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L'artisanat est une industrie

Conference Paper · May 2016

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Fatine Chouiraf Anas Chafi


Faculté des Sciences et Techniques Fès Faculty of Science and technology, Fez, Morocco
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L’artisanat est une industrie
Fatine CHOUIRAF1, Anas CHAFI2

Centre des Etudes Doctorales : Sciences et Techniques de l’Ingénieur, laboratoire des


techniques industrielles de la Faculté des Sciences et Techniques de Fès , BP. 2202,
Route d’Imouzzer, 30 000 Fès, Maroc.

1fatine.chouiraf@usmba.ac.ma

2anaschafi@gmail.com

RÉSUMÉ. Avant la révolution industrielle, à la fin du XVIII siècle, la production était artisa-
nale. Mais comment est-on passé de la production artisanale à l’échelle de l’atelier ou de la
manufacture, à la production industrielle dans des usines? C’est l’invention de la machine qui
a bouleversé les modes de production. L'utilisation accrue des machines a conduit à une mé-
canisation des unités de production et à remplacer le savoir faire humain par un procédé
industrialisé. un siècle plus tard, le fordisme, le boom démographique et la croissance éco-
nomique ont développé la production de masse permettant une économie d’échelle et une
diminution importante des coûts de production. Il y’a une ambiguité dans la définition d’un
produit artisanal ou d’une production artisanale. L’artisanat, à tort synonyme d’archaïsme,
est considérée comme une phase pré-industrielle ou anti-industrie. Ce concept est erroné et
aberrant. La production artisanale est un processus de production non mécanisé (ou peu mé-
canisé surtout les opérations de non valeur ajoutée) à dominance manuelle. En effet, la com-
posante main d’oeuvre constitue une part importante dans les coûts de fabrication. D’où
l’intérêt de perfectionner les systèmes de production dans l’artisanat pour accroitre la pro-
ductivité. Il faut noter que la modernisation d’un système de production ne touche pas à la
caractéristique intrinsèque du produit artisanal. Les systèmes de production efficients utilisés
dans l’industrie, peuvent inspirer le développement des systèmes de production artisanales du
futur.
Abstract: Before the Industrial Revolution, it was craft-production. All the production was
handcrafted. But, why the production becomes industrial? It is the invention of the machine
that changed the way of production. The huge use of machines in manufacturer had changed
the product system. The producer changed their way of production from handicrafting to me-
chanical tools. Also, the Fordism, the demographic boom and economic growth helped to
develop the mass production where costs of production were very lower. The craft production
become a synonym of archaism and refers to preindustrial product system. But, it’s wrong, In
despite, the handcrafting doesn’t disappear. It’s the main of luxe industry and some others
industry (usully culturel and sur mesure). But it depends on archaic product systems, wich we
must develop to rationalise the production and increase the product costs.

MOTS-CLÉS : ARTISANAT, INDUSTRIE, MODE DE PRODUCTION ARTISANALE, PRÉ-


INDUSTRIE, SYSTÈME DE PRODUCTION.
KEYWORDS: HANDICRAFT, CRAFT PRODUCTION, PRODUCT SYSTEM, 

1. Introduction

Plusieurs images contradictoires circulent sur l’artisanat: une phase pré-


industrielle, l’artisanat est anti-industrie, le mode de production artisanale est
archaïque, etc. Cette communication donne à voir une sorte d’image inversée de la
figure de l’artisanat véhiculée par le sens commun. L’artisanat est un secteur à part
entière, qui se base sur un savoir-faire ancestral à dominance manuelle et qui mérite
des efforts pour le moderniser. Que sait-on aujourd’hui de l’artisanat ? L’artisanat et
l’industrie, quelle relation? Que peut-on faire pour l’artisanat?

2. Qu’entend-t-on par l’artisanat aujourd’hui?

Si nous demandons aux gens qu’est ce que c’est l’artisanat, la plupart le définie
comme une production de produits plus ou moins décoratifs par des artisans grâce à
un savoir-faire manuel hors contexte industriel. Ils réfèrent à un art, à une culture et
globalement à une civilisation. Il reflète le patrimoine culturel et humain lié à
l’histoire et aux traditions d’un peuple.
Si nous cherchons une définition officielle et universelle de l’artisanat, allons
trouver seulement une définition de l’UNESCO1 pour les produits artisanaux lors
d’un symposium de l’artisanat en 1997: « On entend par produits artisanaux les
produits fabriqués par des artisans, soit entièrement à la main, soit à l'aide
d'outils à main ou même de moyens mécaniques, pourvu que la contribution
manuelle directe de l'artisan demeure la composante la plus importante du
produit fini... La nature spéciale des produits artisanaux se fonde sur leurs
caractères distinctifs, lesquels peuvent être utilitaires, esthétiques, artistiques,
créatifs, culturels, décoratifs, fonctionnels, traditionnels, symboliques et
importants d'un point de vue religieux ou social ». Cette définition regroupe deux
sous définitions. La première définit le mode de production qui se base sur un
savoir-faire de l’artisan avec un caractère manuel dominant avec un degré de
mécanisation accepté. La deuxième définie les caractéristiques du produit avec un
contenu culturel.
Dans les pays européens2, chez les pays méridionaux, le mot reflète fidèlement
l'origine latine (ars). Les pays septentrionaux se réfèrent à la notion de travail
manuel (Handwerk, handicraft). La législation tente de délimiter la définition de

!1 définition adoptée par le Symposium UNESCO/CCI "L'artisanat et le marché mondial :


commerce et codifications douanières" - Manille, 6-8 octobre 1997

!2 À l'origine il englobe, en effet, l'ensemble des activités manuelles extra-agricoles, au point


qu'on ne distingue pas l'artisan de l’artiste … Dans les pays méridionaux, les désignations
reflètent fidèlement l'origine latine (ars) : que ce soit en Italie (artigianato), en Espagne (arte-
sanado), au Portugal (artezanato). Les pays septentrionaux se réfèrent à la notion de travail
manuel (Handwerk, handicraft). Encyclopédie universalis

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l’artisanat qui est variable d’un pays à l’autre mais converge vers les mêmes critères.
En France, selon la FNPCA3 l’artisanat est: « L’artisanat est le dépositaire de
traditions anciennes, de techniques éprouvées, d’une culture qui s’enrichit et
s’adapte au gré des évolutions de la société et des goûts de sa clientèle ».
Aujourd’hui, l’artisanat4 est définit comme un secteur de production à part
entière. La délimitation de ce secteur reste difficile car il regroupe un ensemble
d’activités hétérogènes. Ces activités sont des métiers de production de biens et de
services basée sur un savoir-faire peu mécanisée. Ce secteur est transverse aux
autres secteurs, son développement est étroitement lié au développement du
tourisme, de la construction, du commerce…
Au Maroc, La définition de l'artisan et de son activité a été établie à l'occasion de
l'instauration des chambres consulaires de l'artisanat. Selon ces textes5 : «est
considéré comme artisan, toute personne qui exerce à titre d'activité principale et
régulière une occupation dont le caractère manuel est dominant dans la production,
la transformation ou l'offre de services ».
Il « est artisan6 le travailleur manuel, professionnellement qualifié, soit par un
apprentissage préalable, soit par un exercice prolongé du métier. Il exerce son
activité pour son compte, seul ou avec le concours des membres de sa famille,
d'associés, d'apprentis ou d'ouvriers. Une unité artisanale ne peut dépasser dix
employés. Il assure personnellement la production et la commercialisation des
produits qu'il confectionne et exerce sa profession soit dans un local d'entreprise soit
à domicile. Il peut accessoirement vendre des produits non fabriqués par lui, si ce
n'est pas son activité principale ». Donc le statut artisanal dans la définition
marocaine, suppose, outre le caractère manuel de l'activité, une qualification
professionnelle de celui qui l’exerce, une limitation de la taille de l'unité de

3! Fond national de promotion et de communication de l’artisanat, http://www.fnpca.fr

!4 Selon le Secrétariat d’Etat à l’Artisanat (1998), « la richesse créée par ce secteur représente
près de 10% du PIB national, emploie environ un million et demi de personnes (13% de la
population active), et procure des revenus pour quelque 6 millions d’habitants, soit plus du
1/5 de la population totale marocaine. Ainsi, les activités artisanales occupent une frange im-
portante de la population féminine, notamment en milieu rural ». Gérard Barthélemy, Arti-
sanat et Emploi dans les Provinces de Settat et El Jadida Genève, Bureau international du
Travail, 2002
L’artisanat joue un rôle socio-économique important pour le Maroc. Elle contribue à hauteur
de 8 % au PIB et de 20% à l’emploi de la population active avec un taux de croissance annuel
de 13%. Rapport d’activité artisanat année 2012, ministère d’artisanat.

5! Dahir n° 194-63-1 du 28 juin 1963, modifié par le Dahir n° 86-97-1 du 2 avril 1997

!6 Gérard Barthélemy, Artisanat et Emploi dans les Provinces de Settat et El Jadida Genève,
Bureau international du Travail, 2002

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production pour l'entreprise artisanal, et une certaine souplesse quant au lieu
d'exercice de l’activité.
Le mode de production artisanal est une façon de produire, qui a comme
caractéristique fondamentale la manualité. Ceci ne s’oppose pas à une mécanisation
de certaines tâches secondaires ou l’utilisation d’outils plus sophistiqués.

3. L’artisanat est malgré tout une industrie

Selon l’INSEE7 : « En première approximation, relèvent de l'industrie les


activités économiques qui combinent des facteurs de production (installations,
approvisionnements, travail, savoir) pour produire des biens matériels destinés
au marché ». Et dans Larousse8, L’industrie est : « un ensemble des activités
économiques qui produisent des biens matériels par la transformation et la
mise en œuvre de matières premières ». Alors l’industrie est toute activité
économique permettant de produire un bien matériel quelque soit la façon de
produire et quelque soit la nature du produit. En effet, l’artisanat, qui permet aussi
de produire, est bel est bien une industrie. Pourtant, il est perçue comme une phase
pré-industrielle ou anti-industrie. Il est défini à tort comme synonyme d’archaïsme.
Pourquoi alors cette ambiguité?
Avant la révolution industrielle, à la fin du XVIII siècle, la production des biens
matériels était exclusivement artisanale9 . L’appellation industrie désignait un
ensemble des activités10, des opérations ayant pour objet la production et l'échange
des marchandises ou la production de produits destinés à être utilisés ou consommés
sans être vendus au préalable. C’est l’invention de la machine qui a bouleversé les
modes de production. La domestication de l’énergie a permis l'utilisation accrue des
machines a conduit à une mécanisation des unités de production et à remplacer le

!7 INSEE: Institut nationale des statistiques est de l’économie appliquée appliqués, http://
www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/industrie.htm

!8 Larousse, dictionnaire français en ligne, http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/indus-


trie/42741

!9 Boyer R., Freyssenet M., « Les modèles productifs que le système de production de Ford
n’a pas fait disparaî- tre... ou l’introuvable production artisanale, 1895-1939 », GERPISA,
1999, 35 p. Édition numérique, freysse- net.com, 2006

!10 Vieilli. Profession mercantile; travail généralement manuel; métier dont on tire ses
moyens d'existence. On se souviendra d'avoir vu leurs pères, leurs parens [aux Grands] réduits
à la plus déplorable situation, et plusieurs obligés de vivre de leur industrie (SÉNAC DE
MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1753). Le métier de poète est une moquerie; On ne vit pas
ainsi d'oisive rêverie; Dans notre âge peu propre à cette passion Il faut une industrie, une pro-
fession (POMMIER, Crâneries, 1842, p. 18) , TLFi, issu du Trésor de la Langue Française
(1971-1994)

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savoir faire humain par un procédé industrialisé. Il était quelque fois difficile de
décider11 si industrie désigne le stade manufacturier du développement industriel
que l'on peut rapidement caractériser comme étant fondé sur la division du travail à
l'intérieur de l'atelier et sur l'utilisation de l'outil manuel comme moyen de travail, ou
le stade faisant suite à la révolution industrielle où la production recourt à la
machine. Jusqu'au XIX siécle, l’industrie désignait12 l'ensemble des activités
économiques et concernait donc : l'agriculture, le commerce, les transports et les
services, ainsi que les activités économiques artisanales ou manufacturières
productrices de valeurs d'usage non agricoles. Puis, la rationalisation du travail, la
mécanisation des processus, la croissance économique, la massification de la
production et le progrès technique ont permis de développer l’industrie moderne.

!11 Cette ambiguïté est bien illustrée par l'ex. : Quel boucan l'industrie cause dans le monde!
Comme la machine est une chose tapageuse! À propos de l'industrie, as-tu réfléchi quelque-
fois à la quantité de professions bêtes qu'elle engendre (...). Qu'attendre d'une population
comme celle de Manchester, qui passe sa vie à faire des épingles? Et la confection d'une épin-
gle exige cinq à six spécialités différentes! Le travail se subdivisant, il se fait donc, à côté des
machines, quantité d'hommes-machines (FLAUB., Corresp., 1853, p. 293).
Industrie lourde. ,,Ensemble des industries qui produisent la matière première ou qui lui font
subir une première transformation`` (BOUV.-IBARR. 1975). Synon. industrie de base. Le
machinisme et l'industrie lourde (...) bouleversent le monde aujourd'hui et le font craquer
(CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 184).
Industrie de transformation. ,,Ensemble des industries qui fabriquent des valeurs d'usage
directement utilisables`` (BOUV.-IBARR. 1975). Synon. industrie légère. Telle nation (...)
choisira-t-elle de développer son industrie lourde ou son industrie de transformation (PER-
ROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 324).
Industrie-clef. Industrie dont dépendent de nombreuses activités économiques. Quand ces
forces provoqueront une augmentation du débit d'une industrie-clef, elles provoqueront une-
expansion et une croissance puissantes d'un ensemble plus large (PERROUX, Écon. XXe s.,
1964p. 150). TLFi, issu du Trésor de la Langue Française (1971-1994) .

!12 Cependant Littré signale qu'industrie se dit quelquefois de tous les arts industriels, sauf
l'agriculture, par opposition à l'agriculture; cette opposition a été faite par certains auteurs dès
le XVIIIe s. Les rapports mutuels de l'agriculture, de l'industrie, du commerce, avec la con-
stitution d'un état et sa législation (...) ne purent échapper aux regards d'un peuple ingénieux,
actif, occupé des intérêts publics (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 58). TLFi, issu
du Trésor de la Langue Française (1971-1994)

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En dépit du bon sens, la production artisanale n’a pas disparu, au contraire, elle
connait son essor dans « l’industrie du luxe13 ». Ce procédé de production, grâce à un
savoir-faire difficile à mécaniser et des outils flexibles , permet de:
- produire des produits à un fort contenu culturel ou leur production en
masse nuit à leur qualité;
- produire des produits uniques ou des séries limités;
- développer et modifier des produits selon les besoins du client
(personnalisation du produit).
- produire en sur-mesure et sur-commande.
Alors que l’industrie moderne14 est défini comme étant: « un ensemble des
activités économiques (caractérisées par la mécanisation et l'automatisation des
moyens de travail, la centralisation des moyens de production et la concentration de
la propriété des moyens de production), ayant pour objet l'exploitation des sources
d'énergie et des richesses minérales du sol ainsi que la production de produits
fabriqués à partir de matières premières ou de matières ayant déjà subi une ou
plusieurs transformations ». Cette industrie moderne se différencie de l’artisanat non
seulement au niveau du processus de production, mais aussi au niveau de la taille
des lots produits et du type de production.

!13 Les industries du luxe: des industries de patrimoines? christian Barrère, OMI, université de
Reims, Economie Appliquée, numéro spécial L’économie du patrimoine, 2007/3

!14 Ensemble des activités économiques (caractérisées par la mécanisation et l'automatisation


des moyens de travail, la centralisation des moyens de production et la concentration de la
propriété des moyens de production), ayant pour objet l'exploitation des sources d'énergie et
des richesses minérales du sol ainsi que la production de produits fabriqués à partir de
matières premières ou de matières ayant déjà subi une ou plusieurs transformations. En ad-
mettant (...) que la science (...) doit suffire (...) à mettre l'industrie au service de l'homme, ils
ont abouti inévitablement à mettre (...) l'homme au service de l'industrie et de la technique
(MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 208). Ce pays [la France] (...) a tout ce qu'il faut
pour se donner la très puissante industrie métallurgique, d'où sortent locomotives, wagons,
rails, navires, avions, machines, outillages, armements, charpente des bâtiments, et dont
procède l'activité des entreprises mécaniques et chimiques (DE GAULLE, Mém. guerre,
1959, p. 453). Dans l'industrie, la machine-outil, puis l'introduction progressive de l'informa-
tique ont décuplé l'efficacité du travail humain (G. MARCHAIS, L'Espoir au présent, Paris,
Éd. soc., 1980, p. 14) : Les industries peuvent se classer de différentes manières (...).
Économiquement, deux classifications ont une grande importance. La première s'attache à la
structure de l'industrie en fonction de la dimension des unités productives (...). La seconde
(...) permet (...) de différencier les industries de biens de production et les industries de biens
de consommation.BOUV.-IBARR. 1975. TLFi, issu du Trésor de la Langue Française
(1971-1994) .

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L’artisanat, comme l’industrie moderne, est une industrie à part entière. Alors
que l’industrie moderne a développé des systèmes de production efficients et
efficaces, l’artisanat a continué en général avec un système archaïque.

4. La modernisation du système de production pour l’artisanat est une nécessité

Vu que la production artisanale est un processus de production non mécanisé (ou


peu mécanisé surtout les opérations de non valeur ajoutée) à dominance manuelle, la
composante main d’oeuvre constitue une part importante dans les coûts de
fabrication. D’où l’intérêt de perfectionner les systèmes de production dans
l’artisanat pour accroitre la productivité.
Davance, le système de production est archaïque, Les producteurs,
indépendants, conçoivent, fabriquent et vendent des biens produits à l’unité ou en
petite série, aidés en cela par des apprentis à qui ils apprennent le métier, et
éventuellement par des compagnons payés à la tâche dans des ateliers.
Il faut noter que la modernisation d’un système de production ne touche pas à la
caractéristique intrinsèque du produit artisanal. Les systèmes de production
efficients utilisés dans l’industrie, peuvent inspirer le développement des systèmes
de production artisanales du futur.
A la fin du XIX siècle, un nouveau concept est né, c’est l’organisation
scientifique du travail ou le taylorisme. Pour Mieux organiser son travail et accroitre
sa productivité, Taylor a procédé à une division horizontale et verticale du travail,
avec respectivement une spécialisation des tâches, chronométrage du temps
d’exécution et une distinction entre exécutants et concepteurs. Il a également
favoriser le salaire à l’heure au salaire à la tâche. Ce principe de rationalisation du
travail a été adopté par FORD dans l’automobile en l’associant aux principes du
travail à la chaine. C’est le Fordisme. Dans le but de produire, produire et encore
produire, FORD a cherché à optimiser et appliquer les méthodes tayloriennes dans
ses manufactures. Il a développé la standardisation des biens de production qui
débouche sur une production en grande série à l’aide de pièces interchangeables. La
résultante de ces systèmes est des produits standards, en grandes séries et à bas
coûts. Ces deux systèmes ont connu un grand essor lors des trente glorieuses15,
quand la demande excédait l’offre. Du moment où il fallait vendre puis produire, le
Fordisme atteint ses limites comme système de production moderne et cède sa place

!15 Les Trente Glorieuses désigne la période de forte croissance économique et l'amélioration
des conditions de vie qu’a connue la grande majorité des pays développés, membres pour la
plupart de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), entre
1946 et 1975. L’expression a été créée par Jean Fourastié1 en 1979 en rappel des Trois Glo-
rieuses.Les Trente Glorieuses furent une révolution, certes silencieuse, mais porteuse en réal-
ité de changements économiques et sociaux majeurs, qui ont marqué le passage de l’Europe,
quarante années après les États-Unis, à la société de consommation.

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aux nouveaux systèmes de production tels que le Lean16. En outre, les principes du
lean manufacturing s’inspirent17 des mêmes principes de la production artisanale. Le
lean incite à fabriquer en petites séries afin d’éviter les encours et d’intégrer la
qualité dans tout le processus de fabrication. Contrairement à la production en
masse, le lean rejoint aussi l’artisanat pour la qualification des opérateurs dans le
processus de fabrication. Cette convergence rend l’implantation du lean
manufacturing dans l’artisanat réalisable et profitable.

5. Conclusion

L’artisanat est une façon de produire à dominance manuelle utilisant un savoir-


faire ancestral, c’est une industrie à part entière. D’ailleurs c’est un secteur de
l’industrie à développer pour émerger l’économie du pays.
La modernisation de cette industrie s’impose vue son importance économique et
culturelle. Son développement dans l’industrie du luxe a permis de développer de
nouveaux systèmes de production à prospecter et essayer d’adapter les systèmes de
production développés tels que le lean, l’agile ou le leagile au profit de la production
artisanale.
Dans le prochain travail, nous allons étudier le secteur de l’artisanat au maroc
pour relever les difficultés, explicites et implicites, qui freinent sa croissance et
étudier le lean manufacturing comme système de production dans les entreprises
artisanales.

Bibliographie
Barrére C., « Les industries de luxe: des industries de patrimoines », Economie appliqué,
numéro spécial l’économie du patrimoine, 2007/3.
Barthelemy G., « Artisanat et emploi dans les provinces de Settat et Eljadida», bureau inter-
national du travail, Genève, 2002.
Borries C., L’industrie racontée à mes ados…qui s’en fichent, Dunod, paris, 2013.
Boyer R., Freyssnet M., « Les modèles productifs que le système de production FORD n’a
pas fait disparaitre, ou l’introuvable production artisanale 1895,1939 », Gerpisa, 1999, 35
p. édition numérique freyssnet.com, 2006.
Grundler P., « L’évolution des systèmes de production en France », Culture technique N° 25,
1992.

!16 Toyota a crée son Toyota Product System TPS à partir des années 50. Ceci lui a permis de
booster son système de production. Le lean manufacturing provient de ce TPS. Il est basé sur
l’élimination des gaspillages ou ‘mudas’ au sein des processus de production.

!17 « The Machine That Changed the World », James P. Womack; Daniel T. Jones; Daniel
Roos, Free Press; March 2007

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Jaeger C., « Artisans et industriels : une coexistence risquée?» , Economie rurale N° 169,
1985, PP:20-24.
Lemieux A., Méthodologie de transformation leagile en développement de pdts pour l’indu-
strie du luxe, Thèse de doctorat, ENSAM: Ecole Nationale Supérieur des Arts et des Mé-
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Mazaud C., « L’artisanat français », Presses universitaires de Rennes, pur-editions.fr, 2013.
Mazaud C., « Entre le métier et l’entreprise, renouvellement et transformation de l'artisanat
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James P. Womack; Daniel T. Jones; Daniel Roos, The Machine That Changed the World, Free
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Coquerie N., « Artisans, Industrie: Nouvelles révolutions du moyen âge à nos jours », ENS
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Paturel R., Richomme-Huet, « le devenir de l’activité artisanale passe-t-il par l’activité entre-
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Actes du Colloque sur l'artisanat, Besancon, Volume 45 de Annales littéraires de l'Université
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