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2ème extrait de la Peau de Chagrin

Introduction :
- Alors que Raphaël se trouve dans une angoisse épouvantable, c’est face à la
malédiction de la Peau de Chagrin, que Raphaël doit trouver rationnellement le
problème.
- Cette Peau aspire la vie de Raphaël à mesure que Raphaël l’use de plus en plus. Son
espérance de vie constitue alors un problème subsistant.
- Alors qu’on est dans une période de progrès scientifique, l’ami de Raphaël,
Planchette recommande à Raphaël afin de résoudre rationnellement le problème,
d’aller voir un chimiste du nom de Spieghalter.
- Pour résoudre ce problème, on cherche à détruire la Peau de Chagrin. Pour ce faire,
on met la main sur le progrès scientifique : on recoure à la plus puissante presse
hydraulique.
- C’est l’ambiguïté entre réalisme et fantastique que met en relief cet extrait. C’est
dans cette même démarche, que se dirige notre extrait qui se situe dans l’Acte III,
l’Agonie.
- En quoi ce texte est-il représentatif du mélange de réalisme et de fantastique que
nous retrouvons dans la Peau de Chagrin ?
- Plan en trois mouvements :
1. Intérêt porté à la science et à la technologie
2. L’accident
3. L’univers légendaire de la forge

I)
- C’est dans la période de 1830, que se situe l’extrait ainsi que toute l’œuvre. C’est par
une période de production industrielle, de développement de la mécanique et la
révolution industrielle qu’est marqué la période de 1830
- Le but de Balzac dans le début de cet extrait c’est de mettre sous les yeux des
lecteurs, , son intérêt porté par le progrès de la technologie et la science.
- Pour ce faire, il associe les descriptions auditive et visuelle dès la première ligne : « À
travers les hurlements des soufflets, les crescendos des marteaux, les sifflements des
tours qui faisaient grogner le fer »
- Dans un premier temps la description auditive : « les hurlements des soufflets, les
crescendos des marteaux ». Il entretient de donner une portée métaphorique à ces
hurlements et ces sifflements : Ils sont des points communs.
- À travers les « hurlements, sifflements », Balzac entretient la ménagerie hostile et le
procédé animale.
- Le fond sonore et auditif accompagne toujours cette description auditive dans un
premier temps.
- Ensuite il y’a la description visuelle avec Raphaël qui observe la presse hydraulique.
- Il n’observe pas la machine, il la contemple. On a l’emploi du verbe « contempler »,
qui veux dire porter de l’intérêt. Raphaël porte alors de l’intérêt à cette machine, plus
particulièrement aux dimensions de cette machine : « espèces de madriers en fonte,
et des jumelles en fer unies par un indestructible noyau ».
- C’est à travers l’évocation de la fonte et d’un noyau indestructible que Balzac amène
l’idée de la révolution industrielle.
- On a ensuite une première approche, une discussion qui s’entame avec le
scientifique au discours direct : « lui dit Spieghalter » « Peste » s’écria Raphaël.
- C’est avec l’usage du conditionnel, dans le discours direct que Spieghalter est désigné
comme le maître de la machine : « Si vous tourniez», « vous feriez ».
- On effectue ici une manipulation virtuelle de la Peau de Chagrin : « Planchette glissa
lui-même la Peau de Chagrin entre les deux platines de la presse souveraine »
- Pendant l’action, il y’a une incise dans le discours direct pour signaler une
information sur l’attitude, les gestes des personnages, une didascalie.
- On a ensuite l’emploi du gérondif pour montrer la simultanité de deux actions : « en
se laissant tomber lui-même par terre »
- À la suite de cette manipulation virtuelle, cette manipulation se solde par une
destruction inégalée de la machine et à une planche d’acier liquéfiée.
- Et la Peau reste intacte.
- L’action prend une tension énorme, alors qu’on a une incise au discours direct :
« Oh !»
- On a la collaboration entre la science théorique et la science pratique.
- La science pratique est incarnée par Planchette tandis que la science théorique est
incarnée par Spieghalter.
- Comparaison de la machine à une « presse souveraine »
- C’est à la suite de la manipulation qu’on comprend que la Peau de Chagrin est la
puissance souveraine et qu’elle est supérieure aux sciences théoriques et pratiques,
que la science n’est pas en mesure de surpasser la Peau de Chagrin.
- Le mouvement nous révèle l’admiration de Balzac pour la science et la technologie à
travers le jeu des descriptions auditives et visuelles. À travers le personnage de
Raphaël, Balzac montre son intérêt pour la science et la technologie.

II)
- C’est à la suite d’un résultat inédit et imprévu qu’on a la réaction individuelle d’un
personnage qui parle au discours direct. C’est avec la brutalité et la surprise qu’est
galvanisé Planchette avec l’incise : « Oh ! »
- Face à une dangerosité qui est collective ou générale et qui affecte l’ensemble des
personnages, Spieghalter est désigné comme celui qui donne l’ordre, il est le garant
face à cette dangerosité collective : « Couchez vous tous »
- Ce danger attise non seulement la surprise et la brutalité, mais il est aussi laconique :
La brièveté de la réplique au discours direct de Spieghalter indique un danger qui
survient promptement, dans un laps de temps bref, qui peut donc provoquer la mort.
« Couchez vous tous, nous sommes morts ».
- C’est avec un caractère hyperbolique que Spieghalter dénonce le danger immédiat,
et il indique la portée de la mort à travers sa phrase : « nous sommes morts ». Il se
projette très rapidement aux conséquences que pourraient occasionner ce danger
laconique.
- Le laconisme de Spieghalter se remarque avec le choix de mettre aucun connecteur
logique à la réplique ( Asyndète) pour ainsi créer un effet de rapidité et de brièveté.
- Cette réplique laconique est par ailleurs, accentuée par le caractère hyperbolique : «
cria Spieghalter d’une voie tonnante ».
- Avec l’évocation d’une « voie tonnante », cela fait référence au tonnerre. La réplique
cherche à passer un message bref, avec la présence d’aucun connecteur logique ainsi
qu’en insufflant un caractère hyperbolique pour alerter un danger immédiat, brutal.
- On retrouve alors ici un protocole brutal et laconique, alliant geste et parole.
- Le récit commence avec l’auditif, avec l’évocation de « sifflements »
- On a des harmonies imitatives alliant à la fois l’allitération et l’assonance pour
plonger dans le décor d’un bruit réelle.
- Le bruit réel est généré par les harmonies imitatives successives par l’allitération et
l’assonance.
- On a ainsi de manière successive une rafale de détonations qui procèdent « un
sifflement horrible »
- On a à nouveau une description visuelle avec un champ lexical qui relève le registre
épique : « briser », « bouleverser », « entortiller »
- Alors qu’on est dans la description visuelle, on a un jet d’eau. Pas qu’un simple jet
d’eau, mais un jet d’une « puissance incommensurable », ici ce jet d’eau est
hyperbolisée.
- Ainsi, toute l’action et la description visuelle relèvent du registre épique.
- On a ensuite la description de la destruction : « renversa » ,« bouleversa », « tordit » ;
afin de planter un climax, une accumulation, une gradation ascendante pour montrer
l’étendue des dégâts.
- On a par la même occasion, la réapparition de l’Allitération de Dentale et de la
voyelle « r » : « Tordit », « Trombe » « Entortille », un roulement de r
- La destruction est spectaculaire et très brève à tel point que Planchette réplique avec
« Ô » puis un retour au calme : « dit tranquillement Planchette ».
- On a une imperturbabilité des scientifiques sur la scène
- Dans un sentiment de sérénité et face à la brièveté de l’action qui vient tout juste de
se produire, on est dans l’analyse de ce qui s’est produit.
- On note la perspective de chaque personnage, leur constat sur la situation.
- On note la perspective irrationnelle de Planchette. Planchette avance un défaut
intérieur redoublé par l’imparfait de description de la machine. On a 2 hypothèses de
la part de Planchette : Soit « il y’avait une paille dans la fonte ou « quelque interstice
dans le grand tube ». Face à la situation, Planchette avance un constat irrationnel, qui
plus est interprété.
- Contrairement à Planchette, Spieghalter avance une perspective rationnelle, compte
tenu de la situation : c’est la Peau de Chagrin qui en est responsable.(« Non,non,je
connais ma fonte »)
- On rentre ensuite dans le domaine de la superstition lorsque Spieghalter évoque le
diable (« le diable est logé dedans »). Spieghalter est dans une démarche rationnelle.
III)
- Premièrement, on a l’évocation de la mythologie germanique qui a été longtemps
ignoré en France et compte tenu de l’époque de Balzac, qui est l’époque du
romantisme, les allusions à la mythologie germanique était très en vogue dans
l’époque du romantisme.
- Ici, on a l’évocation des mythologies germaniques avec l’allusion à Thor.
- En effet, Balzac fait ici indirectement référence à Richard Wagner, qui a composé un
cycle romanesque ( Tétralogie), constituant un volet : L’or du Rhin.
- C’est à l’époque de Balzac, qu’on exploite les légendes germaniques.
- C’est autour de Spieghalter que Balzac tourne l’attention.
- Il prend le soin de nommer Spieghalter par l’Allemand. On a alors ici une périphrase.
Il fait par la même occasion une comparaison à Thor : « L’Allemand saisit un marteau
de forgeron »
- Notre attention est dirigée autour de Spieghalter, alors que « de toute la force et tout
la colère », il décharge le « plus terrible coup qui ait jamais mugi » sur le talisman.
L’attention autour de l’action renvoie à une pensée à Thor qui frappe un talisman.
- Ensuite, on a le décor de la forge et du charbon de
terre :« Forge », « feu », « charbon de terre », « soufflet »
- Alors que le décor est planté, le décor est traditionnel.
- Aussi, on observe Raphaël ,au milieu du décor, contempler cette foule infernale :
« foule noire et attentive ».
- Nous avons un clair-obscur avec l’évocation de « yeux blancs »
- On assiste ensuite à un changement de décor, à une sortie du monde réel pour
laisser place à une autre dimension, et un autre monde : un « monde nocturne et
fantastique »
- En évoquant la « forge », Balzac fait une évocation des Nibelung et un renvoi direct
au volet du cycle romanesque de Richard Wagner : L’or du Rhin.
- Les Nibelung sont des nains qui travaillent dans des mines.
- Avec l’allusion aux légendes germaniques, la Peau de Chagrin est au cœur du
mystère.
- On a la durée que dure la séquence, elle est longue de « dix minutes »
- Après que le contre-maître saisit la Peau, Raphaël arrête la séquence brièvement :
« Rendez là moi ».
- Contrairement à ce qu’aurait dû aboutir la séquence, la Peau est « froide » et
« souple ». Normalement, la Peau devrait être « en feu » et serait « rigide ».
- On comprend alors qu’il y’a un rapport ensorcelé entre la Peau de Chagrin et
Raphaël.
- Il y’a une dimension effrayante de la Peau de Chagrin, notamment avec l’allusion au
légendes germaniques. La Peau de Chagrin est au cœur du mystère : « Il y’a
décidément quelque chose de diabolique là-dedans . »
- L’atelier est « désert ». Il n’y a que deux personnages au milieu de cet atelier :
Planchette et Raphaël.
- Ensuite on a une allusion à Faust, avec le renvoi au pacte avec le
diable( « diabolique ») avec Méphistophélès.
- On a ici un univers faustien qui se met en place autour de cet atelier « désert ».
- On a une prise de conscience et un constat fait avec certitude de la situation :
« décidément »
- L’incise accentue cette impression en mettant en place une dimension effrayante :
« S’écria Raphaël » « au désespoir »
Conclusion

- Dans cet extrait, qui se situe dans le IIIème Acte, L’Agonie, on note le talent magistral
de Balzac dans l’art de la description, dans la mise en scène des personnages.
- Ce décor sera décrit plus tard par Zola et par Jule Vernes, qui sont des naturalistes.
- Ceux sont tous deux des romanciers réalistes.
- Cet extrait nous montre une ambiguïté entre le surnaturel et le fantastique, avec la
dimension surnaturelle et fantastique de la Peau de Chagrin, l’allusion aux légendes
germaniques et le passage du monde réel pour laisser place aux dimensions
surnaturelle et fantastique.

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