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CRITIQUE DE LA RAISON PURE

PREFACE A LA SECONDE EDITION

Présentation de la CRPure

 Pages V à XXXI : préface exposé par Ch Serrus


 Pages 5 à 11 : préface de la première édition
 Pages 15 à 30 : préface de la seconde edition
 Pages 31 à 49 : introduction

A) la Critique et l’idée d’une science

. Pourquoi ? parce que cela révèle la scientificité et la systématicité de la doctrine.

Mais tout d’abord, qu’est -ce que La science ? c’est l’unité de la connaissance intellectuelle, l’unité dans le contenu qui est affirmé. L’unité renferme une totalité qui révèle la
scientificité et la systématicité de la doctrine.

------On comprend alors pourquoi nous pouvons définir la raison, comme dans notre introduction en début d’année comme une TOTALISATION des actes de l’entendement. La raison
est la faculté des principes lorsque l’entendement est la faculté des règles ( unifie le donné de l’intuition en produisant des concepts). L’entendement, en tant que faculté des règles
consiste à distinguer, mettre de l’ordre, rendre en quelque sorte conscient ce qui n’est que le divers des choses. L’entendement rend intelligible la diversité sensible, alors que la Raison
totalise et unifie ces actes.---------

On peut donc dire Critique comme un système est fondé sur l’idée de science car elle l’unité de la diversité en s’intéressant à la nature de l’lhomme et à sa raison.

Il est essentiel d’éviter tout malentendu. Il n’y a pas de science métaphysique car il n’y a de science que du sensible subsumé sous le concept. Il est donc une illusion de la raison
que de vouloir connâitre Dieu, la liberté ou l’immortalité de l’Ame . L’échec de la métaphysque comme le dit justement Kant dans la seconde Préface ne vient pas du fait que
l’homme vise trop haut ( un homme ne vise jamais trop haut) mais qu’il croit atteindre Dieu ou la liberté par un savoir. Sauver la métaphysique, c’est supprimer le savoir pour
laisser la place à la croyance. On peut croire en Dieu ou en la liberté comme destination de l’homme mais pas le connaître. La philosophie comme le dit justement la Seconde
Préface est une philosophie de la limitation du savoir et de l’inintelligibilité de la la liberté pour rendre possible une philosophie de la liberté.

B) La critique et l’ homme ?

Dans la Préface, Kant dit clairement, ce n’est pas les catégories qui l’intéressent, mais la déduction des catégories. Ce que veut dire Kant que ce qui l’intéresse n’est pas de répondre à
la question comment fonctionne le cerveau ? mais QUE PUIS JE CONNAITRE, QU’AI-JE LE DROIT D’AFFIRMER ? : dans un premier cas, nous nous intéressons au fonctionnement de la
matière. Dans le second cas, nous nous intéressons à l’homme

Kant s’intéresse à l’homme en posant trois questions fondamentales : Que puis-je connaître, que dois-je faire ? que m’est il permis d’espérer ?

Ces questions ne sont pas des questions de fait, elles ne reposent pas sur un constat, mais ce sont des questions de droit et de légitimité.

En s’interrogeant sur l’homme, la CPR pose la question de l’homme non pas compris comme un fait de la nature ( un phénomène) mais comme un être doué de raison ( un
noumène). Il questionne l’homme qui apprend à se servir de sa raison, le philosophie comme « le législateur de la raison » ( Page 562, LIGNE 8) ).

-----La critique en tant que philosophie transcendantale aura donc pour objet de dire cette téléologie de la raison humaine qui n’est que la conscience de soi de la raison. ----------

C) La critique est alors une Propédeutique à une métaphysique

Nous PARLONS DE PROPEDEUTIQUE : la propédeutique est une introduction à une étude, un enseignement préliminaire ( on parlait de paideuein « ce qui veut dire « enseigner »)
et la propédeutique fut en France, jusqu'en 1966, le nom de la première année d'études supérieures). La propeudeutique est donc un enseignement préliminaire non pas un
instruction fermée sur elle-même. Elle n’est pas non plus un système fermé sur lui-même. Corrélativement en tant qu doctrine de la raison elle n’est dogmatique, fermée sur elle-
même. Elle se pose des limites, une limitation qui vise à limiter le pouvoir de la raison afin d’éviter tout dogmatisme de la raison.

Nous parlons de métaphysique qui a pour objet une philosophie pure : cela ne veut pas dire que la philosophie empirique n’a pas de sens, mais elle ne peut pas fonder une vérité
sur une perception pas plus que l’on ne peut fonder une morale universelle sur des déterminations empiriques, liés au déterminisme matérielle ou à la psychologie de chacun. En
réalité, l’expérience n’a de sens que parce que sont appliqués des principes purs ou a apriori de la raison.

La critique est donc une propédeutique à la raison pure qui permet de constituer cette doctrine qui a pour objet la métaphysique :

Précisons alors clairement la nature de la métaphysique. Elle a pour objet une philosophie pure c’est-à-dire qu’elle permet de penser l’absolu. Cela est rendu possible par le fait que la
métaphysiquen’est pas ce qui est au-delà de la physique ( ce qui ne veut rien dire) mais bien : toute idée de la raison qui dépasse l’expérience et les phénomènes donné par l’ordre de
la nature » ce qui veut dire que l’expérience ne peut être donnée ( désir de Dieu ou de la liberté) le désir d’absolu ne ne peut désirable dans son objet sensible et quant à son objet
intelligible, comment pouvoir le désier alors que je ne peux prétendre à aucune expérience. Quant à la connaissance métaphysique, elle m’est refusée car je ne peux intuitionner
rationnellement l’objet de mon désir car je ne peut simplement que le penser.

On peut compléter cette définition par celle proposée par Kant dans la Critique: la métaphysique « expose le système de la raison pure dans le domaine théorique et moral. «

On peut donc conclure ce chapitre.

Nous savons à présent que la CRP est un système, une doctrine de la philosophie qui s’interroge sur l’homme et sur la métaphysique c’est-à-dire sur ce qui dépasse l’expérience
donnée par la nature mais répondu au besoin de notre raison. La métaphysique expose le système de la raison pure dans le domaine théorique en répondant à la question « que
puis je savoir » et au domaine pratique « comment dois je agir pour réaliser ma liberté et réaliser mon espérance ? « La métaphysique en tant que besoin de la raison est donc

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particulièrement utile à l’homme. Si la question de la science permet de comprendre le problème du fondement stable et pérenne d’une connaissance, ce qui intéresse la Critique
n’est pas science mais les fondements d’une métaphysique pérenne dont a besoin l’homme.

En ce sens, on ne peut se permettre d’étendre le pouvoir de la raison au-delà de certaines limites que poseront la critique et notamment d’affirmer que l’on peut connaître sans
intuition et que l’on peut donc exiger un savoir de Dieu, de la liberté, du commencement du monde ou de l’immortalité de l’Ame alors qu’aucune intuition ne correspond au
concept. C’est pourquoi, nous PARLONS DE PROPEDEUTIQUE : la propédeutique est une introduction, mais aussi une limitation qui vise à limiter le pouvoir de la raison afin
d’éviter tout dogmatisme de la raison.

--------------------------------------préface exposé par Charles Serrus dans la CRPure ( editions Quadrige) A la page 254 de la Critique de la Raison Pure, dans la dialectique
transcendantale, Kant explique la raison de l’élaboration de l’esthétique transcendantale. « toute notre connaissance commence par les sens, passe de là par l’entendement
et s’achève dans la raison ».

Corrélativement dans l’introduction de la Critique il définit la notion de transcendantal « j’appelle transcendantale toute connaissance en général qui s’occupe moins de ces
objets que de nos concepts a priori des objets «.

Est transcendantale une connaissance d’un objet de ce qui a en elle d’a priori et de formel par opposition à ce qu’il y a de posteriori et de matériel dans le phénomène ( VII de
la première préface). On peut donc dire que l’esthétique transcendantale impose ses conditions à la connaissance et la logique transcendantale sera transcendantale du fait
de son application à la sensibilité. (IX) « la mathématique fournit l’exemple le plus éclatant d’une raison pure qui a réussi à s’étendre d’elle-même et sans le secours de
l’expérience. Elle est nécessaire et elle progresse ». Elle n’est pas empirique, ni analytique. Comment grâce aux jugements synthétiques a priori. A priori est dérivé des
analytiques d’Aristote tout en prenant un sens différent. A priori désigne selon Aristote ce que le premier et le plus connu qui se dit en deux sens, par rapport à la sensation,
qui est le plus près de nous et par rapport à la chose en soi, ce qui en est le plus éloigné. A priori désigne ce qui provient des causes lorsque le terme a posteriori désigne les
effets. Kant en détourne l’usage primitif pour désigner la productivité de l’ame dans la connaissance, la forme de la pensée par opposition aux phénomènes qui désignent de
simples représentations et non des choses en soi ; choses en soi impossible à connaître . On peut donc dire que l’idéalisme transcendantal consiste en une doctrine d’après
laquelle nous concevons les phénomènes comme de simples représentations, d’une part, l’idéalisme transcendantal désigne la théorie qui ne fait du temps et de l’espace que
des formes sensibles de notre intuition et non des déterminations données par elles-mêmes d’autre part. ( XII). Tout ce qui est pensé à travers les formes de la sensibilité sont
de l’ordre phénoménal ce qui ne veut pas dire que le noumène ne peut pas être pensé. Le noumène ne signifie pas une forme déterminée de quelque chose, mais
simplement la pensée de quelque chose en faisant abstraction de toute intuition sensible. Quant à la logique transcendantale qui succède à l’esthétique transcendantale,
elle ne désigne pas la logique, la pensée qui est objet d’elle-même, mais elle désigne la théorie de la connaissance portant sur les éléments logiques de la pensée. La
logique transcendantale étudie le concept et le jugement. Le concept désigne l’objet de la pensée(XIII). « nous ne connaissons que par concept ». Quant au jugement, »ce
n’est pas une pensée mais une fonction » L’entendement est l'unification du donné de l'intuition, de la perception qui est une intuition empirique. L’entendement permet
par la production des règles de donner l’unité à la diversité sensible.

(XVI) L’intuition empirique est requise pour que la science prenne un objet. La mathématique remplit cette condition. Elle le fait par construction de la figure, qui bien qu’elle
émane d’une productivité a priori n’en est pas moins une réalité empirique.

Ainsi tout concept, objet de la pensée exige une forme logique. Il doit se rapporter à un objet. En unissant la forme de la sensibilité à l’entendement, nous déterminons la pensée d’un
objet en général. La synthèse intuitive porte sur un tout sans cesse inachevé. Elle constitue des finalités impensables comme l’infinité de l’espace ou celle d’une série numérique. Le
concept au contraire détermine un tout dans chaque objet auquel on l’applique. L’intuition ( XVII) assure l’avancement de la connaissance. L’entendement ne peut certes embrasser la
totalité de son objet, cependant il confère l’universalité à ce qu’il touche. Quant à l’intuition intellectuelle qui réunirait le pouvoir infini de l’intuition à l’universalité du concept, il est
impossible selon Kant.

C’est par le schème que la catégorie se rapporte à l’intuition, l’idée à l’expérience, le genre à son espèce. Le schème c’est une idée générale, un produit de l’expérience passé et un
plan pour l’interprétation pour l’expérience future. ------------------------------------------------

1-1 Problème général de la raison pure ( Introduction de la CPRP, paragraphe VI, page 43

EXPLICATION DE TEXTE LIBRE

Introduction à la Critique de la Raison Pure de Kant

« Problème général de la raison pure »

Editions Quadrige, Presses Universitaires de France, pages 43 à 44

De « Or, le vrai problème de la raison pure tient dans cette question » à « il y a eu réellement dans tous les temps une métaphysique, et c’est pourquoi, il y en aura toujours une ».

Synthèse : il est évident que l’objet de la métaphysique n’est pas le même que celui des math ou de la physique. Cependant, on peut constater avec pragmatisme que les sciences
sont sur une voie sure alors que la métaphysique erre et ne connaît aucun progrès.

La Problématique est de rechercher ce qui unit la science avec la métaphysique. Quels sont les fondements possible d’une métaphysique ?

Afin de répondre à cette question Kant s’interroge sur la généalogie des disciplines qui ont montré leur efficacité. A partir de de constat, i l comprend que ce qui unit l’ensemble des
disciplines, métaphysique y compris c’est le JSA. Le jugement c’est une acte de foi en la valeu r. Ne pas porter de juger c’est ne rien pouvoir affirmer comme acte de foi .

Juger c’est savoir que l’on peut dire que quelque chose a une valeur ou n’en a pas qu’elle est vraie ou fausse, juste ou injustes, belles ou laides. S’il n’existe pas de jugement, il
n’existe pas de Science possible et aucune métaphysique ne peut être fondée. Sans JSA, le jugement n’est qu’empirique dépendant du temps et de la psychologie de chacun. On ne
peut rien fonder de stable et de pérenne. D’où l’importance des JSA qui émanent de la raison et qui permettent l’énoncé de propositions vraie et certaines.

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A la question « comment une métaphysique pure est-elle possible ? » on peut être surpris de constater que dès la Seconde Préface de la Critique de la Raison Pure où Kant
s’interroge sur la voie sure de la Science et que dans l’Introduction du livre éponyme ( du même nom), cette interrogation vaut toujours en se posant parallèlement, la question du
fondement de la mathématique et de la physique.

La problématique posée par ce texte situé dès l’introduction de la Critique de la Raison Pure est la suivante : quelles sont les conditions de possibilité d’une science ? Afin de
comprendre ce que sera ou pourrait être alors une métaphysique stable et pérenne.

Après avoir fondé une science sur des jugements synthétiques a priori qui ne sont que des jugements apodictiques (nécessaires), universels et vrais, pourra alors être analysée par
la Critique, la fonction de la raison pure théorique, son rôle et son pouvoir.

L’enjeu est donc moins de fonder une science que de comprendre ses fondements afin de rendre possible une métaphysique stable et pérenne. Qu’est ce qui unit les
mathématiques, la physique et la métaphysique alors que leurs objets d’étude diffèrent : les Jugements Synthétiques A priori ( JSA) ? La métaphysique peut-elle prétendre à ce
savoir ? ou tout simplement est –il possible de fonder rationnellement une métaphysique ?

Terminologie

A) Jugement analytique (JA) : « le corps est étendu » : il s’agit d’une explicitation d’un phénomène qui ne nous apprend rien de plus. Le jugement est explicatif. Analyser le concept du
sujet afin de déterminer ce qui est visé.

B) Jugement synthétique (JS) : le corps est pesant, apporte une donnée nouvelle, une connaissance en sus de celle de l’étendue du corps. JS ajoute au concept du sujet A, un prédicat
qui a un caractère nouveau. Les JS étendent notre connaissance ; ce que ne fait pas le JA

C) A priori : ne dérive pas de l’expérience, par exemple, le corps est pesant, dérive de l’expérience, de même une maison doit avoir des fondations pour ne pas tomber est un jugement
dérivé de l’expérience. A priori signifie que le jugement ne dérive pas du phénomène, de l’ensemble des phénomènes appelés expérience mais émane de la raison.

Par exemple, les propositions mathématiques sont des Jugements Synthétiques A priori (JSA). Elles ne sont pas empiriques, mais apodictiques ( veut dire nécessaire), vraies et
universelles.

Lorsque nous disons que la raison et productrice de lois et de principes, d’une part, et qu’elle permet de juger le vrai du faux, d’autre part, cela veut donc dire que seule la raison est
source de jugements purs qui ne sont pas mêlés à l’expérience, les jugements synthétiques a priori (l’entendement quant à lui produit les concepts purs).

A la question, « comment un métaphysique est-elle possible ? », Kant répond en interrogeant la mathématique, puis la physique.

En effet, quand bien même leur objet diffère, les sciences certaines (apodictiques) la mathématique et dans une moindre mesure la physique ont quelque chose en commun avec la
métaphysique, les Jugements Synthétiques A priori.

Kant veut s’assurer du bienfondé du JSA.

Le raisonnement est donc le suivant : afin de pouvoir fonder une science sur les JSA, il faut tout d’abord, confronter la thèse du JSA avec celle de Hume qui dénie toute production a
priori de jugements au niveau de la raison. En confrontant sa thèse avec celle de Hume, si la thèse est validée, alors le JSA est possible et l’hypothèse d’une métaphysique comme
science sera alors validée

En effet, si tout jugement est empirique, alors aucun jugement n’est a priori.

Donc, la notion de JSA est absurde- Il faut donc tester cette notion à partir d’une analyse critique du principe de causalité afin de la valider ou de l’invalider.

L’enjeu du débat n’est autre que le salut ou la ruine de la métaphysique, sa justification ou tout simplement la destruction de toute philosophie pure.

Dans cette perspective, la confrontation avec l’empirisme ou le scepticisme constitue un contrepoint négatif indispensable pour assumer les bases de la critique.

Le champ du savoir humain se caractérise par contraste. A l’état d’incertitude de la métaphysique, existe la certitude des math et de la physique.

D’où la question de Kant qui n’est pas comment est possible un métaphysique mais bien plutôt est ce qu’il est seulement possible de fonder une métaphysique ?

L’analyse de Kant s’effectue en deux parties.

Dans un premier temps, il fait l’éloge du philosophe dans la mesure où dans le Traité de la Nature Humaine, section VII, Hume a mis en œuvre une philosophie critique.

Mais dans un second temps, Kant considère cette critique comme incomplète et particulièrement ruineuse pour toute métaphysique.

Le problème du rôle de la raison et de sa capacité à énoncer des jugements apodictiques est analysé par Hume à travers le principe de la causalité.

Hume, selon Kant, a saisi le caractère synthétique du rapport causal. Hume a compris le pouvoir de l’entendement par lequel on ne peut comprendre le concept d’une chose à
l’existence d’une autre chose, de manière nécessaire sans faire intervenir le principe de la causalité. A implique B c’est-à-dire l’apparition du phénomène A implique l’apparition du
phénomène B dans le temps que parce qu’il y a un rapport synthétique de la causalité.

Cependant le constat de Hume est juste mais limité.

S’il est juste de dire que l’expérience ne peut établir la connexion entre A et B. Tout ne dérive pas, en effet de l’expérience. Afin de comprendre la causalité, nous devons la situer sur
un autre plan que la relation contingente du phénomène A induisant le phénomène B.

En ce sens, le constat de Hume est limité. En effet si l’on dénie à l’entendement le pouvoir des règles à l’instar de Hume, alors l’expérience n’offre que des conjonctions mais pas de
connexion C’est pourquoi en se contentant de nier le pouvoir de l’entendement, la causalité ne peut donc plus être comprise de manière stable et pérenne en étant produite par

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l’entendement. C’est pourquoi Kant introduit nécessairement la causalité selon la forme sur laquelle on subsume un contenu afin qu’elle ne reste pas qu’à l’état d’un phénomène
soumis au temps qui passe.

On peut donc dire, que Hume a bien analysé que l’expérience ne nous fait pas comprendre ce rapport synthétique. Mais il n’a pas voulu les conséquences de cette affirmation. Si
l’expérience, en effet, ne nous fait que percevoir un changement d’état d’une chose A en une chose B, alors il faut chercher en nous dans l’entendement le principe de la causalité et
plus généralement le principe des JSA qui rendent la science possible. Autrement dit, si l’expérience ne nous fait pas comprendre le rapport synthétique de la causalité, il faut donc se
situer sur un autre plan, non pas dans le temps des phénomène mais en l’homme et plus précisément en son entendement producteur de catégories pures.

C’est parce que Hume ne peut admettre le pouvoir législateur de la raison pas plus que le pouvoir créateur de l’entendement (il fonde des catégories dont celle de la causalité) qu’il ne
va pas au bout de son raisonnement et se contente d’affirmer que l’expérience n’est ni le produit de la raison et de l’entendement.

C’est pourquoi, Hume n’ accepte que l’hypothèse réductionniste de la causalité du point du vue strictement empiriste. « Je vois A implique B » ce qui veut dire que le résultat B n’est
que le résultat de l’habitude de voir A qui entraine toujours B.

En d’autres termes, et dans ces conditions, il n’y a pas de fondement à la causalité. La causalité n’ est que le produit de l’habitude et de notre croyance selon Hume : « je crois A
implique B » .

Hume décrit une genèse psychologique d’un rapport de phénomènes dans le temps lorsque Kant développe une explication transcendantale en distinguant la forme de la matière, la
perception de ce qui est de l’ordre de l’entendement et des catégories pures produites par elle.

Dans cette perspective, le parti pris empirique détruit toute possibilité de la causalité car la causalité ne dérive pas de l’esprit mais de la matière ou de l’expérience. L’expérience n’est
pas un fait de la raison mais le produit des effets de la nature dans le temps. L’expérience est alors le produit de notre de notre croyance et de nos habitudes qui font que à la
répétition d’un phénomène on induit que B suit A dans le temps.

Les conséquences sont alors les suivantes : si nous renonçons au jugement de causalité universel, parce que ce la causalité ne serait qu’une croyance ; nous devons alors renoncer à
tout jugement et donc à tout valeur dans des énoncés tels que « il existe un commencement au monde, et » l’intelligible cause d’une série indéfinie des phénomènes est possible ».
Ces énoncés deviennent alors infondés, le produit de la psychologie de chacun : la métaphysique est donc anéantie. .

Cependant, si nous devions accepter cette hypothèse comment comprendre alors que la mathématique est possible comme science ? En effet, si nous suivons le raisonnement de
Hume et des empiristes voire des sceptiques, si tout énoncé dérivait de l’expérience, il n’existerait aucun énoncé fondé universellement en raison. Seuls les énoncés seraient le
produit de l’expérience alors même que les axiomes sont justement en dehors de toute expérience saisis dans l’intuition. Imaginons un instant un théorème du triangle isocèle fondé
que sur l’expérience, il n’aurait aucune valeur car ce qui est VRAI ET INDUBITABLE est le JSA produit par la raison en dehors de l’expérience et de toute intuition sensible.

Ainsi l’empirisme de Hume dépasse le cas de la causalité et conduit de facto au scepticisme et à la ruine non seulement de la science mais toute métaphysique future à établir dans
la présente Critique.

Cette analyse confirme alors la nécessité d’une réflexion philosophique systématique.

Les deux derniers alinéas montrent la ligne de démarcation entre les Mathématiques - la physique et la métaphysique. S’agissant des deux premières sciences, quelles sont les
modalités qui les rendent possibles alors que pour la métaphysique, on ne peut se poser la question raisonnable non pas de savoir si elles sont ou seront une science mais tout
simplement et avec humilité, la question des conditions de possibilité de son existence.

En réalité, quand bien même, le but essentiel de la métaphysique est de satisfaire les besoins de la raison, il n’en demeure pas moins que se pose encore la question des conditions de
possibilité de son existence car elle constitue un champ de ruine pour deux raisons essentielles.

La première, parce que certains se sont autorisés à accroitre démesurément le pouvoir de la raison en pensant la servir alors même qu’elle prétendait tout connaître alors qu’aucun
objet de l’intuition ne remplissait le concept. La raison en est devenu dogmatique en prétendant tout savoir alors qu’elle ne pouvait que penser les idées de la raison pure.

La seconde raison, est produite par l’empirisme qui, en s’arrêtant au stade de l’expérience et au niveau de la conscience sensible et perceptive n’a pas compris le pouvoir propose de
l’entendement et de la raison de fournir les lois et les principes de la compréhension des phénomènes.

Dans le dernier alinéa, enfin, Kant distingue deux points de vue possibles. Il se tourne vers cette raison humaine qui a consacré tant d’efforts à poser le problème métaphysique sans
résultat.

Cependant, selon Kant cette disproportion entre les efforts de la métaphysique et ses médiocres résultats sont le signe d’une « disposition naturelle ». Que peut-on entendre lorsque
l’on dit que la métaphysique est « une disposition naturelle » de la raison et donc une réalité ?

Nous devons bien comprendre que la métaphysique en tant que disposition précède toute doctrine établie. Avant d’être une doctrine, que la Critique de la Raison pure vise à établir, la
métaphysique est une exigence de la raison. En tant qu’exigence de la raison, quel que soit l’état de cette doctrine- et nous savons à la lecture de l’introduction de la Critique, qu’il
s’agit d’un champ de ruine- la métaphysique, revient et renaît et renaitra toujours. La métaphysique est en ceci particulière qu’elle est un besoin urgent de la raison alors même que la
Science stable et pérenne l’est bien moins pour l’homme.

Lorsque Kant énonce clairement que la métaphysique est un besoin de la raison.

Rappelons la distinction opérée en début d’année entre la raison et l’entendement. L’entendement est le pouvoir des règles c’est dire le pouvoir de ramener les phénomènes à l’unité
au moyen de règles. Autrement dit, l’entendement unifie les données empiriques. En ce sens, la tâche de l’entendement est toujours infinie car il subsume sous ces règles, le matériau
infini de l’expérience.

Autrement dit, avec l’entendement, on ne satisfait ni l’homme ni la raison car on ne peut jamais atteindre l’absolu.

Seule, la raison peut répondre aux besoins de l’homme de penser l’inconditionné et donc la liberté. C’est pourquoi, nous pouvons dire, que la raison, par opposition à l’entendement,
se caractérise par l’unité la plus haute, un achèvement, toujours refusé, à l’entendement.

La raison est donc bien cette faculté des principes, faculté à maîtriser l’inconditionné en tant que pensé, à maîtriser la totalité de la série des conditions. Il existe une légitimité
reconnue à la raison de dépasser la série des phénomènes, à se hisser au-dessus de l’expérience. L’idée de la raison est transcendante et intelligible.

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Cependant, l’insatisfaction de la raison reflète un intérêt légitime. C’est pourquoi il existe une réelle disposition métaphysique dans la nature de la raison.

Conclusion

On s’étonne de la primauté accordé aux mathématiques dans le domaine du savoir. Les mathématiques sont la pierre de touche de la possibilité du JSA*. Lorsque la métaphysique
chancelle, Kant se tourne vers les mathématiques considérées comme une connaissance rationnelle pure. Les mathématiques sont le Rampart contre le scepticisme. Cependant, en
aucun cas les mathématiques ou les sciences en général, ne sont capables de satisfaire les exigences de la raison. Certes, il existe une primauté du savoir à la science rationnelle, à
l’instar des mathématiques, car celle-ci construit des concepts grâce à l’intuition, capacité refusée à la métaphysique, mais il exclut pour Kant que la raison humaine se borne au savoir.
En effet, la raison humaine poursuit un besoin et un but. La nature est une providence par laquelle toute faculté est appelé à un but. La fin de la métaphysique n’est donc pas
spéculative. La fin de la métaphysique est pratique* : refonder la métaphysique signifie que l’on réoriente cette dernière vers un but pratique.

NB * : - « JSA » veut dire jugements synthétiques a priori

: -« pratique », signifie morale dans le sens transcendantal c’est –à dire non dérivé de l’expérience. L’objet de la deuxième Critique est bien de fonder une morale
transcendantale car non dérivée de l’expérience.

Problématique de la seconde préface

1-3-1 la méthode et la révolution copernicienne

Tout d’abord, après avoir lu la seconde préface, nous pouvons constater avec quelle force et obstination, Kant refuse de se résigner à l’impossibilité de la métaphysique et ceci pour
au moins deux raisons essentielles à bien comprendre. La première raison tient au BESOIN DE L’HOMME DE RECHERCHER L’ABSOLU OU LA METAPHYSQUE ET la seconde raison
consiste en UN ACTEDE FOI DANS LA VALEUR

La première raison que nous avons expliquée dans le problème de la raison pure, tient à la conviction que notre nature d’homme raisonnable, exprime le besoin incessant de
rechercher la métaphysique en considérant que l’intérêt de l’homme raisonnable consiste bien moins à savoir et donc à la philosophie spéculative ( alors même que nous étudions
la CRP) qu’à réaliser le projet de tout homme raisonnable visant à être libre et à réaliser le règne des fins.

Rappel : j’abolis le savoir pour laisser la place à la croyance ;

Corrélativement, la seconde raison tient à un acte de foi. La seconde préface de la CRPr est un acte de foi en la valeur.

Lorsque nous affirmons que les valeurs de vérité, du bien, du beau notamment, nous affirmons ce qui nous distingue d’une machine aussi parfaite soit elle, nous affirmons la valeur en
l’homme et en l’occurrence dans cette préface la valeur en la raison. Ne sous-estimons pas cette tâche. Les dangers de la misologie sont réels par paresse intellectuelle, par facilité
morale ou tout simplement parce démagogie parce qu’il est plus facile de flatter les instincts que de penser en profondeur.

La valeur en la raison constitue un véritable acte de foi alors même que « combien peu de motifs nous avons de nous fier à notre raison si seulement elle nous abandonne dans un
des sujets les plus importants de notre curiosité, mais si encore elle nous annonce par des illusions d’abord, pour nous tromper ensuite « ? ». Il faut donc croire que l’aberration de la
métaphysique relève d’une « méprise » d’un malentendu. On dû tout se tromper de route. Ainsi nous comprenons que s’impose le projet d’un changement de méthode.

Cependant, si nous affirmons croire à la fécondité d’une méthode, c’est parce que nous pensons réellement possible la constitution d’une nouvelle science, ne fût que pour se borner à
être la science des limites de la raison. Ainsi Kant affirme que « puisque l’on ne peut pas s’en tenir à la simple disposition naturelle pour la métaphysique, c’est-à-dire au pouvoir
rationnel par lui-même…. Il faut qu’il soit possible d’arriver en ce qui la concerne à la certitude ou de la connaissance ou de l’ignorance des objets c’est-à-dire de se prononcer ou sur
des objets de ces questions, ou sur le pouvoir ou l’impuissance de la raison de rien juger par rapport à elle, et par suite, ou d’étendre avec confiance notre raison pure , ou de lui poser
par des bornes déterminées et sures ( page 44)…. La critique de la raison finit donc nécessairement par la conduire à la science (page 45, introduction de la CRP, deux paragraphes
après « problème général de la raison pure »).

Lecture page 15- première paragraphe-et histoire des disciplines en partant de la logique ( pg 2) et la mathématique et la physique ( pg 4 développé au pg 5 en considérant les
mathématique et le pg 6 en considérant la physique) et au pg 7 « la métaphysique » (page 18).
Application à la sensibilité.

Il y a un jugement pragmatique clair, dès le début de la Critique et de ce chapitre, d’un côté, on suit la voie sure de la science, de l’autre on ne la suit pas.

Dans ces conditions, s’éclaire comme naturelle la démarche que Kant retrace tout au début de la Préface à la seconde édition. Il s’en retourne à l’histoire des disciplines . Pourquoi
pour faire de l’histoire de la philosophie ? Alors même que dans l’architectonique de la raison pure (très importante section de la CRP dans la théorie transcendantale de la méthode,
dans l’avant dernier chapitre de la CRP) Kant mettait en garde contre l’illusion de ceux qui pensaient philosopher en faisant de l’histoire de la philosophie « « aussi celui qui a
spécialement appris un système de philosophie… celui-là n’a-t-il cependant qu’une connaissance historique complète de la philosophie de Wolff. Il ne sait et ne juge que d’après ce qui
lui a été donné ». Dans cette perspective, la philosophie se réduirait à une histoire des idées au même titre que des écoliers apprennent leurs histoires. Paradoxalement, apprendre la
philosophie revient à exercer une activité anti- philosophique l’anti philosophe est celui qui ne puisse pas ses connaissances dans la raison quand bien même il critiquerait ce dont il a
appris.

Comment comprendre alors ce retour en arrière vers l’histoire des disciplines. Il s’agit d’une généalogie visant à expliquer pourquoi et en quoi certaines disciplines ont un statut
scientifique et ont acquis « la voie sure de la science » (page 15 ? LIGNE deux).

Il ne s’agit donc pas à un retour vers l’histoire des idées qui se substituerait à notre analyse, bien au contraire car Kant entend qu’avec lui nous comprenons les modalités qui font que
certaines matières ont acquis une voie sure de la science, et donc que nous réfléchissons sur ce qu’est une science, mais il s’agit d’une analyse pragmatique. « On peut juger bientôt
d’après le résultat (page 15 ? LIGNE 3) ».Les mathématiques et la physiques on ne peut que le constater sans l’avoir encore expliqué ont un résultat, alors que la métaphysique
tâtonne, » tombe dans l’embarras » ( page 15 ; LIGNE 5) s’embarasse dans les conclusions et ne se met pas d’accord ( « il n’est pas possible de mettre d’accord les divers
collaborateurs sur la manière dont il faut poursuivre le but commun »( LIGNE 7,8), retourne en arrière et change de route( page 15 LIGNE 6).

Il y a donc des connaissances qui suivent la voie sure de la science et d’autres pas.

Critique de la Raison Pure Page 5


Soumis à ce jugement pragmatique fondé sur le résultat, trois disciplines. La logique (page 15 et 16) puis les mathématiques et la physique. La logique est strictement formelle et n’est
donc qu’un vestibule de toutes les autres sciences.

Ne faisons pas de CONTRESENS : en aucun moment, il n’est question d’y chercher un modèle au point de vue de la structure ou de rechercher une méthode pour cette nouvelle
science qu’est la métaphysique. Ce qui nous intéresse c’est la MANIERE dont des sciences comme la mathématique et la physique sont sortis de leur préhistoire et ont fondé une
science sure en sortant de leurs tâtonnements.

Les math comme la physique ont une valeur de paradigme : écoutons Kant dans la CRPr, dans la deuxième partie intitulée « Méthodologie de la raison pure pratique » La
méthodologie consiste à répondre à la question de savoir comment les lois de la raison pure pratique peuvent avoir un accès dans l’esprit humain et rendre donc la raison
subjectivement pratique (page 161 CRPr). Kant s’interroge alors sur le rôle de l’exemple dans la morale. Les exemples peuvent servir de modèle d’une part (page 164) afin d’exercer
notre jugement («afin d’avoir sous la main des exemples pour les devoirs qui y sont proposés et d’exercer, par ces exemples….le jugement de leurs élèves…. Formerait une bonne
fondation pour l’honnêteté dans le cours futur de la vie »).Cependant, d’autre part, le paradigme doit nous servir d’avertissement. Ils peuvent causer des illusions voire des frustrations
« parce que ce qui n’aboutit qu’à de vains désirs et à de vaines aspirations vers une perfection inaccessible ne produit que des héros de romans ».

Dès lors, nous comprenons que ces matières – les math et la physique- sont des paradigmes et intéressent au plus haut point notre recherche mais ne sont pas exemplifiants.

C’est dans ces conditions que Kant est conduit à penser qu’elles sont devenues une Science par une révolution de méthode. La raison ne s’est plus penchée vers l’expérience pour
que cette dernière lui dise ce qui est, la raison s’est retournée vers elle –même et en elle-même pour dire ce qui doit être. «l’histoire de cette révolution dans la méthode » (page
16, 5 ième LIGNE AVANT LA FIN DE LA PAGE) « » ( page 17, 3 ième LIGNE AVANT LA FIN DE LA PAGE) uniquement « qu’elle doit chercher dans la nature et non pas faussement imaginer
en elle conformément à ce que la raison y transporte elle-même ce qu’il faut qu’elle apprenne » ( occurrence D concernant le rôle de la raison a priori qui délivre les lois de la nature
non dérivées la physique est aussi redevable de la révolution si profitable opérée dans sa méthode de l’expérience en page 17) De même en page 17, les mathématiciens et
physiciens (Thales et Galilée en l’occurrence) « comprirent que la raison ne voit que ce qu’elle produit elle-même… » ( occurrence C en page 17). En outre, page 16, occurrence B)

LE CHANGEMENT DE METHODE CONSISTE EN UN CHANGEMENT DE POINT DE VUE QU’EST POUR CHAQUE SCIENCE SA REVOLUTION INAUGURALE, avec Thales et Galilée. Cette
révolution de point de vue consiste en LA DECOUVERTE DU POUVOIR LEGISLATEUR DE L’ENTENDEMENT. Au lieu d’aller chercher dans l’imaginaire ou dans l’expérience, les
propriétés des objets mathématiques ou les lois de la nature, LA RAISON LES CONSTRUIT ELLE-MEME SELON SES PROPRES PRINCIPES. Cette révolution est accomplie par la
philosophie elle-même, qui trouve l’objectivité de l’expérience et de la connaissance non dans les choses mais dans le sujet connaissant.

Kant conclue une fois encore que «la mathématique et la physique sont les deux connaissances théoriques de la raison qui doivent déterminer leurs objets a priori,… mais en tenant
compte d’autres sources de connaissances que celles de la raison. Kant confirme le caractère a priori de la connaissance qui ne dérive pas de l’expérience et dont le pouvoir émane de
la raison, mais ce n’est pas à dire que la seule source de la connaissance provient de la raison. En effet, nous savons notamment en mathématique, qu’elle procède par construction de
concepts, mais qui pour ne pas être vide doivent être remplis par l’intuition. En réalité, l’intuition intellectuelle est un mode de connaissance spécifique en sciences qui est refusé
catégorie à la métaphysique car cela serait alors la faire retomber dans ses égarements, en lui donnant l’illusion de connaître de façon dogmatique ce qu’elle ne peut que penser : on
peut certes penser le commencement du monde, penser Dieu, la liberté, mais en aucun cas remplir ce concept par une intuition intellectuelle. Enfin, à la page 16, il confirme encore
une fois si cela était nécessaire que dans le domaine des Sciences, elle doit connaître quelque chose a priori, que cela soit dans le domaine pratique ou dans le domaine théorique. Il
n’est nullement question de diviser la raison en deux mais bien de la penser comme faculté de jugement mais aussi pouvoir de produire des lois morales dans l’agir de chaque être
raisonnable. «En tant qu’il doit y avoir de la raison dans les sciences, il faut qu’on y connaisse quelque chose d’apriori…. »

Dans cette perspective, le changement de méthode opéré par les sciences est remarquable. Il est donc urgent si comme la raison nous le commande et en raison du besoin qu’elle
suscite en tout homme raisonnable, de réfléchir sur le caractère essentiel de ce changement de méthode si avantageux pour les sciences. Pourquoi faire ? Pour à titre d’essai les
prendre pour paradigme tout en ayant toujours à l’esprit cet avertissement de Kant dans la Méthodologie de la raison pure pratique, dans l’avant dernier chapitre de la Critique de la
Raison Pratique, que le paradigme peut permettre d’exercer un meilleur jugement mais peut aussi conduire à des illusions et des frustrations. En d’autres termes, l’impossibilité
d’imiter le paradigme peut conduire à la misologie ou à la haine de la raison. Cet avertissement vaut pour toute la Critique. Croire en effet que par grâce à la méthode mathématique
pourtant différente de celle de la métaphysique comme nous venons de le voir car elle procède par construction de concepts et en appliquant ses concepts à l’intuition, faculté refusée
par la Critique.

D’où

Tels sont donc l’avertissement mais aussi la leçon de Kant à ces lecteurs mais plus généralement à tous les hommes épris de raison et de liberté. Le changement de méthode est
suffisamment profitable aux autres sciences pour être tenté par la métaphysique d’autant que :

 On peut s’y sentir autorisé. Notre tâche est légitimée par le fait qu’il s’agit dans les trois cas d’œuvres de la raison
 La métaphysique constitue un réel besoin de la raison quand bien même elle n’a pas eu « l’heureuse destinée de s’engager dans la voie sure de la science » ; elle est
cependant plus ancienne que toutes les autres et elle subsisterait quand bien même toutes les autres ensemble seraient englouties dans le gouffre d’une barbarie
entièrement dévastatrice (page 18, PAGE 18, LIGNES10 à 13). Puis, LIGNES 2 à 4 du TROISIEME paragraphe, page 18, : » pourquoi la nature a-t-elle mis dans notre raison
cette tendance infatigable qui lui fait rechercher la trace, comme si c’était un de ses intérêts les plus considérables ».
 On ne s’y risquera cependant qu’à titre d’essai pour éviter des désillusions et la misologie : Kant poursuit dans ce même paragraphe que le sujet qui nous préoccupe la
métaphysique est essentiel pour l’homme et sa destinée, mais on ne peut pas toujours s’y fier, elle nous apporte aussi des désillusions et peut nous tromper
 Il ne s’agira que d’une hypothèse, mais d’un changement d’hypothèse, et ceci réaliser à double titre : d’une part la méthode classique de la science consistant à
subordonnée la connaissance à son objet avait conduit à l’hypothèse de BON SENS émise par Ptolémée selon laquelle, le bon sens s’accordant à la raison, il est était donc
certain que la terre fut immobile au centre de l’univers jusqu’à ce que Copernic renversant la méthode consistant à fonder sa connaissance sur l’observation, considéra
qu’il fallait changer radicalement de méthode. Il découvrit alors par la force de la raison, qu’il fallait corriger l’erreur provenant du bon sens. Dans cette perspective,
lorsque l’on peut être tenté de croire que la bonne voie est celle qui s’impose d’abord, « se laisser conduire en laisse par cette nature » (page 17,3ièm pg) auprès de
laquelle nous apprenons ce qu’elle est, les math comme la physique nous montrent qu’il peut être très profitable de suivre la voie opposée et de changer radicalement de
méthode : dans un sens il falsifia l’hypothèse de Ptolémée pour en proposer une nouvelle. Cette hypothèse demeure une hypothèse délivrée à titre d’essai. D’autre part,
l’hypothèse parce qu’elle n’a que le statut à titre d’essai rompt avec le dogmatisme de l’évidence de la certitude (qu’il soit fondé sur le bon sens ou en raison). En émettant
un nouvelle hypothèse, dont l’histoire montrât le succès éclatant en terme de résultat, selon laquelle la raison doit trouver en elle-même ce qu’il faut qu’elle apprenne,
d’après ces propres plans, a priori, alors la Métaphysique sortira probablement de l’impasse où elle se trouve et accomplira un progrès décisif
 Afin de compléter ce point, lorsque la science a à choisir entre deux hypothèses, qu’est ce qui permet de les départager ? Il ne s’agit pas de l’expérience dite cruciale, qui
permet de les départager, mais c’est bien la fécondité de l’hypothèse, ( Pierre Duhem, Théorie physique), c’est-à-dire l’explication des phénomènes que l’hypothèse
permet d’expliquer et d’unir par une loi prédictive. Lorsque l’on parle de l’incapacité de la Raison pure à rendre compte de la science contemporaine, est synthétisée dans
cette phrase de la Critique un de ces principes essentiels : supposons que les objets doivent se régler sur notre connaissance, ce qui s’accorde déjà mieux avec la
possibilité désirée d’une connaissance a priori de ces objets qui établisse quelque chose à leur égard avant qu’ils nous soient données «

Nous pouvons à présent comprendre que l’avertissement de Kant ne consiste pas uniquement en un avertissement négatif (à l’égard des modèles), mais en un avertissement positif.
L’avertissement porte sur le fond et sur le contenu de la méthode. Elle consiste à s’affranchir de la tutelle de l’expérience en réalisant une révolution copernicienne qui consiste en un
acte de naissance pur de l’absolument a priori.

Critique de la Raison Pure Page 6


Ne comprenons pas à l’instar de la nouvelle méthode scientifique de Bachelard, que la raison s’affranchit totalement de l’expérience. Dans un premier mouvement, par un effet de
bascule, la raison a tout à gagner à penser par elle-même en se délivrant de la tutelle de l’expérience. Cependant, il ne s’agit pas évidemment de l’illusion de la colombe s’imaginant
qu’elle volera mieux dans le vide, sans l’apport de l’expérience, mais bien de ceci : il faut que la raison conserve son initiative, qu’elle prenne confiance en elle-même, qu’elle trouve en
elle-même ses propres lois et principes avant de se tourner vers l’expérience.

Enfin et dans un dernier moment nous permettant de conclure cette partie consacrée au principe de la révolution copernicienne, la révolution copernicienne ouvre la voie à l’a
priori.

Quant à la seconde problématique, tentons de l’expliquer dans cette seconde partie : en quoi et comment l’apriori ouvre-t-il la voie à une science qui concerne cet apriori que nous
allons définir comme la philosophie transcendantale.

1-3-2 l’a priori et le transcendantal

L’apriori est une notion héritée d’une longue tradition, pour laquelle Kant renouvelle le sens. Selon Aristote, connaître a priori, c’est connaître par la cause. Leibniz va en modifier le
sens. Connaître par a priori, c’est une connaissance par pure raison à distinguer d’une connaissance par expérience (Discours de la métaphysique, article 8 de Leibniz), et Wolff
accrédite ce sens.

Kant découvre un usage pur de la raison, (CRP) , qu’il analyse dans l’analyse transcendantale des éléments et plus précisément dans le chapitre intitulé « de l’usage pur de la raison »

« Peut-on isoler la raison ? Et, cette opération une fois faite, est-elle une source propre de concepts et de jugements qui ne viennent que d’elle et par lesquels elle se rapporte aux
objets ? «

La notion d’apriori prend une signification nouvelle attestée par la 2 ième édition de la Critique dans laquelle il opère un changement en profondeur en introduisant dès l’introduction de
la CRP, la distinction entre la pur et l’empirique et la présentation de l’apriori (pages 31 à 34 de la présente introduction).

Examinons en profondeur cette notion qu’analyse Kant dans l’introduction.

Le premier critère permettant de définir l’apriori est défini avec précision à la page 31 à la page 35 de l’introduction :

La connaissance par expérience est un « composé de ce que nous recevons des impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connaître produit lui-même »( page 31).
L’expérience « nous dit bien ce qui est mais elle ne nous dit pas qu’il faut que cela soit, d’une manière nécessaire, ainsi et non pas autrement » ( page 32). L’expérience ne nous
donne « aucune véritable universalité ». « Or des connaissances universelles qui présentent en même temps un caractère de nécessité intrinsèque, doivent indépendamment de
l’expérience, doivent être claires et certaines par elles –mêmes (pages 33 et 34). C’est pour ce motif « qu’on les nomme connaissances a priori tandis que ce qui est puisé dans
l’expérience est nommé a posteriori ou empiriquement ». Et plus loin en page 34, il conclut » nécessité et stricte universalité sont donc les marques sures d’une connaissance a
priori »

Qu’apprenons-nous ? L’apriori est défini par les critères d’universalité et de nécessité d’une part. D’autre part, il convient de distinguer le caractère psychologique du rapport de
l’expérience qui ruine toute idée de causalité, de nécessité et d’universalité de l’aprioricité. On peut penser à l’analyse précise de Kant du chapitre « du problème général de la raison
pure » (introduction, pg VI) dans laquelle il démontre que l’expérience ne permet en aucun cas d’obtenir la certitude car les règles empiriques ne sont que contingentes et jamais
universelles et nécessaires. La psychologie rationnelle ne peut conduire à une certitude et un chemin sur de la science. Il faut donc chercher dans la raison ses principes et non pas dans la
nature humaine. D’un côté la raison produit l’aprioricité alors que la nature humaine rend raison de l’association des relations (cause à effet) et de l’habitude. A l’instar de Hume Kant
admet que la connaissance est le dépassement du donné mais elle ne peut être la conséquence d’une association et d’une habitude liée à la perception d’objets mais bien plutôt doit trouver
son fondement en la raison.

Comment alors pouvons –nous savoir que nous connaissons que par la raison et non par l’expérience ?

A l’instar de ce que dit justement Kant, page 9, de la Critique de la raison pratique, «nous disons que nous connaissons une chose par la raison seulement quand nous avons conscience
que nous aurions pu la connaître même si elle ne nous avait pas été présentée ainsi dans l’expérience ; partant connaissance rationnelle et connaissance a priori sont choses identiques ».

Il ne s’agit pas d’opposer l’origine de la connaissance de la raison, à l’universalité et la nécessité comme condition nécessaire de l’aprioricité. Ces trois conditions sont nécessaires pour
démontrer qu’une connaissance est a priori

1) Elle émane exclusivement de la raison


2) Elle procède d’une stricte universalité
3) Elle est nécessaire et non pas contingente

Connaitre par la raison suffit-il à appeler une connaissance transcendantale ? En d’autres termes comment peut-on dire que la métaphysique est transcendantale ? Quels sont
les réquisits ?

De même que le problème général de la Critique de la Raison pure peut être considéré à plus d’un titre comme un texte fondateur de la Critique, à l’instar de la Préface à la seconde
édition, dès le deuxième cours de philosophie intitulé – rapport entre la philosophie et la science- nous avons insisté sur la force des idées de l’architectonique de la Raison Pure.

Ecoutons Kant nous répondre à cette question « comment une métaphysique est –elle possible ? » dans l’Architectonique de la Raison Pure.

« Si je fais abstraction de tout contenu de la connaissance, elle est alors, subjectivement, ou historique ou rationnelle. La première est cognitio ex datis, la seconde cognitio ex princippiis.
Une connaissance donnée originairement, quelque que soit l’origine, est pourtant historique, dans celui qui la possède, quand il ne serait rien de plus que ce qui lui a été donné d’autre
part, qu’il l’ait appris par l’expérience immédiate, ou par le récit de quelqu’un ou même par les moyens de l’instruction ( des connaissances générales)… il s’est formé d’après une raison
étrangère… c’est-à-dire que la connaissance n’est pas sortie chez lui de la raison, et, bien, qu’elle soit, sans doute, objectivement une connaissance rationnelle, elle n’est cependant
subjectivement qu’une connaissance historique. Les connaissances rationnelles, qui le sont objectivement (c’est-à-dire qui ne peuvent résulter originairement que de la propre raison de
l’homme), ne peuvent dont porter aussi ce nom subjectivement que si elles ont été puisées aux sources générales de la raison… tirées de principes ».

Comprenons bien ce à quoi la métaphysique s’oppose radicalement :

-a) c’est à l’anthropologie ; l’anthropologie ne reposant que sur des connaissances expérimentales de l’homme,

Critique de la Raison Pure Page 7


- b) à la logique : elle est une science a priori des lois nécessaires de la pensée à l’égard de tous les objets et par suite, la science du droit usage de la raison, de l’entendement non
pas subjectivement selon des principes empiriques et psychologiques, mais objectivement selon des principes a priori

( leçons de logique, pages 14 et 15)

En réalité fonder l’expérience exige de la quitter. Il faut dépasser le stade de la représentation dont les aspects psychologiques interdisent de poser le Pb de la connaissance et des
constitutions des règles de l’expérience scientifique : l’empirisme rend impossible l’expérience. De même, comme il l’analyse au pg 22 des Prolégomènes, l’expérience ne
m’enseigne rien. Je ne vois que la perception qu’elle contient « par exemple la succession : rayonnement solaire-pierre solaire. Que l’échauffement résulte nécessairement ce que
la pierre est éclairée par le soleil, c’est contenu dans le jugement d’expérience (grâce au concept de cause), mais cela l’expérience ne me l’enseigne pas… ».

Dès lors, « l’exposition est métaphysique lorsqu’elle contient ce que représente le concept comme donné a priori » (Prolégomènes, paragraphe 2). Nous passons respectivement de
l’apparence au phénomène et du conditionné psychologique de la représentation à la condition (principium) du concept

On peut donc confirmer à l’instar de l’Introduction VII, page 46 « j’appelle transcendantale tout connaissance qui en général s’occupe moins des objets que nos concepts a priori des
objets ». Le terme transcendantal ne signifie donc pas un rapport de notre connaissance aux choses mais un rapport à notre faculté de connaitre. Une connaissance n’est pas
transcendantale parce qu’elle serait simplement a priori, mais est transcendantale une connaissance dont l’usage est a priori : une connaissance est transcendantale parce que nous
connaissons comment certaines représentations (concepts ou intuitions) s’appliquent ou sont possibles a priori.

Ainsi, l’espace et le temps a priori n’est pas transcendantale. Seule une connaissance a priori de ces représentations est transcendantale parce qu’elles ont la possibilité de se rapporter
à des objets d’expérience. La notion de transcendantale établit le rapport de connaissances a priori à leurs objets.

Corrélativement, afin de bien comprendre l’originalité de Kant dans l’innovation du concept de transcendantal, reprenons l’analyse des Prolégomènes concernant la métaphysique
afin de conclure la définition du transcendantal . Kant conclueait « l’exposition est métaphysique lorsqu’elle contient ce que représente le concept comme donné a priori »
( Prolégomènes, paragraphe 2) et s’intéresse à la thèse de Hume à l’instar du chapitre du probléme général de la Critique de la Raison pure. Ce qui intéresse Kant est l’idée que la
connaissance dépasse la perception du donné de l’expérience. Il faut donc rechercher ce qui rend ce dépassement possible et le rend légitime. La réponse de Hume est inexacte dans la
mesure où il la comprend dans la nature humaine : l’habitude renforçant le lien d’association entre les idées jusqu’au créer la croyance et l’attente de l’effet à la seule perception de la
cause. On peut donc reconnaître que Hume avait découvert les lois de la nature humaine.

Kant n’oppose pas à cette thèse que seul ce qui est issu de la raison peut fonder l’expérience et dépasser la perception sensible. Si tel avait été le cas ; il n’aurait que réintroduit
l’opposition classique entre le rationalisme et l’empirisme. Le jugement d’expérience ne se contente pas à dépasser les données de l’expérience, il rend compte de la réalité effective
de la connaissance. Il admet d’une part la faculté de l’esprit à produire des principes mais aussi il montre le pouvoir effectif de la raison.

La profondeur de la pensée kantienne est d’avoir démontré que le donné lui-même de l’expérience est soumis aux principes de l’entendement. Que Hume avait bien compris qu’il
y avait un rapport entre le cours de la nature et la succession des idées, mais que ce rapport ne pouvait être que « les conditions de la possibilité de l’expérience en général sont
aussi des conditions de la possibilité des objets de l’expérience.

A ce titre dans le chapitre « de la déduction des concepts purs de l’entendement » Kant prend l’exemple du cinabre 113). Comment cela se fait il que mon imagination trouve
l’occasion par la pensée de recevoir « le lourd cinabre avec la représentation de la couleur rouge » et non un cinabre tantôt rouge, noir, léger ou lourd ? Parce les phénomènes eux-
mêmes sont soumis un règle et que ce qu’il y a de divers dans leurs réprésentations forme une série selon des règles. Si tel n’était pas le cas il y aurait impossibilité à expliquer le
phénomène, et notre imagination ne serait qu’une faculté morte sans aucune efficace. Je peux connaître les lois de la nature car je sais les produire.

On peut donc dire que la nécessité et l’universalité ne sont que les critères externes de l’a priori, dont le critère véritable est le transcendantal. La métaphysique découvre une origine a
priori, une condition qui n’est pas dans l’expérience mais qui la précède et la rend possible. Cependant, elle ne nous livre pas cet instrument de la connaissance avec son mode
d’emploi. De même que le donné ne recèle pas en lui les conditions qui rendent possible son dépassement, de même l’a priori ne porte pas en lui les conditions de son usage. L’a priori
est donc bien la condition de son dépassement, mais c’est une condition dont on doit user que dans les conditions que la philosophie transcendantale aura pour tâche de déterminer.

II ) Explications détaillées des textes de la Préface de la CRP

Préambule : préface, structure et fondement

Une préface est un texte qui figure avant l’œuvre elle-même, avant même l’introduction.

Quelle est la fonction de la Préface ? présenter de manière synthétique l’orientation, la problématique et l’enjeu de l’œuvre.

Lorsque nous disons seconde préface, cela signifie qu’une première préface fut rédigée. Les deux préface correspondent en effet aux deux versions de la Critique de la Raison Pure,
celle de 1781 qui fait suite à la dissertation de 1770 et celle de 1787. La seconde préface de 1787 est donc la préface la plus aboutie dans la mesure où Kant tient compte des échanges
épistolaires avec ses lecteurs en vue de remanier la seconde édition.

Quel est le projet et la méthode que propose alors la seconde préface ?

1) En recherchant les conditions de possibililité d’une science pour comprendre pourquoi la métaphysiqu qui se prétend comme telle n’a jamais abouti à des véritéss
communes mais est semblable à un champ de ruines
2) Alors que la métaphysique est un besoin de la raison : elle ne peut donc être laissée dans cet état
3) Dès lors avec méthode, Kant a distinguer deux types de connaissances, une connaissance théorique et une connaissance pratique
4) Si la métaphysique est essentiellement une connaissance pratique c’est-à-dire une raison législatrice productrice de lois et non plus simplement une connaissance
théorique d’objets donnés par la sensibilité mais connus par la raison, alors les contradictions pourront être levées
5) Ainsi, nous comprenons la célèbre formule « je dus abolir le savoir pour laisser la place à la croyance ». En effet, tous les objets ne sont pas l’objet d’un savoir scientifique.
Nous pouvons penser ce que nous ne pouvons pas connaître.

Lorsque l’on parle de fondement, fonder,r ce n’est pas seulement fournir les fondations ou les bases d’un système mais aussi structurer et donner de la valeur à ce que l’on veut
fonder. Je fonde une maison en pacotille parce qu’elle ne vaut rien, je fonde une maison en pierre pour dure. La Préface constitue le fondement , la structure et détermine la valeur de
la Critique.

Critique de la Raison Pure Page 8


Ainsi, la Critique est divisée en deux parties : l’esthétique et l’analytique transcendantales, où est consititué et fondée la métaphysique de la nature. La question fondamentale de
l’esthétique et de l’analytique est la suivante : quelles sont les conditions de possibilité a priori de la science ?

La dialectique transcendantale et tout la fin, théorie transcendantale de la méthode, montre les aberrations dans lesquelles est tombée la raison lorsqu’elle prétend tout connaitre
objectivement sans en avoir les moyens ( la pierre de touche de l’expérience). Ces aberrations concernent A) les paralogismes de la raison pure qui concernent l’âme, les antinomies de
la raison pure qui concerne le monde, l’idéal de la raison pure qui concerne Dieu. Ces trois aberrations font signe vers un usage de la raison qui concerne le suprasensible : l’usage
pratique de la raison qui est le but final de l’usage pur de la raison.

Dans cette perspective, nous comprenons que la CRP consiste donc à éviter à la raison de tomber elle-même, par une illusion naturelle, dans « des trous de taupe » dont elle ne peut
plus s’en sortir : car rien n’importe plus à l’homme que la moralité.

1ère préface

À l’aide de ces principes, elle s’élève toujours plus haut (comme l’y porte d’ailleurs sa nature), vers des conditions plus éloignées. Mais, s’apercevant que, de cette
manière, son œuvre doit toujours rester inachevée, puisque les questions ne cessent jamais, elle se voit contrainte de se réfugier dans des principes qui dépassent tout
usage expérimental possible, et qui pourtant paraissent si peu suspects que le sens commun lui-même y donne son assentiment. Mais aussi elle se précipite par là dans
une telle obscurité et dans de telles contradictions qu’elle est portée à croire qu’il doit y avoir là quelque erreur cachée, quoiqu’elle ne puisse la découvrir, parce que les
principes dont elle se sert sortant des limites de toute expérience, n’ont plus de pierre de touche. Le champ de bataille où se livrent ces combats sans fin, voilà ce qu’on
nomme la Métaphysique.

En parlant ainsi, il me semble apercevoir sur le visage du lecteur le dédain et l’ironie que doivent exciter des prétentions en apparence si présomptueuses et si
outrecuidantes ; et pourtant elles sont sans comparaison plus modestes que celles qu’affichent tous les auteurs dans leur programme vulgaire en se vantant de
démontrer la simplicité de l’âme ou la nécessité d’un premier commencement du monde. En effet, ceux-ci s’engagent à étendre la connaissance humaine au delà de
toutes les bornes de l’expérience possible, tandis que j’avoue humblement que cela dépasse tout à fait la portée de mes facultés. Au lieu de cela, je me borne à étudier
la raison même et ses pensées pures ; pour en acquérir une connaissance étendue, je n’ai pas besoin de chercher bien loin autour de moi, car je la trouve en moi-
même, et l’exemple de la logique ordinaire me prouve qu’il est possible de faire un dénombrement complet et systématique de ses actes simples. Toute la question ici
est de savoir jusqu’où je puis espérer d’arriver avec la raison, alors que toute matière et tout concours de l’expérience m’est enlevé.

Au point de vue de la forme, il y a aussi deux qualités que l’on est en droit d’imposer comme conditions essentielles à tout auteur qui tente une entreprise si dificile ; je
veux parler de la certitude et de la clarté.

Pour ce qui est de la certitude, voici la loi que je me suis imposée à moi-même : dans cet ordre de considérations, l’opinion[ndt 4] est absolument proscrite, et tout ce qui
ressemble à une hypothèse est une marchandise prohibée qui ne doit être mise en vente à aucun prix, mais qu’on doit saisir dès qu’on la découvre. En effet, toute
connaissance qui a un fondement à priori est marquée de ce caractère, qu’elle veut être tenue pour absolument nécessaire ; à plus forte raison en doit-il être ainsi d’une
détermination de toutes les connaissances pures à priori qui doit servir elle-même de mesure et d’exemple à toute certitude apodictique (philosophique). Ai-je rempli à
cet égard la condition que je me suis imposée ? c’est ce que le lecteur seul a le droit de décider, car l’auteur ne peut qu’exposer ses principes, mais non juger de leur
effet sur ses juges. Cependant, pour qu’aucune injuste accusation ne puisse venir affaiblir ces principes, il lui est bien permis de signaler lui-même les endroits qui, tout
en n’ayant qu’une importance secondaire, pourraient exciter quelque défiance, afin de prévenir le fâcheux effet que la plus légère difficulté à cet égard pourrait exercer
sur le jugement définitif du lecteur.

Pour ce qui est enfin de la clarté, le lecteur a le droit d’exiger d’abord la clarté discursive (logique), celle qui résulte des concepts ; et ensuite la clarté
intuitive (esthétique), celle qui résulte des intuitions, c’est-à-dire des exemples et des autres éclaircissements in concreto

« De la division de la logique générale en analytique et dialectique », p. 80-82.

Qu’est-ce que la vérité ? C’est avec cette vieille et fameuse question que l’on pensait pousser à bout les logiciens, et que l’on cherchait à les prendre en flagrant délit de
verbiage[ndt 1] ou à leur faire avouer leur ignorance, et par conséquent la vanité de tout leur art. La définition de nom qui consiste à dire que la vérité est l’accord de la
connaissance avec son objet, est ici admise et supposée ; mais on veut savoir quel est le critérium général et certain de la vérité de toute connaissance.

Or la logique générale décompose toute l’œuvre formelle de l’entendement et de la raison dans ses éléments, et elle les présente comme les principes de toute
appréciation logique de notre connaissance. Cette partie de la logique peut donc être nommée analytique, et elle est la pierre de touche, du moins négative, de la vérité,
puisqu’il faut d’abord contrôler et juger d’après ses règles la forme de toute connaissance, avant d’en examiner le contenu pour savoir si, par rapport à l’objet, elle
contient quelque vérité positive. Mais, comme la pure forme de la connaissance, si bien d’accord qu’elle puisse être avec les lois logiques, ne suffit nullement pour
décider de la vérité matérielle (objective) de la connaissance, personne ne peut se hasarder à juger des objets sur la foi de la logique. Avant d’en affirmer quelque
chose, il faut en avoir trouvé en dehors de la logique des révélations fondées, sauf à en demander ensuite aux lois logiques l’usage et l’enchaînement au sein d’un tout
systématique, ou, mieux, à les contrôler simplement d’après ces lois. Cependant, il y a quelque chose de si séduisant dans la possession de cet art précieux qui
consiste à donner à toutes nos connaissances la forme de l’entendement, si vide ou si pauvre d’ailleurs qu’en puisse être le contenu, que cette logique générale, qui
n’est qu’un canon pour le jugement, devient en quelque sorte un organum dont on se sert pour en tirer réellement, du moins en apparence, des assertions objectives ;
mais cet usage n’est dans le fait qu’un abus. La logique générale, prise ainsi pour organum, prend le nom de dialectique.

Quelque différente que soit l’idée que les anciens se faisaient de la science et de l’art qu’ils désignaient par ce mot, on peut certainement conclure de l’usage qu’ils
faisaient réellement de la dialectique, qu’elle n’était autre chose pour eux que la logique de l’apparence. C’était en effet un art sophistique dont on se servait pour donner
à son ignorance ou même à ses artifices calculés[ndt 2] la couleur de la vérité, de manière à imiter cette méthode de solidité[ndt 3] que prescrit la logique en général et à
en mettre la topique à contribution pour faire passer les plus vaines allégations. Or c’est une remarque non moins utile que certaine que la logique générale, considérée
comme organum, est toujours une logique de l’apparence, c’est-à-dire est toujours dialectique. En effet, comme elle ne nous enseigne rien au sujet du contenu de la
connaissance, mais qu’elle se borne à exposer les conditions formelles de l’accord de la connaissance avec l’entendement, et que ces conditions sont d’ailleurs tout à
fait indifférentes relativement aux objets, la prétention de se servir de cette logique comme d’un instrument (d’un organum) pour élargir et étendre ses connaissances,
ou, du moins, en avoir l’air, cette prétention ne peut aboutir qu’à un pur verbiage, par lequel on affirme avec quelque apparence ou l’on nie à son choix tout ce qu’on
veut.

Critique de la Raison Pure Page 9


→ critique de l’apparence dialectique

Appendice à la Dialectique transcendantale, II, « Du but de la dialectique naturelle de

la raison humaine », p. 467-485.

Les idées de la raison pure ne peuvent jamais être par elles-mêmes dialectiques, et leur abus seul peut faire qu’il en résulte une apparence trompeuse ; car elles
nous sont données par la nature de notre raison, et il est impossible que ce tribunal suprême de tous les droits et de toutes les prétentions de notre spéculation renferme
lui-même des illusions et des prestiges originels.

On ne peut se servir avec sécurité d’un concept à priori, sans en avoir établi la déduction transcendentale. Les idées de la raison pure ne permettent pas, il est vrai,
une déduction semblable à celle des catégories ; mais, pour peu qu’elles aient quelque valeur objective, même indéterminée, et qu’elles ne soient pas simplement de
vains êtres de raison (entia rationis ratiocinantis), il faut absolument qu’il y en ait une dédùction possible, cette déduction s’écartât-elle beaucoup de celle que
comportent les catégories.

Ainsi la raison pure, qui d’abord semblait ne nous promettre rien de moins que d’étendre nos connaissances au delà de toutes les limites de l’expérience, ne
contient, si nous la comprenons bien, que des principes régulateurs, qui, à la vérité, prescrivent une unité plus grande que celle que peut atteindre l’usage cmpirique de
l’entendement, mais qui, par cela même qu’ils reculent si loin le but dont il cherche à se rapprocher, portent au plus haut degré l’accord de cet usage avec lui-même au
moyen de l’unité systématique. Que si, au contraire, on entend mal ces principes et qu’on les prenne pour des principes constitutifs de connaissances transcendantes,
une apparence brillante mais trompeuse produit alors une persuasion et un savoir imaginaire, qui enfantent à leur tour des contradictions et des disputes éternelles.

Chez Kant, l'intuition devient le mode sur lequel le sensible nous est donné comme objet à connaître. Il ne peut y avoir d'intuition que du sensible, dans l'espace et le
temps, d'où il suit qu'il ne peut donc y avoir d'intuition d'essence, de classes, de genres etc.

Critique de la Raison Pure Page 10

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