοίσι παρασάγγησι καί δ παρα­
stades, y ayant quatre cent cinquante parasanges ; à raison σάγγης δύναται τριήκοντα στάδια, ώσπερ οΰτός γε δύναται
de cent cinquante stades par jour, c’est de quoi employer ταΟτα, έκ Σαρδίων στάδιά έστι ές τά βασιλήια τά Μεμνόνια

I . Σταθμοί est accompagné ici, exceptionnellem ent, de κατα­ 52 ι6 Ε ύ τ ρ ή τ η ς C P : - ά τ η ς c e t t . || ιη A n κ α τ α γ ω γ ί ω ν d e l e n d u m ?


γω γίων, qui, si on le conserve, serait « épexégétique » : des stations II ιδ -30 Verba ’Εκ δέ ταύτης... είσι τέσσερες, quae in codicibus post
avec gîtes d ’étape. τριηκοσίας ( 1. 28) leguntur, huc transposuit Stein || 19 Ισβάλλοντι
3 . Les deux Zab. US : -τες A -τος cett. || Ματιηνήν codd. pi. : Μαντ- A1 || 30 τέσσερες
3. Aujourd’hui Diala. codd. pi. : τέσσα- V || ao-ai (καί τριήκοντα... καί έκατο'ν) add. de
4. Aujourd’hui Kerkha. la Barre || 21-33 τέσσερες codd. pi. : τέσσα- V || s 3 Τίγρης A2 Lau­
5. Καταγωγαί σταθμών. Outre les « très belles hôtelleries » rent. LXX 6 : Τίγρις USV Πίγρης A‘BGP Πίγρις D || 24 (Ζάβατος),
annexées aux σταθμοί, il pouvait y en avoir d’autres, le long d'une quod pro ώντός (ante όνομ.) reponere volebat Weissenborn, hic add.
route qui traversait des pays « peuplés et sûrs ». Abicht, Bobrik || a 5 αύτοδ codd. pi. : ώυτοΰ D l| προτερος codd. pi. :
6 . L’énumération des σταθμοί, — ce qu’à l’âge des diligences on - o v L a u r e n t . L X X 6 || α ύ τ ω ν G P : - ί ω ν c e t t . || 2 6 ύ σ τ ε ρ ο ς D f c o n i e c e -
eût appelé des relais ou des « postes », — aboutit à un autre chiffre rat S t e i n : -ov c e t t . || Μ α τ ι η ν ώ ν c o d d . p i . : Μ α ν τ - A * || 3 o τ ε σ σ ε ρ ά ­
que celui des journées annoncé par Arislagoras: n i au lieu de go. κ ο ν τ α c o d d . p i . : τ ε σ σ α - D U V || 3 4 έ κ Σ α ρ δ ί ω ν έ ς Σ ο ΰ σ α ά ν α β . c o d d .
Hérodote va lui opposer un calcul déduit du nombre total des para- p i . : ές Σ . ά ν α δ . Ι χ Σ α ρ δ . D .
sanges et de la distance qu’une armée parcourait en un jour, calcul 53 3 ώ σ π ε ρ . . . σ τ ά δ ι α o m . USV || 1\ Ι σ τ ι c o d d . p i . : ε ? σ ι c u m έ σ τ ι
qui donnera raison au Milésien. supra scripto G || Μ ε μ ν ά ν ι α c o d d . p i . : - ο ν ε ι α P * D .
V 54 TERPSICHORE ΙΟΙ 101 Τ Ε Ρ Ψ ΙΧ Ο Ρ Η V S3
54 tout juste quatre-vingt-dix journées ; lors donc qu’Àristagoras καλεόμενα πεντακόσιοι καί τρισχίλια καί μύρια παρασαγγέων 5
de Milet avait dit à Cléomène de Lacédémone que le trajet ιόντων πεντήκοντά καί τετρακοσίων πεντήκοντα δέ καί
pour se rendre chez le Roi était de trois mois, il avait dit έκατδν στάδια έπ’ ή μέρη έκάστη διεξιοΟσι άναισιμοΟνται
vrai. Mais, si l’on désire une exactitude encore plus grande, ήμέραι άπαρτί ένενήκοντα- οδτω τφ Μιλησίω Άρισταγόρη 54
j ’ajouterai ceci : au trajet en question, il faut joindre celui εΐπαντι πρδς Κλεομένεα τδν Λακεδαιμόνιον εΐναι τριών
d'Ëphèse à Sardes. Je conclus que, delà mer de Grèce jusqu’à μηνάν τήν άνοδον τήν παρά βασιλέα δρθώς εΐρητο. Et δέ
Suse (c’est Suse qu’on appelle la ville de Memnon), il y a en
τ ις τδ άτρεκέστερον τούτων Ιτ ι δίζηται, έγώ καί τοΟτο
tout quatorze mille quarante stades; car d’Éphèse à Sardes,
σημανέω- τήν γάρ έξ Εφέσου ές Σάρδις δδδν δει προσλο- 5
il y en a cinq cent quarante ; et ainsi le trajet de trois mois
est allongé de trois jours. γίσασθαι ταύτη. Καί δή λέγω σταδίους είναι τούς πάντας
55 Chassé de Sparte, Aristagoras se rendit à Athènes, qui άπδ θαλάσσης τή ς ‘Ελληνικής μέχρι Σούσων (τοΟτο γάρ
s’était libérée de ses tyrans comme nous allons le dire. Après Μεμνόνιον άστυ καλέεται) τεσσεράκοντα καί τετρακισχι-
qu’Hipparque, fils de Pisistrate et frère du tyran Hippias λίους καί μυρίους· οί γάρ έξ Εφέσου Ι ς Σάρδις είσΐ τεσ­
bien qu’il eût eu en songe une vision que sa mésaventure σεράκοντα καί πεντακόσιοι στάδιοι' καί οδτω τρισΐ ήμέρησι ίο
rendit très claire, eut été tué par Harmodios et Aristogiton, μηκύνεται ή τρίμηνος δδός.
Géphyréens d’originea, les Athéniens continuèrent de vivre ’Απελαυνόμενος δέ δ Άρισταγόρης Ικ τή ς Σπάρτης ήιε 55
durant quatre années sous un régime tyrannique, non moins Ις τάς ’Αθήνας γενομένας τυράννων δδε Ιλευθέρας. Έ π εΙ
56 dur mais plus dur encore qu’auparavant. Voici en quoi “Ιππαρχον τδν Πεισιστράτου, ‘Ιππίεω δέ τοΟ τυράννου
consistait la vision qu’Hipparque eut en songe. Dans la nuit άδελφεόν, Ιδόντα Βψιν ενυπνίου τφ εωυτοΟ πάθεΐ έναρ-
qui précédait les Panathénées, il lui sembla qu’un homme de
γεστάτην κτείνουσι ’Αριστογείτων καί ‘Αρμόδιος, γένος 5
grande taille et de belle apparence, debout à ses côtés, lui
adressait ces vers énigmatiques: «Endure, lion, d’un cœur Ιόντες τά άνέκαθεν Γεφυραΐοι, μετά ταΟτα Ιτυραννεύοντο
endurant, les maux inendurables qui te frappent; il n’est ’Αθηναίοι έπ’ Ιτέα τέσσερα οόδέν ήσσον άλλα καί μάλλον ή
pas d’homme qui, commettant l’injustice3, échappe à πρδ τοΟ. Ή μέν νυν 8ψις τοΟ ‘Ιππάρχου ένυπνίου ήν ήδε.
l’expiation.» Aussitôt que le jour fut venu, Hipparque, Έ ν τή προτέρη νυκτί τ&ν Παναθηναίων έδόκεε δ “Ιππαρχος 56
άνδρα οί έπιστάντα μέγαν καί εύειδέα αίνίσσεσθαι τάδε τά
I. En s’exprimant ainsi, Hérodote voulait-il protester contre une
erreur que Thucydide combat (I ao, VI 54 suiv.), erreur consistant & Ιπεα·
tenir Hipparque pour le seul tyran en titre de son vivant ? Cette erreur
peut avoir eu pour point de départ une expression du fameux scolion, Τλήθι λέων άτλητα παθών τετληότι θυμφ-
où est il dit d’Harmodios et Aristogiton : τόν τύραννον κτανέτην. La vérité ούδείς άνθρώπων άδικων τίσιν ούκ άποτίσει. 5
parait être que les deux frères, tant qu’Hipparque vécut, partagèrent
le pouvoir : ήταν Si κύριοι των πραγμάτων... "Ιππαρχο? και Ιπ π ία ς,
est-il dit Ά 6 . Π ολ., ι 8 . 53 8 ένενήκοντα ABCD : έννεν- PUSV.
a. Cette particularité, qui fut peut-être la cause occasionnelle du 54 8 Μεμνόνιον USV : -όνειον ABGPD || τεσαεράκοντα codd. pi. :
meurtre d’Hipparque (cf. Notice, p. 4 7 , note), n’est rappelée ici que τε’ο σα- CUV.
pour amener le chapitre δγ. 55 6 τα om. C [I 7 τέσαερα codd. pi. : τέσυα- CV.
3. S ’agit-il de l ’injure faite à la soeur d’Harmodios, qu’Hipparque 56 I προτέρη codd. pi. : πρωτ- D || 2 οί om. A 1 || 4 λέων ABCD :
aurait brutalement exclue de la pompe des Panathénées, où elle devait λεον PUSV y 5 άδικων codd. pi. : -ιχων A -ίκων BG || άποτίοει codd. :
être canéphore (Thuc., VI 56) ? -τίνει Stob. E e l. p h y s . I 3 5 ι.
V 96 TERPSICHORE xoa xoa Τ Ε Ρ Ψ ΙΧ Ο Ρ Η

ostensiblement, soumit cette vision aux interprètes des songes; ΤαΟτα 8έ, ώς ή μέρη έγένετο τάχιστα, φανερός ήν ύπερτι-
mais ensuite, sans en tenir compte, il prit part à la procession, θέμενος δνειροπόλοισι- μετά δέ άπειπάμενος τήν 8ψιν
ou en effet il périt. έπεμπε τήν πομπήν, Ιν τή δή τελευτή.
57 Les Géphyréens, dont étaient les meurtriers d’Hipparque, ΟΙ δέ Γεφυραίοι, τδν ή σαν οΐ φονέες ot Ιππάρχου, ώς 57
tiraient, à ce qu’ils disent eux-mêmes, leur origine d’Érétrie ; μέν αότοί λέγουσι, έγεγόνεσαν Ι ξ Έ ρετρίης τήν άρχήν, ώς
mais, d’après ce que mes recherches m’ont fait découvrir, δέ έγώ άναπυνθανόμενος εύρίσκω, ή σαν Φοίνικες τδν σύν
c’étaient des Phéniciens, de ceux qui étaient venus avec Κάδμφ άπικομένων Φοινίκων ές γήν τήν νΟν Βοιωτίην
Cadmus dans le pays appelé aujourd’hui Béotie1 ; ils habitaient
καλεομένην, οΐκεον δέ τής χώρης ταύτης άπολαχόντες τήν 5
la partie de ce pays qui leur avait été assignée par le sort, le
Ταναγρικήν μοίραν. ΈνθεΟτευ δέ, Καδμείων πρότερον έξ,α-
canton de Tanagra 2. De là, après que les Cadméens eurent
été les premiers chassés par les Argiens, les Géphyréens dont ναστάντων ύπ’ “Αρχείων, οΐ Γεφυραίοι οΰτοι δεύτερα ύπδ
il s’agit, chassés ensuite par les Béotiens, se tournèrent vers Βοιωτων έξαναστάντες έτράποντο έπ’ Άθηνέων- “Αθηναίοι
Athènes ; et les Athéniens les admirent sous des conditions δέ σφεας έπΐ ^ητοΐσι έδέξαντο σφέων αύτδν είναι πολιήτας,
déterminées à être leurs concitoyens, en leur imposant un (ού) πολλδν τεων καί ούκ άξιαπηγήτων έπιτάξαντες ΙΟ
petit nombre de restrictions qui ne valent pas la peine qu’on έργεσθαι.
les rapporte8. ΟΙ δέ Φοίνικες οδτοι οΐ σύν Κάδμφ άπικόμενοι, τδν 58
58 Ces Phéniciens venus avec Cadmus, dont étaient les ή σαν οΐ Γεφυραίοι, άλλα τε πολλά οΐκήσαντες τούτην τήν
Géphyréens, introduisirent chez les Grecs, en s’établissant χώρην έσήχαγον διδασκάλια Ις τούς “Ελληνας καί δή καί
dans ce pays, beaucoup de connaissances ; entre autres celle des γράμματα, ούκ έόντα πρίν "Ελλησι ώς έμοί δοκέειν, πρδτα
lettres, que les Grecs, autant qu’il me semble *, ne possédaient
μέν τοΐσι καί άπαντες χρέωνται Φοίνικες- μετά δέ χρόνου b
pas auparavant; ce furent d’abord les lettres dont tous les
προθαίνοντος άμα τή φωνή μετέΒαλον καί τόν £υθμόν τδν
Phéniciens aussi font usage; puis, à mesure que le temps
passait, en même temps qu’ils changeaient de langue, les γραμμάτων. Περιοίκεον δέ σφεας τά πολλά τδν χώρων
Cadméens changèrent aussi la forme des caractères. La plupart τούτον τόν χρόνον Ελλήνων “Ιωνες- οΐ παραλαβόντες
des régions d’alentour5étaient habitées à cette époque par des διδαχή παρά τδν Φοινίκων τά γράμματα, μεταρρυθμίσαντές
Grecs de race ionienne ; ils empruntèrent les lettres aux σφεων όλίγα έχρέωντο, χρεώμενοι δέ έφάτισαν, ώσπερ καί 10
Phéniciens qui les leur avaient enseignées, et les employèrent τό δίκαιον έφερε έσαγαγόντων Φοινίκων ές τήν Ελλάδα,
légèrement modifiées ; et, en les employant, ils les firent

I. Appelée autrefois Καδμηίς (Thuc., I ia). 57 6 Ταναγριχήν μοίραν codd. pi. : ναγρίχην μοίρην D || 8 έπ’
a. Cf. Strabon, IX a io . codd. pi. : 6 π’ V || ’Αθηνεων ΑΒΡ : -ναίων CDUV -ναίους S || g έδέ­
3. Ils étaient probablement exclus de certaines cérémonies et ξαντο codd. pi. : έδ. δε D [| ίο (ou) add. Madvig.
fonctions religieuses. Peut-être est-ce de cela qu’Hipparque avait fait 58 a πολλά om. D || 3 διδασχάλια GPD 2 : -λεία cett. || 4 έόντα
état pour humilier la sceur d’Harmodios. codd. pi. : έώντα AB || δοζέειν ABC : -έει PDUS -έοι V || 5 χρέωνται
4. Contrairement aux légendes qui attribuaient l’introduction en codd. pi. : -έονται P || 6 προδαίνοντος codd. pi. : παραδ- C || μετέδα-
Grèce de l’alphabet à des personnages mythiques. λον codd. pi. : -δαλλον AB || η χώρων codd. pi. : χωρων AB -έων C ||
5. Hérodote, qui voit juste quand il estime que l ’alphabet ionien g μεταρρυθμίσαντές ABCPD : -μτ|σαντες USV || xo όλίγα codd. pi. :
a été emprunté aux Phéniciens, se trompe quand il croit que l’em­ -γοισιν S Vine. || έχρέωντο codd. pi. : -έοντο P || χρεώμενοι codd.
prunt se soit fait dans la Grèce d’Europe. pi. : -εο'μενοι A 'P || rx έφερε codd. pi. : -ov C || ές τήν Ελλάδα om. S.
V 58 TERPSICHORE io3 io3 Τ Ε Ρ Ψ ΙΧ Ο Ρ Η V 59

connaître, comme c’était justice, — puisque c’étaient les φοινικήια κεκλήσθαι. Καί αάς βόβλους διφθέρας καλέουσι
Phéniciens qui les avaient introduites en Grèce, — sous le άπδ αοΟ παλαιοΟ οΐ "Ιωνες, 8αι κοαέ Ιν σπάνι βύβλων
nom dephoinikeia1. C’est de même d’après l’ancien usage9 que έχρέωναο διφθέρησι αίγέησί as καί οΐέησί' έαι δέ καί a i
les Ioniens appellent les livres de biblos diphlères,, parce que καα’ έμέ πολλοί αΩν βαρβάρων ές αοιαύαας διφθέρας γρά- ι5
jadis, vu la rareté des livres de biblos3, ils employaient des φουσι.
peaux (διφΟέραι), peaux de chèvres ou de moutons; encore Εΐδον δέ καί αύαδς Καδμήια γράμμααα έν αφ Ιρφ αοΟ 59
de mon temps, beaucoup de Barbares écrivent sur cette sorte Άπδλλωνος αοΟ Μσμηνίου έν Θήβησι αβσι ΒοιωαΩν έπΐ
de peaux.
αρίποσι αρισΐ έγκεκολαμμένα, αά πολλά δμοια έδναα αοΐσι
59 J ’ai vu moi-même des lettres cadméennes dans le sanctuaire
Ίωνικοΐσι. Ό μέν δή εΤς αΩν τριπόδων επίγραμμα έχει-
d’Âpollon Isménios à Thèbes de Béotie ; elles sont gravées
sur trois trépieds et ressemblent le plus souvent aux lettres Άμφιαρώων μ’ άνέθηκε θεφ άπδ Τηλεβοάων. 5
ioniennes. L’un des trépieds porte cette inscription :
«Amphitryon4 m’a consacré au dieu, du butin fait sur les ΤαΟαα ήλικίην εΐη &ν κααά Λάιον aiv ΛαΒδάκου αοΟ Πολυ­
Téléboens a ; cela peut dater du temps de Laios, fils de δώρου α·0 Κάδμου. "Εαερος δέ αρίπους έν έξαμέαρφ αδνφ 60
60 Labdaços fils de Polydoros fils de Cadmos5. Un second trépied λέγει'
dit en vers hexamètres : « Scaios, vainqueur au pugilat,
m’a consacré à loi, Apollon dont les traits frappent au loin, Σκαίος πυγμαχέων με έκηθόλω Άπδλλωνι
comme un ornement de toute beauté » ; Scaios fils d’IIippo- νικήσας άνέθηκε αείν περικαλλές άγαλμα.
coon, si c’est bien lui qui a consacré cette offrande et non Σκαίος δ’ &ν εΐη δ Ίπποκδωναος, εΐ δή οδαάς γε έσαί δ 5
pas un autre du même nom, a pu vivre à l’époque d’Œdipe
άναθείς καί μή άλλος αώυαδ οΰνομα Ιχων αφ Ίπποκδωναος,
61 fils de Laios6. Un troisième trépied dit, lui aussi en hexa­
ήλικίην κατά ΟΙδΙπουν αδν Λαίου. Τρίαοςδέ αρίπους λέγει 61
mètres : « Laodamas, régnant, t ’a consacré personnellement
un trépied, Apollon qui ne manque pas le but, comme un καί οδαος έν έξαμέαρφ'
ornement de toute beauté » ; c'est précisément sous le fils de Λαοδάμας αρίποδ’ αύαδς ΙΟσκδπω Άπάλλωνι
ce Laodamas fils d’Étéocle que les Cadméens furent chassés μουναρχέων άνέθηκε αείν περικαλλές άγαλμα.

I. Un exemple de cette désignation est fourni par l’inscription de 58 ίο βύδλου; ABGD2 : βι6 λ- PD'USV I) 1 3 οί om. C || σπάνι codd.
Téos CIG 3o/(4 ( = Tod, A S e le c tio n o f g r e e k h is to r i c a l I n s c r i p t i o n s / pi. : -ει CP || βύβλων ABGD : βίβλ- PUSV || ι4 έχρεωντο codd. pi. :
n° a3), datant du premier tiers du v* siècle.
-έοντο P II αίγέησί codd. pi. : -γείησί D 2 -γαίησί G.
а. Ά π ά τοΰ παλαιού. Là s ’arrête la similitude, ootvixvfia étant révé­ 59 I εΐδον ABG : ΐδον cett. || καί om. USV || Καδμεία CPUS : - ε ΐ α
lateur d’une origine, διιρθίραι de l ’emploi d’une matière.
ABDV II 3 Ίσμηνίου PDUSV : -ινίου ABG || 3 τρισί Dobree : τισι
3, L’usage du biblos (papyrus) ne se répandit chez les Grecs que
codd. || 5 -κε θεω coniecit Stein : -κεν έών codd. || Τηλεβοάων codd.
depuis l ’ouverture de l ’Égypte aux étrangers par le roi Psammétik.
pi. :-βίων SV 2 II 6 εΐη αν codd. pi. : αν εΐη Ρ.
4· Après le meurtre involontaire d’Électryon, Amphitryon vivait à 60 I τρίπους codd. pi. : τρίππους CD 1 || 3 Σκαίος AB : Σκαιός
Thèbes, où il avait été purifié par Créon, beau-frère de Laios.
cett. II πυγμαχέων codd. pi. : παγμ- UV || 4 τεΐν USV Suidas s. v. :
5. Les Téléboens (ou Taphiens) habitaient en Acarnanie.
ζ ί ϊ ν ABGPD j| 5 Σκαίος S : Σκαιός codd. pl. Σκεός B || 6 τώντό
б . Il fut tué par Héraclès, fils putatif d’Amphitryon ; si lui et son
codd. pl. : τώ G II οϊνομα codd. pl. : βν- P
meurtrier appartenaient à la même génération, ce doit être à celle 61 3 αυτός Schweighatiser : -ov codd. || 4 xsVv CUSV : τε’ϊν A BPD.
qui suivit Créon et Laios.
V et TERPSICHORE lok io4 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 61
du pays par les Argiens * et se rendirent chez les Enchéléens1 ; ΈττΙ τούτου δή τοΟ Λαοδάμαντος τοΟ Έτεοκλέος μουναρ- 5
les Géphyréens, laissés en arrière, furent plus tard forcés par χέοντος Ιξανιστέαται Καδμείοι ύπ’ Άργείων καί τρέπονται
les Béotiens de se retirer sur le territoire d’Athènes. Ils y ont Ι ς τούς Έγχελέας, οί δέ Γεφυραΐοι δπολειφθέντες Βστερον
établi des sanctuaires où le reste des Athéniens n’a aucun δπδ Βοιωτδν άναχωρέουσι Ι ς ’Αθήνας. Κα£ σφι ίρά Ιστι
droit, à part des autres sanctuaires de l’Attique, en particulier
Ιν Άθήνησι Ιδρυμένα, τδν ούδέν μέτα τοίσι λοιποΐσι Ά θη-
le sanctuaire de Déméter AchaiaI.*3, avec ses mystères.
ναίοισι, άλλα τε κεχωρισμένα τδν άλλων Ιρδν καί δή καί ίο
62 J ’en ai fini avec la vision qu’Hipparque avait eue en songe
Ά χαιΙης Δήμητρος Ιρόν τε καί δργια.
et avec l’origine des Géphyréens, dont étaient ses meurtriers ;
il me faut encore, cela dit, reprendre le récit que je me *Η μέν δή 8ψις τοΟ ‘Ιππάρχου ένυπνίου καί οί Γεφυ- 62
disposais à faire et raconter comment les Athéniens avaient ραΐοι 8θεν Ιγεγόνεσαν, τδν ή σαν οί ‘Ιππάρχου φονέες,
été délivrés de leurs tyrans. Hippias exerçait la tyrannie, il άπήγηταί μοι· δει δέ πρδς τούτοισι Ιτ ι -άναλαθεΐν τδν κατ’
était irrité contre les Athéniens en raison de la mort άρχάς ήια λέξων λόγον, ώς τυράννων Ιλευθερώθησαν ’Αθη­
d’Hipparque ; les Alcméonides, de race athénienne4, qui ναίοι. ΊππΙεω τυραννεύοντος καί Ιμπικραινομένου Ά θη- 5
vivaient en exil du temps des Pisistratides, avaient essayé, de ναΐοισι διά τδν ‘Ιππάρχου θάνατον Άλκμεωνίδαι, γένος
concert avec les autres Athéniens exilés, de faire appel à la Ιόντες ’Αθηναίοι καί φεύγοντες Πεισιστρατίδας, Ιπείτε
force, sans réussir à rentrer au pays ; dans leur tentative pour σφι άμα τοίσι άλλοισι ’Αθηναίων φυγάσιπείρωμένοισι κατά
revenir d’exil et délivrer Athènes, ils avaient au contraire τδ Ισχυρδν οδ προεχώρεε (ή ) κάτοδος, άλλά προσέπταιον
subi un échec grave à Leipsydrion5, au-dessus de Paionia6, où
μεγάλως πειρώμενοι κατιέναι τε καί έλευθεροΟν τά ς ίο
ils s’étaient fortifiés ; mettant tout en œuvre contre les Pisis­
’Αθήνας, Λειψδδριον τδ δπέρ ΠαιονΙης τειχίσαντες,
tratides, les Alcméonides traitèrent alors avec les Amphictyone
ΙνθαΟτα οί ΆλκμεωνΙδαι πάν Ιπ Ι τοίσι ΠεισιστρατΙδησι
pour achever la construction du temple qui existe présentement
à Delphes, mais qui n ’existait pas encore à cette époque. μηχανώμενοι παρ’ Άμφικτυόνων τδν νηδν μισθοΟνται τδν
Leurs ressources étaient abondantes, et ils jouissaient déjà Ιν Δελφοΐσι, τδν νΟν Ιόντα, τότε δέ οδκω, τοΟτον έξο ικο-
de longue date d’une haute considération ; iis édifièrent le δομήσαι. Οΐα δέ χρημάτων ε3 ή κοντές καί Ιόντες άνδρες ι5
temple plus beau que ne prévoyait le modèle7 ; en particulier, δόκιμοι άνέκαθεν Ιτι, τδν [τε] νηδν έξεργάσαντ© τοΟ παρα­
bien qu’il fût convenu avec eux de le construire en tuf, ils δείγματος κάλλιον τά τε άλλα καί, συγκειμένου σφι πωρίνου
63 en firent la façade en marbre de Paros. Or donc, à ce que λίθου ποιέειν τδν νηόν, Παρίου τά Ιμπροσθε αδτοΟ έξε-
ποίησαν. Ώ ς δν δή ο !’Αθηναίοι λέγουσι, οδτοι οί άνδρες 63
I. Les « Epigones ».
а. Habitants de l ’Illyrie méridionale.
Ιν Δελφοΐσι κατήμενοι άνέπειθον τήν Πυθίην χρήμασι,
3. Dont le nom , dit Plutarque (De I s id e , 6 g), rappelait le chagrin
(άχος) causé à la déesse par le rapt de sa fille. 61 5 δή codd. pi. : δέ C || 5 - 6 μονναρχέοντος codd. pi. : μον-V |[ η 6 π ο -
4. Cf. Notice, p. 7 7 - 7 8 . λεκρθέντίΐ codd. pi. : -λιφΟέντες V || g μέτα codd. pi. : μετά Bl DV
5. Commémoré dans un scolion fameux ( Ά θ . Π ολ., 1 9 ). II i i Ά χαιίη ς ABGP : Ά χ α ιή ς D Ü SV || τε codd. pi. : τι C.
б . L” A0. Πολ. 1 9 donne une indication topographique plus sûre : 62 3 δέ PS : δή cett. || 4-5 ’Αθηναίοι om. Β || 6 Άλκμειονίδαι
ujttp ΙΙάρνηθος, sur un éperon du Parnès. ABCPD* : -μαιονίδαι DMJSV || g προεχώρε» codd. pi. : κροσεχ- S ||
7. Hérodote ignore ou feint d ’ignorer une tradition d’après laquelle (ή) add. Sehaefer || ι ι Λΐίψνδριον CD* : Λ ιψ- cett. || i a Άλκμεωνί-
ils auraient détourné pour financer le renversement d’Hippias une δαι ABCPD 1 : -αιονίδαι D*USV || ι4 τον vS * έόντα om. C || 1 6 [τι]
partie des fonds à eux confiés ( Ά θ . Π ολ., ig ). del. Krueger || 1 8 ϊμπροσθε : -θεν codd. |[ αύτο3 om . P .
V. — 10
y 63 TERPSICHORE ιο5 io 5 Τ Ε Ρ Ψ ΙΧ Ο Ρ Η V 63
racontent les Athéniens* ces hommes, établis à Delphes, δκως Ιλθοιεν Σπαρτιητέων &νδρες είτε ίδίψ στόλω είτε
obtinrent à prix d’argent de la Pythie que, chaque fois que δημοσίφ χρησόμενοι, προφέρειν σφι τάς Α θήνας έλευθε-
des Spartiates, soit à titre privé, soit à titre public, viendraient ροΟν. Λακεδαιμόνιοι δέ, Ως σφι αίεΐ τάυτδ πρόφαντον 5
consulter l’oracle, elle les invitât à délivrer Athènes. La έγίνετο, πέμπουσι Άγχιμόλιον τδν Άστέρος, Ιόντα τΩν
môme déclaration leur étant toujours répétée, les Lacédé­ άστΩν Κνδρα δόκιμον, σύυ στρατφ έξελΩυτα ΠεισιστρατΙδας
moniens envoyèrent avec une armée Anchimolios fils d’Aster, έξ Άθηνέων, δμως καί ξείνους σφι έόντας τά μάλιστα' τά
homme de distinction parmi leurs citoyens, pour chasser
γάρ τοΟ θεοΟ πρεσβύτερα ΙποιεΟντο ή τά τΩν άνδρΩν.
d’Athènes les Pisistratides, qui pourtant leur étaient unis
Πέμπουσι δέ τούτους κατά θάλασσαν πλοίοισι. Ό μέν δή ίο
très étroitement par des liens d’hospitalité ; car ils faisaient
passer les égards dus aux dieux avant les égards dus aux προσσχών ές Φάληρον τήν στρατιήν άπέβησε. Οί δέ Πει-
hommes. Ils envoyèrent ces troupes par mer sur des bateaux. σιστρατίδαι προπυνθανόμενοι ταΟτα έπεκαλέοντο έκ Θεσ-
Anchimolios aborda à Phalère, et y fit débarquer son armée. σαλίης έπικουρίην ΙπεποΙητο γάρ σφι συμμαχίη πρδς
Les Pisistratides, informés à l’avance de cette attaque, avaient αυτούς· ΘεσσαλοΙ δέ σφι δεομένοισι άπέπεμψαν κοινή
demandé du secours aux Thessaliens, avec qui ils avaient γνώμη χρεώμενοι χιλίην τε ίππον καί τδν βασιλέα τδν ι5
conclu une alliance ; à leur prière, les Thessaliens, en vertu σφέτερον Κινέην άνδρα Γονναίον. Τούς έπείτε Ισχον
d’une décision commune1, leur expédièrent un millier de συμμάχους οί Πεισκττρατίδαι, έ(με)μηχανέατο τοιάδε*
cavaliers avec leur ro iI.2 Kinéas, de Gonnos34. Quand les Pisis­ κείραντες τΩν Φαληρέων τδ πεδίου καί ίππάσιμον ποι-
tratides eurent reçu le renfort de ces cavaliers, voici ce qu’ils ήσαντες τοΟτον τδν χΩρον έπήκαν τφ στρατοπέδω τήν
avaient combiné* : ils avaient fait raser la plaine de Phalère,
ίππον. ΈμπεσοΟσα δέ διέφθειρε άλλους τε πολλούς τΩν so
ce qui rendit ce terrain praticable pour les évolutions des
Λακεδαιμονίων καί δή καί τδν Άγχιμόλιον, τούς δέ περι-
chevaux ; ils lancèrent la cavalerie sur le camp des ennemis.
Tombant sur lui, elle tua beaucoup de Lacédémoniens, γενομένους αότΩν Ι ς τάς νέας κατείρξαν. Ό μέν δή
notamment Anchimolios, et bloqua les survivants sur leurs πρΩτος στόλος έκ Λακεδαίμουος οΐίτω άπήλλαξε, καί
vaisseaux. Telle fut l’issue de la première expédition venue ΆγχιμολΙου είσΐ ταφαί τής 'Αττικής Άλωπεκήσι, άγχοΟ
de Lacédémone; le tombeau d’Anchimolios est en Attique, τοΟ Ηρακλείου τοΟ έν ΚυνοσάργεΧ. s5
à Alopéké, près de l’Héracleion du Kynosarge. Μετά δέ Λακεδαιμόνιοι μέζω στόλον στείλαντες άπέ- 64
A la suite de cet événement, les Lacédémoniens équipèrent πεμψαν έπΐ τάς "Αθήνας, στρατηγόν τής στρατιής άποδέ-
une expédition plus forte et l’envoyèrent contre Athènes ; le ξαυτες βασιλέα Κλεομέυεα τδν Άναξανδρίδεω, οόκέτι κατά
I. Des différentes cités thessaliennes. 63 4 προφέρειν codd. pi. : π ρ ο σ ψ - S || 5 αίεί CP : αεί cett. || π ρ ό -
a. Il n’y avait pas de roi de Thessalie ; Kinéas ne devait être, comme ψ αντον codd. pi. : π ρ ο σ ψ - S || 6 έγίνετο codd. pi. : έγΙ- GP || η έξελωντα
les Aleuades nommés 1. VII ch. 6, qu’un membre d’une famille A marg.1 P2U : -ο'ντα cett. || 8 ’ΑΟηνίων ΑΒΡ 2 -αίων cett. || ξεί-
princière (VII 6). νους Schaefer: ξεινίους codd. || ι ι προβσχών ABD : χροοχών cett. ||
3. Gonnos, dont le nom est rétabli ici par conjecture, nommée 13 έπεχαλέοντο codd. pi. : -χάλεον Ρ || ι5 χρεώμενοι codd. pi. :
1. VII, ch. ia 8 , 1 7 3 , était voisine de Tempé. χρεά- P II ι 6 Γονναίον Wachsmuth : Κονιαίον codd. |Ι 1 7 έ(με)μηχαν-
4. Prévoyant un débarquement (προπυνβανόμενοι), ils avaient pré­ έατο Malthiae : έμηχανέατο codd. || ι 8 ίππάσιμον codd. pi. : { τ .τ .ιό - SV
paré le terrain pour les cavaliers attendus, ce qu’ils n ’auraient pu II 30 έμπεσοδσα codd. pi. : έχπ- D || 3 3 κατείρξαν codd. pi. : -ερξαν CP
faire une fois l'ennem i débarqué ; la correction de Ιμηχανίατο en Èps- Il s3 οδτω Aldus : -ως codd.
μηχανίατο parait nécessaire. 64 3 Ά ν α ξ - codd. pi. : Ά λ ε ξ - V.
V 64 TERPSICHORE ιοβ 106 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 64
chef désigné pour commander l’armée était le roi Cléomène θάλασσαν στείλαντες άλλά κατ’ ήπειρον. Τοΐσι έσβαλοΟσι
fila d’Anaxandride ; l’expédition ne se fit plus par mer mais ές τήν ’Αττικήν χώρην ή τΩν ΘεσσαλΩν ίπ π ο ς πρώτη 5
par la voie de terre. Quand cette armée envahit le territoire
προσέμειξε καί ού μετά πολλύν έτράπετο, καίσφεων Ιπεσον
de l’Attique, la cavalerie thessalienne en vint aux mains la
ΰπέρ τεσσεράκοντα δνδρας· οΐ δέ περιγενόμενοι άπαλλάσ-
première avec elle ; après un bref engagement elle tourna le
dos; quarante cavaliers tombèrent; les survivants, sans σοντο ώς εΐχον ΐθύς έπί Θεσσαλίης. Κλεομένης δέ άπικό-
désemparer, reprirent aussitôt le chemin de la Thessalie. μενος ές τδ &στυ &μα ’Αθηναίων τοΐσι βουλομένοισι είναι
Cléomène entra dans la ville ; et, avec le concours de ceux έλευθέροισι έπολιόρκεε τούς τυράννους άπεργμένους έν τφ ίο
des Athéniens qui voulaient être libres, assiégea les tyrans Πελαργικφ τείχεϊ. Καί ούδέν τι πάντως &ν έξεΐλον τούς 65
65 dans l’enceinte du Pélargicon1. Et certainement les Lacédé­ Πεισιστρατίδας οΐ Λακεδαιμόνιοι (ούτε γάρ έπέδρην έπε-
moniens n ’auraient pas réussi à réduire les Pisistratides ; car νόευν ποιήσασθαι, οΐ τε ΠεισιστρατΙδαι σίτοισι καίποτοΐσι
ils ne songeaient pas à établir un blocus, et les Pisistratides ε3 παρεσκευάδατο) πολιορκήσαντές τε &ν ή μέρας δλίγας
étaient bien approvisionnés de ce qu’il faut pour manger et άπαλλάσσοντο ές τήν Σ π ά ρ τη ν νΟν δέ συντυχίη τοΐσι μέν 5
pour boire; au bout de quelques jours de siège, ils seraient κακή έπεγένετο, τοΐσι δέ ή αότή αύτη σύμμαχος* ΰπεκτι-
retournés à Sparte ; mais il se produisit un incident fortuit,
θέμενοι γάρ Ιξω τή ς χώρης οί παΐδες τΩν Πεισιστρατιδέων
fâcheux pour un des partis, incident qui, par contre, servit
ήλωσαν. ΤοΟτο δέ ώς έγένετο, πάντα αύτΩν τά πρήγματα
la cause de l’autre : tandis qu’on transportait hors du pays
pour les mettre en lieu sûr les enfants des Pisistratides, ces συνετετάρακτο, παρέστησαν δέ έπΐ μισθδ τοΐσι τέκνοισι
enfants furent capturés. Du coup, toutes les combinaisons Ιπ ’ οΐσι εθούλοντο οΐ ’Αθηναίοι, Ωστε έν πέντε ήμέρησι ί0
des tyrans se trouvèrent bouleversées ; pour avoir leurs έκχωρήσαι έ'κ τής ’Αττικής. Μετά δέ έξεχώρησαν ές
enfants, ils se rendirent, en acceptant, comme le voulaient Σίγειον τύ έπΐ τφ Σκαμάνδρω, αρξαντες μέν ’Αθηναίων έπ’
les Athéniens, de sortir du pays dans les cinq jours. Ils Ιτέα Ι ξ τε καί [τριήκοντα, έόντες δέ καί οδτοι άνέκαθεν
partirent ensuite pour Sigeion, qui est sur le Scamandre; ΠύλιοΙ τε καί Νηλεΐδαι, έκ τΩν αύτΩν γεγονότες καί οΐ
ils avaient régné sur les Athéniens trente-six ansI.2; eux aussi άμφί Κόδρον τε καί Μέλανθον, οΐ πρότερον έπήλυδες ι5
étaient Pyliens d’origine et descendants de Néleus3, issus des έόντες έγένοντο ’Αθηναίων βασιλέες. Έ π Ι τούτου δέ καί
mêmes aïeux que la famille de Codros et de Mélanthos, qui τώυτύ οΰνομα άπεμνημόνευσε Ιπποκράτης τφ παιδί θέσθαι
τδν Πεισίστρατον, έπΐ τοΟ Νέστορος Πεισιστράτου ποιεύ-
I. Έ ν τω Πελαργιχω τείχεϊ. La lecture de la plupart des ma­
nuscrits — ΓΙελασγιχφ — traduit une confusion entre le τείχος dont μενος τήν έπωνυμίην.
il s’agit et une enceinte entourant l’Acropole qui aurait été construite ΟΒτω μέν ’Αθηναίοι τυράννων άπαλλάχθησαν. "Οσα δέ ao
par les Pélasges (VI 187). S’il s’agissait ici d’une telle enceinte, έλευθερωθέντες Ιρξαν ή Ιπαθον άξιόχρεα άπηγήσιος πρίν
Hérodote aurait dit simplement sv xrj Άκροπόλι. Le ΙΙελαργιχόν était
une partie du versant Nord-Ouest de l’Acropole et de l’espace subja­ 64 4 ίοδαλούσι codd. pi. : -βάλλουιι D ]| 6 προαέμαξε : -μιξι codd.
cent (Thuc., II 17). C’est là que les tyrans avaient leur résidence et II πολλόν : πολύ codd. || η τεασιροίχοντα codd. pi. : χεασα- CSV ||
un château fort; en souvenir de quoi cet espace resta longtemps ά'νδρας CU : -ις cett. || ι ι Πιλαργικώ UV (cf. Άθ. ΙΙολ. ig) :
maudit et inhabité (Thuc., I. 1.). Πιλαογ- cett.
a. Interrompus par les exils de Pisistrate. 65 a-3 trevoeuv (cf. Praef. ao3) : -vdcov codd. || 3 οί τε codd. pl. :
3. Roi de Pylos, père de Nestor, aïeul d’un Pisistrate et de Péri- ού'τε V II 4 ημίρας όλ. codd. pl. : όλ. ήμ. D || 6 έπεγίνετο codd. pl. :
clyménos, de qui descendaient les rois Mélanthos et Codros. έγ- P* Il ia Σίγειον PDUSV : -γιον ABC || τό codd. pl. : τω-lJV.
V 65 TERPSICHORE 107 io? ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ
ΤΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 65
avant eux, bien que nouveaux venus dans le pays, avaient été ή ΊωνΙην τε άποστήναι άπό ΔοφεΙου καί Άρισταγόρην τδυ
rois d’Athènes. C’est en souvenir de cette descendance Μιλήσιον άπικόμενον ές ’Αθήνας χρηΐσαι σφέων βοηθέειν,
qu’Hippocrate avait aussi rappelé, pour le donner à son fils, ταΟτα πρώτα ψράσω.
le même nom, — Pisistrate, — qu’il empruntait à Pisistrate Άθήναι, έοΟσαι καί πρίν μεγάλαι, τότε άπαλλαχθεΐσαι 66
fils de Nestor. τυράννων έγίνοντο μέζονες. Έ ν δέ αύτήσι δύο Κνδρες
Voilà comment les Athéniens avaient été délivrés des tyrans. έδυυάστευου, Κλεισθένης τε άνήρ ΆλκμεωνΙδης, 8ς περ
Je rapporterai maintenant, avant toute autre chose, tout ce δή λόγον έχει τήν Πυθίην άναπείσαι, καί Ίσαγόρης Τει-
que, depuis leur affranchissement, ils avaient fait ou subi de σάνδρου οίκίης μέν Ιών δοκίμου, άτάρ τά Ανέκαθεν ούκ 5
mémorable avant que l’Ionie se séparât de Darius et qu’Arista-
έχω φράσαι* θύουσι δέ οΐ συγγενέες αύτοΟ ΔιΙ Καρίω.
goras de Milet arrivât à Athènes pour y demander du secours.
Οδτοι οΐ άνδρες έστασίασαν περί δυνάμιος, έσσούμενος δέ
68 Athènes, qui auparavant déjà était puissante, le devint
davantage lorsqu’elle fut délivrée de ses tyrans. Deux hommes δ Κλεισθένης τδν δήμον προσεταιρίζεται. Μετά δέ τετρα-
y dominaient: Clisthène, de la race des Alcméonides, de ψύλους έόντας ’Αθηναίους δεκαφύλους έποίησε, τών "Ιωνος
qui l’on dit qu’il avait suborné la Pythie, et Isagoras fils de παίδων Γελέοντος καί ΑΙγικόρεος καί Άργάδεω καί “Οπλή- ίο
Teisandros, d’une maison distinguée mais dont je ne saurais τος άπαλλάξας τά ς έπωνυμίας, έξευρών δέ έτέρων ήρώων
dire l’origine ; les membres de sa famille sacrifient à Zeus έπωνυμίας Ιπιχωρίων, πάρεξ Αΐαντος- τοΟτον δέ, βτε
Carien. Ces deux hommes se disputèrent le pouvoir ; et άστυγείτονα καί σύμμαχον, ξεΐνον Ιόντα προσέθετο.
Clisthène, qui avait le dessous, attacha le peuple à son parti. ΤαΟτα δέ, δοκέειν ΙμοΙ, έμιμέετο δ Κλεισθένης οδτος
Il répartit ensuite entre dix tribus les Athéniens, qui alors τδν ΙωυτοΟ μητροπάτορα Κλεισθένεα τδν Σικυώνος τύραν­
en formaient quatre, supprima les dénominations empruntées νον. Κλεισθένης γάρ Άργείοισι πολεμήσας τοΟτο μέν
aux enfants d’ion, Géléon, Aigicoreus, Argadès et Hoplès,
ραψωδούς έπαυσε έν Σικυώνι άγωνίζεσθαι τών Όμηρείων
et en imagina d’empruntées à d’autres héros1, héros nationaux
έπέων εΐνεκα, 8τι ’Αργείοί τε καί "Αργος τά πολλά πάντα 5
à l ’exception d’Ajax, qu’il ajouta, bien qu’étranger, au titre
de voisin d’Athènes et d’allié. ύμνέαται- τοΟτο δέ, ήρώιον γάρ fjv καί Ιστι έν αυτή τή
67 En agissant ainsi, Clisthène, à ce qu’il me semble, imitait άγορή τών Σικυωνίων Άδρήστου τοΟ ΤαλαοΟ, τοΟτον
son aïeul maternel Clisthène de Sicyone- Celui-ci, étant en έπεθύμησε δ Κλεισθένης Ιόντα ’Αργείον έκβαλεΐν έκ τής
guerre contre les Argiens, avait interdit aux rhapsodes de
prendre à l’avenir comme morceaux de concours, à Sicyone, 65 aalj om. CP II Άρισταγόρην : -psa codd. Il a3 χρηίσαι : χρηϊ-
οαι Ρ χρήσαι cett.
les poèmes homériques, parce que les Argiens et Argos y sont 66 a έγίνοντο codd.pl. : έγε-ADS |13 έδυνάστευον codd. pi. : -άστευων
presque constammènt célébrésI.2. D’autre part, il y avait — et D 1 II Άλκμεωνίδης ABCPD* : -αιονίδης D2USV || 4-5 Τεισάνδρον :
il y a encore — sur la place même de Sicyone une chapelle Tie- codd. II 5 άτάρ codd. pi. : αϋτάρ SV || 6 συγγενέες codd. pi. :
d’Adraste fils de Talaos3; Clisthène conçut le désir de chasser συναγγέες C || g ’Ίωνος codd. pi. : -ας D || 10 Άργάδεω codd. pi. :
Άρχα- II io - n Όπλητος (vel Όπλητος) codd. pi. : οπλητος UV.
I.Que la Pythie choisit sur une liste de cent (ΆΟ. Πολ., ai). 67 I έμιμέετο codd. pi. : -έατο D || 4 Όμηρείων codd. pi. : -ρίων
a. Cela, je suppose, doit s’entendre surtout des poèmes du cycle C 'Ομήρου Eust. ad II. a 88 || 5 έπέων ABCPU : έπών D επαίνων SV
thébain, bien qu’Hérodote doute qu’ils fussent d’Homère (IV 3a). La II 8τι ABGP: δτε DUSV διότι Eust. ad II. a34 || πάντα om. Eust. 1|
Thébaïde commençait par ces mots : "Αργος όίειδε, θεά, ... 6 ύμνέαται codd. : -οΰνται Eust. || ήρώιον (vol ήρώιον) ABCPS : ήρώον
3. Un des chefs de l’expédition des Epigones. DUV y εστι codd. pi. : έτι D || 8 Ιχβαλεϊν codd. pi. : -βάλλειν C.
V 67 TERPSICHORE ιο8 io8 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 67
du pays ce héros, parce qu’il était un Argien1· Il se rendit à χώρης. Έλθών δέ έ ς Δελφούς έχρηστηριόιζετο εΐ έκβάλοι
Delphes et demanda à l’oracle s’il chasserait Adraste; la τύν "Αδρηστον· ή δέ ΠυθΙη οΐ χρφ φ&σα "Αδρηστον μέν ιο
Pythie lui répondit qu’Adraste était roi des Sicyoniens et lui είναι Σικυωνίων βασιλέα, έκεΐνον δέ λευστηρα. Έ π ε Ι δέ δ
leur assassin®· Le dieu n ’autorisant pas ce qu’il avait projeté, θεός τοΟτό γε οΰ παρεδίδου, άπελθών δπίσω έφρόντιζε
Clisthène, de retour, chercha un moyen de faire partir Adraste μηχανήν τί) αύτδς δ "Αδρηστος άπαλλάζεται. 'Ω ς δέ ot
de lui-même. Lorsqu’il crut l’avoir découvert, il envoya à
έξεΰρήσθαι έδδκεε, πέμψας Ι ς Θήβας τάς Βοιωτίας Ιφη
Thèbes de Béotie et manda aux Thébains qu’il désirait faire
θέλειν έπαγαγέσθαι Μελάνιππον τύν ΆστακοΟ· οί δέ ι5
venir chez lui Mélanippe fils d’Astacos8 ; les Thébains le lui
accordèrent. Clisthène fit donc venir les restes de Mélanippe*, Θηβαίοι έδοσαν. Έπαγαγόμενος δέ δ Κλεισθένης τύν
lui assigna untéménos tout près du prytanéeI3*5. et l’y installa Μελάνιππον τέμενός οί άπέδεξε έν αύτφ τφ πρυτανηίφ
dans le lieu le plus fort. 11 fit venir ainsi Mélanippe (car la καί μιν ίδρυσε ένθαΟτα έν τφ Ισχυροτάτφ. Έπηγάγετο δέ
chose doit être expliquée) parce qu’il le tenait pour le pire τύν Μελάνιππον δ Κλεισθένης (καί γάρ αοΟτο δει άπηγή-
ennemi d’Adraste, dont il avait tué le frère Mèkisteus et σασθαι) ώς Ιχθιστον Ιόντα Άδρήστφ, 8ς τόν τε άδελφεόν ao
le gendre Tydée. Après lui avoir assigné ce téménos, il enleva ot Μηκιστέα άπεκτόνεε καί τύν γαμβρόν Τυδέα. Έ π είτε δέ
à Adraste les sacrifices et les fêtes qui se célébraient en son ot τδ τέμενος άπέδεζε, θυσίας τε καί δρτάς 'Αδρήστου
nom et les attribua à Mélanippe. Les Sicyoniens avaient άπελό μένος Ιδωκε τδ Μελανίππφ. Ot δέ Σικυώνιοι έώθε-
coutume de rendre à Adraste de très grands honneurs ; car σαν μεγαλωστί κάρτα τιμδν τδν "Αδρήστον- ή γάρ χώρη ήν
leur pays avait appartenu à Polybe, de qui Adraste était
αΒτη Πολΰβου, δ δέ "Αδρηστος ήν Πολύβου θυγατριδέος, a5
petit-fils par sa mère ; et Polybe, mourant sans enfant mâle,
Κπαις δέ Πόλυβος τελευτών διδοΐ'Αδρήστω τήυ &ρχήν. Τά
lui avait laissé le pouvoir. Entre autres honneurs qu’on lui
rendait à Sicyone, on y célébrait ses malheurs6*dans des chœurs τε δή 8λλα ot Σικυώνιοι Ιτίμων τύν"Αδρηστον καί δή πρδς
tragiques. Dionysos n ’était pas honoré, l ’honneur était pour τά πάθεα αύτοΟ τραγικοΐσι χοροΐσι έγέραιρον, τύν μέν
Adraste. Clisthène restitua les chœurs à Dionysos et donna Διόνυσον ού τιμώντες, τδν δέ "Αδρηστον. Κλεισθένης δέ
68 le reste de la cérémonie à Mélanippe. Telle avait été sa χορούς μέν τφ Διονυσφ άπέδωκε, τήν δέ άλλην θυσίην 3ο
conduite à l ’égard d’Adraste ; en ce qui concerne les tribus Μελανίππφ. ΤαΟτα μέν ές "Αδρηστόν ot έπεποίητο- φυλάς 68
δέ τά ς Δωριέων, ΐνα δή μή at αύταί έωσι τοΐσιΣικυωνίοισι
I. Chassé d’Argos, il s’étaït réfugié à Sicyone, et y était devenu le
successeur du roi Polybe. 67 ίο οί ιρψ codd. pi. : χρόί οί Ρ || ι3 άπαλλάξεται codd. pi. -λάσ-
а. Λευστήρα· φονέα λίβοις άναιροβντα(Hésych.). Allusion probable σεται Β -λοίξει S Vine. || ι4 Βοιωτίας codd. pi. : Βοιο- Β || ι5 θέλειν
à des sévices exercés par Clisthène contre des opposants, qu’il aurait ABCP8 : έθελειν D έλθεϊν P‘USV || ’Αστακού PUSV : Ό στ- ABCD ||
fait lapider. 17-18 τφ πρντ... έν τφ om. Β1 || ι 8 ίσχυροτάτιρ codd. pi. : -ρωτάτιμ Β1
3. Héros thébain (Esch., Sept., A13). II 19 δεϊ codd. pi. : δή UV || ai άπεκτόνεε codd. pl. : άπο- D || a3-a4
4· On montrait pourtant à Thèbes son tombeau (Paus., IX i 8 i). έώΟεσαν codd. : είώθ- Schol. Pind. Nem. IX 3ο || a4 μεγαλωστί GPS :
5. Έ ν αΰτφ τώ πρυτανηίω. Si έν n’exprime pas ici une étroite proxi­ μεγάλωστι AB μεγάλως τι DUV om. Sch. Pind. I. I. || a4-a5 ην αντη
mité, πρυτανηίιρ devra désigner une enceinte entourant l’édifice du codd. : αΰτη ην Sch. Pind. I. I. || a6 Πόλυβος codd. : 6 Πόλ. Sch.
prytanée. En tout cas, l’emplacement était encore plus honorable que Pind. i. I. y την αρχήν codd. : τήν χώρην Sch. Pind. I. I. || ra om.
celui de la chapelle d’Adraste. SV II ag τιμώντες codd. pl. : -έωντες G -έοντες P.
б . R avait connu l’exil, la défaite, la perte de plusieurs des siens, 68 i έπεποίητο codd. pl. : -οΐατο SV || a μή αί αύται codd. pl. :
et était mort de chagrin (Paus., 1 43 i). μή αίταί G |1 a-3 Σικυωνίοισι καί τοϊσι om. Β.
V 68 TERPSICHORE 109 iog Τ Ε ΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 68
doriennes, ne voulant pas qu'elles fussent chez les Sicyoniens καί τοίσι ’Αργείοl o i , μετέβαλε ές &λλα ούνόματα. ”Ενθα καί
les mêmes que chez les Argiens, il changea leurs noms1 pour πλεΐστον κατεγέλασε τΩν Σικυωνίων- έπ ί γάρ ΰός τε καί
d’autres noms. Et, à cette occasion, il tourna fort les Sicyoniens * 8νου (καί χοίρου) τάς έπωυυμίας μετατεθείς αύτά τά 5
en ridicule ; car c’est aux noms du porc, de l’âne (et du por­ τελευταία Ιπέθηκε, πλήν τή ς έωυτοΟ φυλής· ταύτη δέ τδ
celet) qu’il emprunta les désignations nouvelles, y ajoutant
οβνομα άπδ τή ς έωυτοΟ άρχής Ιθετο. ΟΟτοι ρέν δή Ά ρχέ-
seulement les désinences ; il n ’y eut d’exception que pour sa
λαοι Ικαλέοντο, έτεροι δέ Ύβται, άλλοι δέ Ό υεδται, έτεροι
propre tribu, à laquelle il donna un nom rappelant le pouvoir
que lui-même exerçait. Ceux qui appartenaient à cette tribu δέ Χοιρεδται. Τοώτοισι τοίσι ούνόμασι τΩν φυλέων έχρέωντο
s’appelèrent dès lors les Archélaens (chefs du peuple) ; ceux οΐ Σικυώνιοι καί έ π ί Κλεισθέυεος άρχοντος καί έκείνου ίο
d’une autre tribu Hyates (Cochonnards), d’une autre Onéatc» τεθνεΩτος Ιτ ι έπ’ Ιτέα έξήκουτα· μετέπειτα μέυτοι λόγου
(Asinards), d’une autre Choiréates (Porcélards). Ces noms σφίσι δόντες ρετέβαλου ές τούς Ύλλέας καί Παρφύλους
furent en usage chez les Sicyoniens et sous le règne do καί Δυμανάτας* τετάρτους δέ αυτοισι προσέθεντο έπί τοΟ
Clisthène et, après qu’il fut mort, encore pendant soixante Άδρήστου παιδδς ΑΙγιαλέος τήυ έπωυυρίηυ ποιεύρενοι
ans ; mais ensuite, après s’être consultés, les Sicyoniens les κεκλήσθαε ΑΙγιαλέας. ι5
remplacèrent par ceux d’Hylléens, Pamphyles et Dymanates3 ; ΤαΟτα ρέν νυν δ Σικυώνιος Κλεισθένης Ιπεποιήκεε. Ό 69
et, à une quatrième tribu ajoutée à ces trois, ils donnèrent, δέ δή ’Αθηναίος Κλεισθένης, έών τοΟ Σικυωνίου τούτου
en souvenir du fils d’Adraste, Aigialeus, le nom d’Aigialéens.
θυγατριδέος καί τδ οδνομα έπί τούτου εχων, δοκέειν έροί
69 Voilà ce qu’avait fait Clisthène de Sicyone. Clisthène
καί οδτος ύπεριδώυ "Ιωνάς, ΐνα ρή σφίσι αί αΰταί Ιωσι
d’Athènes, qui était par sa mère petit-fils de ce Sicyonien et
φυλαί καί “Icooi, τδν δμώνυμον Κλεισθέυεα εριρήσατο· ώς 5
lui devait son nom, obéissant lui aussi, ce me semble, à un
sentiment de mépris pour les Ioniens*, et ne voulant pas que γάρ δή τδν ’Αθηναίων δήρον πρότερον άπωσρένου πάντων
les mêmes tribus existassent à Athènes et chez eux, suivit τότε πρδς τήυ έωυτοΟ ροΐραν προσεθήκατο, τάς φυλάς
l’exemple de son homonyme : après qu’il eut adjoint à ρετωνόρασε καί έποίησε πλέουας Ι ξ έλασσόυων δέκα τε
son parti la classe populaire, exclue auparavant de tout, il δή φυλάρχους άντί τεσσέρωυ έποίησε, δέκαχα δέ καί τούς
changea les noms des tribus et en augmenta le nombre ; il δήρους κατέυειμε ές τάς φυλάς. *Ην τε τδν δήρον προσθέ- ίο
institua dix chefs de tribus3au lieu de quatre, et répartit les ρενος πολλφ κατύπερθε τΩν άντιστασιωτέων.
dèmes en dix groupes6 entre les tribus. S’étant adjoint le Έ ν τΩ ρέρεΐ δέ Ισσούρευος δ Ίσαγόρης άυτιτεχυδται 70
peuple, il avait de beaucoup l’avantage sur les factions rivales.

7q I . Hylléens, Pamphyles et Dymanes. 68 3 ρετε’βχλί codd. pi. : -βάλλε UV || Ις ABCPD : εί; USV ||
а. La partie dorienne de la population. Clisthène était issu de la ούνο'ρατα codd. pi. : όν- AB || 5 (και χοίρον) add. Sauppe || 6 έωντον
partie préionienne et antidorienne. codd. pi. : έαυτοΰ D || 8 ‘Tarai codd. pi. : Tiätai C || 9 Χοιρεαται
3. C’était un retour aux anciennes dénominations. codd. pi. : Xotpoiarai G || ouvdpaoi codd. pi. : όν- AB || έχρίωντο
4- Comme le Sicyonien &sa haine pour les Doriens. Mais les noms codd. pi. : -tovrb P.
introduits par l’Athénien n’avaient rien d’injurieux et rien ne prouve 69 4 ρή σφίσι: ρή σφίσι codd. || 6 δή om. C || τόν codd. pi. :
qu’il ait voulu isoler Athènes des Ioniens ; sa réforme avait d’autres röv DSV I) πάντων codd. pi. : -τας S Vine. || 6-7 πάντων το'τε Schaefer :
buts. τότε π. codd. || 8 πλίονας : πλεϋ- codd. || 9 τεσσίρων codd. pi. : τεσσά-
5. Ces « phylarques » sont inconnus par ailleurs. CUV y δέκαχα Lolling : δέκα codd. || 10 κατένειρε Stein : -ένερε
б . Δε'χαχα. C’est une conjecture. Il est douteux que δέκα, donné codd. II i l κατνπερθε codd. pi. : -θεν V.
V 70 TERPSICHORE »io no ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 70

Isagoras, qui se trouvait à son tour en état d’infériorité, τάδ*· έπικαλέεται Κλεομένεα τδν Λακεδαιμόνιον, γενδ-
prit contre lui ces mesures : il appela à l’aide Gléomène de μενον έωυτδ ξεΐνον άπδ τή ς Πεισιστρατιδέων πολιορκίης·
Lacédémone, qui était devenu son hôte à l’époque où il τδν δέ Κλεομένεα είχε αίτίη φοιτάν παρά τοΟ ‘Ισαγόρεω
assiégeait les Pisistratides, — et que l’on accusait de fréquen­ τήν γυναίκα. ΤΑ μέν δή πρδτα πέμπων δ Κλεομένης έ ς τ ά ς 5
ter la femme d’Isagoras. Cléomène envoya donc en premier ’Αθήνας κήρυκα Ιξέβαλλε Κλεισθένεα καί μετ’ αύτοΟ
lieu à Athènes un héraut pour demander l’expulsion de Αλλους πολλούς ’Αθηναίων, τούς Έ ναγέας Ιπιλέγων.
Clisthène et, avec lui, de beaucoup d’autres Athéniens, des ΤαΟτα δέ πέμπων έλεγε έκ διδαχής τοΟ Ίσαγύρέω· οΐ μέν
« Impurs» ', comme il disait. Il suivait, en envoyant ce mes­ γάρ Άλκμεωυίδαι καί οΐ συστασιδται αύτδν εΐχον αΐτίην
sage, les instructions d’Isagoras ; car les Alcméonides et les
τοΟ cfiéVου τούτου, αύτδς δέ ού μετείχε ούδ’ οΐ φίλοι αύτοΟ. «ο
membres de leur faction étaient accusés du meurtre auquel
01 δ’ Έ ναγέες ’Αθηναίων δδε άνομΑσθησαν. *Ην Κύλων 71
il faisait allusion, tandis qu’Isagoras lui-même n ’y avait
ancune part non plus que ses amis. τδν ’Αθηναίων Ανήρ Όλυμπιονίκης· οΟτος Ιπ Ι τυραννίδί
71 Voici dans quelles circonstances les oc Impurs » avaient έκδμησε, προσποιησάμενος δέ έταιρηίην τδν ήλικιωτέων
reçu ce nom à Athènes. Il y eut chez les Athéniens un certain καταλαβεΐν τήν άκρδπολιν Ιπειρήθη· ού δυνΑμενος δέ
Kyion, vainqueur aux jeux olympiques2 ; cet homme, gonflé έπικρατήσαι Ικέτης ϊζετο πρδς τδ Αγαλμα. Τούτους Ανι- 5
d’orgueil, ambitionna la tyrannie8; il gagna à ses intérêts un στδσι μέν οί πρυτΑνιες τδν ναυκρΑρων, οϊ περ ένεμον τότε
groupe des hommes de son âge et tenta de s’emparer de τά ς ’Αθήνας, ύπεγγύουςπλήν θανΑτου· φονεΟσαι δέ αύτούς
l'Acropole*; mais il ne put triompher, et alla s’asseoir en αίτίη Ιχ ει Άλκμεωνίδας. ΤαΟτα πρδ τή ς ΠεισιστρΑτου
suppliant auprès de la statue de la déesse. Les prytanes des ήλικίης Ιγένετο.
naucrares, qui gouvernaient Athènes à cette époque, le déci­ Κλεομένης δέ ώς πέμπων έξέδαλλε Κλεισθένεα καί τούς 72
dèrent, lui et les siens, à se lever de ce lieu pour répondre de
Έναγέας, Κλεισθένης μέν αύτδς ΰπεξέσχε· μετά δέ οΰδέν
leur conduite, avec promesse de vie sauve ; ils furent cepen­
ήσσον παρήν ές τά ς ’Αθήνας δ Κλεομένης ού σύν μεγάλη
dant massacrés, et on accusa du massacre les Alcméonides.
Ces événements se passèrent avant l’âge de Pisistrate. χειρί, άπικδμενος δέ Αγηλατέει έπτακΑσια έπίστια ’Αθη­
72 Quand Cléomène envoya demander l’expulsion de Clisthène ναίων, τΑ οί ΰπέθετο δ Ίσαγόρης. ΤαΟτα δέ ποιήσας δεύ- 5
et des oc Im purs», Clisthène quitta le paye de lui-même; τέρα τήν βουλήν καταλύειν Ιπειρ&το, τριηκοσίοισι δέ τοΐσι
Cléomène, par la suite, ne s’en présenta pas moins à Athènes, ΊσαγΑρεω στασιώτησι τάς άρχάς ένεχείριζε. Ά ντιστα-
avec une troupe peu considérable ; et, une fois arrivé, il chassa θείσης δέ τή ς βουλής καί ού βουλομένης πείθεσθαι δ τε
Κλεομένης καί δ ΊσαγΑρης καί οί στασιδται αύτοΟ κατα-
par les manuscrits, puisse signifier a par groupée de dix » ; douteux λαμθάνουσι τήν άκρΑπολιν, ’Αθηναίων δέ οί λοιποί τά αύτά >°
aussi qu’il y ait jamais eu exactement cent dèmes.
I . ’Ενάγεις. Entachés d'une souillure sacrilège (άγος). 70 a τάδε om C || 9 Άλκμεωνίδαι ACPD* : Άλκμαιω-D2 ’Αλχμαιο-
a. En 64o, 01. 35, i (Eusèbe, C h r o n I ig3). BLSV.
3. Έχύμηαε έπι τυραννίδί. Littéralement, κομαν signifie « porter 71 3 έχόμησε codd. pi. : -ίσε SV || 5 τό αγαλμα codd. pi. : τώγ-
les cheveux longs », d’où « faire le fier ». ’Επί introduit ce à quoi CP II 5-6 άνισταοι : -στίασι codd. || 6 πρυτοίνιες : -άνις codd. || Ινεμον
Kyion visait en affectant de grands airs. codd. pl. : -οντο S || 8 υπεγγύους codd. pi. : -γυίους C || g Άλχμεωνί-
4. D’après Thucydide (I ia 6), il s’en serait même emparé. Εας ABGPD1 : Άλχμαιων- D2U Άλχμαιον- SV.
5. Sur le caractère de ce récit, cf. Notice, p. 78 . 72 3 où om. Suidas s. ν. Αγηλατεΐν.
72 TERPSICHORE III ut ΤΕ ΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 72
comme souillées, sur les suggestions d’Isagoras, sept cents φρονήσαντες έπολιόρκεον αύτούς ή μέρας δύο· τή δέ τρίτη
familles athéniennes. Cela fait, il essaya en second lieu de dis­ ύπόσπονδοι έξέρχονται έκ τή ς χώρης 8σοι ή σαν αύτδυ
soudre le conseil, et voulut mettre les fonctions publiques aux Λακεδαιμόνιοι. Έπετελέετο δέ τφ Κλεομένετ ή φήμη. Ώ ς
mains de trois cents hommes du parti d’Isagoras. Mais le conseil γάρ &νέβη ές τήν &κρόπολιν μέλλων δή άύτήν κατασχήσειν,
opposa de la résistance et refusa d’obéir; Cléomène, avec ήιε έ ς τδ άδυτον τή ς θεοΟ ώς προσερέων· ή δέ ΙρηΙη έξα- ι5
Isagoras et ceux de son parti, s’empara alors de l’Acropole.
ναστάσα έκ τοΟ θρόνου πρίν ή τά ς θύρας αύτόν άμεΐψαι είπε*
Le reste des Athéniens, animé des mêmes sentiments que le
« *Ω ξεΐνε Λακεδαιμόνιε, -πάλιν χώρεε μήδέ Ισιθι ές τδ
conseil, les y assiégea pendant deux jours ; le troisième jour,
aux termes d’une capitulation, tous ceux des assiégés qui ίρόν ού γάρ θεμιτδν ΔωριεΟσι παριέναι ένθαΟτα »* δ δέ
étaient Lacédémoniens sortirent du pays. Ainsi s’accomplit ε ΐπ ε - a *Ω γύναι, άλλ’ ού Δωριεύς είμι άλλ’ "Αχαιός. » '0
pour Cléomène la parole prophétique. Quand il était monté μέν δή τή κληδόνι ούδέν χρεώμενος έπεχείρησέ τε καί ao
sur l’Acropole, dont il allait vouloir se rendre maître, il τότε πάλιν έξέπιπτε μετά τΰν Λακεδαιμονίων. Τούς δέ
avait voulu pénétrer dans le sanctuaire de la déesse, sous pré­ άλλους "Αθηναίοι κατέδησαν τήν έπΐ θανάτφ, έν δέ αΰτοΐσι
texte de la p rier1; et la prêtresse, se levant de son trône avant καί ΤιμησΙθεον τδν Δελφόν, τοΟ Ιργα χειρδν τε καί λήμα-
qu’il eût franchi la porte, lui avait dit : « Étranger de Lacédé­ το ς Ιχοιμ" άν μέγιστα καταλέξαι. Οδτοι μέν νυν δεδεμένοι
mone, retourne sur tes pas sans entrer dans ce temple ; il n’est έτελεύτησαν. »5
pas permis aux Doriens de se présenter là » ; à quoi il avait "Αθηναίοι δέ μετά ταΟτα Κλεισθένεα καί τά έπτακόσια 73
répondu: « Femme, je ne suis pas Dorien, mais Achéen2 ».
έπίστια τά διωχθέντα ΰπδ Κλεομένεος μεταπεμψάμενοι
Sans tenir compte du présage2, il avait tenté l’entreprise, et
πέμπουσι άγγέλους ές Σάρδις, συμμαχίην βουλόμενοι ποιή-
il dut alors retourner sur ses pas, chassé, avec les Lacédé­
moniens. Quant aux autres assiégés, ils furent, par les σασθαι πρδς Πέρσας· ήπιστέατο γάρ σφίσι [πρδς] Λακε­
Athéniens, enchaînés pour être mis à mort ; il y avait parmi δαιμονίους τε καί Κλεομένεα έκπεπολεμδσθαι. "Απικομέ- 5
eux Timésithéos de Delphes, dont je pourrais citer de très νων δέ τδν άγγέλων ές τάς Σάρδις καί λεγόντων τά
beaux traits de force et de courage. Ces hommes, donc, έντεταλμένα Άρταφρένης δ Ύστάσπεος Σαρδίων δπαρχος
périrent dans les fers. έπειρώτα τίνες έόντες άνθρωποι καί κή γής οίκημένοι
Les Athéniens rappelèrent ensuite Clisthène et les sept cents δεοίατο Περσέων σύμμαχοι γενέσθαι· πυθόμενος δέ πρδς
familles bannies par Cléomène ; puis, ils envoyèrent des τδν άγγέλων άπεκορύφου σφι τάδε* εΐ μέν διδοΟσι βασιλέΐ 10
députés à Sardes ; ils avaient le désir de conclure une alliance
avec les Perses, car ils étaient convaincus que les Lacédémoniens 72 i i αυτούς om. PDUSV || ι3 Κλεομένεΐ codd. pi. : -ένη Β || ι5
et Cléomène étaient prêts à leur faire la guerre. Arrivés à της codd. pi. : τοδ Ρ || προσερέων codd. pi. : προερ- Β* || ίρηίη D :
ίρείη cett. II ι 6 αυτόν codd. pi. : -ών Β || ιη χώρεε : -et codd. || Ισιθι
Sardes, ces députés parlèrent comme ils en avaient reçu codd. pi. : εΤσ- C || ι 8 Δωριεϋσι codd. pi. : Δορ- B || ao χληδο'νι S
l’ordre; Artaphernès fils d’Hystaspe, gouverneur de Sardes, (cf. Bechtel Ion. Dial. 8 o) : χλεη- cett. || χρεώμενος codd. pi. : χρεό-
leur demanda quelles gens ils étaient et en quel point de la P y 20-31 χαί τότε om. SV || a3 Λελ^όν Paulmier : άδελφεόν codd. ||
a3-a4 λήματος codd. pi : λτ{μμ- AB.
I . 'Ως προσερέων. Expression peu précise. Voulait-il consulter . 73 4 οφίσι Stein : oft codd. || [πρός] del. Schweighäuser, defen­
Athéna, comme plus tard Héra à l’Héraion d’Argos (VI 8 a) ? dere frustra conatur L. Weber Rio. difilologia, ig4o, 374 || 5 ixr.i-
a. Comme descendant d’Héraclès. πολεμώσθαι codd. pl. : έχπολ- SV || 6 τοίς om. D || 8 έπειρώτα codd.
3. Que contenaient les mots où θεμιτόν παριέναε Ινθαΰτα. pl. : έπηρ- CP || x?[ Bekker : πή SV ποϊ cett.
F 73 TERPSICHORE na na ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ T 73
terre ils habitaient1pour demander aux Perses de les recevoir Δαρείφ ’Αθηναίοι γήν τε καί ύδωρ, δ δέ συμμαχίην σφι
dans leur alliance ; et, quand il l’eut appris des députés, il συνετίθετο, et δέ μή διδοΟσι, άπαλλάσσεσθαι αύτούς έκέ­
leur fit en bref cette réponse : que, si les Athéniens donnaient λευε. ΟΙ δέ άγγελοι έπΐ σφέων αότδν βαλόμενοι διδόυαι
au Roi Darius la terre et l’eau, il faisait alliance avec eux; Ιφασαν, βουλόμενοι τήν συμμαχίην ττοιήσασθαι. Οδτοι μέν
, sinon, il leur intimait de partir. Les députés, qui désiraient δή άπελθόντες ές τήν έωυτδν αΙτΙας ρεγάλας εΤχου. ι5
conclure l ’alliance, prirent sur eux de dire qu’ils consen­ Κλεομένης δέ έπιστάμευος περιυθρίσθαι έπεσι καί 74
taient. Rentrés dans leur pays, ils furent en butte & de έργοισι ύπ’ ’Αθηναίων συνέλεγε έκ πάσης Πελοποννήσου
sévères accusations2.
στρατόν, ού φράζων Ι ς τό συλλέγει, τείσασθαί τε έθέλων
74 Cléomène, persuadé que les Athéniens l’avaient grossière­
τδυ δήμον τί>ν ’Αθηναίων καί Ίσαγόρηυ βουλόμένος τύραν­
ment outragé en actes et en paroles, rassembla dans tout le
Péloponnèse une armée, sans dire pourquoi il la rassemblait*; νον καταστήσαι· συνεξήλθε γάρ οί οΑτος έκ τή ς άκρο- 5
il voulait se venger du peuple d’Athènes et établir comme πόλιος. Κλεομένης τε δή στόλφ μεγάλω έσέβαλε ές
tyran Isagoras, qui l’avait accompagné lors de sa sortie de ’Ελευσίνα καί οί ΒοιωτοΙ άπύ συνθήματος ΟΙυόην αίρέουσι
l’Acropole. Cléomène, donc, avec de grandes forces, envahit καί Ύσιάς, δήμους τούς έσχάτους τής ’Αττικής, Χαλκι-
le territoire d’Eleusis, cependant que les Béotiens, comme il δέες τε Ιπ Ι τά Ιτερα έσίνοντο έπιόντες χώρους τή ς ’Αττι­
était convenu avec lui, s’emparaient d’Oinoé et d’Hysiai *, κής. Αθηναίοι δέ, καίτιερ άμφιβολίη έχόμενοι, Βοιωτδν
dèmes situés aux confins de l’Attique, et que les Chalcidiens, μέν καί Χαλκιδέων Ισύστερον Ιμελλου μνήμην ποιήσεσθαι,
de l’autre côté, entraient dans des cantons de l’Attique et y Πελοπονυησίοισι δέ έοΟσι Ιν Έλευσίνι άντία εθεντο τά
faisaient du dégât. Les Athéniens, bien que pressés de part Κπλα. Μελλόντων δέ συνάψειν τά στρατόπεδα ές μάχην, 75
et d’autre, remirent à plus tard de songer aux Béotiens et
Κορίνθιοι μέν πρώτοι σφίσι αύτοΐσι δόντες λόγου ώς ού
aux Chalcidiens, et allèrent prendre position en face des Pélo-
ποιοΐεν τά δίκαια μετεθάλλοντό τε καί άπαλλάσσοντο.
75 ponnésiens campés à Eleusis. On allait engager les armées
au combat, lorsque les Corinthiens, ayant réfléchi les premiers Μετά δέ Δημάρητος δ Άρίστωνος, Ιών καί οΰτος βασιλεύς
qu’ils n’agissaient pas selon la justice8, firent demi-tour et se Σπαρτιητέωυ, καί συνεξαγαγών τε τήν στρατιήν έκ Λακέ-7 5
retirèrent. Après eux, ce fut Démarate, fils d’Ariston ; lui δαίμονος καί ούκ έώυ διάφορος έν τφ πρόσθε χρόνψ Κλεο-
aussi était roi des Spartiates ; il avait amené l’armée des μένεΧ. Ά π ύ δέ ταύτης τή ς διχοστασίης έτέθη νόμος έν
Lacédémoniens de concert avec Cléomène et n’était pas Σπάρτη μή έξεΐναι έπεσθαι άμφοτέρους τούς βασιλέας
jusqu’alors en désaccord avec lui. C’est à la suite de ce diffé­
rend qu’une loi fut établie à Sparte interdisant aux rois
73 I I ’Αθηναίοι om. DU'SV || σφι om. C || la διδοΰσι codd. pi. :
d’accompagner tous les deux une armée en campagne ; car
-ωσι DUV II αυτούς om. SV || ι3 βαλόμενοι BG2PU : βαλλ- ASV
I . Ignorance affectée de grand seigneur méprisant. βουλ- C‘D.
a. Si vraiment Clisthène tomba en disgrâce (Êlien, Var. hist., 74 3 τίίσασθαι : τίσ- codd. || 4 τόν Aß : των cett. [| ’Αθηναίων
XIII a4). ne fut-ce pas à cette occasion ? codd. pi. : -a?ov AB || 8 Ύσιάς AB‘CPS: -ι'ας B2DUV || 9 χώρους
3. Tout ce que Cléomène a pu tenir secrét n’est que le projet qu’il codd. pi. : χώρης D || ι ι ποιήσεσθαι codd. pi. : -σασθαι SV || ia
aurait eu d’établir tyran Isagoras. ΙΙελοπΟννησίοισι cod. pi. : -ήσιοι A tß1.
4. Hysiai n’était pas Un dème ni même un lieu de l’Attique. 75 3 ποιοΐεν codd. pi. : ποιεΐεν SV || τά om. Laurent. LXX 6 ||
5. Le rôle attribué ici aux Corinthiens est comme un doublet de μετεβάλλοντο codd. pi. : -Ιβαλλον P || 5 συνεξαγαγών codd. pi. (-γο'ν
celui que jouera Soclès au chapitre ga. B): συναγ- D || 6 πρόσθε : -θεν codd. <
V. - II
? 75 TERPSICHORE ιι3 fi3 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 7S
jusque-là ils l’accompagnaient tous les deux1; et, en même ΙΕ,ιούσης στρατιάς· τέως γάρ άμφότεροι εΐποντο- παραλυο-
temps qu’elle relevait l ’un d’eux du commandement, elle μένου δέ τούτων τοΟ έχέρου καταλείπεσθαι καί τΩν Τυν- m
ordonnait de laisser également à Sparte l’un des deux Tyn- δαριδέων τύν έτερον πρδ τοΟ γάρ δή καί οΰτοι άμφότεροι
darides2 ; car, avant cette affaire, les deux ensemble étaient έπίκλητοί σφι έόντες ε'ίποντο, Τότε δή έν τή Έλευσΐνι 76
76 appelés au secours et accompagnaient les armées. Pour lors, δρΩντες οΐ λοιποί τΩν συμμάχων τούς τε βασιλέας τΩν
lorsque le reste des alliés, à Ëleusis, virent que les rois des Lacé­ Λακεδαιμονίων ούκ δμολογέοντας καί Κορινθίους έκλιπόν-
démoniens n ’étaient pas du même avis et que les Corinthiens τα ςτή ν τάξιν οΐχοντο καί αύτοί Απαλλασσόμενοι, τέταρτον
avaient quitté le rang, ils se retirèrent à leur tour. C’était
δή τούτο έπΐ τήν ’Αττικήν άπικόμενοι Δωριέες, δίς τε 5
la quatrième fois que les Doriens venaient en Attique ; ils y
Ιπ Ι πολέμςρ έσβαλόντες καί δίς έπ’ άγαθφ τοΟ πλήθεος τοΟ
étaient entrés deux fois pour y porter la guerre, deux fois dans
l’intérêt du peuple des Athéniens ; la première de leurs expé­ ’Αθηναίων, πρΩτον μέν 8τε καί Μέγαρα κατοίκισαν (οδτος
ditions avait eu lieu dans le même temps qu’ils établirent δ στόλος έπΐ Κόδρου βασιλεύοντος ’Αθηναίων δρθΩς &ν
une colonie à Mégare (on pourrait la désigner avec raison καλέοιτο), δεύτερον δέ καί τρίτον 8τε έπΐ Πεισιστρατιδέων
par le nom de Codros, qui régnait sur les Athéniens) ; la έζέλασιν δρμηθέντες έκ Σπάρτης άπίκοντο, τέταρτον δέ ίο
deuxième et la troisième, quand, partis de Sparte, ils étaient τότε 8τε Ι ς ’Ελευσίνα Κλεομένης &γων Πελοποννησίους
venus chasser les Pisistratides ; la quatrième se fit à cette έσέβαλε* οβτω τέταρτον τότε Δωριέες Ισέβαλον ές ’Αθήνας.
époque, quand Cléomène, à la tète des Péloponnésiens, Διαλυθέντος δν τοΟ στόλου τούτου άκλέως, ενθαΟτα 77
envahit le pays d’Ëleusis ; ainsi, on en était alors à la qua­ ’Αθηναίοι τείνυσθαι βουλόμενοι πρΩτα στρατιήν ποιεΟνται
trième invasion des Doriens en Attique3. έπΐ Χαλκιδέας. ΒοιωτοΙ δέ τοΐσι ΧαλκιδεΟσι βοηθέουσι έπί
77 L’armée qui avait pris part à cette expédition s’étant dis­
τόν Εύριπον. Άθηναίοισι δέ ίδοΟσι τούς βοηθούς Ιδοξε
persée sans gloire, les Athéniens, désireux de se venger,
πρότερον τοΐσι Βοιωτοΐσι ή τοΐσι ΧαλκιδεΟσι έπιχειρέειν' 5
marchèrent tout d’abord contre les Chalcidiens. Les Béotiens
se portèrent au secours de ceux-ci sur l’Euripe. Lorsqu’ils συμβάλλουσί τε δή τοΐσι Βοιωτοΐσι οί ’Αθηναίοι καί πολλφ
virent ce renfort, les Athéniens décidèrent d’attaquer les έκράτησαν, κάρτα δέ πολλούς φονεύσαντες έπτακοσίους
Béotiens avant les Chalcidiens ; iis en vinrent aux mains avec αύτΩν έζώγρησαν. Τ ής δέ αύτής ταύτης ήμέρης οΐ ’Αθη­
eux, les vainquirent complètement, en tuèrent un grand ναίοι διαβάντες ές τήν Εύβοιαν συμβάλλουσί καί τοΐσι
nombre et en prirent vifs sept cents. Ce même jour, ils ΧαλκιδεΟσι, νικήσαντες δέ καί τούτους τετρακισχιλίους ίο
passèrent en Eubée, en vinrent aux mains aussi avec les κληρούχους επ ί τΩν Ιπποβοτέων τή χώρη λείπουσι· οΐ δέ
Chalcidiens, les défirent à leur tour, et laissèrent quatre mille
I. La loi visait un cas précis : les deux rois accompagnant une 75 9 στρατιής codd. pi. : τη; στρ. S || ίο -μενού CPS : -μενών cett.
même armée ; elle n’interdisait pas d’une façon générale qu’ils 76 I Έλευσίνι codd. pi. : Λευσΐνι G || a δρΩντες codd. pi. : -έωντες
fussent absents de Sparte en même temps, bien que cela fût évité C -έοντες Ρ || τών Λαχεδ. om. S || 4 αύτοί άπαλλ. codd. pi. : αύτοί
(Xén., Hell., Y 3 io). ού χαπαλλ- C || η τοΰ (ante ’A0.)codd. pi. : τΩν S || ι ι ές om. DUSV.
a. Castor et Pollux. Ils avaient donc & Sparte d’autres images que 77 I άχλέως (cf. Praef. p. ao8) : άχλεΩς codd. || a τείνυσθαι
les δόχανα indissolublement unis par des traverses de bois dont parle Bechtel Ion. Dial. i 8 a : τίνυσθαι ABCP τινν- DUSV || στρατιήν ABC :
Plutarque De fraterno amore, I . -είην cett. II 4 τόν om. D 1 || βοηθούς DUSV : Βοιωτούς ABCP || 6 oi
3. Hérodote ne dit pas que ce soit la dernière dont U ait eu pm. CD U 8 αύτΩν AB‘GP : -έων B2DUSV || ol om. C || ι ι ίπποβο-
connaissance. τέων AB : -δατέων cett.
V 77 TERPSICHORE ιι4 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ ¥ 77
clérouques* sur les terres des Hippobotes ; on appelait Hippo­ Ιπποβόται έκαλέοντο ol παχέες τδν Χαλκιδέων. “Οσους
botes (« Éleveurs de chevaux s) les gros propriétaires de δέ καί τούτων έ&ώγρησαν, Spot τοίσι Βοιωτδν έζωγρη μέ-
Chalcis. Les prisonniers qu’ils firent aussi sur les Chalcidiens νοισι εΐχον έν φυλακή έν πέδαις δήσαντες- χρόνω fié
furent par eux m b aux fers et tenus en prison avec les pri­ Ιλυσάν σφεας δίμνεως άποτιμησάμενοι. Τάς δέ πέδας <5
sonniers béotiens ; plus tard ils les libérèrent pour un prix αβτδν, έν xfjai έδεδέατο, άνεκρέμασαν έ ς τήν άκρόπολιν,
fixé à deux mines. Quant aux fers qui avaient servi à les
αΐ περ Ιτ ι καί ές έμέ fjootv περιεοΟσαι, κρεμάμεναι έκ
enchaîner, les Athéniens les suspendirent sur l’Acropole ; ces
τειχέων περιπεφλευσμένων πυρί ύπδ τοΟ Μήδου, άντίον δέ
fers subsistaient encore de mon temps, pendus aux murailles
qui portent les traces de l’incendie allumé par le MèdeI.2345, en τοΟ μεγάρου τοΟ πρδς Ισπέρην τετραμμένου. Καί τδν
face du sanctuaire qui est tourné vers le Couchant®. La dîme λύτρων τήν δεκάτην άνέθηκαν ποιησάμενοι τέθριππον χάλ- 20
des rançons fut consacrée à la déesse ; les Athéniens en firent Kgov τδ δέ άριστερής χειρδς Ιστηκε πρδτον έσιόντι ές τά
faire un quadrige de bronze ; on a ce quadrige à main gauche προπύλαια τά έν τή άκροπόλι· έπιγέγραπται δέ ol τάδε·
tout de suite en entrant dans les propylées de l’Acropole* ; il
Ιθνεα Βοιωτδν καί Χαλκιδέων δαμάσαντες
porte cette inscription : a Ayant dompté dans les travaux de
la guerre les hommes de Béotie et de Chalcis, les fils des Athé­ παΐδες ’Αθηναίων Ιργμασιν έν πολέμου
niens ont éteint leur arrogance dans des chaînes de fer, dans δεσμδ έν άχλυόεντι σιδηρέω Ισβεσαν Qßpiv
les ténèbres d’une prison ; comme dîme de leurs rançons, τδν ίππους δεκάτην Παλλάδι τάσδ’ έθεσαν.
ils ont consacré à Pallas ces cavales. »
’Αθηναίοι μεν νυν ηδξηντο. Δήλοι δέ oû κατ’ έν μοΟνον 78
78 Athènes était donc en pleine prospérité. Ce n ’est pas dans
άλλά πανταχβ ή Ισηγορίη ώς έστί χρί)μα σπουδαίον, εΐ καί
un cas isolé, c’est d’une façon générale que se manifeste
l’excellence de l’égalité8 : gouvernés par des tyrans, les Athé­ ’Αθηναίοι τυραννευόμενοι μέν ούδαμδν τδν σφέας περιοι-
niens n ’étaient supérieurs à la guerre à aucun des peuples κεόντων ΐ|σαν τά πολέμια άμείνονες, άπαλλαχθέντες δέ
qui habitaient autour d’eux ; affranchis des tyrans, ils pas­ τυράννων μακρφ πρδτοι έγένοντο. Δηλοΐ δν ταΟτα 8τι 5
sèrent de beaucoup au premier rang. Cela prouve que, dans κατεχόμενοι μέν έθελοκάκεον ώς δεσπότη έργαζόμενοι,
la servitude, ils se conduisaient volontairement en lâches, έλευθερωθέντων δέ αύτδς έκαστος έωυτφ προεθυμέετο
pensant qu’ils travaillaient pour un maître, au lieu qu’une κατεργάζεσθαι.
fois libérés, chacun trouvait son propre intérêt à accomplir
sa tâche avec zèle6*. ‘ 77 ia ίπποβότας ABa : -βάτας cett. || ι3 τούτων codd. pi. : του-
τέων U K i 4 έν πέδαις A2DUSV : ές πέδας A‘BCP || ι5 δίμνεως :
I. Citoyens pauvres k qui on attribuait dans les pays soumis des δίμνεως ABCPD δίμνως Pollux IX 56 διμναίας USV j] άποτιμησάμε-
lots de terre (κλήροι) confisqués sur les habitants, et qui y constituaient νοι codd. pi. : άποτισάμενοι SV || ι 6 αυτών ABCP : -έων DUSV ||
des garnisons permanentes. τησι codd.pl. : τοίσιν V || ιη περιεοϋσαι codd. pi. : περιοϊσαι A*DV ||
а. En 48o. ao ποιησάμενοι ABCP : ποιήσαντες DUSV || a i πρώτον ABC: -τα
3. La cella occidentale de l’Érechtheion. cett. II έσιο'ντι ABCPS : -όντα DUV || aa άκροπόλι AB : -ει GPDUS
4. Sur ce quadrige, cf. Introduction, p. 35-36 et note. V inc. Il a4 έν PDUSV : έκ ABC || 25 ά/λυόεντι PDUSV : άχνυνθέντι
5. Ίσηγορίη. Exactement : un égal franc-parler. AB Anth. Pal. VI 343 αχνυθέντι C || έσβεσαν codd. pi. : έ'σβεσσαν D 1
б . N’était le contexte, les expressions δεσπότη έργάζεσθαι, έωυτω a 6 τάσδ’ codd. pi. : τάο’ C.
χατεργάζεσθαι feraient penser k des travaux productifs plutôt qu’aux 78 I ηΰ'ξηντο codd. pi. : είίξ- C || κατ’ : καθ’ codd. || a ή codd. pi. :
travaux de la guerre έν G II 4 άμείνονες : -νους codd. || η προεθυμέετο AB : προθ- cett.
V 781 TERPSICHORE ιΐ5 n5 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 70
79 Telle était la situation d’Athènes. Les Thébains, à la suite Οδτοι μέν νυν ταΟτα Ιπρησσον. Θηβαίοι δέ μετά ταΟτα 79
de ces événements, voulant tirer vengeance des Athéniens, ές θεάν Ιπεμπον, βουλόμενοι τεΐσασθαι ’Αθηναίους. Ή δέ
envoyèrent consulter le dieu. La Pythie déclara qu’ils ne ΠυθΙη &πδ σφέων μέν αΰτΩν ούκ Ιφη αύτοΐσι εΐναι τΐσιν,
pourraient se venger à eux seuls, et leur conseilla, après rap­ Ι ς πολύφημον δέ έξενεΐκαντας έκέλευε τΩν Κγχιστα
port fait « là où beaucoup de voix se font entendre1 », de δέεσθαι. Άπελθόντων δν τΩν θεοπρόπων Ιξέφερου τδ 5
demander le secours a des plus proches ». Lors donc que les χρηστήριον άλΐην ποιησάμενοι1 ώς έπυνθάνοντο δέ λεγόυ-
théores furent de retour, on convoqua l’assemblée et on y των αύτΩν τΩν βγχιστα δέεσθαι, είπαν ot Θηβαίοι άκού-
rapporta la réponse de l’oracle; et les Thébains, quand ils σαντες τούτων. « Ούκ δν αγχιστα ήμέων οΐκέουσι Τανα­
apprirent de la bouche des théores qu’ils devaient demander
γραίοι τε καί Κορωναΐοι καί Θεσπιέες ; Καί οδτοί γε άμα
le secours « des plus proches », de dire, après avoir entendu
cet avis : « Les plus proches, ne sont-ce pas les Tanagréens, ήμΐν αίεΐ μαχό μεν οι προθύμως συνδιαψέρουσι τόν πόλεμον, ίο
les Coronéens, les Thespiens? Ceux-là combattent toujours Τ ί δει τούτων γε δέεσθαι; ’Αλλά μάλλον μή ού τοΟτο ή τδ
avec nous, et nous aident de bon cœur à soutenir la guerre χρηστήριον. » ΤοιαΟτα Ιπιλεγομένων είπε δή κοτε μαθών 80
jusqu’au bout. Quel besoin y a-t-il de demander leur aide P τ ις ’ « ’Εγώ μοι δοκέω συνιέναι τδ θέλει λέγειν ήμΐν τδ
Prenons garde plutôt que ce ne soit pas là ce que l’oracle μαντήιον. ΆσωποΟ λέγονται γενέσθαι θυγατέρες Θήβη τε
80 signifie. » Pendant qu’ils réfléchissaient ainsi, quelqu’un, καί Αίγινα* τουτέων άδελφεΩν έουσέων δοκέω ήμΐν ΑΙγινη-
mis au courant, déclara à un moment donné : « Je crois τέων δέεσθαι τδν θεδν χρήσαι τιμωρητήρων γενέσθαι. » Καί 5
comprendre ce que l’oracle veut nous dire. Asopos, dit-on, ού γάρ τ ις ταύτης άμείνων γνώμη εδόκεε φαίνεσθαι, αύτίκα
eut pour filles Thébé et Aiginé : elles étaient sœursI.2 ; à mon πέμψαντες Ιδέοντο Αίγινητέων, έπικαλεόμενοι κατά τδ
avis, c’est aux Ëginètes que le dieu nous conseille par son
χρηστήριόν σφι βοηθέειν, ώς Ιόντων άγχιστέων* οί δέ σφι
oracle de demander qu’ils nous aident. » Comme il ne sem­
αΐτέουσι έπικουρίην τούς ΑΙακΙδας συμπέμπειν Ιφασαν.
blait pas qu'aucune autre opinion plus plausible se manifestât,
ils envoyèrent sans tarder à Égine, et demandèrent aux Ëgi­ Πειρησαμένων δέ τΩν Θηβαίων κατά τήν συμμαχίην τΩν 81
nètes, alléguant à l’appui de leur requête le texte de/oracle, ΑΙακιδέων καί τρηχέως περιεφθέντων ΰπδ τΩν ’Αθηναίων,
de leur porter secours, comme étant « les plus proches » ; et αδτις ot Θηβαίοι πέμψαντες τούς μέν ΑΙακΙδας σφι άπε-
les Ëginètes, en réponse à cette demande, acceptèrent d’envoyer 79 a τείσασθαι : τίσ- codd. || 3 αυτών ABCP : -ίων DUSV || 4 ίξε-
81 à leur aide les Éacides3. Forts de ce concours des Éacides4, νείκαντας codd. pi. : -ντε? Β* || 5 ών ABCPD : 81 ών USV || θεω-
les Thébains se mesurèrent avec les Athéniens, mais ils furent πρόπων codd. pi. : -προπίων D || η αυτών ABCP : -ίων DUSV ||
τών om. A* || Θηδαιοι codd. pi. : ’Αθηναίοι D J| 8 τούτων ABCP :
I. Έ ς πολύφημον. Expression poétique pour désigner l’assemblée -ε’ων DUSV |j })μίων codd. pi. : -ών C || g Θεσπιίες ABCP : -ιεϊς DUSV
(cf. Od., II, i5o), empruntée sans doute au texte de l’oracle, comme II γε codd. pi. : τί γε C || 10 αίεί codd. pi. : αεί AB.
plus loin le mot rare τιμωρητήρ et peut-être le groupe ά'γχιστα 80 I τοιαΰτα AB‘C : τ. δή cett. || a συνιίναι ABC : αυνεϊναι cett. ||
δίεσθαι, finale d’hexamètre. θέλει ABC : Ιθίλει cett. || 3 μαντήιον ABC Pap. British Museum
a. Cette idée, née d’une confusion entre deux fleuves de même 1 1 0 9 : χρηστήριον PDUSV || 4 Ιουσίων ABC Pap. : ουσιών
nom (Asopos), est déjà exprimée chez Pindare (I s th m VIII i 8 suiv.). PDUS(?)V(P) II 6 ταύτης άμείνων γνώμη ABC Pap : γν. τ. άμ. cett.
3. Il s’agit naturellement de statues, comme plus haut (ch. 76) de Il 8 ιόντων PDUSV : οντων ABC || άγχιστίων PDUSV : -ιστών ABC
statues des Tyndari des. II 9 συμπίμπιιν PDUSV : συμπείθειν ABC.
A. Πειρησαμενων... κατά την συμμαχιην των Α’ιακιδεων. Locution 81 a τρηχίως codd. pi. : τρι- BDl || 3 αύτις : -θις codd. || Θηβαίοι
elliptique ; κατά exprime la conformité de la conduite des Thébains ABCP: ’Αθηναίοι DUSV.
V 81 TERPSICHORE χι6 u6 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 81
par eux durement maltraités ; ils envoyèrent alors de nou­ δίδοσαν, τδν δέ άνδρδν έδέοντο. ΑΙγινήται δέ εύδαιμονίη
veaux députés, qui rendirent les Ëacides et demandèrent aux τε μεγάλη έπαρθέντες καί Ιχθρης παλαιής άναμυησθέντες 5
Ëginètes leurs hommes. Les Ëginètes étaient exaltés par leur έχούσης Ι ς ’Αθηναίους, τότε Θηβαίων δεηθέντων πόλεμον
grande richesse; ils se souvinrent de l’inimitié ancienne qu’ils άκήρυκτον Άθηναίοισι έπέφερον. Επικειμένων γάρ αΰτδν
nourrissaient contre Athènes ; cédant aux prières des Thé- Βοιωτοΐσι έπιπλώσαντες μακρήσι νηυσΐ Ι ς τήν ’Αττικήν
bains, ils portèrent la guerre chez les Athéniens sans la leur
κατά μέν Ισυραν Φάληρον, κατά δέ τή ς άλλης παραλίης
avoir déclarée1. Tandis que ces derniers pressaient les Béo­
πολλούς δήμους, ποιεΟντες δέ ταΟτα μεγάλος ’Αθηναίους ίο
tiens, ils attaquèrent l’Attique par mer avec des vaisseaux
longs, ravagèrent Phalère, ravagèrent un grand nombre de έσίνοντο.
dèmes sur le reste du littoral, et firent de la sorte beaucoup Ή δέ Ιχθρη ή προοφειλομένη Ι ς ’Αθηναίους έκ τδν 82
de mal aux Athéniens. ΑΙγινητέων Ιγένετο έξ άρχής τοιήσδε. Έπιδαυρίοισι ή γή
82 La dette d’inimitié des Ëginètes envers les Athéniens avait καρπόν ούδένα άνεδίδου* περί ταύτης δν τής συμφορής ot
l ’origine que voici. A Ëpidaure, la terre ne donnait aucun Έπιδαύριοι έχρέωντο Ιν Δελφοίσι* ή δέ ΠυθΙη σφέας
fruit ; les Ëpidauriens consultèrent à Delphes sur ce fléau; έκέλευε Δαμίης τε καί Αύξησίης άγάλματα Ιδρύσασθαι καί 5
la Pythie leur dit qu’ils devaient élever des statues à Damia σφι Ιδρυσαμένοισι άμεινον συνοίσεσθαι. Έπειρώτων δν ot
et Auxésia2, et qu’après les avoir élevées ils s’en trouveraient Έπιδαύριοι κότερα χαλκοΟ ποιέωνται τά άγάλματα ή λίθου·
mieux. Les Ëpidauriens demandèrent s’ils feraient ces statues ή δέ ΠυθΙη ουδετέρου τούτων Ια, άλλά ξύλου ήμέρης
de bronze ou de marbre ; ni de l’un ni de l’autre, répondit
Ιλαίης. Έδέοντο δν οΐ Έπιδαύριοι ’Αθηναίων Ιλαίην σφι
la Pythie, mais de bois d’olivier cultivé. Les Ëpidauriens
δοΟναι ταμέσθαι, ίρωτάτας δή κείνας νομίζοντες είναι· ίο
prièrent donc les Athéniens de leur permettre de couper de
l’olivier ; ils pensaient sans doute que les oliviers de l’Attique λέγεται δέ καί ώς έλαΐαι ήσαν άλλοθι γής ούδαμοΟ κατά
étaient les plus sacrés ; on dit même qu’à cette époque il n’en χρόνον κείνον ή έν Άθήνησι. Ot δέ έπ ΐ τοίσδε δώσειν
existait nulle part ailleurs qu’à Athènes. Les Athéniens Ιφασαν Ιπ ’ φ άπάξουσι Ιτεος έκάστου τή Άθηναίη τε τή
répondirent qu’ils le leur permettaient, à la condition que Πολιάδι ίρά καί τφ Έρεχθέϊ. Καταινέσαντες δέ έπ ΐ τού-
les Ëpidauriens amèneraient chaque année des victimes à
81 5 τε ABCP : τή DUSV || 6 ές om. G || η aυτών ABGP : -έων
Athéna Polias et à Ërechthée. Les Ëpidauriens, ayant DUSY II ίο ποιευντες ABCD : -έοντες PUSV || ιι έσίνοντο A2 (cf.
Praej. p. 2i2-2i3): -νέοντο codd. pi. εσιχνέοντο A‘B1.
avec les conditions où les mettait le renfort des Éacides et avec 82 i έ'χθρη ABGPU : -pa DSV || προοφειλομένη ABGP : προσοφ-
l’espoir qu’autorisait ce renfort. DUSV II ές ABGP : πρός DUSY || τών ABGP : τής DUSV || 2 τοιήσδε
I . Par le ministère d’un héraut (κήρυξ). PDUSV : τοιήδε ABG || 3 άνεδίδου PDUSV : έδ- ABG || 4 έχρέωντο
a. Du récit même d’Hérodote ressort ce qu’étaient ces divinités, ABCDS : -έοντο PUV || 6 σφι PDUSV : σφισι ABG || έπειρώτων
dont la protection devait assurer l’abondance des fruits de la terre. AB’DS : -εον B2U V inc. έπηρώτεων G -εον P || tbv om. AB’G || 7
Le nom de l’une d’elles, qui se rattache au radical de αύ'ξειν, désigne ποιέωνται AB : -έονται cett. || τα άγάλματα om. DUSV || 8 ουδετέ­
Auxésia comme une déesse de la fécondité, exactement de la crois­ ρου van Herwerden: -έτερον DUSV -έτερα ABGP || ξύλου codd. pi. :
sance. Le nom de Damia est moins révélateur ; mais son association -ης SV y 10 ίρωτάτας ABGP2D : ipo- P’USV || ιι έλαϊαι ABGP:
avec Auxésia, et le fait qu’en Italie, où eon culte avait pénétré par έλαίης αν DUSV || άλλοβι codd. pi. : -ηθι SV || 12 κείνον codd. pi. :
Tarente (Δάμεια- εορτή παρά Ταραντίνοις, Hésych.), on l’identifiait έκεΐνον AB H έν om. PDUSV || Άθήνησι PDUSV : ’Αθήναις ABC ||
avec la Bona Dea (cf. Roscher, Lexicon, 943), permettent d’aper­ τοίσδε codd. pl. : τήσδε SV || ι3 άπάξουσι codd. pl. : άμάξ- D1 άνάξ-
cevoir son caractère. D2 y τε om. USV || ι4 έπί om. P’DUSV.
V 82 TERPSICHORE U7 n 7 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ Y 82
acquiescé, obtinrent ce qu’ils demandaient ; avec le bois de το un ol Έπιδαύριοι τΩν τε έδέοντο Ιτυχον καί Αγάλματα ι5
ces oliviers, ils firent faire des statues qu’ils érigèrent ; et la έκ τΩν έλαιέων τουτέων ποιησάμενοι Ιδρύσαντο· καί ή τε
terre, chez eux, produisit du fruit, cependant qu’ils exécu- γή σφι Ιφερε καρπόν καί ΆθηναΙοισι έπετέλεον τά συνέ-
83 taient l’accord conclu avec les Athéniens. En ce temps-là θεντο. ΤοΟτον δ’ Ιτ ι τόν χρόνον καί πρδ τοΟ Αίγινήται 83
encore, comme auparavant, les Eginètes obéissaient aux Épi-
Έπιδαυρίων ήκουον τά τε Αλλα καί δίκας διαβαΐνοντες ές
dauriens, et, entre autres marques de cette dépendance, ils
’Επίδαυρον έδίδοσάν τε καί έλάμβανον παρ’ Αλλήλωυ οί
se transportaient à Epidaure pour y faire juger les procès
Αίγινήται' τό δέ Από τοΟδε νέας τε πηξάμενοι καί Αγνωμο­
qu’ils avaient entre eux comme défendeurs ou comme plai­
gnants ; mais, par la suite, iis construisirent des navires et, σύνη χρησάμενοι Απέστησαν άπό τΩν Έπιδαυρίων. "Ατε δέ 5

cédant à un emportement irréfléchi, se séparèrent des Ëpi- έόντες διάφοροι έδηλέοντο αύτούς, ώστε δή θαλασσοκράτορες
dauriens. Devenus leurs ennemis, ils les pillaient, car ils Ιόντες, καί δή καί τά Αγάλματα ταΟτα τής τε Δαμίης καί
avaient dès lors la maîtrise de la mer ; et, en particulier, ils τή ς Αύξησίης ύπαιρέονται αύτΩν, καί σφεα έκόμισάν τε
leur enlevèrent ces statues de Damia et Auxésia, qu’ils appôr- καί Ιδρύσαντο τή ς σφετέρης χώρης ές τήν μεσόγαιάν, τή
tèrent à Égine et installèrent en plein centre de leur pays, Οϊη μέν έστι οβνομα, στάδια δέ μάλιστά κη άπό τή ς πόλιος ίο
en un lieu appelé Oié, distant d’une vingtaine de stades de &ς είκοσι άπέχει. Ίδρυσάμενοι δέ έν τούτφ τΩ χώρω
la ville1. Après les avoir placées là, ils instituèrent en leur θυσίησί τέ σφεα καί χοροΐσι γυναικηίοισι κερτόμοισι ίλά-
honneur des sacrifices et des chœurs de femmes qui disaient
σκοντο, χορηγΩν άποδεικνυμένων έκατέρη τΩν δαιμόνων
des injures8 ; pour chacune des deux déités étaient désignés
δέκα άνδρΩν- κακΩς δέ ήγόρευον οί χοροί Ανδρα μέν ούδένα,
dix chorèges masculins ; les chœurs n ’invectivaient aucun
homme, mais les femmes du pays*. Les mêmes cérémonies τάς δέ έπιχωρίας γυναίκας. *Ησαν δέ καί τοΐσι Έ π ι- ι5

avaient existé également chez les Epidauriens ; et chez eux il δαυρίοισι αί αύταί ίρουργίαι· είσί δέ σφι καί Αρρητοι
84 y a aussi des cérémonies secrètes4. Après le vol des statues, les ίρουργίαι. Κλεφθέντων δέ τΩνδε τΩν άγαλμάτων οί Έ π ι- 84
Epidauriens cessèrent d’exécuter l’accord conclu avec les δαύριοι τοΐσι ΆθηναΙοισι τά συνέθεντο ούκέτι έπετέλεον·

I. Une inscription d’Égine du ve siècle (IG IV i588) est un


fragment d’inventaire provenant du sanctuaire d’un couple do divinités 82 ι6 έλαιέων ABCP : -αιών DUSV j 7H Χ®ρπόν om. AB'C.
qui y sont appelées Mnia et Auzésia. 83 ι πρό του ABC : τον πρό τούτου cett. || a τά τε ABCPU : τε τά
a. Cet usage de brocarder l’assistance est à rapprocher des assauts DSV [I 4 τό δε codd. pi. : τότε δέ ABC || νέας : νηα{ codd. || 4-5 χαί
de plaisanteries mordantes qui avaient lieu en Attique lors des άγνωαοσύντ) χρησάμενοι om. D || 5 δέ BSP'DUSV : δή AB'GPI.23 ||
processions conduisant Iacchos & Eleusis (γεφυρισαος), comme les '6 Ιοντες ABCP : δντες DUSV || δή om. AB*C || 7 τ5 Δαμίης
cérémonies secrètes dont il va être parlé le sont d’un épisode de la PDUSV : Δ. τε ABC || 8 τή; om. AB*CS || αύτίΰν ABCP : -ε’ων
fête des Thesmophories. Par ces particularités, le culte de Damia et DUSV II έχόμισάν τε PDUSV : έχομίσαντο ABC || ia Ουσίησι ABCPU
Auxésia, où les femmes paraissent avoir joué le principal rôle, -b] DSV y χερτο'μοισι PDUSV : -μίοισι AB -μίηισιν C || ι3 έχατε'ρη
s’apparente au culte de Déméter. ABCP : -έρησι DUSV || ι4 χαχως ABCPU : χαί χως DSV || 16 αί
3. De même en Égypte, lors des pèlerinages de Boubastis, les αύταί ABC : αυται αί PDUSV || 16 ίρουργίαι PD (cf. Bechtel Ion.
femmes qui passaient en bateau le long d'une ville réservaient aux Dial, ιο ί) : ίερουργίαι U (ut videtur) SV ίροργίαι ABC || 16-17 ει’σ'1·■·
femmes de cette ville leurs plaisanteries salées et leurs brocards ip. om. D II 16 αοι BGP: σφισι A om. USV || 17 Ιρουργίαι P : ίερ-
(II 6o). USV ίροργίαι ABC.
4. D’où, comme aux Thesmophories, les hommes devaient être 84 ι τώνδε om. P*DUSV || a αυνέθεντο ABCPU : ξυν- DSV ||
exclus. ού/.ετι έπετέλεον Palm. : ούχ έπετέλεον ABGPD οΰχ έπιτέλεον USV.
V 84 TERPSICHORE ιι8 n8 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 84
Athéniens ; ceux-ci envoyèrent exprimer leur mécontente­ πέμψαντες δέ οΙΆΘηναΐοι Ιμήνιον τοίσι ΈπιδαυρΙοισι· οϊ
ment ; mais les Épidauriens démontrèrent qu’ils n ’étaient δέ άπέφαινον λόγω ώς ούκ άδικέοιεν· 8σον μέν γάρ χρόνον
pas dans leur tort ; aussi longtemps, dirent-ils, que nous εΐχον τά Αγάλματος Ιν -rfj χώρη, έπιτελέειν τά συνέθεντο, 5
avions les statues chez nous, nous exécutions l’accord conclu; 4πεΙ δέ έστερήσθαι αδτΩν, οΰ δίκαιοι είναι Αποφέρειν Ιτ ι,
maintenant que nous en sommes dépouillés, ce n’est plus à Αλλά τούς έχοντας αυτά ΑΙγινήτας ττρήσσεσ&αι έκέλευον.
nous de payer un tribut ; et ils engageaient à le faire payer Πρδς ταΟτα ot 'Αθηναίοι Ις Αίγιναν πέμψαντες Απαίτεον
aux Ëginètes, détenteurs des statues. Lè-dessus, les Athé­
τά Αγάλματα· ot δέ ΑΙγινήται έφασαν σφίσι τε καί Ά θη-
niens envoyèrent à Égine réclamer les statues ; mais les Ëgi-
ναΐοισι είναι ούδέν πρήγμα. ΙΟ
nètes leur répondirent qu’ils n ’avaient rien à- faire avec les
Athéniens. ’Αθηναίοι μέν νυν λέγουσι μετά τήν Απαίτησιν άποστα- 85
85 On raconte à Athènes qu’à la suite de cette réclamation on λήναι τριήρεΧ pifj τΩν ΑστΩν όλίγους (?) οΐ Αποπεμφθέντες
envoya sur une seule trière des citoyens en petit nom bre^)1, Απδ τοΟ κοιυοΟ καί Απικάμενοι ές Αίγιναν τά Αγάλματα
qui, délégués au nom de l’État, une fois arrivés à Égine, ταΟτα ώς σφετέρων ξύλων Ιόντα ΙπειρΩντο έκ τΩν βάθρων
essayèrent d’arracher de leurs bases les statues en question, έξανασπ&ν, ΐνα σφέα Ανακομίσωνται. Ού δυναμένους δέ 5
comme étant faites d’un bois de leur pays, pour les remporter τούτφ τΩ τρίπω αώτων κρατήσαι, περιβαλόντας σχοινία
chez eux. Comme ils ne pouvaient s’en emparer de cette Ιλκειν τά Αγάλματα, καί σφι Ιλκουσι βροντήν τε καί Αμα
manière, ils passèrent des cordes autour et tirèrent les τί[ βροντή σεισμόν έπιγενέσθαι- τούς δέ τριηρίτας τούς
statues ; mais, pendant qu’ils tiraient, survint un coup de Ιλκοντας ύπέ> τούτων άλλοφρονήσαι, παθύντας δέ τοΟτο
tonnerre, et, en même temps qu’il tonnait, la terre trembla;
κτεΐνειν Αλλήλους Ατε πολεμίους, Ι ς S έκ πάντων Ινα ίο
les gens.de la trière qui tiraient sur lés cordes en eurent
λειφθέντα άνακομισθήναι αύτδν ές Φάληρον. 'Αθηναίοι 86
l’esprit égaré, et, dans leur égarement, ils se tuèrent les
uns les autres, en ennemis, jusqu’à ce que, de tous, il nâen μέν νυν οδτω λέγουσι γενέσθαι. ΑΙγινήται δέ ού μιή νηΐ
86 restât plus qu’un, qui, seul, regagna Phalère. Voilà donc Απικέσθαι ’Αθηναίους (μίαν μέν γάρ καί δλίγφ πλέονας
comment, selon les Athéniens, les choses se seraient passées.
Mais, d’après les Ëginètes, ce n ’est pas avec un seul vaisseau
84 3 Ιμηνιον codd. pi. : -νυον UV || 4 λο'γω codd. pi. : -ον S V
que les Athéniens se présentèrent (contre un seul vaisseau ou inc. K άδιχεοιεν : -κοϊεν codd. || οαον μέν γάο χρόνον codd. pi. : οσ.
un peu davantage, même si eux n ’en avaient pas eu, ils se γρ. μέν γάρ D || 6 δίκαιοι Bekker : -αιον codd. ||·8 oi om. PDUV.
seraient défendus aisément) ; c’est avec une flotte qu’ils 85 a μιη AGP : vtr) Β νηί DUSV || όλίγους non sine multa dubita-
vinrent attaquer leur pays ; et eux leur laissèrent le champ tatione temptavi: τούτους AB1CP τουτίων BSDUSV. Gf. quae ad ver-
sionem gallicam adnotavi. || αποπεμφθέντες ABGP : πεμφΟ- DUSV ||
libre sans engager de combat sur mer. Ils ne peuvent d’ail-
4 έπειρώντο B2PDUSV : πείραν AB'G quo testimonio fretus L. Weber
Herodotum hic scripsisse coniecit : ...των αστών, τούς άποπεμφθίντας
I . ’Ολίγους est une conjecture que je n’imprime qu’à titre indi­ ...και άπικομίνους ...πείραν... || 5 σφέα άνακομίσωνται ABCP : σφεα-
catif. Les manuscrits donnent τούτους, qu’il me paraît impossible de ναχομ- DUV σφεα έκκομ- S || 6 τφ om. UV || αυτών ΑΒΡ : -ώι G
garder et téméraire de supprimer. Ce qu’on attend, ici, à côté de -Ιων DUSV II περιβαλόντας codd. pi. : -βάλλοντας V || 8 τούς codd.
rpujpsï μ:η, est l’indication d’un petit nombre. Le chiffre de 3oo, pi. : τας V || τριηρίτας ABGP : τριηρεί- DUSV || 9 τούτων ABGP :
qu’on obtiendrait en lisant τ’ ους ( = τριηκοσίους) dépasse l’effectif -ίων DUSV H παθοντας ABCPU : -ε; DSV.
normal d’une trière. — Pour une atjtre rédaction de l’ensemble de 86 a νυν om. ABC II ουτω λέγουσι γενέσθαι PDHJSV : λίγ. ουτω
ce passage, voir l’apparat. γεν. D1 ουτω γεν. λέγ. ABC || 3 πλέονας : πλευ- codd.
V 80 TERPSICHORE n9 119 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ
leurs affirmer arec certitude si la raison qui les fit céder ainsi μιής, κad εΐ σφίσι μή Ιτυχον ΙοΟσαι νέες, άπαμύνασθαι, &ν
fut la conscience de leur infériorité pour le combat naval, ou εύπετέως), άλλά πολλήσι νηυσΐ έπιπλέειν σφίσι έπΐ τήν 5
si ce fut le désir d’exécuter un plan qu’ils exécutèrent en χώρην, αύτοί δέ σφι εΐξαι καί oû ναυμαχήσαι. Ούκ Ιχουσι
effet1. Les Athéniens donc, en face de qui personne ne prenait δέ τοΟτο διασημήναι άτρεκέως, ούτε εΐ ήσσονες συγγι-
position pour combattre, débarquèrent de leurs vaisseaux et νώσκόμενοι είναι τή ναυμαχίη κατά τοΟτο εΐξαν, οβτε εΐ
se dirigèrent vers les statues ; mais il leur fut impossible de βουλόμενοι ποιήσαι οΐόν τι καί έποίησαν. ’Αθηναίους μέν
les arracher de leurs bases ; ils passèrent alors des cordes
νυν, έπείτε σφι ούδείς Ι ς μάχην κατίστατο, άποΒάντας άπδ ίο
autour d’elles et tirèrent ; ils tirèrent jusqu’au moment où
τδν νεδν τραπέσθαι πρδς τά άγάλματα- où δυναμένους δέ
les statues, — chose que je ne puis croire quand les Ëginètes
le disent, et laisse croire & d’autres, — toutes deux du άνασπάσαι έκ τΟν βάθρων αύτά ούτω δή περιΒαλομένους
même mouvement tombèrent à genoux devant eux, dans σχοινία έλκειν, ές οδ έλκόμενα τά άγάΧματα άμφότερα
une position où, depuis lors, elles demeurent8. Voilà, d’après τώυτδ ποιήσαι, έμοί μέν ού πιστά λέγοντες, άλλφ δέ τεφ ’
les Ëginètes, comment auraient agi les Athéniens; pour eüx, έ ς γούνατα γάρ σφι αυτά πεσεΐν, καί τδν άπδ τούτου ι5 ν
ayant appris, disent-ils, que les Athéniens allaient les attaquer, χρόνον διατελέειν ούτω έχοντα. ’Αθηναίους μέν δή ταΟτα
ils alertèrent les Argiens ; et, lorsque les Athéniens eurent ποιέειν, σφέας δέ Α1γινήται λέγουσι, πυθομένους τούς
débarqué à Ëgine, les Argiens surgirent à la rescousse ; ’Αθηναίους ώς μέλλοιεν έπΐ σφέας στρατεύεσθαι, έτοίμους
passés secrètement d’Épidaure dans l’île, ils tombèrent sur les Άργείους ποιέεσθαι· τούς τε δή ’Αθηναίους άποΒεβάναι
Athéniens, qui n ’étaient pas prévenus, leur coupant la retraite έ ς τήν Αίγιναίην καί παρείναι βοηθέοντας σφίσι τούς εο
vers leurs vaisseaux ; et c’est en ce moment que le tonnerre
Άργείους καί λαθεΐν τε έξ Έπιδαύρου διαβάντας ές τήν
gronda et qu’en même temps la terre trembla sous eux.
νήσον καί ού προακηκοόσι τοίσι Άθηναίοισι έπιπεσεΐν δπο-
87 Argiens et Ëginètes s’accordent à dire, — et les Athéniens
eux-mêmes le reconnaissent, — qu’il n ’y eut qu’un seul ταμομένους τδ άπδ τδν νεωυ, άμα τε έν τούτφ τήν βρον­
hommeparmi ceux-ci à pouvoir se sauver en Attique; mais les τήν τε γενέσθαι καί τδν σεισμδν αύτοΐσι.
Argiens prétendent que la destruction de l’armée athénienne Λέγεται μέν νυν ύπ’ Άργείων τε καί ΑΙγινητέων τάδε, 87
à laquelle survécut ce seul homme fut leur œuvre, tandis que δμολογέεται δέ καί ύπ’ ’Αθηναίων, ένα μοΟνον τδν άποσω-
θέντα αυτδν ές τήν ’Αττικήν γενέσθαι· πλήν Άργείοι μέν
I , Avec l’aide des Argiens, comme il va être dit. λέγουσι αυτών τδ ’Αττικόν στρατόπεδον διαφθειράντων τδν
3. Qu’étaient les statues autour desquelles se développe cette
légende ? Était-ce, comme on l ’a supposé, des statues vraiment age­ 86 4 σφίπ Stein: σφι codd. || νέες DUSV : νηεΐ ABGP || άπαμΰ-
nouillées, dans la posture que des textes et des monuments grecs νασθαι USV : -νίσθαι ABGPD || 5 σφίσι : σφι codd. || 6 σφι PDUSV :
attribuent à la femme qui accouche, — posture qui conviendrait à σφίσι ABG || νανμαχησαι ABGP : δίαν- DUSV || ίο χατίστατο ABCPS :
des déesses de la fécondité ? On peut se demander si, pour expliquer χαθ- DUV y II νεών PDUSV : νηδν AB νησίων G || τραπεσθαι :
une attitude en quelque sorte rituelle, on aurait eu l’idée d’imaginer τράπεσβαι PDUSV τρέπ- ABG || ία περιβαλομένονς ABPDU : -βαλλ-
une histoire extraordinaire. N’étaient-ce pas plutôt des statues GSV y ι5 γούνατα US: γόν- cett. || πεσεΐν: -ίειν codd. || ι 6 οΰτω
archaïques de personnages féminins qu’on aurait voulu représenter USV -ως ABGPD y 30 Αίγιναίην codd. pi. : -νέην B'C2S || πα-
marchant d’un pas rapide, et qui, par un effet de l’impéritie du ρεϊναι B2PDUSV : ήχειν AB*G || σφίσι ABGD : σφι PUSV || 33
sculpteur, semblaient avoir mis un genou en" terre comme pour επιπεσεϊν ABC : -σίειν cett. || 23-33 ύποταμομίνονς codd. pi. : άπο-
résister & une traction 1 Le pluriel γούνατα n’exclut pas forcément D y a3 τε om SV.
cette hypothèse, puisqu’il n’y avait pas qu’une statue. 87 3 αύτών ABGP : -ίων DUSV.
V 87 TERPSICHORE 130 13 0 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 87
les Athéniens l’attribuent à la divinité. E t en vérité, dit-on, ένα τοΟτον περιγενέσθαι, ’Αθηναίοι δέ τοΟ δαιμονίου. Περί- 5
pas même ce seul homme ne survécut, mais il périt de γενέσθαι μέντοι οόδέ τοΟτον τδν Ινα, άλλ’ άπολέσθαι τρόττφ
la façon suivante. De retour à Athènes, il y annonça le τοιφδε. ΚομισθεΙς Spa ές τά ς ’Αθήνας άτιήγγελλε τδ πάθος·
désastre ; à cette nouvelle, les femmes dont les maris étaient πυθομένας δέ τά ς γυναίκας τΩν έπ’ Αίγιναν στρατευσα-
partis pour Êgine, indignées que d’eux tous lui seul se fût μένων άνδρΩν, δεινόν τ ι ποιησαμένας κείνον μοΟνον Ιξ
sauvé, entourèrent de toutes parts le malheureux, et le
Απάντων σωθήναι, πέριξ τδν άνθρωπον τοΟτον λαθούσας iq
lardèrent avec les agrafes de leurs vêtements, chacune lui
καί κεντεούσας τήσιπερόνησι τΩν ίματίων είρωτδν έκάστην
demandant où était son m ari1. Il périt de cette manière ; et
les Athéniens considérèrent le forfait de leurs femmes comme αότέων 8κου εΐη δ εωυτής άνήρ. Kal τοΟτον μέν οβτω
chose plus terrible encore que leur désastre. Ne sachant quel διαφθαρήναι, Άθηναίοισι δέ έτι τοΟ πάθεος δεινάτερόν τι
châtiment infliger à ces femmes, ils changèrent le costume δόξαι είναι τδ τΩν γυναικΩν Ιργον. ”Αλλψ μέν δή οόκ Ιχειν
qu’elles portaient pour cèlui d'Ionie ; car avant celte époque, δτεψ ζημιώσωσι τάς γυναίκας, τήν δέ έσθήτα μετέθαλον ι5
les femmes athéniennes portaient un costume dorienI.2, très αάτέων ές τήν Ίάδα* έφόρεον γάρ δή πρδ τοΟ at τΩν
voisin de celui de Corinthe ; en place, on leur fit prendre la ’Αθηναίων γυναίκες έσθήτα Δωρίδα, τή ΚορινθΙη παρα-
tunique de lin, pour qu’elles n’eussent plus à se servir πλησιωτάτην- μετέθαλον Ων Ις τδν λίνεον κιθΩνα, ΐνα δή
88 d’agrafes3*5б
.VA vrai dire, ce costume n ’est pas originairement περόνησι μή χρέωνται. ”Εστι δέ άληθέΐ λόγω χρεωμένοισι 88
ionien, mais carien*; car le costume ancien des femmes
οόκ Ί ά ς αΒτη ή Ισθής τδ παλαιδν άλλά Κάειρα, ΙπεΙ ή γε
grecques était pour toutes le même, celui que maintenant
‘Ελληνική έσθής πάσα ή άρχαίη τΩν γυναικΩν ή αότή ήν
nous appelons doriene. C'est encore, dit-on, h l’occasion de
ces événements que les Argiens et les Ëginètes décidèrent τήν νΟν Δωρίδα καλέομεν. Τοίσι δέ Άργείοισι καί τοίσι
ceci : que ce serait une règle dans leurs deux pays de donner aux ΑΙγινήτησι δόξαι πρδς ταΟτα έτι τόδε [ποιήσαι]· νόμον 5
agrafes une fois et demie la dimension usuelle à cette époquee, εΐναι παρά σφίσι έκατέροισιτάς περόνας ήμιολίας ποιέεσθαι
τοΟ τότε κατεστεΩτος μέτρου, καί ές τδ ίρδν τΩν θεΩν
I. Au lendemain de Salamine, les descendantes de ces aimables τουτέων περόνας μάλιστα άνατιθέναι τάς γυναίκας, Ά ττι-
dames n’agirent pas avec moins de férocité en massacrant la femme
et les enfants de Lykidas (IX, 5). Mais elles avaient l’excuse d’une
crise de patriotisme. 87 7 äpa AB'G : γάρ cett. || άπηγελλε ABPU : -άγγελε G -ήγγειλε
а. A ce compte, si les hommes portaient à Athènes avant les DSV K 8 πυθομενας AB2CP : -νος B* om. DUSV || Sè τάς ABGP :
guerres médiques de longs chitons de lin (Thuc., I 6 ), le costume des τάς 81 DUSV || g àvSpfiv om. DUSV || 10 χόν άνθρωπον om. S ||
Athéniens et celui de leurs femmes auraient subi au cours des âges I l xal om. DUSV || κεντεούσας B2DSV : -εύσας cett. || είρωταν
des transformations inverses. codd. pl. : ήρ-G II έκάστην codd. pl. : -η G Vine. || 12 αύτέων codd,
3. A la différence du vêtement dorien, le long chiton ionien, qu pl. : -t5v P y Sxou ABC: οκη(ι) cett. || ι3 τι om. DUSV || i5, 18
avait de courtes manches, était cousu. μετέβαλον codd. pl. : -βαλλον C || 19 κιθώνα ABGP : χιτ- DUSV ||
I), Rappelons que, d’après Hérodote (I i46), les Ioniens d’Ionie ig περόνησι codd. pl. : περοί- D1.
avaient pris pour femmes des Cariennes. 8 8 I άληθέί ABGP : -εία DUSV || χρεωμένοισι codd. pl. : χρεο- P
5. Le témoignage des monuments, qui sont surtout des vases Il 5 8όξαι Stein : καί codd. || ποιησαι delevi, praeeunte Stein, qui
peints, n’est pas favorable à cette opinion. et Ιτι τόδε damnabat || 6 σφίσι(ν) ABGPD : σφιν USV || περόνας
б . Dimensions et poids des agrafes étaient-ils donc fixés alors par codd. pl. : περώ- B* Il 7 ίρόν codd. pl. : ί/ρόν D II 8 μάλιστα άν. τάς
une loi ? Gf. Dunbabin, "Εχθρη παλαιή dans VAnnual o f the British γνν. ABGP : άν. τάς γιιν. μάλιστα DUSV || άνατιθέναι codd. pl. ·
School at Athens, XXXVII, p. 87 -88 . άντιθ- G.
V. - is
V 88 TERPSICHORE i ai ut ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 88
et que, dans le temple de ces déesses, les femmes consacre­ κδν δέ μήτε τ ι άλλο προσφέρειν πρδς Tb Ipbv μήτε κέρα­
raient surtout des agrafes1 ; qu’on n ’y apporterait rien qui μον, άλλ’ Ικ χυτρίδων έπιχωριέων νόμου τδ λοιπδν αυτόθι ίο
provint de l’Attique, pas plus un vase de terre qu’autre chose, εΐναι πίνειν. Άργείων μέν νυν καί Αίγινητέων αί γυναίκες
et qu’à l’avenir il serait imposé d’employer pour boire en ce έκ [τε] τόσου κατ’ Ιριν τήν ’Αθηναίων περόνας Ιτ ι καί ές
lieu des gobelets du pays. De fait, les femmes d’Argos et Ιμέ έφόρεον μέζονας ή πρδ τοΟ.
d’Égine ont porté depuis lors, et portaient encore de mon
Τής δέ Ιχθρης τή ς πρδς Α1γινητέων ’Αθηναίοισι γενο- 89
temps, par hostilité contre les Athéniens, des agrafes plus
μένης άρχή κατά [τά] εΐρηται έγένετο. Τότε δή Θηβαίων
grandes qu’auparavant.
89 L’inimitié des Éginètes contre les Athéniens commença έπικαλεομένων προθύμως τδν περί τά άγάλματα γενομένων
comme il vient d’être d it2. Lors donc que les Thébains άναμιμνησκόμενοι οι ΑΙγινήται έβοήθεον τοίσι Βοιωτοΐσι.
demandèrent de l’aide, les Éginètes, se rappelant ce qui Αϊγινήταί τε δή έδηίουυ τής ’Αττικής τά παραθαλάσσια, 5
s’était passé au sujet des statues, prêtèrent de bon cœur καί Άθηναίοισι δρμημένοισι Ιπ ’ Α1γινήτας στρατεύεσθαι
secours aux Béotiens. Ils ravagèrent les côtes de l’Attique ; ήλθε μαντήιον έκ Δελφών έπισχόντας άπδ τοΟ Α1γινητέων
et les Athéniens étaient en voie de faire une expédition contre άδικίου τριήκοντα Ιτέα τφ ivi καί τριηκοστφ ΑΙακφ τέμενος
eux, quand il leur vint de Delphes un oracle conseillant de άποδέξαντας άρχεσθαι τοΟ πρός Αΐγινήτας πολέμου, καί
surseoir pendant trente ans à compter de l ’injure des Ëgi- σφι χωρήσειν τά βούλονται· ήν δέ αότίκα έπιστρατεύωνται, ίο
nètes, puis, la trente et unième année, après avoir consacré
πολλά μέν σφεας Ιν τφ μεταξύ τοΟ χρόνου πείσεσθαι,
à Éaque un sanctuaire, d’entamer la guerre contre les Ëgi­
πολλά δέ καί ποιήσειν, τέλος μέντοι καταστρέψεσθαι.
nètes ; tout irait alors à leur gré ; si, au contraire, ils entraient
en campagne immédiatement, ils auraient dans l’intervalle ΤαΟτα ώς άπενειχθέντα ήκουσαν οί ’Αθηναίοι, τφ μέν
. beaucoup de maux à souffrir, tout en en faisant aussi beaucoup ΑΙακφ τέμενος άπέδεξαν τοΟτο τδ νΟν επί τής άγορής
de leur côté ; en fin de compte, toutefois, ils subjugueraient ΐδρυται, τριήκοντα δέ Ιτέα ουκ άνέσχοντο άκούσαντες ι5
leurs ennemis3. Lorsque les Athéniens eurent entendu cette δκως χρεδν εϊη έπισχείν πεπονθότας πρδς ΑΙγινητέων
communication, ils consacrèrent à Éaque un sanctuaire, celui άνάρσια.
qui existe aujourd’hui sur l’agora ; mais ils ne supportèrent Έ ς τιμωρίην δέ παρασκευαζομένοισι αΰτοΐσι έκ Λακέ- 90
pas d’entendre dire qu’il leur fallait surseoir trente années, δαιμόνιων πρήγμα Ιγειρόμενον έμπόδιον έγένετο. Πυθόμενοι
quand ils étaient outragés par les Éginètes.
90 Ils se préparaient à la vengeance, quand une. affaire que 88 g ίρόν codd. pi. : ί/ρόν D || ίο χυτρίδων codd. : -τριών Pollux
leur suscitèrent les Lacédémoniens se mit en travers de leurs VI too (I έπιχωριέων ABCP : -ίων DUSV Ath. 5oa, Pollux ί. 1. ||
13 [τε] codd. pi. : τότε S. Del. Ella || τήν codd. pi. : των CP.
i. L'inventaire cité plus haut mentionne en effet des centaines de 89 ί Αίγινητέων scripsi : -νήτας codd. || Άθηναίοισι PDUSV : έξ
περόναι ; mais ces offrandes abondaient également dans d’autres Άθη--αίων ABC || a [τα] del. Struve || δή ABCP : δε P marg. DUSV ||
sanctuaires doriens : h Égino même au temple d’Aphaia, à l’Héraion 3 γενομένων ABGPU : γιν-DSV || 5 τεΑΒΡ : δε DUSV om. C || έδηίουν
dArgos, etc. (Dunbabin, o. {., p. 85). ABCP : έόήευν DUSV || 6 έπ’ codd. pi. : απ’ V || Αΐγινήτας ABCP :
a. De quand date cette première querelle ? Le rôle de protecteur Αίγίνης DUSV II 8 άδιχίου ABC : άιχίου vel αίκίου PDUSV || ’έτεα
qu’y joue Argos à l’égard des Éginètes se comprendrait bien à om. SV II ta μίντοι codd. pi. : μέν AB || χατατρέψεσθαι ACP :
l’époque de Pheidon. -ψασΟαι cett. j| 16 χρεόν ABD1 : -εών cett. || πρός DUSV : ΰπ’
3. Égine succomba en 457 . Si « dans l’intervalle » doit s’entendre ABCP.
d’une périoijp de 3o ans au bout de laquelle elle devait de toute façon 90 ί αύτοϊσι om. C || 3 έγειρόμενον ABC : γενόμενον cÿit.
T 90 TERPSICHORE 133 133 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ ? 90
projets. Les Lacédémoniens avaient appris les intrigues des γάρ Λακεδαιμόνιοι τά έκ τΩν Άλκμεωνιδέων Ις τήν ΠυθΙην
Alcméonides à l’adresse de la Pythie et celles de la Pythie μεμηχανημένα καί τά έκ τής ΠυθΙης έπΐ σφέας τε καί
contre eux-mêmes et les Pisistratides ; ils tenaient'pour un τούς Πεισιστρατίδας συμφορήν έποιεΟντο διπλήν, 8τι τε 5
double malheur d’avoir expulsé de leur patrie des hommes άνδρας ξείνους σφίσι έόντας έξεληλάκεσαν Ικ τής έκείνων,
qui étaient leurs hôtes sans que, en retour de cet acte, les καί 8τι ταΟτα ποιήσασι χάρις ούδεμία έφαίνετο πρδς ’Αθη­
Athéniens leur témoignassent aucune reconnaissance. Outre ναίων. ”Ετι δέ πρδς τούτοισι Ινήγόν σφεας οΐ χρησμοί
ces considérations, les oracles les animaient, qui disaient que
λέγοντες πολλά τε καί άνάρσια εσεσθαι αύτοΐσι Ι ξ ’Αθη­
beaucoup d’outrages devaient leur venir des Athéniens ; ils
ναίων, τΩν πρότερον μέν ή σαν άδαέες, τότεδέ Κλεομένεος ίο
avaient ignoré jusque-là ces oracles, qui leur furent alors
révélés, après que Cléomène les eut apportés à Sparte. Cléo- κομίσαντος ές Σπάρτην εξέμαθον. Έκτήσατο δέ δ
mène s’en était emparé sur l’acropole d’Athènes ; ils avaient Κλεομένης έκ τής ’Αθηναίων άκροπόλιος τούς χρησμούς,
été auparavant en la possession des Pisistratides qui, lors de τούς έκτη ντο μέν πρότερον οΐ Πεισιστρατίδαι, έξελαυνόμενοι
leur expulsion, les avaient laissés dans le temple ; laissés δέ Ιλιτιον Ιν τφ Ιρφ· καταλειφθέντας δέ δ Κλεομένης άνέ-
91 ainsi derrière eux, Cléomène les avait recueillis. Alors λαβε. Τότε δέ &ς άνέλαθον οί Λακεδαιμόνιοι τούς χρησμούς 91
maîtres de ces oracles et voyant que les Athéniens grandis­ καί τούς ’Αθηναίους Ωρών αύξομένους καί ούδαμΩς έτοι­
saient et qu’ils n ’étaient nullement disposés à écouter leurs μους έόντας πείθεσθαι σφίσι, νόφ λαβόντες ώς έλεύθερον
ordres, les Lacédémoniens comprirent que le peuple d’Athènes, μέν έδν τδ γένος τδ Ά ττικδν Ισόρροπον τΩ έωυτΩν &ν
libre, deviendrait capable de contrebalancer leur propre γίνοιτο, κατεχόμενον δέ ύπδ τυραννίδος άσθενές καί 5
peuple, tandis que, dominé par des tyrans, il serait sans
πειθαρχέεσθαι έτοιμον, μαθόντες δέ τούτων έκαστα μετε-
puissance et prêt à obéir ; et s’étant rendu compte de tout
cela, ils envoyèrent chercher à Sigeion sur l’Hellespont Hip­ πέμποντο Ίππίην τδν Πεισιστράτου άπδ Σιγείου τοΟ έν
pias fils de Pisistrate. Quand il eut répondu à leur appel, ils Έλλησπόντφ [ές δ καταφεύγουσι ot Πεισιστρατίδαι],
mandèrent aussi des députés de leurs alliés et leur tinrent ce Έ π είτε δέ σφι Ίπ π ίη ς καλεόμενος ήκε, μεταπεμψάμενοι
langage : « Alliés, nous avons conscience de n’avoif pas bien καί τΩν άλλων συμμάχων άγγέλους Ιλεγόν σφι Σπαρτιήται ιο
agi : excités par de faux oracles, nous avons chassé de leur τάδε- « “Ανδρες σύμμαχοι, συγγινώσκομεν αύτοΐσι ήμΐν ού
patrie des hommes qui nous étaient unis très étroitement par ποιήσασι δρθΩς· έπαρθέντες γάρ κιβδήλοισι μαντηίοισι

succomber, il y aura lieu de croire que l’oracle a été inventé post 90 3 Λακεδαιμο'νιοι ABGP : οί Λακ. DUSV || Άλκμεωνιδέων
eventam, qu’on le présentait comme datant de 487 , et qu’en le ratta­ ABGPD* : Άλκμαιον- DHJSV || 5 διπλήν GDV : -ήν cett. || τε codd,
chant à des événements plus anciens Hérodote a commis un ana­ pi. : δέ G K 6 σφίσι(ν) ABC : σφι(ν) cett. || έξεληλάκεσαν ABCPU :
chronisme. Mais « dans l’intervalle » ne peut-il être dit d’un laps de έξηλάκ- DSV II 8 δέ Krueger : τε codd. || 9 αυτοΐσι codd. pi. : -ήσιν V
temps de durée indéterminée qui, si les Athéniens n’attendent pas II 13 εκτηντο GPU : έχέχτ- cett.
3o ans pour se venger, s’écoulera entre l’attaque et le succès final ? 91 2 ώρων AB : έσωρόων C Ιώρεον P om. DUSV || 3 πείθεσθαι codd.
Auquel cas l’oracle pourrait être authentique et dater de l’époque où, pi. : πείσ- C || 4 ®v om. ABCP || 5 γίνοιτο codd. pi. : γέ- CP |[ xa-
d’après Hérodote, il aurait été rendu. Les prêtres de Delphes n’avaient τεχόμενον codd. pi. : -ενοι SV || Οπό codd. pi. : Οπο' τον SV || τυραν­
pas besoin d’être grands clercs pour prévoir que les Athéniens ne νίδος codd. pi. : -ίδι S V inc. || 6 δέ om. B2PDUSV || 7 τόν codd.
patienteraient pas 3o ans, — la durée d’une génération 1 — et que, pi. : των V om. U || Σιγείου PDUSV : -γίον ABC || 8 [ές 8 καταφ, οί
au cours d’une guerre entreprise à un moment quelconque, succès et Πεισιστρατίδαι] del. Wesseling || 9 δέ om. DUSV || 10 σφι DUSV :
revers alteripraient. σ^ρισι ABCP.
V 91 TERPSICHORE 193 193 ΤΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 91
l’hospitalité et qui s’engageaient à maintenir Athènes dans άνδρας ξ,είνους εόντας ήμΐν τά μάλιστα καί άναδεκομένους
notre sujétion1; cela fait, nous avons remis la ville à un ύποχειρίας παρέξειν τάς ’Αθήνας, τούτους Ικ τής πατρίδος
peuplé ingrat; quand il fut, grâce à nous, devenu libre et έξηλάσαμεν, καί Ιπειτα ποιήσαντες ταΟτα δήμφ άχαρίστφ ·5
eut relevé la tête, il nous a chassés ignominieusement, nous- παρεδώκαμεν τήν πόλιν, 8ς Ιπ είτε δι’ ήμέας ελευθερωθείς
mêmes et notre roi ; il lui est venu des idées de gloire et, il άνέκυψε, ήμέας μέν καί τδν βασιλέα ήμέων περιυθρίσας
grandit, comme l’ont appris très clairement2 ses voisins les
Ιξέθαλε, δόξαν δέ φύσας αύξάνεται, ώστε έκμεμαθήκασι
Béotiens et les Chalcidiens, et ne tarderont pas à l’apprendre
μάλιστα μέν οί περίοικοι αύτδν ΒοιωτοΙ καί Χαλκιδέες,
d’autres aussi, qui auront fait un mauvais calcul3. Puisque
nous en avons fait un en agissant comme nous avons agi, τάχα δέ τις καί άλλος έκμαθήσεται άμαρτών. Έ π είτε δέ ao
nous essaierons maintenant, avec vous, de réparer cette εκείνα ποιήσαντες ήμάρτομεν, νΟν πειρησόμεθά σφεα άμα
erreur. Tel est précisément l’objet pour lequel nous avons ύμΧν άκεόμενοι. ΑύτοΟ yàp τούτου εΐνεκεν τόνδε τε ΊππΙηύ
fait venir Hippias, que voici, et vous avons fait venir de vos μετεπεμψάμεθα καί ύμέας άπδ τδν πολίων, ΐνα κοινδ τε
villes : le ramener à Athènes d’un commun accord et avec des λόγφ καί κοινδ στόλω έσαγαγύντες αύτδν ές τάς ’Αθήνας
forces communes, et lui rendre cela même que nous lui άποδδμεν τά καί άπειλδμεθα. » 25
avons enlevé. » ΟΙ μέν ταΟτα Ιλεγον· τδν δέ συμμάχων τδ πλήθος ούκ 92
92 Ainsi parlèrent les Lacédémoniens, et la majorité des alliée ένεδέκετο τούς λύγους· οί μέν νυν άλλοι ήσυχίην ήγον,
n’accueillit pas favorablement ce discours ; tous gardaient le Κορίνθιος δέ Σωκλέης έλεξε τάδε· « *Η δή <5 τε ούρανδς α
silence, sauf Soclès de Corinthe, qui prit ainsi la parole :
ένερθε Ισται τής Υής καί ή Υή μετέωρος ύπέρ τοΟ ούρανοΟ,
a. « En vérité, le ciel va s’enfoncer sous terre, et la terre planer
καί άνθρωποι νομδν εν θαλάσση έξουσι καί Ιχθύες τδν
au-dessus du ciel, les hommes vont faire leur demeure dans
la mer et les poissons là où l’avaient les hommes, puisque πρότερον άνθρωποι, δτε γε ύμείς, δ Λακεδαιμόνιοι, Ισοκρα-
vous, Lacédémoniens, ruinant les régimes égalitaires*, vous τία ς καταλύοντες τυραννίδας ες τάς πόλις κατάγειν παρα- 5
vous préparez à rétablir dans les villes des régimes tyranniques, σκευάζεσθε, τοΟ ούτε άδικώτερόν έστι ούδέν κατ’ Ανθρώ­
ce qu’il y a au monde de plus injuste et de plus sanguinaire. πους ούτε μιαιφονώτερον. Et γάρ δή τοΟτό γε δοκέει ύμίν

I . En réalité les bonnes relations que les Pisistratides entretenaient


avec Sparte ne les empêchait pas d’avoir une politique étrangère 91 ι4 υποχείριας codd. pi. : -ίοιις SV || ι5 έξηλάσαμεν codd. pi. :
indépendante. D’après 1’Άθηναίων Πολιτεία (§ 19), la moindre raison έξελ- D 1 II ταΰτα om. DDSV || ι 6 παρεδώκαμεν την πο'λιν PDUSV
qu’avait eue Cléomène de renverser Hippias n’aurait pas été ή πρός (cf. Plut. De Herodoti malignitate a3) : τήν π. παρ. ARC [| 17 ήμε'ων
τούς Άργείους τοΐς Πεισιστρατίδαις υπάρχουσα φιλία. Hérodote obéit P2DUSV : -ών ABCP1 (I 19 αύτων ABCPU : -ίων DSV || 20 Ικμα.
à la mode du temps de Périclès, qui était de noircir la mémoire des θήσεται codd. pi. : έκμεμαθ- C || 21 σφεα Eltz : σφεας codd. || 22 ακεο'-
tyrans. U.EVOI B2DUSV : απικο'μενοι τίσασΟαι ABlGP || εΐνεκεν codd. pi. : -κε
9 . Μάλιστα ne signifie pas « plus que tous autres », car ils étaient V II τε PDUSV : τόν ABC || 25 και om. PDUSV || άπειλόμεΟα codd.
jusqu’alors les seuls à avoir fait de tristes expériences. Cet adverbe pi. : άπελ- CP.
renforce ίκμεμαΟήχασι. 92 3 δέ codd. pi. : δέ ό S || Σωκλέης ABfG (cf. Plut. 1. I., Pap.
3. 'Αμαρτών a une valeur conditionnelle. Ox. 1012 fr. g 1. 55) : Σωσικλέης cett. || έλεξε ABCP: έλεγε DUSV.
4- Ίσοκρατίας. Parlant à un Spartiate devant les délégués de cités 92 a 2 Ινερθε έ'σται ABC : ϊσται έν- PDUSV || ύπέρ codd. pi. : Οπό
aristocratiques, Soclès ne pouvait être présenté comme le champion V II 3 ιχθύες codd. pi. : οί ΐχθ. S || 5 καταλύοντες ABCP : -λύσαντες
de la démocratie. L’ « isocratie », par opposition au régime tyran­ DUSV II πο'λις AB : -εις C -ιας PDUSV || 6 έστι ούδέν ABC : ούδέν
nique, est un régime où les droits sont égaux entre une pluralité de έστι PDUSV.
V 82 TERPSICHORE 194 ia4 ΤΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ
Si vraiment vous jugez bon que les villes soient soumises à είναι χρηστήν ώστε τυραννεύεσθαι τάς πόλις, αότοί πρώτοι
des tyrans, commencez par en établir un chez vous-mêmes τύραννον καταστησάμενοι παρά σφίσι αύτοΐσι ούτω καί
avant de chercher à en établir aussi chez les autres ; mais, (παρά) τοίσι Αλλοισι δί&ησθε κατιστάναι- νΟν δέ
présentement, c’est sans avoir pour votre compte l’expérience αότοί τυράννων άπειροι έόντες καί φυλάσσοντες
de la tyrannie, c’est en veillant avec la plus grande sévérité τούτο δεινότατα έν τή Σπάρτη μή γενέσθαι, παραχρδσθε
à ce qu’elle ne s’installe pas à Sparte que vous youlez à tort Ι ς ιούς συμμάχους· εΐ δέ αύτοΟ Ιμπειροι Ιατε κατά περ
l'introduire chez vos alliés ; si vous en aviez l’expérience,
ήμεΐς, εΐχετε Sv περί αύτοΟ γνώμας άμεΐνονας συμβαλέ-
comme nous, vous pourriez apporter sur le sujet des opi­
nions plus sages qu’aujourd’h u i2. σθαι fj περ νΟν.
ß. « La constitution politique de la cité de Corinthe était « Κορινθίοισι γάρ ήν πόλιος κατάστασις τοιήδε· ήν δλι-
telle que je vais dire : une oligarchie, dont les membres, γαρχίη, καί οδτοι Βακχιάδαι καλεόμενοι Ινεμον τήν πόλιν,
appelés les Bacchiades3, gouvernaient la ville, mariant leurs έδίδοσαν δέ καί ήγοντο έξ άλλήλων. ΆμφΙονι δέ έόντι τού­
filles et prenant femme entre eux. Amphion, qui était de ce των τών άνδρών γίνεται θυγάτηρ χωλή· οβνομα δέ οΐ ήν
clan, eut une fille boiteuse ; on la nommait Labda *. Aucun Λάβδα. Ταύτην Βακχιαδέων γάρ ούδείς ήθελε γήμαι, ΐσχει
Bacchiade ne voulait l’épouser ; son mari fut Ëétion fils Ή ετίω ν δ Έχεκράτεος, δήμου μέν έών έκ Πέτρης, άτάρ
d’Échécratès, du bourg 5 de Pétra, mais Lapithe d’origine et τά Ανέκαθεν Λαπίθης τε καί ΚαινεΙδης. Έ κ δέ οί ταύτης
descendant de Kaineus6. Comme il n’avait pas d’enfants ni de τή ς γυναικδς ούδ’ έξ Αλλης παΐδες έγίνοντο- έστάλη ών ές
cette femme ni d ’une autre, Éétion se rendit à Delphes pour
Δελφούς περί γόνου. Έσιόντα δέ αύτύν Ιθέως ή ΓΙυθίη
demander s’il en pourrait avoir. A peine entrait-il que la
προσαγορεύει τοΐσδε τοίσι Ιπεσι-
Pythie le salua par ces vers: « Ëétion, personne ne t ’honore,
« bien que tu mérites grandement d’être honoré7. Labda est Ή ετίων, οβτις σε τίει πολύτιτον Ιόντα.
« grosse ; elle enfantera une pierre roulante, qui s’abattra Λάβδα κύει, τέξει δ’ δλοοίτροχον· έν δέ πεσεΐται
a sur les hommes régnants et châtiera.Corinthe. » Cet oracle άνδράσι μουνάρχοισι, δικαιώσει δέ Κόρινθον.
rendu à Éétion fut de quelque façon rapporté aux Bacchiades.
ΤαΟτα χρησθέντα τφ Ή ετίω νι Ιξαγγέλλεταί κως τοίσι
citoyens, sans que cette pluralité soit la totalité, ni même la
majorité. 92 α 8 πόλις AB : -εις C -ιας PDUSV || πρώτο! codd. pi. : -ον V1 ||
i. Allusion probable au partage du pouvoir royal entre deux rois, 8-9 πρ. τύραννον codd. pi. : τύρ. πρ. SV || ίο (παρά) add. Stein ||
qui pouvaient se contrecarrer. δίζησθε ABCD : -εσθι PUSV j| ix τυρ. 4π. έο’ντες ABC : ίπ.
9 . Ce raisonnement, sentimental et idéologique, était-il de nature Îdvxiî τυρ. PDUSV || ia τοϋτο δεινότατα ABC : δειν. τοΰτο PUSV ||
à toucher beaucoup Cléomène ? Une politique nationale réaliste ne παραχρασθε PDUSV : -χρησθε ABC || ι3 αΰτοϋ ABCP : -oi DUSV ||
déconseille pas toujours de favoriser chez les autres ce qu’on tiendrait Εμπειροι codd. pi. : Εμποροι SV || ι4 άμείνονα; codd. pi. : -νου; C ||
chez soi pour un mal. XΑ— ι 5 αυμβαλέσθαι ABC : -6'άλλεα0αι' P DUSV.
3. Bacchis avait été un roi dorien de Corinthe. 92 ß 3 τούτων codd. pi. : -τίων C [| 6 Έχεχρότεος B2PDUSV :
4. Peut-être parce que son infirmité la faisait ressembler à un -ευς AB'G || δήμου codd. pi. : μημου SV || Ιών Ix II. ABC : Ix Π.
labda (lambda) â jambages inégaux. Ιών PDUSV II 7 άνέχαθεν ABUSV : -θε GPD || Λαπίθης codd. pi. :
5. Δήμου. Même abus d’un terme attique qu’au 1. III ch. 55. Λαμπ- G || Καινείδης ASBP2 : -νίδης cett. || ίο τοΐσδε ABGPDV :
6 . Tué dans le combat entre Lapithes et Centaures. τοισίδε US || ia δ’ όλοοίτροχον ÖBnomaus apud Euseb. Praep. evang,
7 . Il y a dans le grec une allitération, intraduisible, entre le V ag : δε όλοίτρ- codd. pl. : δε όλύτρ- B || ι4 χρησθέντα codd· pi. :
dernier élément de Ήετίων et τίειν, honorer. -τι CD.
V 92 TERPSICHORE 135 ta5 ΤΕ ΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 92
Ils n’avaient pas trouvé de sens à l’oracle reçu auparavant au Βακχιόώησι, T o l oi τδ μέυ πρότερον γενόμενον χρηστήριον ι5
sujet de Corinthe, qui faisait allusion à la nqême ehose que έ ς Κόρινθον ?]v &σημον, φέρον τε ές τώυτδ καί τό τοΟ
celui d’Ëétion et était conçu en ces termes : « Une aigle est Ή ετίωνος καί λέγον ώδε-
« grosse au milieu des rochers ; elle enfantera un lion fort
« et féroce qui rompra sous eux les genoux de beaucoup, Αίετδς έν πέτρησι κύει, τέξει δέ λέοντα
et Pensez-y bien, Corinthiens, qui habitez autour de la belle καρτεράν ώμηστήν· πολλών δ’ ΰπδ γούνατα λύσει.
« Pirène et de la sourcilleuse Corinthe. » γ. Cet oracle, ΤαΟτά νυν εδ φράζεσθε, Κορίνθιοι, οϊ περί καλήν ao
rendu précédemment aux Bacchiades, ne permettait de rien Πειρήνην οίκεΐτε καί δφρυόεντα Κόρινθον.
conjecturer ; mais alors, quand ils eurent connaissance de
celui qu’avait reçu Éétion, aussitôt ils comprirent aussi le ΤοΟτο μέυ δή τοΐσι Βακχιόιδησι γενόμενον πρότερον ήν γ
précédent, qui s’accordait avec lu i‘. Mais, l’ayant compris lui άτέκμαρτον τότε δέ τδ Ή ετίω νι γενόμενον ώς Ιπύθοντο,
aussi, ils n ’en dirent mot ; leur intention était de faire périr αύτίκα καί τδ πρότερον συνήκαν έδν συνφδδν τφ Ή ετίωνος.
l’enfant qui naîtrait d’Ëétion. Dès que sa femme eut accouché, Συνέντες δέ καί τοΟτο εΐχον Ιν ήσυχίη, έθέλοντες τδν
ils envoyèrent dix des leurs dans le dème où Éétion habitait, μέλλοντα Ή ετίω νι γίνεσθαι γόνον διαφθείραι. 'Ω ς δ' Ιτεκε 5
pour tuer le nouveau-né. Arrivés à Pétra, ils se présentèrent ή γυνή τάχιστα, πέμπουσι σφέων αύτών δέκα ές τδν δήμον
dans la cour d’Éétion et demandèrent l’enfant ; Labda, qui Ιν τφ κατοίκητο Ή ετίω ν άποκτενέοντας τδ παιδίον. Ά π ι-
ne savait rien des causes de leur venue, pensa qu’ils le κόμενοι δέ οδτοι ές τήν Πέτρην καί παρελθόντες ές τήν
demandaient par amitié pour le père2 ; elle le leur apporta et αύλήν τήν Ή ετίωνος α’ίτεον τδ παιδίον- ή δέ Λόιβδα είδυΐόι
le remit entre les mains de l’un d’eux. Or, ils avaient décidé
τε οδδέν τών εΐνεκα εκείνοι άπικοίατο καί δοκέουσά σφεας ίο
en chemin que le premier qui le prendrait l’écraserait contre
φιλοφροσύνης τοΟ πατρδς εΐνεκα αΐτέειν φέρουσα ένεχεί-
terre. Quand Labda l’eut apporté et le leur eut donné, un
hasard divin voulut qu’il sourît à l’homme qui l’avait reçu ; ρισε αυτών ένί. Τοΐσι δέ δέρα έβεβούλευτο κατ’ δδδν τδν πρώ­
cet homme s’en aperçut, un mouvement de pitié le retint de τον αυτών λαβόντα τδ παιδίον προσουδίσαι. Έ π είτε Sv
tuer l’enfant ; apitoyé, il le remit à un autre, cet autre à un έδωκε φέρουσα ή Λάβδα, τδν λαβόντα τών &νδρών θείη
troisième, et ainsi tous les dix se le passèrent de main en τύχη προσεγέλασε τδ παιδίον, καί τδν φρασθέντα τοΟτο ι5

I. Le (αετός) d é s i g n a i t l a m a i s o n d ’É é t i o n (Άετίωί
n o m d e l ’a i g l e 92 ß ι5-ι6 χρηστήριον ές Κόρ. PDUSV : ές Κόρ. χρ. ABC ||
έν πέτρησt, l e d è m e d e Pétra.
e n d o r ie n ) : le s m o ts ιβ φέρον codd. pi. : -ων V || τό om. SV || τη λέγον codd. pi. :»λέγων
a. Ce détail, et d’autres qui suivront, transforment le récit qui BD λόγον V y ao ταΰτά codd. pi. : -τάν DV || vuv codd. pi. : vu P ||
s’annonçait comme celui d’un massacre en une série descènes fami­ φράζησθε codd. pi. : -σθαι B || 31 οίχείτε codd. pi. : -έετε DUV.
lières, touchantes ou plaisantes : les « assassins » se présentent 92 γ I δή om. ABC || γενόμενον πρότερον scripsi : πρότ. γεν. codd.
comme des amis de la famille, à qui la mère est fière d’exhiber son II γενόμενον codd. pi. : γέ vov V || a τό AB : τώ cett. || 3 έόν συνωδόν
marmot, comme de braves gens qu’émeut une risette enfantine ; ABCP : συν. ίάν D συν. έών USV || ό έθέλοντες ABCP : Οέλ. DUSV ||
après qu’ils n’ont pas eu le dur courage d’accomplir leur mission, ils 6 αότων ABPS : -έων CDUV || η Ήετίων PDUSV ; ό Ή . ABC ||
se chamaillent, se renvoyant les uns aux autres le reproohe de cette τό om. V y 8 ές (post -θόντες) om. Β1 || 9 τήν ABU : τοΰ cett. ||
défaillance ; et Labda, curieuse, « écoute aux portes ». Ici, comme είδυΐοί codd. pi. : -οϊά Α’Β || ι ι εινεχα ABC: -κεν PDUSV || ia
en d’autres passages des Histoires (par exemple 1. I ch. m - i i a ) , le αυτών ABCP : -έων DUSV || ι3 αυτών ΑΒΡ : -έων GDUSV || τό παι­
narrateur grec est plus à l’aise pour raconter des actes d’humanité δίον om. DUSV II έπείτε DUSV : έπεί ABCP || 14 τόν λαδόντα codd. :
que pour en rappeler de cruels. τώ λαβόντι Eust. ad II. 65o.
92 TERPSICHORE i a6 126 ΤΕΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 92
main sans qu’aucun voulût le faire périr. Ils le rendirent οΐκτός τις ΐσχει άποκτεΐναι, κατοικτίρας δέ παραδιδοί τφ
donc à sa mère, et sortirent; arrêtés à la porte, ils s’acca­ δευτέρφ, 6 δέ τφ τρίτφ, οδτω τ* διεξήλθε διά πάντων τών
blaient mutuellement de reproches, reprochant surtout à δέκα παραδιδόμενον, ούδενδς βουλομένου διεργάσασθαι.
celui qui le premier avait reçu l’enfant de ne pas avoir fait ce Άποδόντες Sv δπίσω τή τεκούση τδ παιδίον καί έξελθόντες
qui était convenu ; enfin, au bout de quelque temps, ils Ιξω, έστεώτες ΙπΙ τδν θυρέων άλλήλων άπτοντο καταιτιώ- ao
décidèrent de rentrer et de prendre part tous au meurtre, μενοι καί μάλιστα τοΟ πρώτου λαβόντος, 8τι ούκ έποίησε
δ. Mais il fallait que la descendance d’Éétion fût pour Corinthe
κατά τά δεδογμένα, ές δ δή σφι χρόνου έγγινομένου Ιδοζε
le germe d’infortunes. Labda, en effet, debout tout contre la
αδτις παρελθόντος πάντας τοΟ φόνου μετίσχειν. “Εδεε δέ δ
porte, entendait tout ce qu’ils disaient ; craignant qu’ils ne
changeassent d’avis et ne reprissent son enfant pour le tuer, έκ τοΟ Ή ετίονος γόνου ΚορΙνθφ κακά άναβλαστεΐν. Ή
elle l’emporta et le cacha là où, pensait-elle, on songerait le Λάβδα γάρ πάντα ταΟτα ήκουε έστεώσα πρδς αύτήσι τήσι
moins à le chercher, dans une ja rre 1 ; car elle était bien θύρησι- δείσασα δέ μή σφι μεταδόζη καί τδ δεύτερον λαβόν-
convaincue que, s’ils revenaient sur leurs pas pour se livrer τες τδ'παιδίον άποκτείνωσι, φέρουσα κατακρύπτει ές τδ 5
à une perquisition, ils fouilleraient partout. C’est ce qui άφραστότατόν οΐ έφαίνετο είναι, ές κυψέλην, έπισταμένη
arriva. Ils entrèrent, cherchèrent ; l’enfant fut introuvable ; ώς ε! ύποστρέψαντες ές ζήτησιν άπικνεοίατο, πάντα
ils décidèrent alors de s’en aller et de dire à ceux qui les έρευνήσειν μέλλοιεν. Τά δή καί έγένετο. ΈσελθοΟσι δέ καί
avaient envoyés qu’ils avaient accompli tout ce dont on les διζημένοισι αύτοΐσι ώς ούκ έφαίνετο, έδόκεε άπαλλάσσεσθαι
avait chargés. Ils se retirèrent donc et tinrent ce langage.
καί λέγειν πρδς τούς άποπέμψαντας ώς πάντα ποιήσειαν ίο
e. « Par la suite, le fils d’Ëétion grandit ; et, en souvenir
τά έκεΐνοι ένετείλαντο. Οί μέν δή άπελθόντες έλεγον ταΟτα.
du péril auquel il avait échappé, on lui donna un nom tiré
« Ή ετίω νι δέ μετά ταΟτα δ π αΐς ηύξάνετο, καί οί διαφυ- %
du nom du coffre, Kypsélos. Quand il fut parvenu à l’âge
d’homme, Kypsélos reçut à Delphes, où il consultait, une γόντι τοΟτον τδν κίνδυνον άπδ τής κυψέλης έπωνυμίην
réponse pleinements favorable ; confiant dans cette réponse, il Κύψελος οΰνομα έτέθη. Άνδρωθέντι δέ καί μαντευομένφ
attaqua Corinthe et s’en empara. Voici quel était le texte,de Κυψέλφ έγένετο άμφιδέξιον χρηστήριον έν Δελφοΐσι, τφ
πίσυνος γενόμενος έπεχείρησέ τε καί ίσχε Κόρινθον. Ό δέ 5
1. Έ ς κυψέλην. Pausanias vit à Olympie un coffre (λάρναξ) en bois χρησμδς 8δε ή ν
de cèdre, qu’on lui dit être celui où Kypsélos avait été caché (V 92 γ ι 6 ίσχει ABGPU : έ'σχε(ν) DSV || κατοικτίρας : -είρας codd. ||
17 5). Mais pourquoi Labda aurait-elle cru qu’on ne chercherait pas 17 τε S : τε δή DUV δέ ABCP || ι 8 διεργάσασθαι codd. pi. :
son enfant dans un coffre ? La κυψέλη où fut caché le bébé devait Βιεξεργ- C || 20 θυρέων ABCP : -fiSv DUSV || 23 αυτις codd. pi. :
être une sorte de jarre cylindrique comme ce qui décore les monnaies -θις DU II παρελθόντας πάντας ABCP : πάντας παρ. DUSV.
de la ville thrace de Kypsélé. Ce que Pausanias ajoute à son récit — 92 δ I Ιδεε : Ιδει codd. || 3 πάντα ταΰτα ABCPD : τ. πάντα USV ||
τάς δε λάρνακας οί τότε έκάλουν Κορίνθιοι κυψέλας — fut probablement αΰτήσι om. PDUSV || 5 κατακρύπτει B12PDUSV : -κρύβει AB'G || 6
inventé à Olympie pour répondre à une objection quand on s’y άφραστότατόν codd. pi. -τώτατόν D1 άφρατότατόν V άφαστάτόν C || η εί
avisa de présenter un coffre comme l’instrument du salut de om. SV y άπικνεοίατο Stein : -κνέοιντο AB -κνέοιτο C 2 -κέοιτο C - κοιντο
Kypsélos. PDU -κοντο SV || 8 έγένετο DSV : έγί- cett. || έσελθοΰσι B2PDUSV :
2 . L’oracle n’avait rien d’ambigu. Άμφιδέξιος n’est donc pas ici, έλθ- AB‘G K δέ ABC : γάρ cett. || 9 έδόκεε codd. pi. : έδώκατε C.
comme chez Lucien (Jap. trag., é3), synonyme de άμφίβολος. Ce 92 ε I ηΰξάνετο AB‘GP : αυξ- B2DUSV || 2 έπωνυμίην om. D ||
mot, employé avec un autre sens dans des textes écrits en ionien 3 μαντευομένω AB'CP : χρυπτομένω B2DUSV || 5 πίσυνος codd. pi. :
(Bechtel, Ion. Dial., 276), ne peut-il signifier : de bon augure, favo- πίσσ- V || 6 8δε ABCPU : ωδε DSV.
92 TERPSICHORE 127 127 ΤΕ ΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 92
l’oracle : « Heureux cet homme qui descend dans ma "Ολβιος οδτος άνήρ 8ς έμδν δόμον έσκαταβαΐνει,
« demeure *, Kypsélos fils d’Éétion, roi de l’illustre Corinthe, Κύψελος Ή ετΙδης, βασιλεύς κλειτοΐο ΚορΙνθου,
a lui et ses fils, mais non plus les fils de ses fils2. » Telle était αΰτδς καί παΐδες, παίδων γε μέν ούκέτι παΐδες.
la réponse de l’oracle. Et voici comment se comporta Kypsé­
los, quand il fut devenu tyran : il bannit beaucoup de Τδ μέν δή χρηστήριον τοΟτο ήν. Τυραννεύσας δέ δ Κύψε- ίο
Corinthiens, en priva beaucoup de leurs biens, et bien davan­ λος τοιοΟτος δή τις άνήρ Ιγένετο' πολλούς μέν Κορινθίων
tage de la vie. ζ. Après un règne de trente années et une vie έδΙωξε, πολλούς δέ χρημάτων άπεστέρησε, πολλφ δέ τι
tissue jusqu’au bout de jours heureux, il eut pour successeur πλεΐστους τής ψυχής. "Αρξαντος δέ τούτου Ιπ Ι τριήκοντα ζ
au pouvoir son fils Périandre. Ιτέα καί διαπλέξαντος τδν βίον εδ διάδοχός ot τής τυραν-
« Périandre, au début, était plus doux que son père ; νΐδος δ πα ΐς Περίανδρος γίνεται.
mais, après qu’il fut entré en relations par l’intermédiaire de « Ό τοίνυν Περίανδρος κατ’ άρχάς μέν ήν ήπιώτερος τοΟ
messagers avec Thrasybule, tyran de Milet, il devint bien πατρός, έπείτε δέ ώμίλησε δι’ άγγέλων Θρασυβούλω τφ 5
plus cruel encore que Kypsélos. Il avait envoyé un héraut à Μιλήτου τυράννω, πολλφ Ιτ ι Ιγένετο Κυψέλου μιαιψονώτε-
Thrasybule et lui avait fait demander quel état politique il
ρος. Πέμψας γάρ παρά Θρασύβουλον κήρυκα έπυνθάνετο
devait établir pour avoir le plus de sécurité et maintenir le
βντινα δίν τρόπον άσψαλέστατον καταστησάμενος τΩν
mieux la cité sous ses lois3. Thrasybule mena hors la ville
l’émissaire de Périandre et entra dans un champ ensemencé ; πρηγμάτων κάλλιστα τήν πόλιν έπιτροπεύοι. Θρασύβουλος
en parcourant les blés, il questionnait et requestionnait le δέ τδν ελθόντα παρά τοΟ Περιάνδρου έξήγαγε Ιξω τοΟ ίο
héraut au sujet de sa venue de Corinthe ; et, en même temps, άστεος, έσβάς δέ ες άρουραν έσπαρμένην άμα τε διεξήιε
il coupait tous les épis qu’il voyait dépasser les autres, et, τδ λήιον επειρωτων τε καί άναποδίζωυ τδν κήρυκα κατά
τήν άπδ ΚορΙνθου άπιξιν, καί έκόλουε αίεΐ δκως τινά ΐδοι
rable (δεξιο'ς) de quelque part qu’on le considère (cf. Stein ad 1.) ? τΩν άσταχύων ύπερέχοντα, κολούων δέ Ιρριπτε, ές 8 τοΟ
Tel que nous le lisons, l’oracle ne promettait pourtant pas à Kypsélos ληίου τδ κάλλιστόν τε καί βαθύτατον διέφθειρε τρόπφ ι5
d’être le fondateur d’une longue dynastie. τοιούτω. Διεξελθών δέ τδ χωρίον καί ύποθέμενος Ιπ ο ς
1. Έμόν δόμον. S’agit-il d’une salle réservée aux consultations,
où, comme à l’époque de Plutarque (cf. Flacelière, dans les Études
d’Archéologie grecque, Gand, ig38, p. 97- 102), les consultants 92 e 7 έσκαταβαίνει ABGPU : έγκατα- DSV εΐσαφικάνει Dio Chrys.
descendaient? 11 parait difficile d’attribuer à δόμος un sens'aussi XXXVII 5 [I 8 κλειτοΐο ABC Dio : κλεινοϊο PDU ÜEnomaus apud
restreint. Eus. Praep. evang. V 35 κλοΐο SV || 10 τοϋτο om. B1 || δε codd.
2 . Le troisième vers fut sans doute ajouté ou substitué & un autre pi. : δή AB II 11 άνήρ Ιγένετο codd. pi. : ήν άνήρ AG άνήρ B1 || Koptv-
après la chute des Kypsélides, pour légitimer la révolution qui les Biiovcodd. pl. : -ίους G || 12 δέ τι Krueger: δ’ ετι PDU SV δέ ABC Const.
avait renversés. A rapprocher du début de l’oracle limitant k quatre 92 ζ 2 διαπλέξαντος codd. : -πλεύσαντος P marg. || 4 Incipit E :
Battos et quatre Arkésilas la dynastie des Battiades (IV 102). Après Περίανδρο; ό Κυψίλλου (sic) καταρχάς || 6 Κοψέλοο codd. pl. : τον
Périandre, son neveu Psammétichos fut renversé au bout de trois πατρός E || 8 Sv om. DUSV || άαφαλέστατον ABGE Const, -τερον
ans de règne. PDUSV II ΙΟ έξήγαγε E : έξήγε cett. || ίο- n τον ά'ατεός codd. pl. :
3. Chez Aristote (Pol., III ι3, V 10), les rôles sont intervertis ; τής πόλεως E || 12 τόν χήρυχα om. E || κατά ABCEPU : καί DSV ||
c’est Thrasybule qui va k l’école de Périandre. La version contraire, ι3 χαί om. USV || αίεΐ codd. pl. : άεΐ ABE || τινά ABCE Const. :
où le tyran de Milet fait figure de docteur en machiavélisme, avait τινάς cett. || ΐδοι codd. pl. : ΐδη SV || ι4 ύπερέχοντα ABGE Const. :
cours sans doute chez les Grecs d’Asie, dont elle flattait en un sens -έοντας των άλλων cett. || δε codd. pl. : τε Const. || ι5 κοίλλιστον
l’amour-propre. Hérodote a pu la recueillir en Orient, avec d’autres codd. pl. : χράτιστον E || 16 τοιούτω codd. pl. : τοιωδε D Const.
V 92 TERPSICHORE 128 is8 Τ Ε ΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ 92 ¥
coupés, les jetait à terre, jusqu’à ce que, ce faisant, ît eut ούδέν άποπέμπει τόν κήρυκα. Νοστήσαντοςδέ τοΟ κήρυκος
détruit ce qu’il y avait de plus beau et de plus haut dans ce ές τήν Κόρινθον fjv πρόθυμος πυνθάνεσθαι τήν Αποθήκην &
blé. Le champ parcouru, sans donner un mot de conseil, il Περίανδρος. Ό δέ οδδέν οΐ Ιφη Θρασύβουλον ΰποθέσθαι,
congédia le héraut. Quand celui-ci fut de retour à Corinthe, θαμάζειν τε αότοΟ παρ’ οΐόν μιν &νδρα άποπέμψειε, ώς ίο
Périandre s’informa avec empressement du conseil attendu. παραπλήγά τε καί τΩν έαυτοΟ σινάμαρον, άπηγεόμενος τά
Le héraut répondit que Thrasybule n ’en avait donné aucun, περ πρός Θρασυβούλου δπώπεε. Περίανδρος δέ συνείς τό η
et que, lui, admirait Périandre de l’avoir envoyé près d ’un ποιηθέν καί νόφ σχών Ως οΐ ύπετίθετο Θρασύβουλος τούς
homme pareil, si fou et gaspilleur de son bien ; et il raconta ύπερόχους τΩν άστΩν φονεύειν, ένθαΟτα δή πάσαν κακό-
ce qu’il avait vu faire à Thrasybule, η. Périandre comprit le
τητα έξέφαινε ές τούς πολιήτας· δσα yip Κύψελος άπέ-
sens de cette action : il saisit que le conseil de Thrasybule
était de mettre à mort les citoyens qui dépassaient les autres ; λιπε κτείναν τε καί διώκων, Περίανδρός σφεα άπετέλεε. 5
et dès lors il n ’y eut pas de malice qu’il ne déployât contre IWlifj δέ ή μέρη άπέδυσε πάσας τάς Κορινθίαν γυναίκας διά
les Corinthiens. Tout ce que Rypsélos avait laissé à tuer ou à τήν έωυτοΟ γυναίκα Μέλισσαν. Πέμψαντι γάρ οί ές Θεσ-
hannir, Périandre l’acheva ; et en une seule journée il fit πρατούς Ιπ ’ ’Αχέροντα ποταμόν άγγέλους έπΐ τό νεκυο-
dépouiller de leurs vêtements toutes les femmes des Corin­ μάντήιον παρακαταθήκης πέρι ξεινικής οβτε σημα-
thiens en l’honneur de sa propre femme Mélissa. Il avait νέειν Ιφη ή Μέλισσα έπιφανεΐσα οβτε κατερέειν Ιν 10
envoyé des députés au pays des Thesprotes sur les bords du τφ κεΐται χώρα ή παρακαταθήκη· £ιγοΟν τε γάρ καί είναι
fleuve Achéron consulter l’oracle des morts au sujet d’un γυμνή- τΩν γάρ οί συγκατέθαψε ίματίαν όφελος είναιούδέν
dépôt fait par un étranger ; Mélissa apparut, et déclara qu’elle οό κατακαυθένταν μαρτύριον δέ οί είναι ώς άληθέα ταΟτα
n ’indiquerait ni ne révélerait à quel endroit se trouvait ce λέγει, 8τι έπΐ ψυχρόν τόν ίπνόν Περίανδρος τούς άρτους
dépôt1, parce qu’elle avait froid et était nue ; car les vêtements
έπέβαλε. ΤαΟτα δέ ώς δπίσα άπηγγέλθη τφ Περιάνδρφ ι5
qu’il avait fait enterrer avec elle ne lui servaient à rien,
(πιστόν γάρ οί fjv τό συμβόλαιον, 8ς νεκρφ έούση Μελίσση
n ’ayant pas été brûlés ; et elle ajouta que ce détail serait pour
lui une preuve qu’elle disait vrai : qu’il avait enfourné ses έμίγη), Ιθέως δή μετά τήν άγγελίην κήρυγμα έποιήσατο Ις
pains dans le four froid. Quand cette réponse eut été appor tée τό "Ηραιον έξιέναι πάσας τάς Κορινθίαν γυναίκας. At μέν
ä Périandre, — ayant reconnu au signe donné qu’il pouvait δή φς ές δρτήν ήισαν κόσμφ τφ καλλίστφ χρεώμεναι, δ δ’
y avoir confiance, car il s’était uni à Mélissa alors qu’elle
était morte, — aussitôt après le message reçu, il fit ordonner 92 ζ 20 θωμάζειν A B C E : βωυμ^ cett. || τε codd. pi. : δέ Ε || μιν codd.
pi. : τινα Ε || 22 περ om. DUSV [| Θρασυβούλου codd. pi. : -βουλον Ε,
par une proclamation que toutes les femmes des Corinthiens 92 η i συνείς Ε : συνιείς cett. || 2 σχών P ^ U S V : Γσχων
se rendissent hors de la ville au temple d’Héra. Elles y ABCEP2 Const. || 3 ύπερο'χους EUSV : Οπειρ- ABGPD Const. || 4 έξέ-
allèrent, comme pour une fête, parées de leurs plus beaux φαινε codd. pi. : -εφανεν SV || πολιήτας codd. pi. : πολίτας Ε. Desinit
Ε II 4-5 άπέλιπε codd. pi. : -λείπε Β || 5 σφεα codd. pi. : αφε DUV ||
άπετέλεε ABC : -εσε PDUV έπετέλεε Const, -εσε S || 8-g νεκυομαν-
histoires relatives & Périandre (cf. Notice, p. 81), avant d’aller à
τψον codd. pi. : νέχυος μ. D || ι ι χεϊται : χέεται codd. || 12 ίματίων
Corinthe.
ABGP Const. : είμάτων DUSV || ι 3 où codd. pi. : οί USV || χατα-
I . Mélissa, morte, n’est pas censée savoir plus de choses qu’elle
χαυθίντων codd. pi. : -χαυσθέντων ACP2 || ι 4 τόν om. Const. || ι6 8;
n’en savait quand elle était en vie ; c’est elle, est-il dit expressé­
ABGP Const. : ώς DUSV || ιη κήρυγμα codd. pi. : κήρυχα C || ig
ment plus loin, qui avait placé le dépôt là où elle conseillera de le
ήισαν ABGP: ή(ι)εσαν DUSV || χρεώμεναι codd. pi. : χρεό- P.
chercher.
V. - i3
V 92 TERPSICHORE **9 rag ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 92
atours ; mais lui, qui avait aposté ses gardes, les fit toutes ύποστήσας τούς δορυφόρους άπέδυσέ σφεας πάσας δμοίως, aο
dépouiller pareillement, femmes libres et servantes, fit porter τάς τε έλευθέρας καί τά ς άμφιπόλους, συμφορήσας δέ (τά
les dépouilles en monceau dans une fosse et les y fit brûler Ιμάτια) Ι ς δρυγμα ΜελΙσση έπευχόμευος κατέκαιε. ΤαΟτα
pendant qu’il priait Mélissa. Cela fait, il envoya consulter
δέ οΐ ποιήσαντι καί τδ δεύτερον πέμψαντι Ιφρασε τδ ειδώ­
pour la seconde fois ; et le spectre de Mélissa indiqua en
λου τδ ΜελΙσσης Ι ς τδν κατέθηκε χΟρον τοΟ ξείνου τήυ
quel lieu elle avait mis le dépôt de l’étranger*.
« Voilà, sachez-Ie bien, ô Lacédémoniens, ce qu’est la παρακαταθήκην. a5
tyrannie, voilà comment elle agit*. Nous autres Corinthiens, « ΤοιοΟτο μέν ύμΐυ έστι ή τυραννίς, δ Λακεδαιμό- 6
nous avons été fort étonnés dès le premier moment quand νιοι, καί τοιούτων Ιργων. Ή μέας δέ τούς Κορινθίους
nous vous avons vus faire venir Hippias ; aujourd’hui, nous τότε τε αύτίκα θάμα μέγα είχε 8τε δμέας εΐδομεν
le sommes encore plus par le langage que vous tenez. Nous μεταπεμπομένους ΊππΙην, υΟν τε δή καί μεζόνως θωμάζο-
vous adjurons, au nom des dieux des Grecs, de ne "pas établir μεν λέγοντας ταΟτα. Έπιμαρτυρόμεθά τε Ιπικαλεόμενοι 5
de tyrans dans les villes. Ne renoncerez-vous pas à votre ύμΐυ θεούς τούς Έλληνίους μή κατιστάναι τυραννίδας Ις
dessein? Allez-vous entreprendre, contre toute justice, de τά ς πόλις. Ούκων παύσεσθε άλλά πειρήσεσθε παρά τδ
ramener Hippias ? Sachez que, eux du moins, les Corinthiens δίκαιον κατάγοντες ΊππΙην ; "Ιστέ ύμίν Κορινθίους ye ού
ne vous approuvent pas*. » συναινέοντας. »
93 Ainsi parla Soclès, député de Corinthe ; et Hippias, invo­
Σωκλέης μέν &πδ Κορίνθου πρεσβεύων Ιλεζε τάδε, 93
quant les mêmes dieux qu’il avait invoqués, lui répondit
que, plus que tous autres, les Corinthiens, — c’était sûr, — Ίπ π Ιη ς δέ αύτδν άμείβετο τούς αύτούς θεούς έπικαλέσας
regretteraient les Pisistratides, lorsque viendraient pour eux Ικείνφ, ή μέν Κορινθίους μάλιστα πάντων έπιποθήσειν
les jours fixés par le destin où ils seraient victimes yles Πεισιστρατίδας, δταν σφι ήκωσι ήμέραι αΐ κύριαι άνιάσθαι
Athéniens. Il fit cette réponse en homme qui, de tous, ύπ’ ’Αθηναίων. Ίπ π Ιη ς μέν τούτοισι άμείψατο οΐά τε τούς 5
avait la connaissance la plus exacte des oracles* ; quant χρησμούς άτρεκέστατα άνδρΏν έξεπιστάμενος· οΐ δέ λοιποί
τΰ ν συμμάχων τέως μέν εΐχον Ιν ήσυχίη σφέας αύτούς,
I . Prolongé jusqu’à cette conclusion, le récit en dit plus q u ’il
n’était nécessaire pour illustrer par un exemple la méchanceté de 92 η 30 ομοίως om . Const. || a i - 3 3 (τδ ίμάτια) add. Stein ||
Périandre. 33 ’έφρασε(ν) ABC Const. : -αζε PDUSV.
3. Rappelé après de graves méfaits (χτιίνων, διώχων), le « bon 92 0 I τοιοΰτο ABPD : -ov CUSV || ύμΐν έστι ABGP : έστι ύμΐν
tour » joué aux Corinthiennes peut sembler anodin ; le récit qui en DUSV y 3 το'τι ts Herwerden : tors codd. pi. το τότε SV || θώμα ABC :
est fait préparait mal cette exclamation indignée. Αωυμα cott. ||, ore codd. pi. : 8τι P || 4 xai om DUSV || 4-l5 0ωμοί-
3. Pour combattre le projet de Cléomène, si vraiment il le ζομίν ABC : θωομ- cett. || 5 λέγοντας ABCP : -τις DUSV || 7 πόλις
combattit, Soclès devait avoir une autre raison que l ’horreur de la AB : -ιις C -ιας cett. || οίκων BUSV : ούχών vel ούχ ών ACPD || παόσισθε
tyrannie, une raison qu’il ne pouvait énoncer : la crainte que la DUSV : ήν μή παύσισθί AB ήν μή παύσησθι CP || πειρήσισθι codd.
puissance Spartiate, si Athènes ne faisait contrepoids, n e vint à peser pi. : -ησθι Ρ* || 8 κατάγοντες ABCP : -αγαγόντες DUSV || γε codd.
trop sur ses propres alliés. pi. : τε AB* || 9 συναινέοντας codd. pi. : συνέοντας SV.
&. Les Pisistratides avaient constitué sur l’Acropole un recueil de 93 I Σωκλέης : -χλής AB*C Σωσικλέης cett. || 3 έπικαλέσας codd.
χρησμοί (ch. 90) J la faveur dont jouit auprès d ’eux Onomacrite et pi. : -έσασθαι S -έσασβε V || θεούς έπικ. A B C : έπιχ. βιούς cett. ||
l’incident même qui les brouilla avec lu i (V II 6) prouvent l ’intérêt 3 ΐκείνω ABC : κείνιρ cett. || μέν ABCP : μήν DUSV JJ 5 τε om.
qu’ils portaient aux oracles. ABCP II 7 συμμάχων codd. pi. : ξυμμ- CP.
V 93 TERPSICHORE ι3ο i3o ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ
___________ V 93
aux autres alliés, ils s’étaient tenus jusqu’alors silencieux ; έπείτε δέ Σωκλέός ήκουσαν εΐπαντος έλευθέρως, άπας
quand ils eurent entendu Soclès parler sans ménagement, τις αδτάν φωνήν £ήξας αίρέετο τοΟ Κορινθίσυ τήν γνώμην,
tous, élevant la voix, se rangèrent & l’avis du Corinthien et ΛακεδαιμονΓοισί τε έπεμαρτύροντο μή ποιέειν μηδέν νεώ- ίο
conjurèrent les Lacédémoniens de ne rien faire qui pût porter
τερον περί πόλιν Ελλάδα. Οβτω μέν ταΟτα Ιπαύσθη. Ίπ π ίη 94
94 le trouble dans une cité hellénique. Ainsi finit l’entre­
δέ ένθεΟτεν άπελαυνομένφ Ιδίδου μέν Ά μύντης δ Μακεδών
prise. Hippias repartit ; à son départ, Amyntas de Macé­
doine1 lui offrit Anthémonte, les ThessaliensI.23lui offrirent ΆνθεμοΟντα, έδίδοσαν δέ ΘεσσαλοΙ Ίωλκόν δ δέ τούτων
Iolcos ; mais il n’accepta aucune de ces offres et retourna à μέν ούδέτερα αίρέετο, άνεχώρεε δέ δπίσω ές ΣΙγειον, τδ
Sigeion, que Pisistrats avait enlevé par les armes aux Myti- εΐλε Πεισίστρατος αιχμή παρά Μυτιληναίων, κρατήσας δέ 5
léniens ; après s’en être emparé, il y avait établi comme αΰτοΟ κατέστησε τύραννον είναι παΐδα τδν έωυτοΟ νόθον
tyran son * fils bâtard Hégésistratos, qu’il avait eu d’une 'Ηγησίστρατον, γεγονότα έξ Άργείης γυναικός, 8ς ούκ
femme argienne, lequel ne jouit pas sans combat dé ce qu’il άμαχητί είχε τά παρέλαβε παρά Πεισιστράτου. Έπολέμεον
avait reçu de Pisistrate. L’état de guerre, en effet, se pro­ γάρ ÜK τε Άχιλληίου πόλιος δρμώμενοι καί Σιγείου έπΐ
longea longtemps4 entre Mytiléniens ayant pour base la ville χρόνον συχνόν Μυτιληναΐοί τε καί ’Αθηναίοι, οί μέν άπαι- ίο
d’Achilleion et Athéniens ayant pour base Sigeion, les pre­ τέοντες τήν χώρην, "Αθηναίοι δέ ούτε συγγινωσκόμενοι
miers réclamant comme leur ce pays5, les Athéniens n ’admet­
άποδεικνύντες τε λόγφ ούδέν μάλλον ΑίολεΟσι μετεόν τής
tant pas leur réclamation et démontrant avec arguments à
Ίλιάδος χώρης ή oö καί σφίσι καί τοίσι αλλοισι, 8σοι Ελλή­
l’appui que les Éoliens n’avaient pas plus de droits sur le
territoire d’Ilion qu’ils n ’en avaient eux-mêmes ou que m’en νων συνεπρήξαντο Μενέλεω τά ς ‘Ελένης άρπαγάς. Πολε-
avaient les autres Grecs qui avaient aidé Ménélas à venger μεόντων δέ σφεων παντοΐα καί άλλα έγένετο έν τήσι μάχησι, 95
95 l’enlèvement d’Hélène. Au cours de ces guerres, il se produisit έν δέ δή καί "Αλκαίος δ ποιητής συμβολής γενομένης καί
νικώντων "Αθηναίων αύτός μέν φεύγων έκφεύγει, τά δέ οί
I . Avec qui les entreprises de Pisistrate dans la région du golfe όπλαΐσχουσι"Αθηναίοι καί σφεα άνεκρέμασαν πρός τό Άθή-
Thermaïque (ΆΟ. Πολ., i5) et ses intérêts dans la basse vallée du
Strymon (I 64) l’avaient mis en relations.
a. Sur les bonnes relations de PiKstrate avec la Thessah'e (un de 93 8 Σώκλεος AB*C : Σωσικλεος cett. || έλευθέρως, άπας BSPDUSV :
ses fils s’appelait Thessalos), cf. ch. 63. έλευθερώσαι, πας AB4G || g αυτών ABGPU : -έων DSV || ίο Ιπεμαρ-
3. Tous les manuscrits donnent τόν ίωυτοΰ νόδον... Hérodote ne τύροντο ABC (cf. Praef. ρ. a ia n. ι) : -ρεοντο cett. || ι ι Έ λλαδα
connaissait dono qu’un « bâtard » de Pisistrate, L”A9. Πολ. (iy) AB*G : Έλληνίδα cett.
en connaît deux : Hégésistratos nommé aussi Thessalos (mais, d’après 94 ι ταυτα D U S V : τούτο A B C || έπαύσθη codd. pi. : έπαύ/θη D [|
Thucydide VI 55, Thessalos était un troisième fils légitime) et a Ιδίδου μέν om. C || 3 Μακεδών D U S V : Μακεδόνων βασιλεύς A B C P
lophon. Hégésistratos avait commandé à la bataille de Pallène les [| 4 ουδέτερα A B C P : -pov D U S V [j Σίγειον P D U S V : -γιον A B C
auxiliaires argiens ( ’Aô. Π ., I. 1.); peut-être ne l'appela-t-on Hégé­ II 5 Μυτιληναίων A B : Μιτυλ- celt. || 7 γεγονότα A B C : όντα cett. ||
sistratos qu’à la suite et en souvenir de cet exploit, et son nom 8 τα παρέλαδε A B C P : τάπερ Ιλαδε D U S V || g Άχιλληίου C P : -είου
primitif, son vrai nom, était-il lophon. cett. Ο όρμώμενοι codd. pi. : όρμεώ- C όρμεό- P || g Σιγείου P D U S V :
4. Longtemps après les incidents qu’Hérodote va raconter et -γιου A B C || 1 0 Μυτιληναΐοί A B : Μιτυλ. cett. || i a άπ. τε λόγω om·
l’arbitrage ae Périandre, lequel dut avoir lieu avant 5g5, date approxi­ D U S V y άποδεικνύντες A a B 2 C P : -νότες A*Β1 || μετεόν A B C P :
mative de la mort de Périandre, et ne fit passer que pour un temps μειρον D U S V || ι 3 σφίσι A B C P : σφι D U S V || ι 4 συνεπρήξαντο A B C :
Sigeion sous la domination athénienne, -πράξαντο P D U S V || Μενέλεω om. S .
5. Parce que Sigeion était en territoire éolien. 95 4 υφεα ABC : σφε’ Ρ σφε DUSV.
V 95 TERPSICHORE ι3ι ι3ι ΤΕ ΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 95
dans les batailles toute sorte d’incidents1 ; une fois, entre ναιον τδ έν Σιγείφ. ΤαΟτα δέ ’Αλκαίος Ιν μέλει ποιήσας 5
autres, que les Athéniens avaient l'avantage dans une ren­ έπιτιθεΐ ές Μυτιλήνην έξαγγελλόμένος τδ έωυτοΟ πάθος
contre, le poète Alcée prit la fuite et se tira d’affaire mais Μελανίππω άνδρΐ έταίρψ. ΜυτιληναΙους δέ καί ’Αθηναίους
laissa ses armes aux mains des Athéniens, qui les suspendirent κατήλλαξε Περίανδρος δ Κυψέλου· τουτω γάρ διαιτητή
aux murs du sanctuaire d’Athéna à Sigeion. Alcée composa έπετράποντο’ κατήλλαξε δέ δδε, νέμεσθαι έκατέρσυς τήν
là-dessus un poème qu’il fit porter à Mytilène ; il y racontait
Ιχουσι. Σίγειον μέν νυν οδτο Ιγένετο δπ’ Άθηναίοισι. ίο
sa mésaventure à un ami, Mélanippos. Mytiléniens et Athé­
Ί π π ίη ς δέ Ιπείτε άπίκετο έκ τή ς Αακεδαίμονος Ι ς τήν 96
niens furent mis d’accord par Périandre, fils de Kypsélos, à
Ά σίην, π 8ν χρήμα έκίνεε, διαΒάλλων τε τούς ’Αθηναίους
qui ils avaient confié le rôle d’arbitre ; l’accord fut conclu à
cette condition, que chacun des partis aurait à soi la terre πρδς τδν Άρταφρένεα καί ποιέων άπαντα Βκως αί Άθήναι
qu’il occupait. Voilà comment Sigeion passa sous la domi­ γενοίατο δπ’ Ιωυτφ τε καί Δαρείω. Ί π π ίη ς τε δή ταΟτα
nation athénienne9. Ιπρησσε καί οί ’Αθηναίοι πυθόμενοι ταΟτα πέμπουσι ές 5
96 Arrivé de Lacédémone en Asie, Hippias remua tout au Σάρδις Αγγέλους, οδκ έδντες τούς Πέρσας πείθεσθαι
monde, déblatéra contre les Athéniens auprès d’Artaph.ernès, ’Αθηναίων τοίσι φυγάσι. Ό δέ Άρταφρένης έκέλευέ σφεας,
et fit tout ce qu’il put pour qu’Athènes lui fût soumise et εΐ βουλοίατο σόοι είναι, καταδέκεσθαι δπίσω Ίππίην. Οδκ
fût soumise à Darius. Tandis qu’il intriguait de la sorte, les δν δή ένεδέκοντο τούς λίγους άποφερομένους οί Αθηναίοι·
Athéniens, en ayant eu connaissance, envoyèrent des députés οδκ ένδεκομένοισι δέ σφι έδέδοκτο έκ τοΟ φανεροΟ τοίσι ίο
à Sardes, pour empêcher les Perses de se laisser convaincre
Πέρσησι πολεμίους εΐναι.
par ceux qu’ils avaient bannis. Mais Artaphernès leur intima,
Νομίζουσι δέ ταΟτα καί διαβεβλημένοισι ές τούς Πέρσας 97
s’ils voulaient assurer leur salut, de recevoir de nouveau
έν τούτφ δή τφ καιρφ δ Μιλήσιος Άρισταγίρης δπδ Κλεο-
Hippias. Les Athéniens refusèrent d’accepter les conditions
qui leur étaient rapportées ; refus qui équivalait pour eux à μένεος τοΟ Λακεδαιμονίου έξελασθείς έκ τή ς Σπάρτης
la résolution de rompre ouvertement avec les Perses. άπίκετο έ ς τά ς ’Αθήνας- αδτη γάρ ή πόλις τδν λοιπέων
97 C’est au moment même où ils étaient dans cet état d’esprit έδυνάστευε μέγιστον. Έπελθών δέ έπίτύν δήμον δ Άριστα- 5
et où on les avait desservis près des Perses qu’Aristagoras de γδρης ταδτά έλεγε τά καί έν τή Σπάρτη περί τδν άγαθδν
Milet, chassé de Sparte par le Lacédémonien Cléomène, τδν έν τή Άσίη καί τοΟ πολέμου τοΟ ΠερσικοΟ, ώς ούτε
arriva à Athènes ; car cette cité était, de toutes les autres8, la
plus puissante. Il parut devant le peuple*, et tint les mêmes 95 5 Σιγείω PDUSV : -γίω ABC || ποιήσας om. S || 6 Μυτιλήνην
A B : Μιτυλ- cett. || έξαγγελλόμενος codd. pi. : -γελόμενος CV || η
Μυτιληναίους AB : Μιτυλ- cett. || g έπετράποντο codd. pi. : έτράπ- D
I. Ainsi le fameux duel entre Pittacos et Phrynon, que Plutarque II έκατέρους ABC : άμφοτέρους cett. || ίο Σίγειον codd. pi. : -γιον ABC.
(De Her. mal., i5) reproche stupidement à Hérodote d’avoir passé 96 ι τής om . PDUSV || a τε τούς ABC : τούς τε PDUSV || 3 αί
sous silence. om. DUSV d 4 τε (ante δή) om . SV |j 6 έώντες ABPDS : -τας G
a. Non pas d’une façon définitive, puisque Pisistrate dut en refaire έόντες UV || τούς om. D || η ’Αθηναίων om. D || ίκέλευε PDUSV :
la conquête, et que son fils eut à batailler pour en conserver la -λευσε ABC || 8 σόοι codd. pi. : σδ(ι)οι CPS || g oi om. PDUSV [|
possession. ίο έδέδοκτο codd. pi. : δέδοκτο CP.
3. Toutes les autres que Sparte. 97 ι δέ codd. pi. : δή CP II a έν om. DUSV || 3 έξελασθείς ACPD:
4. Dans sa séance de l’ecclésia, où, étant étranger, il dut être -λαθείς BUSV || τής om. ABC || 4 τάς om. ABCP || ή om. DUSV ||
introduit par les prytanes. β ταΰτά Schweighäuser: ταϋτα codd. || καί om. D.
T 97 TERPSICHORE 13s i3a ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 97
discours qu’à Sparte sur les richesses de l'Asie et la guerre άσπίδα οβτε 86pu νομίζουσι εύπετέες τε χειρωθήναι εΐησαν.
contre les Perses, comme quoi, ne se servant ni de boucliers ΤαΟτά τε δή έλεγε καί πρύς τούτο,σι τάδε, ώς οΐ Μιλήσιοι
ni de lances, ils seraient faciles à vaincre. Il dit tout cela et τΩν ’Αθηναίων είσΐ Κποικοι, καί οΐκός σφεας εΐη £ύεσθαι ίο
ajouta ceci : que les Milésiens étaient des colons des Athéniens, δυναμένους μέγα' καί οόδέν 8 τ ι ούκ ύπίσχετο οΐα κάρτα
qu’il était naturel que ces derniers, disposant de grandes δεάμενος, ές 8 άνέπεισέ σφεας. Πολλούς γάρ οίκε είναι
forces, les protégeassent ; et il n ’y eut pas de promesses qu’il
έύπετέστερον δι&βάλλειν ή ένα, εΐ Κλεομένεά μέν τύν
ne fît, en homme pressé par le besoin, jusqu’à ce qu’il lès
Λακεδαιμόνιον μοΟνον ούκ οΤ6ς τεέγένετο διαβάλλειν, τρεις
persuadât, il est plus aisé, faut-il croire, de tromper beaucoup
d’hommes qu’un seul1 : Aristagoras n’avait pu tromper 8έ μυριάδας ’Αθηναίων Ιποίησε τοΟτο. ’Αθηναίοι μέν δή ι5
Cléomène de Lacédémone isolé ; il y réussit pour trois άναπεισθέντες έψηφίσαντο είκοσι νέας άποστείλαι βοηθούς
myriades d’AthéniensI.2. Persuadés par lui, les Athéniens ”Ιωσι, στρατηγδν άττοδέξαντες αότέων είναι Μελάνθιον,
votèrent l’envoi de vingt vaisseaux au secours des-Ioniens; ϋνδρα τύν άστΩν έόντα τά πάντα δάκιμον. Αΰται δέ at
et ils désignèrent pour les commander Mélanthios, citoyen νέες άρχή κακΩν έγένοντο "Ελλησί τε καί βαρβάροισι.
estimé de tout point. L’envoi de cette flotte fut la source de Άρισταγάρης δέ προπλώσας κάΐ άπικάμενος ες τήν 98
calamités pour les Grecs et pour les Barbares3. Μίλητον, έξευρών βούλευμα άπ’ οδ ”Ιωσι μέν ούδεμία
98 Aristagoras s’embarqua et partit en avant; et, arrivé à έμελλε ώφελίη έσεσθαι (ούδ’ Ων ούδέ τούτου εΐνεκα έποίεε,
Milet, il conçut un dessein dont il ne devait résulter aucun άλλ’ 8κως βασιλέα Δαρεΐον λυπήσειε), έπεμψε έςτήν Φρυγίην
avantage pour les Ioniens ; — aussi bien n ’est-ce pas en vue άνδρα έπΐ τούς Παίονας τούς άπύ Στρυ μόνος ποταμού 5
d’en obtenir qu’il le forma, mais afin de chagriner le Roi
αιχμαλώτους γενομένους ύπύ ΜεγαΒάζοϋ, οΐκέοντας δέ τής
Darius ; — il envoya en Phrygie un messager vers les Péoniens
Φρυγίης χΩράν τε καί κώμην Ιπ ’ έωιΙτΩν, 8ς έπείτε άπίκετο
originaires des rives du Strymon que Mégabaze avait faits
prisonniers et qui habitaient séparément un canton et un έ ς τούς Παίονας, έλεγε τάδε· «Ά νδρες Παίονες, Ιπεμψέ με
bourg de Phrygie ; et, parvenu chez les Péoniens, le messager Άρισταγάρης δ Μιλήτου τύραννος σωτηρίην ύποθησάμενον
leur dit : « Hommes de Péonie, Aristagoras, tyran de Milet, ΰμίν, fjv περ βούλησθε πείθεσθαι. ΝΟν γάρ Ίωνίη πάσα ίο

I. Si la majorité de ces hommes réunis manque de bon sens et 97 8 εόπετε’ες codd. pi. : -έως A'B'G || τε om . C [| g τε δή codd.
est incapable de réflexion ; ce qui risque d’étre le cas dans une pi. : δή V δέ S II τούτοιαι DUSV : τοΐσι ABCP || ΙΟ οίκος codd. pi. :
assemblée populaire. εΐκός S || σφεας A BC P: σφας DU φας SV || ι ι ύπίσχετο codd. pi. :
a. Quel qu’ait été, à différentes époques, le nombre des citoyens -έσγετο CP* -έσχετο D || ia oTxe ABG P: έοιχε DUSV j| ι4 διαβάλλειν
d’Athènes, il est invraisemblable que 3oooo d’entre eux aient jamais ABC : -βαλεΐν cett. || ι 6 άποστείλαι βοηθούς codd. ρί. : β. άπ. D ||
assisté à une réunion de l’assemblée du peuple. Pas plus qu’au τ η ”Ιωσι codd. ρί. : τοΐσι *1. S || στρατηγόν A BC P: στρ. δε DUSV
1. VIII ch. 65, pas plus que dans les passages d’Aristophane (Sec1., II αότέων codd. ρί. : -ών US || ι 8 τα om. S || ig αρχή ABG : -αί cett.
u3a) et de Platon (S y m p iy5 E) où il est parlé de « plus de 3oooo 98 I προπλώσας codd. ρί. : προσπλ- D || a μέν om. DUSV || 2 - 3 όό-
citoyens », « plus de 3oooo assistants » à une représentation drama­ δεμία έμελλε codd. pi. : ίμ. οόδεμία Ρ έμ. οόδεμίη G || 3 ώφελίη
tique, ce chiffre ne doit être pris au sérieux. « Dix mille » est, en ABGP: -είη DUSV || τούτον codd. ρί. : τούτο G || είνεχα ABCP : -χεν
grec, un terme convenu pour désigner un grand nombre ; « trois » USV -χε D II έποίεε ABCP : -ηαε(ν) DUSV || 4 τήν om. ABC || 5
peut n’avoir d’autre valeur que celle d’un préfixe augmentatif ; Στρνμόνος codd. pi. : -ώνος G || 6 δέ om. P'DUSV || η έπ’ codd.
« trois fois dix mille », cela veut dire simplement « des millier· ». pi. : ύπ’ D y έπείτε DUSV : έπειδή ABCP || g δ om. ABC || g-io
3. A rapprocher de la réflexion mélancolique du Spartiate Mélé- ύποθησάμενον ύμΐν ABG : ύμϊν ύποθ. PDUSV || ίο βούλησθε PDUS.
sippos en 431 (Thuc., II ia). Il y eut chez les Grecs des soudards -εσθε AV -εσθαί BG || πείθεσθαι codd. pi. : -σεσθαι G || γάρ om. D.
y se TERPSICHORE ι3 3 i3 3 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 98
m ’a envoyé vers vous pour vous donner un conseil qui fera &ττέστηκε άπδ βασιλέας, καί ΰμίν παρέχει σφζεσθαι ΙπΙ
votre salut si vous voulez le suivre. Aujourd’hui toute l’Ionie τήν ύμετέρην αύτΩν. Μέχρι μέν θαλάσσης αύτοΐσι ΰμΐν,
s’est détachée du Roi ; et vous avez l’occasion de retourner τό δέ άπδ τούτου ήμίν ήδη μελήσει. » ΤαΟτα δέ άκούσαντες
sains et saufs dans votre patrie. Vous n ’avez à vous occuper ot ΠαΙονες κάρτα τε άσπαστδν Ιποιήσαυτο καί άναλα-
vous-mêmes que d’atteindre la m er; à partir de là, ce sera βόντες παΐδας καί γυναίκας άπεδίδρησκου Ιπ Ι θάλασσαν οί ι5
notre aflaire. » Quand ils entendirent ce message, les Péoniens δέ τιυες αύτΩν καί κατέμειναν άρρωδήσαυτες αότοΟ.
l’accueillirent avec beaucoup de joie ; ils prirent avec eux
Έ π είτε δέ οΐ Παίονες άπίκοντο επί θάλασσαν, ένθεΟτεν
leurs enfants et leurs femmes, et s’enfuirent vers la mer,
ές Χίον διέβησαν. Έόντων δέ ήδη έν Χίφ κατά πόδας
excepté quelques-uns, qui prirent peur et demeurèrent sur
place. Parvenus à la mer, ils passèrent de là à Chios. Comme Ιληλύθεε Περσέων ίπ π ο ς πολλή διώκουσα τούς Παίονας·
ils venaient d’y passer, arriva sur leurs talons une grande Ως δέ ού κατέλαΒον, έπηγγέλλοντο Ι ς τήν Χίον τοΐσι χο
force de cavalerie perse lancée à leur poursuite ; n ’ayant pu Παίοσι δκως &ν δπίσω άπέλθοιεν. ΟΙ δέ Παίονες τούς
mettre la main sur eux, les Perses leur envoyèrent à Chios λόγους ούκ ένεδέκοντο, άλλ’ έκ Χίου μέν Χίοί σφεας ές
l’ordre de revenir en arrière. Les Péoniens n’obtempérèrent Λέσβον ήγαγον, Λέσβιοι δέ ές Δορίσκον έκόμισαν ένθεΟτεν
pas à cet ordre ; de Chios, les gens du pays les menèrent à δέ πεζή κομιζόμενοι άπίκοντο ές Παιονίην.
Lesbos; les Lesbiens les transportèrent à Doriscos1 ; de làj Άρισταγόρης δέ, έπειδή οϊ τε ’Αθηναίοι άπίκοντο είκοσι 99
par voie de terre, ils gagnèrent la Péonie. νηυσί, άμα άγόμενοι Έρετριέων πέντε τριήρεας, οι ού τήν
Arislagoras, lorsque les Athéniens furent arrivés à Milet ’Αθηναίων χάριν έστρατεύοντο άλλά τήν αότΩν Μιλησίων,
sur vingt vaisseaux, amenant avec eux cinq trières des
δφειλόμενά σφι άποδιδόντες (οί γάρ δή Μιλήσιοι πρότερον
Ërétriens, — lesquels entraient en guerre non par égard pour
, τοΐσι ΈρετριεΟσι τδν πρδς Χαλκιδέας πόλεμον συνδιήνεικαν 5
Athènes mais pour les Milésiens eux-mêmes envers qui ils
acquittaient une dette ; à une époque antérieure, les Milé­ 8τε περ καί ΧαλκιδεΟσι άντία Έρετριέων καί Μιλησίων
siens les avaient assistés dans leur lutte contre les Chal- Σάμιοι έβοήθεον), οδτοι δν έπείτε σφι άπίκοντο καί οί
cidiens2, alors que les Chalcidiens de leur côté avaient, pour άλλοι σύμμαχοι παρήσαν, έποιέετο στρατηίην δ Άριστα-
faire face aux Érétriens et aux Milésiens, le secours des γόρης ές Σάρδις. Αύτδς μέν δή ούκ έστρατεύετο άλλ’ έν
Samiens, — lors donc que ceux-là furent arrivés à Milet et Μιλήτω Ιμενε, στρατηγούς δέ άλλους άπέδεξε Μιλησίων 10
que s’y trouva le reste des alliés, Aristagoras fit partir une είναι τδν έωυτοΟ τε άδελφεδν Χαροπΐνον καί τΩν άλλων
expédition contre Sardes. Lui-même ne prit point part à άστΩν Έρμόφαντον.
98 I I βασιλίος codd. pi. : -έως BV || ι5 παΐδας ABCP : τέκνα
individuels ; il ne semble pas que la Grâce ait connu l’amour de la DUSV y άπεδίδρησχον ABGP: -δίδρασκον DUSV || ι 6 αυτών codd.
guerre, vanté sa vertu « exaltante », glorifié ses brutalités. Sur le sen­ pi. : -Ιων DSV II καί om. GP || 1 7 άπίκοντο codd. pi. : -χίατο CP ||
timent personnel d’Hérodote, cf. Introduction, p. iag-i3o; Mélanges 20 έπηγγέλλοντο codd. pi. : -γέλοντο G || 21 Παίοσι om. SV || aa ένεδέ-
Glotz, II, p. 5 / Î I - 5 4 3 . A remarquer comment il partage ici sa χοντο ABGP : Ιδέκ- DUSV || a4 άπίκοντο codd. pi. : -χέατο CP.
compassion entre tous les belligérants, Grecs et Barbares. 99 I άπίκοντο codd. pi. : -χατο B -χέατο CP || a νηυσί codd. pi. :
i . Ge lieu, éloigné du Strymon et où des Perses tenaient garnison ναυσίν SV || 5 συνδιήνεικαν PDUSV : συνήν- ABC || 6 άντία ABCPU :
(VII 5g), était étrangement choisi pour leur débarquement. άντί DSV II 7 άπίκοντο codd. pi. : -χέατο CP || oi om. G || 9-10 έν M.
a. Pendant la « guerre de Lélante », qui, au vu· siècle, avait Ιμενε ABC: Ιμενε έν M. cett. || 11 τόν codd. pi. : των V || τε om.
divisé en deux camps une partie du monde grec (Thuc., II i5). PUSV II 11-ia άλλων άστών PDUSV : άστ. άλλ. ABC.
TERPSICHORE i 36 i34 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 100
cette expédition ; il resta à Milet, et. désigna poor comman­ Άπικδμενοι δέ τφ στήλφ τούτφ "Ίωνες ές Έ φεσον -πλοία 100
der les troupes d’autres Milésiens, son propre frère Charo- μέν κατέλιπον έν Κορησσφ τή ς ΈφεσΙης, αδτοί δέ άνέ-
pinos et, parmi les autres citoyens, Hermophantos. βαινον χειρί πολλή, ποιεύμευοι ΈφεσΙους ήγεμόνας τή ς
L’armée des Ioniens ainsi formée se rendit à Ëphèse ; on δδοΟ. Πορευδμενοι 8έ παρά ποταμόν Καύστριον, ένθεΟτεν
laissa les vaisseaux à Coressos1, localité du pays éphésien ; les έπείτε ύπερβάντες τδν Τμύλον άπίκοντο, αίρέουσι Σάρδις 5
100 hommes, en un corps considérable, s’engagèrent dans l’inté­ ούδενός σφι άντιωθέυτος, αίρέουσι δέ χωρίς τή ς άκρο-
rieur, sous la conduite de guides éphésiens *. Ils longèrent le πδλιος τ&λλα πάντα· τήν δέ άκρόπολιν έρρύετο αότδς
fleuve Caystros, franchirent ensuite le Tmolos, arrivèrent &
Άρταφρένης έχων άνδρβν δύναμιν οδκ δλίγην. Τδ δέ μή 101
Sardes ; et, comme personne ne leur offrait de résistance,
λεηλατήσαι έλόυτας σφέας τήν πδλιν Ισχε τάδε. *Ησαν έν
s’en rendirent maîtres, maîtres de tout excepté l’acropole * ;
τήσι Σάρδισι οίκίαι at μέν πλέονες καλάμιναι, δσαι δ’
l’acropole était défendue par Artaphemès en personne, qui
101 avait avec lui une garnison nombreuse. L’incident que void αύτέων καί πλίνθιναι ήσαν καλάμου εΐχον τάς δροφάς.
empêcha de piller la ville qu’ils avaient prise. La plupart des Τουτέων δή μίαν τΰν τ ις στρατιωτέων ώςένέπρησε, αύτίκα 5
maisons de Sardes étaient faites en roseaux ; celles même qui άπ’ οίκίης έπ’ οίκίην Ιδν τδ πΟρ έπενέμετο τδ άστυ πάν.
étaient faites en briques avaient des toits de roseaux. Un Καιομένου δέ τοΟ &στεος οί Λυδοί τε καί δσοι Περσέων
soldat mit le feu à l’une d'elles; aussitôt, de maison en ένήσαν έν τή πίλι, άπολαμφθέντες πάντοθεν ώστε τά
maison, l’incendie gagna la ville entière. Pendant qu’elle περιέσχατα νεμομένου τοΟ πυρδς καί οδκ Ιχοντες Ιξήλυσιν
brûlait, les Lydiens et ce qu’il y avait de Perses dans la έκ τοΟ άστεος, συνέρρεον Ι ς τε τήν άγορήν καί έπΐ τδν ίο
ville45,enveloppés de tous côtéss par les flammes qui dévoraient Πακτωλδν ποταμόν, 8ς σφι ψήγμα χρυσοΟ καταφορέων έκ
les quartiers excentriques, et ne pouvant s’échapper de la τοΟ Τμώλου διά μέσης τής άγορής £έει καί έπειτα Ι ς τδν
ville, refluèrent tous ensemble sur l’agora et sur les bords du
Έρμον ποταμδν έκδιδοΐ, δ δέ ές θάλασσαν. Έ π Ι τοΟτον δή
Pactole, qui, descendant du Tmolos et roulant des parcelles
d’or, coule par le milieu de l’agora de Sardes et se jette dans τδν Πακτωλδν καί Ι ς τήν άγορήν Αθροιζόμενοι οΐ τα Λυδοί
l ’Hermos, lequel se jette dans la mer. Les Lydiens et les κ«1 οί Πέρσαι ήναγκάζοντο άμύνεσθαι. ΟΙ δέ “Ιωνες

I . Plage propice aux débarquements (Xén., Hell., I a 9-10), au


pied d’une montagne voisine d’Éphèse (Diod., XIV 99). 100 a Κορησσφ DUSV : Κορησφ AB Κορρήσω C1 Κορη'σω GI.23P ||
a. Pour éviter les routes surveillées. a-3 της όδοΰ ABC : om. cett. || 7 έρρύετο AP2DU : έρύετο CP 1 έρρύατο
3. Il me parait difficile de ne pas voir dans cette restriction, sou­ BSV y 8 άνδρών δύναμιν ABC : δύν. άνδρών cett. || όλίγην codd. pi. :
lignée comme elle l’est, de l’ironie. -ων S Vine.
4. ’Ev t î J πο"λι. Il ne s’agit pas de l’acropole, qui vient d’être 101 a έλόντας ABCP : έλθόντας DUSV || 3 αί om . DUSV || π λ ά ­
désignée par un terme précis, mais de ce que désignaient plus haut, νες : πλεΰ- codd. || χαλάμιναι ABCP : -νοι DUSV j| 4 αύτέων codd.
par opposition avec elle, les mots τ α λ λ α π ά ν τ α , basse-ville (οίστυ) et pi. : —ων D y χαί om . DUSV || χαλάμου PDU : -ους ABC -η S V inc.
faubourgs. Quelle raison aurait eue la garnison de l’acropole de II 5 δή oodd. pi. : δέ C II ώς om. C || 6 οίκίης om . SV || έπ’ ABCPD :
quitter un lieu haut, où les flammes ne pouvaient l’atteindre, pour ές U om . SV (I ίόν om . DUSV || έπενέμετο codd. pi. : ένέμ- S || 8 πόλι
descendre dans la fournaise ? ABD : -it GPUS V inc. || άπολαμφθέντες codd. pi. : λαμφΟ- C || 9 πε-
5. 11 serait étonnant qu’un incendie, qui n’avait pas été allumé en ρΐέσχατα νεμομένου codd. pi. : έσχατα περινεμ- SV || Ιχοντες de Pauw :
plusieurs points, ait entouré la ville de tous côtés (π ά ν τ ο θ ε ν ) . Puisque •ος codd. II IO τε om . ABC || I l καταφορέων codd. : χαταφέρων
les Ioniens purent reculer hors de Sardes (εξανεχώρησαν), Sardes Eust. iid D io n . 83ο || 1 6 Πακτωλόν ABC : ποταμόν cett..
V KM TERPSICHORE ι35 i35 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 101
Perses qui venaient s’entasser au bord de ce Pactole et sur δράντες τούς μέν άμυνομένους τδύ πολεμίων, τούς δέ σύν
l’agora furent alors obligés de se défendre. Et les Ioniens, πλήθεΐ πολλφ προσφερομένους Ιξανεχώρησαν δείσαντες
voyant des ennemis se mettre en état de défense et d’autres πρδς τό 8ρος τδ Τμύλου καλεδμενον, ΙνθεΟτεν δέ ύπδ
approcher avec de grandes forces *, prirent peur ; ils reculèrent νύκτα άπαλλάσσουτο ΙπΙ τάς νέας. ΚβΙ Σάρδιες μέν 102
vers la montagne qu'on appelle Tmolos ; de là, à la tombée ίνεπρήσθησαν, Ιν δέ αύτήσι καί Ιρδν Ιπιχωρίης θεοΟ
102 de la nuit, ils partirent pour gagner leurs vaisseaux. En Κυβήβης, τδ σκηπτάμενοι οί Πέρσάι βστερον άυτευεπίμ-
même temps que Sardes, fut brûlé dans la ville le sanctuaire πρασαν τά Ιν “Ελλησι ίρά. Τάτε δέ οί Πέρσάι οί έντδς
de la déesse locale Kybébé* ; c’est cet incendie que les Perses “Αλυος ποταμοί) νομούς Ιχοντες προπυνθανάμενοι ταΟτα 5
alléguèrent par la suite pour brûler en revanche les sanc­
συυηλίζουτο καί έβοήθεον τοίσι Λυδοΐσι. Καί κως έν μέν
tuaires des pays grecs. Pour lors, ceux des Perses qui avaient
Σάρδισι ούκέτι Ιάντας τούς “Ιωνάς εδρίσκουσι, έπόμευοι δέ
leurs demeures en deçà du fleuve Halys3, avertis à l’avance de
l’agression, se rassemblaient et se portaient au secours des κατά στίβον αίρέουσι αύτούς Ιν Έφέσφ. Καί άντετάχθησαν
Lydiens ; les circonstances firent qu’ils ne trouvèrent plus les μέν οί “Ιωνες, συμβαλδντες δέ πολλδν έσσώθησαν. Καί
Ioniens à Sardes, mais ils les suivirent à la trace et les joi­ πολλούς αύτάν οί Πέρσαι φονεύουσι, &λλους τε δνομαστούς, ίο
gnirent à Éphèse. Les Ioniens firent face, en vinrent aux Ιν δέ δή καί Εάαλκίδην στρατηγέοντα Έρετριέων, στεφανη-
mains, et subirent une grave défaite. Les Perses leur tuèrent φδρους τε άγδνας άναραιρηκδτα καί ΰπδ Σιμωνίδεω τοΟ
beaucoup de monde ; entre autres personnages de renom, Κηίου πολλά αίνεθέντα. Ο ΐ δέ αύτών άπέφυγον τήν μάχην
Ëvalkidès, commandant les Ërétriens, qui avait remporté Ισκβδάσθησαν άυά τάς πάλις.
des victoires où l’on gagne des couronnes, et dont Simonide Τότε μέν δή οΒτω ήγωνίσαντο. Μετά δέ ’Αθηναίοι μέν 103
de Kéos avait fait grand éloge. Ceux qui se sauvèrent de la τδ παράπαν άπολιπάντες τούς “Ιωνάς Ιπικαλεομένου σφέας
bataille se dispersèrent dans les villes v.
πολλά δι’ άγγέλων Άρισταγδρεω οόκ Ιφασαν τιμωρήσειν
103 Telles furent, à ce moment, les circonstances du conflit.
Ensuite, les Athéniens abandonnèrent complètement les
Ioniens, malgré les appels répétés qu’Aristagoras leur adres-
101 ι6 δρώντες AB : -ίωντες C -έοντεί PDUSV || ι 8 όρος codd.
pi. : ουρος CP || τό Aldus: τόν codd. || δέ codd. pi. : δή B || ig
n’était donc pas complètement encerclée par les flammes ; mais les άπαλλοίασοντο codd. pi. : -αλλάσοον (sic) V.
habitants pouvaient être bloqués entre les ennemis et un rideau de 102 i χαί Σάρδιες μέν B2PDUSV : βί δέ Σάρδιες ABfG jj 3 xai
feu. om. D y 3 τά G*PDUSV : τα) ABC* || ot om. ABC || 3-4 άντενεπίμ-
I. D’une part, les Perses et les Lydiens dont il vient d’être parlé πρασαν AP : -ενεμπίπραβαν Β -ενεπίπρασαν G -επίμπρ«ο«ν USV -Ini/
et la garnison de l’acropole ; d’autre part, les renforts menaçante πρησαν D || 5 προπιινθβνο'μενοι ABGPU : ηροοπννβ- DSV || 6 συνη-
(ch. 10a), bien qu’ils ne fussent pas encore en eue. λίζοντο PDUSV : -ηυλίζοντο ABG || g έαοώθηααν codd. pi. : έοώθ- G
a. La « Grande Mère », adorée dans une grande partie de l’Asie II ίο αυτών PDUSV : -ίων ABC || 1 1 Εΰαλχίδην PDU : -δια S V inc.
mineure. Εΰελχιδην ABG || 13 άναραιρηχάτα ABCP : άναιρ- S άραιρ- DU εδραιρ-
3. Des troupes qui tenaient garnison ou patrouillaient dans cette V II ι3 Κηίου codd. pl. : Καχίου D* || αίνεθέντα ABGPD : αίρ- LSV ||
partie de l’empire. αυτών codd. pl. : -ίων G || άπίφυγον ABG : αύτίχα i n . PDUSV || ι 4
4. Si donc, comme le dit Plutarque (o. L, a4), l’attaque de Sardes πάλι; : -ία; codd.
eut pour but de dégager Milet, déjà assiégée par les Perses, ce but 103 I ’Αθηναίοι ABCPS : οί ’Αθηναίοι DUV || μέν om. DUSV ||
ne fut pas atteint, puisque les assiégeants n’eurent pas à desserrer leur 3 έπιχαλεομίνου B : -μίνου; eett. || 3 δι’ αγγέλων codd. pl. : διαγ-
étreinte. γίλλων D.
V 103 TERPSICHORE ι3β
ï36 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 103
sait par messagers, et déclarèrent qu’ils ne leur porteraient
crept. Ίω ν ες Sè τής ’Αθηναίων συμμαχίης στερηθέντες,
pas secours. Privée de l’alliance athénienne, les Ioniens n ’en
οΟτω γάρ σφι ύπήρχε πεποιημέυα ές Δαρεΐον, ούδέν δή 5
continuèrent pas moins, — si grave était dès lors ce qu’ils
avaient fait contre Darius, — à préparer la guerre contre le fjooov τόν ττρδς βασιλέα πόλεμον έσκευάζοντο. Πλώσαντες
Roi. Ils firent voile vers l’Hellespont, où ils rangèrent sous 8έ ές τόν Ελλήσποντον Βυζάντιόν τε καί τάς Κλλας πόλις
leur autorité Byzance et toutes les autres villes de cette πάσας τά ς ταύτη ύπ’ έωυτοΐσι έποιήσαυτο, έκπλώσαντές
contrée ; sortis d el’Hellespont1, ils gagnèrent en outre à leur τε έξω τόν Ελλήσποντον Καρίης τήν πολλήν προσεκτή-
alliance la plus grande partie de la Carie * ; Caunos même, σαντο σφίσι σύμμαχον εΐναι* καί γάρ τήν ΚαΟνον πρότερον ίο
qui auparavant refusait d’entrer dans leur parti, se joignit ού βουλομένην συμμαχέειν, ώς ένέπρησαν τάς Σάρδις,
104 aussi à eux, après qu’ils eurent brûlé Sardes3. Quant aux τότε σψι καί αΟτη προσεγένέτο. Κύπριοι δέ έθελονταί σφι 104
Cypriotes, c’est de leur plein gré que tous se joignirent aux πάντες προσεγένοντο πλήν ΆμαθονσΙων άπέστησαν γάρ
Ioniens, excepté ceux d’Amathonte ; car ils s’étaient, eux
καί οδτοι ώδε άπδ Μήδων. *Ήν Όνήσιλος Γόργου μέν τοΟ
aussi de leur côté, séparés des Mèdes, dans les conditions que
Σοιλαμινίων βασιλέας άδελφεδς νεώτερος, Χέρσιος δέ τοΟ
voici. Gorgos, roi des Salaminiens, avait un frère cadet,
Σιρώμου τοΟ Εΰέλθοντος πάίς. Οδτος ώνήρ πολλάκις μέν 5
Onésilos, fils de Chersis, petit-fils de Siromos, arrière-petit-
fils d’Évelthon*. Déjà auparavant et à maintes reprises, cet καί πρότερον τόν Γόργον παρηγορέετο άπίστασθαι άπδ
Onésilos avait encouragé Gorgos à se révolter contre le Roi ; βασιλέος, τότε δέ, ώς καί το ύ ς”Ιωνας έπύθετο άπεστάναι,
dès qu’il eut appris la révolte des Ionienss, il l’y poussa avec πάγχυ έπικείμενος ένήγε. Ώ ς δέ ούκ Ιπειθε τδν Γόργον,
beaucoup d’insistance. Comme il ne pouvait le décider, ένθαΟτά μιν φυλάξας έξελθόντα τδ άστυ τδ Σαλαμινίων δ
guettant alors le moment où Gorgos était sorti de la ville Όνήσιλος &μα τοΐσι έωυτοΟ στασιώτησι άπεκλήισε τδν ίο
de Salamine, Onésilos avec ses partisans ferma sur lui les πυλέων. Γόργος μέν δή στερηθείς τή ς πόλιος έφευγε ές
portes. Gorgos, dépouillé de sa ville, s’enfuit chez les Mèdes ; Μήδους· Όνήσιλος δέ ήρχε Σαλαμΐνος καί άνέπειθε
πάντας Κυπρίους συναπίστασθαι. Τούς μέν δή άλλους
t. Έκπλώσαντες τόν 'Ελλήσποντον. L’accusatif, parce que, dans
έκπλώσαντες, comme plus loin (io4, 1. 9) dans έξελΟόντα, domine άνέπεισε, Άμαθουσίους δέ ού βουλομένους οί πείθεσθαι
l’idée de « quitter ». έπολιόρκεε προσκατήμένος. ι5
2. Cette liberté de mouvements de la flotte ionienne ne laisse pas Όνήσιλος μέν νυν έπολιόρκεε Άμαθοθντα, βασιλέΐ δέ 105
d’être surprenante. Voir ci-après, note 5.
3. Si les choses se passèrent dans l’ordre où les présente Hérodote, 103 4 sept Stein : σφίσι codd. [{ 5 δή ABC om. cett. [[ 6 έσκευάζοντο
la riposte immédiate des Perses, la défaite d’Éphèse,- la défection codd. pi. : έσχευάδατο C έσχεδάζοντο D |[ η πόλις AB : -ιις C -ιας
d’Athènes n’avaient donc pas diminué l’espoir qu’avait fait naître le cett. y 8 πάσας ABGSV : άπάσας PDIJ || τάς om. G || 9 πολλήν
succès d’un jour des Ioniens. codd. pi. : πόλιν C || 12 σφι (post τότε) ABCP: σφισι DUSV || αίίτη
4. Entre Évelthon (IV 162) et Onésilos, il n’y a pas dé place pour ABCPU : αυτή DSV.
deux générations ; Siromos (Hiram) doit être ici un intrus. 104 ϊ έθελονταί ΑΒΡ : -τέ C -τί DUSV || a πάντες om . DUSV ||
5. Donc, avant l’expédition de Sardes. Plutarque (0. L, 24) place γάρ ABCP : μέν γάρ DUSV || 3 ώδε om. DUSV || 5 ώνήρ codd. pi. :
dans cette première partie de la révolte une victoire navale dont άνήρ SV J] 7 άπεστάναι codd. pi. : -ιστάναι D || 8 ώς ... Γόργον om.
Hérodote ne dit rien et qui pourrait expliquer que les Ioniens eurent SV y Γόργον ASBSPDU : Γόγον A* λόγον B1G || 9 το (ante Σαλ.)
ensuite, sur mer, leurs coudées franches. Cette victoire avait été codd. pl. : το3 D || 10 στασιώτησι ABCP8: στρατιιότησι P'DUSV ||
remportée dans les eaux de la Pamphylie sur des Cypriotes. Peut- άπεκλήισε codd. pl. : -έκλεισε CD || 11 δή om. USV || ι4 πιίθισβαι
être la flotte qui la remporta était-elle venue croiser de ce côté dans codd. pl. : πείσ-G || i5-105 1 προσχατήμενος... ίπολιόρκεε om. B*C.
105 1-2 βασιλε’ϊ Δαρείω incipit E.
V. — ι4
V 104 TERPSICHORE ι37
ï37 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 105
Onésilos fut maître de Salamine et s’appliqua à persuader à
Δαρείφ ώς έξαγγέλθη Σάρδις άλούσας έμπεπρήσθαι ύπό τε
tous les Cypriotes de se révolter avec lui. Il persuada la
’Αθηναίων καί Ίώνων, τδν Ιέ ήγεμόνα γενέσθαι τή ς συλ­
plupart ; seuls, ceux d’Amathonte ne voulurent pas l’écouter ;
λογής άστε ταΟτα συνυφανθήναι τδν Μιλήσιον Άριστα-
il établit son camp devant leur ville et l’assiégea.
105 Tandis qu’Onésilos assiégeait Amathonte, le Roi Darius γόρην, πρΩτα μέν λέγεται αΰτόν, ώς Ιπύθετο ταΟτα, Ίώνων 5
reçut la nouvelle que Sardes avait été prise et incendiée par οόδένα λόγον ποιησάμενον, εδ είδότα ώς οδτοί γε oö κατα-
les Athéniens et les Ioniens, et que l’instigateur de ce ras­ προίξονται άποστάντες, εΐρέσθαι οΐτινες εΤεν οί ’Αθηναίοι,
semblement de troupes, celui qui avait tramé le complot, μετά δέ πυθόμενον αίτήσαι τδ τόξον, λαβόντα δέ καί
était le Milésien Arislagoras. Dans le premier moment, dit- έπιθέντα δϊστδν Κνω πρδς τδν ούρανδν άπείναι, καί μιν ές
on, après qu’il eut appris la nouvelle, il ne tint aucun τδν ήέρα βάλλοντα ε ίπ ε ίν « ΖεΟ, Ικγενέσθαι μοι ίο
compte des Ioniens, sachant bien qu’eux du moins ne man­ ’Αθηναίους τείσασθαι », εΐπαντα δέ ταΟτα προστάξαι âvl
queraient pas de payer cher leur révolte ; mais il demanda qui τΩν θεραπόντων δείπνου προκειμένου αότφ ές τρίς
étaient les Athéniens ; puis, quand il l’eut appris, il réclama
έκάστοτε είπείν· α Δέσποτα, μέμνεο τΩν ’Αθηναίων. »
son arc, le prit et mit dessus une flèche qu’il décocha en
Προστάξας δέ ταΟτα εΤπε, καλέσας ές 8ψιν Ίστιαίον τδν 106
haut vers le ciel, et, pendant qu’il frappait les airs, s’écria :
« O Zeus1, qu’il me soit donné de tirer vengeance des Μιλήσιον, τδν δ Δαρεΐος κατείχε χρόνον ήδη πολλόν·
Athéniens !» ; et, cela dit, il ordonna &l’un de ses serviteurs « Πυνθάνομαι, Ίστιαίε, έπίτροπον τδν σόν, τφ σύ Μίλητον
de lui répéter par trois fois, chaque fois qu'on lui servirait έπέτρεψας, νεώτερα ές έμέ πεποιηκέναι πρήγματα- άνδρας
106 son dîner: « Maître, souviens-toi des Athéniens ». Après γάρ μοι έκ τή ς έτέρης ήπείρου έπαγαγών καί "Ιωνάς σύν 5
avoir donné cet ordre, il manda en sa présence Histiée de αύτοΐσι τούς δώσοντας έμοί δίκην τΩν έποίησαν, τούτους
Milet, qu’il détenait depuis longtemps déjà, et lui dit: άναγνώσας 5μα έκείνοισι έπεσθαι Σαρδίων με άπεστέρησε.
« J ’apprends, Histiée, que ton homme de confiance, celui à ΝΟν δν κΩς τοι ταΟτα φαίνεται Ιχειν καλώς ; Κώς δέ &νευ
qui, toi, tu as confié Milet, a suscité des troubles pour me τΩν σΩν βουλευμάτων τοιοΟτό τ ι έπρήχθη ; "Ορα μή έξ
nuire ; il a mené au combat contre moi des hommes venus ΰστέρης σεωυτδν έν αίτίη σχής. » Ε ίπε πρδς ταΟτα ίο
de l’autre continent, et avec eux les Ioniens, qui seront punis
Ίστιαίος· « ΒασιλεΟ, κοίον έφθέγξαο έπος, έμέ βουλεΟσαι
de ce qu’ils ont fait ; il a persuadé à ceux-ci de marcher avec
ceux-là et il m’a enlevé Sardes. Eh bien, cette conduite peut-
elle te sembler honnête ? Comment pareille chose a-t-elle pu 105 a έξαγγέλθη codd. pi. : έξηγγ- Ε || εμπέπρησθαι ABCE Pap.
Ox. 695: έμπρησθήναι cett. || 3 τόν codd. pi. : των V || γενέσθαι -
s’accomplir sans tes conseils ? Prends garde de n ’avoir pas om. S II 5 πρώτα codd. pi. : -τον Ε || αυτόν post έπύθετο E || 6 ουδένα
plus tard des reproches à te faire à toi-même. » A cela Histiée λόγον codd. pi. : λ. ούδ. Ε || 6-7 ε3 είδότα... άποστάντες om. Ε || η οί
répondit : α O Roi, quelle parole as-tu prononcée là ? Que- om.'ES II g προς ABGE : ές PUS ε!ς DV || άπείναι ABCEP*: άφ-
P‘DUSV y ές codd. pi. : είς DV || ίο βάλλοντα ABCEP : βαλόντα
l’espoir, — qui fut alors déçu, — de provoquer à Cypre une révolte... vel βάλοντα DUSV || Ικγενέσθαι ABCEP : έγγεν- DUSV γεν- Eust. ad
Il devait y avoir dans l’île un fort parti dévoué aux intérêts du Roi, II. a48 II ii τείσασθαι: τίσ- codd. || ι3 ’Αθηναίων desinit E.
parti dont Onésilos ne réussit que plus tard à vaincre la résistance. 106 a ηδη PDUSV : δή ABC II 4 ές έμέ πεποιηκέναι ABGP : πιπ. ές
La population d’Amathonte (Hamath), où dominaient les éléments έμέ DUSV U7 άπεστέρησε ABCP : -ηκε DUSV || 8 ταυτα φαίνεται
orientaux, était à la tête de ce parti. ABCP : φαίν. ταθτα DUSV || g τοιούτο P marg. : -dv ÀBG τούτων
I . Nommé par l'auteur grec à la place d’Ahuramazda.
DUSV y 10 σεωυτόν CPUS: σεαυτόν ABDV || σχης PDUSV: ’έχης
AB* Ιχεις BfC.
l38 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 106
T to e TERPSICHORE 138 πρήγμα έκ τοΟ σοΙ τι ή μέγα ή σμικρδν έμελλε λυπηρόν
moi j ’aie conseillé quelque chose d’où puisse naître pour toi άυασχήσειν ; ΤΙ 8’ 8ν έπιδιζήμενος ποιοΐμι ταΟτα, τέο δέ
un ennui petit ou grand ? Que chercherais-je en agissant de ένδεής έών ; Τφ πάρα μέν πάντά 8σα ιτερ σοΙ, πάντων δέ
la sorte? Que me manque-t-il ? J ’ai la jouissance de tout ce πρδς σέο βουλευμάτων έπακοόειν άξιοΟμαι. Άλλ* εΐπερ τ ι ι5
dont tu jouis, tu m ’admets à entendre toutes tes délibérations.
τοιοΟτο oîov σύ εΤρηκας πρήσσει δ έμδς ΙπΙτροπος, ΐσθι
Si véritablement mon homme de confiance se conduit ainsi
αύτδν έπ’ ΙωυτοΟ βαλλόμενου πεπρηχέναι. ’Αρχήν δέ έγωγε
que tu l’as dit, sache qu’il prend sur lui de le faire. Pour
mon compte, je ne crois pas du tout cette histoire, que les οΰδέ ένδέκομαι τδν λόγον, 8κως τ ι Μιλήσιοι καί δ Ιμδς
Milésiens et mon homme de confiance jettent le trouble dans έπίτροπος νεώτερον πρήσσουσι περί πρήγματα τά σά· εΐ δ’
tes affaires ; si pourtant ils font quelque chose de tel, si ce &ρα τι τοιοΟτο ποιεΟσι καί σύ τδ έδυ άκήκοας, & βασιλεΟ, ao
que tu as entendu dire est la réalité, comprends, ό Roi, la μάθε οΐον πρήγμα έργάσαο έμέ άπδ θαλάσσης άνάσπαστον
portée de ce que tu as fait en m ’arrachant du bord de la mer. ποιήσας. Ίω ν ες γάρ οϊκασι έμέο Ι ξ δφθαλμΰν σφι γενο-
Les Ioniens ont profité, je pense, de ce que j ’étais hors de vue μέυου ποιήσαι τάν πάλαι ίμερον είχαν’ έμίο δ* Αν έόντος
pour accomplir ce qu’ils désiraient depuis longtemps ; si έν Ίωνίη οόδεμία πδλις ΰπεκίνησε. ΝΟν &ν ώς τάχος Αψες
j ’avais été en Ionie, pas une ville n’eût bougé. Maintenant με πορευθήυαι ές Ίωνίην, ΐνα τοι κεΐνά τ ε πάντα καταρ- a5
laisse-moi donc bien vite partir pour l’Ionie, je te remettrai τΐσω ές τώυτδ καί τδν Μιλήτου έπίτροπον τοΟτον τδν
là toutes choses dans le même état que devant, et je livrerai
ταΟτα μηχανησάμενον ΙγχειρΙθετον παραδύ. ΤαΟτα δέ κατά
entre tes mains ce gouverneur de Milet qui a tramé ce
νόον τδν σδν ποιήσας θεούς Ιπδμνυμι τούς βασιληίους μή
complot. Et, quand j ’aurai réglé ces affaires selon ta volonté,
je le jure par les dieux de la maison royale, je ne quitterai μέν πρότερον έκδύσεσθαι τδν εχων κιθώυα [καταδήσομαι ές
pas lé chiton1 que j ’aurai lors de mon arrivée en Ionie avant Ίωνίην πρίν Αν τοι Σαρδώ νήσον τήν μεγίστην δασμοφόρον 3ο
d’avoir réduit à te payer tribut la Sardaigne, la plus grande des ποιήσω, s Ίστιαίος μέν δή λέγων ταΟτα διέβαλλε,ξΔαρείος 107
107 lies. 8» En tenant ce discours, Histiée ne cherchait qu’à trom­ δέ έπείθετο καί μιν Απίει, έντειλάμενος, έπεάν τά δπέσχετό
per ; Darius le crut ; il lui donna congé, lui enjoignant, quand il οΐ έπιτελέα ποιήση, παραγίνεσθα! οί δπίσω έ ς τά ΣοΟσα.
aurait accompli ses promesses, de revenir à Suse auprès de lui.
106 ia σοί codd. pi. : σύ SV || rj (ante ρίγα) om D || Ιμελλε
I. Le chiton se portait à même la peau, comme une chemise. Le λυπηρόν ABCPD : λυπ. ϊμελλον USV || ι3 έπιδιζήμενος codd. pi. :
vœu d’Histiée est le même que fera Isabelle la Catholique. Ιπιδειζ- Β [I ποιοΐμι ABC: ποιέοιμι cett. || τίο : τεΰ codd. [| i/j περσοί
a. Cette opinion avantageuse des dimensions de la Sardaigne codd. pi. : περ σί D*(î)V Πέρσησι S [[ ι5 σέο codd. pi. : σεδ D || άξιοδ-
parait avoir été courante dans l’antiquité (Paus. IV a3 5 ; X 17 a). μ*ι : -εϋμαι codd. || τι codd. pi. : τοι C || ι 6 τοιοδτο : -ον codd. ||
L'fie occupait grandement l’imagination des Ioniens : lors de la πρήσσει codd. pi. : -ειν UV || 17 έωυτοΰ ABGPU : -τφ DSV || βαλλό-
conquête de l’Ionie par Harpage, Bias leur avait conseillé de s’y ptvov codd. pi. : βαλό- CP || πεπρηχέναι PDUSV : πεποιηχένοι ABC
transporter en masse (1 170) et Aristagoras pensera à y aller fonder Fortasse delendum || ao τοιοδτο ποιεδσι ABCP : π. τοιοδτον. DUSV ||
une colonie (ia4)· Mais que vient faire ioi la promesse fanfaronne Ιόν codd. pi. : Ιών D1 || aa οΐχασι codd. ρΐ. : ήχασιν SV || ίμέο : -tS
d’Histiée, λ qui Darius n'en demandait pas tant ? Son exagération, le codd. y a3 των codd. pi. : τάν D || a4 αφες (de hac forma cf.
jeu de mots qu’elle implique (entre Σάρδίΐ et Σαρδώ), l’étrange Hoffmann Ion. Dial. 555) με ABC : με αψις cett. || a5 ές om. SV ||
engagement qui l’accompagne, forment à un discours adroit une χεϊνα ABCP : Ιχεϊνα DUSV || a5-a6 χαταρτίσω DUSV : -vfoio ABCP
conclusion propre à donner des doutes sur le sérieux de ce qui la II 39 Ιχδύσεσβαι Krueger: -σασβαι codd. ||χιβωνα ABCP : νιτώνα
précède ; en attribuant ces propos à Histiée, comme en mettant dans DUSV d 3o τοι PDUSV : σοι ABC.
sa bouche la phrase emphatique du début, Hérodote voulait-il insinuer 107 I δή om. ABCP || a άπίει codd. pi. : άπήιιιΟ ||3oi om. ABC.
qu’il y avait toujours en tout Ionien un bouffon?
V 108 TERPSICHORE i3g i3g ΤΕ ΡΨ ΙΧ Ο ΡΗ V 10«
108 Pendant le temps que la nouvelle de la prise de Sardes 'Eu φ δέ ή άγγελίη te περί r&v Σαρδίων παρά βασιλέα 108
était portée au Roi, que Darius, après l’épisode de l’arc, Δνήιε καί Δαρείος τά περί τδ τόξον ποιήσας Ίστιαίφ Ις
conférait avec Histiée, qu’Histiée, autorisé à partir par
λόγους ήλθε καί Ίστιαΐος μεμετειμένος ύπδ Δαρείου έκο-
Darius, se rendait à la mer, pendant tout ce temps-là, voici
μίζετο έπί θόιλασσαν, έν τούτφ παντί τφ χρόνω έγίνετο
ce qui se passait. Onésilos de Salamine, occupé au siège
d’Amathonte, apprit qu’on attendait à Cypre l’arrivée du Perse τάδε. Πολιορκέοντι τφ Σαλαμινίφ ΌνησΙλφ Άμαθουσίους 5
Artybios amenant sur des vaisseaux une armée perse consi­ έξ,αγγέλλεται νηυσΐ στρατιήν πολλήν &γοντα Περσικήν
dérable. Instruit de cette nouvelle, Onésilos envoya des Άρτύβιον &νδρα Πέρσην προσδόκιμον Ις τήν Κύπρον είναι.
hérauts dans les villes d’Ionie pour leur demander de l’aide ; Πυθόμενος 8έ ταΟτα δ Όνήσιλος κήρυκας διέπεμπε Ις
les Ioniens, après une brève délibération, arrivèrent avec une τήν Ίωνίην έπικαλεόμενός σφεας* Ίω νες δέ ούκ ές μακρήν
flotte nombreuse. Ils venaient d’arriver à Cypre, quand les βουλευσάμενοι ήκον πολλφ στόλφ. “Ιωνές τε 8ή παρήσαν ίο
Perses, après être passés de Cilicie sur des vaisseaux, se ές τήν Κύπρον καί οΐ Πέρσαι νηυσΐ διαβάντες έκ τής
mirent en marche par terre pour Salamine1, cependant Κιλικίης ήισαν έπΐ τήν Σαλαμίνα πεζή· τήσι δέ νηυσΐ οί
qu’avec les vaisseaux les Phéniciens contournaient le pro- Φοίνικες περιέπλεον τήν &κρην a t καλεόνται Κληίδες τής
109 montoire qu’on appelle les Clés de Cypre *. Pendant que ces
Κύπρου. Τούτου δέ τοιούτου γινομένου Ιλεξαν οί τύραννοι 109
mouvements s’accomplissaient, les tyrans de Cypre convo­
τής Κύπρου, συγκαλέσαντες τών Ίώνων τούς στρατηγούς·
quèrent les chefs des Ioniens et leur dirent ; « Hommes
d’Ionie, nous autres Cypriotes nous vous donnons le choix « "Ανδρες "Ιωνες, αΐρεσιν ΰμίν δίδομεν ήμεΐς οί Κύπριοι
de combattre qui vous voudrez, Perses ou Phéniciens. Si δκοτέροισι βούλεσθε προσφέρεσθαι ή Πέρσησι ή Φοίνιξι. Εί
vous voulez vous mesurer avec les Perses sur terre en μέν γάρ πεζή βούλεσθε ταχθέντες Περσέων διαπειρδσθαι, 5
bataille rangée, il serait temps pour vous de débarquer et de &ρη &ν εΐη ύμίν Ικθάντας έκ των νεδν τάσσεσθαι πεζή,
prendre sur terre vos positions, pendant que nous embar­ ήμέας δέ ές τά ς νέας έσβαίνειν τάς δμετέρας Φοίνιξι
querons sur vos vaisseaux pour lutter contre les Phéniciens3*. άνταγωνιευμένους· εί δέ Φοινίκων μάλλον βούλεσθε διαπει-
Préférez-vous vous mesurer avec les Phéniciens? ce que vous ρδσθαι, ποιέειν χρεόν έστι ΰμέας, δκότερα &υ δή τούτων
devez faire, quel que soit le parti que vous prendrez, c’est έλησθε, 8κως τδ κατ’ ΰμέας Ισται ή τε Ίωνίη καί ή Κύπρος ίο
d’assurer autant qu’il est en vous la liberté de l’Ionie et de
έλευθέρη. » Εΐπαν "Ιωνες πρδς ταΟτα· « Ή μ έα ς [δέ] άπέ-
Cypre. » Les Ioniens répondirent à cela : « Le conseil
108 I τε περί oui. AB’C || βαοιλέα ABCP: -Ιϊ DUSV j| 3 μεμε-
I. Le corps expéditionnaire avait débarqué sur la côte Nord de τειμε’νος ABC: -ημίνος P’DtUSV -ιμενο; P I.2DS || 6 ίίγοντ« Περσικήν
Cypre, au plus près de la Cilicie, pour gagner la plaine qui traverse om. D 1 y 7 Άρτύβιον codd. pi. : Άντύ- V1 ’Αντί- Vs || 8 b om.
l’île d’Ouest en Est, et attaquer par l’Ouest, pendant que la flotte, ABCS II διίπεμπε codd. pl. : -πεμψεν SV || g ίπιχκλεόμενο'ς ABC :
doublant la pointe orientale de cette même 'côte Nord, attaquerait -εύμενός cett. || ές codd. pl. : εις DV || ia ^loavCPD* : ηισαν AB
par l’Est la ville d’Onésilos, considérée comme le foyer de l’insur­ ήεσαν Da teaav USV || ï3 περιέπλεον ABC : -έπλωον cett. || χαλέονται
rection. CP : -iSvxai cett. || Κληίδες CP : Κλή(ι)δες cett.
a. Exactement, ce qu’on appelait ainsi, d’après Strabon(XIV 6 a), 109 I τοιούτου codd. pl. : τού τ. G || γινομένου codd. pl. : γεν- S ||
était un groupe d’ilots voisins du promontoire. 4 Πέρσησι ή Φοίνιξι om. DUSV || 5 βούλεσθε codd. pl. : -σθαι B || 6 είη
3. En qualité seulement, je pense, de combattants (Ιπιβάται), ΰμιν ABCP : όμϊν ειη DUSV || νεών codd. pl. : νηών SV || 8 άντα-
l’équipage proprement dit (rameurs, iyatelots, officiers mariniers) γωνιευμένους ABC : -θυμένους PUSV -ουμένας D || βούλεσθε codd,
demeurant inchangé. pl. : -σθαι A || ίο Ίωνίη καί ή codd. pl. : Ίωνίηι C || II δε om.
PDUSV II n - i 3 άπίπεμψε ABCP : ϊπεμψε DUSV.
? 109 TERPSICHORE i 4q t4o ΤΕΡ1ΊΧΟΡΗ V 109
commun des Ioniens nous a envoyés pour garder la mer et πεμψε τδ κοινδν τβν Ίώνων φυλάγοντας τήν θάλασσαν,
non pour remettre nos vaisseaux aux Cypriotes et combattre άλλ* οδκ ΐνα ΚυπρΙοισι τά ς νέας παραδόντες αύτοί πεζή
nous-mêmes sur terre contre les Perses. Nous donc, au poete Πέρσησι προσφερώμεθα. Η μ ε ίς μέν νυν έπ’ 00 έτάχθημεν
qui nous a été assigné, nous tâcherons de nous conduire en ταύτη πειρησόμεθα εΐναι χρηστοί- δμέας 8έ χρεδν έστι, ι5
braves ; pour vous, souvenez-vous de ce que vous aviez à
άναμνησθένταςοία έπάσχετε δουλεύοντες πρδς τβν Μήδων,
souffrir de la part des Mèdes quand vous étiez leurs esclaves,
γ£νεσθαι άνδρας άγαθοδς. » “Ιωνες μέν τούτο im άμείψαντο.
110 et montrez-vous hommes de cœ ur1. » Ainsi répondirent les
Μετά δέ ήκόντων ές τδ πεδίον τδ Σαλαμινίων τβν Περ- 110
Ioniens. Après cela, l’armée perse étant arrivée dans la plaine
de Salamine, les princes des Cypriotes choisirent les meilleurs σέων δίέτασσον οί βασιλέες τβν Κυπρίων τούς μέν άλλους
soldats de Salamine et de Soles* pour les opposer aux soldats Κυπρίους κατά τούς άλλους στρατιώτας άντιτάσσοντες,
de race perse, et ils distribuèrent les autres hommes de Cypre Σαλαμινίων δέ καί Σολίων άπολέζαντες τδ άριστον άντέ-
devant les autres ennemis ; Onésilos, de son plein gré, prit τασσον Πέρσησι- Άρτυθίφ δέ τφ στρατηγφ τβν Περσέων 5
position en face d’Artybios, le général des Perses. έθελοντής άντετάσσετο Όνήσιλος.
111 Artybios montait un cheval dressé à se cabrer tout droit “Ηλαυνε δέ ίππον δ Άρτύβιος δεδιδαγμένον πρδς 111
contre un homme armé. Onésilos en était informé; il avait δπλίτην ΐστασθαι δρθόν. Πυθδμενος Sv ταΟτα δ Όνήσιλος,
un écuyer de race carienne, très réputé dans l’art de la ήν γάρ οί ΰπασπιστής γένος μέν Κάρ, τά δέ πολέμια κάρτα
guerre, et d’ailleurs plein de courage; il lui d it8 : « Je sais δόκιμος καί άλλως λήματος πλέος, εΐπε πρδς τοΟτον·
que le cheval d’Artybios, se cabrant tout droit, met à mal
« Πυνθάνομαι τδν Άρτυβίου ίππον Ιστάμενον δρθδν καί 5
l’adversaire à coups de pieds et de dents. Réfléchis donc, toi,
ποσΐ καί στόματι κατεργάζεσθαι πρδς τδν άν προσενειχθή.
et dis-moi sans tarder qui des deux tu veux guetter pour le
frapper, le cheval ou Artybios lui-même. » A cela, le suivant Σύ Sv βουλευσάμενος είπέ αδτίκα δκότερον βούλεαι
d’Onésilos répondit : « Roi, je suis prêt à faire les deux ou φυλάξας πλήξαι, είτε τδν ίππον εϊτε αδτδν Άρτύθιον. »
l’un des deux, et, d’une façon générale, tout ce que tu Ε ΐπε πρδς ταΟτα δ δπέων αδτου- « *Π βασιλεΟ, έτοιμος
commanderas ; je te dirai cependant ce qui, à mon avis, μέν έγώ είμι ποιέειν καί άμφότερα καί τδ έτερον αδτβν καί to
convient mieux à ta condition *. J ’estime qu’un roi, un général^
109 ia τό χοινόν ABCP: τά χοινά DUSV || φυλάξοντας ABPD :
X. N’est-ce pas avec une intention satirique qu’IIérodote, qui -ξαντας GUSV || ι3 οΰχ : οΰχ codd. || Κυπρι'οισι τάς νέας codd. pi. : τάς
d’ordinaire ne fait pas grand cas des Ioniens, leur prête ici ce ton de νέας K. S II πχραδο'ντες codd. pi. : -δοθέντες C || ι3-χ4 πεζή Πέρσησι
supériorité et cette affectation d’obéissance aux instructions du χοινόν, ABC : Π. πεζή cett. || ι4 προσφερώμεθα codd. pi. : -ο'μεβα U || έπ’ οδ
qui aurait servi à couvrir — imparfaitement — leur désir de ne pas ABC : οχου cett. || χ5 είναι χρηστοί ABC : χρ. γενέσθαι PDUSV.
affronter les Perses de trop près P Cf. Macan ad l. 110 4 Σολίων ΑΒΌΡ : -ιίων B2DUSV (| άπολέξαντες AB'CP :
a. Des deux villes les plus pénétrées d’hellénisme. -δέξαντες B2DUSV || 6 έθελοντής ABCP : -ντί DUSV.
3. Comme Cyrus en Oibarès (Ctésias, fr. 29 M. § 4), comme 111 a ί’στασθαι ABC: άνίστ- Eust. ad Dion. 3ç4 άντιτάσσεσθαι
Darius en son palefrenier (III, 85 suiv.), Onésilos trouve en un PDUSV j| Sv codd. pl. : δέ D |j à om. S || 3 γένος μέν AB : γ*νο'μενος
serviteur avisé bon conseil et précieuse assistance. Ce personnage du μέν G2PDUSV γινόμενος C1 || Κάρ, τά δέ ABC* : χάρτα δέ C1 χαί
serviteur avisé, personnage fréquent dans les contes, annonce le τά PDSV τά U || πολέμια codd. pl. : -μήια DV || χάρτα codd. pl. :
« servus callidus » de la Nouvelle Comédie. πάντα Β έργα S || 4 λήματος codd. pl. : λήμμ- D 1 || πλέος PDUSV :
4- On lit chez Photius, dans une note qui peut-être se réfère à ce πλέως ABC II 6 προσενειχθή ABC2 : -ενεχθή cett. || η είπέ aurixaABG:
passage: προσφερέστερος· βελτίων, c’est-à-dire: plus utile, plus avan- αΰτίκα είπέ(ν) cett. ||.g όπέων Dindorf : -άων codd. pl. παόων C.
V in TERPSICHORE 141 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V iü
doit combattre contre un roi, un général ; car, ai tu abats un •πάντως τδ Αν σύ Ιπιτάσσης· ώς μέντοι Ιμοιγε δοκέει είναι
général, c’est pour toi une grande gloire, et, à défaut de τβίσι σοϊσι πρήγμασι προσφερέστερον, φράσω. Βασιλέα μέν
cela, si c’est lui qui t ’abat, — ce qu’aux dieux ne plaise, καί στρατηγ6ν χρεδν είναι φημι βασιλέΐ τε καί στρατηγφ
— la mort même n’est qu’un demi-malheur, donnée par un προσφέρεσθαι· f|v τε γάρ κατέλης Ανδρα στρατηγόν, μέγα
digne adversaire1 ; à nous, les serviteurs, de combattre τοι γίνεται, καί δεύτερα, ήν σέ Ικεϊνος, τδ μή γένοιτο, ύπδ ι5
d’autres serviteurs et contre un cheval. Ne crains point, pour άξιοχρέου καί άποθανεΐν ήμίσεα συμφορή·, ήμέας δέ τούς
ta part, les manœuvres de ce cheval ; car, moi, je te promets ΰπηρέτας έτέροισΐ τε ύπηρέτησι προσφέρεσθαι καίπρδς
qu’il ne se dressera plus en face de personne3. »
ίππον. ΤοΟ σύ τάς μηχανάς μηδέν φοβηθής- έγώ γάρ τοι
Ainsi dit-il ; et, aussitôt après, les armées engagèrent
ΰποδέκομαι μή μιν άνδρός Ιτι γε μηδενδς στήσεσθαι
l’action et sur terre et sur mer. Sur mer, les Ioniens, qui se
H2 distinguèrent fort en cette journée, triomphèrent des Phé­ έναντίον. » 30
niciens ; et, parmi eux, les Samiens firent lé mieux. Sur ΤαΟτα είπε, καί μεταυτίκα συνέμισγε τά στρατόπεδα 112
terre, dès que les armées eurent pris contact, elles fondirent πεζή καί νηυσί. Νηυσί μέν νυν "Ιωνες Ακροι γενόμενοι
l’une sur l’autre et combattirent ; et voici ce qui se passa ταύτην τήν ήμέρην ΰπερεβάλοντο τούς Φοίνικας, καί τού-
entre les deux généraux. Artybios, monté sur son cheval, se των^Σάμιοι ήρίστευσαν. Πεζή δέ, ώς συυήλθου τά στρατό­
portait contre Onésilos ; Onésilos, selon l’accord fait avec son πεδα, συμπεσόντα Ιμάχοντο- κατά δέ τούς στρατηγούς 5
écuyer, frappe Artybios lui-même pendant qu’il avance ; et, άμφοτέρους τάδε Ιγίνετο. Ώ ς προσεφέρετο πρδς τδν
comme le cheval lance ses pieds contre le bouclier d’Onésilos, Όνήσιλον δ "Αρτύθιος έπΐ τοΟ ίππου κατήμένος, δ Ό νή-
le Carien, d’un coup de sabre courbe9, lui tranche les σιλος κατά συνεθήκατο τφ ύπασπιστή παίει προσφερόμενον
jambes ; alors, Artybios, général des Perses, tombe sur place
αΰτδν τδν "Αρτύθιου* έπιβάλλοντος δέ τοΟ ίππου τούς
113 avec son cheval. Pendant que les autres combattants étaient
πόδας έπί τήν τοΟ Όνησίλου άσπίδα, ένθαΟτα δ Κάρ ι°
aussi aux prises, Stésénor, tyran de Courion, qui avait avec
lui un corps de troupes considérable, passa à l’ennemi (ces δρεπάνφ πλήξοες άπαράσσει τοΟ ϊππου τούς πόδας· "Αρτύ-
Couriens sont, dit-on, des colons des Argiens). La défection βιος μέν δή δ στρατηγός τδν Περσέων δμοΟ τφ ΐππω
π ίπ τει αύτοΟ ταύτη. Μαχομένων δέ καί τδν Αλλων Σ τη- 113
σήνωρ, τύραννος Ιών Κουρίου, προδιδοΐ Ιχων δύναμιν
tageux, ce qui serait pour προσφερής une signification insolite. Mais
s’agit-il ici d’utilité ? et τοϊσι σοϊσι πρήγμασι veut-il dire « pour tes άνδρδν περί Ιωυτδν ού σμικρήν (οΐ δέ Κουριέες οδτοι
intérêts »? Le contexte engage à entendre ces mots de la condition
d’Onésilos, et προσφιλής peut exprimer l’idée de conformité avec cette 111 h σύ om. DUSV, post έπιτάσσγς Ρ || έπιτάσση; codd. pi. :
condition. La correction προσφοοέστερον me paraît donc inutile. -τάσ^ς UV KΙμοιγε codd. pi. : γε SV || 12 σοϊσι om. C || προσφερέσ-
1. En se commettant avec un adversaire de qualité inférieure, τερον codd. pi. : προφερ- USV προσρορ- coniecit Stein. Gf. quod
un homme de haut rang se ravale ; inversement, périr de la main ad versionem gallicam adnotavi || ι3 τε om. ABC || ιδ δεύτερα
d’un adversaire noble et glorieux, c’est en quelque façon être asso­ PDUSV : -pov ABC II ι6 άξιορχρέου : -όχριω codd.
cié à sa noblesse ; il est intéressant de trouver l’expression de cette 112 I μεταυτίκα ABCP : μετά αϋτίκα DUV μετά S [| 3 ύπερεδά-
idée, qui a comme un parfum de chevalerie, chez un auteur grec λοντο codd. pi. : -δάλλοντο B || 4 συνηλθον DUSV : -θε ABCP ||
du V* siècle. 8 κατά ABC : κατά τά cett. || συνεθήκατο D : ξυν- cett. || 9 αυτόν om.
2. Même façon de dire 1. IV ch. 136 ad fin. DUSV II έπιβάλλοντος scripsi : -βάλοντος V -βαλο'ντος cett. || 10 τού
3. Δρεπάνω. Un tel sabre, en forme de faucille, faisait partie de om. P y Κάρ codd. pi. : όπάων S.
l’armement des Cariens et Lyciens (VII ga, g3). 113 3 έωυτόν PDUSV : αυτόν ABC || δέ libenter deleverim.
V 113 TERPSICHORE i4 a
i4» ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V ÜÎ
des Courions fut suivie aussitôt par celle des chars de guerre1
λέγονται είναι ’Αργείον Αποικοι). Προδόντον δέ τδν Κου­
de Salamine, qui firent comme eux. Grâce à ces défections,
ρνέων αότίκα καί τά Σαλαμινίβν πολεμιστήρια Αρματα 5
les Perses eurent l’avantage sur les Cypriotes. L’armée de
ceux-ci tourna le dos ; beaucoup périrent, entre autres Oné- τ&υτδ τοίσι ΚουριεΟσι έποίευν. Γενομένβν δέ τούτον
silos fils de Chersis, auteur de la révolte de Cypre, et le κατυπέρτεροι ή σαν οΐ Πέρσαι τδν Κυπρίων. Τετραμμένου
prince de Soles, Aristokypros fils de Philokypros, de ce δέ τοΟ στρατοπέδου Αλλοι τε Ιπεσον πολλοί καί δή καί
Philokypros que l’Athénien Solon, venu à Cypre, avait loué Όυήσιλός τε δ Χέρσιος, 8ς περ τήν Κυπρίου Απόστασιν
dans ses vers plus que tous les autres tyransI.23. έπρηξε, καί δ Σολίων βασιλεύς Άριστδκυπρος δ Φίλο- ίο
114 Les gens d’Amathonte coupèrent la tête d’Onésilos, parce κύπρου, Φιλοκύπρου δέ τούτου τδν Σόλου δ Αθηναίος
qu’il les avait assiégés, l ’emportèrent à Amathonte et la sus­ Απικδμενος ές Κύπρον έν Ιπεσι αϊνεσε τυράννου μάλιστα.
pendirent au-dessus de leur porte. Cette tête était ainsi Όνησίλου μέυ νυν Άμαθούσιοι, 8τ ι σφέας έπολιδρκησε, 114
suspendue et déjà vide, quand un essaim d'abeilles y entra et
Αποταμόντες τήν κεφαλήν έκόμισαν ές ΆμαθοΟντα καί μιν
l’emplit de rayons de miel K A la suite d’un tel incident, les
Ανεκρέμασαν ύπέρ τδν πυλέου. Κρεμαμένης δέ τή ς κεφαλής
gens d’Amathonte ayant consulté l’oracle au sujet de la tête,
il leur fut répondu de la descendre et de l’ensevelir, et καί ήδη έούσης κοίλης έσμδς μελισσέον έσδύς ές αύτήν
d’offrir chaque année des sacrifices à Onésilos comme à un κηρίων μιν ένέπλησε. Τούτου δέ γενομένου τοιούτου, έχρέ- 5
113 héros ; que, s’ils le faisaient, ils s’en trouveraient mieux. Ils «ντο γάρ περί αότής οί Άμαθούσιοι, έμαντεύθη σφι τήν
le firent donc, et le faisaient encore de mon temps. μέν κεφαλήν κατελδντας θάψαι, Όνησίλφ δέ θύειν &ς
Les Ioniens qui avaient livré bataille sur mer dans les ήρωι Ανά πΑυ έτος, καί σφι ποιεΟσι ταΟτα Αμειυον συυοί-
eaux de Cypre, dès qu’ils eurent appris que les affaires σεσθαι. Άμαθούσιοι μέυ νυν έποίευν ταΟτα καί τύ μέχρι 115
d’Onésilos étaient ruinées et que toutes les villes des Cypriotes έμέο.
étaient assiégées, à l’exception de Salamine, remise par les "Ιωνες δέ οί έν Κύπρφ ναυμαχήσαντες έπείτε Ιμαθον τά
Salaminiens au précédent roi Gorgos*, ces Ioniens, aussitôt πρήγματα τά Όνησίλου διεφθαρμένα καί τά ς πόλις τδν
I. Au commencement du ve siècle, les chars de guerre n’étaient Κυπρίου πολιορκεομένας τά ς Αλλας πλήν Σαλαμΐυος, 5
pas en usage chez les Grecs. Ceux dont il s’agit ici devaient être ταύτην δέ Γ"όργω τφ προτέρφ βασιλέί τούς Σαλαμινίους
montés par des éléments orientaux de la population de Salamine, ce
qui expliquerait leur défection et la reddition sans combat de la ville
à Gorgos. 113 4 δέ codd. pi. : δέ χαί G || 6 έποίευν : -eov PDUSV : -εε ABG ||
a. Fils d’un homme dont Solon avait été l’hôte quelque 70 ans γινομένων van Herwerden : γιν- codd. || 7 ήσ*ν ol Πέρσαι ABGPU :
plus tôt, Aristokypros ne mourait pas &la fleur de l’âge. οί Π. ήσαν DSV || 8 δέ ABCPU : τε DSV || ίο Σολίων ABCP : -ιέων
3. Le choix fait par les abeilles du crâne desséché d’Onésilos pour DUSV II Άριστόχυπρος codd. pi. : -χυπος V.
y faire leur miel était une sorte de protestation contre le traitement 114 3 άνεχρέμασαν ABG : άπεχρ- cett. || χρεμαμένης codd. pi. :
injurieux qui lui avait été infligé. A demi des Barbares, les gens χρέμασμ- V || 4 ήδη έούσης ABC : οίίσης ήδη cett. || 5 μιν codd. pi. :
d’Amathonte s’étaient emportés, à l’égard du cadavre d’un ennemi μέν G H ένέπλησε codd. pi. : -σαν S || 5-6 έχρέωντο codd. pi. : -έοντο
vaincu, à des actes d’excessive vengeance tels que Pausaniae, après PV -ίοντο S H 6 οί om. S || η μέν om. PDUSV H θάψαι codd. pi. :
Platée, refusa d’en commettre, les déclarant indignes d’un Grec ψάψαι V II 8-115 I άμεινον ... ταΰτα om. G || 8-9 συνοίσεσθαι codd.
(IX 78). pi. : -ήσεσθαι SV.
i. Gorgos reparaîtra 1. VII ch. 98 comme chef d’un contingent 115 I νυν om. AB || μέχρι ABCPU : -ις DSV || a έμέο : -ευ codd.
cypriote dans l’armée de Xerxès. II 3 οί codd. pi. : χαί οί D om. G || 4 τα om. ABG || πόλις AB2 : -εις
G -ιας cett. || 5 πολιορχιομένας DUSV : -ευμένας ABCP.
V 115 TERPSICHORE ι43 i43 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 115

informés de cela, firent route pour regagner l’Ionie. Des παραδόντας, αύτίκα μαθόντες ol Ηωνες ταΟτα άπέπλεον ές
■villes de Cypre, ce fut Soles qui résista le plus longtemps au τήν Ίωνίην. Τ δν δέ έν Κύπρφ ττολίων άυτέσχε χρόνον έπΐ
siège ; les Perses minèrent les murailles tout autour de la πλεΐστον πολιορκεομένη Σόλοι, τήν πέριξ ΰπορύσσοντες ιό
116 place et s’en emparèrent le cinquième mois. Après une année τείχος πέμπτφ ρηνί εΐλον ol Πέρσαι. Κύπριοι μέν δή 116
de liberté, les Cypriotes se trouvèrent dès lors de nouveau ένιαυτδν έλεύθεροι γενόμενοι αδτις Ικ νέης κατεδεδού-
asservis. λωντο.
Daurisès, gendre de Darius, Hymaiès et Otanès ‘, autres Δαυρίσης δέ Ιχων Δαρείου θυγατέρα καί Ύ μαίης τε καί
généraux perses qui avaient eux aussi épousé des filles du Ό τάνης, άλλοι Πέρσαι στρατηγοί, Ιχοντες καί ο8τοι 5
Roi, s’étaient attachés à la poursuite de ceux des Ioniens qui Δαρείου θυγατέρας, έπιδιώξαντες τούς Ις Σάρδις στρατευ-
avaient fait campagne contre Sardes et les avaient refoulés
σαμένους Ίώνων καί έσαράξαντές 'σφεας ές τά ς νέας, τή
sur leurs vaisseaux ; vainqueurs dans une bataille, ils
μάχη &ς έπεκράτησαν, τδ ένθεΟτεν έπιδιελόμενοι τάς πόλις
s’étaient ensuite partagé les villes et les mettaient au pillage*.
117 Daurisès se tourna contre les villes de l’Hellespont : il prit έπόρθεον. Δαυρίσης μέν τραπόμενος πρός τά ς έν Έλλησ- 117
Dardanos, prit Abydos, Percote, Lampsaque, Paisos (il πόντω πόλις είλε" μέν Δάρδανον, εΐλε δέ “Αδυδόν τε καί
prenait ces villes à raison d’une par jo u r)8; de Paisos il Περκώτην καί Λάμψακον καί Παισόν (ταύτας μίαν έπ’
marchait sur la ville de Parion, quand la nouvelle lui vint ή μέρη έκάστη αΐρεε), άπδ δέ ΠαισοΟ έλαύνοντί [ol] έπΐ
que les Cariens, animés des mêmes sentiments (jue les t Πάριον πόλιν ήλθέ ol άγγελίη τούς Κάρας τώυτδ “Ίωσι 5
Ioniens, s’étaient révoltés contre les Perses. Il se détourna φρόνήσαντας άπεστάναι άπδ Περσέων. Άποστρέψας Δν
donc de l’Hellespont et mena son armée en Carie. έκ τοΟ Ελλησπόντου ήλαυνε τδν στρατδν Ιπ Ι τήν Καρίην.
118 Les Cariens eurent la chance d’en recevoir l’annonce avant Καί κως ταΟτα τοίσι Καρσί έξαγγέλθη πρότερον ή τδν 118
que Daurisès arrivât. Informés, ils se réunirent au lieu
Δαυρίσην άπικέσθαι. Πυθόμενοι δέ ot Κάρες συνελέγοντο
appelé les Colonnes Blanches, sur les bords du fleuve
Ιπ Ι Λεύκάς τε Στήλας καλεομένας καί ποταμδν Μαρσύην,
Marsyas, qui vient du pays d ’Idriade* et se jette dans le
Méandre. Quand ils furent réunis en cet endroit, beaucoupI.*34 δς βέαν έκ τής “Ιδριάδος χώρης Ις τδν Μαίανδρον έκδιδοΐ.
Συλλεχθέντων δέ τδν Καρδν ένθαΟτα έγίνοντο βουλαί 5
άλλαι τε πολλαΐ καί άρίστη γε δοκέουσα είναι ΙμοΙ (ή )
I. Le même qu’au chapitre a5? A remarquer, en ce cas, du point
de vue de la composition, que sa parenté royale aurait pu être signalée
dès lors, en même temps que celle d’Artaphernès, et qu’il aurait pu
être rappelé ici qu’il avait déjà été parlé de lui. 115 7 άπέπλεον AB*G : -έπλιοον cett. |] 8 έν Κύπρω ABCP :
Κυπρίων DUSV || άντέσχε χρόνον ABCP : χρ. άντ. DUSV || ηπολιορ-
a. Daurisès, Hymaiès et Otanès étaient les commandants des
troupes venues secourir Artaphernès &Sardes (oh. 10a); la-bataille κεομένη B*DUSV : -ευμένη AB'CP.
gagnée par eux était celle d’Ëphèse. 116 5 άλλοι AB'C : καί άλλοι cett. || 6 ές PD : έν celt. || Σάρδις
PD: -Si S Vine, -loicett. Il 8 πόλις AB: -εις C -ικς cett. (item 117 I. a).
3. Hérodote parait prendre plaisir à signaler combien faible fut la
résistance des Hellespontins ; ils avaient été, semble-t-il, entraînés de 117 3 Περκώτην codd. pi. : -κώπην PlV -ιώπην S || Παισόν
ABGPD : Πέσον USV |j μίαν Powell : μέν codd. || 4 ήμέρη έκαστη
force dans la révolte (ch. xo3 : ... 4π’ έωυτοϊσι έποιήσαντο).
AB*G : ήμερης Ικάστης celt. || Παισοΰ codd. pi. : ΠεσοΟ D’SV || [oi]
4. L’Idriado était la partie de la Carie ayant pour-centre Idrias (ou
seclusi II 5 oi ABC : om. cett. || 6 άποστρέψας codd. pi. : άποτρ- SV.
Chryaaoria, plus tard Stratonicée ; Paus., V ai io). Le Marsyas
nommé ici s’appelle aujourd’hui Tchin-tchai. Les Colonnes Blanches 118 I ή ABC : πριν ή PDUS : πρηνί V || 5 έγίνοντο codd. pi. :
γίνονται A 1 || 6 έμοι codd. pi. : Ιμή V || (ή) add. van Herwerden.
l’avoisinaient-; il n’y a nulle raison de les identifier avec le lieu où
Y 118 TERPSICHORE ί&έ ià τ ε ρ ψ ιχ ο ρ η ÿ m
d’opinions furent émises, la meilleure, àmon sens, étant celle Πιξωδάρου τοΟ Μαυσώλου άνδρδς Κινδυέος, 8ς τοΟ
de Pixodaros fils de Mausole, de Kindyé ‘, gendre du roi des Κιλίκων βασιλέος Συεννέσιος εΐχε θυγατέρα. Τούτου τοΟ
Ciliciens Syennéeis. L’avis de cet homme était que les Ghriens άνδρδς ή γνώμη έφερε διαβάντας τδν Μαίανδρον τούς
franchissent le Méandre et combattissent avec le fleuve à dos, Κάρας καί κατά νώτου έχοντας τδν ποταμδν οδτω συμ- ,0
pour que l’impossibilité de reculer et de fuir et la nécessité βάλλειυ, Χνα μή έχοντες δπίσω φεύγειν οί Κάρες αάτοΟ τε
de tenir bon sur place accrussent encore leur bravoure natu­ μένειν Αναγκαζόμενοι γινοΐατο ετι άμείνονες τής φύσιος.
relle. Cet avis ne prévalut pas ; les Gariens aimèrent mieux ΑΒτη μέν νυν οΰκ ένίκα ή γνώμη, άλλά τοίσι Πέρσησι κατά
que les Perses eussent le Méandre à dos plutôt que de νώτου γίνεσθαι τδν Μαίανδρον μάλλον ή σφίσι, δηλαδή ήν
l’avoir eux-mêmes, dans la pensée sans doute que, si les
φυγή τών Περσέων γένηται καί έσσωθέωσι τή συμβολή, ώς ί5
Perses étaient vaincus dans la rencontre et prenaient la
οόκ άπονοστήσουσι ές τδν ποταμδν έσπίπτοντες. Μετά δέ yg
fuite, ils ne pourraient faire retraite et tomberaient dans le
119 fleuve’. Là-dessus, les Perses se présentèrent et passèrent le παρεόντων καί διαβάντων τδν Μαίανδρον τών Περσέων
Méandre ; les Cariens en vinrent alors aux mains avec eux ένθαΟτα έπΐ τώ Μαρσύη ποταμφ συνέβαλάν τε τοίσι
sur les bords du Marsyas et soutinrent un combat violent et Πέρσησι οί Κάρες καί μάχην Ιμαχέσαντο Ισχυρήν καί έπί
prolongé ; mais, en fin de compte, ils furent vaincus par le χρόνον πολλόν, τέλος δέ έσσώθησαν διά πλήθος. Περσέων 5
nombre. Du côté des Perses tombèrent environ deux μέν δή Ιπεσον άνδρες ές δισχιλίους, Καρών δέ ές μυρίους.
mille hommes ; du côté des Cariens, environ dix mille. Ceux ΈνθεΟτεν δέ οί διαφυγόντες αότών κατειλήθησαν ές
d’entre ces derniers qui échappèrent au désastre se réfugièrent Λάβραυνδα ές Διδς Στρατιού ίρόν, μέγα τε καί άγιον άλσος
en masse à Labraunda3dans le sanctuaire de Zeus Stratios, où πλατανίστων (μοΟνοι δέ τών ήμεΐς ΐδμεν Κάρές είσι οί Διί
il y a un grand bois sacré de platanes (les Gariens sont les
Στρατίφ θυσίας άνάγουσι). Κατειληθέντες [δέ] ών οδτοι ΙΟ
seuls, autant que nous sachions, qui offrent à Zeus Stratios
ένθαΟτα έβουλεύοντο περίσωτηρίης, δκότερα ή παραδόντες
des sacrifices). Entassés là, ils délibéraient sur le moyen de
σφέας αότούς Πέρσησι ή έκλιπάντες τδ παράπαν τήν
les Cariens tenaient, au temps de Strabon (XIV a a5), des assemblées Άσίην άμεινον πρήξουσι. Βουλευομένοισι δέ σφι ταΟτα 120
religieuses et politiques.
I. Le fameux Mausole du Mausolée, qui régna à Mylasa, puis à 118 7 Πιξωδάρου ABG : Πιξοδ- cett. || Μαυσώλου codd. pi. :
Halicarnasse au iv· siècle, et un Pixodaros qui régna ensuite (Strabon, Μαυσο- D* An Μαυσσώλου (coll. Bechtel Dial. Insohr. 5753) scri­
XIV a 17), pouvaient être de ses descendants. Kyndié, qui n’existait bendum ? K 8 Συεννέσιος codd. pl. : Συνενν- CD || 10- n συμδάλλεΐν
plus à l’époque de Strabon. avait été, dit-il (XIV a ao), une bour­ codd. pl. : ξνμβ- CP || 11 έχοντες ABCP : σχο'ντες DUSV || ia γινοίατο
gade (χωρίον) du pays de Mylasa ; gendre d’un « roi des Ciliciens », AB‘C : γεν- cett. || φύσιος codd. pl. : -σεως V |[ lé μάλλον om. DUSV
Pixodaros devait être quelque ohose de plus qu’un simple citoyen de Il ήν ABC : ϊνα ήν cett. || 16 άπονοστήαουσι codd. pl. : -σωσι G’S
cette bourgade. Vine. Il έσπίπτοντες codd. pl. : Ιμπ- SV.'
a. Quoi qu’en pense Hérodote, cette opinion était sans doute plus 119 a τόν Μαίανδρον τών Περσε'ων ABCP : τών Π. τόν Μ. USV
sage ; son adoption dut faciliter le salut des restes de l’armée carienne. Π. τόν Μ. D y 3 συνέβαλόν ABGPU : συνεβάλοντό DSV || 6 άνδρες ές
3. Κώμη du pays de Mylasa (Strabon, XIV a a3). Zeus y était om. DUSV ή δισχιλίους ΑΒΡ : -χίλιοι DUSV χιλίους G || ές μυρίους
appelé aussi Labraundeus. C’était un dieu delà double hache (λάβρος), ABCP : μύριοι DUSV || η αυτών ABPS : -έων CDUV || 8 Λάβραυνδα
dont l’image décore maintes monnaies cariennes, le dieu des armées AB1 : -βρανδα G -βρυνδα cett. || g Ϊδμεν PDUSV : ϊσμεν ABC ||
(Stratios). Son culte ne saurait surprendre chez un peuple qui four­ ίο [δέ] AB : om. cett. Seclusi || ών codd. pl. : τών C || ia Πέρσησι
nissait beaucoup de mercenaires (II i5a, i54, i63, al.), et qui ne om. DUSV II ι3 πρήξουσι codd. pl. : -ωσι G1.
craignait pas la vue du sang (U 61). 120 I σφι codd. pl. : σφίσι D.
V. - i5
? lip TPWIQHQP; <4? »45 TÈPViXOPH V 126
se tirer d’affaire, se demandant s’il vaudrait miens pour eux ftapeytvovWtt βάήΕΐίοϋ'τές Μιλήσιοί τ ΐ Icat ät ΐόύτών σύμ­
. se rendre aux Perses ou abandonner complètement l’Asie. μαχοι* ένθαΟτα δέ τά μέν πρύτερόν ot Κδρες Ιβουλεύοντο
120 Pendant qu’ils délibéraient aipsi, les Milésiens survinrent à μετήκαν, ot 8έ α0τις πόλεμέέιν Ι ξ άρχής άρτέοντο. Kat
la rescousse, avec leurs alliés ; les Cariens renonçèrent alors
ΙπιοΟσΙ τε votai Πέρσησι συμΒάλλουσι καί μαχεσάμενοι 5
à ce qui faisait l’objet de leurs délibérations et se prépa­
Ιπ Ι πλέον ή πρδτερον έσσώθησαν πεσύντων δέ τβν πάντων
rèrent à reprendre la lutte sur nouveaux frais. Les Perses
avançant, ils en vinrent aux mains avec eux, et furent dans πολλΩν μάλιστα Μιλήσιοί Ιπλήγησαν. Μετά δέ τοΟτο τδ 121
ce combat plus gravement défaits que la fois précédente ; rde τρΩμα άνέλαβόν τε καί άνεμαχέσαντσ ot Κάρες- πυθδμενοι
tous les corps engagés il périt beaucoup de inonde ; les γάρ ώς στρατεύεσθαι δρμέαται ot Πέρσαι Ιπ Ι τάς πόλις
121 Milésiens surtout furent durement frappés. Mais ensuite1 les σφέων, έλδχησαν τήν έν Πηδάσοισι δδόν, Ις τήν Ιμπε-
Cariens réparèrent cette défaite et prirent leur revanche: σόντες ot Πέρσαι νυκτδς διεφθάρησαυ Kat αύτοί Kal ot 5
ayant appris que les Perses s’ébranlaient pour attaquer leyrs στρατηγοί αύτδν, Δαυρίσης καί Άμόργης καί Σισιμάκης-
villes, i}s dressèrent uns embuscade sur la route de Pédasa2, σύν 8έ tf<|H άπέθανε καί Μύρσος δ Γύγεώ. ΤοΟ δέ λόχου
les Perses y tombèrent de nuit et furent massacrés, eux Pt τούτου ήγέμώυ ήν ΉρακλεΙδηςΊΒανώλλιος άνήρ Μυλασεύς.
leurs généraux, Daurisès, Amorgès, Sisimakès ; avec eux
Οδτοι μέν νυν τΩν Περσέων οδτω διεφΒάρησαν. 122
périt aussi Myrsos fils de Gygès. L’embuscade était
Ύμάίης δέ καί αΰτδς έών τΩν έπιδιωξάντων τούς ές
122 commandée par Héracleidès fils d’Ibanollis3, de Mylasa3. Ainsi
ftit détruite cette armée perse. Σάρδις στρατευσαμένους Ίώνων, τραπόμενος ές τήν Προ­
Hymaiès, lui aussi un de ceux qui avaient poursuivi les ποντίδα εΐλε ΚΙον τήν ΜυσΙην. Ταύτην δέ έξελών, ώς
Ioniens qui avaient marché contre Sardes, s'était tourné Ιπύθετο τδν'Ελλήσποντον έκλελοιπέναι Δαυρίσην καί στρα- 5
contre la Propontide; il s’empara de Rios en Mysie. Cette ville τεύεσθαι Ιπ Ι Καρίης, καταλιπών τήιν Προποντίδα έπΐ τδν
prise, quand il sut que Daurisès avait quitté l’Hellespont et Ελλήσποντον ήγε τδν βτρατάν, καί εΐλε μέν Λίολέας
Τίάν-ίας 8σΛ -ϊήν "Ιλιάδα νέμονται, εΤλέ δέ Γέργιθας τούς
j . Au bout de combien de temps ? Le fait que Daurisès commandait
encore les troupes donne quelque raison de croire que l’embuscade
120 e-3 τούτων σύμμαχοι ΑΒ· : τ. ξύμμ- CP σύμμ- αΰτίων DUSV ||
suivit de près les combats qui viennent d’étre racontés ; et cet autre 3 τα ABGPi xé DUSV | | ι έδουλεύοντο ABGP: a έβούλοντο DUSV ||·
fait, qu’en 494 les « Pédaséens » furent traités avec égards par le Grand 4 πολεμέειν : -εϊν codd, |[ 6 πλέον ABGP : πλεϋν DÜSV || χων πάνχων
Roi (VI ao), parait signifier que l’embuscade n’était plus une affaire om. PDUSV Οη μάλιστα Μιλήσιοι ABC: Μιλ. μάλ. PDSV Μιλησίων
récente dopt le souvenir fût encore pour Darius up souvenir cuisant.
μάλ. Ü.
D’autre part, les mots qui introduisent le récit (πυνθμνύμεναι χτλ.) 121 3 άνεμάχήσαντο ABGP : έμαχ- DUSV || 3 πο’λις ASP : -εις C'
semblent annoncer une nouvelle campagne ; et op peut pepser que
-ιας DUSV -εας S || 4 έν Πηδάσοισι scripsi : έπί λάσοισι B2DUSV έπ’ι
les Cariens, après deux graves défaites, avaient besoin de quelque δάσωι Ρ έν Πιδάσωι AB* Ιμπιδάσωι G || 4-5 έμπεσάντες codd. pl. :
répit.
έΟιίίσ- U πέσοντες Ö || β αύτδν ABCP : -Ιων DUS'V’ || Δαυρίσης codd.
a. Auprès d’une « petite ville » (πολίχνιον) de Péd^son, dépen­ pl. : AaUp- ÀÉ ΝΆμύργης AB*GPD : Άρμύγης B2ÜSV || Σισιμάκης
dante de Stratonioée, Strabon (XIV i 5q) nomme une antique cité ABG : Σισάμ- PD2 Σισαμάγ/ης D*U Σοσαμάγχής SV || η τοΰ δε λ.
de Pédasos, disparue de son temps, jadis centre d’un district appelé τούτου ABCP : τούτου δέ τοΰ λ. DUSV || 8 Ίδάνιύλλιός AB1 : -νώλιος
xà ΙΙήδασα, dans l’arrière-pays d’Halicarnasse, où se seraient élevées, Ρ Είδάνωλαϊος DUSV ’ίβανολαιος Β2 Ίβαλλώνιος G || Μυλασεύς :
à l ’époque des Léléges, jusqu’à huit villes. C’est, je crois, de ce -ασάεύς Codd.
district qu’il s’agit ; la rpute en question devait le traverser. 122 a ές éôdd. pl. : έν SV || 3 Σάρδις codd. pl. : -εις U -1 S Vine,
3. Sur ce personnage, cf. Notice, p. 58, note a. y fi Δαυρίσην'dffd’d. pl. : Λαιίρ- AS || 8 ’Ιλιάδα codd. pl. : Έλ- SV.
V 122 TERPSICHORE ι46 i46 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 122
marchait sur la Carie, il abandonna la Propontide et mena ύπολειφθέντας τδν άρχαίων Τευκρδν. Αύτός τε Ύμαίης
ses troupes vers l’Hellespont ; il soumit tous les Éoliens qui αίρέων ταΟτα τά Ιθνεα νούσω τελευτή έν τή Τρωόιδι. ίο
habitaient le pays d’Ilion, soumit les Gergithes, qui sont les ΟΟτος μέν δή οϋτω έτελεύτησε' Άρταφρένης δέ δ 123
restes des anciens Teucriens ; et, dans le temps qu’il sou­ Σαρδίων Οπαρχος καί Ό τά νη ς δ τρίτος στρατηγός
mettait ces peuples, mourut lui-même de maladie en Troade. έτάχθησαν έπΐ τήν ΊωνΙην καί τήν προσεχέα ΑΙολΙδα
123 Ainsi mourut Hymaiès.
στρατεύεσθαι. ΊωνΙης μέν νυν Κλαζομενές αίρέουσι,
Le gouverneur de Sardes, Artaphernès, et le troisième
ΑΙολέων δέ Κύμην. 5
général, Otanès, avaient été chargés de marcher contre
l’Ionie et la partie voisine de l’Ëolide. Ils prirent en Ionie Άλισκομένων δέ τών πολίων, — ήν γάρ, ώς διέδεξε, 124
Clazomènes et, sur les Éoliens, Kymé. Άρισταγόρης δ Μιλήσιος ψυχήν οόκ δκρος, 8ς ταράξας
124 Pendant que les villes étaient prises, Aristagoras de Milet, τήν ΊωνΙην καί έγκερασάμενος πρήγμοτα μεγάλα δρησμδν
— lequel, comme l’événement le fit voir, ne brillait pas par έβούλευε, — δρέων ταΟτα, πρδς δέ ot καί άδύνατα έφάνη
le courage, lui qui, auteur des désordres de l’Ionie et de βασιλέα Δαρεΐον δπερΒαλέσθαι- πρδς ταΟτα δή δν συγκα- 5
graves complications, méditait des projets de fuite, — voyant λέσας τούς συστασιώτας έΒουλεύετο, λέγων ώς &μεινον
ce qui se passait et ayant constaté d’autre part l’impossibilité σψίσι εΐη κρησφύγετόν τ ι ύπάρχον είναι, ήν &ρα έξωθέων-
manifeste de vaincre le Roi Darius, convoqua en conséquence ται εκ τή ς Μιλήτου, είτε δή δν ές Σαρδώ Ικ τοΟ τόπου
ses partisans et tint conseil ; il serait, dit-il, avantageux τούτου &γοι ές άποικίην, είτε ές Μύρκινον τήν Ή δωνδν,
pour eux d’avoir à leur disposition un refuge, au cas où ils
τήν Ίστιαΐος έτεΐχεε παρά Δαρείου δωρεήν λα6ών. ΤαΟτα ι°
seraient expulsés de Milet; les mènerait-il donc, de ces lieux,
έπειρώτα δ Άρισταγόρης. ΈκαταΙου μέν νυν τοΟ Ή γη- 125
fonder une colonie en Sardaigne, ou bien à Myrkinos
d ’Ëdonie, qu’Histiée avait reçue en présent de Darius et for- σάνδρου, άνδρδς λογοποιοΟ, τουτέων μέν ές ούδετέρην
tifiée ? Telles étaient les questions que posait Aristagoras.' στέλλειν έφερε ή γνώμη, έν Λέρω δέ τή νήσω τείχος οίκο-
125 Hécatée fils d’Hégésandros, qui a écrit des histoires, était δομησάμενον ήσυχίην &γειν, ήν έκπέση έκ τή ς Μιλήτου-
d’avis qu’il ne devait partir pour aucune de ces deux desti­ έπειτα δέ έκ τούτης δρμώμενον κατελεύσεσθαι ές τήν 5
nations, mais construire une forteresse dans l’ile de Léros et Μίλητον. ΤαΟτα μέν δή Έκαταΐος συνεΒούλευε- αύτώ δέ 126
s’y tenir tranquille, s’il était chassé de Milet ; plus
tard, de cette île, qui lui servirait de base, il retournerait à
126 Milet. Voilà ce que conseillait Hécatée1: mais l’opinion person­ 122 g ΰπολεκρθέντας ABCP : άπο- DUSV || τε AB : μέν cett. || ίο
nelle d’Aristagoras était plutôt en faveur d’un départ pour τελευτά ABCP : έτελεύτησε(ν) DUSV.
123 i οΰτω Ρ : -to; cett. || ούτως έτελεύτησε codd. pi. : έτελεύτησεν
ούτως S || 3 έτάχθησαν om. DUSV.
I . Pour que la délibération ait un sens, il faut que le conseil donné · 124 I άλισκομένων PDUSV: -μενίων ABC ]| a ταράξας codd. pi. :
par Hécatée et les projets formés par Aristagoras soient applicables τάξας D || 3 πράγματα μεγάλα ABCP Const. : μεγ. πρ. DUSV ||
au même cas. Ce ne peut être qu’au cas où Aristagoras avec ses 4 όρε'ων CPDUSV : όρων AB |] οί om. SV || αδύνατα codd. pi. : -ov
partisans serait chassé de Milet par le mécontentement des Milésiens 5 Vine. [| 5 όπερδαλέσθαι codd. pi. : -δάλλεσθαι V || 7 etpiot codd.
eux-mêmes. Aristagoras envisageait, si cela devait se produire, de pi. : σφι G4P || είναι om. C || 9 Μύρχινον codd. pi. : -ivvov B ||
quitter Milet pour toujours ; Hécatée lui conseillait d’attendre dans 10 έτείγεε ABCP: έτείχισε DUSV || 11 έπειρώτα codd. pi. : έπηρ. C.
le voisinage que le vent eût tourné et qu’il pût revenir d’exil. 125 3 τουτέων Aldus: τούτων ABCPD τούτου USV || 5 όρμοί-
C’était admettre que les Perses,lune fois Milet soumise, se désinté- μενον codd. pi. : -ειόμενον C -εόμενον P,
Ι2β TSRMICHOM! 147 *47 ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ V 126

Myrkinos. Il confia donc Mllet à Pythagorae, citoyen dis­ Άρισταγάρη πλείστη ή γνώμη fjv Ις τ ή ν Μύρκινον άπάγειν.
tingué ; lui -même prit avec lui ceux qui voulurent, fit voile Τήν μέν δή Μίλητον έπιτρέπει Πυθαγάρη άνδρΐ τών άστών
vers la Thrace, et prit possession du pays qui était le but de δοκίμφ, αότδς δέ παραλαβών π άντα τδν βουλάμενον έπλεε
son voyage. Mais, au cours d’une expédition qu’il fit en Ι ς τήν Θρηίκην καί Ισχε τήν χώρην Ι π ’ fjv έστάλη. Έ κ δέ 5
partant de là, il périt sous les coups des Thraces, lui et sa τα ύτης δρμώμενος άπόλλυται ύπδ ΘρηΙκων αότός τε δ
troupe ; il assiégeait une ville d'où les Thraces consentaient Άρισταγόρης gal δ στρατός αάτοΟ, πάλιν περικατήμένος
à sortir par capitulation1. καί βουλομένων τΰ ν Θρηίκων ΰποσπδνδων έξιέναι.

rosseraient du chef de la révolte. On conçoit qu’Aristagoras ait jugé


plus prudent de s’éloigner. Hécatée, qui avait déconseillé la révolte, 126 2 πλείστη ή Stein : 5) πλ. codd. || 3 ην om. DUSV || Μύρχι-
νον codd. pi. : -ιννον BG -ιλλον V || άπάγειν ABGP : -αγαγεΐν DUSV.
se flattait peut-être d’obtenir pour sa patrie si elle se rendait à temps,
II 6 δρμώμενοί codd. pi. : -εώμενος G -εάμενο{ P || 6 om. DUSV.
et pour les Milétiens même les plus compromis, des condition«
acceptables ; Aristagoras, lui, ne pensait qu’à lui-même et se
conduisait en déserteur.
i. 3a ans avant l’affaire de Drabescos (Thuc., IV ioa), βί ans
avant la fondation d’Amphipolis, qui est de 437/ 6 . Donc, en 498/ 7 .
TABLE DES MATIÈRES

Pàges.
A v a n t - p r o p o s ......................................................................................................................... 5

S i g l a ............................................................................................................................................... 7

Les Perses en Scythie, en Libye, sur l’Hellespont, en Thrace,


en Macédoine ; la Grèce menacée (fin).................................. 9
3. L’avance des Perses en Europe................... . . . 9
La révolte de l’Ionie.................................................................... 35

IM PR IM É PA R l ’iM P R IM E R IE DURAND, A C H A R TR ES ( E U R E -E T -L O I R ) ,
FR A N C E ( g - 1 9 4 6 ) .
10a. — Dépôt légal : 4· trimestre 1946.

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