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1ère année BTS CG Matière : Management Prof : EL-OUARDY Samir

Grands principes de la science économique

CONTEXTE

L’inévitable rareté des ressources

Tout le monde a fait cette simple (et pénible) expérience : vous vous promenez dans un magasin, un
produit vous attire. Vous le voulez. Vous passez mentalement en revue le contenu de votre
portefeuille ou de votre compte en banque. Trop cher. Vous passez votre chemin ou vous vous dites
« il faudra que je fasse des économies ».

« Faire des économies » c’est déjà « faire de l’économie ». C’est faire le premier pas dans
l’univers impitoyable de la rareté des ressources.

Car l’économie, qu’à juste titre Thomas Carlyle nommait la triste science, (the dismal science) n’est
que cela : la confrontation de l’homme avec des ressources insuffisantes pour satisfaire ses besoins.

Depuis que l’homme est homme le problème économique se pose à lui de manière incontournable.
Vivre, manger, se protéger. Tout se paye, par l’effort ou par l’argent qui n’est que de l’effort passé.
Existe-t-il une évidence plus immédiate que celle de la malédiction économique ? Les animaux de
toute espèce ne sont-ils pas, dans toute leur sincérité de bêtes, l’image même de cette lutte pour la
vie qu’est en définitive l’économie ? La bête famélique cherchant une pitance n’est en rien différente
de l’homme harassé courant à sa tâche. Car, comme l’attestent les textes sacrés, tel est notre destin
commun. « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ».

Sur terre la gratuité n’est pas de mise depuis qu’Adam et Eve ont été chassés du paradis terrestre et
chaque satisfaction semble devoir se payer de cette unique manière. Les économistes ont donné un
nom à la malédiction : la rareté. Voilà le concept de base de l’économie, et il est bien simple : Il n’y
a pas sur terre, à l’état de nature, assez de biens, de ressources, pour satisfaire suffisamment tous
les besoins des hommes.

• Quel est l’objet d’étude de la science économique ?


• Pourquoi les choix économiques sont-ils indispensables ?
• Comment les ressources sont-elles allouées par les agents économiques dans un contexte
de rareté ?

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I. La problématique de la rareté

A. Des ressources limitées


1. La variété des ressources

Les ressources sont les moyens matériels ou immatériels qui permettent de satisfaire les besoins des agents
économiques.

Telles qu’analysées par les économistes, les ressources sont multiples (tab. 1.1).

Tableau 1.1. Types de ressources

Ressources Ensemble de biens physiques, tangibles (ex. : équipement ou capital technique fixe, outils
matérielles de production, terrains, immeubles, robots)

• Pas d’existence physique, éléments intangibles (ex. : capital humain, connaissances,


Ressources brevets, marques, services)
immatérielles • Ressources humaines : main-d’œuvre disponible appréciée tant en termes quantitatifs
(nombre d’heures de travail disponible) que qualitatifs (qualifications, compétences)

Diverses ressources minérales ou biologiques nécessaires à la vie de l’homme et à ses activités


économiques :
Ressources
– Ressources naturelles non renouvelables (matières premières minérales)
naturelles
– Ressources naturelles renouvelables en principe, exploitables sans épuisement, en raison de
leur capacité à se régénérer en permanence (ex. : eau, forêts, pâturages, biodiversité)

Sommes d’argent ou capitaux financiers disponibles pour assurer le financement des activités
Ressources
économiques (ex. : apport initial des actionnaires, autofinancement, financement bancaire,
financières
crowdfunding, recours aux marchés financiers, aides et subventions)

2. La typologie des biens


Les ressources sont mobilisées et prennent la forme de biens, libres ou économiques, permettant la
satisfaction de besoins (tab. 1.2).

Tableau 1.2. Types de biens

Biens libres Biens économiques

Disponibles en abondance et gratuitement dans Rares (quantité limitée), destinés à satisfaire des besoins
la nature (ex. : air, soleil, eau de mer), ils ne humains, ils nécessitent un travail humain, un sacrifice :
nécessitent aucun « sacrifice » ni travail humain – biens de production (permettant de produire d’autres
biens)
– biens de consommation finale ou intermédiaire
– biens d’équipement

La plupart des biens sont de nature économique. La frontière entre les biens libres et les biens économiques
est floue ; certains biens collectifs ou libres, comme l’eau, peuvent faire l’objet d’un travail humain et d’une
marchandisation, devenant ainsi économiques.

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B. Des besoins illimités

Un besoin est un sentiment de manque que l’on cherche à satisfaire.

Selon Keynes (1883-1946), les besoins absolus, primaires, sont ressentis indépendamment de la
situation des autres individus, les besoins relatifs ou sociaux, étant éprouvés de manière secondaire,
au contact des autres.
Les besoins absolus sont dénombrables (quantité finie). En revanche, les besoins relatifs sont illimités ;
une fois satisfaits, ils donnent naissance à un autre. C’est d’ailleurs la thèse proposée par Abraham
Maslow dans les années 1950 à travers sa pyramide des besoins (fig. 1.1) qui hiérarchise l’ordre
d’apparition des catégories de besoin.

Besoin de se sentir responsable

Être connu et reconnu dans sa personne et dans son travail

Besoin d’appartenance à un groupe,

Être sûr que les besoins physiologiques seront satisfaits chaque jour

Boire, manger, se vêtir…

Figure 1.1. Pyramide des besoins de Maslow

II. La rareté des ressources et les nécessaires choix ou arbitrages économiques

Les ressources étant par définition limitées quand les besoins des agents économiques sont illimités, des
arbitrages doivent donc être opérés (tab. 1.3) :
• Face à un budget limité, les ménages arbitrent, dans un premier temps, entre consommation et
épargne. Leurs choix de consommation sont réalisés en fonction de leur priorité et des besoins qu’ils
cherchent à satisfaire (ex. : vacances ou achat d’un meuble).

• L’État et les collectivités territoriales s’interrogent sur les priorités compte tenu de recettes données
(ex. : augmenter les impôts ou réduire les dépenses ?).

• Les entreprises choisissent un système de production dépendant de leurs ressources (ex. : investir ou
accroître les dividendes des actionnaires et/ou augmenter les rémunérations des salariés ?). Il s’agit
notamment de trouver une adéquation entre les besoins quantitatifs et qualitatifs en personnel de
l’entreprise et la main-d’œuvre disponible sur le marché du travail (ex. : métiers « sous tension »
comme la comptabilité).

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Tableau 1.3. Confrontation des besoins des agents économiques et des


ressources disponibles

Besoins Biens

Vitaux/primaires Sociaux Économiques Libres

Quantité limitée Quantité illimitée Ressources rares Ressources abondantes

Rareté impliquant des choix économiques (arbitrages) des agents

Les enjeux et le positionnement de la science économique


Du grec oïkonomia (de oikos, maison, et nomos, gérer, administrer), l’économie et, par extension, la science
économique est une science sociale analysant les arbitrages des agents économiques en s’appuyant sur
deux méthodologies complémentaires : la microéconomie (comportement des individus) et la
macroéconomie (phénomènes globaux).

cation (répartition)
des ressources rares.

La science économique et ses différentes approches (tab. 1.4) visent notamment à répondre aux questions
« Quels biens faut-il produire ? », « Quelles quantités produire ? » et « Comment, pour qui ? »

Tableau 1.4. Approches de la science économique

Économie positive Économie normative

• Analyse des conséquences des différents arbitrages • Émission de recommandations et préconisations


économiques à destination des agents économiques
• Description et interprétation des mécanismes éco- • Approche subjective fluctuant en fonction
nomiques à l’œuvre des valeurs dominantes

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LES GRANDS COURANTS DE LA PENSEE ECONOMIQUE

A. Le courant classique

Le courant classique est apparu durant la révolution industrielle (XVII-XVIIIe siècle). Il est issu
de l’essor du capitalisme.

• Division du travail et la spécialisation

C’est Adam Smith au XVIIIe siècle qui a proposé l’idée de la division du travail et de
la spécialisation. Ceci permet d’accroître la productivité, car chaque personne effectue
une seule et unique tâche, ce qui engendre une plus grande richesse des nations.

• La loi des « débouchés »

Cette loi, proposée par J-B. Say indique que l’offre crée sa propre demande. En
conséquence, si la demande est présente, l’offre augmentera, et ainsi de suite. Dans un tel
cas de figure, il ne peut y avoir de crise.

• Le principe de la « main invisible »

Le principe de la main invisible implique que le marché, où s’effectue tous les


échanges entre agents économiques, est toujours en équilibre. Il existe une conciliation
entre l’intérêt personnel et l’intérêt général. Il s’agit donc de rechercher l’intérêt
personnel afin de contribuer à l’intérêt général.

• Le libéralisme économique

Le courant classique repose sur la libre entreprise : l’état ne doit pas intervenir dans
l’économie, et ne s’occuper que des tâches régaliennes (justice, police, armée). Adam
Smith : « Laisser faire, laisser passer ». Dans cette phrase, il prône également la libre
circulation des marchandises, pour favoriser le commerce.

B. Le Marxisme en économie

Le Marxisme est apparu au XIXe siècle et propose une vision de l’économie très différente de
celle des classiques. Le marxisme fait un bilan très négatif du système capitaliste, et considère qu’il
n’y a eu aucun progrès social avec les classiques, malgré les progrès technologiques.

• Théorie de la Valeur-Travail

La théorie de la Valeur-Travail dit que le travail donne de la valeur aux produits. La


valeur associée aux produits ne provient que du temps qui a été socialement mis en œuvre
pour les produire. Il s’agit d’un élément commun à toutes les marchandises dans l’échange.

• Plus-value et Exploitation

Dans l’idée des classiques, il y a une exploitation des travailleurs. Ils ne sont pas
rémunérés à leur juste valeur et en regard du travail qu’ils ont fourni. Il y a alors une plus-
value empochée par l’employeur capitaliste. L’appropriation de cette plus-value est le
fondement de l’exploitation.

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• La théorie des crises (ou la chute inexorable du capitalisme)

La concurrence entraîne l’élimination d’un certain nombre de personnes, se faisant


absorber par les plus grands groupes. Il se produit donc une concentration des différentes
firmes. Pour Marx, la force du capitalisme provient de la concurrence. S’il n’y a plus de
concurrence, ce qui risque d’arriver s’il y a monopole de certaines sociétés, le capitalisme
court à sa perte. Actuellement, cette prédiction ne s’est pas réalisée.

C. Le courant néo-classique (ou marginaliste)

Ce courant est apparu à la fin du XIXe siècle. Il a été mené par un franco-suisse WALRAS et un
anglais MARSHALL. Il prône un renouveau de pensée et une évolution du courant classique. Il apparaît
comme réponse au capitalisme et à l’essor des sciences.

• L’utilité marginale

L’économie doit évoluer et exploiter les nouveaux outils qui apparaissent, et notamment
les mathématiques avec le calcul différentiel. L’économie devient alors une annexe
mathématique.
On utilise une unité marginale : « Quelle est la dernière unité produite qui a apporté
satisfaction ? » et « Quelle est la satisfaction que procure la dernière unité consommée ? » afin
d’orienter les études économiques, ainsi que la production

• L’analyse micro-économique

Le courant néo-classique fait un premier pas dans l’analyse micro-économique en


étudiant les besoins individuels et non ceux des groupes.

• L’équilibre général

D’après les néo-classiques, si on laissait libre cours aux individus d’agir, on créé une offre
et une demande, avec un équilibre général sur les marchés et donc à la satisfaction de tous les
individus.

D. Le courant Keynésien

Le courant Keynésien est issu de John Maynard Keynes, dans les années 1930. Il a été étoffé
pendant la crise de 1929 aux Etats-Unis et en Europe, en raison du crash boursier. Cette crise a eu une
très grande envergure avec plus de 12 millions de chômeurs aux USA et 6 millions en Allemagne en 1933.
Hitler arrive au pouvoir en 1933, et pour faire face au chômage, il créé une armée constituée de
chômeurs.

• Analyse Macro-économique

Keynes créé l’analyse macro-économique, et analyse l’économie en termes de circuits


qui réunissent des acteurs économiques dans des marchés.

• L’intervention de l’état

Keynes pense que le marché ne peut pas s’équilibrer automatiquement et pense qu’il
ne faut pas lui laisser libre cours. Il estime qu’une intervention de l’état est nécessaire pour

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réguler l’économie : On parle alors de révolution Keynésienne. Seul l’état est capable
d’enrayer le chômage en relançant la demande.

QCM

Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.


1. L’eau est une ressource…
a. naturelle non renouvelable.
b. matérielle non renouvelable.
c. naturelle renouvelable.
2. Un bien libre…
a. nécessite du travail humain.
b. ne nécessite pas de travail humain.
c. est rare.
3. Un bien est rare quand sa quantité disponible est…
a. supérieure à la demande exprimée.
b. inférieure à la demande exprimée.
c. égale à la demande exprimée.
4. La science économique étudie les choix économiques dans un univers…
a. de rareté.
b. illimité.
c. contraint.
5. Les besoins primaires sont :
a. inhérents à la survie.
b. inhérents à la société.
c. présents en nombre limité.
6. Les arbitrages et choix économiques sont indispensables car :
a. les ressources sont rares.
b. les agents économiques ont des besoins illimités.
c. la plupart des biens dont nous disposons sont économiques.
d. la plupart des biens dont nous disposons sont libres.

Exercice d'application

La rareté des biens impose des choix

Précieuse, rare, vitale, l'eau est maltraitée, gaspillée, souillée. (...) Plus de 80 pays, qui abritent 40% de
la population mondiale, sont confrontés à des pénuries d'eau, qui mettent en danger leur agriculture,
leur industrie et la santé de leurs habitants. Un milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable,
et 80% des maladies des pays en développement ont pour origine une eau impropre à la consommation.

Le tableau est noir mais rien n'est encore joué. En y prenant garde, la ressource existe en quantité
suffisante pour les besoins de l'humanité. Mais surtout l'effort à fournir pour atteindre une desserte
correcte n'est pas hors de portée.

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De 1980 à 1990, les investissements se seraient élevés à 134 milliards de dollars, selon l'organisation
mondiale de la santé (OMS), et auraient fourni l'eau à plus de 1 milliard de personnes et l'assainissement
à plus de 750 millions... Selon eau potable suffisante dans le monde. la Banque mondiale, il faudrait
investir 600 milliards de dollars dans les dix années à venir pour fournir une desserte en Il faut sortir
d'une logique d'équipement pour entrer dans une logique d'analyse de la demande. Avant de tirer des
tuyaux de construire des barrages, des stations de traitement, il vaudrait mieux savoir de quelle quantité
d'eau ont besoin les gens, et notamment faire le compte des fuites dans les systèmes d'irrigation et dans
les réseaux d'eau potable urbaine. En formant mieux les gens, et en développant la maintenance, on
peut économiser des milliers de mètres cubes d'eau. (...) Alors que 70% de l'eau sont utilisés par
l'agriculture via l'irrigation, les pertes par évaporation sont énormes. Les pays en développement utilisent
deux fois plus d'eau par hectare que les pays développés pour une population trois fois moindre. La simple
lutte contre le gaspillage offre donc des possibilités importantes.

Travail à faire :

1- Relever l'idée principale exprimée dans le premier paragraphe. Quelles en sont les conséquences ?

2- Relever l'idée principale exprimée dans le deuxième paragraphe.

3. Préciser le lien qui existe avec le premier paragraphe.

4- Relever l'idée principale exprimée dans le troisième paragraphe. Préciser le lien qui existe avec le
paragraphe précédent

5-L'eau est-elle un bien libre ou économique & Justifier

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