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Fiche RAISON
Définition : La raison (faculté de la conscience)
Du latin ratio, « calcul », la raison est la faculté propre de l’esprit humain qui lui permet de
- Connaître (« rationnel ») / expliquer / justifier
- Juger (théorique et pratique)
- Distinguer le vrai du faux, le bien du mal
- Agir conformément à des règles et des principes moraux (« raisonnable »)
Le mot « raison » renvoie aussi au grec logos, qui désigne à la fois la parole, le discours et la faculté de penser.
→ La raison est une faculté à la fois théorique et pratique : elle permet de connaître (domaine de la connaissance), de juger et d’agir (domaine moral).
Domaine théorique
ARISTOTE, Politique (IVe s.) : L’homme seul possède la parole par laquelle il exprime sa raison. Distinction voix (phonè) qui permet aux animaux de manifester leurs sensations VS
parole (logos) qui permet à l’homme d’exprimer
- sensations,
- mais aussi valeurs et notions abstraites (utile/nuisible, juste/injuste)
- et formulation de règles de vie en société.
La parole fait de l’homme un animal politique : capacité de penser, de parler, de s’accorder avec ses semblables VS animal qui se limite à ses besoins biologiques (instinct).
MONTAIGNE, Essais (XVIe s.) : Montaigne considère que la frontière entre l’homme est l’animal est moins nette qu’il n’y paraît. Pour ce philosophe sceptique, la raison ne
garantit pas l’accès à la vérité car les hommes se trompent souvent. Ils pensent avoir raison alors qu’ils ont tort. Les hommes n’ont pas tjrs conscience des limites de leurs
connaissances.
L’homme a longtemps cru qu’il était supérieur aux animaux, mais de nbx phénos témoignent d’une intelligence animale : langage, habileté technique, sociabilité → Les animaux
sont capables de réalisations qui relativisent l’idée que la raison est le propre de l’homme.
DESCARTES, Discours de la méthode (XVIIe s.) : Il faut distinguer intelligence et raison. L’intelligence désigne l’ensemble des qualités de l’esprit : mémoire, intuition. L’intelligence
animale relève de l’instinct (loi que la nature prescrit à l’animal), alors que la raison permet à l’homme de réfléchir par lui-même. La raison donne à l’homme une capacité
d’autonomie : la possibilité de formuler les règles et les valeurs qui soutiennent ses pensées et ses actes. Grâce à la raison, l’homme apprend à devenir rationnel et raisonnable
en osant penser et se déterminer par lui-même.
Séquence III : Science
Domaine théorique
Or tenter de rendre raison de tout serait une tâche infinie, voire même impossible car :
a/ nous sommes limités dans notre connaissance par l’expérience
b/ étant premier, on ne peut pas démontrer un principe
Pascal, Pensées : Il ne faut pas cherche à rendre raison de tout car c’est une tâche absurde. La raison doit admettre son impuissance et laisser une place à l’intuition :
« Le cœur a ses raisons que la raison ignore ». Cette citation de Pascal signifie que la raison a pour fonction de démontrer, mais c’est le cœur, c’est-à-dire l’intuition qui permet
de saisir les premiers principes et les vérités religieuses (que la raison est incapable de démonter).
Les limites de la raison La connaissance des premiers principes se fait par intuition
Texte 1 : KANT, Critique de la raison pure, Préface de la 1ère édition (1781-1787) Texte 2 : PASCAL, Pensées, fragment 110, éd. Lafuma, 1670
Il est dans la nature de la raison de se poser des questions auxquelles elle ne peut Certaines vérités échappent à la raison. Celle-ci ne peut pas tout connaître, il faut parfois
répondre, car elles dépassent toute expérience possible. lui substituer un autre principe de connaissance : « le « cœur », l’intuition.
« La raison humaine a cette destinée singulière, dans un genre de ses connaissances, « Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le cœur. C’est
d'être accablée de questions qu'elle ne saurait éviter, car elles lui sont imposées par sa de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes et c’est en vain que
nature même, mais auxquelles elle ne peut répondre, parce qu'elles dépassent le raisonnement, qui n’y a point de part essaie de les combattre. Les pyrrhoniens, qui
totalement le pouvoir de la raison humaine. n’ont que cela pour objet, y travaillent inutilement. Nous savons que nous ne rêvons
Ce n'est pas sa faute si elle tombe dans cet embarras. Elle part de principes dont l'usage point. Quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance
est inévitable dans le cours de l'expérience et en même temps suffisamment garanti par ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non pas l’incertitude de
cette expérience. Aidée par eux, elle monte toujours plus haut (comme du reste le toutes nos connaissances, comme ils le prétendent. Car les connaissances des premiers
comporte sa nature), vers des conditions plus éloignées. Mais, s'apercevant que, de principes : espace, temps, mouvement, nombres, sont aussi fermes qu’aucune de celles
cette manière, son œuvre doit toujours rester inachevée, puisque les questions n'ont que nos raisonnements nous donnent et c’est sur ces connaissances de cœur et de
jamais de fin, elle se voit dans la nécessité d'avoir recours à des principes qui dépassent l’instinct qu’il faut que la raison s’appuie et qu’elle y fonde son discours. Le cœur sent
tout usage possible dans l'expérience et paraissent néanmoins si dignes de confiance qu’il y trois dimensions dans l’espace et que les nombres sont infinis et la raison
qu'ils sont même d'accord avec le sens commun. De ce fait, elle se précipite dans une démontre ensuite qu’il n’y a point deux nombres carrés dont l’un soit double de l’autre.
telle obscurité et dans de telles contradictions qu'elle peut en conclure qu'elle doit Les principes se sentent, les propositions se concluent et le tout avec certitude quoique
quelque part s'être appuyée sur des erreurs cachées, sans toutefois pouvoir les par différentes voies – et il est aussi inutile et aussi ridicule que la raison demande au
découvrir, parce que les principes dont elle se sert, dépassant les limites de toute cœur des preuves de ses premiers principes pour vouloir y consentir, qu’il serait ridicule
expérience, ne reconnaissent plus aucune pierre de touche de l'expérience. Le terrain que le cœur demandât à la raison un sentiment de toutes les propositions qu’elle
où se livrent ces combats sans fin se nomme la Métaphysique. » démontre pour vouloir les recevoir. »
Séquence III : Science
Domaine pratique
Question 3 : Faut-il être toujours raisonnable ? (Bonheur/devoir/raison)
La raison renvoie au désir de vérité, mais aussi au fait de pouvoir rendre compte de ses actions. Être raisonnable, c’est suivre sa raison dans le domaine pratique, et ne pas se laisser emporter par
ses passions. Mais toujours obéir à sa raison ne nous fait-il pas prendre de risque de confondre le bonheur avec une vie sans saveur ?