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1- Constat :

La notion d’identité a pris une grande importance dans les travaux anthropologiques à partir du
moment où bon nombre d’études ethnographiques portant sur la question du patrimoine culturel
des sociétés non-occidentales ont permis de constater que ces dernières ne se donnaient pas à
voir de la même manière ni la même structure que les sociétés occidentales. L’ethno-culture
est non seulement un élément constitutif de la société mais aussi une pierre angulaire de
l’influence nationale.
Les industries culturelles gabonaises ont désormais une longue histoire, bien antérieure à leur
dénomination ainsi qu’à l’existence de responsabilités politiques et d’administrations dédiées
telles que les ministres, les ministères, les élues et les directions des affaires culturelles. Leur
légitimité et leurs orientations ont toujours été débattues.

La référence aux droits culturels est venue d’abord critiquer un modèle qui paraissait ferme
malgré ses insuffisances. Elle a ensuite obtenu une reconnaissance officielle ouvrant des
perspectives de transformations profondes mais qui peinent à trouver des traductions concrètes
autres que marginales ou fragiles. Simultanément, tandis que ces politiques avaient été
considérées comme des appuis des constructions ethnoculturelles eux-mêmes qui ont montré
des signes d’affaiblissement avec notamment les défiances citoyennes, l’abstention,
l’épuisement des corps intermédiaires, et l’illibéralisme, pour ne citer que ces points. Les ethno-
cultures rendent compte des enjeux à la fois économiques, sociaux et de fierté. La langue est
une économie en soi.

Le constat fait, au Gabon, est les politiques mises en place, par les pouvoirs publics notamment
l’Etat au moyen du Ministère de la culture, ne permettent pas la promotion de nos dialectes
culturelles. Ces politiques reposent sur deux aspects à savoir les pouvoirs publics qui sont
chargés de mettre en place les cadres adaptés au besoin de développements de ces ethno-
cultures et enfin, les espaces de socialisation. C’est de ce constat fait que nous avons voulu
abordé cette problématique.

2- Question de départ :
Au sortir du constat que nous avons formulé la question essentielle qui guidera notre
recherche est la suivante, une question de recherche se donne à poser ainsi qu’il suit : pourquoi,
dans la structure socio-culturelle Nzébi, la jeunesse se désintéresse-t-elle de leurs langues
maternelles ?

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Il semble qu’aujourd’hui, pour leur constitution sociale, les Nzébis s’identifient par des
protocoles et comportements occidentaux. En effet, ils se donnent à voir, pour plusieurs, à
travers un tissu social transmoderne.
3- Objet d’étude
L’objet de la recherche est un élément clé du processus de recherche qui va cristalliser le
projet du chercheur. L’objet de recherche est donc souvent le fruit d’allers et retours, soit entre
terrain et théories, soit entre théories de manière que la définition de l’objet évolue jusqu’à se
fixer définitivement.1 « «
La présente étude a pour objet l’appréhension des rapports des Nzébis à leur ethno-culture.
Par cette étude, ce que nous souhaitons mettre en lumière ici, ce sont les difficultés socio-
culturelles liées à la transmission de ce patrimoine culturel immatériel en termes de pouvoir
culturel dans les rapports sociaux au sein du groupe Nzébi.
Dans l’optique de mieux appréhende notre objet d’étude, il est judicieux que nous
cherchions à comprendre les mutations et changements survenus lors de la période
postcoloniale.
4- Champ d’étude
Le champ d’investigation scientifique est le cadre théorique général dans lequel s’intègre la
problématique de l’étude2. Soulignons que toute science cherche à définir son domaine, à mettre
en évidence des faits en vue d’établir des lois3.
Le choix de l’anthropologie des patrimoines et de l’anthropologie dynamique comme
domaine de notre étude nous permet d’expliquer le phénomène de désintéressement des
nouvelles générations au sein de la société Nzébi de Libreville.
5- Problématique
La problématique est l’approche théorique que l’on décide d’adopter pour traiter le
problème posé par la question de départ.4
Dans l’entreprise de ce projet de recherche, il nous saurait difficile de ne nous subtiliser aux
normes qui exigent que nous passions en détail l’entreprise scientifique sur la question des

1
Marie-Laure GAVARD-PERRET et al., 2008, Méthodologie de la recherche en sciences de gestion, Paris,
Pearson Education France, 397p.
2
SOUMAHO Mesmin-Noël, 2003, Eléments de méthodologie pour une lecture critique, Préface de COPANS
Jean et Postface de J.G BIDIMA (Coll. « Recherche gabonaises »), L’Harmattan et Libreville, CERGEP Editions,
143p.
3
Gaston MIALARET, 2017, Introduction aux sciences de l’éducation, Coll. « Que suis-je ? », Paris Genève, PUF,
128p.
4
Mesmin Noël SOUMAHO, 2003, Éléments méthodologiques pour une lecture critique, Préface de COPANS
Jean et Postface de J.G BIDIMA, Coll. Recherche gabonaises, L’Harmattan et Libreville, CERGEP Editions,
143p.

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langues vernaculaires. Nous aurons à convoquer certains auteurs qui réaliseront une caution
quant à la coutume de notre démarche.
Plusieurs auteurs que nous proposons, ici, s’intéressent plus ou moins à la question des
langues vernaculaires, c’est sous cet angle de la recherche que nous envisagerons notre
exploration documentaire.
En considérant cet angle, notre intérêt s’est porté sur Cyril ISNART5. Il questionne dans
son article la culture comme discours d’identité collective ou individuelle notamment à travers
la mise en valeur des productions d’un contenu national. En effet, pour C. ISNART, le
patrimoine culturel, en tant que fabrique des mémoires collectives, s’inscrit dans une généalogie
scientifique et se présente comme un terrain multiforme et à différentes échelles. Ainsi, il
apparaît que la culture soit un patrimoine-savoir.

Dans le Patrimoine comme expérience. Implications anthropologiques, Jean-Louis


TORNATORE6 montre le caractère transcendant du patrimoine qui va au-delà du biologique
pour intéresser les valeurs cardinales d’une culture à un moment donné dans l’histoire. Il note
également que le patrimoine est un lieu de confrontation de légitimités socialement
hiérarchisées, qui met en jeu des savoirs techniques, narratifs, affectifs, scientifiques sur l’objet
patrimonial.

Selon Barbara KIRSHENBLATT-GIMBLETT7, le patrimoine culturel serait en ce sens un


métadiscours sur les cultures humaines et donnerait accès à différentes narrations des identités
culturelles. Ainsi, la culture apparaît comme une image de soi.

6- Hypothèses
« Toute recherche scientifique est une réponse à une question de départ.8 » L’hypothèse
confère au projet de recherche tout son caractère d’activité scientifique et occupe une place
importante dans la construction du modèle d’analyse.
Partant de notre question de départ : pourquoi, dans la structure socio-culturelle Nzébi, la
jeunesse se désintéresse-t-elle de leurs langues maternelles ?, nous avons formulé une
hypothèse générale: Ce désintéressement du Nzébi se soutient à travers le fait que les parents

5
Cyril ISNART, 2016, Anthropologie du patrimoine, Encyclopaedia Universalis, 10p.
6
Jean-Louis TORNATORE et al., 2019, Le Patrimoine comme expérience. Implications anthropologiques, Coll.
Ethnologie de la France et des mondes contemporains, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 302
p.
7
Barbara KIRSHENBLATT-GIMBLETT, 2004, Patrimoine immatériel en tant que production métaculturelle,
Museum International, vol. 56, pp.52-64.
8
Gaston BACHELARD, (1981), Essai sur la connaissance approchée, Paris, Librairie Philosophique J. VRIN,
305p ;

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n’enseignent plus aux enfants leur ethno-culture, la sous-valorisation de la langue par les
autorités, le désintérêt volontaire des jeunes, l’influence des cultures occidentales.

7- Problème de recherche :

Au regard de ce qui précède le problème de recherche que nous pouvons soulever par le
truchement de cette étude est celui de l’hybridation culturelle de nouvelles générations et du
conflit de la prédominance de la culture occidentale sur la culture Nzébi au sien de la société
gabonaise.

8- Définition des concepts


Culture :

Selon E. TYLOR, la culture est un ensemble complexe qui englobe les connaissances, les
croyances, les arts, la morale, les lois, les coutumes, et tout autre capacité et habitude acquise
par l’Homme en tant que membre d’une société.

Elle est, d’après G. ROCHER, un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d’agir plus
ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent,
d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité.

Patrimoine culturel :

Selon l’UNESCO, le patrimoine culturel désigne les artefacts, les monuments, les groupes de
bâtiments et sites, les musées qui se distinguent par leurs valeurs diverses, y compris leurs
significations symboliques, historiques, artistiques, esthétiques, ethnologiques ou
anthropologiques, scientifiques et sociales.

Langue vernaculaire :
C’est une langue à diffusion locale ou régionale qui s’oppose à une langue véhiculaire qui
permet la communication avec d’autres groupes.

Références bibliographiques

André CABANIS et al., 2010, Méthodologie de la recherche en droit international,


géopolitique et relations internationales, Idea Disign & Print, 164p ;
Anne JOURDIN et Sidonie NAULIN, 2011, Héritage et transmission dans la sociologie de
Pierre BOURDIEU, pp. 6-14 ;

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Barbara KIRSHENBLATT-GIMBLETT, 2004, Patrimoine immatériel en tant que production
métaculturelle, Museum International, vol. 56, pp.52-64 ;
Gaston BACHELARD, (1981), Essai sur la connaissance approchée, Paris, Librairie
Philosophique J. VRIN, 305p ;
Gaston MIALARET, 2017, Introduction aux sciences de l’éducation, Coll. « Que suis-je ? »,
Paris Genève, PUF, 128p ;
Guillaume VON DER WEID, 2023, La fatale richesse de l’héritage, in : Repères éthiques.
Jean-Louis TORNATORE et al., 2019, Le Patrimoine comme expérience. Implications
anthropologiques, Coll. Ethnologie de la France et des mondes contemporains, Paris, Éditions
de la Maison des sciences de l'homme, 302 p ;
Marc-Henry SOULET, 2016, La recherche en sciences sociales : de l’utilité pragmatique à
l’universalisation de la rationalité instrumentale, in : L’homme et la société, pp. 31-49
Marie-Laure GAVARD-PERRET et al., 2008, Méthodologie de la recherche en sciences de
gestion, Paris, Pearson Education France, 397p ;
Mesmin Noël SOUMAHO, 2003, Éléments méthodologiques pour une lecture critique, Préface
de COPANS Jean et Postface de J.G BIDIMA, Coll. Recherche gabonaises, L’Harmattan,
Libreville, CERGEP Editions, 143p ;
Mesmin Noël SOUMAHO, 2006, Les cahiers d’histoire et d’archéologie, n˚8, p. 173 ;
Pierre BOURDIEU, 1976, Le champ scientifique, in Actes de la recherche en sciences sociales,
Vol. 2, 21p ;
Raymond QUIVY et Luc Van CAMPENHOUDT, 2006, Manuel de recherche en sciences
sociales, 2ème éd, Paris, Éd. Dunod, 272p ;

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