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CHAPITRE I : LES CONCEPTIONS MODERNES DE


L’ÉCONOMIE

ENI Carthage
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Dans ce présent chapitre, nous commenterons deux définitions de la science
économique lesquelles vont nous permettre d’introduire progressivement des
concepts importants.

 La définition de Raymond Barre : Economiste et homme politique français


(1924-2007).Il est nommé professeur à la Faculté de droit et de sciences
économiques de Caen, mais ne rejoint pas son poste immédiatement et, pendant
quatre années, effectue des missions à l'Institut des hautes études de Tunis. Il
publie en 1959 un manuel d'économie qui restera longtemps utilisé par les
étudiants et qui est appelé familièrement Le Barre. Il devient ensuite professeur
d'économie à l'Institut d'études politiques de Paris, à la faculté de droit et de
sciences économiques de Paris, ainsi qu'à l'École centrale Paris. Après divers postes
ministériels, il est nommé le 25 août 1976, Premier ministre par le président
Giscard d'Estaing, Celui-ci, dit de lui qu'il est « l'un des meilleurs économistes de
France »
 La définition de Paul Samuelson Economiste américain (1915-2009).
Prix Nobel d'économie en 1970 et chef de file de l'école qu'il appela la « synthèse néo-
classique », qui entendait reprendre à son compte à la fois les théories de Keynes en
macroéconomie et les enseignements néoclassiques en microéconomie.
Paul Samuelson est avec John Hicks, considéré comme « le père » de la
microéconomie traditionnelle actuelle. Certains de ses pairs le considèrent comme le
plus grand économiste de tous les temps.

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La définition de Raymond Barre (1)
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 « La science économique est la science de l’administration des


ressources rares. Elle étudie les formes que prend le
comportement humain dans l’aménagement de ces ressources,
elle analyse et explique les modalités selon lesquelles un
individu ou une société affecte des moyens limités à la
satisfaction de besoins nombreux et illimités. »

 L’idée centrale de cette définition est la tension entre moyens


limités et besoins illimités. Il existe un problème de nature
économique dès que la rareté se manifeste et qu’il faut la gérer.
La rareté implique la recherche de l’efficacité dans
l’utilisation des ressources et conduit à s’interroger sur le
caractère illimité des besoins.

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1. Notion de ressources rares (ou encore appelées


facteurs de production)
Elles sont classées en trois grandes catégories :

 la terre (toutes les ressources naturelles : ressources de l’agriculture,


ressources minières, ressources de la mer, énergie solaire, etc.) ;

 le travail : le labeur humain. Ce bien n’est pas homogène car il recouvre


des formes différentes de compétences (travail intellectuel, travail
physique), (qualifié, non qualifié) ;

 le capital (ici au sens strict) comprend à la fois un stock de biens de


production (des machines, des biens d’équipement), des biens
intermédiaires (destinés à être transformés en d’autres biens, comme le
blé servant à produire du pain).

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1. Notion de ressources rares (ou encore appelées


facteurs de production)
 L’activité productrice résulte de la combinaison de ces trois
facteurs. Par exemple, la production de blé nécessite une terre, des
machines agricoles et des travailleurs pour faire fonctionner ces
machines.

 La constitution de capital tend à remplacer ou à rendre plus efficace le


travail manuel et permet d’élever le niveau de production des biens ; elle
accroît la productivité du travail, c’est-à-dire son efficacité.

 Le capital se déprécie. La dépréciation peut avoir deux causes : l’usure


(dégradation physique liée au temps et à l’utilisation des biens capitaux)
et l’obsolescence (dégradation économique des biens capitaux liée à
l’invention de nouveaux équipements déclassant les précédents). La
dépréciation se mesure par l’amortissement.

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2. Notion de besoins illimites


La notion de besoin est fondamentale en économie. Si l’homme n’avait
aucun besoin, il n’y aurait pas de problème économique. Le concept de
besoin recouvre deux notions :

 des besoins d’ordre physiologiques (se nourrir, se vêtir, se loger…).


Ils ne sont pas nécessairement des besoins économiques car sont
économiques que les besoins qui se traduisent par une tension portant sur
des objets rares (tant que l’air n’est pas rare, respirer n’est pas un besoin
économique et l’air n’est pas un bien économique). Pour les économistes
classiques, le besoin d’eau n’était pas un besoin économique, car cette
ressource semblait exister en quantité illimitée. Aujourd’hui, satisfaire le
besoin d’eau des individus est coûteux, car l’eau potable est devenue rare ;

 des besoins qualifiés de « superflus » dans la mesure ou leur


satisfaction n’est pas vitale pour les individus (le besoin de lecture, le besoin
de pratiquer une activité sportive, etc.).

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2. Notion de besoins illimites


 La distinction entre ces deux types de besoins n’est pas claire car les
besoins des individus changent de nature avec l’évolution des sociétés
dans le temps. Par ailleurs, lorsqu’un individu satisfait un besoin vital,
il satisfait à la fois une contrainte vitale et des contraintes sociales.

 Les besoins économiques sont illimités. Les hommes


recherchent sans cesse de nouvelles satisfactions. C’est ainsi que
lorsque les besoins alimentaires sont satisfaits, de nouveaux besoins
sont ressentis (besoins culturels : voyages…, besoins de
divertissement). Par ailleurs, certaines activités créent de nouveaux
besoins.

 Exemple : la façon que l’on a de s’habiller traduit à la fois une


nécessité vitale (se protéger du froid ou de la chaleur) et des éléments
de superflu (soigner son apparence).
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3. Notion d’efficacité dans l’utilisation des


ressources
 Si les besoins sont illimités et les moyens limités, il est nécessaire
d’employer les ressources de façon à ce qu’il n’y ait pas de
gaspillage. En science économique, on dit qu’une organisation
économique est efficace lorsqu’il n’est pas possible, étant
données les ressources disponibles, d’augmenter la
production d’un bien (ou service) sans diminuer celle d’au-
moins un autre bien (service).

 Supposons que nous avons des combinaisons productives de 2 biens


X et Y. Une combinaison est efficace s’il est impossible de produire
davantage de X sans produire moins de Y ou de produire davantage
de Y sans produire moins de X. Les combinaisons efficaces
correspondent à des points situés sur une courbe appelée frontière
des possibilités de production .

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3. Notion d’efficacité dans l’utilisation des


ressources
 Tous les points qui se trouvent sur la frontière de production sont
des combinaisons de quantités de X et de Y qui utilisent toutes les
ressources de l’économie. Les points situés au-dessus de la courbe
correspondent à des combinaisons irréalisables, par manque de
ressources. Ceux situés à l’intérieur de la zone grisée sont réalisables,
mais inefficaces car elles n’utilisent pas toutes les ressources
disponibles. Le but d’une organisation économique efficace
est d’être à la frontière des possibilités de production. (voir
Lecture 4 FPP).

 La courbe des possibilités de production est une notion


économique qui permet de déterminer si les ressources sont utilisées
de manière efficace ou non, c’est à dire rationnellement.

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3. Notion d’efficacité dans l’utilisation des ressources


La croissance économique s’explique par :

 une augmentation quantitative du facteur travail et du facteur capital


mobilisés pour produire : Croissance extensive

 L’amélioration de la productivité globale des facteurs (PGF), c’est à dire


le progrès technologique : Croissance intensive. En effet, Le progrès
technique (à travers les innovations) aura pour effet de déplacer la
frontière des possibilités de production. De plus, la croissance produit de
la croissance, c’est un processus auto-entretenu.

La croissance résulte d’une hausse des facteurs ou


d’une hausse de la PGF, c’est un processus auto-
entretenu

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 « L’économie est l’étude de la façon dont l’homme et la société


choisissent, avec ou sans recours à la monnaie, d’employer des
ressources productives rares qui sont susceptibles d’emplois
alternatifs, pour produire divers biens (ou services) et les
distribuer en vue de la consommation présente ou future des
différents individus et groupes qui constituent la société. »

 Cette définition introduit de nouvelles notions :


monnaie, emplois alternatifs, consommation présente et future,
biens économiques, production et distribution.

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1. Notion de Monnaie
 Sans recours à la monnaie, l’économie fonctionne sur la base de
troc. L’autoproduction et l’autoconsommation, dans une
économie familiale ou domaniale fermée s’estompent au profit de
l’échange. Les êtres humains et les espaces économiques vont se
spécialiser chacun dans un nombre limité d’activités différentes
pour augmenter la richesse globale.

 Cette division du travail suscite le développement des


échanges et, par là même, la création d’un instrument destiné à les
faciliter. L’invention de la monnaie répond à ce besoin ;
elle est utilisée comme instrument des échanges entre les
individus ou les nations. La monnaie n’est une richesse
qu’en tant qu’instrument accepté par la société pour
obtenir des biens et des services.

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2. Notion d’emplois alternatifs


 Les ressources peuvent être utilisées de façons très diverses.
Comme la quantité disponible de ressources est limitée, celles-ci
doivent être utilisées de la façon la plus efficace possible. Lorsque
l’on se situe sur la frontière des possibilités de production (c’est-à-
dire l’organisation est efficace), un arbitrage doit être fait
entre produire davantage d’un bien et moins d’un autre
et réciproquement. Ainsi, produire plus du bien X impliquera
produire moins du bien Y et vice versa.

 Par ailleurs, et à titre d’exemple, si un entrepreneur décide de se


lancer dans la production de X, il renonce aux revenus que
pourrait lui procurer la production de Y. Ceci renvoie à la notion
de coût d’opportunité ou encore appelé coût de
renonciation. (voir Lecture 4 FPP)

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3. Notion de consommation présente et future

 Les sociétés peuvent renoncer à la consommation immédiate


pour consacrer une partie de leurs ressources à la création de
biens destinés à produire ultérieurement d’autres biens.

 Les sociétés épargnent des ressources, c’est-à-dire renoncent à


les consommer immédiatement en vue de la constitution de
capital (investissement). L’allocation des ressources entre la
consommation présente et la constitution d’un capital –donc
l’investissement- (via l’épargne) dépend d’un prix particulier :
le taux d’intérêt.

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4. Notion de biens économiques


 Les biens économiques (matériels ou immatériels) sont les moyens qui
permettent de satisfaire les besoins. Les biens matériels (biens tangibles,
réels ou concrets) peuvent être stockés. Les biens immatériels encore
appelés les services sont des biens dont la production et la consommation
sont simultanées ; ils ne sont pas stockables de ce fait.

 Les biens économiques sont produits avec des ressources rares


(temps et efforts entre autre) et répondent à un besoin. Ils se
définissent par opposition aux biens libres dont l’abondance est telle qu’ils ne
sont pas épuisables par la consommation. Ces derniers non produits par
l’être humain sont gratuits (air, eau…).

 Chaque bien économique présente une utilité qui se caractérise par sa


subjectivité (l’appréciation d’un bien varie selon les individus), sa
dépendance de la quantité de ce bien et de l’intensité du besoin à satisfaire, la
nécessité de l’aborder du point de vue de la collectivité, en plus du point de
vue de l’individu.

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5. Notion de production

 Joseph Schumpeter (1883-1950) distingue le gestionnaire, dont le


but est, à partir des ressources existantes, de se livrer à une activité
productive efficace, de l’entrepreneur qui est innovateur et
créateur.

 Schumpeter décrit la croissance économique comme un


processus permanent de destruction et de restructuration
des activités lié au caractère discontinu des innovations
(de produits, de procédés, de marchés, etc.)

 Il ne faut pas confondre l’invention, qui est une découverte


(machine à vapeur, microprocesseur, etc.) et son application
économique, au sein d’une entreprise, que l’on nomme innovation.
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6. Notion de distribution

 Il s’agit de faire en sorte que les biens produits se retrouvent


au bout d’une chaîne d’activité entre les mains de ceux qui
vont les utiliser soit pour la consommation immédiate, soit
pour la consommation future.

 La distribution concerne l’organisation des marchés et du


commerce.

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