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LOGIQUE ANCIENNE OU FORMELLE

INTRODUCTION

De manière générale, la logique intéresse tous ceux qui entendent transmettre les informations au moyen d’un discours
rationnels. D’ailleurs, nous faisons tous de la logique chaque fois que nous affirmons quelque chose comme vrai, mais aussi
chaque fois que nous prenons une décision concernant la conduite de notre vie. Mieux : chacun de nous fait de la logique sans
le savoir tant il est vrai que tout homme pense, juge et raisonne. Ainsi, pourrait-on se demander avec raison : pourquoi faut-il
encore étudier la logique ? D’abord, il importe de savoir que la logique, comme nous aurons à le remarquer, n’est pas
simplement synonyme de penser, de juger et de raisonner de manière spontanée. Elle est plutôt l’art de bien penser, de bien
juger et de bien raisonner. Même s’il est difficile de préciser le sens de l’adverbe « bien », c’est bien lui qui, en s’appliquant à
ces trois opérations de l’esprit, distingue la logique spontanée (ou la logique de monsieur tout le monde) de la logique d’école
ou logique classique. Celle-ci constitue une discipline philosophique à part entière. C’est en fait une science du langage
raisonnable et une étude du raisonnement. Elle vise à construire un raisonnement cohérent, à éviter les sophismes ou du moins
à les reconnaître là où ils se manifestent. Ainsi, elle a été et reste l’« instrument » (Organon) de toute science, et comme la
propédeutique de tout savoir.
Dans cette introduction, nous voudrions définir la logique, donner ses divisions, ses principes fondamentaux et ses
rapports avec d’autres sciences, mais nous devons auparavant, sans parcourir toute l’histoire de la logique classique, dire un
mot sur les traditions aristotélicienne et stoïcienne. Car la logique que nous étudions dans le cadre de ce cours est la logique
formelle classique, c’est-à-dire celle des termes qui a été mise au point par Aristote (384-322 AV. J.-C.) et reprise par les
médiévaux. Notre cours examine également la logique des propositions en mettant l’accent sur les syllogismes composés,
raisonnements portant sur les individus. Ces raisonnements sont d’un intérêt indéniable, du fait qu’ils respectent non seulement
l’aspect dynamique de la pensée, mais sont par ailleurs plus fréquents et plus utiles dans la vie quotidienne comme dans la
plupart des activités professionnelles. Cette option est justifiée également par le fait que les subtilités introduites par les
logiciens de la fin du Moyen Age sont moins utiles d’une part et, d’autre part, les réactions qui vont de Descartes à Stuart Mill
n’intéressent guère que l’histoire de la logique, comme préparation à la logique moderne 1 qui ne fait pas l’objet de ce cours.

1. Bref aperçu historique de la logique formelle


a) Tradition aristotélicienne2

Lorsqu’on parle de la logique ancienne ou formelle, on pense naturellement à celle d’Aristote et stoïcienne. La logique
classique est donc rattachée traditionnellement à Aristote ; le Moyen Age a recueilli l’enseignement d’Aristote notamment par
l’intermédiaire des commentateurs arabes, et il porté à sa perfection cette logique qui mérite à bon droit d’être appelée logique
classique. Il ne faut cependant oublier que l’antiquité grecque a produit également la logique stoïcienne, assez différente sur
certains points de celle d’Aristote, mais dont on a récemment reconnu l’originalité et la richesse.
Aristote naquit à Stagire en Macédoine, d’où son surnom de Stagirite, et il suivit pendant vingt ans l’enseignement de
Platon à Athènes. Après la mort de celui-ci en 348, il quitta la ville pour des raisons politiques et il y revient en 335, peu de
temps après l’avènement d’Alexandre le Grand dont il était le précepteur depuis 342. Il y fonda l’école de Lycée, nom du
quartier de la ville, appelée aussi péripatéticienne parce que le maître y donnait ses leçons en se promenant avec ses élèves. A
la mort d’Alexandre en 323, il quitta de nouveau Athènes pour éviter le sort de Socrate ; il fut néanmoins condamné à mort par
l’Aréopage et mourut peu de temps après. Comme son prédécesseur Platon, Aristote était confronté aux sophistes. Les
sophistes étaient des professeurs d’argumentation qui enseignaient à la jeunesse athénienne l’art de convaincre dans les débats
politiques sans se soucier de la vérité ni de la validité. Platon considérait les sophistes comme des ennemis. Aristote était plus
nuancé. S’il écrivit des Réfutations sophistiques pour expliquer les erreurs de raisonnements dont les sophistes se rendaient
coupables, il développa, dans sa Rhétorique, une technique d’argumentation inspirée des techniques sophistiques 3.
Aristote aborde des problèmes très variés. Son œuvre importante comporte cinq ouvrages de logique rassemblés sous
le titre de l’Organon (instrument). Ce titre nous rappelle que la logique n’est pas une science qui étudierait un domaine de la
réalité, mais l’outil de toutes les sciences, et même l’outil de la vie morale et politique (ou vie pratique) puisque pour Aristote
toute action humaine est la conclusion d’un raisonnement. L’Organon comprend4 :
1. Les Catégories qui énumèrent les rubriques sous lesquelles on peut classer les différentes propriétés d’un objet ou d’un
individu.
2. Le traité De l’interprétation en quatorze livre ; C’est lui qui contient la théorie de la proposition. En fait, il analyse les
énoncés et leurs relations.
3. Les Premiers analytiques en deux livres qui traitent du syllogisme.
4. Les Seconds analytiques en deux livres qui étudient la démonstration en science.
5. Les Topiques comptent huit livres sur les lieux communs (topoi) et le livre est constitué par le De sophisticis elenchis ou
Réfutation des sophistes. Les Topiques présentent une théorie de l’argumentation à partir des arguments plus ou moins
probables.
Le traité De l’interprétation et les Premiers analytiques relèvent de la logique proprement dite. Cette logique dont
nous étudierons les éléments essentiels, s’est scolarisée au cours des temps et une série de manuels et de traités ont eu pour

1
F. CHENIQUE, Eléments de Logique classique, t.1, L’art de penser, Paris, l’Harmattan, 2006, p.41.
2
Cf. Ib., p. 15-17.
3
Cf. CHENIQUE, o.c., p. 15.
4
Cf. Ib., p. 16-17.
effet de mécaniser la démarche du philosophe. Une tradition s’est ainsi progressivement constituée ; elle a eu jusqu’à
l’avènement de la logique contemporaine une influence considérable.
Certains rattachent à l’Organon la Rhétorique, la Poétique et la Métaphysique ; l’importance de ce dernier traité est sans égale
pour l’histoire et le développement de la métaphysique en Occident.

b) La logique stoïcienne5

L’école stoïcienne fut fondée à Athènes au lieu dit Portique ; c’est là qu’enseignent Zénon de Citium (333-261)
considéré comme le fondateur avec Cléanthe (env.330-250). La philosophie est comparée par les stoïciens à un verger dont la
logique est le mur, la physique les arbres, et la morale les fruits.
Cet ensemble, où chaque partie renvoie à la totalité, est ce que les stoïciens appelèrent pour la première fois un
« système » ; à la différence des « théories » platonicienne et aristotélicienne, ce système vaut plus par sa cohérence que par sa
richesse.
La logique stoïcienne, comme on le verra, est en réaction contre la logique aristotélicienne qui, elle, analyse les
inférences ou raisonnements en explicitant uniquement le rapport existent entre les concepts abstraits auxquels renvoient les
termes apparaissant dans ces inférences. Pour les stoïciens (à la différence d’Aristote):
a) La logique est une science véritable : elle n’est pas un simple instrument (organe) de la science, ni même une
propédeutique à celle-ci ; la logique est une partie intégrante de la philosophie et les stoïciens en ont répandu le nom
même ; elle se subdivise en rhétorique ou science du discours continu et en dialectique ou science du dialogue. La
dialectique qui peut être définie comme « science du vrai et du faux et de ni l’un ni l’autre), se subdivise à son tour en
« signifiant » et en « singifié » ou le Lekton de l’énoncé. Matériel comme tout ce qui existe, le Lekton se situe cependant à
la limite de la matérialité. C’est un incorporel comme le lieu et le temps. Et le signifiant, quant à lui, désigne l’assemblage
sonore ou graphique et corporel ainsi que les choses ou état de choses que nous percevons.
Ex. : la proposition « il pleut » n’est ni l’énoncé « il pleut » (simple suite de lettres), ni le fait qu’il pleut, mais le signifié il
pleut.
b) La logique a pour objet propre les raisonnements (logoi), car les stoïciens qui étaient des matérialistes intransigeants
rejetaient les Idées de Platon, mais également les idées générales d’Aristote. Ils n’admettaient que des représentations
particulières et tout au plus des notions communes ou « anticipations » qui sont des résidus de sensations antérieures. Les
stoïciens ne développent donc pas comme Aristote une logique des termes (prédicats) et des noms mais une logique des
énoncés (propositions), c’est-à-dire qui ne s’occupe que des relations entre propositions et ne retient de celles-ci que leur
propriété d’être vraies ou fausses. Les stoïciens avaient dès lors défini différents modes de liaisons de propositions dont le plus
fameux est l’implication. Le Moyen Age reprendra la question d’une manière assez confuse avec la théorie des syllogismes
hypothétiques, mais c’est seulement à la fin du XIXe siècle, après l’étude systématique des relations inter propositionnelles,
que la l’originalité de la logique stoïcienne sera reconnue.
2. Qu’entend-on par la logique ?
La logique est un mot provenant du grec logos qui signifie « parole, raison ». Elle étudie le discours, et plus
particulièrement le(s) raisonnements(s). La logique est précisément la science qui étudie les principes régissant le caractère
correct ou non correct des raisonnements. Elle se fonde sur la conviction qu’il y a des principes généraux, des règles, des lois
qui permettent de faire le tri entre les inférences légitimes et illégitimes. Ce sont ces lois qui constituent l’objet de la logique6.
La définition la plus courante de la logique classique est celle tirée des Seconds analytiques d’Aristote : « La logique est l’art
qui dirige l’acte même de la raison et nous fait procéder avec ordre, facilement, et sans erreur »7. Elle est art8 et une science. La
logique est un art parce qu’elle dirige les opérations de la raison vers une action efficace, à savoir, la confection de
raisonnements corrects. La logique est même l’art des arts, c’est-à-dire l’art par excellence qui dirige tous les autres arts. Par
ailleurs, la logique est une science, car elle prétend expliquer par les causes et même par les causes les plus élevées. Elle
cherche et met à jour les notions et les principes par lesquels l’esprit humain se dirige dans ses actions, car c’est elle qui met en
ordre tout ce qui touche à la parfaite régularité des opérations de l’esprit. La logique est donc est une science rationnelle, non
seulement parce que, comme toutes les autres sciences, elle est conforme à la raison, mais également parce qu’elle s’occupe de
l’acte même de la raison9. André Lalande10 la définit comme une science qui a pour objet le jugement d’appréciation en tant
qu’il s’applique à la distinction du vrai et du faux. Appliquée à la philosophie, la logique peut se définir comme une partie de
la philosophie qui a pour objet de déterminer parmi les opérations intellectuelles tendant à la connaissance du vrai lesquelles
sont valides et lesquelles ne les sont pas.
En d’autres termes, la logique étudie la validité des raisonnements. Elle est l’art de bien raisonner ou de réfléchir avec
cohérence. Et raisonner, c’est combiner les connaissances anciennes afin de déceler leur lien et d’en tirer des connaissances
nouvelles. La cohérence ne signifie rien d’autre que l’harmonie ou l’ordre qui doit régner entre les idées combinées, ou la
grande rigueur, c’est-à-dire l’exactitude, la conformité qu’on doit trouver entre les connaissances nouvelles et les idées
combinées qui les ont engendrées.

5
Cf. Ib., p. 18.
6
L. BOUQUIAUX et B. LECLERQ, Logique formelle et argumentation, Bruxelles, De Boeck, 2009, p. 6.
7
S. THOMAS, Commentaires des Seconds analytiques, I, lect.1, n° 1-2.
8
L’art est une connaissance pratique ou opérative qui règle l’activité extérieure de l’homme.
9
F. CHENIQUE, o.c., p. 43.
10
A. LALANDE, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, 12è éd. Paris, P.U.F., 1976.
2
La cohérence caractérise tellement la logique que les qualificatifs « logique » et « cohérent » sont souvent utilisés
comme des synonymes. En fait, la logique veut aider les hommes à penser (peut-être aussi à vivre) dans l’ordre et avec
cohérence. En ce sens, elle est un apprentissage de la discipline dans la vie et dans le travail. Cet à ce titre qu’elle doit
intéresser et attirer les étudiants de toutes les obédiences.
3. Logique et autres sciences11
Toute science ou discipline a quelque chose avoir avec d’autres sciences (ou disciplines). Et l’étude de certains objets
exige une approche multidisciplinaire. C’est dans ce sens qu’on parle de plus en plus de nos jours de l’interdisciplinarité. En
tant que science ou connaissance organisée et méthodique, la logique a aussi des rapports avec d’autres sciences.
Logique et philosophie
Du point de vue classique, la logique a toujours été considérée comme une partie de la philosophie. Pourtant, il faut
reconnaître qu’entre la logique et la philosophie il y a une différence. En effet, si au-delà de la multiplicité de définitions la
philosophie peut être considérée comme réflexion sur la totalité du réel, amour de la sagesse et sagesse de l’amour (Levinas),
la logique, quant à elle, tend à déterminer les conditions a priori de la validité de l’entreprise philosophique ; si bien qu’on peut
dire que c’est la philosophie qui a besoin de la logique et non l’inverse.
Logique et psychologie
La logique a un caractère normatif, alors que les lois psychologiques ont seulement un caractère de nécessité naturelle.
La psychologie étudie comment l’homme pense, réfléchit, raisonne en vertu de la constitution même de son psychisme, alors
que la logique nous apprend comment l’homme doit juger et raisonner pour bien démontrer et parvenir à la connaissance de la
vérité. Si la psychologie étudie les opérations psychologiques elles-mêmes, la logique y ajoute une finalité : la recherche de la
vérité afin de libérer l’intelligence et de permettre au sujet pensant de ne plus être déterminé que par l’évidence rationnelle. La
logique est donc une purification, une ascèse ou une diététique de la pensée naturelle, et un instrument qui perfectionne cette
pensée de la recherche du vrai.
La logique se diffère donc de la psychologie :
a) Par son objet formel (l’être de raison logique), puisque cet objet ne comprend pas toutes les manifestations de la vie
végétative, de la vie sensible et de la vie intellectuelle étudiées par la psychologie, mais seulement les opérations de l’esprit.
b) Par son objet formel, car ces deux sciences ont un domaine commun : les opérations de l’esprit, mais elles le considèrent
sous un aspect différent : la psychologie étudie l’activité du sujet pensant ainsi que les modifications physiques et psychiques
qui accompagnent en lui l’exercice de la pensée, tandis que la logique cherche comment utiliser les opérations de l’esprit pour
atteindre la vérité.
Logique et mathématique
Sur le rapport entre logique et mathématique, la discussion tourne au tour de deux thèmes :
- le degré d’abstraction de ces deux disciplines
- le degré d’ancienneté
Concernant le degré d’abstraction, les thèses sont multiples et controversées. Certains penseurs estiment que l’objet de la
logique et son champ sont plus étendus que le champ et l’objet de la mathématique. D’autres soutiennent la thèse inverse.
Quant à ce qui concerne l’ancienneté, on sait que les mathématiques sont historiquement antérieures comme discipline
scientifique à la logique. Au-delà de ces considérations, il vrai de dire qu’il existe des ressemblances entre les mathématiques
et la logique : symbolicité ou caractère symbolique, et que la logique a bénéficié de la précision quantitative des
mathématiques et de leur aspect calculatoire. De plus, les logiciens ont œuvré à la formalisation de la logique formelle,
représentant mathématiquement les opérations logiques. Et cela dans le but de parvenir à une langue parfaite, susceptible
d’éviter les errements à la philosophie. C’est de là que vient la logique mathématique ou logique moderne classique que nous
étudierons en deuxième graduat.
Logique et informatique
La logique étudie aussi les relations existant entre les choses. Elle s’efforce de dévoiler, d’expliciter ou de découvrir
les liens parfois cachés. Le piège auquel on est chaque fois exposé est de vouloir toujours trouver des exemples concrets. La
logique comme science abstraite, tout en visant la cohérence ou l’ordre dans le raisonnement et dans le travail, s’intéresse plus
au schéma général qui relie différents éléments du langage. Elle s’efforce de ressortir ce schéma (ou carrément cette logique,
c’est-à-dire l’esprit interne qui régit ces relations) quitte à laisser la possibilité à chacun de concrétiser ce même schéma
général ou d’en vérifier la concrétisation dans diverses situations.
Le schéma est souvent représenté par des symboles ou des signes. L’importance de cette symbolisation est d’arriver à une
démarche résumée, un peu plus courte et facile à manier que des longs procédés. En lieu et place donc de la longue littérature,
la logique mathématique, par exemple, synthétise tout dans de petits signes mais qui signifient beaucoup de choses. Elle fait
l’économie des lettres au moyen des symboles. Nous pouvons dès lors déduire que la logique est comme la science des
relations et des symboles. Elle ne s’intéresse pas à l’objet du raisonnement. Le logicien se place dans un monde « logique » où
les faits12 sont des entités abstraites correspondant aux entités concrètes du monde. Le processus est le suivant : nous partons

11
Cf. CHENIQUE, o.c., p. 45-46.
12
Le monde se compose en faits (Cf. L. WITTGENSTEIN, Tractatus logico-philosophicus, 1922, §1.2.1).
3
des faits concrets et nous leur faisons correspondre des faits abstraits. La logique manipule ces faits abstraits et en déduit
d’autres. La manipulation des faits abstraits est censée correspondre à celle des faits concrets. Nous disons « censée » parce
que la correspondance reflète une certaine image du monde, laquelle n’est pas nécessairement figée et peut dépendre des
connaissances physiques du moment. Aux nouveaux faits, nous faisons correspondre réciproquement de nouveaux faits
concrets.
L’un des intérêts de la formalisation du raisonnement découle du fait que la structure du raisonnement varie peu. Nous
raisonnons souvent de la même manière. Si nous prouvons qu’un certain raisonnement est correct ou incorrect, nous pourrons
réutiliser cette connaissance avec d’autres discours. L’analyse du discours nous permet aussi de réfuter des discours, de pointer
sur des contradictions. Enfin, la mécanisation du raisonnement a bien sûr des applications de choix en informatique et dans
toutes les disciplines où la machine doit aider, voire "remplacer" l’homme. Il va donc de soi que la logique a quelque chose
avoir avec l’informatique13, car l’informatique exige de tous ceux qui l’utilisent une aptitude réelle au raisonnement, aussi
bien dans le calcul scientifique que dans les techniques administratives. Autrement dit, la maîtrise de l’informatique exige une
dose d’abstraction, de conceptualisation et d’imagination, de codification et de décodification ; bref, un exercice ordonné de
l’esprit humain dans le but de reproduire la réalité à partir des hypothèses formelles. Nous verrons, par exemple, que deux
formules du calcul propositionnel peuvent être équivalentes. Dans ce cas, on peut trouver la « formule la plus petite »
équivalente à une formule donnée. Ceci a des applications très importantes pour la conception des circuits digitaux, puisque
cela permet de réduire le nombre de composants. La manipulation de l’ordinateur et équipement périphérique, ainsi que les
programmes (logiciels) qui l’accompagnent, exige une maîtrise des symboles (touches) et du sens réel de ceux-ci.
4. Division de la logique
Nous avons dit que la logique s’intéresse au raisonnement. Elle entend étudier les formes valides des raisonnements.
Or chaque raisonnement comme chaque édifice contient deux aspects bien déterminés : la matière avec laquelle est construit
l’édifice et la forme de l’édifice ou la manière dont les matériaux y sont agencés. Nous avons donc pour tout raisonnement un
aspect matériel et un aspect formel. Ce double aspect du raisonnement nous conduit à distinguer deux sortes de logique : la
logique formelle et la logique matérielle.
La logique formelle étudie la validité du raisonnement d’un point de vue formel, abstraction faite de sa matière. Elle a
pour but d’expliciter et d’examiner la forme correcte du raisonnement. Elle recherche des raisonnements valides ou des lois
logiques. Autrement dit, la logique formelle enseigne des règles qu’il faut suivre pour que le raisonnement soit correct, c’est-à-
dire un raisonnement où tout modèle des prémisses est modèle de la conclusion. Chez Aristote – fondateur de la logique
formelle -, elle apparaît comme un instrument de la science. Aristote développe cette conception de la logique dans les
Premiers analytiques, où il traite de la théorie du syllogisme, c’est-à-dire du raisonnement dans sa plus haute généralité et de
ce qu’il y a de plus formel dans l’activité discursive.
La logique matérielle, quant à elle, est traditionnellement la partie de la logique qui, chez les anciens, traitait de
l’aspect matériel du raisonnement ou de l’accord entre la pensée et la matière du raisonnement. Elle détermine les principes ou
les conditions auxquelles doivent répondre les matériaux pour qu’on arrive à une conclusion vraie. Chez Aristote, cette logique
est traitée dans les Seconds analytiques (théorie de la démonstration en science). Dans la philosophie contemporaine, l’objet de
la logique matérielle est réservé à l’Epistémologie et à la Philosophie des sciences. Ces deux disciplines traitent des questions
qui jadis faisaient l’objet de la logique matérielle. Parmi ces questions, on peut indiquer le débat entre le nominalisme et le
réalisme, la controverse entre la nature de la connaissance vulgaire et de la connaissance scientifique, les principes d’une
connaissance intellectuelle, la question de la classification des sciences.
Ainsi, nous pouvons déduire que la philosophie moderne a dépassé l’ancienne distinction entre la logique formelle et la logique
matérielle en créant des nouvelles disciplines, notamment l’Epistémologie (qui réfléchit sur la valeur de notre connaissance), la
philosophie des sciences, la méthodologie des sciences… qui s’intéressent à l’objet dont s’occupait la logique matérielle.
5. Les principes fondamentaux de la logique 14
Il existe traditionnellement trois principes fondamentaux ou premiers de la logique : le principe d’identité, le principe
de non-contradiction et le principe du tiers-exclu. L’exposé de ces principes ne devait pas poser problème. Puisque étant
premiers, ces principes devraient, par hypothèse, se constater et non pas être prouvés par un raisonnement quelconque.
Malheureusement leur évidence n’est pas toujours allée de soi dans l’histoire de la philosophie. Le problème qui s’est posé à
propos de ces principes concerne à la fois leur nombre (faut-il les réduire à 1 ou à 2 principes), leur ordre (lequel est réellement
premier), leur portée (ces principes gouvernent-ils aussi la logique de la nature ou de la pensée seule), leur sens (que signifient-
ils), leur primitivité (ces principes sont-ils réellement premiers ou découlent-ils d’autres principes) ?
Nous passons outre ce débat pour tenter de comprendre le sens classique de ces principes premiers de la logique.
1. Principe d’identité
De ces trois principes, celui de l’identité est sans soute celui qui fait couler d’encre : on s’est demandé en quoi il
constituerait un principe de connaissance ; il semble être une simple tautologie. Le principe d’identité s’énonce comme suit :

13
Le mot « informatique » a été introduit dans la langue française en 1962 par un ingénieur, Ph. Dreyfus, dans un article où il aurait été le premier à utiliser
ce terme technique à partir d’une contraction des mots « information » et « automatique ». Il s’est imposé depuis dans la langue courante et fut reconnu
par l’Académie Française en 1967. On peut retenir, pour l’essentiel, que l’informatique désigne la « science du traitement rationnel, notamment par
machines automatiques, de l’information considérée comme le support des connaissances humaines et des communications dans les domaines technique,
économique et social ». C’est aujourd’hui un outil indispensable à la quasi-totalité des sciences (mathématiques, chimie, économie, géographie, médecine,
etc.)
14
Cf. F. CHENIQUE, o.c., p. 107.
4
« ce qui est est, ce qui n’est pas n’est pas » ou par le schéma : A est A ; A =A ; A n’est pas non A. Comme on le voit, cette
formulation du principe d’identité justifie les difficultés qu’il soulève. Pour surmonter ces difficultés, retenons simplement que
le principe d’identité n’est pas à proprement parler le principe de la connaissance mais un principe logique qui a pour mission
de rendre compte de la cohérence de tout raisonnement. C’est la raison pour laquelle plusieurs logiciens préfèrent parler non
d’un principe mais d’une loi d’identité qui se définit comme l’exigence de l’identique signification des termes dans tout
raisonnement. En fait, le principe d’identité veut que dans un même raisonnement on n’utilise chaque terme que dans un seul et
même sens. En effet, dans le langage, les termes sont polysémiques, c’est-à-dire qu’ils ont plusieurs sens. Le principe
d’identité exige que quand on a opté d’utiliser un terme dans un sens donné qu’on n’utilise toujours ce terme dans ce même
sens. Selon ce principe donc, on pècherait si dans un même processus de raisonnement on utilisait un même terme dans deux
ou plusieurs sens différents. Exemple : le terme "Bière" peut être utilisé dans le sens d’une "boisson" ou dans celui d’un
"cercueil". Si dans la première étape du raisonnement on l’utilisait dans le sens de "boisson" on doit aussi garder le même sens
dans toutes les étapes suivantes.
Plus concrètement, on respecterait le principe d’identité si on réfléchissait en ces termes :
Toute bière a de la mousse
Or, la Primus est une bière
Donc, la Primus a de la mousse
Le principe est respecté parce que la première étape qui relie bière et mousse renvoie à la boisson, la deuxième qui parle de la
Primus donne le nom d’une boisson et la troisième qui relie Primus et mousse comporte aussi le même sens de la boisson.
Mais si, au contraire, on raisonnait :
Les bières se vendent dans les pompes funèbres
Or, la Primus est une bière
Donc, la Primus se vend dans les pompes funèbres
On n’aura pas respecté le principe d’identité car, à la première étape, le mot "bière" a le sens du cercueil. Et dans la
deuxième étape, il renvoie à la boisson parce que c’est en tant que boisson que la Primus est bière. La troisième étape dévoile
la confusion ; parce que la Primus a le sens de boisson alors que les pompes funèbres rappellent le cercueil.
Ce second raisonnement n’est pas logique, correct, cohérent. Il pèche contre le principe d’identité.
2. Principe de non-contradiction
Le principe de non-contradiction ne se comprend qu’à la lumière du principe de l’identité dont il est une explicitation.
Il s’énonce en ces termes : « Il est impossible d’affirmer et de nier en même temps » ; « une chose ne peut pas en même temps
et sous le même rapport être et ne pas être ». Cela signifie que dans le processus d’un même raisonnement, on ne peut pas dire
d’un étudiant (par exemple) qu’il est intelligent en même temps qu’il ne l’est pas. Ou il est intelligent, ou il ne l’est pas. Il faut
choisir. Le principe de non-contradiction récuse donc toute incohérence dans la pensée.
3. Principe du tiers-Exclu
Le principe du tiers-exclu découle du principe de non-contradiction. Il s’énonce comme suit : « Entre deux termes
contradictoires, il faut choisir un » : « Ou A ou non A ». En d’autres termes, ce principe atteste qu’en logique, il n’y a que deux
possibilités ou deux valeurs de vérité : la vérité ou le vrai et la fausseté ou le faux. Quand une réalité est vraie, elle n’est pas
fausse. Quand elle est fausse, elle ne peut pas être vraie. Exemple : Il pleut. S’il est attesté qu’il pleut, on peut dire que
l’affirmation est vraie. Mais si la pluie n’est pas avérée, l’affirmation est fausse. Il n’y a pas à trouver une troisième voie entre
les deux. Au principe de non-contradiction, le principe du tiers-exclu apporte cette précision de l’immédiation de l’esprit dans
l’incompatibilité d’affirmer et de nier une réalité en même temps.
Remarquons que ce principe ne fait plus l’unanimité. En effet, le développement de la logique a des formes de logique
comprenant plus de 2 valeurs de vérité, qui permettent d’envisager à côté du vrai et du faux d’autre possibilité sans pousser
l’esprit à la contradiction. Toutefois, en dépit de cette nouvelle découverte, le principe du tiers-exclu semble répondre encore
maintenant à un besoin de l’esprit d’aboutir à une vision unifiée de la réalité contre la décision de la diversité et de la
multiplicité. Dans ce sens, on peut dire que la logique bivalente demeure un des fondements de la pensée et le principe du tiers-
exclu, un des principes premiers de la logique.

5
CHAPITRE I : LE CONCEPT ET LE TERME

L’examen du concept constitue avant tout une préparation à l’étude du raisonnement, si tant est que le concept joue un
rôle important et primordial dans toutes les disciplines. Sa clarification globale est toujours utile dans toute entreprise
scientifique15.
1.1. Définition du concept
Lorsque nous voyons les objets, ceux-ci laissent une emprunte dans notre esprit. Emprunte qui nous permet qui nous
permet d’avoir une idée de chaque objet et de parler de cet objet même s’il se dérobe à notre vue. Cette idée de l’objet
s’appelle concept et l’acte par lequel notre esprit forme un concept s’appelle l’appréhension. Celle-ci est donc une opération
qui permet la perception de notions simples, où l’intelligence reconnaît (appréhende) les objets et cela, non pas au niveau des
sens comme peuvent le faire des animaux, mais au niveau de la pensée. C’est en fait une opération préliminaire de l’esprit qui
ne suppose avant elle aucune autre opération intellectuelle. Le concept peut alors se définir, globalement, comme le substitut
mental de l’objet appréhendé par l’esprit, c’est-à-dire la représentation mentale générale et abstraite d’un certain objet, fut-il
concret, abstrait ou fictif.
En clair, le concept équivaut tout simplement à l’idée que l’on a d’un objet ou au terme mental. Cette idée est
distincte de l’image perçue par les sens ou reproduite par l’imagination. A titre d’exemple, le concept « ordinateur » représente
un objet concret, à savoir les différentes sortes d’ordinateurs de marques et capacités variées, distincts les uns autres, bien
qu’ayant tous un substrat commun. C’est à partir de ce substrat qu’on les identifie tous par le concept « ordinateur ». Les
concepts « Mamiwata », « Mundelengulu » et « katakata » sont des concepts abstraits, dans la mesure où ils représentent des
objets abstraits.

1.2. Caractéristiques du concept


Tous les concepts subsument les objets concrets, abstraits ou fictifs sous leurs traits caractéristiques. Aussi le concept
laisse-t-il entendre un système des traits caractéristiques d’un objet. Un objet tombe donc sous un concept, lorsqu’apparaissent
en lui toutes les caractéristiques faisant le concept, omission faite de toutes les propriétés particulières de l’objet. Cela montre
précisément que le concept ne résulte nullement d’une photographie du réel, mais plutôt de son interprétation. En tant que tel,
le concept se caractérise par l’abstraction, l’universalité et l’univocité. Il est abstrait, du fait que les objets représentés par lui
le sont sans tenir compte de leurs qualités individuelles (la couleur, la grandeur, l’identité, la différence, etc.). Cela signifie que
le concept s’applique toute la chose, mais ne dit pas toute la chose. Si je dis de « cette table qu’elle est jaune », j’attribue une
propriété qui s’applique à toute la table, mais qui ne dit pas de le tout de la table et n’épuise donc pas la perception que l’on en
a.
Son abstraction fait qu’il est universel. Car il s’applique à tous les objets présentant un aspect commun ou à toutes les
choses vérifiant sa compréhension. Le concept est enfin univoque, du fait de son abstraction et de son universalité. Cela laisse
entendre que le concept signifie identiquement tous les objets subsumés par lui. Il dénote tous les objets qu’il représente. Il
garde la même compréhension quelles que soient ses applications en extension.
1.3. Propriétés d'un concept
Le concept a deux propriétés : l’extension et la compréhension. L’une et l’autre constituent les deux manières
différentes de représentation de l’objet. Définir un concept en extension revient à nommer (citer) la totalité des objets
représentés par le concept ou l’ensemble des sujets auxquels le concept s’applique16. A titre d’exemple, le concept « livre »
peut avoir les extensions suivantes : « manuel », « dictionnaire », « encyclopédie », etc. Et le concept « eau stagnante » peut
avoir ces extensions : un lac, un étang, une mare, une piscine.
Quant à la définition du concept en compréhension, elle consiste à fournir les traits caractéristiques ou les qualités
(notes) intelligibles auxquels s’appliquent le concept, c’est-à-dire l’ensemble des notes qui constituent la signification de ce
terme. Voici la définition en compréhension du concept « livre » : texte imprimé, contenant plusieurs pages, reproduit en
plusieurs exemplaires. Pour le concept « fleuve », on dira : « eau courante se jetant dans l’océan ».
N.B. L’extension et la compréhension sont deux facettes inséparables du concept. Elles ont, en fait, un rapport inversement
proportionnel. Cela veut dire que plus la compréhension d’un concept n’est élevée, moins son extension est grande.
L’expression verbale ou linguistique du concept, c’est le terme ou le mot. Le terme ou le mot est la désignation
individuelle d’un objet. A ce titre, il est synonyme du nom, d’expression, de nom propre, de désignation, d’appellation, de
substantif, de signifiant.
Depuis le philosophe grec Porphyre (243-310 p.c.n.), on classe les concepts suivant une extension décroissante et une
compréhension croissante. Cette classification est représentée par ce que l’on appelle depuis lors « Arbre de Porphyre ». Il
permet de classer les concepts selon le genre et l’espèce et non selon le tout et la partie.
Ex. : Substance – Corps – Etre vivant – Arbre – conifère – Sapin (extension décroissante).

15
M.-P. MUTOMBO, Eléments de logique classique, avec exercices et questionnaire d’examen, Louvain-la-Neuve, Academia Bruyant, 2003, p. 11.
16
Cf. F. CHENIQUE, o.c., p. 63.
6
CHAP. II : LE JUGEMENT17 ET LA PROPOSITION

2.1. Définition du jugement


Lorsqu’on relie les concepts les uns aux autres, on formule un jugement. En ce sens, le jugement est le fait de relier de
façon déterminée les concepts, c’est-à-dire une assertion ou l’acte de l’intelligence qui consiste à nier ou affirmer quelque
chose. Plus et mieux : c’est l’acte de l’intelligence qui unit ou divise par affirmation ou négation ; il consiste à mettre en
rapport les différents objets perçus. En effet, lorsque notre esprit perçoit les objets, il ne les perçoit jamais de façon isolée. A
cause du caractère structurel de la réalité, chaque objet est perçu avec ses propriétés et en même temps avec d’autres objets qui
entretiennent une certaine relation avec lui. Juger, c’est dégager cette relation entre deux ou plusieurs concepts en affirmant ou
en niant leur rapport.
Le jugement a comme expression verbale Le jugement est l’acte de
ou linguistique la proposition : le discours l’intelligence qui unit ou divise par
par lequel on affirme, ou on nie, quelque affirmation ou négation.
chose de quelque chose.

2.2. Proposition
La proposition, ou énonciation, est considérée comme une suite composée par la séquence « sujet-copule-prédicat »
ou simplement par le couple « sujet-prédicat ». Comme le disait Aristote, une proposition est une phrase déclarative
susceptible d’être vraie ou fausse. A vrai dire, la proposition n’est pas la phrase elle-même ou son énoncé, mais son contenu.
Dans la logique moderne, la proposition est représentée par une variable propositionnelle dans le langage-objet. Au niveau du
métalangage, elle est représentée par une formule. La proposition peut être analysée selon la quantité ou selon la
qualité18. Telles sont les deux propriétés de la proposition.
La qualité d’une proposition est tributaire de la forme ou structure de la copule. Celle-ci, comme le dit le mot, fait la
jonction entre le sujet et le prédicat. Si la copule est affirmative, la proposition est affirmative. Si la copule est négative, la
proposition est négative. On distingue ainsi les propositions affirmatives (ex. : la neige est blanche) et les propositions
négatives (ex. : la neige n’est pas blanche)
La quantité d’une proposition dépend de la quantité ou extension du sujet. Il convient de distinguer deux types de
sujet : les concrets et les généraux. Les sujets concrets comprennent les déictiques (ça, ceci, cela, ce crayon, etc.), les noms
propres (Marc, Félicien, Benito, Christophe, Jean Bosco, Brice…) et les anaphores (il, tu, les siens, etc.). Les sujets généraux
sont ceux qui font intervenir un quantificateur (tout, aucun, nul, certains, d’aucuns, etc.). Dans cette optique, on parle de sujet
universel (celui qui détermine la totalité de l’ensemble) et le sujet particulier (celui qui détermine une partie de l’ensemble.
« Tout », « aucun », « nul », « personne » ; les articles (« le », « la », « un », « une » et les sujets concrets déterminent la
totalité de l’ensemble. A ce titre, ils sont des quantificateurs universels et introduisent des propositions universelles, c’est-à-
dire celles où le sujet est pris dans toute son extension.
« Certains », « quelques », « d’aucuns », « la plupart », « la majorité », « bien des gens », « une myriade de » sont des
quantificateurs particuliers ; ils introduisent des propositions particulières, c’est-à-dire des propositions où le sujet est pris dans
une partie de son extension.
La combinaison de la quantité et de la qualité fournit les quatre types de propositions différents :

Sigle Proposition Sujet (quantité) Copule (qualité) Mémorisation

A Tous les hommes sont mortels Universelle affirmative Affirmo

E Aucun homme n’est mortel Universelle négative nEgo

I Quelque homme est mortel Particulière affirmative affIrmo

Quelque homme n’est pas négative negO


O Particulière
mortel

Explicitons ces propositions. La proposition A « Tout homme est mortel » peut aussi correctement être traduite par
« tous les hommes sont mortels », « chaque homme est mortel. La proposition E « aucun homme n’est immortel » équivaut à
« nul homme n’est immortel », « tout homme est non-immortel », chaque homme est non-immortel ». La proposition I signifie
la même chose que « certain homme est mortel », « quelques hommes sont mortels ». Et la proposition O « certains hommes
ne sont pas mortels » est équivalente à « certain homme n’est pas mortel », « quelques hommes ne sont pas mortels »,
« quelque homme n’est pas mortel ».

17
Sur ce chapitre, comme d’ailleurs pour d’autres, nous nous inspirons des ouvrages de M.-P. MUTOMBO et de F. CHENIQUE, auxquels nous avons déjà
fait allusion.
18
Cf. M.-P. MUTOMBO, o.c., p. 16.
7
Si la quantité de la proposition correspond à la quantité de son sujet, il y a lieu de se demander comment déterminer la
quantité du prédicat. La règle établit que la quantité du prédicat est universelle pour les propositions négatives et particulière
pour les propositions affirmatives. Illustrons cela d’exemples :
La quantité des prédicats des propositions « tous les congolais sont africains » et « certains congolais sont africains »
est particulière ;
La quantité du prédicat de la proposition « les délits ne sont pas des crimes » est universelle.
Nous reviendrons sur les rapports d’opposition qui existent entre les quatre types de propositions lorsque nous
aborderons le point relatif aux inférences immédiates dans le chapitre suivant.

8
CHAPITRE III : LE RAISONNEMENT

3.1. Définition
Le raisonnement est un enchaînement ou un agencement de propositions tel que la dernière appelée conclusion
découle nécessairement de la première ou des premières appelée(s) prémisse(s). Il s’ensuit que le raisonnement comprend deux
parties : la (les) prémisses et la conclusion. En tant que suite logique de propositions, le raisonnement n’est ni vrai, ni faux. Il
est plutôt valide ou non valide, correct ou incorrect, alors que ses propositions constitutives sont vraies ou fausses 19.
3.2. Sortes de raisonnement
Il y a deux sortes principales de raisonnement : l’induction et la déduction. L’induction ou l’inférence inductive
consiste à passer d’une suite infinie de propositions singulières (particulières) à une proposition générale appelée loi. En
d’autres termes : c’est le mouvement d’une pensée où l’on passe d’une ou plusieurs vérités singulières à une vérité universelle
contenant les premières à titre de partie. Ce raisonnement ne concerne pas notre propos. Car il comprend un nombre infini de
propositions.
La déduction ou l’inférence déductive est le passage d’une proposition universelle à une proposition particulière.
Autrement dit, la déduction est le mouvement de pensée par lequel on établit la vérité d’une proposition en tant que contenue
dans une vérité universelle dont elle dérive. C’est ce type d’inférence qui est de mise en logique formelle. Et le type classique
de la déduction, c’est le syllogisme.
Ex. Tout homme est mortel
Or Socrate est un homme
Donc Socrate est mortel
Ce raisonnement est composé de trois propositions: Tout homme est mortel, Socrate est un homme et Socrate est
mortel. Ces propositions sont soit vraies, soit fausses. La première est appelée prémisse majeure, la seconde prémisse mineure,
la troisième est appelée conclusion.
Le OR et le DONC ne font pas partie des propositions, mais du seul raisonnement. Dans notre exemple, il n’y a qu’un
seul raisonnement, composé de trois termes et de trois propositions et exprimé à l’aide de OR et de DONC.
Les grammairiens classent ces deux mots dans la catégorie des conjonctions. Du point de vue logique, ce sont des opérateurs
logiques. Ce sont eux qui établissent un rapport entre la valeur de vérité des deux premières propositions et la valeur de vérité
de la troisième. Les deux premières propositions sont appelées prémisses, la troisième est appelée conclusion.
La vérité ou la fausseté des prémisses et les conclusions respectives de ce genre de raisonnement n’intéressent pas les
logiciens. Ce qui les intéresse, c’est que les prémisses (ou la prémisse) impliquent la conclusion. Cela ne veut pas dire que la
validité d’un raisonnement est lié est à la vérité de sa conclusion ou de son contenu. Un raisonnement valide peut avoir une
conclusion fausse ou un contenu faux :
Ex.1 : Tout animal est mortel.
Or tout mortel est un homme.
Donc tout animal est un homme
Ex.2 : Tout homme est un automate
Or Jacques est un homme
Donc Jacques est un automate
Et un raisonnement non valide peut avoir une conclusion vraie :
Ex. : Tout homme est un animal.
Or tout homme est mortel.
Donc tout animal est mortel.
Il n’y a de lien évident entre la vérité des propositions constitutives d’un raisonnement et la vérité de ce dernier que
dans la mesure où un raisonnement ne peut avoir à la fois des prémisses vraies et une conclusion fausse. En ce sens, un
raisonnement est valide si et seulement si tout modèle des prémisses est modèle de la conclusion. Cela laisse entendre
l’existence de trois de raisonnements :
- les raisonnements ayant au moins deux prémisses ;
- les raisonnements n’ayant qu’une prémisse ;
- les raisonnements n’ayant pas de prémisses.
Le premier type de raisonnement concerne les inférences médiates (les syllogismes). Le deuxième cas renvoie aux inférences
immédiates. Le troisième type de raisonnement n’est pas facile à définir. Pour y parvenir, il faut établir un lien entre les
raisonnements et les lois logiques.
3.2.1. Les inférences immédiates
Les inférences immédiates partent d’une proposition. Ce sont des raisonnements qui règlent le passage de la vérité ou
de la fausseté d’une proposition appelée prémisse à la vérité ou à la fausseté d’une autre proposition appelée conclusion sans la
médiation d’une prémisse intermédiaire. Plusieurs logiciens (J. Maritain) n’acceptent cette description de l’inférence
immédiate. Pour eux, dans une inférence, on ne passe d’un rapport connu à un nouveau rapport, mais on exprime simplement
la même vérité de manières différentes. On dénombre 7 types d’inférences immédiates. Les quatre premiers types sont
contenus dans le carré logique, à savoir les oppositions logiques : les oppositions logiques (la contrariété, la contradiction, la

19
M.-P. MUTOMBO, o.c., p. 20.
9
sous-contrariété et la subalternation). Et les trois autres regroupent : la conversion (simple ou parfaite – s-, par accident ou
imparfaite – p – et par contraposition) et l’obversion. Les oppositions logiques peuvent être visualisées dans le « carré
logique » (carré d’Apulée) comme suit:

1. Les oppositions logiques


Les oppositions logiques ou inférences immédiates règlent le passage de la vérité ou de la fausseté d’une prémisse à la
vérité ou à la fausseté de sa conclusion par la transformation soit de la qualité, soit de la quantité, soit de la qualité et de la
quantité.
a) La contrariété : c’est une opposition logique régissant le rapport entre deux propositions universelles (A et E), lesquelles se
distinguent en qualité. Deux propositions contraires ne peuvent être simultanément vraies, tandis qu’elles peuvent être
simultanément fausses. En effet, de la vérité de l’une, on doit conclure à la fausseté de l’autre ; alors que de la fausseté de
l’une, on ne peut rien conclure.
b) La sous-contrariété : est l’opposition logique gouvernant le rapport entre deux propositions particulières (I et O), lesquelles
se distinguent en qualité. Deux propositions sous-contraires ne peuvent être simultanément fausses, mais bien simultanément
vraies. De la fausseté de l’une, on doit conclure à la vérité de l’autre. Mais de la vérité de l’une, on ne peut pas conclure à la
fausseté de l’autre.
c) La subalternation : c’est une opposition logique régissant le rapport entre les propositions A et I, I et A, E et O, O et E,
lesquelles ont la même qualité, mais se distinguent en quantité. Il en existe deux types : le cas de l’universelle à la particulière
et celui de la particulière à l’universelle. Si l’universelle est vraie, la particulière également est vraie. Mais si l’universelle est
fausse, on ne sait rien conclure. En outre, si la particulière est fausse, l’universelle est également fausse. Mais si la particulière
est vraie, on ne sait rien conclure quant à l’universelle.
d) La contradiction : est l’opposition logique qui gouverne le rapport entre les propositions (A et O, E et I) qui se distinguent
en qualité et en quantité. Deux propositions contradictoires ne peuvent être simultanément vraies, ni simultanément fausses.
Cela veut dire que si l’une est vraie, l’autre est fausse, et vice versa. Et si l’une est fausse, l’autre doit être vraie, et vice versa.
2. Conversions, obversion et contraposition
A côté des quatre formes d’inférence contenues dans le carré logique, la tradition aristotélicienne a reconnu la validité
de ces trois formes spécifiques. Leur simplicité permet de comprendre que les opérations logiques sont seulement des
opérations de traduction, c’est-à-dire n’ajoutent aucune information supplémentaire à celle fournie par la ou les prémisses.
La conversion consiste à passer de la vérité ou de la fausseté d’une proposition à la vérité ou à la fausseté d’une
proposition lui résultant par la permutation de l’ordre de ses termes sans altérer la qualité de la proposition, mais
éventuellement sa quantité. Lorsque cette inférence se fait sans altération de la qualité de la proposition et de la quantité du
sujet et du prédicat, il s’agit d’une conversion simple ou parfaite. Celle-ci consiste, ainsi qu’on vient de le dire, à transformer
la proposition du départ en une autre de même quantité en permutant le sujet et le prédicat. En un mot, c’est la permutation du
sujet et du prédicat, sans changer la quantité de la proposition. La conversion simple n’est valide que pour propositions en
E et en I. Dans cette conversion sont conservées, non seulement la qualité et la vérité de la proposition, mais également sa
quantité.
Ex. Aucun homme n’est ange
Aucun ange n’est homme
Dans le cas où cette inférence se fait sans altération de la qualité mais plutôt de la quantité de la proposition et de ses
termes constitutifs, on parle de la conversion par accident ou imparfaite (ou encore par limitation). Dans cette conversion, on
permute le sujet et le prédicat, en changeant la quantité de la proposition. Cette conversion n’est rien d’autre que soit une
subalternation de A en I suivie d’une conversion simple de I en I, soit une conversion parfaite de E en E suivie d’une
subalternation de E en O. Elle n’est donc valide que sur les propositions en A et E. Cela veut dire qu’elle transforme : A →I ;
E→O, et non l’inverse.
Ex. 1. Aucun saint n’est menteur
Quelque menteur n’est pas saint
2. Toutes les filles sont jolies

10
Quelques jolies sont filles.
L’obversion consiste à remplacer le prédicat d’une proposition par son contradictoire, et à changer corrélativement
la qualité de la proposition de façon à en garder le sens primitif.
Aucun sage n’est malheureux (E)
Donne Tout sage est non-malheureux.
Dans la conversion par contraposition, on permute le sujet et le prédicat, mais après les avoir transformés en
leurs contradictoires. La contraposition concerne les propositions en A et les propositions particulières négatives. En effet,
ces dernières ne peuvent être converties régulièrement ni par la conversion simple ni par la conversion imparfaite. Leur sujet
étant toujours particulier, ne peut devenir prédicat d’une proposition négative qui lui est universel. Ainsi, pour convertir O, on
est obligé de passer par une opération intermédiaire d’obversion qui consiste à modifier la proposition du départ tout en
prenant pour prédicat le contradictoire du prédicat du départ. Après l’obversion, on applique la conversion appropriée sur la
proposition obverse. Sur la nouvelle proposition obtenue, on effectue une deuxième obversion et on obtient enfin la conversion
par contraposition de la proposition du départ.
Ex. Quelques femmes ne sont pas ministres
Quelques femmes sont non-ministres (obversion)
Quelques non-ministres sont femmes (conversion)
Quelques non-ministres ne sont pas non-femmes
3.2.2. Syllogismes
Les syllogismes représentent le cœur de la logique ancienne. Ils ont été essentiellement développés par Aristote en
tant que logique des termes (concepts) et enrichis au Moyen-âge. En ce sens, on les appelle syllogisme catégorique. En tant que
logique des propositions, ils sont l’œuvre des stoïciens et comprennent essentiellement les syllogismes composés. Mais il
existe une troisième catégorie des syllogismes, appelés syllogismes spéciaux.
3.2.2.1. Le syllogisme catégorique
La question fondamentale à laquelle nous allons répondre en étudiant les syllogismes catégoriques, est celle de
savoir : par quels moyens, quand et comment un syllogisme catégorique s’engendre ? Avant d’examiner chaque catégorie de
syllogisme, il convient de répondre qu’un syllogisme s’engendre au moyen des termes et des propositions, quand il y a des
figures et grâce aux modes. Explicitons-les par catégorie.
1. Définition
Selon Aristote, le syllogisme est un discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d’autre que ces
données, en résulte nécessairement par le fait de ces données. La scholastique l’appréhende comme une argumentation dans
laquelle, de deux propositions simples disposées de façon déterminée, une troisième proposition découle nécessairement 20.
Disons, à la suite de ce qui précède, que le syllogisme catégorique, est un raisonnement (ou une argumentation constitué (e) de
deux propositions appelées prémisses (la majeure et la mineure), de trois termes (le grand, le moyen et le petit) et d’une
conclusion. On aboutit à celle-ci sans faire recours à une nouvelle expérience, mais simplement par le lien logique qui unit les
prémisses. Le sujet de la conclusion, c’est le petit terme et son prédicat est le grand terme. Cela laisse entendre que le moyen
terme n’apparaît jamais dans la conclusion et figure uniquement dans les deux prémisses. La majeure est la prémisse contenant
le terme majeur. La mineure contient le terme mineur. Le moyen terme sert de pont entre le grand terme et le petit terme, qu’on
appelle également les deux extrêmes.
Tout syllogisme est donc composé de trois propositions et de trois termes. Les trois propositions sont les deux
prémisses et la conclusion.
Les trois termes sont le petit extrême, le grand extrême et le moyen terme.
2. La forme canonique du syllogisme
moyen terme grand extrême

Majeure Tout homme est Mortel

petit terme moyen terme

Mineure Or tout Grec est Homme

petit terme grand extrême

Conclusion Donc tout Grec est Mortel

3. Figures du syllogisme

En fonction de la position qu’occupe le moyen terme dans le syllogisme, on distingue quatre figures du syllogisme.
La figure du syllogisme est la disposition concluante des trois termes qui jouent le rôle de sujets et de prédicats 21. Les figures
sont des structures sur lesquelles repose la valeur d’un syllogisme. Elles sont résumées par le vers mnémonique suivant

20
Cf. F. CHENIQUE, o.c., p. 204.
21
Cf. F. CHENIQUE, o.c., p. 213.
11
(lorsqu’on désigne le sujet ou subjectum par « sub » et le prédicat ou praedicatum par « prae ») : sub prae, tum prae prae, tum
sub sub, dénique prae sub. Ce vers nous apprend que dans la première figure, le moyen terme est sujet de la majeure et
prédicat de la mineure (su-pré). Dans la deuxième figure, le moyen terme est prédicat de deux prémisses (pré-pré).
Inversement, le moyen terme est sujet de deux prémisses dans la troisième figure (su-su). Dans la quatrième figure, le moyen
terme est prédicat de la majeure et sujet de la mineure (pré-su).
Ces figures se schématisent comme suit :

Ce schéma signifie, pour être explicite, que :


Dans la majeure Dans la mineure
Première figure Sujet Prédicat
Deuxième figure Prédicat Prédicat
Troisième figure Sujet Sujet
Quatrième figure Prédicat Sujet

N.B. La quatrième figure n’est pas à proprement parler une figure distincte. C’est une figure indirecte de la première figure,
qu’on obtient en intervertissant les prémisses de celle-ci.
4. Modes et formes de syllogisme
Dans la théorie du syllogisme catégorique, on tire une conclusion du type A, E, I ou O à partir des deux prémisses du
type A, E, I ou O. On appelle mode de syllogisme les combinaisons ou dispositions possibles de proposition A, E, I ou O à
partir desquelles une conclusion de la forme A, E, I ou O est possible. En d’autres termes, le mode du syllogisme est la
disposition concluante des prémisses selon la qualité et la quantité 22. Il existe donc deux cent cinquante-six modes possibles de
syllogisme.

Cela signifie qu’il y a 64 manières de ranger, avec répétitions, en une suite de trois éléments les lettres A, E, I et O. A
chacune de ces combinaisons correspond un mode. Par exemple à la suite de lettres EAE correspond un mode de syllogisme
dont la majeure est une E, la mineure une A et la conclusion une E. Il y a, ainsi, 64 modes par figure, soit 256 formes pour
l’ensemble des quatre figures.
Des ces modes, seuls vingt-quatre sont valides. Parmi les 24, nous n’allons retenir que 15 modes valables et
intéressants.

Première Fig Deuxième Fig. Troisième Fig. Quatrième Fig.


A-A-A E-A-E I-A-I A-E-E
E-A-E A-E-E A-I-I I-A-I
A-I-I E-I-0 0-A-0 E-I-0
E-I-0 A-0-0 E-I-0
A-A-I, E-A-0 A-E-0, E-A-0 A-A-I, E-A-0 A-E-0, E-A-0, A-A-I
Les modes fournissent les noms (formes). On identifie un syllogisme à partir d’un tel nom et de la figure. Le Moyen
Age a trouvé des mots savants (une technique mnémonique) à même de nommer les syllogismes à partir des vers latins,
désignant des syllogismes qui appartiennent à des figures spécifiques. Les voici :
Première figure Deuxième figure Troisième figure Quatrième figure
Barbara Cesare Disamis Calemes
Celarent Camestres Datisi Dimatis
Darii Festino Bocardo Fresison
Ferio Baroco Ferison
AAI, EAO AEO, EAO AAI, EAO AEO, EAO, AAI

Pour déterminer la forme d’un syllogisme, il faut déterminer son mode et sa figure.
Ainsi, lorsque je rencontre le syllogisme suivant :
Aucun M n’est P

22
Cf. F. CHENIQUE, o.c., p. 215.
12
Or tout S est M
Donc aucun S n’est P
Je reconnais que son mode est EAE (type et ordre des propositions) et sa figure : la première figure (place du moyen terme). Il
s’agit d’un Celarent (forme).

To t Tout M est P Aucun P n’est M


Or quelque M est S Or quelque M est S
Donc quelque S est P Donc quelque S n’est pas P
Est un Datisi Est un Fresison

Tout P est M Tout M est P


Or quelque S n’est pas M Or tout M est S
Donc quelque S n’est pas P Donc quelque S est P
Est un Baroco Est un Darapti

Ces quelques notions étant clarifiées, nous sommes à mesure d’aborder la démonstration de ces formes valides de
syllogisme. Il existe deux méthodes de démonstration. L’une est sémantique ; elle s’appuie sur les huit règles du syllogisme.
L’autre est syntaxique ou axiomatique. On l’appelle aussi méthode de réduction. Elle consiste à ramener les autres syllogismes
aux quatre syllogismes de la première règle moyennant l’application de certaines règles. Nous examinons seulement, dans le
cadre de ce cours, la méthode sémantique.
4. Méthode sémantique
La démonstration sémantique part des huit règles : les quatre premières règles concernent les termes et quatre autres
les propositions.
 Règles des termes
1. Le syllogisme doit avoir trois termes (sous-entendu chaque terme doit garder le même sens).
Ex1. Le président de la France est élu après cinq ans
Or François Hollande est le président de la France
Donc François est élu après cinq ans
Ce syllogisme est incorrect. Le moyen terme dans la majeure (le président de la France) renvoie à un individu. Par contre, le
moyen terme dans la mineure (le président de la France) exprime la fonction. Cela fait que le syllogisme a quatre termes.
Ex 2. Tout homme est une espèce
Or Jean est un homme
Donc Jean est une espèce
C’est un syllogisme incorrect. « Homme » n’a pas le même sens dans la majeure et dans la mineure.
2. Le moyen terme ne doit jamais être repris dans la conclusion
Ex. Tout Kinois est congolais
Or tout Congolais est africain
Donc tout Congolais est kinois
C’est un syllogisme incorrect.
3. Aucun terme ne doit avoir plus d’extension dans la conclusion que dans les prémisses
Ex. Le coq chante
Or le coq est un ovipare
Donc les ovipares chantent
4. Le moyen terme doit universel une fois au moins
Ex. Certains produits vénéneux sont nuisibles
Or ces champignons sont des produits vénéneux
Donc ces champignons sont nuisibles
Ce syllogisme est incorrect, puisque le moyen terme « produits vénéneux » est particulier dans les deux prémisses.

Règle des propositions


5. De deux propositions négatives, on ne peut rien conclure.
Ex. Aucune sorcière n’est aimable
Or aucune mère n’est une sorcière
Donc certains fruits ne sont pas dangereux.
Ce syllogisme est incorrect.
6. De deux prémisses particulières, on ne peut rien conclure.
Ex. Certains puissants ne sont pas miséricordieux
Or certains enfants ne sont pas puissants
Donc certains enfants ne sont pas miséricordieux
C’est un syllogisme incorrect.
13
7. Deux prémisses affirmatives ne donnent pas de conclusion négative.
Ex. Toute plante est verte
Or la pelouse est une plante
Donc la pelouse n’est pas verte
Ce raisonnement n’est pas valide
8. La conclusion suit toujours la prémisse la plus faible
Ex. Tout Kinois est congolais
Or aucun Congolais n’est allé à la lune
Donc tous les Kinois sont allés à la lune
Ce syllogisme est incorrect.
Jusqu’ici nous avons vu les raisonnements qui pèchent contre les 8 règles ainsi énoncées. Voici maintenant un
raisonnement qui obéit à ces règles:
Tout homme est mortel
Or Jacques est un homme
Donc Jacques est mortel
3.2.2.2. Syllogismes composés23
Les syllogismes composés sont des syllogismes dont la majeure est une proposition composée. Nous regroupons sous
ce titre, les syllogismes suivants : le syllogisme conditionnel ou hypothétique (l’implication), le syllogisme conjonctif ou
l’incompatibilité, le syllogisme disjonctif inclusif, le syllogisme disjonctif exclusif ou l’alternative, le syllogisme
biconditionnel ou l’équivalence et le syllogisme hypothético-déductif ou le dilemme.
1. Le syllogisme hypothétique ou conditionnel (l’implication)
Le syllogisme hypothétique ou conditionnel (ou proposition conditionnelle) énonce une relation entre deux propositions de
telle sorte que la seconde découle de la première : « S’il pleut, je prends mon parapluie ». C’est en fait un syllogisme où la
majeure (appelée antécédent) est une proposition conditionnelle et où la mineure (conséquent) vient affirmer ou nier la
condition posée par la majeure. Sans entrer dans les détails historiques, retenons simplement que ce sont surtout les stoïciens
qui l’ont étudié et de manière générale, il repose sur l’implication. Dans une implication, l’antécédent est la condition
suffisante du conséquent et le conséquent est une condition nécessaire de l’antécédent. La structure ou la forme d’un
syllogisme conditionnel ou de l’implication est la suivante : Si…, alors…Seuls les modes ponendo ponens et tellendo tollens
sont valables comme modes de déduction.
Le mode ponendo ponens signifie que, en posant l’antécédent, on pose le conséquent. Le mode tollendo tollens veut
dire qu’en niant le conséquent dans la majeure, on nie l’antécédent dans la conclusion. L’application de ces deux modes dans
le sens inverse génère des syllogismes ou raisonnements incorrects.

Règle : de la vérité de l’antécédent découle nécessairement la vérité du


conséquent, mais non l’inverse ; de la fausseté du conséquent découle la
fausseté de l’antécédent, mais
non l’inverse.

Ex. A l’aide de la majeure suivante « Si le chat fait irruption, alors les souris disparaissent », générez deux syllogismes
conditionnels corrects.
Réponses :
a. Si le chat fait irruption, alors les souris disparaissent
Or le chat fait irruption
Donc les souris disparaissent
Ponendo ponens

b. Si le chat fait irruption, les souris disparaissent


Or les souris ne disparaissent pas
Donc le chat n’a pas fait irruption
Tollendo tollens
N.B. Les autres déductions qui n’obéissent pas à ces deux modes (ponendo ponens et tollendo tollens) ne sont pas correctes.
2. Le syllogisme conjonctif ou l’incompatibilité
Le syllogisme conjonctif ou l’incompatibilité est un raisonnement consistant à exclure la possibilité que deux
arguments aboutissent à une conclusion acceptable simultanément. A ce titre, le qualificatif « conjonctif » est inapproprié. Il
s’agit, en fait, de la négation de la conjonctif. C’est la raison pour laquelle il est plus approprié de nommer ce raisonnement
« incompatibilité ».
Règle: Pour qu’une incompatibilité ou proposition copulative
Soit fausse, il suffit que l’une des propositions soit fausse.

23
Cf. J. TRICOT, Traité de logique formelle, Paris, Vrin, 1996, p.143.
14
L’incompatibilité est valide, lorsqu’en posant l’un des arguments, on nie l’autre. De ce fait, le seul mode valide pour
une incompatibilité valide est le ponendo tollens (qui veut dire : en posant un des arguments dans la majeure, on nie l’autre
dans la conclusion).
Ex. A l’aide de la majeure suivante, déduisez deux incompatibilités valides.
« Il n’est pas vrai que le gouvernement manipule le taux de change pour que la croissance augmente ».
a.Il n’est pas vrai que le gouvernement manipule le taux de change pour que la croissance augmente.
Or le gouvernement manipule le taux de change.
Donc la croissance n’augmente pas.
b.Il n’est pas vrai que le gouvernement manipule le taux de change pour que la croissance augmente.
Or la croissance augmente
Donc le gouvernement ne manipule pas le taux de change.
Par contre, les déductions suivantes ne sont pas correctes.
a’. Il n’est pas vrai que le gouvernement manipule le taux de change pour que la croissance augmente
Or le gouvernement ne manipule pas le taux de change
Donc la croissance augmente
b’. Il n’est pas vrai que le gouvernement manipule le taux de change pour que la croissance augmente
Or la croissance n’augmente pas.
Donc le gouvernement manipule le taux de change.
3. Le syllogisme disjonctif inclusif
Lorsque deux raisonnements sont rattachés par la conjonction « ou » signifiant « et/ou » = Ou non exclusif, équivalent en latin
au « vel », on affaire à une disjonction inclusive.
Règle : La disjonction non exclusive est fausse si les deux
arguments (ou propositions simples) sont faux (fausses) ensemble.
Le raisonnement y afférent est un syllogisme disjonctif inclusif. Pour qu’il soit valide, il doit obéir au mode tollendo ponens
(qui signifie : en niant un des arguments, on pause l’autre). Et à cause de deux arguments constitutifs de sa majeure, on peut en
déduire deux syllogismes disjonctifs inclusifs corrects.
Ex. Soit la majeure suivante : « Pierre est avocat ou professeur ». Déduisez-en deux syllogismes disjonctifs corrects.
Rép.
a. Pierre est avocat ou professeur
Or Pierre n’est pas avocat
Donc Pierre est professeur
b. Pierre est avocat ou professeur
Or Pierre n’est pas professeur
Donc Pierre est avocat.
Par contre, les syllogismes :
a’. Pierre est avocat ou professeur
Or Pierre est avocat
Donc Pierre n’est pas professeur
Et
b’. Pierre est avocat ou professeur
Or Pierre est professeur
Donc Pierre n’est pas avocat
ne sont pas corrects, car ces deux déductions ne respectent le mode tollendo ponens.
3. Le syllogisme disjonctif exclusif ou l’alternative
L’alternative est un raisonnement constitué des deux arguments s’excluant l’un et l’autre, tel qu’en posant l’un on doit
nier l’autre et en niant l’un on doit poser l’autre, et vice versa.
Règle: La disjonction exclusive est fausse si les deux
arguments (ou propositions simples) sont vrais (vraies) ou faux (fausses) ensemble.
Les deux modes valides de la disjonction exclusive sont le ponendo tollens et le tollendo ponens. En les appliquant, on obtient
les quatre raisonnements valides suivants, à partir de la majeure : « Ou il pleut, ou il ne pleut pas ».
a. Ou il pleut, ou il ne pleut pas
Or il pleut
Donc il n’est pas vrai qu’il ne pleut pas.
(Ponendo tollens)
b. Ou il pleut, ou il ne pleut pas
Or il ne pleut pas
Donc il n’est pas vrai qu’il pleut.
(Ponendo tollens)
15
a. Ou il pleut, ou il ne pleut pas
Or il n’est pas vrai qu’il pleut
Donc il ne pleut pas
(Tollendo ponens)
b. Ou il pleut, ou il ne pleut pas
Or il n’est pas vrai qu’il ne pleut pas
Donc il pleut
(Tollendo tollens).
5. Le syllogisme biconditionnel
Le syllogisme biconditionnel est la conjonction d’un syllogisme conditionnel et de sa converse. Dans cette optique,
chaque élément est la condition nécessaire et suffisante de l’autre, dans la mesure où chacun est l’antécédent et le conséquent
de l’autre.
Règle: Le syllogisme biconditionnel (ou l’équivalence) est correct si les
deux arguments (ou propositions simples) ont la même valeur de vérité.

Pour générer un syllogisme biconditionnel correct, les modes ponendo ponens et tollendo tollens sont les seuls valables. Grâce
à ces deux modes, on peut générer quatre syllogismes biconditionnels corrects.
Illustration
Considérons la majeure suivante : « Il réussira si et seulement s’il étudie »
Les quatre syllogismes biconditionnels sous-jacents sont :

a. Il réussira si et seulement s’il étudie


Or il réussit
Donc il a étudié
(Ponendo ponens)
b. Il réussira si et seulement s’il étudie
Or il étudie
Donc il réussira
(Ponendo ponens)
a. Il réussira si et seulement s’il étudie
Or il ne réussit pas
Donc il n’a pas étudié
(Tollendo tollens)
b. Il réussira si et seulement s’il étudie
Or il n’étudie pas
Donc il ne réussira pas
(Tollendo tollens)
3.2.2.3. Les autres formes de syllogisme
1. Le dilemme
Le dilemme est, globalement, un raisonnement dans la forme d’une alternative contenant deux propositions
contradictoires entre lesquelles on est mis en demeure de choisir. Plus techniquement, le dilemme est donc un syllogisme dont
la majeure est la conjonction des deux conditionnels et la mineure une alternative.
Comme illustration, reprenons l’exemple du litige opposant dans l’Antiquité le philosophe Protagoras à son élève
Eulathus. Protagoras, qui enseignait l’art de plaider, a accepté de former Eulathus dans l’art de plaider sans frais, à moins qu’il
admette de le payer le jour où il gagnerait son procès. Malheureusement, Eulathus ne put plaider une cause au bout de sa
formation. Lassé d’attendre, Protagoras lui intenta un procès en ces termes :
Si Eulathus perd ce procès, il doit me payer à cause du jugement.
Si Eulathus gagne ce procès, il me payera également, à cause de notre contrat.
Eulathus perdra ou gagnera ce procès.
Donc il me payera.
Voici l’objection d’Eulathus : si je perds le procès, je ne paierai rien, vu notre contrat ; si je gagne le procès, je ne payerai rien,
vu le jugement. Je perdrai ou gagnerai le procès, donc je ne paierai rien.
2. Les syllogismes spéciaux
Il y a des syllogismes qui ne sont ni catégoriques, ni composés. On les appelle « syllogismes spéciaux ». Parmi ces
syllogismes, on compte le polysyllogisme, le sorite aristotélicien, l’épichérème, l’enthymème, etc.
1. Le polysyllogisme

16
Le polysyllogisme est un syllogisme composé de plusieurs syllogismes, où la conclusion de chaque prémisse
intermédiaire (ou de l’une) sert de prémisse pour le syllogisme suivant.
Ex. Tous les animaux sont mortels
Or les hommes sont des animaux
Donc les hommes sont mortels
Or les congolais sont des hommes
Donc les congolais sont mortels
Or les Bakongo sont des congolais
Donc les Bakongo sont mortels
2. Le sorite aristotélicien
A côté du sorite aristotélicien, les logiciens parlent du sorite goclénien qui procède par un réemploi du sujet de la
première prémisse comme prédicat de la seconde et qui unit donc le sujet final au prédicat initial.
Le sorite aristotélicien est caractérisé par l’accumulation des prémisses dans lesquelles le prédicat de la première
devient le sujet de la suivante et ainsi de suite.
Ex. La souris est dans le fromage
Le fromage est dans la boîte
La boîte est dans l’armoire
Donc la souris est dans l’armoire.
Ici comme ailleurs la valeur du sorite dépend de la bonne conséquence et des différents arguments employés. Des erreurs sont
donc possibles.
3. L’épichérème
L’épichérème est un syllogisme dont chacune des prémisses est accompagnée d’une justification.
Ex. Un pays désertique ne peut nourrir une grande population
Or le Sahel devient un pays désertique, car pendant trois ans il n’y a plus eu des pluies
Donc le Sahel ne peut nourrir une grande population.
3.3. Les sophismes ou erreurs de raisonnement24
Le terme sophisme désigne un argument valide en apparence, mais en réalité non concluant, qu’on avance pour faire
allusion ou tromper sciemment l’adversaire. C’est donc la forme du raisonnement qui est en jeu.
Le sophisme désigne également un argument qui, partant de prémisses vraies, ou jugées telles, aboutit à une conclusion
inadmissible, mais qui semble conforme aux règles formelles du raisonnement, et qu’on ne sait comment réfuter. Ici, c’est la
matière du raisonnement que l’on utilise pour tromper l’adversaire.
Toutes les règles vues nous donnent le cadre d’un raisonnement cohérent. Le mauvais raisonnement est alors celui qui pèche
contre l’une ou l’autre de ces règles. Lorsqu’on mauvais raisonnement est fait dans l’intention de tromper autrui, on parle de
sophisme ou de fallacie. Lorsque l’intention de tromper n’est pas explicite, le mauvais raisonnement est appelé paralogisme.
On distingue deux sortes d’erreurs de raisonnement :
 celles sui portent sur les propositions et le mot ;
 celles qui portent sur le raisonnement.
3.3.1. Les erreurs sur le mot et les propositions
Ces erreurs découlent souvent soit de l’équivocité (équivocation) de mot, soit de l’amphibologie ou ambiguïté. Un
sophisme est fondé sur l’équivoque lorsqu’un terme change de sens ou de propriété au cours du raisonnement. Et
l’amphibologie est une ambiguïté qui porte sur une tournure d’une phrase. Voici deux exemples qui illustrent cela : le premier
se rapporte à l’équivocation et le second à l’amphibologie.
Ex. 1. La fin d’une chose marque sa perfection
Or la mort est la fin de la vie
Donc la mort marque la perfection de la vie
Ex. 2 : Le roi Crésus allant en guerre contre le Roi Cyrus consulte l’oracle et ce dernier lui dira : Crésus détruira un
grand royaume et à son retour du combat, après une cuisante défaite, Crésus s’en prendre à l’oracle et lui dira effectivement
Crésus détruira un grand royaume (le sien).
Ou encore : Ce qui est à Voltaire est à Voltaire
Ton exemplaire de « Candide » est de Voltaire
Donc il est à Voltaire
- La fallacie (erreur) d’accentuation qui consiste à grossir l’extension d’un terme ou à changer le sens d’un mot : confondre
« patte » et « pate », « tache » et « tâche » ; ou dire : Je ne vis que pour vous.
- La fallacie de la composition : elle consiste à passer indûment de la propriété des éléments à la propriété de tout.
Les enfants indisciplinés ne font rien de bon
Einstein était un enfant indiscipliné
Einstein n’a rien fait de bon

24
Cf. F. CHENIQUE, o.c., p. 285-289.
17
- L’erreur provenant d’une similitude de forme du langage : il arrive que deux propositions semblent être différentes alors
qu’elles sont en fait différentes.
Tu manges la viande que tu as achetée
Tu as acheté de la viande crue
Tu manges de la viande crue
3.3.2. Les erreurs sur le raisonnement
- La pétition de principe ou cercle vicieux : prouver une proposition par une autre, et cette autre par la première, c’est-à-
dire donner comme preuve ce qui devrait être prouvé.
Ex. : Si on interroge un scolastique devrait-il de temps en temps sortir du couvent et qu’il répond : parce que je ne dois pas tout
le temps rester au couvent.
- Argumentum ad baculum (argument d’autorité) : il consiste à prouver la valeur d’un raisonnement non par à partir de
sa cohérence, mais par la force de la loi ou de la tradition, ou de la personne qui émet le raisonnement.
Ex. : La RDC est un pays démocratique parce que le président l’a dit.
- Argumentum ad hominem : il consiste à s’en prendre à la personne qui émet l’argument.
- Arguementum ad misericordiam : C’est un raisonnement qui consiste à vouloir apitoyer son auditoire.
Ex. : un avocat qui épuise ses arguments et qui fait appel à la pitié du juge.
- Argumentum ad populum : il consiste à vouloir émouvoir le peuple. C’est un argument souvent utilisé chez les
propagandistes.
- Argumentum ad verecundiam : c’est un argument d’autorité déplacée, c’est-à-dire se référer à une autorité en sortant
du contexte.
Ex. : Invoquer Sartre pour l’immortalité de l’âme.
- Généralisation hâtive : c’est une induction faite à la hâte.
- La fallacie de la question complexe : c’est une erreur de raisonnement qui consiste à surprendre quelqu’un par une
question qui en contient d’autres sur lesquelles on désire avoir l’avis de l’interlocuteur (pour ne pas le blesser).

18
QUELQUES EXERCICES DE LOGIQUE

1. Etablissez une différence entre :


a. le syllogisme catégorique et le syllogisme composé.
b. la logique formelle et la logique matérielle.
2. Que savez-vous de principes fondamentaux de la logique ?
3. Qu’entend-on par :
a. concept
b. proposition
c. jugement
d. inférences immédiates
e. raisonnement
f. copule
g. moyen terme
4. Quelle est l’expression verbale ou linguistique de la (du) :
a. jugement
b. concept
5. Effectuez une conversion parfaite sur les propositions suivantes :
a. Aucun ange n’est homme
b. Quelques saints sont des hommes
c. Certaines femmes ne sont pas jalouses
d. Tous les étudiants de l’ISIC sont polis
6. Opérez une conversion imparfaite sur les propositions :
a. Aucun professeur n’est corrompu
b. Toutes les femmes sont jalouses
c. Quelques intelligents ne sont pas bêtes
d. Les étudiants sont contents
7. Comment reconnaît-on la quantité du prédicat d’une proposition ? Que dit la règle à ce propos ?
8. A l’aide de la majeure suivante, déduisez deux raisonnements corrects, tout en vous justifiant :
« Si le feu est rouge, alors les entrées sont interdites »

9. Tout en vous justifiant, dites si les syllogismes suivants sont corrects ou non.
A). Tout homme est pécheur
Or aucun ange n’est homme
Donc aucun ange n’est pécheur
B). Le lion rode dans la brousse
Or Makengo est un lion
Donc Makengo rode dans la brousse

C). Ou il peut, ou il ne pleut pas. Or il pleut. Donc il ne pleut pas.


D). Pierre est avocat ou professeur. Or Pierre est avocat. Donc Pierre n’est pas professeur.
E) Aucun dieu n’est mortel
Or certains hommes sont des dieux
Donc certains dieux ne sont pas des hommes

F) Toute fleur est silencieuse


Or certaines fleurs ne sont pas odorantes
Donc certaines plantes odorantes ne sont pas silencieuses

G) Ce qui est rare est cher


Or un cheval à 5 francs est rare
Donc un cheval à 5 francs est cher
H) Toute fleur est silencieuse
Or certaines fleurs ne sont pas odorantes
Donc certaines plantes odorantes ne sont pas silencieuses

11. A l’aide de la majeure suivante, déduisez deux raisonnements corrects, tout en vous justifiant :
« Il n’est pas vrai que le gouvernement jongle avec le taux de change pour que le coût de la vie s’améliore ».
b). Que veut dire : -le « mode ponendo ponens », le « mode tollendo tollens », le « mode ponendo tollens », le
« mode tollendo ponens »?
12. Quel (s) est (sont) le (s) mode (s) valable(s) pour le syllogisme conditionnel ou hypothétique, le syllogisme
conjonctif ou l’incompatibilité, le syllogisme disjonctif inclusif, le syllogisme disjonctif exclusif ?
13. Pouvez-vous parler des figures et de huit règles du syllogisme

19
14. Tout en vous justifiant, dites si les syllogismes suivants sont corrects ou non.
a. Les Belges sont européens
Or les Français ne sont pas belges
Donc les Français sont européens
b. Tout homme est faillible
Or aucun ange n’est homme
Donc aucun ange n’est faillible
c. Le président de la RDC est élu après cinq ans
Or Kabila est président de la RCD
Donc Kabila est élu après cinq ans
d.
Tout kinois est zaïrois
Or tout zaïrois est africain
Donc tout zaïrois est kinois
16. Donnez la proposition contradictoire, contraire, sous-contraire et subalterne de :
Aucun opposant ne soutient le régime dictatorial.
Quelques poisons sont des remèdes.
Jacques est prêtre.
17. Démontrez la validité des raisonnements en Darapti, Felapton, Disamis, Datisi Bocardo, Ferison, grâce à la méthode
axiomatique.
18. Dites si les raisonnements suivants sont corrects ou non, puis justifiez votre réponse.
a) Certains vétérinaires sont calmes
Or certains Belges sont vétérinaires
Donc certains Belges sont calmes
b) Tout agressif est à éviter
Or certains journalistes sont agressifs
Donc tous les journalistes sont à éviter
19. Donnez l’obverse des propositions suivantes :
Aucune rose n’est laide
Tout castor a une belle fourrure
Aucun vagabond n’aime la police
20. Donnez la contraposition des propositions suivantes :
Toutes les filles sont coquettes
Tous les dictateurs sont des psychopathes
Quelques canards ne sont pas des colverts
Quelques enfants sont gâtés
21. Indiquez pour chaque proposition le type A, E, I, O :
L’âne gratte l’âne
Tout ce qui brille n’est pas d’or
Peu d’hommes se corrigent leurs défauts
Défense d’afficher
Quelques canards ne sont pas de Barbarie
Le chat est gourmand
Nul n’est censé ignoré la loi.
22. Construisez les différentes propositions opposées (contraire, subcontraire, contradictoire, subalterne) aux propositions
suivantes considérées comme vraies, et déterminez leur vérité ou fausseté :
Tous les chiens ont quatre pattes
Peu d’hommes sont justes
Les apôtres étaient douze
Tous les animaux ne sont pas carnivores
Un malheur n’arrive jamais seul
Il y a de jolies filles à l’Université Rév.Kim
23. Indiquez, pour chacune des propositions suivantes :
le type A, E, I, O
Il n’y a pas de fumée sans feu
Que faire ?
Il est dangereux de se pencher au dehors
Toute vie est sacrée
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage.

20

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