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Epistémologie générale
Ce chapitre aborde l’épistémologie générale dans composantes suivantes : définition,
étymologie, décomposition épistémologique de la science : les sciences spéciales, thèmes de
l’épistémologie de la science, histoire de l’épistémologie. Ainsi que les grands modèles
épistémologiques.
1.1 Définition
L'épistémologie est la partie de la philosophie qui a pour objet une étude critique des
principes, des concepts fondamentaux, des méthodes, des pratiques, des théories et des
résultats des différentes sciences. En les considérant du point de vue de leur évolution,
l'épistémologie s'efforce d'en déterminer l'origine logique, leur valeur, leurs portées scientifique
et philosophique. Ou encore…
L’épistémologie est l’étude des sciences et des activités scientifiques, mais ce n’est pas une
science elle-même. Parmi tous les thèmes qu’elle a étudiés, celui qui a traversé toute l’histoire
de la discipline est relatif à la question de l’unité de la science. Confronté aux avancées
prodigieuses des sciences et des technologies la permettant, le XXIe siècle s’interroge plutôt sur
l’unité des sciences autour de 4 piliers épistémologiques :
Epistemology : origine britannique, néologisme utilisé pour la 1° fois par Frederic Ferrier,
écossais (1808-1864), auteur de Institute of métaphysic. Il met en parallèle : « epistemology »
comme théorie de la vérité et « agnoiology » comme théorie de l’erreur ou de l’ignorance ;
epistemology a une postérite et agnoiology aucune.
théorie de la connaissance,
histoire des sciences,
analyse critique des démarches et des méthodes propres à la connaissance scientifique
(correspond au sens de référence actuellement admis)
Épistémologie : étude critique des principes, des hypothèses, des démarches, des résultats des
diverses sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée objective.
Dans les pays anglo-saxons, le terme épistémologie a un sens plus large et désigne la théorie
de la connaissance en général et pas uniquement scientifique.
L’épistémologie est l’étude critique des sciences et de la connaissance scientifique. C’est une
branche de la philosophie des sciences qui étudie de manière critique la méthode scientifique,
les formes logiques et modes d’inférence utilisés en science, de même que les principes,
concepts fondamentaux, théories et résultats des diverses sciences, afin de déterminer leur
origine logique, leur valeur et leur portée objective.
L’épistémologie traite de la connaissance en général et peut donc se pencher sur des objets non
scientifiques. Le mot est également employé parfois telle ou telle théorie de la connaissance
censée porter sur la connaissance en général. Beaucoup plus rarement, le terme
« épistémologie » est utilisé comme synonyme de « philosophie des sciences ».
Hervé Barreau considère que l’épistémologie est l’étude des sciences et que ce terme récent
(début du XXe) vient remplacer l’expression antérieure de philosophie qu’avaient employée
Auguste Comte et Augustin Cournot. L’épistémologie se distingue surtout de la théorie de de la
connaissance, telle qu’elle était entendue par les philosophes du XVIIe et XVIII siècles qui
s’étaient préoccupés déjà d’élargie, au contact de la science moderne, les anciennes doctrines
sur la connaissance humaine.
Selon Jean Piaget, l’épistémologie est définie approximation comme l’étude de la constitution
des connaissances variables. Cela permet à Jean – Louis Le Moigne de poser les trois grandes
questions.
a) Qu’est- ce que la connaissance (la question gnoséologique) ?
b) Comment est – elle constituée ou engendrée (la question méthodologique) ?
c) Comment apprécier sa valeur ou sa validée ?
Les aspects possibles qu’on peut explorer lors d’une enquête épistémologique sont les
suivants : les modes de production la connaissance, les fondements de cette connaissance, la
dynamique de cette production. Ce qui implique les questions ci-après :
Il ne s’agit pas seulement de décrire la connaissance, mais de définir ce qui constitue une
connaissance valide :
1.2 Étymologie
De l'anglais epistemology, constituée du grec ancien epistêmê, science, savoir, (connaissance
vraie ; science) et du suffixe -logie, du grec lógos, étude, science, discours, parole.
L’épistémologie peut désigner deux concepts:
Et l’autre porte sur les épistémologies régionales convoquant en particulier au minimum une
discipline spécifique porteuse des problématiques régionales. Il s’agit de : la logique
(épistémologie de la logique, philosophie de la logique) ; les Mathématiques (la philosophie
des mathématiques) ; la Physique ; la Médecine (épistémologie de la médecine) ; la
Biologie ; la Linguistique ; les Sciences sociales ; l’Histoire ; l’Economie ; les Sciences
cognitives ; la Psychologie.
1. Explication;
2. La confirmation;
3. La causalité;
Soit de l’émergence sur le devant de la scène d’un nouveau thème lié spécifiquement à la
science spéciale et qui ne se généralise pas aux autres disciplines.
Exemple : le thème de l’éthique qui est posée à l’économie dont on ne peut accepter que la
science qui la prend pour objet ne s’inquiète pas du sort de population fragiles.
Par ailleurs, certains auteurs ont voulu « imposer » à l’épistémologie des processus d’une
science spéciale. Exemple : l’épistémologie évolutionniste « calquée » sur l’épistémologie de la
théorie évolutionniste des espèces décrite dans la biologie.
1.5 Histoire de l’épistémologie
L’épistémologie moderne tire son origine du criticisme de Kant au XVIIe siècle et du positivisme
de Comte au XIXe et XXe siècles (Hervé Barreau). Mais elle puise également à des traditions
plus anciennes, dont les traditions antique et cartésienne. C’est au début du XXe siècle que
l’épistémologie se constitue en champ disciplinaire autonome.
1. Épistémologie cartésienne
Descartes dans le Discours de la méthode, ouvre la première partie sur les attendus « pour bien
conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences », et pose quatre règle qu’il doit
appliquer afin de mener sa réflexion :
Principe Règles explicites
Évidence Ne recevoir aucune chose pour vrai tant que son
esprit ne l’aura clairement et distinctement assimilée préalablement.
Réductionnisme Diviser chacune des difficultés afin de mieux les
examiner et les résoudre.
Causalisme Établir un ordre de pensées, en commençant par
les objets les plus simples jusqu’aux plus complexes et divers, et ainsi de les retenir toutes et en
ordre.
Exhaustivité Passer toutes les choses en revue afin de ne rien
omettre.
La troisième de ces règles affirme que la simplicité a une valeur épistémologique : « Construire
par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à
connaître pour montrer peu à peu, comme par degrés, jusqu’à la connaissance des plus
composées ».
2. Cartésianisme et rationalisme
Le rationalisme est un courant épistémologique né au XVIIe siècle et pour lequel » toute
connaissance valide provient soit exclusivement, soit essentiellement de l’usage de la raison ».
Des auteurs comme René Descartes (cartésianisme), ou Leibniz fondent les bases
conceptuelles de ce mouvement qui met en avant le raisonnement en général et plus
particulièrement le raisonnement déductif dit aussi analytique. Il s’agit donc d’une théorie de la
connaissance qui postule le primat de l’intellect. L’expérimentation y a un state particulier : elle
ne sert qu’à valider ou réfuter les hypothèses. En d’autres mots, la raison seule suffit pour
départager le vrai du faux dans le raisonnement rationaliste. Les rationalistes prennent ainsi
comme exemples le célèbre passage du dialogue de Platon, dans Ménon, où Socrate prouve
qu’un jeune esclave illettré, étape par étape et son aide, peut refaire et redémontrer
le théorème de Pythagore.
Le rationalisme, surtout moderne, prône la toute-puissance des mathématiques sur les autres
sciences. Les mathématiques représentent en effet le moyen intellectuel démontrant que
l’intellect et la raison peuvent se passer de l’observation et de l’expérience.
3. Empirisme
Le sensualisme qui considère que les connaissances proviennent des sensations (c’est la
position de Condillac).
L’instrumentalisme, qui voit dans la théorie un outil abstrait ne reflétant pas la vérité.
Enfin, l’empirisme aurait percé dans le champ scientifique, d’après Merton (Éléments de théorie
et de méthode sociologique, 1965) grâce à ses liens avec l’éthique protestante et puritaine. Il
explique que la combinaison de la rationalité et de l’empirisme, si évidente dans l’éthique
puritaine, forme l’essence de la science moderne.
Dans ce chapitre nous abordons succinctement quelques généralités sur l’épistémologie des
sciences sociales d’après certains auteurs.
1. Jean Nöel
Selon cet auteur, quand on dit Sciences sociales, on ne parle pas, ne dit pas humanité.
2. Auguste Comte et Emile Durkheim
On ne peut pas seulement apprendre l’histoire mais il faut l’expliquer, et même le prévenir. Il faut
donner l’explication des données.
Les humanistes sont restés dans le domaine de l’interprétation et même d’illustration.
L’explication est différente et construites (il faut rentrer dans la peau du physicien).
En sciences sociales il y a rupture. Elles sont différentes des Sciences exactes, …etc.
Les sciences sociales sont – elles aussi naturelles ?
Le pari : c’est de prendre les Sciences sociales comme les Sciences exactes ou naturelles.
Qu’est – ce que l’épistémologie si elle n’est pas universelle ?
Quelle est le contenu de l’épistémologie ?
C’est la science des sciences ? (Discours sur la science). Elle dit ce que la science a de
différent des autres connaissances. La science est une forme particulière de connaissance.
3. Définition
L’épistémologie est un savoir critique sur les Sciences. Étude critique de la connaissance, de
ses fondements, de ses principes, de ses méthodes, de ses conclusions et des conditions
d’admissibilités de ses propositions.
4. Quel est son contenu
L’histoire des sciences, l’histoire des découvertes, permettent de voir les erreurs du passé. Il
faut balayer toutes les sciences connues (Maths, Physique, …).
Objectiver, c’est se tenir à distance (distancier) ? Quelles sont les meilleures pratiques.
Questions de Jean-Noël :
Qu’est-ce que nous appelons réalité ? Doctrine selon laquelle la connaissance scientifique
porte sur une réalité objective qu’elle découvre peu à peu et dont l’existence est
indépendante de l’observateur.
Qu’est-ce qui nous concerne quotidiennement ?
Qu’est-ce qui peut être traité par les praticiens des Sciences sociales ?
L’histoire de la découverte. Tenir pour évident que quelque chose existe et comment faire pour
la découvrir.
On ouvre une boîte, elle est vide, on en déduit qu’elle était vide avant que je ne l’ouvre. Quand
nous faisons les Sciences sociales, nous pensons décrire la réalité. Mais nous n’en avons pas
l’expérience actuelle.
Qu’entend-on par construction de la réalité ?
Les réalistes pensent que les faits existent indépendamment de nos croyances ;
Les antiréalistes pensent que les faits n’existent pas indépendamment de nos
croyances.
5. Yves Schmeil
Préambule : qu’est-ce que le monde « réel » ?
Notre objet, c’est le monde réel, pas un monde imaginaire. Pour donner une « réalité » au
monde, on la nomme, ou on définit.
Le clivage méthodologique :
Quantitative et qualitative ;
Théorie positive versus théorie normative ;
Alignement sur les mobilisables anglophones ou inscription dans la tradition intellectuelle
francophone.
Être le plus certain possible que ce que l’on a découvert n’est pas dû au hasard ni à la
position que l’on occupe. Exemple : mesure le sens de l’efficacité est difficile !
Notre connaissance de la réalité vient : de nos états mentaux et notre façon de les nommer.
Tout a-t-il une cause ? (Oui). Tout est-il déterminé ? Tout est-il prévisible ?
Déterminisme et causalité
Ce qui est advenu est connaissable et explicable.
Réglé et testable ;
Faisant appel à des méthodes reconnues ;
Usant de protocoles d’expériences partagés ;
Construit :
Empirique :
Théorique :
Il existe des faits qui relèvent des Sciences pures. Le produit de la nature par elle-même.
Notion de faits factuels
Rendre justice aux faits que nous voyons et donner une description (traiter des faits sociaux
comme des objets). Rendre compte des faits sociaux comme ils existent. Ce sont des choses,
des phénomènes comme factualité.
L’existence n’empêche pas les objets d’analyse. Ne pas confondre l’existence d’un outillage
pour nous permettre de lire les faits et le fait que les phénomènes existent.
L’attitude phénoménologique de la personne est la même face à toute réalité.
Analyse d’un certain nombre de faits à partir d’un certain nombre d’objets.
La factualité des phénomènes et ce qu’on peut dire d’eux. Les conceptions des spécialistes de
Sciences sociales. L’anthropologue qui se trompe dans ses commentaires sur la parenté. Les
anthropologues sont contraints par la réalité de la factualité.
Exemple : la relation de la personne musulmane avec les interdits tels que ne pas boire de
l’alcool.
On est dans une situation de communication : nous n’avons pas une idée exacte de ce que les
hommes pensent de nous. Nous sommes dans une situation d’interaction. On produit un
effet perlocutoire (Austui).
Le ressort d’ordre : c’est le principe qui organise les conduites à l’intérieur de la société ;
Un air de famille : situation où les gens partagent un certain nombre de choses mais
toutes ;
Quel est le lieu, l’endroit à partir de quoi s’organise la société ?
NB : La fonction perlocutoire du langage, ou un acte perlocutoire, est l’effet psychologique que
produit la phrase sur le récepteur par contraste avec l’acte illocutoire.
Le désaccord repose sur le fait que les gens pensent quand ils font des actes. Levy-Bruhl
(pensée primitive). Est-ce que la compréhension de l’origine, de la provenance pour savoir
ce qu’il fait ?
La motivation de mon action n’est pas dans la règle ;
L’existence de la cause de l’obligation ;
Les abstractions : les faits matériels comportent des faits d’abstraction (on ne les voit pas,
on les présuppose) ;
Le fonctionnalisme : une explication fonctionnaliste (tout objet est expliqué par sa fonction).
1. Une situation qui mérite d’être interrogée : l’intérêt des « sciences de l’éducation »
pour l’épistémologie
Un constat initial : la place de la préoccupation épistémologique dans le cursus en sciences de
l’éducation au niveau du master des sciences de l’éducation.
Et donc une question s’impose : Pourquoi cette place ?
1) Parce que de toutes les fonctions de la philosophie (en éducation), la fonction d’élucidation
est toute première ;
2) Parce que l’épistémologie est ou a été une branche de la philosophie – philosophie de la
connaissance, ou « gnoséologie » ;
3) Parce que la place universitaire de la philosophie au milieu et parmi les « sciences de
l’éducation » (la philosophie n’est pas une science au sens habituel, positiviste de ce terme…).
Comment se pose cette question, pour un étudiant, pour un « apprenti-chercheur en sciences
de l'éducation ?
Ce cours aborde les éléments de réflexion.
D’où une hypothèse : l’investissement massif de « l’épistémologie » est en quelque sorte une
manifestation, un symptôme de la « fragilité » de cette discipline ; une sorte de
surinvestissement compensatoire de cette garantie de scientificité que confèrera le prestige de
la préoccupation « épistémologique ». Vous pouvez consulter les formations en sciences
« dures », vous verrez que paradoxalement la part de la formation épistémologique en général
et même dans la formation à la recherche est rare sinon inexistante. Même la psychologie, la
sociologie…
Quatrième élément de réponse : revenir un moment sur une problématique soulevée plus
haut : La scientificité des sciences de l’éducation serait contestée et contestable en raison
de la nature même de leur objet : l’éducation est un domaine de valeurs, et les valeurs ne
sont pas réductibles aux faits. Il n’y a de science que des faits. Plus précisément
encore, l’éducation est par excellence le domaine des valeurs, des visées et des
valorisations. Olivier Reboul a donné une magnifique formulation de cette objection : Il n’y a
pas d’éducation sans valeur. Et même les jugements « scientifiques » en éducation
cachent des jugements de valeur, selon Olivier Reboul… Dit en terme philosophique : l’idée
de « sciences de l’éducation butte sur la différence entre l’être et de devoir être. La
conséquence : le champ des sciences de l’éducation est comme écartelé entre la
description et la prescription.
Cinquième élément de réponse : Enfin, last but not least, les sciences de l’éducation ont
comme spécificité, sinon comme problème, leur pluralité même. « La science de
l’éducation », ou « les sciences de l’éducation » ? La question est inscrite dans l’histoire
même de cette discipline :
a) Les précurseurs
1812, Marc Antoine Julien de Paris. La science de l’éducation. L'auteur envisage de recueillir
systématiquement des informations sur la situation de l'éducation et de l'instruction publique
dans différents pays d'Europe; avec le projet de « les rapprocher et de les comparer, pour en
déduire des principes certains, des règles déterminées, afin que l'éducation devienne une
science à peu près positive... ».
1872. Alexander Bain. Education as science. Appliquer le point de vue psychologique à « l'art
d'enseigner ». Voir ce que dira Durkheim de cette « exclusivité » de la psychologie...
b) Les fondements
Durkheim pose d'abord une distinction capitale : il existe des définitions normatives et des
définitions positives de l'éducation. Les premières reposent sur des valeurs, les secondes se
préoccupent des faits attestés. Autrement dit : il faut distinguer le prescriptif du descriptif.
Cette difficulté est aujourd'hui encore au cœur des sciences de l'éducation. Il ne peut y avoir de
sciences que dans le domaine des faits. Comme on le sait, Durkheim développera une
approche sociologique des faits éducatifs.
Sciences de l'éducation ou science de l'éducation ? Pour Durkheim, il y a deux sciences de
l'éducation : la sociologie, puis la psychologie. Cf. Pédagogie et sociologie, p. 93.
La pédagogie n’est pas la science de l’éducation, elle n'est ni art ni science, elle est une
« théorie pratique » : une réflexion, non orientée vers l'explication, mais vers l'action.
Que peut bien être alors être la science de l'éducation ? Y a-t-il seulement une légitimité à
constituer une discipline scientifique qui aurait pour objet l'éducation ? Oui, répond clairement
Durkheim. Comme l'explique très bien Plaisance et Vergnaud : « Une recherche portant
spécifiquement sur l'éducation » répond aux critères scientifiques de définition d'un objet
identifiable dans la réalité, car les faits qui en relèvent sont suffisamment homogènes « pour
pouvoir être classés dans une même catégorie ». L'objectif de cette science est donc,
comme pour toute science, de produire des connaissances et non de juger des pratiques. Il
s'agit de repérer les causes des phénomènes et d'en repérer les effets, plus précisément à
propos de la genèse et du fonctionnement des systèmes d'éducation ». p. 10. Un exemple : la
violence et la déviance scolaire : Durkheim n'existe pas à dire que ceci est susceptible d'une
étude positive.
En fait, Durkheim développe des recherches socio-historiques. La psychologie ne convient que
lorsqu'il s'agit du problème des moyens éducatifs.
C'est le jugement que porte Eric plaisance et Gérard Vergniaud sur la période qui sépare les
fondements posés par Durkheim et quelques autres du moment où les sciences de l'éducation
entre pleinement dans le dispositif universitaire de formation et de recherche. On peut en
discuter : n'est-ce pas « oublier » tout le mouvement de l'éducation nouvelle, et l'alliance de la
pédagogie aves la psychologie, voire la biologie et la médecine, comme en témoignent les noms
de Piaget ou de Claparède, parmi bien d'autres. L'histoire de cette période, sous l'angle
épistémologique, reste à faire.
Notion de pluridisciplinarité interne : C'est le point de vue défendu par Gaston Mialaret, l'un
des fondateurs des sciences de l'éducation sous leur forme universitaire (Cf. Plaisance et
Vergnaud, p. 24)
Notion de multiréférentialité défendue par Jacques Ardoino (Cf. Plaisance et Vergnaud, p.
24)
Notion de complexité, (empruntée à Edgard Morin)
Sur la « pédagogie »
Le constat d’Emile DURKHEIM : L’évolution pédagogique en France, ch. I, pp. 10-12 :
" Il y a tout d'abord un vieux préjugé français qui frappe d'une sorte de discrédit la pédagogie
d'une manière générale. Elle apparaît comme un mode très inférieur de spéculation. Par suite
de je ne sais quelle contradiction, alors que les systèmes politiques nous intéressent, que nous
les discutons avec passion, les systèmes d'éducation nous laissent assez indifférents, ou même
nous inspirent un éloignement instinctif. Il y a là une bizarrerie de notre humeur nationale que je
ne me charge pas d'expliquer. Je me borne à la constater. Je ne m'arrêterai pas davantage à
montrer combien cette espèce d'indifférence et de défiance est injustifiée. Il y a des vérités sur
lesquelles on ne saurait indéfiniment revenir. La pédagogie n’est autre chose que la réflexion
appliquée aussi méthodiquement que possible aux choses de l'éducation. Comment donc est-il
possible qu'il y ait un mode quelconque d’activité humaine qui puisse se passer de réflexion ?
Aujourd'hui, il n'y a pas de sphère de l'action où la science, la théorie, c'est-à-dire la réflexion ne
vienne de plus en plus pénétrer la pratique et l'éclairer. Pourquoi l'activité de l'éducation ferait-
elle exception ? Sans doute, on peut critiquer l'emploi téméraire que plus d'un pédagogues fait
de sa raison; on peut trouver que les systèmes sont souvent bien abstraits et bien pauvres au
regard de la réalité ; on peut penser que, dans l'état où se trouve la science de l'homme, la
spéculation pédagogique ne saurait être trop prudente. Mais de ce qu’elle a été faussée par la
manière dont elle a été entendue, il ne s'ensuit pas qu’elle soit impossible. De ce qu'elle est
tenue à être modeste et circonspecte, il ne résulte pas qu’elle n'ait pas de raison d'être. "
Education et pédagogie
Pour préciser le sens de cette notion si générale de "pédagogie", on peut se tourner vers Emile
DURKHEIM, lequel prend d'abord soin de distinguer "éducation " et "pédagogie" :
" On a souvent confondu les deux mots d’éducation et de pédagogie, qui demandent pourtant à
être soigneusement distingués. L’éducation, c’est l’action exercée sur les enfants par les parents
et par les maîtres. Cette action est de tous les instants, et elle est générale. Il en est tout
autrement de la pédagogie. La pédagogie consiste, non en actions mais en théories. Ces
théories sont des manières de concevoir l’éducation, non des manières de la
pratiquer…L’éducation n’est donc que la matière de la pédagogie. Celle-ci consiste dans une
certaine manière de réfléchir aux choses de l’éducation. C’est ce qui fait que la pédagogie, au
moins dans le passé, est intermittente, tandis que l’éducation est continue ".
(Emile DURKHEIM, Article "Pédagogie", dans Ferdinand BUISSON, Nouveau dictionnaire de
pédagogie, 1911. Reproduit dans Education et sociologie sous le titre : "Nature et méthode de la
pédagogie").
Puis le sociologue précise en ces termes la caractéristique majeure de toutes les doctrines
pédagogiques : elles ne disent pas ce qui est mais ce qui doit être :
" Leur objectif n’est pas de décrire ce qui est ou ce qui a été, mais de déterminer ce qui doit être.
Elles ne sont pas orientées vers le présent, ni vers le passé, mais vers l’avenir ". (Idem)
La pédagogie, au sens où l'on parle de "doctrines pédagogiques", de "courants pédagogiques"
(la pédagogie de Maria Montessori, le courant de l'éducation nouvelle), ce n'est donc ni
simplement de la pratique, ni purement de la théorie ou de la science. La pédagogie, dit
Durkheim, est une "théorie pratique" :
" Mais entre l'art ainsi défini et la science proprement dite, il y a place pour une attitude mentale
intermédiaire. Au lieu d'agir sur les choses ou sur les êtres suivant des modes déterminés, on
réfléchit sur les procédés d'action qui sont ainsi employés, en vue non de les connaître et de les
expliquer, mais d'apprécier ce qu'ils valent, s'ils sont ce qu'ils doivent être, s'il n'est pas utile de
les modifier et de quelle manière, voire même de les remplacer totalement par des procédés
nouveaux. Ces réflexions prennent la forme de théories ; ce sont des combinaisons d'idées, non
des combinaisons d'actes, et, par là, elles se rapprochent de la science. Mais les idées qui sont
ainsi combinées ont pour objet, non d'exprimer la nature des choses données, mais de diriger
l'action. Elles ne sont pas des mouvements, mais sont toutes proches du mouvement, quelles
ont pour fonction d'orienter. Si ce ne sont pas des actions, ce sont, du moins, des programmes
d'action, et, par là, elles se rapprochent de l'art. Telles sont les théories médicales, politiques,
stratégiques, etc. Pour exprimer le caractère mixte de ces sortes de spéculations, nous
proposons de les appeler des théories pratiques. La pédagogie est une théorie pratique de ce
genre. Elle n'étudie pas scientifiquement les systèmes d'éducation, mais elle y réfléchit en vue
de fournir à l’activité de l’éducateur des idées qui le dirigent. " (Idem)
(On notera l'analogie centrale dans le raisonnement de Durkheim : théories pédagogiques =
théories médicales.)
TAE
Sujet : Quels sont les repères historiques de l’évolution des sciences de l’éducation ?
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