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Séquence III : Science

Séquence III : Science Pour comprendre la critique adressée à la psycha, il faut se demander :
La science peut-elle tout expliquer ?
Séance 1 : Qu’est-ce qu’une science ?
Transition vers la séquence III : Objectifs :
Pour Freud : - Donner une première définition de la science (sens commun)
- Hypothèse de l’inconscient psychique = hypothèse nécessaire et légitime. - Identifier le problème posé par la diversité des sciences (unité/éclatement
- Psychanalyse = science de l’inconscient du concept de science)
- Cure psychanalytique = pratique clinique - Formuler les limites du concept de science en établissant les critères de
Freud = médecin neurologue qui entend donner à son hypothèse, sa théorie, et sa scientificité
cure thérapeutique, une rigueur scientifique.

Mais remise en question du caractère scientifique de sa théorie : Séance 2 : Y a-t-il une différence entre les sciences naturelles et les sciences de
l’homme ?
« On nous conteste de tous les côtés le droit d’admettre un psychique Objectifs :
inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous - Identifier les objets et les méthodes des sciences nat/hum
pouvons répondre à cela que l’hypothèse de l’inconscient est nécessaire - Interroger la pluralité des méthodes scientifiques et leur valeur
et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l’existence - Comprendre leurs enjeux : distinction expliquer/comprendre
de l’inconscient. » Freud, Métapsychologie

Si la psychanalyse vise la rigueur scientifique (hypothèse de départ, méthode, Séance 3 : Peut-on tout attendre de la science ?
application) alors pourquoi critique-t-on sa prétention à être une science ? Objectifs :
La psychanalyse est-elle une science ? - Comprendre la relation entre la science et les autres domaines pratiques
(technique, politique, morale)
- Connaître la définition du progrès
- Comprendre les limites de la science dans les domaines théoriques et
pratiques
▪ Science / Religion : raison et expérience VS foi
▪ Science / Vérité : progrès / histoire des sciences
▪ Science / Politique / Morale : théorie / pratique
▪ Science / Bonheur : Le progrès scientifique nous rend-il heureux ?

Transition : Science / technique / nature


La technique n’est-elle qu’une application de la science ?
La science peut-elle nous libérer de la nature ?
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Séquence III : Science

Séance 1 : Qu’est-ce qu’une science ? On distingue aussi les sciences en fonction de leur niveau de rigueur = valeur de
scientificité plus ou moins grande → sciences dures / sciences molles
Objectifs : Peut-on définir ce qu’est UNE science s’il existe différentes sciences qui ont
- Donner une première définition de la science (sens commun) chacune leur objet, leur méthode et leurs enjeux ?
- Identifier le problème posé par la diversité des sciences (unité/éclatement du
concept de science) PB2/ Existence de disciplines qui prétendent être scientifiques mais qui ne le sont
- Formuler les limites du concept de science en établissant les critères de pas = pseudo-sciences (fausses sciences → apparence trompeuse de scientificité)
scientificité - Théorie psychanalytique de Freud
- Théorie économique de Marx
Introduction : [Définition] - Savoirs plus ou moins liés aux pratiques magiques, médicinales ou
Science : du latin scientia « savoir » → verbe scire « savoir », « connaître » chamaniques
Dans l’Antiquité, la science désigne d’abord le savoir en général, tant théorique - Alchimie
que pratique. - Astrologie
En grec epistémè signifie « savoir ». Cette étymologie a donné le mot français Si on fait une distinction entre science et pseudo-science (science authentique VS
épistémologie qui signifie littéralement « science de la science ». apparence de science), alors il existe des critères qui permettent de définir le
L’épistémologie consiste à s’interroger sur la manière dont la science procède caractère scientifique d’une connaissance.
(méthode).
À partir d’Aristote, on distingue différents types de savoirs : [Justification de la question]
- Savoirs théoriques (mathématiques, philosophie…) : epistémè Il faut se demander ce qu’est une science pour
- Savoirs pratiques : - reconnaître une théorie scientifique et débusquer les pseudo-sciences
▪ savoir-faire : têchnè « art », « technique » lié à la fabricat° de qqch - comprendre les critères d’une théorie scientifique
▪ science politique : prattein « agir »
La science peut aussi désigner une connaissance rationnelle des mécanismes de [Problématique] Quels sont les critères qui permettent de définir une science ?
la nature. La science cherche à établir des lois, elle observe la nature pour
comprendre son fonctionnement et ses régularités. [Enjeu] Importance de la définition de la science pour établir son domaine et ses
limites :
[Problèmes] - ce que la science est et ce qu’elle n’est pas,
PB1/ UNE ou DES sciences ? - ce qu’elle peut faire ou non,
Existence d’une pluralité de sciences qui se distinguent en fonction de leur objet - ce qu’elle peut expliquer ou non
et de leur méthode.
Sciences naturelles Sciences formelles : abstraction du réel et de l’expérience [Plan]
(sciences dures) (logique et mathématiques) I/ Qu’est-ce qu’une connaissance scientifique ?
Sciences expérimentales portent sur le réel, la nature (sciences II/ Le critère de vérité est-il ce qui distingue la science des autres formes de
physiques (physique, chimie, astronomie), médecine, biologie) connaissances ?
Sciences humaines Etude de l’homme en tant que sujet dans ses manières de sentir, III/ Quels sont les critères de scientificité ?
(sciences molles) de penser, d’agir (histoire, psychologie, sociologie, économie…)
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I/ Qu’est-ce qu’une connaissance scientifique ? C/ Existe-t-il une science ou des sciences ?


1/ Toute connaissance est-elle scientifique ? Habituellement, on parle de LA science comme d’un domaine unifié rassemblant
A/ Selon son étymologie latine, scientia, la science désigne un savoir, une un ensemble de connaissances rationnelles et expérimentales sur le monde qui
connaissance qu’un individu possède sur qqch. nous entoure.
Connaître = penser qqch, se faire une certaine représentation de qqch.
La connaissance peut être un rapport d’adéquation ou de ressemblance avec la PB 1/ Ces connaissances n’ont pas toutes le même objet, ni la même méthode, et
chose représentée. Exple : image = connaissance fondée sur rapport de elles n’impliquent pas les mêmes enjeux.
ressemblance / concept = connaissance fondée sur l’adéquation entre l’idée et la Exemple : sciences naturelles / sciences humaines
chose Mathématique VS histoire
➔ Toute connaissance n’est pas scientifique.
Je peux connaître mon adresse, mon quartier, mes amis, mes goûts… = PB 2/ Ces connaissances ont évolué au cours du temps : histoire des sciences /
connaissances qu’aucune science ne nous apprend → connaissances particulières progrès scientifique.
fondées sur mon expérience concrète = connaissances empiriques. Exemple : Science médiévale (scolastique) fondée sur l’autorité des textes religieux
Existence de connaissances non scientifiques fondées sur la perception et et des Anciens VS science moderne qui donne une place centrale à l’expérience
l’expérience qui sont déjà un savoir, mais particulier et subjectif. Alchimie VS astronomie

Dès lors, peut-on parler de LA science comme d’une notion possédant une unité
B/ Quels sont les différents types de connaissance ? et une stabilité à travers le temps ?
1/ L’opinion : du latin opinari « croire que », « opinier » OU
L’opinion est le plus bas degré du savoir. Elle est une croyance adoptée sans Faut-il parler DES sciences au pluriel, au risque de créer un éclatement de la
examen critique. → garantie objective très faible car dépend d’un sujet en notion de science ?
particulier / souvent liée au préjugé
2/ L’opinion droite : elle est une connaissance vraie mais non justifiée en raison. Enjeu : si pas d’unité dans la définition de la science alors
L’opinion peut servir d’avis provisoire qu’on adopte en attendant d’avoir une - impossible de regrouper différentes disciplines sous une même catégorie
justification. → garantie objective faible car non prouvé par raisonnement et - difficile de distinguer connaissance scientifique d’une pseudo science car objet
expérience et méthode toujours particuliers et relatifs : pas d’objectivité ou de consensus →
3/ La science : connaissance méthodique établie à partir d’une démarche dangereux car impossible de reconnaître vraie ou fausse science
rationnelle et/ou expérimentale. → garantie objective forte car fondée en raison - impossibilité de parler de LA science, ni même de « science » en général
et testée par l’expérience. La science est une connaissance objective qui ne dépend → Le concept de science devient une coquille vide
pas d’un point de vue particulier, mais cherche à être partagée universellement.
Peut-on dégager un ensemble de critères permettant de reconnaître caractère
➔ Il faut distinguer la science au sens de connaissance en général, et la scientifique d’une théorie ? Si considère que la science est plus vraie qu’une
science au sens de processus méthodique par lequel un individu cherche opinion droite, car elle est justifiée, alors on peut se demander si le critère de vérité
à connaître le monde. permet de caractériser la science.
Peut-on définir la science comme une connaissance vraie ?
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- Adéquation entre le Vérité associée à la perfection, l’éternité,
II/ Le critère de vérité est-il ce qui distingue la science des autres formes de VÉRITÉ discours et la réalité, entre l’universalité → réservée à une
connaissances ? (définition une représentation et ce intelligence infinie, omnisciente
A/ Toute connaissance n’est pas nécessairement vraie. générale) qui est réellement. PB : dépend des moyens de connaître
Connaître, c’est se représenter qqch mais cette représentation peut être vraie ou (limités/imparfaits)
fausse. Par exemple, je connais la date de naissance de mon ami mais je peux me
tromper de mois. - Fondées sur la raison et PB : limitées aux moyens de
Ignorance ≠ erreur ≠ illusion l’expérience connaissance (raison/expérience) →
Ignorance : manque de connaissance - Objectives excluent la foi mais pas la croyance
Erreur : tenir pour vrai ce qui est faux Vérités → vise l’universel (postulat/hypothèse/certitude/évidence)
Illusion : idée fausse de qqch → idée positive par rapport à la réalité → vient d’un scientifiques - Visent la rigueur et la PB : possibilité de coexistence entre des
désir inconscient cohérence théories opposées mais cohérentes →
- Amenées à évoluer = crise
garantie du progrès dans les PB : progrès de la science par
La vérité est l’adéquation entre une représentation et ce qui est réellement.
sciences conjectures et réfutations
- Dépendent des techniques PB : ne concernent pas la morale ou
B/ Comment la science se rapporte-t-elle à la vérité ?
l’existence (Qu’est-ce que le bonheur ?
On croit parfois que la science donne une vérité sur le monde. On fait comme si les
Quel sens a l’existence ?)
théories scientifiques correspondaient absolument à ce qui est réellement.
Or une théorie scientifique ne propose qu’une certaine représentation du monde, - S’appuient sur un PB : Non démontrables (ce qui ne veut
à partir d’une hypothèse, qui doit être justifiée en raison et mise à l’épreuve par Vérités sentiment d’évidence (la pas dire qu’elles excluent toute forme de
l’expérience. religieuses foi) et la tradition raisonnement)
La science est donc une connaissance qui dépend de nos facultés de connaître - Subjectives (sentiment PB : Non universelles mais subjectives et
(sens, raison, croyance). appelées particulier) et générales générales
Ces moyens sont donc limités et ne permettent pas d’accéder à une connaissance vérités (partagées par une
- complète / totale révélées communauté de croyants)
- définitive.
Pour accéder à une connaissance parfaite du monde, il faudrait une science - Compréhension sensible PB : vérité subjective VS objectivité
achevée et une intelligence infinie (omniscience inaccessible aux hommes). Vérités du monde scientifique par exemple
La science produit des connaissances partielles et amenées à évoluer. Pour autant, artistiques - Non PB : particulière car propose une autre
cela signifie-t-il que la science est sans lien avec la vérité ? On considère pourtant rationnelles/expérimentales vision du monde, un autre rapport à
que la science produit des connaissances objectives et certaines, à une époque et - Intuitive → dévoilement l’existence
dans un cadre théorique donnés.
La science ne vise pas LA vérité définie par sa perfection, son éternité et son
universalité (inaccessible pour l’homme) mais il vise plutôt une vérité construite,
démontrée et justifiée grâce à la raison et l’expérience → objectivité scientifique.

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Séquence III : Science

III/ Quels sont les critères de scientificité ? B/ On peut établir 3 critères de scientificité = critères qui permettent d’établir le
A/ La vérité n’est pas le critère qui permet de définir une connaissance comme caractère scientifique d’une connaissance.
scientifique.
Une connaissance scientifique vise la vérité car elle doit être démontrée et mise à 1/ Qu’est-ce qu’une théorie scientifique ?
l’épreuve par l’expérience. Elle doit être justifiée en raison et prouvée par Une théorie scientifique est un ensemble d’hypothèses qui proposent un modèle
l’expérience. La science établit des connaissances certaines, mais cette certitude explicatif. Toute théorie doit constituer un « système » cohérent et rigoureux : les
est relative. hypothèses doivent être compatibles entre elles. Toute théorie scientifique est
donc une élaboration abstraite et conceptuelle.
1/ Elle est limitée au champ de connaissance propre à la raison et l’expérience. Plutôt que de se fier aux apparences, le scientifique compte donc sur son
Pour Kant (Critique de la raison pure), nous ne pouvons connaître que les raisonnement pour croiser les informations, faire des liens et élaborer des
phénomènes, c’est-à-dire les choses telles qu’elles nous apparaissent, mais jamais hypothèses. Mais la raison exige aussi la validation des théories : les hypothèses
ce que sont les choses elles-mêmes. La chose en soi (noumène), c’est-à-dire la doivent donc être mises à l’épreuve.
chose telle qu’elle est en elle-même, dans sa réalité, est inconnaissable.
Pour Kant, la science a une valeur universelle car elle vaut pour tous les hommes, 2/ Pour Karl Popper, il existe 3 critères de scientificité d’une théorie :
abstraction faite de leurs particularités individuelles. Cette universalité est garantie 1) La vérifiabilité : possibilité de confronter un énoncé avec les faits : vérification
par l’usage de la raison (faculté universelle, partagée par tous les hommes) et de expérimentale.
l’expérience. Cette expérience n’est pas seulement subjective et particulière, elle 2) La reproductibilité : possibilité de reproduire une expérience un grand nombre
possède une valeur objective car, en vertu de notre constitution, notre expérience de fois, dans une grande variété de circonstances (prise en compte des variables).
est structurée par les formes a priori de l’espace et du temps. Ces formes a priori En effet, un phénomène doit être bien décrit, observé plusieurs fois et provoqué
précèdent toute expérience, la rendent possible et la déterminent. par des observateurs différents.
Toutefois, si le propre de la raison est de chercher à connaître, il faut prendre garde Ce critère permet d’éviter :
à ne pas dépasser les limites de nos facultés de savoir. En outrepassant ces limites, - des effets aléatoires qui viendraient fausser les résultats
on passe dans le domaine de la croyance (métaphysique et religion). - des erreurs de jugement
- des erreurs de manipulation de la part des scientifiques.
2/ Elle dépend du cadre théorique propre à une époque donnée (paradigme).
Certaines périodes de l’histoire des sciences mettent en concurrence des théories Exemple : Pour justifier l’hypothèse suivante : « Les métaux se dilatent lorsqu’ils
(modèles explicatifs) cohérentes mais incompatibles. Ces crises conduisent à un sont chauffés »,
changement de paradigme dans les sciences (Kuhn, Structure des révolutions - Doit-on toujours chauffer une même barre de métal déterminé, dans les mêmes
scientifiques). Exple : Révolution scientifique entre le XVIe et le XVIIe siècle qui conditions (au même endroit)
conduit au passage du géocentrisme à l’héliocentrisme. - Ou doit-on changer les conditions de notre observation (métaux différents, barres
courtes ou longues, barres d’argent, de cuivre, de fer, etc. à hautes, à basses
3/ Elle dépend du développement des techniques : voir Définitions à connaître → températures, etc.) ?
remarques : Relation technique / science Dans le premier cas, l’expérience est insatisfaisante car elle ne se fonde que sur
l’observation d’un cas singulier.

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Au contraire, dans le deuxième cas, la généralisation est possible car les conditions 2) L’inconscient ne peut pas être testé car il est inaccessible :
de l’expérience permettent de réaliser une plus grande diversité d’observations. Pour pouvoir être réfutée, une théorie doit pouvoir identifier, observer, mesurer
Si, dans tous ces cas, tous les échantillons de métal se dilatent, alors il sera la cause. Or si la cause est l’inconscient, alors on se condamne à ne jamais pouvoir
légitime de généraliser à partir de la liste des énoncés d’observation pour en tirer l’observer tel quel car si c’est en tant qu’inconscient qu’il agit. Si la pulsion n’est
une loi générale. plus refoulée, les symptômes doivent disparaître. S’ils persistent, alors c’est que ce
Mais si on observe qu’un échantillon particulier de métal ne se dilate pas quand n’était pas la cause.
on le chauffe, alors la généralisation universelle n’est pas justifiée : cette dernière
condition est essentielle. 3) L’objet de recherche ne peut pas être testé car il relève d’une expérience
subjective :
3) La réfutabilité ou falsifiabilité : possibilité d’ « éprouver », de « tester » une Pour pouvoir être un objet de recherche, on doit toujours pouvoir soumettre cet
théorie ; possibilité pour une théorie, d’être réfutée par l’expérience. objet à tests indépendants et dont la valeur intersubjective peut être contestée par
Pour Popper, un énoncé est falsifiable « si la logique autorise l’existence d’un d’autres chercheurs. Autrement dit, il est impossible d’établir une « science du
énoncé ou d’une série d’énoncés d’observation qui lui sont contradictoires, c’est- subjectif » car toute science expérimentale implique des tests
à-dire, qui la falsifieraient s’ils se révélaient vrais » - qui doivent être réalisés sous le contrôle d’une communauté de chercheurs
Au contraire, si un comportement inverse de celui qui est observé se révèle tout (intersubjectivité)
aussi compatible avec la théorie proposée, alors cette théorie n’explique rien. - qui doivent pouvoir être reproductibles de manière indépendante.
Dans l’expérience, le chercheur ne doit pas viser la confirmation de sa théorie car Ne pouvant faire ni mesure (étude quantitative), ni test reproductible, ni
cela reviendrait à accumuler des exemples sans éprouver la validité de la théorie. prévisions, la psychanalyse ne peut être considérée comme une science.

Ainsi, la psychanalyse ne se contente pas d’une explication du fonctionnement


C/ La psychanalyse est-elle une science ? psychique (psychologie explicative) mais elle cherche à déterminer les causes des
Pour Popper, le problème de la psychanalyse est le caractère non-réfutable de phénomènes (psychologie causale). En tant que telle, elle devient un système
son hypothèse : on ne peut pas réfuter l’inconscient car tout énoncé qui lui serait totalisant qui néglige les limites de ce que l’on peut comprendre de l’esprit
contradictoire peut être expliqué par la théorie elle-même. En développant des humain.
stratégies qui « immunisent » sa théorie, la psychanalyse déroge au critère de
réfutabilité. En cherchant à tout expliquer et à tout englober dans une théorie, y compris les
comportements contradictoires, la psychanalyse abandonne l’un des critères de
→ Les arguments contre la réfutabilité de l’inconscient : scientificité : la réfutabilité. Dès lors, la psychanalyse ne peut être considérée
1) L’hypothèse de l’inconscient n’admet pas de cas contradictoire. comme une science, mais elle devient « un système de pensée », « une vision du
L’hypothèse de l’inconscient n’est pas infirmée par les cas contradictoires. En effet, monde ».
si le patient ne guérit pas une fois que le psychanalyste a interprété et mis au jour
la pulsion refoulée, le thérapeute expliquera cet échec de la cure par un déni Transition vers le problème des sciences humaines :
inconscient du patient. Ici, l’inconscient justifie l’échec de l’expérience = cercle Faut-il reprocher à la psychanalyse un manque de rigueur scientifique ?
vicieux. Dire que la psychanalyse n’est pas une science lui enlève-t-elle toute valeur ?
Les sciences humaines doivent-elles se modeler sur les sciences de la nature?
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Séquence III : Science

Définitions à connaître : Remarques : a/ Croyance et savoir en science


Empirique : qui est fondé sur ou relatif à l’expérience. Le savoir scientifique n’exclut pas la croyance mais celle-ci possède un rôle bien
défini et encadré dans le domaine scientifique. Par exemple, pour faire une
Epistémologie : du grec epistémè « science », et logos « science de » démonstration, on admet un certain nombre de postulats qui ne peuvent pas être
L’épistémologie consiste à s’interroger sur la manière dont la science procède, sur démontrés, mais qui sont nécessaires pour établir la démonstration (voir
ses méthodes. Elle est synonyme de méthodologie. Scepticisme → trilemme d’Agrippa).
L’adjectif épistémique désigne « ce qui est relatif à la science ». Du latin credo « je crois », la croyance est le fait ou l’action de croire, càd d’attacher
une valeur de vérité à un fait ou un énoncé.
Science : C’est un état mental qui se décline en plusieurs degrés qui vont de l’opinion à la
1/ Connaissance qu’un individu possède. science en passant par l’opinion droite et la foi.
2/ Processus méthodique par lequel un individu cherche à connaître le monde. - Lorsqu’elle est susceptible d’être vérifiée, la croyance est une supposition ou une
hypothèse.
Théorie scientifique : Ensemble de lois qui forment un système cohérent. Une - Lorsqu’elle repose sur un fort sentiment subjectif, la croyance désigne une
théorie part d’une hypothèse et elle est vérifié par un protocole expérimental. conviction et à l’extrême, la foi.
- Quand elle est démontrée et unanimement partagée, elle peut être appelée
Rôle de l’expérience dans la théorie scientifique : L’expérience sert à mettre à certitude.
l’épreuve une théorie scientifique grâce à un protocole expérimental (conditions
et étapes de l’expérience) et à des instruments scientifiques. b/ Relation entre technique et science
Sciences et techniques sont étroitement liées :
Instrument : En science, un instrument est un objet technique qui sert à réaliser - Historiquement, les techniques ont précédés les sciences (savoir-faire précède
des mesures (chronomètre…), des observations (microscope, télescope…), des savoir théorique).
enregistrements (sismographe…). Les instruments scientifiques sont des « théories - Le développement des techniques permet les progrès de la science.
matérialisées » : ils sont construits dans le but d’observer, de mesurer ou de tester - La science permet le perfectionnement des objets techniques et des savoir-faire.
une théorie scientifique. Exple : lunette astronomique (télescope) créée par Galilée - La science ne maîtrise pas complètement ses applications techniques (la
pour justifier hypothèse des tâches solaires sur la Lune technique échappe à la science → applications qui dépassent les intentions de
départ => en théorie / en pratique → voir critique de Hans Jonas)
Hypothèse :
- Point de départ d’une théorie scientifique, elle propose un explication des causes Observation (≠ expérience) : action par laquelle on considère qqch avec une
d’un phénomène. Elle est obtenue par généralisation d'un constat. attention soutenue, au moyen de ses organes, afin de mieux la connaître.
Exple : Galilée → hypothèse de l’héliocentrisme à partir de ses observations Elle est des régimes de la preuve scientifique : c'est une expérience d'accumulation
- L’hypothèse ne peut pas être vérifiée directement par l’observation → elle doit et de recueil d'informations sur un phénomène → rôle central dans l’induction
être vérifiée par des faits obtenus par l’expérience. Exple : hypothèse de l’atome
donnée dès l’Antiquité mais c’est seulement au XXe s. qu’on justifie cette
hypothèse grâce à l’invention de nouveaux instruments d’observation.

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Séquence III : Science

Induction : remonter des faits à la loi, de cas particuliers à une proposition plus
générale.

Déduction : aller de la cause aux effets, du principe aux conséquences, du général


au particulier.

Paradigme (science) : Un paradigme est un ensemble de règles et de conventions


qui servent de socle à une théorie pour un groupe donné. Le paradigme est parfois
associé à un inconscient collectif. Il est le cadre de représentation qui précède la
compréhension du monde.
Pour Kuhn, la science évolue par abandon d’un paradigme et son remplacement
par une nouvelle structure théorique (incompatible avec celle abandonnée).
Science normale → Crise → Nouvelle science normale → Nouvelle crise
Lorsque la science est normale, les scientifiques formulent et étendent le
paradigme pour expliquer le monde réel. Mais ils rencontrent des difficultés
lorsque les résultats des expériences sont incompatibles avec la théorie. S’ils ne
parviennent pas à les surmonter, un état de crise se développe.
Une crise se résout lorsqu’un paradigme entièrement nouveau émerge et gagne
l’adhésion d’un nb tjrs plus gd de scientifiques jusqu’à ce que le paradigme de
départ, source du pb, soit finalement abandonné.
Le chgt discontinu constitue une révolution scientifique. Le nveau paradigme,
prometteur, qui n’est pas soumis aux difficultés de l’ancien, sert alors de guide à la
nouvelle activité scientifique normale jusqu’au moment où il connaît à son tour de
sérieuses difficultés qui engendrent une nvelle crise, ouvrant une nvelle révolution.

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