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4 authors, including:
Youssef El Wazani
University Ibn Zohr - Agadir
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La valeur des espaces maritimes : quelle dynamique consumériste au développement touristique ? Cas du Maroc View project
All content following this page was uploaded by Nathalie Bétourné on 07 June 2019.
Nathalie BETOURNE
nathalie.betourne@iscid-co.fr, Maître de Conférences en
Gestion, ISCID-CO, ULCO, Laboratoire TVES, EA 4477,
Longuenesse, France
MALIKA SOUAF
malikasouaf@gmail.com, Professeur de l’Enseignement
Supérieur, Laboratoire MAPES, ENCG, Université Ibn Zohr,
Agadir, Maroc.
YOUSSEF EL WAZANI
elwazani@gmail.com, Professeur Habilité, Laboratoire MAPES,
ENCG, Université Ibn Zohr, Agadir, Maroc.
ELOUALI EL BLAIDI
elouali2012@gmail.com, Enseignant Chercheur,
ENCG, Université Ibn Zohr, Dakhla, Maroc.
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La valeur des espaces maritimes et portuaires s’inscrit actuellement autour du
développement touristique à partir de projets structurants qui façonnent les espaces
urbains. La société consumériste s’empare des avancées technologiques et digitales en
créant de nouveaux besoins de consommation de biens et services et du rêve. Ces
nouvelles perspectives s’accompagnent d’une mutation socio-économique et
transforment l’utilisation de ces biens en des « expériences de vie » pour le touriste.
Ainsi, cette mutation engendre une modification de nos comportements, de nos
aspirations, de notre consommation et de l’utilité que procure l’offre de séjours
touristiques. Jusqu’à hier, le touriste s’aventurait « sur terre » à la découverte de
nouveaux paysages naturels, de nouveaux visages urbains et du patrimoine culturel et
maritime de ces espaces s’adonnant à des activités de loisirs aussi diverses que
multiples. Désormais, le touriste rêve d’assouvir d’autres besoins, celui-ci ayant accès
à de l’information digitale instantanée, sans perdre de temps, alliant sécurité et
accomplissement de son bien-être personnel et familial. De fait, le touriste migre vers
d’autres formes d’usage et s’aventure vers des lieux inexplorés qui suscitent
l’imaginaire individuel et collectif tels que « sur la mer » ou « dans le désert », la
barrière maritime ou de l’aridité n’étant plus un obstacle à son épanouissement.
Les villes entrant dans la compétition internationale sont celles considérées comme
des centres culturels et économiques. La mesure de l’attitude du touriste à l’image de
la ville intègre des critères fonctionnels (prix et qualité de l’hébergement, de la
restauration, hospitalité, services des professionnels,…), hédoniques (activités de
loisirs, culturels, évènementiels,…) et expérientiels (co-construction du séjour, vivre
des expériences extraordinaires hyper réels, immersion active auprès des autochtones,
de sociabilité….). Les caractéristiques d’une collectivité se définissent de manière
tangibles (architecture, urbanisme, évènements, musées,…), intangibles (ambiance,
sympathie, accueil, chaleur,…) et par son plan de communication. Lors de son séjour
touristique, l’individu vit une expérience dont la perception est influencée par de
nombreux éléments indépendants du contrôle managérial de la ville tels que la
délivrance du service (qualité de l’hôtel,…) et le plus souvent externes aux services de
base (amabilité de la population locale) et aux expériences de vie (normes, coutumes,
traditions, valeurs,…). Le touriste exprime alors sa personnalité au travers de la
consommation de son portefeuille de biens et services, de la perception et du ressenti
de son séjour touristique.
Dans le cadre du développement touristique du territoire, l’image de la ville doit
intégrer l’ensemble de ces critères pour dégager une valeur identitaire construite à
partir d’une marque ombrelle qui incorpore les différentes facettes de cet espace
(aménagement urbain, environnement paysager et économique, le patrimoine, la
culture, les modes, les rites et le savoir-faire de la population).
Les expériences vécues par les touristes lors de leurs séjours (avant, pendant et après)
se différencient à partir de besoins définis par leur identité au travers de produits ou
services qu’ils consomment et/ou créent. Ainsi, nous distinguons :
- Le touriste « immersif » : vivre des expériences extraordinaires sécurisées, enclavées
et décontextualisées
- Le touriste créatif : vivre des expériences interactives, d’apprentissage pour un
développement et un accomplissement personnel
Le touriste postmoderne et/ou créatif construit son identité à partir d’expériences
authentiques culturelles qu’il co-crée avec la population locale en participant
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activement aux activités proposées. La culture devient ainsi un référentiel au
développement de l’individu par l’apprentissage de nouvelles compétences
spécifiques à l’espace territorial visité et de ses traditions (arts, héritage) (Richards et
Wilson, 2015). Mais il existe un décalage entre les perceptions de la population, les
intervenants professionnels locaux et les touristes. Ce décalage s’inscrit et s’exprime
autour de l’institué culture : d’une part, une culture locale marquée par l’histoire et le
patrimoine de marque au sein des organisations qui est un moyen d’obtention d’un
sens de son identité mais également comme une ressource (Pecot F., De Barnier V.,
2015) et, d’autre part, d’une culture de vie de l’individu qui crée son identité à partir
d’expériences interactives, un besoin de consommer autrement pour un
développement et un épanouissement personnel. Que l’on soit autochtone ou touriste
créatif, les expériences de vie, au cours d’un séjour immersif, se réalisent à partir d’une
« culture de vie » développée par une « culture de l’innovation », la culture n’étant
plus identité mais fécondité.
La ville de Dakhla, chef-lieu de la Région Oued Eddahab-Lagouira (Maroc), possède
une identité environnementale, « expérientielle » et culturelle maritime qui lui confère
une identité « singulière » à caractère authentique de par son environnement
écologique (réserve naturelle) et son architecture qui se mêle à l’environnement du
désert (maisons peintes aux couleurs jaunes et rouges). Cette authenticité naturelle
traduit un bien-être individuel, collectif et sociétal.
L’objectif de ce projet de recherche se définit à partir du tourisme créatif développé
par une « culture de l’innovation » des individus (prosumer et autochtones) où les
nouvelles expériences créatrices sont alimentées par les échanges
autochtones/touristes agrémentées de l’environnement paysager et maritime et
facilitées par le marché des m-services et de l’utilisation du web marketing. L’objectif
de cet article est de définir les bases théoriques de ce projet de recherche en
déterminant le concept de « culture de l’innovation » qui permettra, ultérieurement, de
réaliser des entretiens semi-directifs auprès de la population, des touristes et des entités
territoriales complétés d’un outil, la photo-élicitation. Dans un premier temps, nous
définirons le concept de tourisme créatif dans le cadre des sports de glisse dont le site
à Dakhla est reconnu au niveau international puis, dans un second temps, nous nous
pencherons sur le prolongement de ce concept en introduisant la notion de « culture de
l’innovation » née du rapprochement de deux « cultures de vie », celle du touriste
créatif lors de son séjour et de la population hassane.
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dans un contexte où la culture devient le référentiel propre à chaque spécificité
territoriale.
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culture hassanie : dès l’arrivée à l’aéroport, les sportifs (confirmés ou non) sont
accompagnés par des marocains pour se rendre sur ces lieux où « la vie quotidienne
est mise entre parenthèses » ; prendre du bon temps commence par un accueil où les
coutumes complémentent le séjour par un éveil des sens en buvant du thé. Par
conséquent, les éléments environnants à dimension écologique, culturelle et paysager
façonnent une « culture de vie » qui agrémente l’identité de ces passionnés de sports
extrêmes. Leurs propres expériences et compétences qu’ils sont venus chercher et
qu’ils acquièrent au sein de ce paysage « lunaire » tel qu’ils le décrivent dévoilent leur
créativité lorsqu’ils se retrouvent en situation de pratique sur ces eaux de la baie ou de
l’océan Atlantique. Ces touristes sportifs créatifs évoluent, au gré du vent, dans ce
tourbillon de vie où cette culture intangible est un brise-lame à toute épreuve.
A partir de 4PS de la créativité définie par Taylor (1988), nous pouvons définir cette
approche sur le territoire telle que :
-Personne créative : le touriste et les autochtones, les « cultures de vie » définissant la
matière première
-Processus créatif : les compétences et les connaissances liées à la pratique de
l’activité ; elles complémentent les expériences authentiques vécues par les touristes
-Production créative : l’identité territoriale culturelle
-Environnement créatif : les codes, les rites, le patrimoine, l’héritage culturel, paysager
et écologique
De fait, le développement du tourisme dans cette Région des Provinces du Sud se
caractérise à partir d’un tourisme créatif « singulier » qui ne peut s’apparenter à un
modèle disruptif du tourisme de masse.
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Dans son étude d’identification d’un ensemble de perspectives (opinions, perceptions)
subjectives associées aux expériences créatives dans le secteur touristique (Siow-Kian,
Ding-Bang Luhet Shiann-Far Kung, 2014), la créativité semble associée à un
challenge avec un besoin de stimuli du Moi intérieur pour penser autrement. De fait,
le professionnalisme des intervenants dans la formation s’avère important, ces
touristes créatifs étant conscients du poids de la culture locale et de la préservation de
l’héritage intangible culturel dans la réalisation de leurs actions (« aware of green
issues »). Le processus identitaire du touriste créatif s’inscrit, par conséquent, à partir
d’expériences culturelles de vie construites autour de facteurs influents à la créativité.
Conscience
Sociale, Culturelle et Environnementale
Composantes Basiques
Expérience créative
Subjectives du Sociaux
Culture de vie
Monde Intellectuels
Valeurs Motivations
Le touriste créatif construit son identité en s’immergeant dans des contextes expérientiels
non enclavés et non thématisés qu’il co-construit avec la population locale dans lequel il
se confond par les mêmes passions et valeurs qui les habitent. D’après Csikszentmihalyi
(1997), la meilleure expérience est celle dite de flux (flow), c’est-à-dire un moment
exceptionnel pendant lequel « ce que nous sentons et ce que nous pensons sont en totale
harmonie ». Cette expérience créatrice est un voyage poly-sensoriel où l’on met sa vie
« entre parenthèse » pour parfaire sa technicité et acquérir de nouvelles compétences au
sein d’un environnement ‘lunaire’ dépaysant et stimulant. Cette expérience se déroule au
sein d’une communauté d’autochtones pour le partage de ces apprentissages et la
découverte d’une culture nouvelle, véritable terreau à la créativité et à l’épanouissement
personnel et collectif. A chaque nouvelle situation de réalisation de son action le touriste
créatif accède à des ‘niveaux élevés de bien-être reflétant ainsi des niveaux élevés de la
qualité de vie, des niveaux plus élevés des satisfactions de la vie, un bonheur général lié
à la vie, un bien-être sociétal et une absence de mal-être’, pour reprendre le concept de
bien-être du consommateur de Sirgy et Al (2008).
Par conséquent, le processus identitaire du touriste créatif se définit à partir de
composantes subjectives et objectives du monde dans lequel il pratique et parfait son
activité lors de son séjour touristique. Les composantes subjectives sont associées à nos
valeurs qui, composées avec notre motivation, nos concepts et interprétations de la réalité,
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l’appropriation d’un lieu et de nos actions techniques réalisées avec les éléments naturels
libèrent la créativité. Les composantes objectives représentent notre conscience sociale
(la vie en communauté), culturelle et environnementale qui, issues d’un héritage
intangible culturel, érigent une atmosphère festive et naturelle et un partage
d’apprentissage de nos actions.
Les populations créent leur propre identité à partir de leur langue et de leur littérature,
comme c’est le cas lorsqu’il s’agit d’un parler et de vers écrits et structurés dans une
culture propre et ancrée dans un binôme population-territoire. La poésie hassanie
constitue la racine identitaire de cette population dont les thèmes (amour, séduction,
épiques, révolutionnaires, religieux,..) abordés dépendent du contexte et de
l’environnement géopolitique. Elle évolue au grès des transformations économiques et
sociales et immortalise les lieux géographiques. Elle permet de rendre compte des
traditions et des modes de vie des habitants nomades ainsi que de l’évolution urbaine de
cette population : l’un des thèmes centraux résidaient dans l’opposition entre la vie au
désert et la vie en ville et les effets de celle-ci sur la culture hassanie lors de l’époque
coloniale, entre 1960 et 1970. Les poètes exerçaient une influence certaine sur la
population et favorisaient la prise de conscience de l’emprise de ces puissances
colonisatrices espagnoles. Paradoxalement, la politique d’urbanisation mise en place par
l’administration espagnole dont l’objectif était le contrôle de la population et de sa
culture, a permis une nouvelle configuration sociale par le passage d’une vie nomade à
une vie sédentaire. Certains poètes restaient gardiens des traditions hassanies pratiquant
le nomadisme dans la badia et d’autres qui, à l’inverse, défendaient leur lien avec la
modernité et les opportunités offertes par la métropole coloniale. Ainsi, l’urbanisation
entraîna l’apparition de nouvelles activités économiques sous contrôle de l’administration
espagnole entraînant un processus de développement socio-politique et culturel. Une
politique éducative et culturelle fut mise en place afin de permettre une scolarisation aux
jeunes hassanis. Des bourses furent offertes afin que ceux-ci puissent poursuivre leur
scolarité dans des établissements de la péninsule Ibérique ou des îles Canaries. Un lycée
fut construit à Dakhla permettant une émancipation de la jeunesse et la création d’une
génération d’élites capables de s’exprimer dans les deux langues, le castillan et l’arabe.
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La langue et la littérature sont ainsi devenues un véritable patrimoine. Les œuvres issues
de cette génération cultivée avaient puisé dans le legs hérité du processus de colonisation
et dans la culture hassanie, dans laquelle ils étaient profondément enracinés, pour prôner
ce qu’ils estimaient être leur indivisible identité. Or, pour la puissance colonisatrice, la
diffusion de la langue castillane constituait un instrument de contrôle de la population
hassanie. L’indépendance de la population hassanie s’est constituée dans l’exil disposant
de fait de leur liberté pour créer leurs œuvres créatrices. Par conséquent, les poètes et les
auteurs, quelle que soit la génération, au travers de leurs créations littéraires ont accéléré
cette transformation sociale qui s’ancre dans une résistance de leur identité culturelle
intangible.
La cohabitation avec la culture espagnole, l’urbanisation sans cesse croissante et la lutte
pour l’indépendance ont favorisé l’émergence d’un « modelage » des traditions et valeurs
morales de cette population. Ainsi, le rituel du service du thé est dissemblable du lieu où
on le pratique : il existe deux façons de boire le thé comme il existe deux manières d’être
au monde selon que l’on vive à la ville ou à la campagne.
Comme le souligne Cabral en 1973« Telle une fleur dans une plante, c’est dans la culture
que réside la capacité (ou la responsabilité) de l’élaboration et de la fécondation du germe
qui assure la continuité de l’histoire en garantissant en même temps la perspective de
l’évolution et le progrès de la société en question ». De fait, la poésie, mode d’expression
culturel de la population hassanie, est le témoin et le résultat des multiples transformations
sociales qui se sont opérées sur un territoire exclusivement nomade. Racine identitaire de
cette population, le contenu des poèmes y révèle les valeurs, l’héritage, les traditions et
le patrimoine permettant ainsi l’éveil à la créativité et au développement de nouvelles
activités économiques grâce aux savoirs faire locaux. Scott (2010) mentionne que ‘le lieu
ajoute de la valeur à l’économie culturelle’.
Composantes Culturelles
Expérience créative
Conscience Les Arts Externalités
Collective Culture de vie Colonisation
Valeurs Racines
Dakhla est une « ville du vent » touristique et constitue l’une des destinations
internationales les plus recherchées pour la pratique du Windsurf et du Kitesurf où elle
représente une étape du championnat du monde de ce sport de glisse. Ce tourisme de
niche est donc centré sur la nature et les sports nautiques avec une volonté sans
équivoque d’obtenir un label qui définit la ville comme la capitale de l’écotourisme
contrairement au littoral bétonné de la Costa Del Sol ou des Canaries. L’objectif des
décideurs repose sur la position de Dakhla à servir de locomotive pour le tourisme et
le développement durable de toute la Région. La ville est construite sur une mince
bande de terre construite entre l’océan et le désert : la préservation du patrimoine
écologique est indispensable dans le cadre d’une gestion soutenable des activités. La
richesse du patrimoine naturel, les paysages et la situation géographique de la ville
attirent les investisseurs par la création d’un Resort du désert (développement d’un
tourisme du désert). Afin de créer et préserver cet environnement écologique
authentique, le tourisme de masse n’est pas à envisager.
La ville dispose d’une source thermale réputée et organise des évènements culturels et
sportifs de niveau international de cinématographie et le Raid sportif féminin et
solidaire (première édition de la Saharienne en 2015). Des offres de séjours dans le
cadre de la découverte des lieux sont proposées aux touristes afin qu’ils puissent
acquérir un bien-être individuel et collectif. Ainsi, du trekking dans le désert, les sports
nautiques ou les sources chaudes sont intégrés au packaging de ces offres de produits.
Le caractère authentique de la ville de Dakhla se traduit par des maisons peintes aux
couleurs jaunes et rouges afin de se mêler à l’environnement du désert. Sur les
marchés, la population locale étale les produits du terroir cultivés sur ses terres et
transformés pour des besoins multifonctionnels (épices, tissus colorés, onguents). Des
spécialités telles que le Tichtar (viande séchée de dromadaire découpée en rondelles)
ou des tajines de poissons pêchés le jour même sont proposées aux touristes pour une
dégustation expérientielle de leur séjour. Afin de poursuivre cette expérience
d’immersion dans l’histoire et la culture des anciennes tribus, ceux-ci peuvent se
rendre au centre-ville pour la visite du musée. Enfin, la poursuite de ce voyage poly
sensoriel peut se terminer sur la belle corniche avec des cafés et quelques boutiques
propices à la flânerie et à la contemplation.
D’autres richesses naturelles décèlent également des atouts touristiques qui se
caractérisent par plusieurs éléments tels que : 667 kms de côte, baie de 400 km2,
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diversité des plages d’une grande beauté, grande diversité de la faune et de la flore,
existence d’une réserve biologique de phoques moines à Guerguart et de gazelles
Darcas (dernier refuge des espèces rares), important site archéologique (fossiles des
montagnes d’Arguergier, vestiges archéologiques de Bir Anzaran).
La politique de communication de la Région doit donc s’appuyer sur le développement
d’une stratégie et d’un capital de marque pour un tourisme de niche à caractère
authentique et écologiquement durable.
Un espace maritime territorial est aménagé à l’image du citadin à partir de ses
perceptions subjectives, de l’image qu’il renvoie et de son identité culturelle. L’offre
de biens et services proposés lors du séjour touristique est valorisée par la co-création
de ce portefeuille par l’ensemble des acteurs intervenant et interagissant avant, pendant
et après le voyage (touristes, collectivités, entreprises locales, autochtones). Dès lors,
dans le cadre du développement touristique, la valeur des espaces maritimes se traduit
par la création d’une marque ombrelle territoriale. L’image que l’on attend du territoire
au travers de son capital marque et de la personnalité de la ville se caractérise par une
image perçue et véhiculée.
L’image perçue d’une collectivité est un gage de qualité et de repère pour le touriste
en quête d’expériences créatives, de lien social, de découverte et de bien-être. C’est un
outil stratégique de différentiation (patrimoine et héritage culturel), d’identification et
d’association avec les acteurs du territoire. La politique de communication doit, de
fait, s’articuler autour d’une adhésion des projets locaux par les autochtones. Un
incubateur d’entreprises pourrait être mis en place dont la thématique porterait sur le
développement touristique où la population locale (estudiantine) serait partie prenante
avec d’autres acteurs du territoire qui les accompagneraient dans cette démarche
(collectivités, chefs d’entreprise).
Le territoire est un marché de production qui doit susciter l’appropriation physique et
visuelle du projet en mettant en valeur des scènes déterritorialisées et
décontextualisées (les Arts créatifs et le patrimoine hassani) : l’image ainsi véhiculée
doit solliciter le système émotionnel du touriste par l’utilisation des nouvelles
technologies (effets spéciaux, séquences visuelles, bandes sonores,….) qui, de par sa
mémorisation inconsciente et son imagination, anticipe la préparation de son séjour.
Le marché des m-services se développe depuis l’arrivée du digital et constitue des
attributs dans l’offre de services touristiques. On constate une augmentation de
l’intensité des effets dans la consommation des séjours touristiques en anticipant
l’expérience du touriste créatif. La notion d’espace-temps n’existe plus confondant le
passé le présent et l’avenir. Le touriste créatif anticipe, mûrit son projet, vit son
expérience lors de son séjour et poursuit sa quête du bien-être en continuant son
apprentissage sur la toile collectivement, de manière participative, et individuellement
lors de son retour sur ces lieux dépaysants qui participent à sa « culture de vie ».
La tente, mode d’habitation de la population hassanie, constitue un lieu d’échanges et
d’expériences de vie intemporel mêlant ainsi des savants, des érudits, des poètes
guerriers et des bergers.
Ces systèmes de valeurs ont un impact sur la réalité économique et territoriale : à
l’espace social des pratiques (les Arts, le Windsurf, le trekking, les Raids, …) et des
représentations correspondent un espace géographique ; ainsi, les modalités autant que
les représentations et/ou les perceptions de ces pratiques vont conférer à certaines
Régions maritimes une dimension imaginaire particulière. Les perceptions de
l’environnement paysager où se déroulent les diverses pratiques relèvent en grande
partie de l’imaginaire, « la représentation des paysages ne résulte pas d’une lecture
objective, elle est déformée par un système de filtre où interagissent des mythologies,
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des pratiques sportives, culturelles,…. » (Roux M., 1997). Les nouvelles techniques
digitales de communication participent et subordonnent cette anticipation du séjour et
favorisent l’émergence de groupes communautaires sur la toile qui, indirectement,
apportent les éléments informationnels à la construction de la marque identitaire
territoriale.
A partir des processus identitaires du touriste créatif et de la population hassanie
décrits précédemment, la marque territoriale de la Région des Provinces du Sud doit
s’appuyer sur son environnement naturel (paysager et écologique) et les
transformations économiques et sociales (l’ubérisation et la blockchain) à partir de
ressources issues du développement d’une économie culturelle, une « culture de
l’innovation » pour un tourisme innovant.
Par conséquent, les expériences de vie, que l’on soit autochtone ou touriste créatif
(prosumer), au cours d’un séjour immersif, se réalise à partir d’une « culture de vie »
développée par une « culture de l’innovation », la culture n’étant plus identité mais
fécondité. François Bigrel (2014) énonce, dès lors, que « la culture n’est pas faite pour
être accumulée pour elle-même ou pour répondre à une histoire qui se répéterait (elle
ne se répète pas). Elle sert par différence à indiquer ‘ce que l’on ne sait pas encore’
lorsqu’on est plongé dans une situation nouvelle et que l’on va donc devoir créer ».
III) Conclusion
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environnement naturel écologique. Celle-ci se doit de considérer les processus
identitaires du touriste créatif et de la population de la Région des Provinces du Sud :
- Les nouveaux besoins et attentes du touriste créatif ou « prosumer »
- Les modes d’utilisation des outils digitaux et la « culture de l’innovation »
- La prise en compte de la personnalité de la ville dans la création de son capital
marque
- L’image véhiculée, perçue et le message à transmettre
- Le degré d’implication de la population hassanie dans l’offre de séjours
touristiques
- La création d’une identité singulière territoriale
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