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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
PRE-ESI

NOTES DE COURS DE
LOGIQUE

Par le Professeur André TATY MABIKA TATU

Chef de Travaux Alphonse KABEYA KABADILE Kashia

ANNEE ACADEMIQUE 2022-2023


1

1ère PARTIE : LES GENERALITES SUR LA LOGIQUE


0.1. PREAMBULE
Ce cours destiné aux étudiants de l’Université de Lubumbashi de Niveau
préparatoire dénommé PRE-U A est intitulé LOGIQUE. C’est un cours d’un volume horaire
de 30 heures théoriques. L’étudiant qui doit suivre ce cours doit posséder préalablement
certaines notions pour bien comprendre le contenu de ce cours : c’est notamment l’histoire de
la philosophie, la psychologie générale, l’histoire, etc.
De manière générale, ce cours a pour objectif de :
- Consolider son schéma mental par des jugements et arguments valides ;
- Accroître sa capacité et son pouvoir de compréhension pour une analyse
critique ;
- Poser les bases théoriques de la logique et son importance ;
- Développer la pensée et le raisonnement ;
- Saisir les règles du fonctionnement de la raison ou de la pensée ;
- Développer le mode intellectuel de la pensée pour rendre de façon cohérente ses idées
tout en évitant les erreurs logiques.
Spécifiquement, l’étudiant doit, au terme de ce cours être capable de :
- Définir la logique et en déterminer la division et les orientations ainsi que les étapes
depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours ;
- Maitriser les opérations mentales fondamentales (l’appréhension, le jugement et le
raisonnement) ;
- Formaliser le langage en logique des prédicats et en logique des propositions ;
- Ordonner ses idées en contrôlant le raisonnement face aux erreurs des jugements.
Le contenu de ce cours traite des thèmes généraux de la logique en trois chapitres
précédés d’une introduction générale qui donne les préliminaires et les notions générales sur
la logique et ses rapports avec les mathématiques et les sciences physiques.
Le Chapitre Premier traitera de l’origine et de la définition de la logique.
Le deuxième Chapitre sera orienté vers les opérations mentales fondamentales.
Le troisième et dernier Chapitre fera un bref aperçu sur la formalisation et les éléments
du calcul logique.
Les enseignements seront organisés dans un auditoire avec une méthode d’exposé
interactif entre l’enseignant et les étudiants d’une part, et de l’autre entre les étudiants
seulement.

I.1. NOTES INTRODUCTIVES


La logique est une discipline indéniable dans tous les domaines de la science. L’homme
étant un animal pensant, il ne peut pas réfléchir au gré de vague, il a besoin d’une
structure solide de raisonnement laquelle lui permettra d’être cohérent et claire dans ce
2

qu’il dispose. Pour y arriver, la logique lui servira alors de l’outil indispensable de
pragmatique de ce qu’il veut exprimer.
Tout homme se sent en train de penser, de réfléchir sur bien de choses : sur lui-
même, sur sa vie, sur sa fortune, sur sa misère, sur son angoisse, sur ses projets comme futur
ingénieur… Comment le fait-il ? A l’aide de quels moyens? Pourquoi le fait-il ?
Si tel est le cas indubitable de l’homme devant la diversité de ses orientations, la
pensée se déploie au moyen de la raison. Celle-ci est une faculté directrice du pouvoir de
penser, l’homme s’interpelle dans son entendement qui est le siège de tous ces
questionnements et celui de leurs réponses qui secouent la raison dans sa conformité à leur
nature, à leur ordre, à leur coordination. C’est donc le raisonnement qui est interpellé. C’est
cette démarche qui est la substance de la logique. Mais la logique qu’est-ce ?

I.2. DEFINITION
Il n’est pas si aisé de définir la logique à cause de deux difficultés majeures : d’abord
de par son essence (elle étudie une réalité qui semble faire partie intégrante de l’esprit en
activité), ensuite de par son caractère normatif.Pour un débat plus outillé, nous conseillons de
consulter la bibliographie sélective suivante :
ARISTOTE, L’Organon
LALANDE A., Vocabulaire Technique de Philosophie
BACHELARD G., La logique de HUSSERL
DELESSERT A., Introduction à la logique
DIRVEN E., Introduction aux logiques
ROURE M.L., Logique et métalogique
DOPP J., Notions de logique formelle
SCHOL Z.H., Esquisse d’une histoire de la logique
La logique est une science qui a pour objet l’énoncé des lois de la pensée
1
discursive. DOPP, quant à lui, comprend la logique comme « la science qui détermine les
formes correctes ou valides de raisonnement ».2La logique est alors rationnelle étant donné
qu’elle porte sur l’acte de la raison. La logique considère les actes de la raison du point de vue
de l’ordre, de la cohérence en vue de conquérir la vérité. En plus du respect de la forme pour
une bonne conduite de la pensée vers la vérité, il faut pour être certain de connaitre la vérité
que, tout à la fois, l’esprit ne contredise pas le réel en affirmant autrement qu’il n’est pas. A
ce stade la logique est considérée comme une science qui détermine les conditions de la vérité
en vue d’éviter l’erreur et favoriser la cohérence.
Ces définitions scientifiques dégagent un souci de précision qui veut que les
données logiques corroborent son objet par le caractère de scientificité pour tout ce qui

1
ROURE, M L, logique et métalogique, Paris, Vitte, 1937, p. 19
2
DOPP, J., Notions de la logique formelle, Louvain- Paris, Nauwelaerts, 1972, p.11
3

prétend être une science. Pour faire bref, disons que logique est une science du raisonnement
correct. Elle est une science des règles que tout raisonnement doit respecter pour être valide ;
elle est une science normative.3
Le sens naturel de la logique est cependant reconnu à tout homme par le fait de se
diriger convenablement à la vérité par la raison ou l’aptitude du bon sens. DESCARTES
disait que « le bon sens est la chose la mieux partagée ».
La tradition conçoit la logique comme la partie de la philosophie qui poura objet
la vérité. C’est pourquoi, il faut des lois et des principes afin de détecter et de décider de la
vérité par opposition à la fausseté des jugements et de leur enchainement appelé en logique le
raisonnement. La logique est l’étude philosophique de ce qui assure à un ensemble de
connaissance la dignité de « science » constituée. Une connaissance est dite scientifique dans
la mesure où elle est faite d’un ensemble de propositions systématiquement enchaînées et où
elle a une prétention légitime à la vérité objective. La logique ancienne étudiait donc ce qui
garantit la vérité d’une connaissance et ce qui permet d’assembler un ensemble de
connaissance en un système scientifique.

Le présupposé qui définit les conditions d’un raisonnement correct est celui d’un
monde possible sur lequel nous n’aurions que les renseignements fournis par les prémisses.
La logique définit les conditions dans lesquelles nous devrions être assurés que la conclusion
serait conforme à l’état de ce monde-là. On peut donc dire que les valeurs
fondamentalesauxquelles la logique se réfère ne sont pas immédiatement le vrai et le faux
mais le « valable » (correct, contraignant, démonstratif) et le non-valable
Ce qui amène les philosophes traditionnels dont ARISTOTE et ses admirateurs
parmi lesquels Saint THOMAS D’AQUIN, à identifier la logique comme un art de penser et
un instrument nécessaire à usage d’un penseur dans l’acquisition de la connaissance. A ce
titre, la logique est cette procédure qui garantit avec facilité l’ordre dans la pensée et
l’évitement de l’erreur.
Par-delà cette dimension limitative, la logique devient une substance matérielle de
support à une science de l’esprit portant sur les lois et les principes bien déterminés pour sa
cognition.
Donc, la logique s’entend, par-delà sa fonction d’art et d’instrument, être une
science de l’esprit qui a pour objet de déterminer les règles qui garantissent la cohérence et la
validité des opérations mentales que l’homme utilise dans l’exercice de sa pensée. Autrement
dit, la logique est une science qui s’efforce d’étudier et de dégager les lois qui régissent
l’appréhension des concepts, l’enchainement des jugements et la construction des
raisonnements.
Comme art, la logique s’identifiait par les sophistes à la rhétorique, l’art de bien
parler qu’ils utilisaient souvent dans les débats pour convaincre leur interlocuteurs dans les
polémiques de la cité afin d’influencer les événements politiques de la société grecque

3
BLANCHE, R., Introduction à la logique contemporaine, Paris, Armand colin, 1968, p.19.
4

antique. Or ne s’énonce bien que ce qui est bien raisonné. Donc elle est surtout l’art de bien
diriger sa raison, apprenant à démontrer, à définir et à énoncer correctement.
D’où l’importance particulière de la logique dans la vie de tout être humain en
général et de tout scientifique comme l’étudiant de Préu en particulier, en tant que guide et
police de la pensée. Elle doit assurer une organisation rationnelle de la pensée en veillant sur
son déploiement et la répression des incohérences, des illogismes. Or, pour bien penser, pour
bien réfléchir, la logique est incontournable. Même la grammaire a mis sur pied des règles à
suivre pour une bonne maitrise de la langue et une facilité d’expression. Cela permet de
contourner les fautes, sources d’incompréhensibilité et d’ambiguïtés. De la même manière, la
logique science normative, par le biais de plusieurs types de raisonnements valides, favorise
l’émergence d’une pensée rationnelle, cohérente, dépourvue de toute contradiction. Cette
visée de la logique est hautement pertinente compte tenu du contexte de contradiction et
d’incohérence où les sociétés actuelles sont plongées. La logique exige de l’homme la
cohérence et l’abstention de réflexion pendant qu’il est emporté par les émotions. Personne ne
peut aspirer à une pensée illogique. Tout le monde est à la recherche des arguments pour
repérer le sophisme et tout autre discours fallacieux.

I.3. RAPPORTS ENTRE LOGIQUE ET MATHEMATIQUES


La logique est liée aux mathématiques autour de deux thèmes tels que le révèle
CRAHAY F, « à savoir le degré d’abstraction de l’objet de l’une et de l’autre science ainsi
que de leur ancienneté ». Si l’on caractérise la mathématique sans prétendre en donner une
définition, comme la science de la quantité et ce l’ordre, l’ordre (déductif) et la quantité dont
s’occupe la logique sont plus abstraits que leurs analogues mathématiques. C’est un peu le
rapport de l’espèce et du genre. Car tout raisonnement mathématique relève de la logique
(genre), tandis que tout raisonnement logique n’est pas nécessairement mathématique
(espèce), c'est-à-dire rigoureusement déductif.
La logique peut conclure à la fausseté alors que la mathématique ne le peut pas. Il
existe de vastes domaines de recherches logiques qui n’intéressent pas la mathématique, pour
la bonne raison qu’on y prend en considération autre chose que les énoncés déclaratifs vrais.
C’est le cas sur les recherches logiques sur les énoncés modaux : possibles, impossibles,
nécessaires, douteux, impératifs, optatifs, irréels, etc.
En outre, en raison de la définition de la logique formelle, science ou théorie des
conditions a priori de validité du raisonnement, la logique n’a pas de raison de bouder une
théorie de l’argumentation ou de la preuve. Il sied donc de noter que la logique n’est pas la
mathématique, d’abord parce que l’objet de la logique est plus abstrait, ensuite parce que le
champ de la logique est plus étendu que celui de la mathématique. Voilà tout en ce qui
concerne l’abstraction et la généralité affirme F. CRAHAY4.
Par delà ce qui précède, la logique est devenue symbolique comme les
mathématiques et ainsi elle s’est faite un outil ou un instrument de calcul et de prise de

4
CRAYAH, F., Leçons de logique, Kinshasa, 1963, pp. 25-30
5

décision sur la vérité ou la fausseté des propositions. C’est pourquoi cette logique est dite
binaire du fait qu’elle ne reconnait que deux valeurs de vérité : le vrai et la faux.La logique
s’est formalisée au point de vouloir éviter toute équivocité des langues ordinaires et chercher
à mettre fin à tout conflit d’interprétation qui rend indigeste la communication dans le
domaine de la science.

I.4. SUBDIVISION DE LA LOGIQUE


Historiquement, l’Organon d’ARISTOTE présentait les préoccupations de la
logique liées à une analyse du concept, une étude du jugement et des propositions, un exposé
sur l’inférence, des considérations sur la déduction et la démonstration, un aperçu sur l’art de
la discussion. Ce constat s’est dégagé en dépit de l’effort non réalisé par ARISTOTE lui-
même pour structurer et classer son œuvre.
C’est la subdivision de PETRUS RAMUS qui s’était imposée depuis le 16ème
Siècle et qui revêt un caractère académique, qui a ajouté en plus des préoccupations
d’ARISTOTE la préoccupation méthodologique.
La logique embrasse aujourd’hui dans son champ aussi bien l’étude du concept,
du jugement et du raisonnement que l’examen des langages formels et des calculs ; en même
temps elle se penche sur des questions méthodologiques et épistémologiques et débouche sur
des problèmes de communication et de l’information.
Les scolastiques distinguaient la logique mineure ou formelle de la logique majeure ou
matérielle. Nous appelons « matière » d’un raisonnement les significations déterminées de
tous les éléments réels des termes qui y interviennent et « forme » d’un raisonnement
l’ensemble des propriétés logiques de ses termes joint au réseau de relations d’identité qui
relient entre eux certains des éléments réels.
6

I.4.1° La logique formelle ou mineure :


La logique formelle s’occupe seulement de la validité. Elle étudie les formes et les
lois du raisonnement sans intérêt pour le contenu et la signification des signes, elle se penche
sur les systèmes formels, divers types de déduction et de calculs, où la validité l’emporte sur
la vérité ou la réalité.
Exemple : Tous les animaux sont poilus,
Or l’éléphant est un animal ;
Donc, l’éléphant est poilu.
Remarque : L’attention devra être faite aux notions de vérité et de validité.
- La validité est la qualité d’une pensée correctement déduite. Elle est la propriété du
raisonnement.
- La vérité est la qualité de ce qui est appréhendé correctement par l’esprit et affirmé
comme tel. Elle est de ce fait, la propriété du jugement. Traditionnellement on définit
la vérité comme l’adéquation de l’esprit et des choses (Adaequatio mentis et rei).
- A ces deux notions, on peut joindre celle de démonstration. Une proposition est
démontrée quand sa vérité découle de celle des prémisses. De ce qui précède, il
découle qu’une proposition matériellement vraie peut être formellement invalide,
incorrecte. En toute rigueur des termes, on ne peut pas dire qu’une conclusion est vraie
ou fausse, elle ne peut être que valide ou non valide, à moins qu’il n y ait aucune
conclusion possible, le raisonnement étant inexistant.
Exemple : Tout mammifère est vertébré(proposition 1)
Or toute chèvre est mammifère(proposition 2)
Donc, toute chèvre est vertébré(proposition 3)
Toutes les propositions de ce raisonnement sont matériellement vraies. Mais la
proposition 3, seule, peut être déclarée valide. Et comme ici les propositions 1 et 2 sont vraies,
nous pouvons dire que la proposition 3 est démontrée.
Exemple : La chèvre est un animal (proposition 1)
Donc elle broute l’herbe (proposition 2)
Les deux propositions peuvent être vraies, mais la vérité de la deuxième
proposition ne découle pas de la vérité de la proposition 1. Il n ya aucun lien logique entre les
deux propositions. On peut dire que la proposition 2 est démontrée.
Pour faire bref, disons que la vérité n’équivaut pas à la validité. Une proposition peut être
valide sans être vraie. L’examen d’un raisonnement en logique formelle se limite à l’examen
de sa forme. Un raisonnement sera correct en sa forme si cette forme appliquée à n’importe
quels éléments significatifs qui vérifieraient les mêmes relations d’identité, ne peut jamais
donner une conclusion fausse si les prémisses sont vraies.
7

I.4.2° La logique matérielle ou majeure :


Cette dernière, appelée aussi épistémologie, s’attache au contenu ou à la
signification des propositions, elle vise la « vérité » de la penséeElle s’occupe de la réalité des
faits et du contenu de la science. Elle comprend deux sous branches : la méthodologie de
science et l’épistémologie.
a) La méthodologie des sciences : c’est une réflexion, une étude descriptive et
critique(rétrospective et prospective) sur les voies et les moyens qui mènent à
l’acquisition de la connaissance, à la découverte et à l’invention.
b) L’épistémologie : c’est l’étude de la connaissance scientifique ; autrement dit, c’est
une appréciation normative du salut, de la valeur, de la portée et des limites de la
démarche scientifique ainsi que de ses résultats.
I.5. QUELQUES ORIENTATIONS DE LA LOGIQUE
Les orientations de la logique sont à situer dans l’évolution même de son sens à
travers ses préoccupations le long de son développement. C’est toute une page de l’histoire de
logique qui se doit d’être retracée. Nous retenons les orientations suivantes :
Pour ARISTOTE, la logique a le rôle de l’organon : d’outil, d’instrument au service
de l’investigation du réel. C’est une perspective téléologique (celle qui a commandé la
philosophie cartésienne).
Pour le stoïcisme : la logique sert les visées de la philosophie ; elle est une partie
constitutive de celle-ci. Au moyen âge, la philosophie et la logique ont été toutes deux au
service de la théologie.
Avec LEIBNIZ, la logique entre dans une ère nouvelle dominée par les exigences de
calcul et le critère d’opérationnalité. «Calculamus» est la devise de LEIBNIZ.
HEGEL fait de la logique une science globale de l’être et du devenir ; elle a une
vocation ontologisante et globalisante. L’orientation hégélienne fait de la logique à la fois une
théorie de la pensée pure et une théorie de l’être, c'est-à-dire il y a identité dynamique entre le
réel et le rationnel.
LUPASCO affirme qu’il y a équivalence entre le réel et le rationnel, le panlogisme :
la structure cachée de la donnée logique ne s’avère autre que la structure même de
l’expérience, l’expérience logique, c’est l’expérience elle-même.
A nos jours, la logique rencontre son rôle rattaché à la destinée de l’homme. Elle
concourt à la réalisation de la plénitude de l’être humain dans son identité et sa signification.

I.6. APERÇU HISTORIQUE


T.P. Lecture des ouvrages conseillés.
8

2ème PARTIE : LES OPERATIONS MENTALES FONDAMENTALES

II.0. LES PRINCIPES PREMIERS DE LA LOGIQUE


Avant d’aborder les opérations mentales elles-mêmes, il sied de rappeler les
principes premiers du déploiement logique tels qu’ils ont été étudiés par ARISTOTE. Les
trois principes premiers de la logique qui régissent absolument toute connaissance valable
sont : le principe d’identité, le principe de non contradiction et le principe du tiers exclu.
1° LE PRINCIPE D’IDENTITE : il affirme que l’esprit reste cohérent avec lui-même aussi
bien dans son être que dans son avoir. Il affirme l’identité de l’esprit comme source de
dynamisme interne et de cohérence. Il s’énonce comme suit : « chaque chose est ce
qu’elle est ». Ce qui est, est ; ce qui n’est, n’est pas »5.A=A B=B
Cette loi d’identité n’est rien d’autre que l’exigence de l’identique signification des
termes dans tout raisonnement.
2°LE PRINCIPE DE NON CONTRADICTION : il stipule qu’il est impossible d’affirmer
et de nier en même temps. Autrement dit, on ne peut, sans contradiction, affirmer et nier à
la fois : toute incohérence est supprimée. Notez qu’il ya incohérence ou contradiction
quand on laisse entendre la négation de « A » dans l’affirmation du même « A ». A cette
affirmation logique, ARISTOTE ajoute l’affirmation métaphysique suivante : « une
chose ne peut pas être et n’être pas en même temps et sous un même rapport.
3° LE PRINCIPE DU TIERS EXCLU : il affirme la nécessité ou l’on a de choisir entre
l’affirmation et la négation entre « A » et « non A ». Il ne peut y avoir d’intermédiaire
entre deux contraires.
Ces trois principes fondamentaux constituent le socle du raisonnement formel,
base de la connaissance.
CONNAITRE c’est saisir la structure interne et le mécanisme de la réalité. C’est une saisie
mentale qui rend possible la science.Voilà pourquoi la logique est une science sur
laquelle se fondent toutes les connaissances.
LA SCIENCE est l’ensemble des connaissances systématisées et prouvées acquises grâce à
la manipulation d’une terminologie et à l’application de méthodes appropriées.
LA CONNAISSANCE ne peut être possible sans le LANGAGE qui permet d’appréhender le
réel et de nous le représenter au moyen de certains mots qui constituent le discours sur la
réalité. Pour la commodité et la conformité de la connaissance, les philosophes se sont
évertués à élaborer des notions et des règles pouvant rendre compte du langage afférent à
la connaissance. Le rapport logique et connaissance étant indiscutable, il nous est
nécessaire de considérer les types de connaissance avant d’y dégager les règles
d’ordination mentale par les opérations mentales fondamentales.
On a traditionnellement deux types de connaissances ; la connaissance directe ou
intuitive et la connaissance indirecte ou discursive.
La connaissance directe est une saisie directe de la réalité au moyen de mécanisme
autre que le raisonnement. Ces moyens sont les différentes sortes d’intuitions comme
- L’intuition psychologique : celle qui canalise les états d’âmes ; la joie, la tristesse,
l’émotion…

5
LALANDE, A., Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1972, p.829
9

- L’intuition métaphysique : celle qui assiège notre esprit-la raison-(l’intuition


fondamentale de DESCARTES : je pense, donc je suis= cogito ergo sum).
La connaissance indirecte est celle qui atteint son objet en passant par une opération
mentale appelée RAISONNEMENT. Le raisonnement suppose un enchainement ou une suite
de jugements. Le jugement suppose une liaison entre les concepts.
Pour des raisons didactiques, il est impérieux de commencer par le concept pour
l’étude des opérations mentales fondamentales avant de boucler par le raisonnement en
passant par le jugement.

II.1. L’APPREHENSION ET LE CONCEPT


Appréhension vient du verbe appréhender qui signifie « saisir, prendre ».
L’appréhension se comprend ainsi du point de vue logique comme « l’acte par lequel l’esprit
conçoit une idée, sans en rien affirmer ni en rien nier. »6 Ainsi, l’appréhension est entendue
comme une opération mentale, qui finit par nous donner une idée d’un objet ou d’une chose.
L’idée est ce qu’on appelle le concept.
II.1.1 Définition
Le Concept est la représentation mentale d’un objet ou d’une chose. C’est l’idée qui
passe à l’esprit quand on pense à quelque chose.
Le concept est ce que l’esprit produit ou exprime en lui-même et ce par quoi il saisit
et appréhende une chose ou un objet. C’est l’idée qui passe à l’esprit quand on pense à
quelque chose. C’est donc une représentation intellectuelle que l’on fait d’un objet.
MUTUNDA pense à ce propos que c’est « à partir d’un ensemble d’objets de couleur rouge
que l’on se fait l’idée du rouge ou de la rougeur. L’homme est une idée que nous nous faisons
à partir d’hommes concrets ».7
Le concept est ce que l’esprit produit ou exprime en lui-même et ce par quoi il saisit
et appréhende une chose ou un objet. Le concept est un objet mental, une idée générale et
abstraite qui est différent d’une image de la réalité perçue qui, elle, renvoie à la représentation
déterminée d’un objet sensible.
L’objet servira de suppôt à ma pensée. C’est à cela que ma pensée se réfère. Si ma
pensée ne se réfère à rien, elle est fausse et peut ne pas être normale. Mais ce qui sert de
suppôt peut être plus ou moins une chose. Exemple : l’odeur, la haine, la pensée, trois et
quatre, la blancheur, l’église, etc. Tous ces mots peuvent être des sujets dans une phrase et
suppôt pour un concept. Le suppôt n’est pas toujours une chose concrète. Il peut aussi être un
objet fictif, imaginé, abstrait. Mais c’est à quoi se réfère ma pensée est toujours une
réalité « jetée devant moi » (objet) et qui est en même temps placée au-dessous de ma pensée.
Il faut noter deux autres sens du mot :
- concept objectif quand il est entendu comme ce qu’on comprend ; il est le terme de
l’intuition de l’esprit, un faisceau de relations : immobiles habitudines,de
rationesunivesealesnecessariae.Il vise l’objet lui-même pour autant qu’il soit
intelligible. Il tient la place du sujet dans une proposition.

6
JOLIVET, R., cours de philosophie, Paris, Emmanuel Vitte, 1948, p.22.
7
MUTUNDA MWEMBO, Eléments de logique, Kinshasa, Médias Paul, 2006, p.26.
10

- concept formel ou mentalquand il est considéré comme ce par quoi on connait : il est
un instrument, ce par quoi l’esprit est constitué en relation avec un objet. Il est la
représentation de l’objet, mais sans référence directe à l’objet. On le considère pour
autant qu’il soit une construction de l’intelligence. Il tient dans une phrase la place du
prédicat.
Tous ces aspects du concept font qu’il soit également compris comme la qualité qui
se forme à partir des objets qui ont un caractère commun.
Exemple : l’africanité : tous les africains sont…
En tant qu’objet mental, le concept est différent de l’image de la réalité perçue, qui
est « la représentation déterminée d’un objet sensible »8
II.1.2. Expression du concept
Le concept étant une réalité idéelle, abstraite, son expression matérialisée
concrètement est le TERME ou le MOT. On dit aussi que le terme ou le mot constitue
l’expression verbale ou écrite du concept. L’expression est ce que je formule de la chose, mais
je puis formuler l’expression en moi-même, soit dans une langue. Quand j’exprime en moi-
même, c’est LE VERBE MENTAL. Quand j’exprime verbalement ou par écrit, c’est le terme
ou le mot, qui prend une existence indépendante et qui diffère d’une langue à une autre.
Exemple : fufu, bukari,etc.
II.1.3. Propriétés du concept
Les propriétés du concept sont l’abstraction, l’extension et la compréhension.
- L’abstraction, c’est le caractère de ce qui est isolé et considéré comme à part. C’est
une idée qui évoque une configuration générale. Exemple : l’idée du chien est une idée
générale, une idée abstraite qui dans la mesure où la réalité ne nous présente que des
chiens particuliers, de telle et telle autre race, de telle et telle autre taille. L’abstraction
n’est qu’une idée qui se distingue de l’entité qui possède une réalité.
- L’extension du concept est l’ensemble des êtres, des sujets ou des individusauxquels
s’applique le concept. C’est donc la quantité de la réalité à laquelle se rapporte le
concept. NKOMBE OLEKO conçoit l‘extension comme une réponse aux
questions « quels sont les sujets auxquels il est convenable d’attribuer le concept ? A
quoi peut-on identifier le concept ? »9
- La compréhension du concept est l’ensemble des caractéristiques ou notes
intelligibles qui constituent le concept. C’est donc l’ensemble des propriétés qui
donnent son contenu à un concept. Ici, il est question de répondre à la question « x est
quoi ? »10

Rapports entre l’extension et la compréhension d’un concept


Entre ces deux notions, il existe des rapports inverses : « quo major
comprehensioeominor extensio, et converso ». La compréhension et l’extension sont en
raison inverse. Grosso modo, plus la compréhension est grande, l’extension est petite et vice
versa.

8
JOLIVET, R., Cours de philosophie, Paris, 1948, p.22
9
NKOMBE, O., Essai de logique générative, Kinshasa, Ed. St Paul, 2006, p. 127
10
Ibidem
11

Exemple : - Animal
 Vertébré
 Mammifère
 Homme
 Race noire
 Assistant
 KASHIA
Les termes indiquant un individu sont riches en propriétés, caractéristiques de sa
compréhension, mais ils n’indiquent, en extension qu’un seul être.
II.1.4. Classification des concepts
Il existe plusieurs critères de classification des concepts en fonction de leurs
propriétés :
a) La classification des concepts selon la compréhension : on distingue beaucoup de
concepts selon la qualité:
- Concepts simples et concepts composés : selon que le concept désigne un
attribut unique ou une composition de plusieurs qualités.
- Concepts positifs et concepts privatifs : lorsque l’attribut visé possède une
valeur en soi ou ne se comprend que par rapport à la réalité positive. Ex : voyant
et aveugle.
- Concepts propres et concepts analogiques : lorsque l’attribution est faite dans
un sens toujours identique et partiellement différente. Ex : Lion comme animal
et lion comme homme.
b) La classification des concepts selon l’extension : Ce critère privilégie la
quantité d’un concept. En effet, un concept est pris universellement ou
particulièrement. Ainsi on distingue un concept universel et un concept particulier.
- Concept universel ou pris universellement :c’est celui qui est envisagé dans
toute son extension et qui est affecté d’un quantificateur universel ou d’un article
défini. On considère tous les objets auxquels on peut appliquer le concept.
Ex : Tout homme, aucun soldat, tout arbre, nul troupeau, la coupe du monde,
l’humanité, etc.
N.B. : Un concept universel peut être concept singulier si toute l’extension ne s’applique
qu’à une réalité. C’est le cas de noms propres de personnes, des villes, des pays ou
nations. Ex : le pape Jean Paul II, Mabika, Kinshasa, Kolwezi, République
Démocratique du Congo.
Il peut être concept collectif si l’extension désigne une réalité collective. Ex :
l’Eglise kimbanguiste.
Il est un concept distributif si la multitude désignée par le concept est constituée par
chacun des individus. Ex : hommes.
- Concept particulier ou pris particulièrement : c’est celui qui est envisagé
dans une partie de son extension seulement et qui est affecté d’un quantificateur
particulier ou d’un article indéfini. On considère seulement une partie des
12

réalités auxquelles peut s’appliquer le concept. Ex:certains étudiants, des élèves,


quelques africains, une fille, la minorité des citoyens, bon nombre des
professeurs, etc.

N.B. :La place qu’occupe un terme au sein d’une proposition peut aussi déterminer sa
quantité. Ainsi, le prédicat d’une proposition affirmative est un concept particulier ;
alors que celui d’une proposition négative constitue un concept universel. Ex :
L’homme est méchant.(Prédicat = particulier). Aucun homme n’est parfait
(prédicat= universel).
c) La classification selon l’abstraction : Les concepts se diversifient selon leur degré de
détermination pour notre compréhension. On a un concept concret et un concept
abstrait.
- Un concept concret est un concept qui présente à notre esprit une détermination
plus grande par sa référence à la chose même dont il est abstrait et qui est un
sujet matériel ou sensible. Ex ; homme, voiture, stylo, etc.
- Un concept abstrait est un concept qui n’a d’autres formes ou détermination
que celle existant dans notre intelligence. Souvent, c‘est une qualité qu’on
attribue à la chose. Ex : humanisme, blancheur, etc.
II.1.5. Relations entre concepts
Hormis les liens d’opposition ou de parenté, nous devons tenir compte de certaines
relations explicites entre les concepts : la compatibilité et l’incompatibilité (contradiction,
contrariété, privation).
- La compatibilité est la caractéristique des concepts de pouvoir être applicables à la
fois à un même objet. D’un même enseignant, je peux dire qu’il est beau, grand,
intelligent, africain, sensible, etc. sans me contredire. Ces concepts sont donc
compatibles.
- L’incompatibilité est la caractéristique qui fait que deux concepts s’opposent ou
s’excluent d’une manière ou d’une autre. Il ya trois cas d’incompatibilité qui peuvent
se manifester dans les propositions :
a) La contradiction : la contradiction c’est l’opposition entre deux termes ou
propositions. Deux termes sont contradictoires si l’un est la négation de l’autre
comme chaud et non chaud, tous et pas tous. L’un ne peut pas être vrai sans que
l’autre soit faux.
b) La contrariété : deux termes sont contraires s’ils ne peuvent pas être ensemble
vrais comme prédicats d’un même sujet dans une proposition.
c) La privation : on parle des termes privatifs si le suppôt indiqué par le sujet de la
proposition, devrait normalement posséder le terme positif. Ex : albinos,
quelqu’un qui manque de pigmentation.

II.2. LE JUGEMENT
II.2.1. Définition
Le jugement est une opération mentale par laquelle on établit un rapport entre
deux concepts. Il existe deux types de rapport : un rapport de convenance ou de composition
et un rapport de disconvenance ou de division. C’est donc un acte intellectuel qui pose un
13

rapport entre la compréhension (prédicat) et la réalité(sujet). C’est un acte de l’intelligence


qui affirme ou nie, qui compose ou divise. Un jugement, en logique, est tout contenu de
pensée d’une structure telle que cela dit un sens de le considérer comme vrai ou comme faux,
c’est-à-dire qui pourrait faire l’objet d’un acte d’assertion. Nous appelons « proposition »
l’énoncé explicite d’un jugement au sens de proposition déclarative.

Il ya rapport de convenance, lorsqu’on affirme quelque chose entre le sujet et le


prédicat.
Ex : l’homme est sage.
Il ya rapport de disconvenance lorsqu’on nie quelque chose entre le sujet et le
prédicat. Ex : Quelque homme n’est pas saint.
II.2.2. Expression du jugement
Comme le dit la définition, le jugement est un acte mental. Il doit, de ce fait,
requérir une expression. Cette expression est la proposition.
II.2.3. Composition du jugement
Un jugement est constitué en son expression par les trois éléments constitutifs de la
proposition qui sont le sujet, le prédicat et la copule.

- Le sujet : c’est le terme à propos duquel on affirme ou on nie quelque chose. Le sujet
est ce qui dans le jugement correspond à la réalité pour être valable. Un élément qui
exprime à quelle réalité (ou partie de la réalité) le jugement devra correspondre pour
être vrai. Lorsque cette réalité est prise dans son existence concrètement désignée, on
aura une proposition concrète ou existentielle, valable pour tout le monde.
- Le prédicat est le terme qu’on affirme ou nie du sujet. Il est ce qui, dans le jugement,
exprime le contenu de la pensée, l’attribut qu’on veut appliquer au sujet. Un élément
qui, par au moins une de ses propriétés logiques devra se distinguer de cette réalité,
pour qu’on puisse affirmer que le jugement correspond ou qu’il ne correspond pas à
cette réalité.
- Le sujet et le prédicat sont des termes du jugement, des concepts ou des notions, et dès
lors ils viennent à la fois de l’intelligence et de la réalité.
- La copule est le verbe qui marque le rapport entre le sujet et le prédicat. La copuleest
un élément qui met en relation pour la pensée, ces deux premiers et précise de quelle
manière la pensée et son objet doivent correspondre l’un à l’autre. En logique, Ce lien
est soit l’auxiliaire être, soit une expression verbale réductible à l’auxiliaire être.
Ex : Le pigeon mange les insectes.
Le pigeon est mangeur d’insectes.
II.2.4. Classification des jugements
On peut classer les jugements selon plusieurs critères : la nature du rapport entre
les deux concepts, la quantité du sujet, la qualité de la copule verbale, la nature du prédicat
par rapport au sujet, la modalité du rapport et la complexité de la proposition.
a) D’après la nature du rapport entre les concepts, il y a :
- La proposition prédicative (jugement prédicatif) : c’estune proposition
aristotélicienne par excellence, celle qui fonde sa théorie du raisonnement
14

syllogistique. Sa structure s’exprime par « S est P ». Dans cette expression


symbolique S représente le sujet, « est » le copule verbale et P le prédicat.
Ex : le garçon est beau, la fille est belle, l’arbre est florissant.
- La proposition existentielle : est une proposition thétique « X est A » ou
simplement « AX ». Elle exprime l’existence de « A » par la cessation de
l’indétermination « X ».
Ex ; il existe A appartenant à un objet classique.
- La proposition relationnelle : le schème de la proposition relationnelle est de
type « aRb »(R= relation à). Cette notion est délicate, compte tenu du fait que
nous avons défini la proposition comme un rapport entre concepts, c'est-à-dire
en somme une relation. Ex : Kinshasa est en amont de…, Kashia est frère de…,
Taty est plus grand que…
Ce genre de propositions n’est pas considéré comme les propositions prédicatives qui
sont au centre de la logique aristotélicienne. En fait, ce qui serait plus intéressant ici c’est
l’examen exhaustif des relations. Cet examen est entrepris par la logique mathématique qui
est en fait une théorie. On y considère les relations d’un caractère tout à fait quelconque et on
établit les lois qui les régissent.
b) D’après la quantité du sujet
La quantité d’une proposition ou son extension dépend de la quantité ou de
l’extension du sujet auquel s’applique le prédicat de la proposition. On distingue :
- Une proposition particulière lorsque le sujet est pris seulement dans une
partie de son extension ou le sujet est précédé d’une locution de particularité
comme quelques, certains, etc. Ex : Quelques étudiants belges sont nègres.
- Une proposition universelle lorsque le sujet est selon toute son extension ou
quand le sujet comporte une locution d’universalitécomme tout, tous, chacun,
aucun, etc. Ex : chaque homme a ses défauts. Cette universalité ne s’applique
pas toujours de la même façon. Elle peut être distributive, singulière ou
collective.
Ex : Les congolais sont accueillants.
L’Eglise est le corps du Christ.
Ghandi est le libérateur des Indes.
Il existe des propositions concrètes quand leur sujet est concret ou lorsque le
sujet est précédé d’une locution comme «ce», «ces» ou quand il s’agit d’un nom propre, d’un
pronom personnel.
Ex : cet enfant est intelligent.
Il faut éviter l’utilisation des quantificateurs dont l’impact sur la qualité d’une
proposition entraine une équivocité ou une ambigüité.
Ex : Tous les congolais ne sont pas chrétiens, c’est-à-dire quelques-uns sont chrétiens et
quelques autres ne sont pas chrétiens. Il faut éviter d’introduire avec tous suivi d’une
négation.
15

c) D’après la qualité de la copule


La qualité du jugement est déterminée par la forme de la proposition, c’est-à-dire
par la copule verbale « est ». Si la copule pose une composition, on a une affirmation, si la
copule pose une division, on a une négation. La qualité indique donc le caractère affirmatif ou
négatif du jugement. Ainsi, on a :
- Une proposition affirmative quand la copule verbale établit le rapport de
convenance
Ex : Tous les étudiants de Préu sont appliqués. (Affirmative)
- Une proposition négative quand la copule verbale établit un rapport de
disconvenance.
Ex ; Certains étudiants ne sont pas beaux.
N.B. : Le prédicat d’une proposition négative est un terme universel tandis que celui d’une
proposition affirmative constitue un terme particulier.
Ex : Aucun homme n’est un ange.
Homme : Tout ce qui est ange est exclu de l’homme.
L’homme est grand.
Le sujet Homme n’occupe qu’une partie de Grand.
d) D’après la qualité et la quantité combinées et leurs symboles
La logique use de certains symboles pour exprimer les points de vue combinés de
la quantité et de la qualité et aboutit à la classification suivante :
A (= la première voyelle deAffirmo) symbolise une proposition universelle
affirmative.
I (=la deuxième voyelle de affIrmo) symbolise une proposition particulière
affirmative.
E (=la première voyelle de nEgo) symbolise une proposition universelle négative.
O (=la deuxième voyelle negO) symbolise une proposition particulière négative.
Cette classification donne lieu à la construction du CARRE LOGIQUE.

e) D’après la nature du prédicat par rapport au sujet


- Les propositions analytiques ou synthétiques :
16

Elles sont analytiques lorsque le prédicat est une qualité intrinsèque et essentielle du
sujet. Ex : Le carré a ses quatre côtés égaux (avoir des côtés égaux est essentiel pour le
carré).
Elles sont synthétiques dans le cas contraire. Ex : Cet étudiant est récalcitrant (être
récalcitrant n’est pas un élément essentiel).

f) D’après la modalité du rapport Sujet-Prédicat


- Les propositions assertoriques, problématiques et apodictiques.
La proposition assertorique énonce un fait contingent, c’est-à-dire quelque chose qui
est, mais qui pouvait ne pas être, sans contradiction. Ex : Ce garçon est fatigué.
La proposition problématique est celle qui énonce un fait qui n’est pas, mais qui
pourrait être, c’est-à-dire une possibilité. Ex : Il est possible qu’il voyage demain.
André pourrait être vainqueur.
La proposition apodictique énonce un fait nécessaire, c’est-à-dire quelque chose qui
ne peut pas ne pas être. Ex : L’homme est raisonnable. L’animal est vertébré. Dieu est
omnipotent.

g) D’après la complexité de la proposition


- Les propositions simples ou complexes
Les propositions simples sont celles qui n’ont qu’un énoncé (elles énoncent le rapport
entre un sujet et un prédicat à l’aide de la copule). C’est ainsi qu’on parle aussi de la
proposition modale, parce qu’elle accepte la copule verbale).
Ex : Dieu est créateur. L’homme est faillible.
Les propositions complexes sont celles qui sont composées de plus d’un énoncé
(elles énoncent des rapports pouvant exister entre plusieurs propositions). Elles sont de trois
sortes :
- La proposition hypothétique ou implicative (conditionnelle).
- Les propositions disjonctives
- Les propositions conjonctives
 La proposition hypothétique (implicative) ou conditionnelle : c’est une
proposition formée de deux propositions dont l’une exprime la condition
ou l’hypothèse et l’autre la conséquence résultant de l’hypothèse. La
première s’appelle antécédent et la seconde conséquent. Elle est introduite
par si…, alors. Ex : Si la route est bonne, alors ils feront moins de temps.
S’il étudie, alors il réussira. Si nous sommes Lushois, alors nous sommes
congolais.
 Laproposition disjonctive : c’est une proposition composée de deux
propositions formant une alternative. Celle-ci est exprimée par la
locution « ou »-« et/ou »-« ou bien », qui sert de liaison. Il faut noter que
cette locution peut être présentée au sens exclusif ou au sens non exclusif.
Ex : Le chasseur ou le pêcheur viendra. Le professeur et /ou l’assistant est
formateur. Il est docteur ou bien infirmier.
17

 La proposition conjonctive : c’est une proposition composée de deux


propositions reliées par la conjonction de coordination « et » ou « ni ».
Ex : La vache ou la chèvre broute l’herbe. L’homme n’est bête ni ange. On
peut être pauvre et honnête.
N.B. : Nous pouvons noter les propositions causales et les propositions composées à structure
cachée.
- Les propositions causales sont deux propositions dont l’une rend compte de
l’autre.
Ex : Alphonse est riche grâce au travail lui rendu par André. Mobutu est
pauvre à cause du manque du sérieux de ses enfants.
- Les propositions composées à structure cachée telles que les exclusives, les
exceptives et les réduplicatives.
Ex exclusives : Seul le pape est infaillible chez les catholiques. Il n’ya que le
capitaine qui parle à l’arbitre.
Ex exceptives : Tout le monde était présent sauf Kashia.
Ex réduplicatives : Le congolais en tant que tel est pauvre.
N.B. : Les propositions hypothétiques, disjonctives et conjonctives donnent lieu au calcul
logique que nous préférons mettre grosso modo après l’étude du raisonnement.

II.3.LE RAISONNEMENT OU L’INFERENCE


II.3.1. Définition
Le raisonnement est une opération mentale qui permet d’obtenir par un
enchainement des propositions une nouvelle proposition. Autrement dit, le raisonnement est
une démarche de l’esprit pensant qui, à partir de certaines connaissances(consignées dans ce
qu’on appelle prémisses), mène à une connaissance nouvelle(consignée dans ce qu’on appelle
conclusion) sans devoir recourir à d’autres observateurs sensibles.

Ce passage des prémisses à la conclusion doit obéir à certaines règles du fait du


passage du connu à l’inconnu. La logique a pour objet l’étude des procédés par lesquels notre
raison peut rendre systématique un domaine du savoir. Ces procédés sont des raisonnements.
Le raisonnement est un acte de l’esprit qui, en possession de certaines connaissances
concernant un objet, est capable de faire progresser son savoir sans devoir recourir à
l’expérience de cet objet. Les connaissances préalables sont appelées « prémisses » et les
connaissances nouvelles acquises sont appelées des « conclusions ».

De ce fait, le raisonnement est une inférence parce qu’il est inféré d’une
proposition d’une ou de plusieurs autres propositions préalables, la croire et vouloir qu’on la
croie comme conséquence : de quelque chose d’autre, c’est ce qui s’appelle, au sens le plus
étendu du mot, RAISONNER.
Dans un sens plus restreint, le terme raisonnement ne désigne que la forme
d’inférence dont le syllogisme est le type général.
Ex : Tout homme est mortel Le fer, le cuivre, le cobalt et le mercure sont des métaux ;
Or Jimmy est un homme Donc les métaux conduisent l’électricité.
18

Donc Jimmy est mortel.


Notons que ce raisonnement peut être valide ou invalide, correct ou incorrect.
Puisqu’il s’agit, ici, de la logique formelle, nous nous occuperons de la validité du
raisonnement sans souci de la vérité du contenu des jugements énoncés. Un raisonnement sera
dit « valable » ou « correct » s’il n’est pas possible que, appliqué à des prémisses vraies, il
mène à une conclusion fausse. Le présupposé qui définit les conditions d’un raisonnement
correct est celui d’un monde possible sur lequel nous n’aurions que les renseignements
fournis par les prémisses. La logique définit les conditions dans lesquelles nous devrions être
assurés que la conclusion serait conforme à l’état de ce monde-là. On peut donc dire que les
valeurs fondamentales auxquelles la logique se réfère ne sont pas immédiatement le vrai et le
faux mais le « valable » (correct, contraignant, démonstratif) et le non-valable.

II.3.2. Eléments constitutifs du raisonnement


Tout raisonnement se décompose en deux groupes d’éléments constitutifs : les
prémisses(antécédents) d’une part et la conclusion(le conséquent) de l’autre. Entre elles doit
exister un lien, le lien de conséquence ou de déductibilité. Prémisses et conclusions doivent
avoir la forme de jugements.

- Les prémisses ou l’antécédent sont la proposition ou les propositions qui sont


admises comme point de départ du raisonnement.
- Le conséquent est donc une inférence de l’antécédent ou la proposition qui résulte des
antécédents ; ou encore la proposition qui, résultant des antécédents, est admise
comme point d’arrivée du raisonnement.
- La conséquence est le rapport entre l’antécédent et le conséquent, souvent exprimé
par les particules « si-alors » et en vertu duquel l’antécédent entraîne le conséquent. La
conséquence est donc une inférence de l’antécédent par rapport au conséquent.
II.3.3. Expression du raisonnement
L’expression verbale ou écrite du raisonnement c’est l’argumentation. Elle se
présente comme la forme concrète du raisonnement et dès lors elle est souvent prise comme
synonyme de démonstration.

II.3.4. Sortes d’inférences


Il existe deux sortes d’inférences : l’inférence immédiate et l’inférence médiate.
- L’inférence immédiate est un raisonnement dans lequel l’antécédent n’est composé
que d’une proposition. Elle s’obtient lorsqu’il ya passage d’une proposition à une
nouvelle forme de celle-ci. Le conséquent ne fit qu’énoncer d’une manière différente
ce que dit déjà l’antécédent. Ex : Si je suis congolais, alors je suis africain.
- L’inférence médiate nommée syllogisme est une déduction dans laquelle le sujet et
le prédicat du conséquent ont été réunis grâce à un moyen terme qui se trouve dans les
antécédents. Elle s’obtient lorsqu’il y a passage d’une proposition à une nouvelle
forme de celle-ci de manière indirecte, c’est-à-dire en passant par les intermédiaires.
Ce qui conduit RUSSEL à comprendre l’inférence médiate comme « une opération
19

par laquelle l’esprit conclut d’une ou plusieurs propositions à une nouvelle proposition
dite conclusion »11.
Ex : Le fer, le cuivre, le cobalt et le mercure sont conducteurs de l’électricité ;
Or le fer, le cuivre, le cobalt et le mercure sont des métaux ;
Donc les métaux sont conducteurs d’électricité.
Le raisonnement est le type d’inférence médiate par excellence.

II.3.4.1. L’étude de l’inférence immédiate


a) Les oppositions
En considérant le carré logique qui comprend les oppositions entre les qualités et
quantités des propositions ayant un même sujet et un même prédicat, nous remarquons, sans
difficultés, quatre sortes d’oppositions : la contradiction, la contrariété, la subcontrariété et la
subalternance.
1° La contradiction: présente l’opposition de la qualité et de la quantité entre A et O et entre
E et I. Les propositions contradictoires ne peuvent pas être vraies en même temps ni
fausses en même temps.
Ex : Tous les lions sont carnivores(A). Contradictoire : Quelques lions ne sont pas
carnivores(0).
Quelques africains sont blancs(I). Contradictoire : Aucun africain n’est blanc(E).
2° La contrariété présente l’opposition de la qualité entre A et E avec quantité universelle.
Les contraires peuvent être vrais en même temps, mais elles ne peuvent être fausses en
même temps.
Ex : Toutes les souris sont grises(A). Contraire : Aucune souris n’est grise(E).
3°La subcontrariété présente l’opposition de la qualité entre I et O avec quantité particulière.
Les subcontraires ne peuvent pas être fausses en même temps, mais elles peuvent être
vraies en même temps et si l’une est fausse, l’autre est vraie.
Ex : Quelques politiciens sont idéalistes(I). Subcontraire : Quelques politiciens ne sont
pas idéalistes(O).
4° La subalternance présente l’opposition de la quantité entre A et I et entre E et O avec la
qualité identique. Les subalternes si l’universelle est vraie, la subalternée l’est aussi ; si la
particulière est vraie, la subalternante peut être vraie ou fausse ; si la particulière est
fausse, la subalternante l’est aussi, si l’universelle est fausse, la subalternée peut être
vraie ou fausse.
Ex : Tous les singes mangent des cacahouètes(A). Subalternée : Quelques singes mangent
des cacahouètes. Quelques étoiles ne sont pas habitées(O). Subalternante : Aucune étoile
n’est habitée(E).

11
RUSSEL, B., Introduction à la philosophie mathématique, Paris, Payot, 1970, p. 175
20

b) L’inversion

Elle est une opération mentale qui consiste à changer les termes d’une proposition en
leurs opposés. Invertir un jugement c’est conserver la quantité et la qualité de la donnée tout
en remplaçant les termes, sujet et prédicat par leurs opposés pour obtenir la transformée. Le
vocable opposé signifie contradictoire et pas contraire.
Ex : Tout homme est raisonnable. Inversion : Tout non homme est non-raisonnable

c) La conversion

Elle est une opération mentale qui consiste à permuter les termes d’une proposition
en vue de la transformée, c’est-à-dire que ce qui était sujet devient prédicat et ce qui était
prédicat devient sujet dans la nouvelle proposition. Cependant la qualité de la proposition
reste immuable. Il ya deux sortes de conversion : conversion parfaite ou simple et conversion
imparfaite ou per accidens.
- Une conversion parfaite ou simple est celle dans laquelle la permutation des termes
n’entraine pas le changement de vérité, c’est-à-dire n’entraine pas la différence de
quantité dans la composition. Elle s’applique sur E et I
Ex : Quelques bavards sont intelligents. Conversion : Quelques intelligents sont
bavards. Nul mineur n’est professeur. Conversion : Nul professeur n’est mineur.
- Une conversion imparfaite ou per accidens est celle dans laquelle la permutation
entraine le changement de quantité, c’est-à-dire elle conduit à une transformée qui n’a
pas la même quantité que la donnée. Elle s’applique sur E et A. La conversion
imparfaite est légitime quand elle conserve la valeur vraie de sa donnée.
Ex : Tous les combattants sont drogués. Conversion : Quelques drogués sont des
combattants. Toutes les laides filles sont fiancées. Conversion : Quelques fiancées sont
des laides filles.
N.B. : La grande loi de toute conversion est que la proposition déduite ne peut affirmer rien
de plus que la proposition primitive et donc, aucun terme ne peut recevoir une
extension plus grande que celle qu’il avait dans (la) les prémisses. Si dans
l’antécédent un terme était particulier, il ne peut pas être universel dans le
conséquent. La quantité doit être parfois adaptée, la qualité au contraire ne change
pas : c’est la règle du « LATIUS HOS ».
On ne fait pas de conversion sur les propositions en O ou les particulières négatives.

d) L’obversion

Elle est une opération mentale qui consiste à changer la qualité de la proposition
initiale et le prédicat en son opposé.
Ex : Tous les étudiants sont pauvres
- Obversion : Aucun étudiant n’est riche
Ex : Quelques étudiants sont des policiers
- Obversion : Quelques étudiants ne sont pas de non-policiers.
21

e) La contraposition
Elle est une conversion qui comporte plusieurs autres conversions. Elle est le fruit de
trois opérations : Soit une conversion suivie d’une inversion puis d’une conversion, soit une
obversion suivie d’une conversion puis d’une obversion.
Ex : Quelques compatriotes ne sont pas honnêtes
1ère conversion : Quelques non compatriotes ne sont pas honnêtes
2ème inversion : Quelques non compatriotes ne sont pas non honnêtes ;
3ème conversion : Quelques non honnêtes ne sont pas non compatriotes.
Ex : Quelques compatriotes ne sont pas honnêtes.
1èreobversion : Quelques compatriotes sont non honnêtes,
2ème conversion : Quelques non honnêtes ne sont pas compatriotes ;
3èmeobversion : Quelques non honnêtes ne sont pas non compatriotes.
N.B. : La contraposition n’est possible et légitime que dans les propositions en A et en O et si
la contradictoire du prédicat est vérifiée par au moins un objet. Il n’y a donc pas de
contraposition pour les propositions en I ou propositions particulières affirmatives.

II.3.4.2. L’étude de l’inférence médiate


A côté des inférences immédiates, on distingue les raisonnements : déductif, inductif,
par analogie, par l’absurde et l’argument ad hominem.

A. Le raisonnement déductif ou déduction est un raisonnement dont l’opération


consiste à conclure du général au particulier, de tous les cas à quelques cas, des lois
aux faits. C'est-à-dire qu’on conclut rigoureusement d’une ou de plusieurs
propositions prises pour prémisses à une proposition qui en est la conséquence
nécessaire.
Ex : Tout ingénieur est mathématicien
Or André est ingénieur
Donc André est mathématicien.
On parle aussi de la déduction immédiate et de la déduction médiate. Les médiates
peuvent être syllogistiques ou mathématiques.
La déduction immédiate est l’opération de la raison par laquelle on passe d’une
proposition unique (appelée contre-prémisse) à une autre proposition (appelée contre-
conclusion). La déduction immédiate rappelle l’aspect, somme toute, intuitif, « immédiat » du
raisonnement. Le rapport entre jugements est perçu par un acte simple qui a besoin, pour
s’exprimer, de la discursivité. Dans le cas des inférences immédiates, le rapport est défini par
une opération : négation, obversion, contradiction, contrariété, subalternation, conversion,
inversion, réciprocation, particularisation et concrétisation.
N.B. : Il faut noter que la contradiction, la contrariété, la sous-contrariété et la
subalternation ont permis de construire ce qu’on a appelé le carré logique comme
22

nous l’avons déjà vu lors de la classification des jugements par la quantité et la


qualité, par la combinaison de ces deux critères.
La déduction médiate sera étudiée après le raisonnement parce qu’elle fait l’objet
du syllogisme.

B. Le raisonnement inductif ou l’induction est une forme de raisonnement qui part du


particulier au général, de quelques cas à tous les cas, des faits aux lois, de l’exception
à la règle.
Ex : Le cuivre est fondant
Or le cuivre est un métal
Donc tous les métaux sont fondants
N.B. : L’induction est un moyen de découvrir et de prouver des propositions générales à partir
des faits d’expérience. Elle ne fait pas partie de la logique formelle, mais relève de la
méthodologie des sciences. Il faut s’éviter de confondre la logique formelle et
méthodologie des sciences expérimentales. Toutefois, on distingue trois types
d’induction : baconienne, formelle et récursive.
- L’induction baconienne : elle conclut au-delà de ce qui est constaté, c’est-à-dire
qu’elle fait des généralisations abusives et indues.
Ex : Willy est congolais, or Willy est amusant, donc tous les congolais sont amusants.
- L’induction formelle consiste à vérifier une situation connue au départ.
Ex : La CENI a enrôlé 25000000 électeurs, au terme du dépouillement, elle compte
25000000 de bulletins, donc, tout le monde a voté.
- L’induction récursive consiste à ajouter constamment une unité jusqu’à l’épuisement
des entiers naturels. Elle est plus utilisée en mathématique. Ex : X, X+1,(X+1)+1
C. Le raisonnement par analogie est ce raisonnement qui ressemble beaucoup à l’induction
et se fonde sur la comparaison de la ressemblance. Il consiste à conclure de
ressemblances particulières à d’autres ressemblances.
Ex : Si Kashia a mangé des bananes succulentes à plusieurs reprises, à la prochaine
occasion face à la banane, il se précipitera pour la manger.
N.B : A strictement parler, il n’existe pas de raisonnement analogique, le passage de la
similitude à l’identité n’étant pas rigoureux.

D. Le raisonnement par l’absurde : il est très utilisé en mathématique. C’est un


raisonnement qui passe par l’utilisation de la proposition contradictoire de celle qu’on
veut prouver. Donc on remarque des contradictions dans le fait à démontrer, on conclut à
la vérité de ce fait.
Ex : Pour démontrer la valeur du travail, on suppose que celui qui n’a pas travaillé est
pauvre et meurt de faim. Donc, il faut travailler pour manger et éviter de mourir de faim.

E. Le raisonnement ad hominem (dirigé contre l’homme) est un type de raisonnement qui


consiste à prendre l’interlocuteur aux mots, c’est-à-dire lui répliquer les termes de son
23

propre discours pour le confondre. Il peut, dans certaines circonstances constituer une
erreur de raisonnement.
Ex : un curé dit à son paroissien qu’il faut être propre pour assister au culte pascal. Et le
paroissien lui répond : « Monsieur le curé, donnez-moi du savon pour être propre et
assister au culte pascal.

II.4.LE SYLLOGISME

II.4.1. Notions

Le syllogisme est, d’après ARISTOTE, « un discours dans lequel, certaines choses


étant posées, quelque chose d’autre que ces données en résulte nécessairement par le seul fait
de ces données. Par le seul fait de ces données, je veux dire, écrit-il, que c’est par elles que la
conséquence est obtenue ; à son tour, l’expression c’est par elles que la conséquence est
obtenue signifie qu’aucun terme étranger n’est, en sus, requis pour produire la conséquence
nécessaire » (cfr Les Premiers analytiques I.1.24 b- Organon, Nouvelle trad. Et notes par J.
TRICOT, Paris, Vrin, 1947.)
Le syllogisme a, dans sa genèse, une synthèse originale ayant trois éléments :
1. Les rapports d’inclusion et d’exclusion dans la dialectique platonicienne ;
2. La proportion continue inventée, semble-t-il, par EUDOXE(408-355 Av. J.C.) dont
ARISTOTE se reconnait le débiteur ;
3. L’invention aristotélicienne de la variable logique.
Apropos des rapports d’inclusion, PHOBE cite F. CRAHAY qui rapporte le
raisonnement platonicien suivant : « l’idée de trois inclue l’idée de paire »
Bref, pour des raisons didactiques, nous pouvons définir le syllogisme en des termes
éclectiques comme un raisonnement déductif composé de trois propositions dont les deux
premières appelées prémisses (la majeure et la mineure) donnent lieu à une troisième appelée
la conséquence(la conclusion).
Ex : Tout enfant est né d’une mère
Or André est enfant
Donc André est né d’une mère

II.4.2. Composantes d’un syllogisme

Quand il est valide, le syllogisme classique se compose de trois propositions et de


trois seulement à savoir les deux prémisses et la conclusion qui en découle. Il faut
pareillement trois termes et pas plus, à savoir le Sujet, le prédicat de la conclusion et un autre
appelé Moyen Terme qui doit se trouver dans chacune des prémisses, puisque c’est par son
intermédiaire que les autres termes(le sujet et le prédicat de la conclusion) doivent être mis en
connexion.
24

Le prédicat de la conclusion est appelé GRAND TERME ou le plus grand extrême(G


en symbole). Le Sujet de la conclusion est appelé est appelé PETIT TERME ou le petit
extrême(P en symbole). Le symbole du Moyen terme est M.
La prémisse qui contient le Moyen Terme et le Grand Terme c’est la Majeure et celle
qui contient le moyen terme et le Petit Terme c’est la Mineure.

II.4.3. Les 8 règles syllogistiques

Pour qu’un syllogisme soit qualifié de valide ou de correct, il faut qu’il respecte 8
règles formelles dont 4 concernent les termes et 4 autres concernent les propositions :
1° Le syllogisme ne comporte que trois propositions ne contenant que trois termes
univoques.(Terminus esto triples : medius, majorque, minorque). Il faut trois termes
(entendez : trois concepts), ni plus ni moins : le terme moyen, le grand extrême et le petit
extrême. S’il y a plus de trois termes, le raisonnement sera de forme plus compliquée que le
syllogisme catégorique. Sinon il est illégitime, incorrect. Mais la vraie portée de la règle
revient à dire que les trois termes (entende : les concepts) doivent être pris deux fois dans le
même sens. Ils ne peuvent être pris une fois selon une suppositio formalis, une autre selon une
suppositio materialis, une fois selon l’abstraction totale, une selon l’abstraction formelle. Le
raisonnement suivant violerait cette règle : « tout bavard est sot, or sot est un mot de trois
lettres, donc bavard est un mot de trois lettres ».

Chacun des trois termes (c’est-à-dire des trois concepts) doit être pris deux fois dans le
même sens. Mais il peut être pris tantôt comme attribut dans un sujet, tantôt comme prédicat.
Il n’est pas nécessaire qu’il soit pris deux fois selon la même quantité (universelle ou
particulière). (Ceci montre qu’il s’agit bien des « concepts » et non des « termes » des
jugements de prédication).

2° Le moyen terme doit être pris au moins une fois universellement ou dans toute son
extension.(Aut semel, aut iterum medius generaliter esto). Ceci revient à la règle du suppôt
commun, qui est la règle essentielle du syllogisme. En effet, si le terme moyen est pris deux
fois particulièrement, il n’est aucunement certain qu’il concerne deux fois un même suppôt.

Ex. de sophisme : « Tout Brabançon est Belge, or tout Bruxellois est Belge, donc tout
Bruxellois est Brabançon ».

3° Le moyen terme ne peut pas figurer dans la conclusion.(Numquam contineat medium


conclusio fas est).Le moyen terme n’a pas à être repris dans la conclusion. S’il y réapparaît, il
y est superfétatoire. Il y a lieu de l’en éliminer.

Ex. « Tout homme est mortel, or tout nègre est homme, donc tout nègre est homme
mortel ».

4° Les Termes ne doivent pas avoir une extension plus grande dans la conclusion que
dans les prémisses.(Latius hos quam praemissae, conclusio non vult.) Les termes (hos) ne
peuvent recevoir dans la conclusion une quantité plus grande que dans les prémisses. En
25

d’autres mots, si un extrême est pris particulièrement dans les prémisses, il ne peut être pris
universellement dans la conclusion.

Cette règle vaut pour tout raisonnement quel qu’il soit. Une conclusion ne peut jamais
se rapporter (directement ou indirectement) à des choses dont les prémisses ne parlent pas. Un
syllogisme (ou tout autre raisonnement) qui violerait cette règle est appelé un « sophisme par
latius hos », ou simplement un « latius hos ».

Ex/ de sophisme : « Tout homme est faillible, or aucun ange n’est homme, donc aucun
ange n’est faillible ». (Le grand extrême est pris particulièrement dans la majeure, comme
prédicat d’une affirmative; il est pris universellement dans la conclusion, comme prédicat
d’une négative).

5° Deux prémisses affirmatives donnent une conclusion affirmative.(Ambae affirmantes


nequeunt generare negantem) Deux prémisses affirmatives ne peuvent engendrer une
conclusion négative. De ce que les deux termes de la conclusion sont unis à un même terme
moyen, on ne pourrait naturellement jamais conclure qu’ils sont étrangers l’un à l’autre.

6° Deux prémisses négatives ne donnent pas de conclusion.(Utraque si praemissa neget,


nil inde sequetur) Deux prémisses négatives n’autorisent aucune conclusion. Les prémisses
affirment que les extrêmes sont tous deux étrangers à un même terme commun. On ne saurait
en tirer ni qu’ils sont, ni qu’ils ne sont pas étrangers entre eux.

7° Deux prémisses particulières ne donnent pas de conclusion non plus.(Nil sequitur


geminis e particularibus umquam) Deux prémisses particulières ne donnent point de
conclusion. Démonstration :

1) Soit deux prémisses affirmatives. Dans cette hypothèse tous les termes seront particuliers
(comme sujet de particulières ou comme prédicats d’affirmatives). Donc la règle IV serait
violée, qui exige que le terme moyen soit pris au moins une fois universellement.

2) Soit deux prémisses négatives. Cette hypothèse est écartée par la règle VI.

3) Reste donc la seule hypothèse d’une prémisse affirmative et d’une négative.

La conclusion sera donc négative (règle VII). Le grand extrême universel dans la conclusion
sera donc universel dans la majeure (règle II). En outre, le moyen terme doit également
figurer une fois universellement dans les prémisses (règle IV). Or les prémisses ne peuvent
contenir qu’un terme universel. En effet, les deux sujets sont particuliers par hypothèse, ainsi
que l’attribut de l’affirmative, l’hypothèse est donc impossible.

8° La conclusion suit toujours la prémisse la plus faible, c’est-à-dire qu’elle est


particulière lorsque l’une des prémisses est négative.(Pejorem sequitur semper conclusio
partem). La conclusion suit la partie de la prémisse la plus faible. Cet énoncé exprime en
réalité deux règles distinctes : la première concerne la forme, la seconde la quantité. Au point
de vue de la forme, la négative, est appelée « plus faible » que l’affirmative. Au point de vue
de la quantité, la particulière est appelée « plus faible » que l’universelle.
26

Leibniz décomposait cette règle VII en deux énoncés :

« Conclusio nullam ex praemis quantitate vincit;

« Conclusio sequitur partem in qualitate (nous dirions : in forma) deterirrem.

En d’autres mots : si une des prémisses est négative, la conclusion sera négative. Si
une des prémisses est particulière, la conclusion sera particulière.

Démonstration :

1) Pour la forme : Le terme moyen est déclaré étranger à un des extrêmes mais lié à l’autre. Il
ne peut donc servir à démontrer que les extrêmes seraient liés ensemble. Dans le cas le plus
favorable (syllogisme correct) il pourra tout au plus garantir qu’on ne peut prédiquer un
extrême de l’autre, donc autoriser catégoriquement une conclusion négative.

2) Pour la quantité : Si une des prémisses est particulière, la conclusion ne pourra être
universelle. Elle ne saurait être, en effet, dans ce cas, ni affirmative, ni négative.

a) Pas affirmative. En effet, ce ne serait possible que si les deux prémisses étaient affirmatives
(règle VII). Le petit extrême, sujet d’une conclusion universelle, serait universel dans la
conclusion. Il devrait donc être universel dans la mineure (règle II).

Il ne pourra donc être prédicat de la mineure, qui est nécessairement affirmative et


dont le prédicat est donc pris particulièrement. Il devrait donc être sujet de la mineure, et le
terme moyen ne pourra y être que prédicat. Ce terme moyen, prédicat d’une affirmative, y
sera donc pris particulièrement. Il devra donc être pris universellement dans la majeure (règle
VI). Or ceci est impossible, la majeure, étant affirmative, a nécessairement un prédicat
particulier; d’autre part, la majeure est particulière, par hypothèse, puisqu’il y a, par
hypothèse, une prémisse particulière et que nous venons de voir que la mineure sera
nécessairement universelle. Le sujet de la majeure sera donc aussi particulier. Donc si une des
deux prémisses est particulière, la conclusion universelle ne pourra pas être affirmative.

b) Pas négative non plus. La conclusion aurait par hypothèse ses deux termes universels : le
petit extrême, comme sujet d’une universelle, et le grand extrême, comme prédicat d’une
négative. Ces termes doivent donc intervenir comme universels dans les prémisses (règle II).
De plus le terme moyen doit aussi y être pris au moins une fois universellement (règle IV).
Les prémisses devraient donc contenir trois termes pris universellement, or dans les
hypothèses que nous examinons elles ne peuvent contenir que deux termes pris
universellement. En effet, une des prémisses est nécessairement affirmative (règle VI); son
prédicat sera donc pris particulièrement. Une des prémisses étant particulière, par hypothèse,
son sujet sera particulier. Il n’y a donc plus place pour trois termes pris universellement.

On pourra d’ailleurs ramener les huit règles, aux trois suivantes. Les deux
premières seront communes à tous les raisonnements proprement dits :
27

1) Règle de la forme de la conclusion.

Deux affirmatives ne peuvent conclure par une négative;

Deux négatives n’amènent aucune conclusion;

Une prémisse négative veut une conclusion négative.

2) Règle du latius hos

Une conclusion ne peut s’étendre à des choses dont les prémisses ne parlent pas.

La 3ème est commune à tout syllogisme (avec de menues variantes dans la présentation).

3) Règle de suppôt commun

Le terme moyen doit faire intervenir aux premisses au moins un même suppôt (d’ailleurs
indéterminé). De cette 3ème règle on tire facilement les règles I, IV, VIIb et VIII.

Il y aura lieu d’ajouter ici une remarque importante analogue à celles que nous
avons faites pour la subalternation et pour la conversion. Une conclusion particulière ne
pourra recevoir de signification existentielle que si le petit extrême est pris existentiellement
dans la mineure.

Nous avons montré que les règles classiques s’imposent à tout syllogisme. Nous
n’avons pas démontré qu’elles suffisent à en garantir la validité. Pour le faire, nous suivrons
la méthode suivante :

1. L’étude des diverses figures et des modes nous fournira le tableau de toutes les variétés des
syllogismes théoriquement concevables. Nous en éliminerons celles qui violeraient quelque
règle.

2. Puis nous montrerons la validité de certains syllogismes fondamentaux (modes directs de la


première figure).

3. Enfin, pour tous les autres syllogismes, nous montrerons, en nous servant des seules règles
des inférences, que de leurs prémisses on peut déduire leur conclusion par les seuls modes
directs de la première figure (réduction des autres figures à la première).

II.4.4. Les figures du syllogisme


On appelle figure du syllogisme, la disposition des termes selon leur rôle de sujet
et de prédicat. En raison de la mobilité du moyen terme, sa disposition détermine la structure
interne du syllogisme. C’est ainsi que nous pouvons avoir quatre structures graphiques ou
cinq avec la première inversée.

1° La première figure
M___________G Le Moyen Terme est sujet de la première prémisse et prédicat de la
Seconde. Ex : Tous les métaux sont solides
28

P __________M Or le cuivre est un métal


P __________G Donc le cuivre est solide.
2° La deuxième figure
G__________M Le Moyen Terme est deux fois prédicat
Ex : Tous les katangais sont congolais
P__________M Or Kashia n’est pas congolais
P__________G Donc Kashia n’est pas katangais

3° La troisième figure
M____________G Le Moyen Terme est deux fois sujets

M____________P Ex : Certains pédophiles sont prêtres


P____________G Or tous les pédophiles sont païens
Donc certains prêtres sont païens

4° La quatrième figure
G___________M Le Moyen Terme est prédicat de la première prémisse et sujet de la
seconde.
M___________P Ex : SOCRATE est philosophe
P___________G Or tous les philosophes sont intelligents
Donc SOCRATE est intelligent

II.4.5. Les Modes concluants

Un syllogisme qui mène à une conclusion est dit en forme, c’est-à-dire valable
pour conclure. Tout couple de prémisse ne mène pas nécessairement à une conclusion valide.
Ceux qui sont susceptibles de donner nécessairement une conclusion solide sont appelés
modes concluants. Les règles formelles du syllogisme permettent d’éliminer justement les
couples non concluants. Le mode concluant est la combinaison des propositions A, E, I et O
dans différentes figures. A priori, on peut imaginer pour chaque figure 64 modes (4x4x4= 64).
Pour les 4 figures, on obtiendrait 64x4= 264 modes. Mais ce n’est pas tout couple des
prémisses de ces 264 modes qui conduit nécessairement à une conclusion valide. Grâce aux
règles formelles du syllogisme et à leur fonction d’élimination de couples non concluants,il ne
va rester que 24 modes concluants. Parmi ces 24, il y en a qui sont difficiles ou qui ne
conduisent qu’à des résultats sans importance. C’est alors que les logiciens n’ont retenus que
19 modes concluants, tout en conseillant d’employer les plus difficiles parmi eux. Pour
éliminer les couples non concluants, on part généralement des propositions du carré logique
connues et on applique les règles du syllogisme. On obtient les couples suivants :
29

aa ea ia oa
ae ee ie oe
ai ei ii oi
ae eo io oo

D’après les règles du syllogisme- notamment celles qui stipulent que les
prémisses particulières et les prémisses négatives ne donnent pas de conclusion- seules les
couples ci-après peuvent être retenus comme concluants :
aa ea ia oa
ae ie
ai ei
ao

Les couples particuliers et/ ou négatifs ont été éliminés, ils ne donnent pas de
conclusion :
ee ii oe
eo io oi
oo

Quelles sont les conclusions possibles qui peuvent cadrer avec ces couples de
prémisses ? Ici, il faut tenir compte de deux règles du syllogisme :
1° La conclusion suit toujours la prémisse la plus faible :
a et i donnent i
a et o donnent e ou o
a et i donnent o
e et i donnent o

2° Deux prémisses affirmatives donnent une conclusion affirmative.


Il va de soi que ce qui vaut pour un tout vaut automatiquement pour une partie :
toute conclusion valable pour a est valable pour i, toute conclusion valable pour e est valable
pour o ; on peut donc dresser le tableau suivant en laissant tomber les consonnes qui ont été
ajoutées pour des raisons de sonorité, on obtient trois voyelles : 2 prémisses et 1 conclusion.
Ex : Barbara : aa a.

Prémisses Conclusion Ière figure 2ème figure 3ème figure 4ème figure

a e i o
30

Aa a -i- Barbara 2 Darapti 4 Bamalip 4


ae - e - o 4 Camestres 4 Calemes
ai - - i- Darii 2 Datisi 2
ao - - - o 4 Baroco 4 2
ea - e - o Celarent Cesare Felapton Fesapo
ei - - - o Ferio Festino Ferison Fresison
ia - - i- 2 2 Disamis Dimatis
ie - - - o 4 4 4 4
oa - - - o 2 4 Bocardo 4

Légende du tableau

Le chiffre 2 signifie : en vertu de la règle formelle n° 2( le moyen terme doit être au


moins une fois pris universellement), on peut avoir un syllogisme valide, 4 renvoie à la règle
formelle n°4( dans la conclusion, les termes ne peuvent avoir une extension plus grande que
dans les prémisses).
Ex : Figure 1, i e o
Certains hommes sont chauves
Aucun éléphant n’est homme
Donc aucun éléphant n’est chauve.
Chauve devient universel dans la conclusion alors qu’il est particulier dans la
première prémisse.
Figure 2, a i i : Tous les athlètes sont sportifs
Certains ivrognes sont sportifs
Certains ivrognes sont athlètes.
Le moyen terme sportif est deux fois pris particulièrement (prédicat d’une
proposition affirmative).
N.B. : Il est remarquable que les mots dans le tableau forment des vers rythmés et
apparemment barbaresques, mais ils présentent, en même temps que les figures, un
trésor mémo-technique bien utile pour discerner comment un syllogisme est composé
et savoir s’il est valide ou pas.
Exemple :
1° figure : Barbara
a Tous les chrétiens sont généreux,
31

a Or les Lushois sont chrétiens;


a Donc les Lushois sont généreux.

2° figure: Cesare
e Aucun homme n’est immortel,
a Or les anges sont immortels
e Donc aucun ange n’est homme.

3° figure Bocardo
o Certains hommes ne sont pas chrétiens,
a Or tous les hommes sont croyants ;
o Donc quelques croyants ne sont pas chrétiens.
4° figure Bamalip
aKashia est étudiant,
a Or tous les étudiants sont apprenants ;
i Donc quelque apprenant est Kashia.

II.4.6. Réduction syllogistique

Réduire un syllogisme d’une figure quelconque (2ème, 3ème et 4ème figures) autre
que la première, c’est trouver sa correspondance parmiles modes de la première figure dont le
syllogisme est considéré comme parfait. Cette opération ne se fait pas par hasard. Il ya une
procédure à suivre à partir du mode correspondant. La réduction syllogistique tient compte
des consonnes initiales des modes, trois voyelles contenues dans chaque mode et consonnes
initiales à chaque mode.
La première consonne indique le mode correspondant de la première figure
commençant par la même consonne. Exemple Bamalip qui est de la 4ème figure correspondra
avec Barbara qui est un mode de la première figure, ceux qui commencent par C se réduisent
à Celarent, ceux qui commencent par D se démontrent par Darii et ceux qui commencent par
F se réduisent à Ferio. Cependant ce n’est pas aussi simple que cela n’apparait, car il ya des
opérations d’opposition à appliquer sur les propositions pour parvenir à la réduction en soi.
Les consonnes internes aux dénominations de chaque mode indiquent l’opération
qu’il faut appliquer sur la proposition pour la convertir en celle indiquée. C’est ainsi que
mindique qu’il faut appliquer une permutation entre les deux propositions des prémisses, s
indique une conversion simple à appliquer sur la proposition qui le précède immédiatement.
Et P indique qu’il faut appliquer une conversion per accidens sur la proposition qui la précède
immédiatement.
N.B. Il est observé que certains logiciens considèrent Bamalip, Fesapo, Felapton et
Darapti comme des modes valides, mais en réalité, ils sont invalides comme nous le fait
remarquer Maritain. Leurs invalidités est à prouver en se basant sur les lois formelles et les
32

méthodes modernes de décision. La conclusion doit tenir compte de la qualité et de la quantité


des prémisses.

II.4.7. Classification des syllogismes

En dehors de ces formes du syllogisme catégorique qui sont strictement logiques,


il convient d’évoquer des formes sans doute plus rhétoriques que logiques. C’est-à-dire que
dans le langage courant, les gens utilisent d’autres syllogismes qui n’ont rien à faire avec le
syllogisme catégorique ou classique, mais qui sont tout de même valables. Nous avons le
syllogisme d’exposition, le syllogisme mixte, le polysyllogisme, le sorite, l’enthymème,
l’épichérème et le syllogisme composé.

1° Le syllogisme d’exposition : c’est un syllogisme dont les prémisses possèdent un même


sujet concret.
Ex : il ya au moins un congolais qui est intelligent, puisque mon fils est congolais et il est
intelligent. Mon fils est congolais, mon fils est intelligent ; donc au moins…’
2° Le syllogisme mixte : c’est celui dont l’une des prémisses a un sujet concret et l’autre a un
sujet général, la conclusion sera aussi concrète.
Ex : Tout homme est mortel, Or Socrate est homme, Donc Socrate est mortel.
N.B. : Ce syllogisme mixte peut être traité comme un syllogisme catégorique ou classique à
condition d’assimiler la prémisse concrète à une prémisse universelle. Le sujet
concret se retrouvera comme un sujet petit terme dans la conclusion, parce qu’il
n’est pas commun pour deux prémisses.
3° Le polysyllogisme : c’est une chaine de syllogismes reliés entre eux de telle sorte que la
conclusion du premier (conclusion intermédiaire) serve de prémisse à l’autre et ainsi de
suite.
Ex : Tous les animaux sont mortels, Or les hommes sont des animaux, Donc les hommes
sont mortels, Or les congolais sont des hommes, Donc les congolais sont mortels, Or les
Lushois sont des congolais, Donc les Lushois sont mortels.
4° Le sorite : c’est un polysyllogisme abrégé dans lequel on sous-entend les conclusions
intermédiaires. Autrement dit, c’est un polysyllogisme caractérisé par l’accumulation des
prémisses dans lesquels le prédicat de la première devient le sujet de la suivante et ainsi
de suite jusqu’à la conclusion. Celle-ci reprend le sujet initial pour l’unir au prédicat
final.
Ex : Certains étudiants sont lushois, or les Lushois sont des congolais, or les congolais
sont des africains, or les africains sont des nègres, Donc certains étudiants sont des
nègres.
N.B. : Il ya deux sortes de sorite : le sorite d’Aristote et le sorite de Gloclenius. Celui
d’Aristote se caractérise par le fait que la conclusion unit le sujet de la première
proposition au prédicat de la dernière.
Ex : Tout congolais est homme, or tout homme est faillible, or tout faillible est limité,
Donc tout congolais est limité.
33

Tandis que le sorite de Gloclenius se caractérise par le fait que la conclusion


unit le sujet de la dernière proposition au prédicat de la première.
Ex : Tout homme est faillible, or tout Lushois est congolais, Donc tout Lushois est
faillible.
5° L’enthymème :est un syllogisme incomplètement exprimé dans lequel on sous-entend soit
l’une des prémisses soit la conclusion. C’est même une manière ordinaire dont les
hommes expriment leurs raisonnements.
Ex : les congolais sont des africains, Donc nous sommes des africains. Aucun dictateur
n’est démocrate, Donc Machiavel n’est pas démocrate.
6°L’épichérème est un syllogisme dont chaque prémisse est accompagnée d’une justification
(de sa preuve).
Ex : Un pays désertique ne peut pas nourrir sa population car la grande partie de sa
superficie est couverte de sable. Or le Sahel est un pays désertique pendant trois ans, il n
ya pas de pluie. Donc, le Sahel ne peut pas nourrir sa population.
7° Le syllogisme composé est un syllogisme non catégorique pour la bonne et simple raison
que sa majeure est une proposition composée alors que sa mineure affirme ou nie une
partie de la majeure. Il ya deux sortes de syllogismes composés : les syllogismes
conditionnels ou hypothétiques et les syllogismes disjonctifs ou conjonctifs.
N.B. : Les syllogismes composés sont soumis à certaines règles de bonne conséquence.
L’application de ces règles a engendré des modes concluants dont les noms très
connus en logique classique ont été repris par la logique moderne. Voici les noms de
ces modes : le Modus PonendoPonens(MPP, MP) et le Modus
TollendoTollens(MTT, MT).

7°1. Les syllogismes hypothétiques : ce sont ceux dont la majeure est une proposition
conditionnelle.
Ex : Maman dit : « si papa arrive, il y aura fête. Or papa est déjà arrivé, poursuit la
sœur, Donc il y aura fête, confirme maman ».
Le syllogisme hypothétique est concluant suivant deux figures : PonendoPonens et
TollendoTollens. Les figures, tout comme les modes, n’ont rien de commun avec
les figures et les modes des syllogismes classiques.
34

Tableau des figures et modes du syllogisme hypothétique

Figure1 PONENDO PONENS Figure 2 : TOLLENDO TOLLENS

Mode 1 Si P alors Q Or Q; Donc non – P


P →Q Or P donc Q

Mode 2 Si P alors non – Or Q; Donc non – P


Q
P →Q Or P donc non -
Q

Mode 3 Si non –P alors Q Or non –Q ; Donc P


P →Q Or non-P donc Q

Mode 4 Si non - P alors non - Or Q; Donc P


Q
P →Q Or P donc non –
Q

7°2 Les syllogismes disjonctifs sont ceux dont la majeure est une disjonction exclusive
ou inclusive.
Le syllogisme disjonctif strict : deux formes (plusieurs modes).
P ou-P ou bien P ou –P
Or P or –(P)
Donc-(-P) càd P Donc- P
Le syllogisme disjonctif large : une forme en deux façons

II.4.8.Quelques erreurs de raisonnement

1° Les abus des « a priori » qui consistent à admettre comme vérité a priori ce qui devrait
être approuvé a posteriori.
Ex : Le soleil n’a pas de tâches, car a priori les astres sont faits d’un feu incorruptible.

2° Les abus de l’autorité qui consistent à admettre comme vérité ce qui est raconté par les
grandes personnes, dignes de respect, c’est-à-dire les personnes qui ont une certaine
autorité sur nous.
Ex : Les fantômes existent sûrement car mon père m’a raconté que, deux fois de suite, il
en a vu. D’ailleurs d’autres personnes ont raconté la même chose, Donc…
35

3° La fausse observation des faits. Géocentrisme qui est opposé à l’héliocentrisme. Cas de
Galilée : le soleil qui bouge et la terre est immobile. Car vous n’allez pas quand même
prétendre que je suis fou car chaque matin je vois le soleil se lever. D’ailleurs, toi-même,
tu sens bien que le sol ne bouge pas. Le sol de notre terre est donc bien ferme, vraiment
immobile et c’est le soleil qui tourne autour de la terre.

4° Les vices de logique (dans la bonne conséquence) : ce sont particulièrement des


paralogismes, des sophismes, de fausses conséquences, des pétitions de principes, des cercles
vicieux.

4°1 Les pétitions de principes : ce sont des vices dans lesquels on donne comme
preuve ce qui devrait être prouvé. C’est le cas de ce raisonnement de Molière :
« Pourquoi l’opium fait il dormir ? L’opium fait dormir parce qu’il a une vertu
dormitive ».
4°2. Le cercle vicieux : est en fait une pétition de principes. Il ya cercle vicieux
lorsqu’on prétend prouver deux choses l’une par l’autre. Ex : le chat et la fourrure.
4°3. L’ignorance de la question : elle consiste à déplacer la discussion en prouvant une
autre chose que ce qui était mis en question. Ex : Pour défendre un client accusé de
mutinerie sur un bateau, un capitaine montre que le bateau chavirait.

4°4. Le changement du Moyen Terme


Ou bien on prend le Moyen Terme dans les sens différents.
Ou bien on passe de l’accident à l’essentiel. Par exemple on dit que quelqu’un est
ivrogne parce qu’il a été une fois ivre.
Ou bien on passe du particulier à l’universel. Ex : nous nous trompons de fois, donc
nous nous trompons toujours.
Ou bien on passe de l’ordre des idées à l’ordre réel. Cfr la preuve ontologique de
Dieu dans sa formulation classique.
5° Les fautes langagières

5°1. L’ambiguïté : elle est à éviter dans la construction de la proposition. Par


exemple, demain sera une journée d’étude libre. Qu’es ce qui est libre ? La journée où
l’étude ? C’est le cas aussi du mot Eglise qui peut signifier la hiérarchie, l’institution
ou les croyants.

5°2 L’amphibologie : on peut avoir des propositions à double sens résultant d’une
construction grammaticale vicieuse. Exemple : Tous les étudiants de Préu ne sont pas
bien coiffés. Cette proposition a deux sens distincts : certains étudiants de Préu sont
bien coiffés ou certains étudiants de Préu ne sont pas biens coiffés.
36

6° Les fautes en rapport à la relation entre les prémisses et la conclusion

6°1 L’argument ad hominem : argument contre l’homme, on prouve la fausseté


d’une thèse en jouant sur le caractère, le passé, la façon de parler ou de faire de celui
qui la défend. Prendre quelqu’un par ses propres mots.

6°2 L’argument ad verecundiam : on fonde une thèse en renvoyant à une personne


ou une institution qui la défend.

6°3 L’argument ad populum : c’est l’argument qui essaie de s’imposer en utilisant


des moyens pour exciter l’enthousiasme, l’unanimité, les désirs, les sentiments, les
passions, les snobismes, le chauvinisme d’une masse.

6°4 L’argument ad misericordiam : on essaie d’imposer une conclusion en jouant


sur la pitié ou les sentiments de l’auditeur.

6°5 L’argument ad baculum : on impose une thèse en usant de son pouvoir. On


montre le profit qu’on peut tirer ou le malheur qui va s’en suivre si l’on n’accepte pas.
37

CONCLUSION

Cette partie de la logique formelle que nous venons d’étudier concernait


principalement les règles d’un bon raisonnement au regard des principes établis depuis
l’Antiquité par ARISTOTE et développés par les logiciens le long de l’histoire de cette
discipline. C’est cette évolution historique qui a conduit à ne plus traduire en langage
ordinaire les différents raisonnements pour les formuler en langage symbolique. Pour vérifier
la validité de ce langage symbolique, le logicien procède à un véritable calcul qui sera étudié
plus tard lors des cours un peu plus élaborés avec une charge horaire conséquente.
38

3ème PARTIE : ESQUISSE D’UNE LOGIQUE SYMBOLIQUE

III.1. Note introductive

A ce jour, plusieurs sciences ont adopté le langage symbolique qui offre


l’avantage non seulement d’être plus court , mais aussi de présenter une plus grande rigueur
d’expression qui favorise une sorte de calcul pour contrôler la avaleur des formules
employées. Il s’agit à proprement parler de la logique mathématique. Nous venons d’étudier
la logique des anciens telle que la pratiquait la scolastique, la logique moderne est
essentiellement une logique formalisée, elle se distingue de l’ancienne principalement par la
manière de considérer la proposition.En effet, alors que les anciens considèrent la proposition
selon la structure sujet-copule-Prédicat Caractéristique de la proposition dans des langues
indo-européennes, la logique moderne dite aussi mathématique s’inspire des énoncés
mathématiques caractérisés par la structure fonction/argument.

La logique, entant que qu’étude de la forme des raisonnements, est par nature et
a toujours été formelle. Lorsqu’elle est formalisée, elle étudie des raisonnements formalisés,
des raisonnements dont tous les éléments ont été remplacés par des symboles. Les avantages
de la formalisation sont de - dégager clairement la forme des raisonnements, de rendre
explicites tous les éléments de la forme et de les séparer nettement des éléments de la matière,
- de souligner la généralité des formes vraies de raisonnements - de dégager ces formes de
toute matière déterminée pour ne laisser qu’une matière en général, - de mettre en évidence
que les formes vraies de raisonnement sont des lois de la pensée.La logique que nous étudions
ici ne considère, du moins dans sa tâche principale, que les propositions déclaratives,
auxquelles on peut attribuer une valeur de vérité.

Il existe plusieurs méthodes pour déterminer la validité des expressions et des


raisonnements sans en considérer le contenu. Il s’agit des méthodes des tables de valeurs ou
des matrices, de déduction naturelle, axiomatique, de décision indirecte, des contre-exemples
ou des tableaux sémantiques, etc.
La méthode des tables de valeurs, la méthode indirecte et la méthode des tableaux
sémantiques servent à évaluer la validité d’une expression ou d’une séquence, d’un théorème
à prouver, ou tout simplement un ensemble de propositions et d’opérateurs.
La méthode de déduction reprend en formes symboliques les raisonnements
déductifs de tous les jours comme les inférences immédiates, les syllogismes catégoriques et
hypothétiques, etc.
La méthode axiomatique tâche de construire un système cohérent et fini à partir
d’un minimum de données initiales arbitraires mais compatibles, et de quelques règles. La
logique symbolique se répartit en une logique des propositions inanalysées et en une logique
des propositions analysées ou logiques des prédicats.
39

III.2. Le langage symbolique

La logique moderne se caractérise par la symbolisation et la mathématisation avec


les méthodes de calcul qui permettent aux logiciens de décider des expressions bien formées.
Les propositions sont des assemblages de symboles et de lettres formées suivant certaines
règles de syntaxe.
Il des petits mots appelés opérateurs propositionnels qui permettent de former des
séquences. Il s’agit par exemple de « si…alors,…et …, ou bien…ou bien, ne …pas,
non ». Ainsi le premier opérateur qui nous intéresse c’est l’implicateur qui est l’opérateur de
la proposition hypothétique. Il s’exprime par « si…alors ». En logique symbolique, il
s’exprime par→, un symbole qui exprime la déduction ou la dépendance logique de la
deuxième proposition par rapport à la première. C’est donc un symbole opérationnel.
Les autres opérateurs logiques sont – la négation ou le négateur, & le
conjoncteur ou la conjonction, v la disjonction ou le disjoncteur, ↔l’implication mutuelle ou
l’équivalence.
Les lettres P, Q, R sont aussi des symboles ou des variables qui prennent la
place de n’importe quelle proposition. On pourrait les comparer aux variables x, y, z… en
algèbres. On les nomme des variables propositionnelles.
Ainsi, P→Q est une séquence dite proposition conditionnelle où P est l’antécédent et Q le
conséquent. . Nous symboliserons la valeur « vraie » par 1 et la valeur « faux » d’une variable
ou d’une proposition complexe comprenant des variables par O.

III.3. Règles de Construction d’une formule


Une formule bien construite( fbc) obéit à quelques règles :
1° Une variable propositionnelle est une fbc
2° Une fbc précédée par ’-‘ est une fbc.
3°Une fbc suivie de’→’ avec ensuite une fbc, le tout mis entre parenthèse, est une
fbc.
4° Comme 3° avec’&’ à la place de’→’.
5°Comme 3° avec ’v’ à la place de’→ ‘.
6° Comme 3° avec’↔’ à la place de’→’.
7°Si une formule n’est pas construite selon les règles ci haut-édictées, elle n’est pas
une fbc.
L’usage des parenthèses facilite l’écriture et la lecture. Ainsi les accolades se
rapportent à l’opérateur de l’équivalence↔, les crochets se rapportent à l’opérateur de
disjonction v, alors que les seconds crochets se rapportent au conjoncteur &. Les parenthèses
simples servent à encadrer les opérateurs restants de façon à les séparer d’autres opérateurs
possibles.

Ex :{[ (P→Q) v(-Q)]↔[-(-P)&Q ]}


40

III.4. Calcul de la validité


Pour contrôler et évaluer la validité d’un raisonnement, nous pouvons employer
les tables des valeurs ou les matrices. On fait un calcul propositionnel qui montre non
seulement qu’une séquence est valable, mais aussi l’invalidité d’une séquence.
III.4.1 Valeur des variables
La valeur d’une fbc dépend de la valeur des variables propositionnelles qui la
composent. Nous assignons à ces variables des valeurs possibles : vrai ou faux. On peut écrire
ces valeurs de plusieurs façons : V et F ou les indications 1 et 0.

III.4.2 Valeur des opérations : les matrices


Pour évaluer une fbc, on ne doit pas seulement connaître la valeur des variables
propositionnelles, mais on doit aussi savoir quel est le résultat des opérations des
raisonnements. On doit connaitre la valeur d’unefbc avec son ou ses opérateurs, on a besoin
des tables qu’on nomme généralement des « matrices ». Puisqu’il ya cinq opérateurs, il faut
saisir quelles sont leurs matrices ; les chiffres à gauches indiquent chaque fois les valeurs
possibles des variables, ceux de droite expriment l’opération. La conjonction est l’opération
binaire qui construit une proposition vraie si et seulement si, ses deux arguments sont vrais.
Sinon elle est fausse, càd il suffit que, un des arguments soit faux pour que la conjonction soit
fausse.

La matrice de la conjonction est : P ^ Q

1 1 1

1 0 0

O O 1

O O O

La disjonction est l’opération binaire qui construit une proposition fausse si et seulement si
ses deux arguments sont faux sinon elle est vraie, c’est-à-dire qu’il suffit qu’un des arguments
soit vrai pour que la disjonction soit vraie. La matrice de la disjonction est :

P V q

1 1 1

1 1 0

0 1 1

0 0 0
41

La matrice de l’implication est : P q

1 1 1

1 0 0

0 1 1

0 1 0

Cette matrice et la définition par matrice (par cas) donnée ci-dessus supposent que p est
l’impliquant et q l’impliqué

La relation d’implication correspond dans la pensée formalisée à la relation de


condition suffisante à condition nécessaire dans la pensée non-formalisée, de manière partielle
du moins. C’est pourquoi nous parlerons parfois de la relation d’implication ou de condition
suffisante à condition nécessaire, par exemple lorsque nous voudrons parler en même temps
de ces deux relations, et souligner leur unité. Rappelons qu’un fait A est condition suffisante
d’un fait B lorsque A étant posé, B l’est toujours; B est alors condition nécessaire de A parce
que, B n’étant pas posé, A ne l’est pas non plus.
42

CONCLUSION

Ces notes de cours destinées aux étudiants de la Préparatoire des Sciences


l’Université de Lubumbashi constituent un instrument pédagogique facile à comprendre pour
les apprenants du niveau précité. Il n’a aucune ambition d’avoir tout disponibilisé sur la
logique. C’est à proprement parler une introduction générale à la logique qui répond
simplement aux objectifs pédagogiques du niveau préparatoire. Voilà pourquoi, nous l’avons
structurée en trois grandes parties à savoir :
1° Les généralités sur la logique qui comprennent la définition et les différentes
orientations de la logique.
2° Les opérations fondamentales en logique pour des fins d’un raisonnement
valide sur base des trois principes de base de la logique aristotélicienne.
3° Une esquisse de la logique symbolique pour introduire simplement les
apprenants à la logique moderne caractérisée par une symbolisation et une
mathématisation.
Les apprenants qui choisiront les filières concernées par l’approfondissement de
cette branche scientifique appelée Logique auront une matière assez outillée au regard d’un
crédit horaire adapté.
N.B. : Ce support scripturaire ne se substitue nullement aux exposés et explications de
l’enseignant, ce facilitateur qui l’explicite et le complète sur certaines matières précises qui le
nécessitent.Un annexe d’exercices sera disponibilisé en temps utile pour permettre aux
étudiants de s’appliquer à l’aide de cet outil pratique.
43

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

BLANCHE, R., Introduction à la logique contemporaine, Paris, Armand colin, 1968.

CRAYAH, F., Leçons de logique, Kinshasa, 1963.

DIRVEN, E., Introduction aux logiques, Kinshasa, Ed. Loyola, 1990.

DOPP, J., Notions de la logique formelle, Louvain- Paris, Nauwelaerts, 1972.


JOLIVET, R., Cours de philosophie, Paris, Emmanuel Vittle, 1948.
JULIA, D., Dictionnaire de la philosophie, Paris, Larousse, 1964.
MUTUNDA MWEMBO, Eléments de logique, Kinshasa, Médiaspaul, 2006.
NKOMBE, OLEKO, Essai de logique générative, Lubumbashi, Médiaspaul, 2006.
LALANDE, A., Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, Alcan, 1972.
RUSSEL, B., Introduction à la philosophie mathématique, Paris, Payot, 1970.
ROURE, M L, logique et métalogique, Paris, Vitte, 1937.
44

TABLE DES MATIERES

1ère PARTIE : LES GENERALITES SUR LA LOGIQUE .................................................. 1


0.1. PREAMBULE ........................................................................................................ 1
I.1. NOTES INTRODUCTIVES ......................................................................................... 1
I.2. DEFINITION ................................................................................................................. 2
I.3. RAPPORTS ENTRE LOGIQUE ET MATHEMATIQUES ..................................... 4
I.4. SUBDIVISION DE LA LOGIQUE .............................................................................. 5
I.4.1° La logique formelle ou mineure : ............................................................................... 6
I.6. APERÇU HISTORIQUE .............................................................................................. 7
T.P. Lecture des ouvrages conseillés. .............................................................................. 7
2ème PARTIE : LES OPERATIONS MENTALES FONDAMENTALES .......................... 8
II.0. NOTES INTRODUCTIVES ........................................................................................ 8
II.0. L’APPREHENSION ET LE CONCEPT ....................................................................... 9
II.1. LE CONCEPT ................................................................... Erreur ! Signet non défini.
II.1.1. Définition................................................................................................................. 9
II.1.2. Expression du concept .............................................................................................. 10
II.1.3. Propriétés du concept ............................................................................................... 10
II.1.3. Classification des concepts ....................................................................................... 11
II.2. LE JUGEMENT ............................................................................................................. 12
II.2.1. Définition .................................................................................................................. 12
II.2.2. Expression du jugement ........................................................................................... 13
II.2.3. Composition du jugement......................................................................................... 13
II.2.4. Classification des jugements .................................................................................... 13
II.3.LE RAISONNEMENT OU L’INFERENCE ................................................................ 17
II.3.1. Définition .................................................................................................................. 17
II.3.2. Eléments constitutifs du raisonnement .................................................................... 18
II.3.3. Expression du raisonnement .................................................................................... 18
II.3.4. Sortes d’inférences ................................................................................................... 18
II.3.4.1. L’étude de l’inférence immédiate........................................................................ 19
a) Les oppositions .......................................................................................................... 19
b) L’inversion .................................................................................................................... 20
c) La conversion ............................................................................................................ 20
45

II.3.4.2. L’étude de l’inférence médiate ............................................................................ 21


II.4. LE SYLLOGISME ..................................................................................................... 23
II.4.1. Notions................................................................................................................... 23
II.4.2. Composantes d’un syllogisme............................................................................... 23
II.4.3. Les 8 règles syllogistiques......................................................................................... 24
II.4.4. Les figures du syllogisme ...................................................................................... 27
II.4.5. Les Modes concluants .............................................................................................. 28
II.4.7. Classification des syllogismes .................................................................................. 32
CONCLUSION ........................................................................................................................ 37
3ème PARTIE : ESQUISSE D’UNE LOGIQUE SYMBOLIQUE ...................................... 38
III.1. Note introductive ........................................................................................................ 38
III.2. Le langage symbolique............................................................................................... 39
III.3. Règles de Construction d’une formule...................................................................... 39
III.4. Calcul de la validité .................................................................................................... 40
III.4.1 Valeur des variables ................................................................................................. 40
III.4.2 Valeur des opérations : les matrices ........................................................................ 40
CONCLUSION ....................................................................................................................... 42
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE ......................................................................................... 43
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 44

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