Vous êtes sur la page 1sur 32

TOURISME

DURABLE :
UTOPIE OU
RÉALITÉ ?
Tourisme intégré, Tourisme équitable,
Tourisme alternatif, Tourisme citoyen,
Eco-tourisme…

Nouvelles approches, Nouvelles tendances,


Nouvelles conceptions du tourisme.

Les Etudes Techniques de l’Association


Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme
15, Avenue Carnot, 75017 Paris

Dossier réalisé en collaboration avec Stratégos

I
Page III Préfaces
Page IV Introduction
Page V Le poids et l’influence du secteur touristique
Page V La problématique du tourisme durable
Page VI Les définitions, fondements, causes et cheminements des nouvelles
approches touristiques
Page IX Les principes directeurs et les avantages du tourisme durable
Page XI Les mises en application des principes ; les limites et l’évaluation du
tourisme durable
Page XIV Les acteurs et leurs implications dans l’évolution du tourisme durable
Page XXI Les mesures à prendre en faveur d’un développement du tourisme
durable
Page XXVI Les conclusions

Il est dans le rôle de l’Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (A.P.S.)


d’observer et de suivre les nouvelles tendances de la consommation touristique pour
en informer ses adhérents.

C’est dans cet état d’esprit, après l’étude sur le « nouveau consommateur tourisme »
présentée en 2002, qu’a été réalisée cette nouvelle étude technique consacrée au
« Tourisme durable ».

La recherche de plus de sens dans les vacances fait, depuis quelques années, son
chemin dans l’esprit de nombreux consommateurs, prêts désormais à payer un peu
plus cher pour des voyages répondant à des critères rigoureux d’éthique. D’ailleurs,
une étude récente de l’Observatoire Cetelem révèle, pour ces consommateurs, un
véritable besoin de référence à des valeurs telles que le respect (de l’homme et de
l’environnement), l’honnêteté (la transparence et l’intégrité), et la solidarité (la
conscience de l’intérêt collectif).

Les professionnels du tourisme ne peuvent donc plus ignorer ces nouvelles de-
mandes. Ils doivent désormais en tenir compte, par exemple dans leur programmation,
dans le choix de leurs fournisseurs ou dans la présentation de leurs programmes.

Engager une réflexion sur ces enjeux futurs et leurs conséquences dans le domaine
du tourisme, tel est l’objet de la présente étude réalisée à partir de nombreuses docu-
mentations, réflexions et prises de position sur le Tourisme durable.

Préserver le patrimoine et l’authenticité des destinations touristiques est de l’intérêt


de tous et de chacun. Avant tout, celui des populations concernées mais aussi et autant
celui des professionnels qui assurent ainsi la sauvegarde et l’avenir de leur métier.

II
Préfaces
Par Tokia Saïfi, Secrétaire d’Etat Par Léon Bertrand, Secrétaire Par Francesco Frangialli,
au développement durable d’Etat au tourisme Secrétaire général de
l’Organisation mondiale du tourisme

Depuis le sommet mondial de Rio sur Alors que le souci d’un développement L’année 2002 a marqué un tournant
le développement durable, chaque pays durable est une préoccupation essen- majeur dans le rapprochement du tou-
a pris des engagements pour avancer tielle, il était important de prendre en risme et de la notion de durabilité. En
dans cette démarche et chaque secteur considération ses déclinaisons dans le premier lieu, parce que cette année a
professionnel a essayé de la mettre en secteur touristique. L’étude réalisée par été déclarée « Année internationale de
œuvre. C est le cas pour le secteur du l’APS présente de façon exhaustive les l’écotourisme » (AIE) par les Nations
tourisme qui a peu à peu fait émerger différentes formes du tourisme durable. Unies. Cela a permis d’amener les
le concept de tourisme durable, tant Elle a aussi le mérite de poser très clai- gouvernements à prendre conscience
dans le domaine international qu’au rement les enjeux qui attendent l’in- des enjeux d’un développement res-
plan national. En France, comme en dustrie et les acteurs du tourisme à ponsable de ce segment du marché qui
Europe, les initiatives locales se sont l’aube de ce siècle et de proposer des se veut le fer de lance du secteur du
multipliées, soutenues par l’Etat et les pistes de réflexion particulièrement tourisme en matière de respect de l’en-
collectivités territoriales (régions et dé- pertinentes. vironnement et d’équité. De nom-
partements), répondant ainsi à une breuses conférences, dont le Sommet
nouvelle sensibilité du public. Parce que le tourisme reste, en ces mondial de l’écotourisme à Québec
temps troublés, le vecteur d’échange (Canada), et de multiples publications
Pour les destinations de pays en déve- culturel entre les peuples, qu’il parti- de l’Organisation mondiale du tou-
loppement, la démarche du tourisme cipe à l’apprentissage d’autrui, à la risme ont contribué à cet effort .
durable (équitable et solidaire) a été confrontation des cultures dans ce
d’abord adoptée par un groupe d’asso- qu’elles ont de plus accueillant et de En second lieu, 2002 a vu la tenue du
ciations et de professionnels du voyage plus chaleureux, il convient de prendre Sommet mondial du développement
et de l’aventure, conscients des risques en compte la nécessaire intégration de durable (SMDD) à Johannesburg
pour la préservation de certains terri- l’activité touristique dans le dévelop- (Afrique du Sud) qui, contrairement à
toires vierges, mais aussi du risque de pement durable. celui de Rio dix ans auparavant, a
perturbation de communautés fragiles abordé de plein pied le thème du dé-
que fait peser le développement d’un Faire en sorte que la structure d’accueil veloppement touristique. L’accent a
tourisme de masse. soit un élément interactif de son envi- notamment été mis sur l’énorme po-
ronnement, qu’elle favorise la com- tentialité du tourisme, s’il est déve-
Le document préparé par l’Association plémentarité entre la nouvelle activité loppé et géré selon les critères de du-
de Solidarité du Tourisme (APS) et le contexte local, qu’il soit écono- rabilité, à contribuer à la lutte contre
montre que ce souci de proposer aux mique, social ou environnemental, la pauvreté dans le monde.
touristes une autre forme de tourisme voilà l’enjeu d’un tourisme durable.
est largement partagé par des agences Pour atteindre l’ensemble de ces ob-
françaises du voyage d’aventure ou des L’étude de l’APS participe à cette ré- jectifs, il est nécessaire qu’en plus de
organisations non gouvernementales. flexion et je ne puis que me féliciter l’appui des gouvernements et de la
Ce document apporte un autre ensei- de sa qualité. ferme volonté des entreprises, la so-
gnement : le tourisme durable n’est ciété civile s’engage elle aussi afin de
plus à inventer mais à conforter et à réellement provoquer le changement
diffuser. Il appartient à tous les acteurs concret de nos modes de vie et de
du tourisme, les professionnels et les consommation. Cet ouvrage est un
ONG, les communautés locales et les maillon de cet engagement, et je suis
gouvernements de jouer leur partie. confiant qu’il contribuera à la diffu-
Pour promouvoir cette démarche, le sion des principes de durabilité auprès
ministère de l’Ecologie et du du secteur du tourisme tout entier et de
Développement durable s’efforce de ceux qui font appel à ses services.
s’impliquer davantage dans la coopé-
ration Nord-Sud et dans le transfert de
savoir-faire.

<
III
Le consommateur réfléchissant da-
L’exploitation permanente vantage aux conséquences de ses
actes (utilisation croissante des res-
par les êtres humains sources, multiplication des déchets,
exploitation des pays émergents),
a ravagé notre une profonde modification dans les
comportements et les pulsions
Terre nourricière. d’achat en découle. La ‘’consom-
mation engagée’’ s’avère donc,
peut-être, l’un des thèmes porteurs
de la décennie 2000-2010.

Introduction Les consommateurs des années


1950/1960 entraient de plein pied
dans la production standardisée et
La consommation qui s'accompagne
de sens est désormais privilégiée.
Les nouveaux consommateurs at-
« La Terre est le berceau de la vie, la production de masse ; ceux des tendent des entreprises qu'elles pren-
un patrimoine commun à toute l’es- années 1970/1980 étaient marqués nent en compte certains problèmes
pèce humaine. par l'hyper individualisme flattant de société dans l'exercice de leur ac-
Une étude approfondie de l’évolution leur narcissisme ; la décennie 90 tivité. « Le succès à long terme
de la Terre sur 4,6 milliards d’années voit brutalement le décor changer : d'une entreprise, souligne l'Obser-
indique que 10 000 ans environ ont les tensions, les inquiétudes sur vatoire Cetelem, dépend aujourd'hui
été consacrés à l’ère agricole et 200 l'évolution du monde (conflits, sida, non seulement du respect rigoureux
années à la révolution industrielle. envol du chômage, insécurité…) et des règles du jeu économique, mais
Et, ce faisant, une civilisation et une les mutations de la société salariale également de la référence à des va-
société extraordinaires ont vu le jour. pèsent fortement sur les comporte- leurs supérieures telles que le res-
Mais l’exploitation permanente par ments. pect (de l'homme et de l'environne-
les êtres humains a ravagé notre ment), l'honnêteté (la transparence
Terre nourricière. Un certain nombre Encore empêtré dans ses contradic- et l'intégrité) et la solidarité (la
de problèmes – pollution et dégra- tions, le “nouveau consommateur’’ conscience de l'intérêt collectif) ».
dation environnementales, destruc- se détache peu à peu de la société Une étude menée par Fleishman-
tion écologique, expansion démo- de consommation dans ce qu’elle a Hillard et Ipsos sur le territoire na-
graphique, pénurie de ressources de plus absurde : consommer pour tional vient confirmer ces observa-
notamment – menacent de plus en consommer. On assiste à une prise tions. Elle révèle que : « neuf clients
plus le développement et la survie de conscience et une volonté d’agir. sur dix seraient disposés à privilé-
humaine. Ces problèmes nous obli- Le besoin de calme et de ressource- gier les produits qui démontrent une
gent tous à réévaluer la voie em- ment se fait sentir. L’écologie, la tra- action citoyenne et sept clients sur
pruntée par les êtres humains et à ré- dition, le respect… orientent les dix accepteraient de payer plus cher
fléchir à la question. choix. un produit éthiquement correct ».
Au cours de la longue histoire de
l’humanité, trente ans ne représen- Ce nouveau type de consommateur, Aux Etats-Unis, les guides d’achats
tent qu’un clin d’œil. Pourtant, de- défini par la revue Touriscopie pour les consommateurs citoyens
puis trois décennies, la société fait comme un consommateur “deux en “Shopping for à Better World’’ ou
des efforts constants pour sauver un” est : « constamment tiraillé entre en France, la filière Max Haavelaar
notre patrimoine malade. Même s’il les pulsions de la société de (qui prône le commerce éthique) et
existe des différences et des débats consommation et celles que la cul- Artisans du Monde tentent de pro-
en matière de protection environne- ture, l'histoire et le moi profond lui mouvoir les filières de développe-
mentale, l’effort commun entrepris commandent, l'incitant à une quête ment durable des pays pauvres.
par toutes les nations pour aborder de vrais repères ». Il commence à
la crise environnementale et sauver réaliser que chaque individu doit Avec l’arrivée de ces nouvelles ten-
la planète est devenu une immense faire preuve de plus de solidarité. Il dance de consommation et l’appari-
tendance historique. » aspire à une certaine réconciliation tion de nouveaux types de consom-
avec lui-même, à la fois en tant que mateurs (“entrepreneur’’, “deux en
Xie Zhenhua citoyen, salarié et consommateur. un’’, “citoyen’’), les termes de
Ministre de Chine. Tourisme intégré, Tourisme durable,

IV
Tourisme équitable, Tourisme ci-
toyen, Tourisme éthique, Eco- Le tourisme est considéré
Tourisme… entrent dans le « jar-
gon » des professionnels et des
experts du Tourisme.
comme un leader de la
Les campagnes pour consommer
globalisation et même le
“différent’’, “responsable’’ ou
“éthique’’, qui ont déjà touché en moteur du développement.
partie le marché des biens de
consommation, vont-elles atteindre
le secteur du tourisme ? On peut le
penser : l’introduction du rapport du supérieurs à la moyenne au cours patrimoines écologiques et culturels.
Secrétaire Général du Conseil des dernières années, ce qui l'a pro- Cette commission souligne que
Economique et Social des Nations- jeté parmi les branches économiques « certaines zones, en particulier les
Unies sur le “développement du tou- les plus importantes du monde. Avec parcs, les aires protégées et les sites
risme durable’’ affirme : « Dans de plus de 200 millions de salariés, il culturels ou naturels demeurent des
nombreux pays, la demande d’un est aussi devenu l’un des premiers atouts essentiels pour l’essor de l’in-
nouveau type de tourisme est en employeurs au monde. De ce fait, le dustrie touristique. Celle-ci peut
progression et pose de nouveaux dé- tourisme est considéré comme un donc contribuer à leur conservation,
fis à l’industrie touristique, aux leader de la globalisation et même en apportant des ressources finan-
Pouvoirs publics et à la commu- le moteur du développement du cières au service de l’environnement
nauté internationale ». XXIe siècle, s'imposant notamment tout en lui assurant une meilleure
comme le secteur d'avenir dans gestion ».

Influence toutes les régions endettées de la


planète ».
Problématique
LE POIDS ET L’INFLUENCE L’influence du Tourisme est indé-
DU SECTEUR TOURISTIQUE niable. Son impact socioculturel est LA PROBLÉMATIQUE
assurément, avec l’impact écono- DU TOURISME DURABLE
Dans le concept général du “déve- mique, l’un de ses plus importants
loppement durable’’, le tourisme ap- effets induits. Cette activité incite à Peut-on et doit-on envisager le tou-
paraît, par son rôle et son influence la sauvegarde, et procure les moyens risme comme une « option de déve-
sur l’environnement, l’économie ou financiers nécessaires à la protec- loppement pour une société… et à
les relations humaines et sociales, tion, l’amélioration et même la ré- quel prix ? »
comme l’une des activités de base. habilitation du patrimoine culturel
Selon l'Organisation Mondiale du mondial.. Le tourisme est aussi Dans les années 80-90, des études
Tourisme, en 2010, on peut prévoir considéré comme un facteur de va- réalisées dans plusieurs pays du Sud
un milliard d'arrivées internationales lorisation et de promotion des cou- démontraient que, loin d'apporter un
à l’échelle de la planète et, en 2020, tumes, des métiers et des cultures bénéfice économique, le tourisme
1,6 milliard. D’ici 2020, les arrivées locaux, contribuant à la reconnais- avait tendance à aggraver la pau-
de touristes en Europe atteindront sance et au respect de la pluralité des vreté et la dégradation des milieux
717 millions, soit plus de deux fois identités culturelles. socioculturel et environnemental,
le record de 1995 ! particulièrement dans les secteurs
Pour beaucoup d’observateurs, dont défavorisés des communautés hôtes.
Le secteur touristique constitue éga- ceux de la Commission du Déve- Pour beaucoup de ces pays, le tou-
lement un puissant moteur de déve- loppement Durable du Conseil risme était une industrie nouvelle
loppement économique, en raison Economique et Social de l’ONU, le qui, en raison de la pauvreté et de la
de ses effets multiplicateurs et d’en- tourisme peut contribuer à la pro- dette contractée, dépendait presque
traînement sur le reste de l’écono- tection de l’environnement, à la pré- entièrement des investissements
mie. C’est aussi un important pour- servation de la diversité et à l’ex- étrangers pour les infrastructures
voyeur d’emplois : « En dépit des ploitation durable des ressources touristiques. Les incitations géné-
crises et des récessions, le tourisme naturelles, notamment en faisant reuses offertes aux compagnies
a enregistré des taux de croissance prendre conscience de la valeur des étrangères par les Pouvoirs publics

V
sonnalités du tourisme, d’un déve-
Un tourisme facteur de loppement touristique harmonisé).

modernité économique Définitions


peut-il être aussi facteur LES DÉFINITIONS,
d’intégration? FONDEMENTS, CAUSES
ET CHEMINEMENTS
DES NOUVELLES
APPROCHES
TOURISTIQUES.
locaux pour investir dans le tou- d’acculturation et de déstructura-
risme aboutissaient parfois à dé- tions sociale, psychologique et en- On ne peut évoquer l’enjeu du
pouiller l’économie et les commu- vironnementale’’, “porteur de fragi- Tourisme durable, ses principes, ses
nautés locales de leurs maigres lité’’, “synonyme de dépendance’’… avantages et ses limites, sans au
ressources. Autre conséquence, les préalable en définir ses différentes
importations – supérieures aux ex- En tout état de cause, et quelle que appellations et rappeler ses fonde-
portations – s’accroissaient déme- soit la position que l’on adopte, il ments et ses causes.
surément afin de répondre aux goûts faut bien admettre que les effets de
et désirs des touristes. l’activité touristique – tant positifs 1 - DÉFINITIONS.
De telles situations révélaient, dans que négatifs – dans les domaines Tourisme intégré, Tourisme durable,
un certain nombre de pays en déve- économique, social, culturel et en- Tourisme équitable, Tourisme alter-
loppement, que le coût de l'intro- vironnemental engendrent, depuis natif, Tourisme citoyen, Eco-tou-
duction du tourisme, en tant qu'in- quelques années, une prise de risme… les dénominations sont plé-
dustrie, était parfois plus élevé que conscience sur la nécessité d'en maî- thoriques ; faisons le point.
les bénéfices retirés… triser le développement. C’est dans
cette perspective que les organismes - Le Tourisme intégré concernait, à
Parallèlement, un nombre de plus en internationaux, les Etats, les profes- l'origine, les formes de tourisme, ex-
plus important d’experts s’élevaient sionnels, les associations, les syndi- périmentées en Casamance (Séné-
contre les conséquences de cette cats et les ONG concernés ont fait gal) dans les années 60-70 (à l’ini-
nouvelle ère du “Fast Tourism” car, de nombreuses recommandations, tiative du Français Christian
à leurs yeux, “le tourisme de masse dont l’intérêt est indiscutable, et pris Sanglio), reposant sur l’intégration
gommait les différences, stéréoty- de multiples initiatives, dont les ré- des activités touristiques à la vie lo-
pait les villes du monde, freinait la sultats restent cependant, pour le cale et au service du développement.
spontanéité et aggravait les atteintes moment, limités en raison des diffi- Précurseur du tourisme durable, il
à l'environnement’’. cultés que rencontre leur mise en ap- s'oppose au “tourisme enclavé’’, le-
plication. quel est plaqué sur un environne-
Le développement touristique n’a ment préexistant qu'il détruit parfois,
pas fini de susciter des controverses, Ces réalités complexes et diver- dont le tourisme balnéaire et les sta-
d’autant plus vives qu’elles s’ap- gentes, après quarante années de dé- tions de ski en sont les exemples les
puient sur des attitudes parfois ma- veloppement touristique qui n'ont plus fréquents.
nichéennes et souvent tranchées. pas toujours donné les résultats es-
D’un côté, des analyses considèrent comptés, soulèvent la question - Le Tourisme équitable est un
le tourisme comme moteur et pivot concomitante à celle d’un tourisme concept récent, qui se réfère à celui
de développement et comme instru- facteur de modernité économique : du “commerce équitable” dans le-
ment exceptionnel d’ouverture, le tourisme peut-il être aussi un fac- quel s'établit une relation juste entre
d’échanges interculturels, de désen- teur de développement et d’intégra- l’hôte du pays d’accueil et le
clavement et d’aménagement terri- tion? À l’enjeu du développement consommateur. Il propose une ré-
torial. De l’autre, avec des argu- vient s’ajouter un enjeu sociétal qui munération correcte du producteur
ments tout aussi convaincants, les est peut être aujourd’hui “l’enjeu (l’hôte du pays d'accueil) et réduit
jugements se font plus sévères sur fondamental’’ des années à venir les aléas du commerce entre régions
l’activité touristique définie comme: (d’où la nécessité, comme le souli- consommatrices riches et régions
“mirage économique’’, “vecteur gnent de nombreux experts et per- productrices pauvres et dépendantes.

VI
L'adaptation de la notion “d'équita-
bilité’’ au tourisme reste cependant Le tourisme constitue
encore délicate à cause de la com-
plexité d’un marché touristique qui
n'est pas réductible à une simple
le défi le plus
transaction entre producteurs et
consommateurs, le “produit touris-
important du monde
tique” (qui n'est parfois qu'un pay-
sage gratuit ou un loisir importé) en développement.
étant lui-même un produit com-
plexe.

- Le Tourisme alternatif comporte ment une façon d’apporter une aide 2 - F ONDEMENTS ET CAUSES DES
une connotation éthique pour ceux financière tout en développant et va- NOUVELLES APPROCHES TOURIS-
qui cherchent une alternative aux ef- lorisant le niveau de vie de la com- TIQUES.
fets négatifs du tourisme (boulever- munauté locale ». « Le Tourisme est la migration la
sements sociaux, perte de l’identité plus massive de l'histoire de
culturelle, détérioration du patri- - Le Tourisme citoyen, partant du l'Humanité et elle se produit chaque
moine naturel…) et qui souhaitent principe défini par certaines asso- année. À moins que le tourisme ne
mettre en avant tous les éléments ciations militantes, dont ATTAC, se- soit convenablement géré, il peut de-
qui constituent l’identité d’un pays lon lesquelles « il faut agir par la venir un engin de destruction plutôt
(culture, histoire, environnement…). consommation et agir pour consom- qu'un moteur de l'évolution hu-
Le tourisme alternatif suppose éga- mer autrement, le choix de consom- maine. Les pays qui ne se sont pas
lement que les activités soient gé- mation étant un outil de la démo- préparés pour le tourisme vont être
rées majoritairement, voire exclusi- cratie, quasiment un acte politique » submergés et leurs sociétés littéra-
vement, par les populations locales. prend ses distances et se radicalise lement dénaturées. Voilà pourquoi
Cette forme de tourisme représente par rapport aux autres formes de le tourisme constitue le défi le plus
l’une des activités sans doute la plus tourisme. Les mouvements de tou- important du monde en développe-
adaptée pour permettre à des popu- risme citoyen n’hésitent pas pour ment » prévient Ted Manning, ex-
lations en difficulté d’augmenter certains « à boycotter des pays ou pert international et spécialiste du
leurs sources de revenus et d’amé- des régions à leurs yeux politique- tourisme durable.
liorer leur niveau de vie. ment incorrects ». Cette position, partagée par de nom-
breux scientifiques, experts, asso-
- La notion d'Eco-tourisme fut - Le Tourisme durable, selon l'OMT, ciatifs, professionnels et politiques,
d'abord un concept créé pour décrire « consiste à répondre aux besoins explique déjà que, dans les années
un voyage de découverte dans une des touristes actuels et à ceux des 80 et au début de la décennie 90,
nature préservée, avec l’accent mis communautés d'accueil tout en pro- quelques gouvernements et organi-
plus particulièrement sur l'éducation tégeant l'environnement et en déve- sations non gouvernementales
et la sensibilisation au milieu. Pour loppant des opportunités pour le fu- s’étaient penchés sur les consé-
la Société Internationale de l'Eco- tur. C'est adopter une approche de quences négatives du tourisme, no-
tourisme, il s’agit « d’un tourisme gestion de sorte que les ressources tamment au niveau de la précarité
responsable en milieux naturels qui économiques, sociales et la qualité de l’emploi, de l’exploitation des en-
préserve l'environnement et parti- de l'environnement puissent être ex- fants, de la prostitution, de la dispa-
cipe au bien-être des populations lo- ploitées tout en maintenant l'inté- rition des traditions, de l’érosion des
cales » et pour l'Union Mondiale de grité culturelle et en protégeant les valeurs culturelles et de la dégrada-
la Conservation (World Conserva- systèmes dans leur diversité (no- tion de l’environnement des sites
tion Union), c'est « la visite de mi- tamment faune et flore) ». touristiques et naturels.
lieux naturels relativement intacts,
comportant une implication socio- Pour la clarté de l’exposé, nous pri- Examinons quelques-uns des griefs
économique des populations locales vilégierons le terme de Tourisme du- les plus souvent reprochés au tou-
qui est à la fois active et bénéfique. rable, concept global s’appliquant à risme.
L’une des bases de l’éco-tourisme l’ensemble des différentes ap- Au niveau économique, de plus en
étant bien entendu la conservation proches touristiques. plus nombreux sont ceux qui ad-
des milieux naturels, mais égale- mettent maintenant qu’une crois-

VII
transports et des activités qu’elle gé-
L’industrie touristique nère, l’industrie touristique est plus
que d’autres susceptibles de causer
est plus que d’autres des effets négatifs. Le traitement et
l’élimination des déchets sont en ef-
susceptible de causer fet des problèmes particulièrement
préoccupants pour les pays qui ne
des effets négatifs. disposent pas des infrastructures,
des moyens financiers ou des res-
sources physiques pour les résoudre.
Ce phénomène va d’ailleurs deve-
nir au fil des années une question
sance incontrôlée d’un tourisme vi- d’aéroports, réseau routier, com- des plus critiques, notamment pour
sant le profit à court terme a fré- plexes hôteliers, terrains de golf, les petits Etats insulaires en déve-
quemment des effets négatifs sur centres de sports nautiques, randon- loppement.
l’environnement et les sociétés, en nées 4x4 ...) Dans certains cas, les
détruisant les bases mêmes sur les- projets touristiques motivent le dé- Que ce soit au niveau environne-
quelles le tourisme est construit et placement forcé de la population et mental, économique ou sociocultu-
prospère. opèrent une ponction sur des res- rel, les tenants de la thèse d’un im-
Dans son ouvrage : “Tourisme et sources rares, comme l’eau (sous les pact négatif du tourisme soulignent
Tiers-Monde, un bilan controversé’’, tropiques, un touriste use en avec fermeté que le développement
Georges Cazes démontre la corréla- moyenne entre 7 et 10 fois plus touristique implique des choix.
tion existant entre flux touristique d'eau qu'un paysan pour arroser ses Force est de constater que ces choix,
et inflation. On peut observer très champs et nourrir sa famille), au dé- actuellement, se font trop souvent
souvent, notamment dans les pays triment des communautés. au détriment des besoins des popu-
les plus défavorisés, que le volume Souvent, et c’est un point important lations et du respect de leurs droits.
de touristes provoque un accroisse- de l’analyse, on remarque que ces De plus, soulignent toujours les te-
ment des prix qui engendre des frus- effets sont plus prononcés pour les nants de cette thèse, l’instabilité in-
trations importantes chez les popu- économies en transition et en déve- hérente à l’activité touristique, liée
lations locales. En effet, celles-ci ne loppement, plus fragiles et donc plus aux aléas politiques, sociaux, éco-
peuvent plus consommer leurs sensibles aux phénomènes d'accul- nomiques et climatiques constitue
propres produits, en quelque sorte turation. un facteur aggravant pour ceux qui
réservés aux étrangers disposant de Si les coûts sociaux et culturels sont en dépendent exclusivement ou for-
moyens financiers supérieurs. fortement dépendants de la capacité tement (baisse brutale de la fré-
des autorités locales à maîtriser et quentation lors de périodes de
Au niveau socioculturel, l’appari- gérer les flux touristiques, notons troubles socio-politiques, de cala-
tion de certaines pratiques touris- qu’ils augmentent lorsque l’activité mités naturelles ou de fléchissement
tiques – dont les plus scandaleuses touristique tend à se substituer inté- de la conjoncture économique dans
sont le tourisme sexuel et l’exploi- gralement à d’autres secteurs d’ac- les pays émetteurs…) Cette dépen-
tation du travail des enfants – peu- tivités en puisant aux mêmes res- dance excessive à l’égard d’un seul
vent engendrer des coûts sociaux sources. pays émetteur de touristes augmente
importants et exercer des effets dé- Aussi, n’est-il pas interdit de pen- encore plus les risques. Seules une
stabilisants pour les communautés ser, comme le font certains experts, réglementation drastique, une
d’accueil, tels que l’éclatement des professionnels et sociologues, que meilleure gestion de l'industrie tou-
structures traditionnelles et fami- le tourisme peut favoriser le déve- ristique et l'auto-surveillance réus-
liales, la paupérisation, le dévelop- loppement d’une “monoculture” siront à redresser la situation.
pement de la mendicité, la déstruc- économique et accroître la vulnéra- « L'objectif ultime est d'éviter que
turation culturelle au profit d'une bilité des sociétés concernées. le tourisme ne mange son blé en
sous-culture “folklorisée”. herbe, qu'il n'érode les atouts qui ont
Dans ce domaine, la pression fon- - Au niveau de l’environnement, du d'abord attiré les touristes. Si cette
cière joue elle aussi un rôle déter- fait des ressources qu’elle consom- mission est menée à bien, le tou-
minant et peut contraindre les habi- me, de la pollution et des déchets ré- risme deviendra une force à l'appui
tants de lieux touristiques à quitter sultant du développement des infra- d'un développement plus durable et
leur domicile habituel (constructions structures, de l’intensification des c’est l'industrie touristique tout en-

VIII
tière et les destinations ciblées qui
en profiteront ». Garantir aux générations
La relation entre tourisme et déve-
loppement durable constitue ce que
futures des conditions
l’on pourrait appeler une situation
classique de type “gagnant-ga-
de vie au moins
gnant’’ pour tous ceux qui feront le
choix de s’y impliquer. équivalentes aux nôtres.
3 - É TAPESVERS UNE NOUVELLE
ÉTHIQUE DU TOURISME.
Pour amener les différents acteurs
de l’industrie touristique à adopter
un comportement plus responsable,
En 1999, l’Organisation Mondiale
du Tourisme adopte un Code
d’éthique du tourisme qui reprend
Avantages
puis intensifier et coordonner les ac- l’essentiel des conférences onu- LES PRINCIPES
tions en ce sens, un long chemin a siennes. La même année, “la DIRECTEURS ET LES
dû et devra encore être parcouru. Commission du développement du- AVANTAGES DU
rable’’ (CDD7), organisme de TOURISME DURABLE
Dès les années 60, quelques asso- l’ONU chargé de superviser la mise
ciations “avant-gardistes’’ dénoncent en application des décisions du pro- 1 - PRINCIPES DIRECTEURS.
l’impact “destructeur’’ du tourisme cessus de Rio, élabore un pro- On ne peut évoquer les principes di-
sur les cultures locales. Ensuite, se gramme d’action dans le domaine recteurs des nouvelles approches
succèdent, en 1972, le Sommet des du tourisme. En France, la Charte touristiques sans parler auparavant
Nations Unies sur l'Homme et “Tourisme et éthique”, inspirée du du “développement durable’’ dont
l'Environnement ; en 1982, la Code mondial d'éthique de l'OMT, elles sont en grande partie issues. Le
Conférence du tourisme mondial est lancée en 2000. Grâce à une po- développement durable peut être
d’Acapulco ; la déclaration de litique volontariste du Secrétariat l'une des orientations maîtresses du
Manille sur le tourisme mondial en d'Etat de Michèle Demessine, du XXIe siècle sur laquelle se fondent
1985 ; en 1985, sont adoptés par SNAV et du CETO, elle est mainte- plusieurs secteurs d'activité parmi
l’OMT, à Sofia, la Charte des droits nant signée par bon nombre de pro- lesquels le Tourisme.
du tourisme et le Code de conduite fessionnels du secteur.
du tourisme. La conférence de Rio Le développement durable préco-
de 1992 souligne la nécessité de En octobre 2001, l’Assemblée nise une attitude qui vise à “garantir
modes de développement plus aptes Générale de l’OMT, à Séoul et aux générations futures des condi-
à préserver les ressources de la pla- Osaka, constitue un Comité Mondial tions de vie au moins équivalentes
nète. d’Ethique du Tourisme. En mai à celles que nous connaissons’’.
2002, au Québec, le Sommet Tout en soulignant que les défini-
En 1994, le Comité des Ministres du Mondial de l'Eco-Tourisme définit tions du “développement durable’’
Conseil de l’Europe élabore une re- les interventions que devraient faire ont donné lieu à différentes inter-
commandation aux Etats membres ; en partenariat tous les acteurs im- prétations, celles-ci cependant cor-
puis, se tient la Conférence pliqués dans l’éco-tourisme afin que respondent à trois types de préoccu-
Mondiale du Tourisme durable, à son développement puisse effecti- pations – économiques, sociales et
Lanzarote, en 1995, qui définit une vement se dérouler dans le respect environnementales – qu'il convient
Charte du Tourisme Durable. de l'environnement, des écosystèmes de réconcilier. Ainsi,
L'Agenda 21 pour l'industrie du tou- et des populations. - la durabilité sociale et culturelle
risme et du voyage est arrêté en doit garantir un développement per-
1996 : c’est la transposition au sec- Enfin, en août 2002, à Johannes- mettant aux individus de mieux maî-
teur du tourisme de la déclaration de burg, une conférence de l’ONU : triser leur vie en étant compatible
Rio de juillet 1992 sur l’Environne- « Rio + 10 », obtient des résultats avec la culture et les valeurs de ces
ment et le Développement signée mitigés, néanmoins un plan d'action personnes, afin de renforcer et en-
par 178 Etats membres des Nations sur le développement durable a fi- tretenir l'identité communautaire ;
Unies. nalement été adopté par les 192 pays - la durabilité économique doit ga-
représentés. rantir un développement économi-

IX
Le développement durable 2 - AVANTAGES DU TOURISME
DURABLE.
est un processus qui Les principaux avantages du tou-
risme durable peuvent se résumer
se déroule sans dégrader comme suit :
- le tourisme durable favorise la
ni épuiser les ressources. compréhension des effets du tou-
risme sur les environnements natu-
rel, culturel et humain ;
- le tourisme durable assure une
juste répartition des bénéfices et des
quement efficace et des ressources “Développement d'un tourisme du- coûts, permettant de contribuer à
gérées de manière à pouvoir subve- rable : Guide à l'intention des plani- l’amélioration de la qualité de vie
nir aux besoins des générations fu- ficateurs locaux’’, permet de mieux des populations locales ;
tures ; encore en saisir les principes : « La - le tourisme durable, en faisant par-
- la durabilité écologique doit ga- planification du tourisme dans le ticiper à la prise de décision tous les
rantir un développement compatible contexte de l’aménagement global segments de la société, y compris la
avec le maintien des processus éco- du territoire est la base du dévelop- population locale, permet la coexis-
logiques essentiels, de la diversité pement intégré, maîtrisé et durable tence des touristes et des autres uti-
et des ressources biologiques. de ce secteur. Elle doit tenir compte lisateurs de ressources ;
Il va sans dire qu’une très grande des différentes composantes de la - le tourisme durable, en associant
partie de ces préoccupations se re- mise en valeur touristique en fonc- les populations locales à ses activités
trouvent de manière très concrète tion des marchés touristiques et de économiques, permet à ces dernières
dans le domaine du tourisme, sec- l’environnement local (nature, cadre la création de nouveaux emplois et
teur dont on sait qu’il peut apporter bâti et environnement socio-écono- de nouveaux revenus ainsi que
une contribution décisive au déve- mique). Le développement durable l’élargissement des marchés pour les
loppement durable, notamment en est un processus qui se déroule sans produits locaux et donc de
améliorant le bien-être des popula- dégrader ni épuiser les ressources meilleures chances de formation
tions, en favorisant un comporte- qui lui permettent de se développer. professionnelle et d’ascension ra-
ment responsable des touristes ou On y parvient en général en gérant pide ;
en facilitant la gestion du patrimoine les ressources de sorte qu'elles puis- - le tourisme durable, en associant
naturel et culturel. sent se renouveler au même rythme les communautés et les pays à ses
que celui de leur exploitation, ou en activités, permet de nouvelles pos-
C’est à partir de cette notion géné- renonçant à exploiter une ressource sibilités d’investissements pour les
rique de “développement durable’’ qui se régénère lentement pour en entreprises locales (et donc l’aug-
que s’est greffée toute cette série de employer une autre qui se régénère mentation des recettes publiques),
nouvelles approches touristiques plus vite. De la sorte, les ressources l’amélioration de l’infrastructure,
(Tourisme intégré, Tourisme équi- peuvent continuer à subvenir aux des équipements et des services col-
table, Tourisme alternatif, Tourisme besoins des générations tant pré- lectifs, la mise en place de soins mé-
citoyen, Eco-tourisme) regroupées sentes qu'à venir ». dicaux et l’application d’une de-
au sein de ce qu’il convient désor- mande sécuritaire ;
mais d’intégrer sous le vocable de Le tourisme durable peut donc se - le tourisme durable pousse à pré-
Tourisme Durable. caractériser comme un modèle de server les sites archéologiques, les
Ainsi, l'idée d'un développement du- développement économique destiné bâtiments et les quartiers historiques
rable du tourisme reprend à son à: tout en contribuant à en payer les
compte les trois dimensions que sont - améliorer la qualité de vie de la travaux;
l’écologie, l’économie et le socio- communauté recevant le visiteur ; - le tourisme durable renforce la
culturel, répondant en grande partie - offrir au visiteur une expérience de fierté des communautés locales et
à la nécessité d'un nouveau regard première qualité ; permet d’approfondir la compré-
sur les orientations possibles et sou- - maintenir la qualité de l’environ- hension et les échanges entre des
haitables de l’industrie touristique. nement sur laquelle comptent à la peuples aux horizons différents ;
fois le visiteur et la communauté qui - le tourisme durable, respectueux
L'OMT, dans un document intitulé l’accueille. de l’environnement, peut contribuer

X
à le préserver et démontre l’impor-
tance des ressources naturelles et Le tourisme durable,
culturelles pour le bien-être écono-
mique et social de la communauté ;
- le tourisme durable favorise la pro-
c’est une façon
tection des zones naturelles, notam-
ment en procurant des avantages
de voyager sans nuire
économiques aux communautés
d'accueil, aux organismes et aux ad- aux gens que l’on visite.
ministrations qui veillent à la pré-
servation des zones naturelles ;
- le tourisme durable (en s’identi-
fiant aux objectifs du développe-
ment durable) protège et préserve la
planète et donc l’avenir des généra-
Application ration avec le WTTC et le Conseil
de la Terre) des séminaires régio-
naux sur l’Agenda 21 et son appli-
tions futures. LES MISES EN APPLICA- cation locale, en mettant au point un
Ces avantages semblent répondre TION DES PRINCIPES, “Practical Guide to the
parfaitement au sentiment de LIMITES ET ÉVALUATION Development and use of Indicators
Normand Hall, spécialiste en déve- DU TOURISME DURABLE. of Sustainable Tourism’’ destiné aux
loppement touristique, définissant le gestionnaires du tourisme.
tourisme durable de la manière sui- Si l’on assiste depuis quelques an- Parallèlement à ces démarches, de
vante : « C'est une façon de voya- nées à une réelle volonté de mettre plus en plus souvent, les critères du
ger sans nuire aux gens que l'on vi- en application les principes du tou- tourisme durable interviennent dans
site. Cela veut dire que même si on risme durable, et si les divers acteurs la détermination de l’aide interna-
n'est pas chez soi, il faut faire atten- s’accordent sur les buts et la façon tionale, multilatérale ou bilatérale,
tion à l'environnement et il faut res- d’aborder cette mise en place, il accordée aux projets de développe-
pecter les coutumes et les habitudes n’en demeure pas moins que des dif- ment touristique.
de vie des gens que l'on visite ». ficultés apparaissent, ralentissant
quelque peu leurs applications et fai- Ainsi, l’UNESCO et le PNUE, qui
L’explosion rapide du tourisme im- sant exister un décalage persistant financent de grands projets de
plique que les destinations touris- entre l'affirmation de ces principes conservation de sites culturels ou
tiques traditionnelles et nouvelles et leur mise en œuvre effective. naturels classés “patrimoine de l’hu-
ont vu, voient et verront leur envi- manité” ont, durant les années 1988
ronnement naturel, culturel et socio- 1 - MISES EN APPLICATION DES à 1998, établi des partenariats avec
économique faire l’objet de pres- PRINCIPES DU TOURISME l’OMT, la Banque Mondiale, le
sions toujours plus grandes. DURABLE. PNUD ainsi qu’avec des entreprises
Si l’on admet les principes selon les- Les organisations onusiennes sont privées, des gestionnaires de sites et
quels une croissance incontrôlée et en pointe pour faire connaître et pro- des spécialistes en vue d’une pro-
visant le profit à court terme a fré- mouvoir le développement du tou- tection à long terme du patrimoine
quemment des effets négatifs, il a risme durable. Le Programme des culturel.
fallu beaucoup de temps, et comme Nations Unies pour l’Environne-
nous l’observerons ci-après, il en ment a noué des partenariats avec Par ailleurs, l’UNESCO soutient
faudra certainement encore beau- les associations internationales de une large gamme de projets de tou-
coup pour que le tourisme durable professionnels du tourisme et leur risme culturel, tels les réseaux de 20
se structure, prenne toute sa dimen- communique régulièrement des in- “villes de culture” européennes,
sion et reste dans des approches formations et des exemples de pour mieux gérer les flux touris-
concrètes et réalistes. “bonnes pratiques écologiques’’. tiques et valoriser le patrimoine.
Ainsi, avec des acteurs publics et
Dans la même démarche, le Pro- privés, a été rédigé un code de
gramme des Nations Unies pour conduite pour un développement du-
l’En v i r o n n e m e n t a é l a b o r é rable du tourisme au Sahara et pour
un “Environmental Code of la sauvegarde, dans le cadre du pro-
Conduct for Tourism’’ et, depuis jet "Mémoire du Futur", du patri-
1997, l’OMT organise (en collabo- moine culturel de Pétra (Jordanie),

XI
fois déterminant. Les ONG font
Beaucoup de T.-O avancer l’exigence d’un tourisme
éthique et responsable, notamment
proposent dorénavant par leurs actions de lobbying auprès
des instances internationales et na-
une offre inscrite dans tionales, leurs participations aux
processus de concertations, leurs
une démarche éthique. modélisations destinées aux entre-
prises touristiques, leurs efforts de
formation et d’information des
voyageurs. Autres aspects à ne pas
négliger, les ONG interviennent ac-
d’Angkor (Cambodge) et du Machu capés… tivement dans l’organisation ou le
Picchu (Pérou), avec l’appui finan- soutien aux mouvements qui mili-
cier des professionnels du secteur Pour ce qui est de l’industrie touris- tent pour la protection des richesses
touristique. En coopération avec tique et des professionnels, plusieurs naturelles ou culturelles et la défense
l’OMT, l’UNESCO a aussi pro- types d’initiatives volontaires ont été des intérêts des communautés lo-
grammé deux grandes actions : la mis en place comme le “Système de cales.
“Route de l’esclave”, visant à in- Management Environnemental’’
ventorier, préserver et restaurer en (SME). Utilisé dans les infrastruc- En complément de son rôle infor-
Afrique, en Amérique et aux tures touristiques, surtout dans les matif, Internet prend aussi une part
Caraïbes les monuments historiques hôtels, il vise à la réduction des dé- active dans ce dispositif, en permet-
et les lieux de mémoires liés au tra- chets, de la consommation d’éner- tant la commercialisation des pro-
fic transatlantique d’esclaves, et la gie et de l’eau. Des guides pratiques duits de petites entreprises favo-
“Route de la soie”, pour raviver les et des manuels ont été réalisés pour rables au tourisme durable et les
liens culturels unissant historique- identifier les impacts environne- contacts avec les particuliers.
ment les pays d’Asie centrale. mentaux et définir les lignes d’ac- Multipliant ainsi les possibilités
tion. d’offres diversifiées en adéquation
Au niveau des Etats, notamment avec les demandes individuelles ou
ceux du Nord, la politique du tou- Les professionnels ont également collectives, Internet ouvre de nou-
risme s’intègre désormais de ma- développé des indicateurs tels que velles perspectives pour le tourisme
nière plus régulière à l’aménage- l’éco-label, fondé sur les critères sui- alternatif. Ceci est d’autant plus si-
ment du territoire et au vants : une communication envi- gnificatif, que selon l’OMT, 15 à
développement local. ronnementale fiable et volontaire 20 % des ventes touristiques de-
C’est également dans ces pays pour aider les clients dans leurs vraient passer par le Net, d’ici quatre
qu'une législation plus conforme aux choix, l’amélioration des relations ou cinq ans.
objectifs de développement social a fournisseurs-managers pour mini- Rappelons qu’en février 2002, a été
vu le jour. Elle concerne par miser les impacts environnementaux lancé un site Internet destiné au dé-
exemple le droit du travail, les sa- et l’amélioration continue dans l’in- veloppement durable des destina-
laires minimaux et les retraites des dustrie du tourisme. Ainsi, beaucoup tions touristiques européennes. Ce
saisonniers, la protection des zones de tour-opérateurs proposent doré- site, situé en Belgique et baptisé
fragiles et des écosystèmes, les navant une offre plus adaptée, ins- Tourism-site, est ouvert aux organi-
normes de gestion environnemen- crite dans une démarche éthique qui sations de tous les pays européens
tale pour les infrastructures touris- souligne la responsabilité du touriste qui peuvent ainsi échanger des ex-
tiques, etc. vis-à-vis du lieu et des communau- périences, des informations et des
tés d’accueil. suggestions.
Certaines politiques nationales fa-
vorisent plus particulièrement le tou- Bien que les ONG aient mis du
risme social, partie intégrante du temps à appréhender l’importance 2 - LIMITESDE LA DÉMARCHE DU
tourisme durable, notamment en de l’industrie touristique (elles exer- TOURISME DURABLE.
France, avec les dispositifs de çaient le plus souvent leurs actions Le soutien apporté par la plupart des
"chèques vacances", de "Bourse so- sur des terrains peu propices à cette acteurs (organismes internationaux,
lidarité vacances" ou des mesures activité), il convient aujourd’hui de agences gouvernementales, profes-
pour l’accueil des touristes handi- souligner leur rôle important et par- sionnels, ONG, associations, syndi-

XII
cats de l’industrie touristique) au
tourisme durable se heurte cepen- L’éthique est parfois un
dant aux limites inhérentes aux
textes, à la spécificité des instru-
ments d’analyse et à l’absence de
moyen servant à mettre
réel contrôle, notamment en matière
de financement.
en avant un produit,
Si les textes proposent en général comme une qualité en plus.
une synthèse des principes clefs du
développement durable appliqué au
tourisme, les acteurs se heurtent le
plus souvent aux difficultés de leur uniformiser des critères qui ne sont des instruments à caractère opéra-
mise en œuvre, notamment du fait pas forcément aussi pertinents d’un tionnel. Leur utilité au pilotage du
de leur multiplicité qui entraîne une pays à un autre et qui ne tiennent développement durable du tourisme
certaine confusion. De plus, ces pas compte des conditions particu- dépendant bien entendu de la bonne
textes ne sont pas contraignants. lières du pays et de l’avis des popu- définition des objectifs et de la
lations ? Ces codes de conduite ne connaissance des moyens.
Les instruments d’analyse du déve- sont pas contrôlés par l’Etat et peu-
loppement durable sont plutôt cen- vent donc constituer un leurre… » Définitions des indicateurs
trés sur les critères écologiques et
insuffisamment sur les systèmes so- Enfin, les faiblesses économique, fi- Il y a plusieurs façons – trois prin-
ciaux. Les études sur l’impact so- nancière et technique des pays en cipales – pour définir et organiser
cio-culturel et économique du développement et en transition rend les indicateurs : à partir d’une liste
tour i s m e , a i n s i q u e s u r l e s plus difficile, en l’absence d’une d’impacts qui peut être ordonnée par
communautés locales d’accueil, sont aide internationale spécifique, l’ap- dimension, par typologie ou par
relativement peu nombreuses en plication d’un certain nombre de re- zone d’accueil ; ou de définitions
comparaison de celles relatives aux commandations et de principes. Les d’axes stratégiques poursuivis ; ou
écosystèmes. transferts financiers dans un cadre de thèmes principaux déclinés par
international, multilatéral ou bilaté- la suite en sous-thèmes.
Enfin, en l’absence d’un contrôle in- ral, liés aux projets touristiques, sont
dépendant sur la conformité des pra- certes très conséquents, mais les Parmi les principaux modèles et mé-
tiques avec les normes proposées, il conditions de leur attribution restent thodologies proposés, deux retien-
n’est pas aisé de contrôler les dé- hétérogènes et pas toujours confor- nent particulièrement l’attention :
rives et les effets pervers qui peu- mes aux exigences du tourisme du-
vent survenir. C’est le cas dans le rable ; de plus, l’expertise et la for- Le modèle de la Banque Mondiale.
domaine des éco-labels, où la mation font également défaut, ce qui L’approche développée par la
concurrence entre différents labels nuit à la capacité pour la conception Banque Mondiale, parue dans un
composés de normes différentes in- et la mise en œuvre des politiques rapport de Lisa Segnestam en oc-
duit parfois le touriste en erreur. et des stratégies en faveur d’un tou- tobre 1999, se base sur les quatre in-
risme durable. dicateurs de performance environ-
Comme le souligne, Frédéric Bouin, nementale suivants :
chercheur associé au CRIDEAU- 3 - I NDICATEURS DU TOURISME - Indicateur d’entrée ou de res-
CNRS INRA à l’université de DURABLE. sources : identifiant et contrôlant
Limoges : « Aujourd’hui, on assiste Qu’ils soient utilisés dans la plani- les ressources disponibles pour le
à une évolution où l’éthique n’est fication touristique comme éléments projet ;
plus simplement une valeur mais aidant à structurer l’analyse et à for- - Indicateur de sortie ou de produc-
aussi un moyen servant à mettre en muler les stratégies possibles de dé- tion : mesurant les biens et les ser-
avant un produit, comme une qua- veloppement (pour évaluer les fonc- vices produits par le projet ;
lité supplémentaire. Nous voyons tionnements et les effets d’une - Indicateur de résultat : mesurant le
ainsi une profusion de labels et opération), ou pour déterminer un résultat immédiat, à court terme,
d’éco-labels proclamés ou autopro- seuil de durabilité des activités et de l’exécution du projet ;
clamés. Ces labels posent plusieurs des projets touristiques, les indica- - Indicateur d’impact : recherchant
questions : faut-il nécessairement teurs sont et demeurent avant tout à mesurer les résultats du projet à

XIII
Une politique de tourisme La mise en place d’une politique de
tourisme durable ne peut plus se
durable ne peut plus faire sans l’utilisation d’indicateurs
et l’OMT y aura très certainement
se faire sans l’utilisation contribué d’une manière importante.
d’indicateurs. Acteurs
LES ACTEURS ET LEURS
IMPLICATIONS DANS
long terme. Pourcentage de traitement des eaux L’ÉVOLUTION DU
usées du site (des indicateurs sup- TOURISME DURABLE
Le modèle de l’Organisation Mon- plémentaires peuvent comprendre
diale du Tourisme. les limites structurelles d'autres ca- Une réelle volonté s’impose de
C’est en 1992 qu’un groupe de tra- pacités d'infrastructure sur le site, mettre en application les concepts
vail sur le tourisme et l'environne- comme l'approvisionnement en fondamentaux du tourisme durable.
ment mandaté par l'OMT a examiné eau). Soulignons que l’éco-tourisme
et élaboré un ensemble d'indicateurs 7. Processus de planification. (sous-activité du tourisme durable)
de durabilité acceptés internationa- Existence d'un plan méthodique et toutes les autres formes de tou-
lement et applicables à l'industrie pour la région de la destination tou- risme « naturel » sont parmi les sec-
touristique. Ils évaluent : ristique (avec une composante "tou- teurs de l’industrie touristique qui
- les rapports entre le tourisme et risme"). affichent la plus forte croissance
l'environnement en général ; 8. Écosystèmes fragiles. (entre 7 % et 30 % par an selon les
- les effets des facteurs du milieu sur Nombre d'espèces rares ou en voie sources des données). C’est pour-
le tourisme ; de disparition. quoi les initiatives et les prises de
- les effets de l'industrie touristique 9. Satisfaction des consommateurs. position présentées ci-dessous sont à
sur l'environnement. Degré de satisfaction des visiteurs. considérer avec intérêt car elles
10. Satisfaction de la population lo- constituent une tendance qui pour-
Indicateurs fondamentaux. cale. rait en partie dessiner le nouveau vi-
Degré de satisfaction de la popula- sage du tourisme international des
Onze indicateurs fondamentaux du tion locale. prochaines années.
tourisme durable ont été développés 11. Contribution du tourisme à l'éco-
ainsi que trois indices composites. nomie locale. 1 - LE RÔLE DU TOURISTE : ACTEUR,
Ce sont : Proportion de l'ensemble de l'acti- SPECTATEUR ET CONSOMMATEUR
1. Protection du site. vité économique due au seul tou- DU TOURISME DURABLE.
Catégorie de protection du site risme. Le touriste a un rôle fondamental à
d'après l'indice de l'UICN. Indices composites. jouer.
2. Pression. Capacité de charge : outil de mesure
Nombre de touristes visitant le site composite d'alerte précoce relatif Peu encline à s’occuper des pro-
(par an/mois d'affluence maximum). aux facteurs clés influant sur la ca- blèmes de tourisme, l’Eglise elle-
3. Intensité d'utilisation. pacité du site de supporter différents même apporte une certaine attention
Intensité d'utilisation en période de niveaux de tourisme. au rôle indiscutable que peut jouer
pointe/personnes. Perturbation du site : outil de me- le touriste, notamment dans ses
4. Impact social. sure composite des niveaux d'impact comportements : « Habitué à sa mai-
Ratio touristes/résidents (en période sur le site (à savoir sur ses particu- son, à sa ville, aux paysages de tou-
de pointe et au fil du temps). larités naturelles et culturelles sous jours et aux voix familières, le tou-
5. Maîtrise du développement. l'effet des contraintes cumulées du riste adapte son regard à d’autres
Existence d'une procédure d'étude tourisme et d'autres secteurs). images, apprend de nouveaux mots,
de l'environnement ou de véritables Intérêt : outil de mesure qualitatif admire la diversité d’un monde que
contrôles de l'aménagement du site des particularités du site qui le ren- personne ne peut jamais saisir com-
et de la densité d'utilisation. dent attrayant pour le tourisme et qui plètement. Dans cet effort, il appré-
6. Gestion des déchets. peuvent changer avec le temps. ciera toujours plus ce qui l’entoure,

XIV
prenant davantage conscience qu’il
est nécessaire de le protéger ». Voyager avec un esprit
(Message du Pape Jean Paul II à
l’occasion de la XXII e Journée
Mondiale du Tourisme).
d'humilité et un désir
Selon Normand Hall, spécialiste en
développement touristique, « les
véritable de se réunir
touristes sentent de plus en plus une
responsabilité dans leur façon de avec les autochtones.
voyager. Il est important, en tant que
promoteur, de développer des pro-
duits touristiques qui protègent les
expressions culturelles locales et en- un simple touriste, mais un véritable Maintenir les véhicules motorisés
couragent la conservation du milieu. éco-touriste’’ 1. Bien préparer son en bon état pour en réduire la pol-
Actuellement, les tendances fortes voyage avant de partir. Privilégier lution. Utiliser des produits du-
chez les touristes sont la recherche un promoteur d'activités ou une en- rables, biodégradables et renouve-
d’un produit touristique responsable, treprise qui applique un certain code lables au lieu de l'aluminium, des
solidaire et équitable ». de conduite ou des règles de base vi- sacs de plastique etc... Toujours rap-
sant à minimiser les impacts envi- porter ses déchets dans les lieux pré-
Néanmoins, tout n’est pas aussi ronnementaux. 2. Respecter les rè- vus à cet effet. 5. S'ouvrir sur le
simple et éduquer le voyageur n’est glements s'appliquant aux zones monde. Respecter les coutumes et
pas chose aisée. Le conflit entre le interdites au public ou réservées à les traditions des gens visités. Etre
touriste et l’hôte est évident : il naît la recherche. Respecter la signalisa- conscient des différences culturelles
en partie d’une divergence radicale tion. Circuler dans les sentiers bali- et les respecter. Etre ouvert à l'ac-
d’objectif. Le premier se livre à une sés. 3. Respecter la faune, la flore et quisition de nouvelles connais-
activité de loisir et le second tra- leur habitat. Se déplacer dans le sances. Être attentif aux besoins des
vaille. Le touriste arrive avec beau- calme afin de ne pas perturber la participants aux activités et leur ve-
coup d’attentes et, face à lui, de faune. Se tenir à une distance res- nir en aide si nécessaire. Contribuer
nombreux hôtes n’ont souvent au- pectable des animaux pour ne pas au bien-être économique des com-
cune idée de ce à quoi ils doivent les déranger dans leurs activités munautés locales en choisissant
s’attendre. d'alimentation, les rendre agressifs leurs produits et leurs services.
ou les accoutumer à la présence hu-
A partir de l’axiome qui veut qu'il maine. Ne pas nourrir les animaux - Le Code de l'éthique du centre
n'y ait pas “de bons ou de mauvais pour ne pas les rendre dépendants nord-américain pour un tourisme
touristes’’ mais seulement des gens de la présence humaine et modifier responsable fait plusieurs sugges-
mal informés, de nombreux tenants leur régime alimentaire. Respecter tions.
du tourisme durable ont mis en les habitats des animaux et la capa- Voyagez avec un esprit d'humilité et
place de véritables chartes de com- cité de support d'un milieu. Ne pas un désir véritable de se réunir et de
portement. Il faut prendre acte des piétiner la flore ou prélever de parler avec les autochtones.
efforts qui ont été réalisés par l’en- plantes, parties de plantes et Rendez-vous compte des sentiments
semble des acteurs touristiques pour d'arbres. Ne cueillir de petits fruits des autres. Ayez du respect et éviter
informer, voire responsabiliser le que pour les consommer sur place. les comportements blessants, en par-
touriste au niveau de son comporte- Ne pas acheter d'espèces désignées ticulier en prenant des photogra-
ment vis-à-vis des pays visités et des menacées ou vulnérables ou des phies.
populations qui les composent. produits fabriqués à partir de ces es- Cultivez l'habitude de l'écoute ac-
Compte tenu du nombre important pèces et dont le commerce est inter- tive et observer plutôt que simple-
de documents en ce domaine, nous dit par la loi sur les espèces mena- ment entendre et voir. Évitez la ten-
n’en citerons que deux qui nous cées ou vulnérables. 4. Prendre tation “de connaître toutes les
semblent parmi les plus significa- conscience des impacts de nos acti- réponses”.
tifs: vités sur l'environnement, s'en in- Rendez-vous compte que d'autres
former. Utiliser des moyens de peuvent avoir des concepts de temps
- L'ÉcoRoute de l'information pro- transport adaptés à l'activité prati- et d'attitude qui sont différents et
pose un code d'éthique en cinq quée; privilégier le covoiturage et non inférieurs à ceux hérités de
points, “faisant du voyageur non pas les transports non polluants. votre propre culture.

XV
ce qu'une affectation lui soit trou-
L’une des clés de la vée. Les sommes ainsi récoltées sont
placées sur des fonds d'épargne ou
réussite viendra surtout d’autres comptes affectés à des buts
de défense de l'environnement.
de la prise de conscience L'argent de “l'Eco-fonds’’ sert en
priorité à financer des mesures de
du “client-consommateur”. promotion en faveur d'un tourisme
responsable ainsi que des actions de
défense de l'environnement dé-
ployés par les partenaires d'Hotel-
plan dans différents lieux de villé-
Au lieu de regarder seulement l'exo- n'est pas sensibilisée à l'éthique du giature.
tique, découvrez la richesse d'une comportement comme hôte dans un Un autre objectif de ces fonds est
culture et d'une façon de vivre dif- pays étranger ou dans le milieu de l'allocation d'aides financières ur-
férentes. vie du voisin. Aucun programme gentes lors de catastrophes natu-
Apprenez les coutumes locales et éducatif ne sera efficace si le désir relles. « En introduisant le “franc
respectez-les. de connaître et de respecter le patri- écologique’’, Hotelplan veut pour-
Rappelez-vous que vous êtes seule- moine naturel et culturel n'est pas suivre le combat que la société mène
ment un visiteur parmi tant d'autres. inoculé et profondément enraciné déjà depuis plusieurs années pour
Ne vous attendez pas à des privi- dans chaque citoyen dès sa tendre un tourisme responsable et respec-
lèges ou à des traitements spéciaux. enfance ». tueux de l'environnement ».
En négociant avec les commerçants,
rappelez-vous que les plus pauvres Il est indéniable que l’une des clés - Kuoni.
peuvent renoncer à un bénéfice plu- de la réussite de ces nouvelles ap- En créant en mai 2000 un poste à
tôt qu'à leur dignité personnelle. Ne proches touristiques viendra surtout plein temps de préposé à la protec-
tirez pas profit désespérément des de la prise de conscience du “client- tion de l’environnement, Kuoni
pauvres. Payez un prix raisonnable. consommateur’’ : « Lui seul, par le (Suisse) a décidé de jouer un rôle
Tenez les promesses que vous faites pouvoir de sa carte de crédit, pourra encore plus actif en faveur de l’éco-
aux populations locales, si vous ne réellement – à l'instar par exemple logie.
pouvez pas tenir vos promesses, ne de l'agriculture biologique – aider
les faites pas. le tourisme, même de grande Kuoni souhaite développer les me-
Passez du temps chaque jour à ré- consommation, à devenir plus res- sures favorables à un tourisme du-
fléchir sur vos expériences afin d'ap- ponsable pour en préserver l’ave- rable et les intégrer dans un pro-
profondir votre compréhension. nir ». gramme global. La thématique de
Votre enrichissement est-il salutaire l’environnement est ainsi inscrite
pour toutes les personnes impli- 2 - LES PROFESSIONNELS. depuis quelques temps au pro-
quées ? Pensez à pourquoi vous Citons deux exemples significatifs gramme des cours de formation des
voyagez en premier lieu. Si vous de professionnels suisses, pays en collaborateurs. Les responsables de
voulez vraiment "une maison loin pointe sur la politique de l’environ- la production acquièrent un savoir-
de la maison " pourquoi voyager ? nement, et de trois professionnels faire écologique dont ils peuvent te-
français. nir compte au stade de la planifica-
Si les touristes doivent donc être in- tion et qu’ils peuvent inclure au
cités à préparer leur voyage, tant par - Hotelplan. niveau de l’achat. Le personnel sur
des dispositions matérielles que par En 2001, Hotelplan a renforcé mas- les lieux de destination reçoit par
une préparation mentale (notam- sivement son engagement pour la ailleurs des documents et des ma-
ment se préparer à se comporter défense de l'environnement. Pour nuels contribuant à une meilleure
d'une manière qui respecte plus en- tout voyage réservé dans le cata- compréhension et à un meilleur trai-
core les hommes et l'environne- logue “Vacances balnéaires d'Hotel- tement des questions écologiques.
ment), cela vient confirmer, pour les plan’’, cinq francs (suisses) sont pré-
tenants du tourisme durable levés pour alimenter un fonds L’écologie est aussi présente dans le
« qu’aucune accumulation de règle- baptisé “l'Eco-fonds Hotelplan’’. Cet secteur hôtelier de Kuoni. Le tour-
ments ne pourra résoudre les pro- argent est géré par le comité pour opérateur a introduit le label écolo-
blèmes si la conscience de chacun l'environnement d'Hotelplan, jusqu'à gique “Green Planet Award’’ qui a

XVI
pour objet de permettre aux clients
intéressés de reconnaître les hôtels Le voyage ne se conçoit
de vacances balnéaires particulière-
ment respectueux de l’environne-
ment.
pas sans respect et
- Voyages Allibert.
humilité vis-à-vis des
Depuis 1993, la Fondation Allibert
(France) soutient chaque année un personnes et de la culture.
projet culturel et écologique dans le
domaine d'activité des Voyages
Allibert (montagnes et déserts du
monde). est partie prenante dans une dé- Rencontres au bout du monde, Vivre
Par exemple, installations de serres marche éco-touristique, environne- à Kutumsang en pays Sherpa, etc.
solaires au Ladakh, opérations au mentale, éthique et solidaire, s’en-
Ladakh-Zankar, programmes en gageant :
Inde… - « à privilégier l'information desti-
née à des voyageurs actuels ou fu- 4 - LES INSTITUTIONS ET
- Atalante. turs sur des supports générant peu ORGANISATIONS SOUTENANT
Atalante a souhaité rassembler au de gaspillage de matière première. LE TOURISME DURABLE.
sein d’une “Charte Ethique du Certains supports ne sont donc pas Si les professionnels demeurent
Voyageur’’ ce qui lui semblait le utilisés tels que les brochures, sus- encore timides dans leurs actions,
plus représentatif des comporte- ceptibles de devenir rapidement ob- en revanche les Institutions et
ments ou des attitudes à encourager, solètes et, donc, de terminer dans Organisations participent de plus en
à savoir : « Apprendre à découvrir une poubelle de tri sélectif au mieux plus activement au développement
d’autres cultures sans pour autant et dans une poubelle “tous dé- du tourisme durable. En voici
les juger, faire confiance à son bon chets”au pire ». quelques-unes parmi les plus signi-
sens et garder en tête quelques - « à renoncer à l'édition de bro- ficatives ou les plus originales :
conseils, tout cela nous apparaît chures et documents commerciaux
comme le gage d’un beau voyage générant des coûts de réalisation im- - Basée à Genève, la Croix-Verte
mais aussi d’un développement du- portants (photos en couleur, papier Internationale est une organisation
rable de notre planète. L’un des at- “glacé”...) pour affecter ces coûts à non gouvernementale œuvrant en fa-
traits du voyage tient à la diversité des choix qui nous semblent plus veur de l`environnement et du dé-
des peuples et des cultures rencon- pertinents dont celui d'un papier issu veloppement durable. Créée au
trés. Or, chaque culture, religion ou non pas de la filière du papier recy- Sommet de Rio de 1992, elle a été
mode de vie est soumise à des règles clé (au procédé très friand d'énergie officiellement lancée en 1993, avec
et à des traditions qu’il convient de et de produits chimiques) mais d'une Mikhaïl Gorbatchev comme prési-
respecter et de comprendre, plutôt gestion durable et équitable de la fo- dent. Elle peut compter sur une
que de juger. Le voyage ne se rêt ». vingtaine d`organisations nationales
conçoit pas sans respect et humilité et cherche à établir un code univer-
vis-à-vis des personnes, des biens, 3 - LES ASSOCIATIONS. sel pour la protection de l’environ-
de la culture et du mode de vie du Les Associations qui proposent des nement (Charte de la Terre). Elle re-
pays visité. Ce respect se traduit par produits touristiques dans le cadre cherche également des méthodes
des attitudes simples, au jour le d’un programme de développement sûres pour traiter les déchets
jour ». durable se multiplient. L’édition toxiques tout en s`occupant aussi de
d’une brochure “Autres Voyages’’ tourisme durable afin de confier son
- Saïga. éditée par l’UNAT et qui présente développement aux populations lo-
Cette société, lauréate du Challenge un peu plus d’une trentaine d’orga- cales.
du Nouvel Entrepreneur du nismes français proposant des
Tourisme crée par l’APS, propose voyages “responsables’’ ou “soli- - Dante est un réseau qui regroupe
des “voyages de découverte du pa- daires’’, vient confirmer cette ten- pas moins de 17 ONG, toutes im-
trimoine naturel” et des “séjours dance. Retenons, entre autres, pliquées dans des thèmes relatifs à
éco-solidaires” dans un esprit de dé- Croq’Nature, Djembé, Les Amis l’environnement et au tourisme. En
couverte active de la nature. Saïga Tamnougalt, La Route des Sens, septembre 2001, le réseau DANTE

XVII
l’Équipement et de la Culture.
Toute personne
- Le Comité 21 (Comité français
coupable d'atteintes pour l'environnement et le dévelop-
pement durable) est né en 1995 dans
sexuelles sur un enfant la droite ligne des engagements de
Rio pour contribuer à l’ancrage en
sera poursuivie... France du Tourisme durable. 250
adhérents répartis en 4 collèges (en-
treprises, collectivités, associations,
établissements publics et médias)
ont ainsi décidé de lancer un pro-
a constitué un groupe de travail dé- tuer, il fut décidé qu'une campagne gramme destiné à favoriser la mo-
nommé “AG Rio + 10’’ qui a été mondiale serait lancée sur ce thème, bilisation sur cet enjeu territorial et
chargé d’élaborer une stratégie pour en y associant à la fois les gouver- économique majeur que représente
réorienter le développement du tou- nements, les ONG et les organismes le développement touristique du-
risme dans le sens d’un développe- de tourisme. rable.
ment durable. A la fin de cette campagne de com- Ce programme d'actions est réalisé
munication, ECPAT fut créée en en coordination avec l'Agence
Les 10 principes proposés pour 1991. Depuis, cette association est Française d'Ingénierie Touristique.
Rio+10 se concentrent sur les poins devenue un réseau international qui
suivants : réunit des centaines d'organisations - Conservation International (CI),
1. Pauvreté / développement. réparties dans près de 50 pays. organisme siégeant à Washington,
2. Climat : transports / énergie. ECPAT encourage la communauté s'engage envers la préservation de
3. Terre : sols / sécurité alimentaire. mondiale à veiller à ce que chaque la biodiversité, promeut sa propre
4. Biodiversité. enfant puisse partout bénéficier de mission ainsi que la croissance éco-
5. Eau. ses droits fondamentaux librement nomique au travers de l'éco-tou-
6. Dignité humaine – équité pour les et à l'abri de toutes les formes d'ex- risme, c'est-à-dire le tourisme éco-
sexes. ploitation sexuelle à des fins com- logique développé au profit des
7. Participation de la société. merciales. Cette organisation a no- communautés locales. L'approche
8. Consommation et mode de vie. tamment mené, depuis 1994, une de CI en matière d'éco-tourisme
9. Economie internationale et poli- campagne d'information en colla- fonctionne à de multiples niveaux.
tique commerciale. boration avec des voyagistes de 83 Une de ses originalités est que les
10. Cohérence politique. pays, dont la France. Un des mes- petits entrepreneurs reçoivent une
sages diffusé, notamment sur les formation commerciale et technique,
- C'est à la fin des années 80 qu'a été vols aériens vers des destinations à par exemple pour créer une entre-
soulevée la grave question des en- risque, est des plus simple : « Toute prise de tourisme dans l’optique
fants, souvent adolescents, parfois personne coupable d'atteintes d’un tourisme durable.
très jeunes, qui, dans les zones fra- sexuelles sur un enfant sera pour-
gilisées par le tourisme, se livraient suivie sur le lieu du délit ou dans - Administré par une association non
à la prostitution pour survivre. Un son pays d'origine ». gouvernementale de droit français
certain nombre d'ONG, dont intitulée Plan Bleu pour l'environ-
l'ECTWT (Ecumenical Coalition on - Le C.E.F.T.E., (Centre d’Etudes et nement et le développement en
Third World Tourism) lancèrent une de Formations aux Techniques Éco- Méditerranée, le Plan Bleu est
étude pour faire le point sur ce nomiques), créé en 1990, est un or- amené à jouer un rôle important de
drame dans 3 pays : Thaïlande, ganisme qui rassemble des “centre support” de la Commission
Philippines et Sri Lanka, régions du chercheurs, des experts et des pro- Méditerranéenne du Développement
monde où la question était particu- fessionnels dans les domaines du Durable (CMDD). Le Plan Bleu a
lièrement dramatique. tourisme durable, réhabilitation du contribué, notamment dans le cadre
Suite aux résultats de cette étude patrimoine, développement local et des travaux au Plan d’Action pour
constatant que de nombreux pédo- aménagement. Le C.E.F.T.E. est la Méditerranée (PAM) sous l’égide
philes se rendaient comme touristes aussi engagé dans des projets de la du PNUE, à faire des propositions
dans les pays où la misère et la faim Commission Européenne, des stratégiques sur l'eau, le tourisme et
poussaient des enfants à se prosti- Ministères Français du Tourisme, de les indicateurs pour le développe-

XVIII
ment durable.
Les jeunes apportent
- C’est à la suite de l’attentat de
Louxor en novembre 1997, que
les fondateurs de Tourism For
énergie et enthousiasme
Development, prenant conscience
de l'urgence d'associer l'industrie des
aux nouvelles formes
voyages et les touristes à la lutte
contre la misère (en partant du de tourisme.
constat que la misère est inévitable-
ment génératrice de violence et donc
incompatible avec un développe-
ment harmonieux du tourisme), ont seule ambition de donner l’aperçu
créé leur association (initialement 5 - LES INSTITUTIONS DE FORMATION. le plus large possible de ce qui est
baptisée " Tourism Against Misery "). Autre facteur de communication et réalisé en ce domaine.
de développement du tourisme du-
- L'association Transverses s'adresse rable : la formation. - Les Sommets du Tourism
aux personnes et organismes qui, Cette formation intervenant essen- Chamonix Mont-Blanc et les
concernés par la situation géopoli- tiellement à deux niveaux : la for- Sommets mondiaux du Tourisme
tique du monde et désireux de se mation universitaire et les cycles Chamonix Mont-Blanc / Genève.
montrer responsables, savent que d’information (conférences, conven- Ces deux événements, dont la qua-
l'activité touristique joue un rôle im- tions, etc.) trième édition a eu lieu en décembre
portant dans les relations Nord/Sud. 2002, confirment toujours davantage
Pour l’Association Transverses, ce ❒ La formation universitaire. leur rôle de laboratoire international
rôle est positif s'il contribue à un dé- Les jeunes (30 % de la population des politiques du tourisme durable.
veloppement durable et crée des si- mondiale) sont souvent plus ouverts Ils réunissent environ 350 partici-
tuations de dialogue et de partage au changement que les autres pants à Genève et près de 300 à
entre les accueillants et les ac- groupes qui composent la société. Chamonix, principalement des ac-
cueillis, ou négatif, s'il se fait au bé- Ils apportent énergie et enthou- teurs de l'économie du tourisme, des
néfice des uns et au détriment des siasme aux nouvelles formes de tou- représentants des administrations
autres. Transverses est en France risme et plus particulièrement à publiques de très nombreux pays et
membre associé du réseau RITIMO l'éco-tourisme. de plusieurs organisations interna-
(Réseau d'Information Tiers-Monde) Les jeunes constituant plus de 20 % tionales, des scientifiques, ainsi
et en Europe du TEN (Tourism du marché de l'éco-tourisme mon- qu’une quarantaine d’éminents spé-
European Network). dial et représentant un segment de cialistes venus des cinq continents.
marché important, il est logique que
- Au niveau international, le WWF les formations sur le tourisme du- - Le Centre International de Droit
s'intéresse depuis bon nombre d'an- rable se multiplient au niveau de Comparé de l’Environnement de
nées aux activités touristiques dans l’enseignement. l’université de Limoges.
leur rapport à la conservation de la Le CRIDEAU a organisé une ren-
nature. De nombreux projets de ter- ❒ Les cycles de formation (confé- contre internationale à Limoges les
rain menés par le WWF dans le rences, conventions). 20 et 21 juin 2001. Cette rencontre
monde incluent le tourisme durable Chaque année colloques, confé- avait pour objet de réfléchir, dans la
comme composante (plus ou moins rences ou conventions se tiennent en perspective du Sommet Mondial des
importante selon les cas) pouvant France et à l’étranger. Certaines de Nations Unies à Johannesburg en
contribuer à l'accomplissement des ces manifestations, très médiatisées, 2002 (Rio+10), aux perspectives ac-
objectifs de conservation de la na- font prendre conscience aux tou- tuelles de la reconnaissance et de
ture. Par ailleurs, le WWF mène des ristes et aux professionnels de l’im- l’application par le Droit, des prin-
activités de sensibilisation et de lob- portance du tourisme durable. C’est cipes de tourisme éthique et de dé-
bying pour dénoncer les excès du en ce sens qu’elles sont d’excellents veloppement durable.
tourisme de masse et influencer les vecteurs de communication.
professionnels de ce secteur, ainsi Parmi ces innombrables manifesta- - Aventure éco-tourisme Québec a
que les décideurs politiques, dans le tions, nous avons dû procéder à une organisé en 2001, un Congrès sur
sens d'une meilleure règlementation. sélection hétéroclite qui a pour “Les défis du tourisme durable’’. Ce

XIX
touristique… qui prennent position
Le tourisme favorise aussi sur l’avenir du Tourisme durable.
Voici quelques citations qui démon-
la découverte, la trent la diversité des différentes ap-
proches et conceptions du tourisme
compréhension et l'amitié durable.

entre les peuples. - « Nous nous comportons collecti-


vement comme si nous avions à
notre disposition une planète de re-
change sur laquelle nous pourrions
aller nous installer le moment venu
congrès annuel, regroupant les pro- en conservant nos habitudes de vie ».
ducteurs en tourisme d'aventure et - Rencontres Internationales de Jacques Chirac, Président de
d'éco-tourisme au Québec, ac- Paris. la République française.
cueillait plus de 175 congressistes. Le Secrétariat d’Etat au Tourisme
français a organisé en mars 2002 des - « Aujourd'hui, sous les effets
- Université d'été du tourisme rural Rencontres Internationales du conjugués de la mondialisation, des
de Manosque. Tourisme basées notamment sur le nouvelles technologies de commu-
Organisée chaque année depuis thème du tourisme éthique et du- nication, des nouveaux rythmes de
1991, l'Université d'été du tourisme rable. Ces rencontres ont été l’occa- travail et de vie et d'une demande
rural est à ce jour, en France, la sion de réunir l’ensemble des ac- sociale de qualité, le tourisme est
seule rencontre régulière de tous les teurs professionnels, ministres du devenu un domaine transversal, à la
réseaux du tourisme rural, avec 200 tourisme, organisations internatio- croisée de l'économique, du social
à 300 participants français et étran- nales qui manifestent la volonté de et de l'environnemental. Cette évo-
gers réunis pendant trois jours (élus, promouvoir un développement tou- lution amène à penser que le rôle de
agents de développement, consul- ristique maîtrisé, dans une logique l'Etat vis-à-vis de ce secteur doit
tants, enseignants et formateurs, res- de coopération et de solidarité in- s'adapter. Cette adaptation concerne
ponsables associatifs, agents de ternationale et dans le respect des notamment la gestion de notre
l'Etat et des collectivités locales, règles négociées et acceptées par patrimoine, la qualité de nos équi-
prestataires de services, gestion- tous. pements, la modernisation de notre
naires d'entreprises...) accueil. Le tourisme durable, c'est-à-
- Rencontre des acteurs de la soli- dire un tourisme de qualité, facteur
- Atelier de l’Université du Kent. darité internationale et du dévelop- de développement local, soucieux
En avril 2001, un atelier sur “le pement. d'équilibre et de diversité, de concer-
Marketing et la Gestion du Tourisme Du 3 au 7 juillet 2002, s'est déroulée tation et de dialogue avec la popu-
Durable de la Ville’’ a été organisé à Rennes la “Rencontre des acteurs lation locale, est reconnu comme un
par le Canterbury Christ Church de la solidarité internationale et du impératif pour la pérennisation de
University College. Cet atelier avait développement”. Dans la perspec- notre développement touristique. Le
pour but d'étudier l'importance du tive du Sommet de la Terre à tourisme durable, c'est aussi un tou-
tourisme sur l'économie urbaine, Johannesburg, cette rencontre a per- risme imprégné de sens et d'éthique,
ainsi que les problèmes qui en ré- mis à des réseaux et associations très respectueux des libertés, la lutte
sultent, tout en étudiant les moyens divers de confronter leurs pratiques, contre le tourisme sexuel. Le tou-
d'assurer une gestion du tourisme leurs points de vue et leurs ré- risme favorise aussi la découverte,
dans le cadre d'un avenir durable. flexions pour construire ensemble la compréhension mutuelle,
leur définition du développement l'échange et l'amitié entre les
- Conférence de Florence. durable reposant sur quatre piliers : peuples. Le tourisme peut enfin
En novembre 2001 a été tenue à l'économie, le social, l'écologie, la contribuer à rapprocher les peuples
Florence la première conférence eu- démocratie. et à favoriser la paix ».
ropéenne sur le tourisme respec- Hun Sen, Premier Ministre du
tueux de l'environnement à laquelle 6 - PERSONNALITÉS ET POLITIQUES. Cambodge.
participaient les régions et villes Nombreuses sont les personnalités,
d'Europe, institutions européennes issues des mondes politique, écono- - « Il ne fait aucun doute que, cor-
et Etats membres de l'UE. mique, scientifique, associatif ou rectement orienté, le tourisme de-

XX
vient une occasion de dialogue entre
les civilisations et les cultures et, en Le tourisme durable
définitive, un service précieux rendu
à la paix. La nature même du tou-
risme comporte certains éléments
doit être
qui prédisposent à ce dialogue.
A l'occasion de la Journée Mondiale
la préoccupation
du Tourisme, j'invite tous les
croyants à réfléchir sur les aspects de toute la profession.
positifs et négatifs du tourisme, afin
de témoigner de manière efficace de
leur foi, dans ce domaine si impor-
tant de la réalité humaine. Les chré- vent antagonistes, mais que le va- place’’, des mesures complémen-
tiens, agents du tourisme ou simples cancier peut améliorer le quotidien taires et supplémentaires doivent
touristes, doivent toujours imprimer de cette coexistence appelée à du- être prises par l’industrie touristique
à l'activité touristique un esprit évan- rer ». et la communauté internationale, no-
gélique, se souvenant de l'exhorta- Christine Plüss, de l’ONG bâloise tamment dans le domaine écono-
tion du Seigneur : Dans toute mai- Tourisme et développement. mique.
son où vous entrerez, dites d'abord :
Paix à cette maison. S'il y a là un
ami de la paix, votre paix ira reposer
sur lui, sinon, elle reviendra sur vous
Mesures - L’industrie touristique et les so-
ciétés de tourisme privées (compa-
gnies aériennes, chaînes hôtelières,
(Lc 10, 5-6). Ils doivent être des té- LES MESURES À organismes de voyages…) ont un
moins de la paix et apporter la séré- PRENDRE EN rôle essentiel à jouer dans les réali-
nité à ceux qu'ils rencontrent. » FAVEUR D’UN sations des objectifs poursuivis par
Jean Paul II. DÉVELOPPEMENT DU le tourisme durable ; c’est leur inté-
TOURISME rêt de préserver les ressources éco-
- « Durable, éthique, propre, vert, DURABLE logiques ou socioculturelles des des-
solidaire : quel adjectif sied-il le tinations qu’elles suggèrent à leurs
mieux à ce qui devrait être une évi- Le tourisme est l’allié naturel du dé- clients. Ces sociétés de tourisme
dence, à une mouvance qui veut que veloppement durable ; toutes les peuvent influer directement sur la
le voyageur se montre responsable mesures prises dans ce secteur ne nature des activités touristiques, no-
loin de chez lui, que le touriste n’ou- peuvent que mener à une offre plus tamment en modifiant les produits
blie pas les dégâts qu’il peut causer attrayante pour les touristes, une qu’elles proposent et les méthodes
à l’environnement ou aux cultures meilleure qualité de vie pour les po- qu’elles utilisent.
locales, que le client ne soit pas pulations d’accueil et un dévelop- Il est primordial qu’elles reconnais-
qu’un consommateur d’exotique ou pement bénéfique à long terme pour sent que le tourisme durable n’est
de pittoresque? Longtemps, les l’industrie touristique. pas simplement une caractéristique
voyages dits éthiques ont exploré C’est dans cette optique que nom- propre à certains secteurs, comme
deux champs : lutte contre le tou- breux sont ceux (politiques, profes- l’éco-tourisme, mais doit être la pré-
risme sexuel ou boycott des pays à sionnels, syndicalistes, associatifs, occupation de toute la profession,
régime dictatorial. Aujourd’hui, les économistes…) qui, même si des toutes orientations commerciales et
volontés sont multiples, reflétées par progrès peuvent être constatés, sou- créneaux d’activités confondus ;
cette prolifération d’étiquettes. Une haitent prôner des mesures plus qu’elles forment leurs personnels
aubaine aussi pour les tour-opéra- fortes, plus concrètes, voire plus aux principes et pratiques de la ges-
teurs, petits et grands, en mal contraignantes en faveur d’un tou- tion du tourisme durable ; qu’elles
d’image dans un marché hyper risme durable. prennent des mesures au niveau
concurrentiel. En ce qui nous opérationnel, pour réduire le gas-
concerne, nous ne parlons jamais de 1 - AU NIVEAU ÉCONOMIQUE. pillage, économiser l’énergie et les
tourisme durable mais avons opté Comme l’ont souligné à juste titre ressources ; qu’elles utilisent, quand
pour un concept de commerce équi- l’OMT et l’ONU, dont nous repre- c’est possible, les matériaux locaux
table dans le tourisme. C’est une nons ci-dessous, en grande partie, et les techniques adaptées aux si-
manière d’accepter que tourisme et les recommandations, pour que le tuations locales ; qu’elles associent
développement durable soient sou- tourisme durable prenne “sa juste à la prise de décisions toutes les par-

XXI
néralement beaucoup de mal à en-
Que des ressources soient trer en concurrence avec les pays
développés sur le marché mondial
également fournies pour du tourisme, notamment au niveau
du coût des investissements dans
promouvoir un tourisme les infrastructures de base des
équipements touristiques ;
de masse plus rationnel. - suite à des expériences d’éco-tou-
risme ou de tourisme culturel ayant
démontré certaines lacunes, il est
nécessaire de planifier, concevoir
et gérer ces expériences de façon
ties intéressées, le personnel, les par- d’œuvre locale, limiter l’emploi à en assurer la viabilité et d’en dé-
tenaires commerciaux, les commu- d’expatriés et former du personnel gager tous les aspects positifs en
nautés d’accueil et en particulier les sur place pour que les retombées terme d’environnement ou de dé-
clients ; qu’elles instaurant un véri- économiques du tourisme bénéfi- marche socioculturelle.
table partenariat, concret et cient largement à la population
constructif avec les communautés d’accueil ; Pour la communauté internationale,
d’accueil, les gouvernements, les or- - pallier les problèmes de saisonna- il s’agit donc bien d’aider les gou-
ganismes publics, les organisations lité qui influent beaucoup sur l’em- vernements des pays en développe-
internationales, les syndicats pro- ploi, en recherchant les moyens ment à trouver les meilleurs moyens
fessionnels, les associations… pour d’étaler l’activité touristique plus en termes économiques pour déve-
favoriser le développement du tou- régulièrement tout au long de l’an- lopper leur tourisme sans mettre en
risme durable. née ; danger leur patrimoine écologique
- veiller à ce que la formation joue et culturel.
- Les Pouvoirs publics doivent s’as- son rôle. Par exemple, à ce que des Pour ceci, la communauté interna-
surer que les activités touristiques cours soient proposés dans les éta- tionale devrait développer encore
sont planifiées et gérées de manière blissements d’enseignements trai- plus ces décisions en faveur du tou-
à nuire le moins possible à l’envi- tant, d’une manière générale, des risme durable, pour :
ronnement et au tissu social du lieu questions de durabilité, voire de - aider à mettre sur pied des tech-
de destination. Ces précautions per- tourisme durable. niques pour évaluer l’impact éco-
mettant, à leur tour, de faire en sorte nomique, écologique et social du
que les zones de destination conti- La communauté internationale, sur tourisme au niveau national, ré-
nuent à bénéficier des retombées le plan économique, a elle aussi un gional et local ;
économiques du tourisme. rôle important à jouer, notamment - dispenser des conseils concrets aux
Les Pouvoirs publics doivent : aux niveaux de la fourniture des fi- professionnels du tourisme par le
- veiller plus à ce que la durabilité nancements (Banque Mondiale, biais de programmes de gestion
du tourisme soit l’objectif de tous ONU, PNUD), de la réalisation de économique et de responsabilité
les acteurs du tourisme et non pas projets, d’assistances techniques sociale ;
uniquement l’apanage de secteurs (Organisation Internationale du - œuvrer, en collaboration avec les
restreints comme l’éco-tourisme ; Commerce), et, comme le souli- administrations locales, afin d’éta-
- mettre en place des politiques vi- gnent l’OMT et l’ONU, de conseils blir des directives de planification,
sant à une planification et une ges- et de méthodes de gestion et de pla- des codes de pratiques et des
tion rationnelle de manière à en nification. cadres réglementaires visant à pro-
minimiser les effets économiques mouvoir un tourisme durable
qui pourraient à terme s’avérer no- Ces actions doivent plus que jamais viable ;
cifs ; être prioritairement axées sur les - faciliter les échanges internatio-
- adopter un ensemble de réglemen- pays en développement et ceci pour naux d’informations et mettre en
tations environnementales et, pour trois raisons : place des réseaux qui sensibilisent
certaines, les accompagner de me- - l’environnement naturel et socio- les opérateurs du secteur touris-
sures financières ; culturel de ces pays est générale- tique au tourisme durable;
- multiplier les initiatives pour en- ment moins dégradé que celui des - développer le financement et cor-
courager les entreprises touris- sociétés industrielles ; riger certaines dérives financières
tiques à embaucher de la main- - les pays en développement ont gé- car, même si dans ce domaine, plu-

XXII
sieurs filiales de la Banque
Mondiale, le Programme des La priorité des priorités
Nations Unies pour le Dévelop-pe-
ment, le Fonds de l’Environne-
ment Mondial et des institutions
est de mettre fin aux
financières internationales contri-
buent déjà à apporter des soutiens
formes intolérables
aux pays en développement, il est
nécessaire que des contrôles plus du travail des enfants.
stricts soient mis en place.
De plus, soulignent certains experts,
au lieu de concentrer exclusivement
le financement sur le développement transnationales, respectent les prin- vorisés, voire victimes de discrimi-
de nouvelles formes de tourisme, cipes du développement durable en nation et d’exploitation sur le lieu
faire aussi en sorte que des res- insistant par exemple pour qu’elles de travail, il s’avère que la priorité
sources soient également fournies transfèrent aux pays d’accueil les des priorités dans le domaine social
pour promouvoir un tourisme de technologies, les compétences tech- est le renforcement des actions pour
masse plus rationnel qui puisse être niques et les formations appropriées mettre fin le plus rapidement pos-
compatible avec les exigences du notamment en matière de sensibili- sible aux formes intolérables du tra-
tourisme durable. sation à l’environnement. Cette col- vail des enfants.
laboration devrait avoir aussi pour L’industrie touristique doit par
Toujours dans ce domaine du finan- effet d’encourager ces sociétés ailleurs, compte tenu de l’impact so-
cement, l’OMT, l’ONU et de nom- transnationales à employer du per- cial et culturel de ses activités sur
breux gouvernements s’accordent à sonnel local, en particulier au niveau les populations locales, inviter et fa-
penser que, pour atteindre l’objec- de la direction, et à mettre en place ciliter la participation des collecti-
tif du développement durable du des mécanismes efficaces pour pro- vités d’accueil au développement du
tourisme, il faut que toutes les par- mouvoir la participation des tra- tourisme, notamment dans les en-
ties intéressées opèrent des change- vailleurs et de l’ensemble de la col- droits excentrés et très appréciés des
ments de comportement. Le rôle de lectivité du pays d’accueil aux prises nouvelles formes de tourisme.
la communauté internationale devra de décisions.
donc être de les y encourager et - Les Pouvoirs publics ont bien en-
d’aider à définir les solutions les 2 - AU NIVEAU SOCIAL. tendu eux aussi un rôle important à
plus judicieuses dans ce domaine. L’une des tâches majeures de l’in- jouer pour tirer tout le parti possible
« Pour cela, il faut donc promouvoir dustrie touristique est aussi de favo- du tourisme pour la société et lutter
un plus large recours aux rachats de riser la réalisation des objectifs de contre ses effets nocifs sur le plan
créances à des fins écologiques par développement social en étant da- social. A cet effet, et selon les pré-
lesquels des organisations non gou- vantage respectueuse des normes conisations de l’OMT et l’ONU, les
vernementales rachètent aux ban- fondamentales du travail (protection pouvoirs publics devraient :
ques créancières (moyennant une des travailleurs, mise en valeur des - continuer, comme ils le font déjà,
décote) une part de la dette d’un ressources humaines, etc.) Même de focaliser leurs actions sur la mise
pays en développement, en échange s’il incombe aux Pouvoirs Publics en valeur des ressources humaines,
de l’engagement du pays débiteur de légiférer dans certains de ces do- la lutte contre la pauvreté, l’amélio-
d’investir une somme équivalente maines, l’industrie touristique et les ration de la protection sociale et le
dans les projets de protection de organisations internationales y ont resserrement des inégalités entre les
l’environnement. » également un rôle, non négligeable, sexes ;
à jouer. Voici, entre autres, les re- - agir dans le domaine de l’ensei-
D’une manière générale, sur le plan commandations suggérées par gnement. En effet, sur le plan social,
économique, une collaboration plus l’ONU et l’OMT. l’une des faiblesses du secteur tou-
étroite s’avère donc fondamentale ristique des pays en développement
entre les Pouvoirs publics, la com- - L’industrie touristique et les so- tient au fait qu’ils manquent de
munauté internationale, l’industrie ciétés de tourisme privées étant ca- cadres supérieurs et qu’ils génèrent
touristique et les sociétés de tou- ractérisées par le fait qu’elles em- des emplois non spécialisés et peu
risme privées, notamment pour ga- ploient une forte proportion de qualifiés. Pour remédier à cette si-
rantir que ces dernières, souvent femmes et de jeunes parfois défa- tuation, les gouvernements doivent

XXIII
l’industrie touristique posera à terme
Accentuer la limitation du de sérieux problèmes dans le do-
maine de la protection de l’environ-
tourisme de masse dans nement.

certaines régions fragiles sur Parallèlement, le marché, en plein


essor, de l’éco-tourisme ou tourisme
le plan écologique ou culturel. naturel est un sujet de préoccupa-
tion, car si elles sont insuffisamment
gérées et planifiées, ces formes de
tourisme peuvent menacer les ré-
gions du monde les plus fragiles
prendre des mesures pour dévelop- étroitement les collectivités locales à écologiquement.
per l’enseignement secondaire pro- la planification, à l’exécution, au
fessionnel et supérieur, notamment suivi et à l’évaluation des politiques, - Les Pouvoirs publics ont la tâche
en partenariat avec l’industrie tou- programmes et projets relatifs au difficile d’encourager le développe-
ristique et la société civile permet- tourisme ; ment du tourisme de telle manière
tant de répondre aussi bien aux im- - veiller enfin à ce que le dévelop- que l’activité touristique produise le
pératifs du développement social pement touristique se fasse à un maximum de retombées socio-éco-
qu’aux besoins particuliers du sec- rythme approprié pour que les com- nomiques positives et qu’elle favo-
teur touristique. Le rôle du touriste, munautés soient en mesure d’y faire rise la réalisation des objectifs en-
comme nous l’avons observé, n’est face, car de nombreux experts et po- vironnementaux, tout en ayant le
pas à négliger, c’est même l’un des litiques font remarquer que « l’aug- minimum d’impact négatif sur le
facteurs déterminants à la recon- mentation trop rapide du nombre de milieu naturel. Il s’agit donc, en
naissance et au développement du touristes et le libre accès des zones l’occurrence, de concilier les objec-
tourisme durable ; fragiles sur le plan culturel font pe- tifs de développement viable du tou-
- envisager une planification du tou- ser de graves menaces et freinent le risme et de protection de l’environ-
risme se fixant pour objectifs de pré- développement du tourisme du- nement, en particulier.
server les legs du passé, le patri- rable ».
moine et l’intégrité des destinations Parmi les priorités des Pouvoirs pu-
touristiques et se soucier de respec- - La communauté internationale de- blics, telles qu’envisagées par de
ter les normes sociales et culturelles vrait, en ce qui la concerne, cher- nombreux organismes tels l’OMT et
locales, en particulier dans les com- cher, elle aussi, à encore mieux mo- l’ONU, ceux-ci devraient en parti-
munautés autochtones. Les Pouvoirs biliser la solidarité internationale culier :
publics doivent faire des efforts sup- pour faire cesser les mauvais traite- - s’assurer que toutes les entreprises
plémentaires pour contenir la crois- ment et l’exploitation en particulier touristiques, quels que soient leurs
sance touristique là où elle crée des des femmes, des enfants et des tailles et leurs types d’activité, soient
risques pour les collectivités et les groupes défavorisés qui sont occa- assujetties au respect des règlements
valeurs sociales locales. Les gou- sionnés par les activités de tourisme. et des mesures de protection de l’en-
vernements, via les collectivités lo- Pour que la communauté internatio- vironnement ;
cales, doivent s’employer à mieux nale soit au service des objectifs de - accentuer la limitation (voire, pen-
définir ce qu’elles ont à offrir, à développement social définis dans sent certains ONG, l’interdiction)
mieux décider de présenter leur pa- le cadre d’un tourisme durable, il lui du tourisme de masse dans certaines
trimoine culturel et même à engager faudra ainsi continuer à prôner et régions fragiles au point de vue éco-
une réflexion sur les aspects de leur améliorer les bases établies lors du logique ou culturel. A contrario, les
culture qu’elles souhaitent préser- Sommet Mondial pour le Dévelop- Pouvoirs publics devraient aller plus
ver ; quitte comme certains experts pement Social ainsi que les engage- loin dans leurs encouragements à
le préconisent « si elles le jugent ments pris par les pays lors de la dé- promouvoir le tourisme là où il peut
souhaitable, à interdire l’accès de claration de Copenhague sur le contribuer à la sauvegarde de l’en-
certains sites aux touristes » ; développement social. vironnement ;
- veiller à ce que les fonds dispo- - renforcer et appliquer plus large-
nibles pour le développement soient 3 - AU NIVEAU ENVIRONNEMENTAL. ment encore le principe “utilisateur-
utilisés de façon rentable et efficace. C’est plus qu’une certitude, la crois- payeur’’ (cher aux associations éco-
Pour ceci, il convient d’impliquer sance soutenue que devrait connaître logiques), qui apparaît dans certains

XXIV
cas être un principe tout à fait ap-
proprié dans le contexte touristique ; Encourager
- se montrer plus rigoureux au ni-
veau du plan d’occupation des sols
en imposant des restrictions en ma-
les activités touristiques
tière de construction, de façon à pré-
server les littoraux (par exemple, les
qui utilisent
législations française, espagnole, da-
noise, égyptienne… qui interdisent des éco-technologies.
de construire à moins d’une certaine
distance du littoral) ;
- renforcer l’action du secteur ban-
caire et de l’assurance en faveur du fessionnels du tourisme, aux - s’investir de plus en plus dans la
tourisme durable. Ainsi les banques Pouvoirs publics et à la société ci- coordination et la coopération au ni-
et les compagnies d’assurances peu- vile de mettre en œuvre. Il est parti- veau international afin de pouvoir
vent notamment promouvoir un dé- culièrement important, dans la réellement traiter les problèmes de
veloppement rationnel du tourisme perspective d’un développement l’impact du tourisme sur l’environ-
en préconisant l’intégration de cri- écologiquement viable du tourisme, nement mondial, des questions de
tères écologiques et sociaux dans les qu’existent des instruments tels que biodiversité, des gestions des zones
procédures d’examen des demandes la Convention sur la diversité bio- sensibles et d’éco-tourisme ;
de prêts, d’investissement et de logique, la Déclaration de Berlin sur - encourager les activités touris-
contrat d’assurances. Elles pour- la diversité biologique et le tourisme tiques qui utilisent des éco-techno-
raient par ailleurs financer les tech- durable, la Déclaration de Malé sur logies pour économiser l’eau et
nologies non polluantes et promou- le tourisme durable, la Déclaration l’énergie, réduire la pollution, trai-
voir un tourisme durable et viable de San José, la Charte du tourisme ter les eaux usées, réduire et recy-
par des programmes d’incitation ; durable ou le programme Action cler les déchets ;
- renforcer le soutien et la promo- 21… pour ne citer que les princi- - encourager le transfert de tech-
tion des initiatives en faveur du tou- paux. niques, pratiques et outils de gestion
risme durable. Les récompenses et écologiquement rationnels et adap-
les distinctions doivent être em- La communauté internationale de- tés au secteur du tourisme et infor-
ployées et développées pour encou- vrait donc, comme le soulignent mer les gouvernements et les pro-
rager le secteur privé à remplir ses l’OMT et l’ONU, prendre plus de fessionnels de l’existence de ces
obligations à cet égard. Le succès décisions dans l’optique notamment méthodes ;
remporté par le programme de : - assurer un appui en diffusant des
“Pavillons Bleus’’ en Europe illustre - définir des normes internationale- informations et en proposant des
bien l’utilité concrète de ce type de ment reconnues et établir des méca- programmes de développement
démarche ; nismes extérieurs de suivi et d’ac- consacrés notamment aux retombées
- instaurer des partenariats entre créditation permettant d’évaluer la positives ou négatives du dévelop-
toutes les parties prenantes et les au- durabilité des prestations touris- pement du tourisme, à l’utilisation
torités de l’Etat en encourageant, en tiques ; de mesures économiques pour pro-
soutenant et en favorisant encore - aider les pays en développement, mouvoir le tourisme durable et à la
plus la participation de tous dans en particulier les pays les moins dé- gestion des destinations.
l’aide au développement du tou- veloppés ou en phase de transition
risme durable. économique et les petits Etats insu- Les premières mesures
laires en développement, en appor- suite à la Conférence de
- La communauté internationale a tant à leurs administrations, à tous Johannesburg.
déjà pris d’importantes initiatives les niveaux, un appui technique et
sous forme d’accords internatio- financier qui les aident à définir des Le plan d'action adopté à la
naux, régionaux, multilatéraux et de normes d’aménagement du territoire Conférence de Johannesburg prévoit
directives concernant le développe- cohérentes et efficaces, des codes de plusieurs échéanciers et objectifs
ment viable du tourisme durable. bonne pratique, des dispositifs ré- qui, comme l'ont relevé les groupes
Mais ces textes doivent maintenant glementaires et des mesures en fa- environnementaux et les ONG,
se traduire par des programmes veur du développement viable du manquent quelque peu de préci-
concrets qu’il appartiendra aux pro- tourisme durable ; sions. Les grandes orientations de

XXV
sifs d'initiatives venues d’ailleurs.
Un nouveau défi apparaît
La réorientation du tourisme et des
en raison de la activités de loisirs vers un tourisme
responsable et durable a encore de
consommation effrénée nombreuses difficultés à surmonter
pour s’intégrer dans les “us et cou-
des ressources naturelles. tumes’’ des professionnels comme
des touristes. Cette réorientation ne
se fera pas sans difficultés et même
les "pratiques les meilleures" ne
peuvent remplacer une politique vo-
ce plan peuvent être analysées de la millénaire, un nouveau défi apparaît lontariste et multisectorielle de tous
façon suivante : d'ici 2015, la moitié en raison de la consommation effré- les acteurs (politiques, profession-
des 1,1 milliard d'humains privés née des ressources naturelles ». nels, institutionnels, associatifs,
d'eau potable et la moitié des 2,4 Ainsi, certains experts auraient ten- voyageurs…)
milliards d'humains sans services sa- dance à penser que l’on se dirige
nitaires devraient pouvoir compter peu à peu vers la prédiction de Bien que tous les textes visant à ins-
sur ces services de base ; le plan l’écrivain américain Paul Bowles taurer un tourisme éthique et res-
d'action prévoit un relèvement de la qui, en 1911, déclarait : « D’ici à pectueux de l’environnement se
part des énergies renouvelables dans 100 ans, ce ne sera plus la peine de heurtent aux valeurs et aux intérêts
le bilan énergétique de la planète et voyager, car le monde est de plus en portés par le système libéral domi-
définit les conditions qui rendront plus uniforme ». nant, l’on doit maintenant suivre les
l'agriculture plus efficace pour sa- récentes décisions prises au sommet
tisfaire les énormes besoins prévi- S’il est vrai que nombre d’opéra- de Johannesburg et observer l’ap-
sibles. teurs du tourisme (voyagistes, hôte- plication concrète qui en sera faite.
liers ou communautés locales) ont
En matière de santé, tous les pays travaillé au cours des dernières an- Cependant, il faut se montrer pru-
se sont entendus pour lutter contre nées dans le sens d'un tourisme plus dent et ne pas tomber dans un opti-
la pandémie du sida, de la malaria “approprié’’, plus “adapté’’ aux pro- misme béat. Si maintes résolutions
et autres maladies tropicales, et pour blèmes d’environnement et de du- furent adoptées au Sommet de Rio
relever la qualité des services de rabilité (ne serait-ce que pour assu- (notamment pour éviter le réchauf-
santé dans les pays démunis et faci- rer leur propre avenir) ; s’il est vrai fement climatique, protéger la bio-
liter leur accès. Deux objectifs chif- également que de plus en plus de diversité et arrêter la déforestation),
frés ont été retenus, la réduction d'ici voyageurs, en particulier ceux des il se résume pour certains à cette
2015 de deux tiers du taux de mor- pays industrialisés, manifestent leur simple question : « Le bilan est tel-
talité chez les enfants de moins de intérêt pour des formes de tourisme lement mince que l’on peut se de-
cinq ans et celle de trois quarts du plus respectueuses de l'environne- mander si le monde n’est pas re-
taux de mortalité des femmes au ment et du milieu social ; la route, tourné trente ans en arrière, quand
moment de l'accouchement. comme nous avons pu le constater l’ONU organisait en 1972 une pre-
au cours de cette étude, est encore mière rencontre internationale à
- Enfin, le sommet a convenu de longue. Stockholm sur ces mêmes ques-
mettre en place un programme-cadre tions ».
de dix ans afin de modifier les mo- En effet, et il faut l’admettre, cette
dèles actuels de consommation et de potentialité n'est pas développée de Le Sommet de Rio a marqué les es-
production. façon suffisante par manque d'une prits parce que, avec une belle una-
offre adaptée, et les nouvelles ini- nimité, tous les pays du monde y ont

Conclusions tiatives restent trop souvent limitées


à un aspect restreint de l'écologie,
sans y inclure la dimension sociale
affirmé leur adhésion à un déve-
loppement qui répond aux besoins
du présent sans compromettre la ca-
« En 1969, l'homme marchait sur la et économique de la durabilité. De pacité des générations futures de ré-
lune. Rien ne semblait devoir arrêter plus, presque toutes ces initiatives pondre aux leurs.
l'Humanité vers la prospérité. laissent les habitants des pays du Mais lorsqu’il s’est agi de mettre en
Pourtant, à l'entrée de ce troisième Sud dans un rôle de récepteurs pas- musique la belle partition écrite à

XXVI
Rio, il n’y a plus personne pour
l’exécution. Les gouvernements des Le tourisme de masse
pays riches rechignent à prendre des
mesures écologiques car ils savent
qu’elles peuvent heurter les intérêts
reste pour beaucoup une
des lobbies de groupes industriels et
financiers comme ceux du nucléaire
véritable manne en terme
ou du transport, et entraîner une re-
mise en cause des habitudes de d'emplois, de revenus.
consommation gaspilleuses de leurs
populations.

Il est clair que les perspectives de moment, de contribuer au dévelop-


temps de loisirs plus importants ren- pement, faute d’un nombre suffisant • Les 27 principes de la Déclaration
dront les approches plus délicates de clients (à contrario, le tourisme de Rio. En juin 1992, le Sommet de
d’autant que le secteur du tourisme de masse reste pour beaucoup une la Terre sur l'environnement et le dé-
et des loisirs est sans doute l'un des véritable manne en terme d'emplois, veloppement adopte les 27 principes
rares, sinon le seul, secteurs écono- de revenus, de stimulation des acti- de la déclaration de Rio, les 2500
miques en progression, même s’il vités locales et les dégâts sont consi- recommandations de l'Agenda 21,
connaît à l'heure actuelle quelques dérés comme un moindre mal par un programme pour le XXIe siècle
ralentissements. Les leaders de l'in- rapport à l'absence d'activité, au chô- (appelé aussi Action 21), les conven-
dustrie touristique continuent à mi- mage, à la misère ou à l'émigration tions sur la biodiversité, le climat,
ser sur la croissance à tout prix, qui forcée). et un texte sur les forêts.
a depuis longtemps démontré son - Troisième dérive : la récupération [Extraits des principes].
incompatibilité avec les objectifs du du tourisme durable comme simple L'homme est au centre des préoccu-
développement durable et qui ex- concept marketing. pations (1) dans le respect des gé-
pose les initiatives prometteuses en Il est facile de se donner bonne nérations présentes et futures (3).
matière de tourisme durable à une conscience en achetant un voyage Les Etats, qui doivent coopérer de
concurrence âpre avec les voyages garanti “tourisme durable’’. « Le dé- bonne foi (27), ont le droit souve-
à bas prix et à la lutte pour les parts bat est donc ouvert sur l’opportunité rain d'exploiter leurs ressources
de marché. ou non de vulgariser le tourisme res- sans nuire aux autres Etats (2) qu'ils
ponsable et durable, de le “marke- doivent avertir de toute catastrophe
Il faut cependant rester prudent face ter’’ et d’en faire un produit comme (18) ou activités dangereuses pou-
aux dérives que peut engendrer cette un autre. Il est clair que la tentation vant les affecter (19). La protection
“marche forcée’’ vers le tourisme sera forte pour les acteurs du tou- de l'environnement est partie inté-
durable. risme de proposer un tourisme sau- grante du processus de développe-
- Première dérive : réserver le tou- poudré d’éthique pour répondre à ment (4), elle est conditionnée par
risme durable à une élite intellec- une demande qui promet d’être la la lutte contre la pauvreté (5) et
tuelle ou financière (car les produits tendance forte des décennies à ve- concerne tous les pays (6), selon des
sont souvent plus coûteux que le nir. C’est aux citoyens responsables responsabilités communes mais dif-
tourisme classique). Dans son ou- que nous sommes de rester vigilants férenciées (7). Les modes de pro-
vrage intitulé “Enquête sur le tou- et de faire preuve de responsabilité duction et de consommation non
risme de masse, l'écologie face au et de discernement » souligne viables (non durables) doivent être
territoire’’, Florence Deprest dé- Françoise El Alaoui dans son article éliminés (8) au profit de ceux qui
montre que, de tous temps, les élites “Le profil du touriste européen est- seraient viables dont la diffusion
se sont opposées au tourisme de il en train de changer’’. doit être favorisée (9). Le public doit
masse, donc au peuple. être impliqué dans les décisions (10)
- Deuxième dérive : limiter le tou- Pour les professionnels, le Tourisme dans le cadre de mesures législatives
risme durable à un marché de niche. durable doit être une préoccupation efficaces (11), économiques en in-
Il est indispensable de dépasser de chaque instant, car il conditionne ternalisant les coûts grâce au prin-
l’étroitesse de marché du tourisme l’avenir de notre planète. cipe pollueur payeur (16), par des
durable car, s’il n'occasionne pas de études d'impact (17), toutes mesures
dégâts sur la population et l'envi- qui ne doivent pas constituer des
ronnement, il ne permet pas, pour le Annexes, textes et documents. barrières injustifiées au commerce

XXVII
attention particulière. 12 - Le rôle et
La paix, le développement les effets sur l'environnement du
transport lié au tourisme doivent
et la protection de faire l'objet d'une attention particu-
lière.
l'environnement sont • Le Code mondial d'éthique du tou-
indissociables. risme.
Depuis les années 90, plusieurs
codes ont été définis dont Le Code
mondial d'éthique du tourisme qui,
tel que présenté par Francesco
(12) tout en assurant la responsabi- dérer ses effets induits sur le patri- Frangialli, Secrétaire général de
lité de ceux qui causent les dom- moine culturel et sur les éléments, l’Organisation Mondiale du
mages (13) et en évitant le transfert les activités et la dynamique tradi- Tourisme « constitue un cadre de ré-
d'activités polluantes (14). Le prin- tionnels de chaque population lo- férence pour le développement ra-
cipe de précaution (15) doit être mis cale. La reconnaissance de ces fac- tionnel et durable du tourisme mon-
en oeuvre. Un certain nombre de teurs locaux doivent être des points dial à l'aube du nouveau millénaire.
groupes majeurs ont un rôle parti- de référence incontournables lors de Il s'inspire de nombreux codes pro-
culier à jouer : les femmes (20), les la conception des stratégies touris- fessionnels et déclarations analogues
jeunes (21), les communautés lo- tiques. 6 - Les critères de qualité qui l'ont précédé et il y ajoute de
cales et autochtones (22). La paix, (doivent être) définis de manière nouvelles idées qui reflètent notre
le développement et la protection de conjointe avec les populations lo- société en mutation de la fin du XXe
l'environnement sont interdépen- cales 7 - Le tourisme doit se baser siècle. Le tourisme international de-
dants et indissociables (25), les sur l'éventail de possibilités qu'offre vant presque tripler, selon les prévi-
règles d'environnement doivent être l'économie locale. Les activités tou- sions, au cours des vingt prochaines
respectées en temps de guerre (24) ristiques doivent pleinement s'inté- années, les Membres de l'Organi-sa-
et pour les populations occupées ou grer dans l'économie locale. 8 - tion Mondiale du Tourisme sont
opprimées (23). Les différents Toute option de développement tou- convaincus que le Code mondial
concernant l'environnement doivent ristique doit avoir une incidence ef- d'éthique du tourisme est nécessaire
être résolus pacifiquement. fective sur l'amélioration de la qua- pour essayer de réduire au minimum
lité de vie de la population, et les effets négatifs du tourisme sur
• La Charte du Tourisme Durable contribuer à l'enrichissement socio- l'environnement et le patrimoine
publiée à l'issue de la Conférence culturel de chaque destination. 9 - culturel et, en même temps, d'en
Mondiale du Tourisme Durable, ré- Les gouvernements et les autorités maximiser les avantages pour les ha-
unie à Lanzarote, les 27 et 28 avril compétentes doivent entreprendre bitants des destinations touris-
1995, avait pour objectif de concré- des actions de planification intégrées tiques ».
tiser dans le domaine du tourisme du développement touristique en
les impulsions du Sommet de la partenariat avec les ONG et les po- Concernant ce Code Mondial
Terre à Rio. pulations locales. 10 - Il est urgent d'Ethique du Tourisme, qui doit
[Extraits des principes]. que soient mises en place des me- maintenant être mieux connu et
1 - Le développement touristique sures permettant un partage plus surtout appliqué, relevons les pro-
doit reposer sur des critères de du- équitable des bénéfices et des pos de Jacques Bruhnes, ancien
rabilité ; il doit être supportable à charges engendrés par le tourisme. Secrétaire d’Etat au Tourisme, pour
long terme sur le plan écologique, Cela implique un changement dans qui, « il est nécessaire de promou-
viable sur le plan économique et les modèles de consommation et voir les actions de sensibilisation au
équitable sur le plan éthique et so- l'intégration des coûts environne- tourisme éthique vis-à-vis des ac-
cial pour les populations locales. 2 mentaux. 11 - Les régions vulné- teurs publics et privés, comme des
- Les incidences du tourisme sur les rables du point de vue de l'environ- touristes eux-mêmes. Nous devons
ressources naturelles, sur la biodi- nement et de la culture, doivent être tous y contribuer, ministres, profes-
versité et sur la capacité d'assimila- considérées comme prioritaires. Les sionnels, associations, chacun à son
tion des impacts et des déchets en- régions particulièrement dégradées niveau. Mais les politiques pu-
gendrés, doivent rester acceptables. par des modèles touristiques obso- bliques et privées doivent y concou-
3 - L'activité touristique doit consi- lètes doivent aussi faire l'objet d'une rir notamment par le développement

XXVIII
de l'enseignement et de la formation
professionnelle sur le tourisme du- Les professionnels
rable. La France s'y engage ».
Le code comprend neuf articles dé-
finissant les “règles du jeu” pour les
s’engagent à réaliser des
destinations, les gouvernements, les
promoteurs, les voyagistes, les
produits s’intégrant dans
agents de voyages, les travailleurs
du secteur et les touristes eux- un tourisme durable.
mêmes. Le dixième article traite du
règlement des litiges en prévoyant
un mécanisme d'application, ce qui
est une première dans ce genre de Mondial Éthique du Tourisme et à en harmonie avec les spécificités et
code. Il s'agit d'une procédure de appliquer la Charte d’Ethique du traditions des régions et pays d'ac-
conciliation impliquant la création Tourisme. cueil.
d'un Comité mondial d'éthique du Principes : La possibilité d'accéder, - Favoriser le développement et la
tourisme composé de représentants directement et personnellement, à la qualification des emplois des per-
de chaque région de la planète et de découverte des richesses de la pla- sonnels salariés et indépendants par
chacune des parties prenantes du nète constitue un droit également l'accès à une formation adaptée, ini-
secteur du tourisme (gouverne- ouvert à tous les habitants du tiale et continue pour les personnels
ments, secteur privé, travailleurs et monde. Elle repose sur la liberté des de l'industrie touristique et par le
organisations non gouvernemen- déplacements touristiques. La pré- respect des droits fondamentaux des
tales). sente charte doit favoriser l'exercice personnels de l'industrie touristique.
Rappelons que la France, qui s'est de ce droit au tourisme qui repose - Respecter l'égalité des hommes et
beaucoup investie dans l'élaboration sur les principes qui s'exercent dans des femmes, protéger les droits des
du Code mondial d'éthique du tou- le respect des droits de l'homme et enfants et des groupes les plus vul-
risme, adopté lors de la dernière as- des libertés fondamentales. nérables et lutter contre l'exploita-
semblée générale de l'Organisation Engagements : Les professionnels, tion des êtres humains sous toutes
Mondiale du Tourisme (OMT), a en tant qu'acteurs touristiques, ex- ses formes, notamment sexuelle.
souhaité le faire vivre sur son terri- priment la volonté de contribuer au - Fournir aux touristes une informa-
toire en l'inscrivant au cœur de sa développement de l'éthique dans le tion objective et sincère sur les lieux
propre politique du tourisme. Pour tourisme et de privilégier un tou- de destination, les conditions de
le traduire en droit français, le risme respectueux des équilibres voyage et se préoccuper en coopé-
Secrétariat d'État au Tourisme s'est écologiques, économiques et socio- ration avec les autorités publiques
attaché dans un premier temps à dif- culturels. A ce titre, les profession- de la sécurité des voyageurs, de leur
fuser largement le Code Mondial nels signataires s'engagent à mettre protection sanitaire et alimentaire.
d’éthique auprès des professionnels en œuvre les actions suivantes : De plus, les professionnels, en tant
et des diverses organisations concer- - Réaliser des produits touristiques qu'acteurs de développement tou-
nées. Dans un second temps, il s'est s'intégrant dans un tourisme durable ristique, s'engagent à faciliter la
attaché à l'intégrer dans l'élaboration qui repose notamment sur la sauve- mise en œuvre des principes ci-des-
des textes législatifs et réglemen- garde de l'environnement et des res- sous par les pays et communautés
taires. sources naturelles, la protection du d'accueil ainsi que par les touristes
patrimoine naturel, la sauvegarde du et visiteurs.
• Charte Nationale d'Éthique du patrimoine culturel de l'Humanité et - Les communautés d'accueil et les
Tourisme. des cultures traditionnelles, l'inté- acteurs professionnels locaux doi-
Cette charte, présentée à l'occasion gration urbanistique et architectu- vent apprendre à connaître et à res-
du salon Top Résa à Deauville en rale. pecter les touristes.
septembre 2000, a été signée par de - Associer les pays d'accueil et leurs - Les touristes et visiteurs doivent
nombreux professionnels du tou- populations locales aux activités s'informer sur les caractéristiques
risme sur les bases suivantes : touristiques afin de leur permettre des pays qu'ils s'apprêtent à visiter,
« Pour un tourisme mondial, équi- de bénéficier des retombées écono- adopter des comportements de na-
table, responsable et durable, les miques favorisant le développement ture à minimiser tous risques inhé-
professionnels signataires s'engagent et leur qualité de vie. rents à leurs déplacements, et res-
à respecter les principes du Code - Conduire les activités touristiques pecter les populations d'accueil.

XXIX
veloppement de tourisme durable.
Les touristes et visiteurs Les Pouvoirs publics peuvent ici
jouer un rôle crucial en adoptant des
doivent être des acteurs politiques, des normes et des me-
sures d'encouragement visant l'ins-
d'une nouvelle citoyenneté tauration d'un tourisme de préserva-
tion qui doit être au centre du
de l'Humanité. processus de prise de décision.
L'agenda 21 pour l'industrie du tou-
risme et des voyages, issu de la
conférence des Nations Unies sur
l'environnement, tenue à Rio de
- Les touristes et visiteurs doivent ment (locaux, régionaux) et de Janeiro en 1992, identifie neuf prio-
être des acteurs d'une nouvelle ci- toutes les branches de l’industrie. rités pour le développement d'un
toyenneté de l'Humanité et contri- Les Pouvoirs publics peuvent ici tourisme durable (priorités qui
buer ainsi au développement éco- jouer un rôle crucial en adoptant des concernent tant l'évaluation des ca-
nomique, à la paix et à l'entente politiques, des normes et des me- pacités économiques, que les effets
entre toutes les nations du monde. sures d’encouragement pour un dé- d'un développement durable et les
L'application de la charte donnera veloppement du tourisme durable. conditions de succès).
lieu à la délivrance du label "tou- En ce qui concerne les ministères, Les neuf priorités qui nécessitent
risme et éthique" aux entreprises et l’administration du tourisme natio- une prise de décision sont:
territoires qui en font la demande. nal et les organismes qui représen- ❖ Évaluation de la capacité du cadre
tent le commerce, l’objectif essen- actuel des règles de l'économie et de
• L'Agenda 21 pour l'industrie du tiel consiste à mettre en place des la volonté à réaliser un tourisme de
tourisme et du voyage, défini en procédures et des structures aptes à préservation.
1996, est la transposition au secteur placer les questions de préservation ❖ Évaluation des conséquences éco-
du tourisme de la déclaration de Rio au centre du processus de prise de nomiques, sociales, culturelles et en-
en juillet 1992 sur l’Environnement décision et à identifier les mesures vironnementales des activités de
et le Développement signée par 178 nécessaires à l’instauration effective l'organisation.
Etats membres des Nations Unies. d’un tourisme de préservation. ❖ Formation, éducation et prise de
L'Agenda 21, document final du Dans cette démarche d’élaboration conscience publique.
Premier Sommet de la Terre, est, d’un programme de développement ❖ Planification du développement
comme on peut l'imaginer, un durable, il ne faut pas perdre de vue du tourisme de préservation.
énorme document, adressé à la fois que les buts poursuivis s’orientent ❖ Développement.
aux gouvernements et élus locaux vers la conservation et la préserva- ❖ Facilitation de l'échange, entre les
qui planifient le développement tion des ressources naturelles et du pays développés et les pays en dé-
ainsi qu’aux acteurs de terrain qui patrimoine culturel qui sont un pro- veloppement, d'informations, de
le mettent en œuvre. blème aussi bien mondial que local. compétences et de technologies tou-
Pour que le tourisme soit durable, il chant le tourisme de préservation.
• Exemple d’élaboration d’un pro- faut mettre en avant des politiques ❖ Encouragement de la participa-
gramme de développement durable. qui visent trois objectifs spécifiques: tion de tous les secteurs de la so-
Dans l’élaboration de programmes - l'amélioration de la qualité de l'ex- ciété.
de développement durable, il est cer- périence touristique vécue par les ❖ Conception de nouveaux produits
tain que le tourisme possède un in- touristes; touristiques dont la préservation est
térêt évident à protéger les res- - la maximisation de l'efficience de le principal objectif.
sources naturelles et culturelles gestion de l'environnement ; ❖ Évaluation des progrès accomplis
puisqu’elles constituent le cœur de - la conservation de l'environnement en terme de développement de la
son activité et qu’il est en mesure de naturel et créé par l'homme pour préservation.
le faire. les générations futures.
Pour pouvoir utiliser cette capacité Les micro-techniques d'un dévelop-
et mettre en œuvre des développe- • Les macro-techniques d'un déve- pement durable.
ments à long terme, il est néanmoins loppement durable. Dans leur large éventail de préoc-
nécessaire d’obtenir la concertation Un ensemble de macro-techniques cupations, les concepteurs de
des différents paliers de gouverne- peut être utilisé pour soutenir un dé- l'Agenda 21 pour l'industrie du tou-

XXX
risme et des voyages, n'ont pas omis
de désigner un nombre de micro- L’une des caractéristiques
techniques (ou lignes directrices)
concernant les entreprises et le dé-
veloppement durable. Les auteurs
du tourisme de masse est
du document ont ainsi identifié dix
priorités qui nécessitent la prise de
sa forte concentration au
mesures immédiates.
❖ la minimisation, la réduction et le cours des mois d'été.
recyclage des déchets ;
❖ la conservation et la gestion de
l'énergie ;
❖ la gestion des ressources en eau Agenda 21 local et la Conférence tière et régression des herbiers de
potable ; organisée en 1997 sur le tourisme posidonies ;
❖ le traitement et la gestion des durable, une référence en la matière. - excès de consommation en eau
eaux usées ; avec pour conséquence, la salinisa-
❖ le contrôle et l'élimination des Rappel du contexte. tion des aquifères et le recours à des
substances dangereuses ; L'activité touristique a commencé bateaux-citernes pour l'approvision-
❖ la gestion des transports ; dans les îles au début du XXe siècle nement ;
❖ la planification et la gestion dans mais c'est dans les années 60 qu'elle - augmentation de la production de
l'utilisation des sols ; se transforme en principal secteur résidus solides (un touriste produit
v la prise de conscience des em- économique avec l'arrivée du tou- deux fois plus de résidus qu'un ré-
ployés, des clients et des différentes risme de masse. 60 % du PIB pro- sident) ;
communautés aux problèmes envi- vient directement ou indirectement - contamination esthétique des pay-
ronnementaux ; du secteur touristique. Les Baléares sages (aspect le plus important aux
❖ la sensibilisation aux méthodes accueillaient déjà en 1994 près de yeux des touristes).
de préservation ; 11 % de la totalité des touristes en
❖ l'instauration de partenariats pour Méditerranée. Pour la préservation d'un paysage
développer la préservation. L'influence des tour-opérateurs est de qualité et des ressources non re-
fondamentale pour comprendre le nouvelables, plusieurs solutions ont
• Un exemple d’application : développement du tourisme de été proposées, notamment des ac-
Freiner le surtourisme à Calvia masse ou du " tourisme soleil et tions législatives, économiques et
(Majorque - Espagne). plage " aux Baléares. 93 % des tou- sociales ont été prises dès les années
Dans l'archipel des Baléares, le tou- ristes arrivent à l'aéroport avec les 80 au niveau national et régional
risme de masse a été initié dans les vols charters dont 68 % en prove- afin d'améliorer la situation envi-
années 60 et la frange littorale a par- nance d'Allemagne et d'Angleterre. ronnementale aux îles Baléares.
fois été urbanisée à tel point qu'il Comme partout en Méditerranée, Rassembler les opinions des diffé-
existe aujourd'hui un réel problème l’une des caractéristiques du tou- rents acteurs (hôteliers, syndicats,
d'attractivité de ces îles au moment risme de masse est sa forte concen- ONG, tour-opérateurs, administra-
même où la clientèle touristique est tration au cours des mois d'été (plus tions...) constituait également l'un
à la recherche de "qualitatif". Un de 80 % des touristes arrivent entre des facteurs décisifs de l'Agenda lo-
tournant salutaire des mentalités et mai et octobre). cal. Plusieurs systèmes de partici-
des politiques publiques a été entre- Cette croissance accélérée du tou- pation ont été envisagés à cet égard,
pris dans les années 90. Cela s'est risme a ainsi totalement transformé tels que : le Forum des citoyens, des
traduit par un ensemble de disposi- l'économie des îles, reléguant les Commissions spéciales, le vote et la
tions législatives et réglementaires autres secteurs, et surtout celui de consultation du public... la stratégie
prises aux niveaux national et ré- l'agriculture, à une position secon- de l'Agenda 21 local s'appuyant plus
gional, et par une détermination des daire. spécialement sur le volontariat le
acteurs locaux à changer de modèle Quelques impacts du tourisme de plus large possible de la population.
de développement en s'inspirant des masse sur l'environnement sont à re-
concepts de l'Agenda 21. Symbole lever :
de cette prise de conscience, la mu- - urbanisation intensive (30 % de la
nicipalité de Calvia (ainsi que l’Etat côte est urbanisée) ;
et la Région) est devenue, avec son - dégradation des dunes, érosion cô- Les résultats.

XXXI
L’Espagne doit retrouver un
tourisme de qualité dans les
services perdu au profit
d’un tourisme de masse.
L'agenda 21 local a permis : tivité de l'archipel.
- d'améliorer la planification et Cette prise de conscience s'est
d'embellir la zone touristique ; traduite sur les plans national et ré-
- de mettre en œuvre le projet " gional par des nouvelles législations
Réhabilitation de l'environnement intégrant les concepts de dévelop-
des espaces côtiers " afin d'obtenir pement durable et, sur le plan local, Revue Touriscopie ; Observateur
un tourisme d'excellence à Calvia ; par l'adoption d'Agendas 21 locaux Cetelem, Etude Fleishman-Hillard
- une modernisation des trois sta- tels que celui de Calvia. et IPSOS sur le consommateur ;
tions d'épuration de Calvia ; Consumer International,
- la réalisation d'un projet pilote de En conclusion de cette opération, on Développement du Tourisme
rénovation des carrières ; est passé d'une logique quantitative, Durable (Rapport du Conseil
- un moratoire pour 5 années de tra- de court terme, de consommation Economique et Social des Nations
vaux importants sur le littoral ainsi d'espaces naturels sans préoccupa- Unies ; Rapports de
que des infrastructures routières à tion de l'avenir, à une logique quali- l’Organisation Mondiale du
fort impact environnemental ; tative, de long terme, de réhabilita- Tourisme sur les données du tou-
- 1350 ha de terrains à construire ont tion et d'utilisation durable des risme international ; Etude
été déclassés afin de les protéger de ressources naturelles. Le cas de “Tourisme Horizon 2020 Vision’’ ;
l'urbanisation. Calvia pourrait servir d'exemple à Rapports de la Commission du
d'autres stations touristiques médi- Développement Durable du
On notera également trois points im- terranéennes qui font parfois face Conseil Economique et Social de
portants : aujourd’hui à une trop grande pous- l’ONU ; Rapport de la
- la stabilisation sur 10 ans de la sée touristique et qui ne souhaitent Commission éco-tourisme de
consommation d'eau potable au ni- pas répéter des pratiques non du- l’Union Internationale pour la
veau de l'année 1997 ; rables. Préservation de la Nature ; Société
- l'élaboration d'un plan local d'éco- Internationale de l’Eco Tourisme ;
nomie d'énergie ; Olga Santos Ortega représentant des Union Mondiale pour la
- l'incitation à économiser, à recy- hôteliers de région de Girone résu- Conservation ; ATTAC ;
cler et à réutiliser les déchets solides mait parfaitement les enjeux qui Association Transverses ;
en établissant des objectifs de sépa- s’ouvrent en ce domaine face à la Rencontres Internationales de
ration des déchets à court, moyen et baisse du tourisme en Espagne lors Paris ; Alternatives
long terme. de la saison 2002 : « Cette baisse est Economiques ;Programme des
à prendre comme un avertissement. Nations Unies pour
Les enseignements à tirer de cette L’Espagne doit retrouver un tou- l’Environnement ; Environmental
expérience. risme de qualité dans les services for Tourism ; WWTC, Banque
Les autorités des Iles Baléares ont perdu au profit d’un tourisme de Mondiale, Organisation Mondiale
parfaitement compris qu'un autre masse » ! du Travail ;Travaux de la
modèle de développement touris- Commission Européenne ;
tique était nécessaire pour préserver Travaux de la Conférence de Rio ;
un capital naturel déjà fortement dé- Conférence des Nations Unies sur
gradé par le tourisme de masse et l’environnement et le développe-
qui demeure aujourd'hui, plus que
jamais, le facteur principal d'attrac- Sources. ment (Rio 1992) ; FUAAV ;
Déclaration de Copenhague.

XXXII

Vous aimerez peut-être aussi