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EPISTEMOLOGIE
MPCI/ UNZ
1
1. Qu’est ce que l’épistémologie
4
Les francophones utilisent «épistémologie»
uniquement pour qualifier la réflexion sur la
connaissance spécifiquement scientifique,
réservant l’expression «théorie de la
connaissance» à l’étude de la connaissance en
général (scientifique et non scientifique).
5
Pour Léna Soler: « L’épistémologie vise
fondamentalement à caractériser les sciences ,
en vue de statuer sur leur valeur, et
notamment de discuter si elles peuvent
prétendre se rapprocher de l’idéal d’une
connaissance certaine et authentiquement
justifiée.
6
Elle s’emploie pour atteindre cet objectif, à
décrire la manière dont procède telle ou telle
discipline dite scientifique pour élaborer et
tester ses théories, à spécifier la physionomie
de ces théories elles-mêmes, à estimer la
valeur logique et cognitive de telles
théories.».
7
L’épistémologie interroge la nature et la valeur
des principes, des concepts, des méthodes, et
des résultats des sciences. Ceci lui confère
deux caractéristiques majeures :
8
(1) Elle est un discours réflexif, c’est-à-dire un
discours faisant retour sur les sciences.
L’épistémologie présuppose donc la science et
vient forcément après elle.
9
(2) Elle est un discours critique: elle ne se
contente pas de décrire les sciences sans les
juger; elle s’emploie de surcroît à discuter du
bien-fondé et de la portée des propositions et
des méthodes scientifiques.
10
L’épistémologie étant un discours sur les
sciences, il conviendra:
11
De caractériser l’objet de ce discours (que
faut-il entendre par «science»? Quelles
disciplines concrètes range-t-on dans la
catégorie de sciences?).
12
Il est important de retenir que l’épistémologie a
deux aspects : un aspect normatif (ou prescriptif)
qui vise à définir ce qu’est la science et donc à
délimiter le champ de la science et un aspect
descriptif (quelles sont la structure et la
dynamique interne d’une discipline scientifique
?).
13
On retiendra l'idée générale d'un va et vient
entre la description de la science telle qu'elle se
fait (épistémologie descriptive) et la réflexion
critique sur ces pratiques (épistémologie
normative).
14
1.2. Qu’est-ce que la science ?
15
La première est une démarche normative, qui
consiste à édicter a priori une norme de
scientificité, c’est-à-dire de donner les critères
qui permettent de statuer sur le caractère
scientifique d’une discipline.
16
La seconde démarche est descriptive : elle
consiste à analyser les différentes disciplines
reconnues comme scientifiques, et à en dégager
a posteriori les points communs, qui seront
ensuite pris comme des critères de scientificité.
17
Etymologie du mot «science»
20
Sous l’angle du sens commun, au terme de
science est généralement associé par la
plupart des gens des caractères positifs,
valorisants, l’adjectif « scientifique » étant
souvent employé dans le sens de « vrai », «
rigoureux », « sûr ».
21
La définition du Petit Robert, en même temps
qu’elle décrit l’usage, saisit le concept normatif
de science qui vaut à l’heure actuelle. Elle dit ce
qu’une discipline doit être pour avoir le droit
d’appartenir à la catégorie de science.
22
En d’autres termes, elle fournit les critères de
scientificité qui permettront de statuer sur la
nature scientifique d’une théorie ou d’un
ensemble de connaissances.
23
L’objet dont traite une science doit être
clairement « déterminé ».
25
Soit par exemple le suicide d’un individu par
défénestration.
Pour la physique, il n’y a là rien de plus que la
chute d’un corps. Il s’agit d’identifier les
paramètres pertinents à prendre en compte
(poids du corps, hauteur initiale de chute, etc.) et
de mettre en évidence la manière dont ces
paramètres sont liés entre eux. 26
Pour la psychologie, ce qui compte, ce sont par
exemple les événements marquants de l’histoire
singulière de l’individu, les motifs personnels
qui l’ont poussé à se jeter par la fenêtre, etc.
27
La sociologie durkheimienne fait quant à elle
abstraction de tous les aspects précédents, et
s’emploie à trouver des corrélations entre
suicide et facteurs sociaux.
28
Déterminer l’objet d’une discipline, c’est donc
spécifier les aspects des phénomènes qui
relèvent d’elle.
29
Se pose ici le problème de la définition des
frontières du domaine couvert par une
discipline scientifique, et de son possible
chevauchement avec d’autres disciplines.
30
Si l’objet principal dont traite une science est
souvent relativement simple à expliquer, une
définition exacte et exhaustive est souvent hors
d’atteinte et les frontières d’une discipline
demeurent floues.
31
Une science doit apporter des «
connaissances » sur son objet, c’est-à-dire
avoir un contenu.
33
(1) Montrer dans l’objet étudié des
caractéristiques en principe susceptibles d’être
contrôlées par tous, c’est-à-dire d’être soit
directement observées, soit obtenues
expérimentalement par tout spécialiste
compétent.
34
(2) expliciter la manière dont ces
caractéristiques vérifiables étayent, (« fondent »)
les énoncés scientifiques discutés.
35
Les connaissances scientifiques sont
supposées posséder une « valeur universelle ».
36
L’exigence d’une justification des énoncés
scientifiques susceptibles de s’imposer à tous à
partir d’éléments par tous vérifiables est ce qui
confère au discours scientifique son caractère de
connaissance universelle.
37
Les connaissances scientifiques doivent être
obtenues par une « méthode déterminée ».
38
La définition analysée mentionne enfin un
ensemble de connaissances
40
Un problème central de l’épistémologie est celui
de la définition des critères de scientificité.
Quels sont les critères qui doivent permettre de
départager science et non-science?
Ces critères, et même leur existence, font l’objet
de débats entre plusieurs écoles de pensées.
41
1.2.2 L’opposition rationalisme/relativisme
42
Position rationaliste: définir la science
43
Pour un épistémologue rationaliste « radical
», une définition de la science doit pouvoir
être formulée sous la forme d’un critère
universel radical. Ce critère de scientificité
est applicable à toutes les disciplines, et cela à
tous les stades de leur développement
historique.
44
Position relativiste: définir des sciences
45
Les critères définitoires sont variables d’une
discipline à l’autre, et peuvent évoluer au
cours du temps et varier d’une communauté
humaine à l’autre.
46
Dans cette perspective, les facteurs
psychologiques, sociaux, philosophiques ou
religieux acquièrent une grande importance,
qu’ils n’ont pas dans la perspective rationaliste.
47
Dans sa version la plus radicale, le relativisme
ne reconnaît pas l’existence d’un corpus
global de connaissances que l’on peut appeler
« science », mais seulement l’existence de
plusieurs domaines séparés que l’on peut
qualifier individuellement de science.
48
1.2.3 Classification(s) des sciences
49
Quelques problèmes liés à la classification
50
Des critères classiques sont des regroupements /
différenciations par type de problèmes étudiés,
par type de méthodes employées ou encore par
objets d’étude.
51
Un autre point qui réduit la portée de telles
classifications est le caractère « flou » du
périmètre de chaque discipline scientifique,
qui rend parfois très difficile de classer une
discipline parmi telle ou telle catégorie.
52
Ce problème est également renforcé par le fait
que les sciences évoluent dans le temps, et
qu’une classification proposée à un instant
donné peut devenir obsolète dans un futur
plus ou moins lointain.
53
Quelques types courants de classification :
54
Aux sciences empiriques, s’identifient toutes les
autres disciplines académiques : physique,
biologie, psychologie, sociologie, économie,
histoire, etc.
55
Objet des sciences formelles
56
Peu importe par exemple au mathématicien
d’avoir affaire à dix oranges, à sept moutons ou
cent femmes : seules l’intéressent les propriétés
des nombres et des opérations sur les nombres,
la question « des nombres de quoi ?» étant
indifférente.
57
Peu importe de même au logicien qu’un
raisonnement traite d’hommes, du fait d’être
mortel ou de quoi que ce soit d’autre : seule
l’intéresse la manière dont s’enchaînent les
propositions dans les raisonnements.
58
Le concept de science formelle renvoie à l’idée
d’une certaine indépendance par rapport à
l’expérience sensible à la réalité matérielle
extérieure.
59
Le mathématicien a ainsi affaire à des figures
(en géométrie) ou à des nombres (en
arithmétique) qui sont des objets purement
conceptuels, des formes idéales (une ligne
parfaitement droite, un triangle exactement
isocèle, etc.) jamais telles quelles observées
dans la nature.
60
Objet des sciences empiriques
61
la physique à la réalité matérielle inanimée, la
biologie aux principes internes du
fonctionnement des êtres vivants, la
psychologie aux aspects psychiques des
comportements individuels humains, etc.
62
L’objet visé par les sciences empiriques est
supposé ne pas être une pure création de l’esprit
humain. Il n’est donc pas purement conceptuel :
il présente un certain ancrage matériel et se
manifeste au travers d’observations.
63
Différence sciences formelles/sciences
empiriques
64
Mais cette différence au niveau de l’objet se
répercute au niveau des méthodes
d’investigation et de validation.
65
Les sciences formelles utilisent les ressources de
la pensée, recourent à la méthode hypothético-
déductive.
66
Les sciences empiriques font en outre appel à
des observations concrètes, voire à une
expérimentation active et systématique
(autrement à la méthode expérimentale).
67
• Sciences de la nature/sciences de l’homme et
de la société
69
Les sciences de la nature traitent du
fonctionnement interne de la nature animée ou
inanimée. Elles isolent notamment des
successions constantes de phénomènes,
appelées lois de la nature.
70
Les sciences de l’homme et de la société (ou
social sciences pour les anglophones) étudient,
elles, les comportements humains et les
structures sociales qui en constituent le cadre.
71
• Sciences dures/sciences molles
72
de l’autre, des sciences au rabais (qui aux yeux
de certains n’ont de science que le nom), soit
une série disparate de pratiques discutées, de
méthodes douteuses et de résultats largement
débattus.
73
La physique, unanimement considérée comme
la reine des sciences empiriques, est presque
toujours érigée en paradigme des sciences
dures. Psychologie, sociologie et économie
sont, du point de vue dominant, les « plus
dures » des sciences molles.
74
En dépit des différences d’appréciation qui
subsistent quand on rentre dans les détails, on
s’accorde en général à reconnaître que les
sciences « molles » ne peuvent prétendre ni au
même degré de rigueur, de formalisation et
d’axiomatisation,
75
ni au même niveau d’efficacité prédictive que
les sciences dures. Ces dernières ont en outre
des retombées techniques et pratiques plus
tangibles et maîtrisées.
76
77
1.3 Épistémologie : mise en rapport avec
d’autres disciplines
78
- soit en les utilisant comme outils
méthodologiques ou en exploitant leurs
résultats,
- soit en abordant le même objet (les sciences)
dans une perspective à certains égards
différente.
79
1.3.1 L’épistémologie comme science
empirique
80
Le philosophe et logicien américain Willard
Van Orman Quine (1908-2000) défendit cette
thèse dans un article daté de 1951 et introduisit
le terme naturalized epistemology (traduit en
français par épistémologie naturalisée ou
naturelle) en 1969.
81
Épistémologie naturalisée ou naturelle
82
Elle doit plus précisément : d’une part, décrire le
processus par lequel se constituent effectivement
les connaissances acquises ; d’autre part,
approfondir la signification des discours que les
théories en vigueur tiennent sur le monde.
83
Épistémologie évolutionnaire
85
Il s’oppose alors au fixisme, c’est-à-dire à la
thèse d’un ensemble d’espèces vivantes
immuables et absolument indépendantes les
unes des autres, créées telles quelles et une fois
pour toutes.
86
Il se développe en effet autour de cette idée
centrale : les espèces vivantes dérivent les unes
des autres, les formes animales les plus récentes
étant les descendantes d’autres formes plus
anciennes éventuellement très différentes.
87
Aujourd’hui, l’adjectif « évolutionniste »
qualifie non seulement les théories biologiques
structurées autour de cette idée, mais aussi
l’ensemble de plus en plus large des comptes
rendus qui, bien que traitant d’un objet différent
de celui de la biologie,
88
recourent à un mode d’explication apparenté à
celui de Darwin. Le recours au schéma
explicatif de type darwinien est en effet devenu
monnaie courante dans des domaines fort divers
de pensée.
89
Concepts clés et schéma explicatif général
des théories biologiques évolutionnistes
90
Soit une espèce vivante quelconque. Les divers
membres de cette espèce produits au cours du
temps ne sont pas tous exactement identiques :
des variations surviennent en général.
91
Ces variations sont susceptibles de se
transmettre aux descendants, par un mécanisme
à spécifier (du temps de Darwin, on parle sans
plus de précision d’hérédité des caractères
acquis ).
92
Résultat : un descendant n’est plus exactement
(voire plus du tout) semblable à ses ascendants ,
et devient au bout d’un certain temps incapable
de reproduction avec les formes antérieures. On
considère alors le descendant et l’ascendant
comme des représentants de deux espèces
différentes.
93
À un moment donné, différentes espèces
vivantes se côtoient dans un environnement
donné (écosystème). Une lutte pour la vie
s’engage alors entre elles, car les ressources du
milieu naturel ne sont pas illimitées.
94
L’issue de cette compétition dépend et des
caractéristiques particulières du milieu naturel,
et des atouts spécifiques dont dispose chaque
espèce par rapport à ce milieu et aux formes
vivantes concurrentes.
95
Au bout d’un temps suffisamment long, les
espèces les plus aptes, c’est-à-dire les mieux
armées (qu’il s’agisse de caractéristiques
morphologiques ou de capacités cognitives),
survivent au détriment des autres.
96
Le résultat brut de la concurrence vitale entre
espèces, étant donné un environnement, est
nommé sélection naturelle.
98
Les lois de la logique, les règles du
raisonnement valide, le pouvoir de juger et de
délibérer efficacement (mais aussi l’aptitude à
mémoriser, à reconnaître, etc.) sont ainsi vus
comme autant de réponses adaptatives viables
propres à l’animal humain.
99
L’épistémologie évolutionnaire version littérale
est en fait une extension de la théorie
biologique évolutionniste aux facultés
intellectuelles (par rapport à la survie, on ne
considère plus seulement les transformations
morphologiques, mais aussi tout ce qui a trait
aux processus cognitifs).
100
Dans sa version analogique, l’épistémologie
évolutionnaire opère, par rapport à la théorie
darwinienne, un changement d’objet : elle traite
non plus de l’évolution des espèces animales,
mais de celle des théories scientifiques.
101
À cet objet, elle applique un mode d’explication
analogue à celui des théories biologiques
évolutionnistes.
102
Un processus de variation (non plus des
membres d’une espèce animale, mais des
contenus d’une même théorie : variations
épistémiques donc).
103
Une lutte pour la vie (non plus entre espèces
animales concurrentes, mais entre hypothèses ou
théories rivales).
104
Une sélection des variétés les plus aptes (survie
des hypothèses et des théories les plus adaptées
au monde -les plus efficaces en termes de
prédictions-, disparitions des autres).
105
1.3.2 Épistémologie et philosophie des
sciences
106
Il est possible de distinguer épistémologie et
philosophie des sciences sur la base du fait que
la première considère l’étude des sciences
comme une fin en soi (caractériser les concepts
et les méthodes propres aux sciences)
107
tandis que la seconde ne la considère que
comme un moyen (en vue par exemple de
trouver un fondement philosophique à toute
connaissance, ou encore de trancher une
question philosophique comme celle du
déterminisme).
108
Si le terme épistémologie est de création
récente, la philosophie des sciences existe
depuis l’antiquité, puisque la science est prise
comme objet de réflexion par Platon (428-346
av. J.-C.) et Aristote (384-322 av. J.-C.).
109
Mais c’est en fait seulement avec le philosophe
Emmanuel Kant (1724-1804) que se constitue
le projet spécifique de la philosophie des
sciences proprement dite : considérer la science
comme un objet bien distinct de la philosophie
dont la philosophie se doit de déterminer les
conditions de possibilité, la valeur et les
limites. 110
Il paraît toutefois difficile de soutenir que
l’épistémologie peut être coupée de toute
philosophie. L’épistémologie reste un discours
réflexif et critique sur les sciences (deux
attributs caractéristiques de la philosophie).
111
De par sa nature, l’épistémologie appartient au
champ de la philosophie, et ne peut pas être
considérée comme complètement étrangère à la
philosophie des sciences. Elle en fait même
partie.
112
1.3.3 Épistémologie et histoire des sciences
113
Dans le premier cas, elle adopte une méthode
diachronique, c’est-à-dire étudie les conditions
de la genèse et du développement des
connaissances scientifiques.
114
Dans le second cas, elle opte en revanche pour
une méthode synchronique : elle considère la
science actuelle déjà constituée, et, mettant
complètement entre parenthèses les étapes
historiques de sa production,
115
se livre à une analyse directe de ses concepts, de
ses énoncés et de sa structure, explicite ses
principes fondamentaux, discute ses méthodes,
délimite son objet…
116
L’histoire des sciences est susceptible
d’instruire l’épistémologie à divers niveaux.
Elle permet, entre autres :
119
- de distinguer, dans les méta-discours sur la
science, entre ce qui relève du mythe, c’est-à-
dire ne procède que de la représentation
fantasmatique, idéalisée, de la science,
120
- et ce qui peut prétendre être une
description authentique des pratiques
effectives correspondant aux disciplines
réelles que l’on dit scientifiques.
121
1.3.4 Épistémologie et sociologie des sciences
122
(1). En quoi une science (ou la science) a-t-
elle influé sur l’organisation politique,
économique et sociale d’une société (ou d’un
sous-groupe identifié), ou encore sur
l’évolution de la pensée philosophique et
religieuse, de la littérature, …?
123
(2). Quelles ont été ou sont les contraintes
sociologiques exercées par la société (ou un
sous-groupe) sur le développement d’une
science ou d’une théorie scientifique ?
124
(3) Les opinions philosophiques, religieuses et
politiques des chercheurs ont-elles une
influence sur le développement et le contenu
des théories scientifiques, et si oui laquelle ?
125
2. La question du progrès scientifique
126
Ces propos attribués à Bernard de Chartes, un des
maîtres de la scolastique au XIIème siècle, exprime la
continuité de l’activité intellectuelle et donne une
vision cumulative de l’évolution du savoir.
127
Cette même image est reprise des siècles plus tard par
Isaac Newton dans une lettre à Robert Hooke datant
de1676 : « si j’ai pu voir aussi loin, c’est parce que
j’étais juché sur les épaules de géants. »
128
L’idée de « progrès de la science », ou plutôt celle
qu’il existe un progrès scientifique continu depuis
plusieurs siècles est généralement associée à
l’évolution technologique, particulièrement frappante
depuis la seconde moitié du XXème siècle.
129
Les théories et les modèles ont considérablement
évolué et de très nombreuses nouvelles disciplines
sont apparues. Cette évolution des sciences
empiriques (mais les sciences formelles ont elles aussi
connu des développements spectaculaires) appelle de
nombreuses questions dont les trois suivantes :
130
(1). Y a-t-il progrès scientifique, au sens où les
sciences modernes sont supérieures (et en quoi ?) à
celles des siècles passés ?
Quel est donc le sens exact du terme progrès lorsqu’il
s’agit des sciences ?
131
(2). Comment les sciences évoluent-elles ?
De manière continue, ou au contraire subissent-elles
de grandes ruptures, des révolutions scientifiques ?
132
(3). Quels sont les facteurs qui déterminent cette
évolution ?
Le développement scientifique est-il influencé par des
facteurs extérieurs à la science, comme des
contraintes sociales ou sociologiques, économiques,
religieuses, politiques ou philosophiques ?
133
Les facteurs du progrès scientifique
136
Entre les deux extrêmes (internalisme pur et
externalisme radical) se situe la thèse aujourd’hui la
plus répandue, dite thèse faible, selon laquelle c’est la
somme des contraintes externes et internes qui fait
avancer les sciences
137
Elle est dite faible, car elle soutient que les facteurs
externes ne sont que des contraintes conditionnantes,
et donc que le contenu des théories scientifiques n’est
pas réductible aux facteurs sociaux.
138
3. Présentation historique des classifications
139
Classification proposée par Aristote
142
Classification proposée par Bacon
145
Classification proposée par Ampère
146
Le premier niveau de division est :
147
Il divise les premières en cosmologiques
proprement dites, ou sciences de la matière
inorganique, et physiologiques, ou sciences de la
matière organisée et vivante. De même il divise les
secondes en noologiques proprement dites et
sociales.
148
De subdivisions en subdivisions, il arrive à cent
vingt-huit (128) sciences, qui embrassent toutes les
connaissances humaines.
149
Classification proposée par Comte
150
Sa première classification pour les sciences
théoriques/abstraites et générales est :
1. Mathématiques 2. Astronomie. 3. Physique. 4.
Chimie. 5. Biologie. 6. Sociologie.
Cette classification suit un double critère logique et
chronologique.
151
Le critère logique est un ordre de généralité
décroissante et de complexité croissante des
phénomènes étudiés.
152
On va des phénomènes les plus simples et les plus
généraux aux phénomènes les plus complexes et les
plus particuliers. Les plus complexes dépendent des
moins complexes tandis que les plus simples sont
indépendants des moins simples.
153
Le critère chronologique est celui de la naissance de
chaque discipline scientifique.
On détermine souvent la « date de naissance » en
repérant, dans l’histoire des idées, le moment où
apparaissent des résultats fondateurs ou encore des
méthodes de travail jugées fondatrices pour les
développements futurs.
154
Classification proposée par Spencer
Le philosophe et sociologue anglais Herbert
Spencer (1820-1903) a mis au point une
classification plus proche de la conception moderne
de la science :
156
Comme on peut le voir, toutes les sciences retenues
par Spencer vérifient les critères de scientificité
retenus de nos jours.
157