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TOURS, Le Séminaire des 7 séances

Séance du 17 mars 2022

L’insaisissable tortue
Laure Naveau

Bonsoir,
Nous poursuivons donc ce soir, sous la forme d’un florilège à plusieurs, notre enquête sur la
vie amoureuse, ses surprises et ses impasses, à partir du Cours de Jacques-Alain Miller
intitulé « Les divins détails ».
Ce soir, ce sera une sorte de course contre la montre, puisque nous avons choisi de vous
proposer, en deux temps qui s’articulent, d’orienter cette enquête, non pas du côté des
hommes et de la Norme mâle, comme ce fut le cas lors du séminaire de rentrée à l’automne
dernier, en préparation des Journées de L’École de la Cause freudienne, mais de celui du
thème des Grandes Assises internationales de l’AMP, qui porte sur les femmes et le mystère
du féminin, avec ce titre énigmatique de « La Femme n’existe pas ».
Nous poursuivons, en quelque sorte, le débat que soutient la psychanalyse avec la
civilisation, et, comme l’indique Lacan dans ses Écrits, avec la subjectivité de notre époque.

S’il y a bien du divin dans les détails de la vie amoureuse, il nous est surtout rendu sensible, à
la lecture de ce Cours de 1989, et vous l’entendrez déplié ce soir avec subtilité par les trois
intervenantes, que le détail est la chose même de la psychanalyse.
Que la Chose analytique, et non pas le diable -sauf si la Chose est le diable-, git toujours dans
les détails.
Disons que, comme l’indique JA Miller, l’esprit de la psychanalyse souffle dans les détails, et
c’est ce qui motive notre intérêt pour ceux-ci.
JA Miller précise d’ailleurs d’emblée que le grand détail, en ce qui concerne les choses de
l’amour et du désir, s’appelle, en psychanalyse, la castration. C’est une boussole solide.
En ce qui me concerne, c’est un détail au sujet du paradoxe de Zénon sur Achille et la tortue,
référence qui inaugure le Cours de JA Miller, qui a retenu mon attention.
Il concerne une question topologique et logique, qui est celle de la limite, celle-là même d’où
Lacan, dans le premier chapitre de son extraordinaire séminaire XX intitulé « Encore », dit
partir. J’essaierai de vous emmener avec moi dans ses dédales, qui ne manquent pas, si l’on
veut bien les suivre dans une perspective analytique, d’une certaine poésie. Ce petit théâtre
des jeux de l’amour et du hasard, trouvera aussi à s’illustrer dans le dit ce certaines
patientes, qui ne reculent pas à un effort de bien dire qui les honore.

Vous entendrez donc d’abord ce soir, I. Bullit, H. Girard et S. Daniel, qui ont chacune accepté
de relever cet enjeu, et de prélever dans ce Cours, le détail qui a résonné pour elles avec
cette affaire de « la femme qui n’existe pas ».
Je les remercie très vivement de s’être prêtées avec enthousiasme à cet effort de poésie.

Isabelle Bullit propose de s’arrêter, parmi les nombreuses découvertes freudiennes dans le
domaine de la vie amoureuse, sur la figure biblique de Judith qui, on le devine aisément,
n’est pas sans rapport avec la castration, mais aussi la transcende, dès lors que l’on y
introduit une lecture lacanienne.

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Hélène Girard soutient une thèse pertinente, en démontrant que la revendication féminine
pousse plus à l’hystérie qu’à la féminité, et que la question phallique en est bien l’enjeu, à
moins d’effectuer, là aussi, ce saut lacanien qui déplace la question dans un autre espace.
Solenne Daniel enfin, prenant appui sur le conte d’Edgar Poe intitulé « La lettre volée », ainsi
que sur le commentaire qu’en fait Jacques Lacan dans le texte du même nom qui ouvre ses
Écrits, s’emploie à relever les précieux détails qui mettent en exergue ce que Lacan a nommé
« les effets de féminisation de la lettre ».
Je leur laisse la parole, s’en suivra une petite discussion à partir des commentaires de Marine
Prudhomme et de Valérie Binard.
Puis dans un second temps, nous entrerons dans la course entre ces deux protagonistes que
sont Achille et la tortue, avec cette idée qui sera mon propos, qu’un nom pourrait être
donnée à cette chère tortue, celui de « Encore » qui, dès lors, fait d’elle une métaphore de
cette femme qui n’existe pas, ou plus précisément, qui en fait une femme « pas-toute », telle
que Lacan définit les femmes. Nous essaierons d’éclairer cela au moyen de cette barre qui
traverse ce séminaire, et qui s’est invitée dans cette course...

Lecture de la première partie


Discussion
Merci

Je cite donc le point de départ de ma réflexion, qui est celui de Lacan dans le premier
chapitre de son séminaire XX intulé « Encore » : « Je pars de la limite, d’une limite dont en
effet il faut partir pour être sérieux, cad pour établir la série de ce qui s’en approche ».
Ici, Lacan fait équivoquer, sans doute pour les faire équivaloir, le sérieux et la série.
C’est un détail qui compte au regard de la série des dits qui jalonnent l’expérience d’une
analyse, et qui en font le sérieux.
La logique possédant cette vertu divine de nous libérer du sens et de la compréhension, il
nous suffira par conséquent de suivre, pas à pas, le chemin sur lequel nous entraine cette
tortue lacanienne ainsi nommée « Encore »…

Voici le paradoxe de Zénon tel qu’écrit dans Wikipedia :

Le paradoxe d’Achille et la tortue dit qu’un jour, le héros grec Achille a disputé une course à
pied avec une tortue.
Comme Achille était réputé être un coureur très rapide, il avait accordé gracieusement à la
lente tortue, une avance de cent mètres.
L’argument de Zénon est qu’Achille ne peut jamais rattraper la tortue car si elle a de
l’avance, celui-ci ne peut, qu’elle que soit sa vitesse, la rattraper. Car pendant qu’Achille
court jusqu’au point où a démarré la tortue, celle-ci avance encore de quelques pas, de telle
sorte que lui ne pourra jamais annuler l’avance de l’animal.
Cet argument fautif, et considéré comme tel par Zénon, est résolu par les mathémathiques,
qui démontrent qu’Achille dépasse la tortue, et même, qu’il existe un instant où ils sont à la
même position.
Mais ce n’est pas l’avis de Lacan ici, ni d’ailleurs celui de Lewis Carrol, dans son court
dialogue : « What the Tortoise said to Achilles ».

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Souvenez-vous du point de départ de JAMiller, qui dès la première leçon de son Cours,
s’interroge sur cette course du point de vue masculin, celui d’Achille, se demandant
pourquoi Achille court ainsi après la tortue qu’il ne parvient pas à rattraper, et surtout, après
quoi court-il.
Il est vrai que cet apologue d’Achille et la tortue vient nous figurer à merveille la métaphore
du non-rapport sexuel, c’est ainsi que je l’aborde aujourd’hui.
Achille, en effet, n’atteindrait l’objet de son fantasme qu’à l’infini, cependant que
l’inaccessible tortue, munie d’une sorte de boussole qui pourrait être sa lenteur même,
poursuit son chemin vers l’infini. Mais vont-ils finir par se rencontrer ?
Lacan répond ainsi à la question à la page 13 de son Séminaire :
« Ce que Zénon n’avait pas vu, c’est que la tortue non plus n’est pas préservée de la fatalité
qui pèse sur Achille - son pas à elle est aussi de plus en plus petit et n’arrivera jamais non
plus à la limite. Achille ne peut que dépasser la tortue, il ne peut pas la rejoindre, il ne la
rejoint que dans l’infinitude. »
Bon, c’est un casse-tête, car à la fois, il ne peut pas la rejoindre, et à la fois, il la rejoint dans
l’infinitude.
Mais ce n’est pas le point de vue du rapide coureur et de son retard insurmontable qui sont
en jeu pour nous aujourd’hui.
Ni ce que JA Miller avait épinglé comme le coup de foudre d’Achille pour la tortue, devenue
objet cause de son désir.
Rappelez-vous que JA Miller rapprochait la course d’Achille après la tortue de la recherche
d’un objet bien particulier, un objet fétiche qui serait la carapace de celle-ci, qu’il comparait
au bouclier du héros grec Achille, dont il s’est plu à nous rappeler que, dans la légende, c’est
sa mère qui le lui avait fourni...
Nous entendons que cet épisode résonne beaucoup avec l’une des conditions de choix
d’objet décrit par Freud dans ses Contributions à la vie amoureuse et qu’I. Bullit a rappelée,
celle qui situe la mère comme prototype du choix d’objet chez l’homme, en tant qu’elle
appartient au père, faisant alors d’emblée de l’homme, dans sa vie amoureuse, le tiers lésé.

Ce qui retient ici notre attention, et qui est en rapport avec les Grandes Assises de l’AMP sur
« La femme qui n’existe pas », concerne la tortue en tant que femme qui, à son pas lent,
progresse toujours plus loin, jusqu’à sans doute atteindre, pour peu qu’elle se mette à
parler, une limite.
C’est bien cela qui m’interroge : de quelle limite s’agit-il, si nous introduisons le langage dans
l’affaire ?
Lacan a posé la limite inscrite dans le langage avec sa thèse puissante que tout ne peut se
dire. Il écrit cela au moyen d’un mathème fondamental, celui du (S de grand A barré), qui
pose que le langage est incomplet, que tout ne peut se dire, qu’il y a même une impossibilité
à dire tout le vrai. Et que c’est cette éthique du pas-tout qui introduit par conséquent un
écart entre le fini et l’infini(94), en même temps qu’elle introduit à une éthique du bien-dire.
Dans cette perspective, « Encore » serait l’anti thèse de la limite, et la petite tortue ainsi
dénommée en serait le paradigme.
Je cite Lacan au tout début de son Séminaire :
« Encore, c’est le nom propre de cette faille d’où dans l’Autre, part la demande d’amour. »
Dans ce moment crucial de son enseignement où il énonce « qu’il n’y a pas de rapport
sexuel », Lacan apporte cet aphorisme qui nous intéresse ce soir, celui de « La femme
n’existe pas ».

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Il indique ici qu’il y a une faille, et à cette faille, à ce défaut, il donne le nom de Encore, et le
nom de jouissance, d’une Autre jouissance que phallique, en précisant aussi que la
jouissance est celle qu’il ne faudrait pas (faisant équivoquer ici falloir et faillir).
C’est dire ici que la jouissance, en son fond, a un caractère d’impossible, et que cet
impossible est au fondement du non-rapport sexuel entre les hommes et les femmes.
Un collègue anglais, Adrian Price, a développé ce point de logique dans une conférence à
Montréal, en soulignant que c’est précisément en nommant cette faille, en lui donnant le
nom de « Encore », que Lacan tente de lui donner une limite.
Formulé ainsi, cela nous indique en effet que la nomination provoque un effet de limitation.
Et c’est important là aussi en ce qui concerne l’expérience analytique, qui est une expérience
de nomination, et donc, une expérience de castration.
En quelque sorte, on pourrait dire que nommer les choses finit par limiter le retour de la
plainte, sinon infinie.

Je reviens à notre paradoxe, éclairé désormais du rapport qu’il n’y a pas entre Achille et la
tortue, puisqu’il est convenu avec Lacan qu’il ne l’atteint pas. Il n’y a pas de rapport entre
Achille et la tortue.
Mais ce qu’il y a cependant, c’est cette tortue, considérée dès lors comme l’objet cause du
désir d’Achille, et appréhendée comme un objet impossible à atteindre, une insaisissable
tortue donc.
Lacan va alors procéder, me semble-t-il, comme la tortue, au moyen de la topologie, c’est-à-
dire au moyen d’un discours sur l’espace dans lequel chacun se meut, et j‘ajouterais, dans
lequel chacun parle.
Puisqu’il a posé que le langage ne parvient pas à tout dire, et en particulier, à nommer le
tout de la jouissance féminine, que celle-ci ne peut se dire toute, qu’elle ne peut, comme la
vérité, que se mi-dire, il faut donc essayer d’en cerner la logique.
C’est là aussi une indication précieuse concernant l’expérience d’une analyse, et en
particulier, la doctrine de sa fin, que Lacan a théorisée avec ce qu’il a appelé La passe.
Cette passe désignerait le moment topologique conclusif d’une analyse, dont un témoignage
raisonné et construit pourrait être donné de ce franchissement logique. Elle viendrait
désigner une opération, celle de la désactivation de la névrose, celle d’une capacité nouvelle
d’inscription dans un lien social vivable, et celle de savoir occuper correctement la place
d’analyste, averti de cette faille qu’il y a dans le langage.
Un précieux ouvrage sur la Passe et la fin de l’analyse vient à ce propos d’être publié au
Champ freudien. C’est un recueil d’articles écrits sur ce sujet pendant plus de vingt années
par JA Miller, qui s’intitule « Comment finissent les analyses, Paradoxes de la passe », et qui
concerne autant le moment clinique de la passe, que ses enjeux pour la politique de la
psychanalyse et pour l’École qui en est le support.
Je vous en recommande la lecture.

« La femme n’existe pas » est donc la réponse que Lacan a su apporter à la question en
impasse de Freud sur « Que veut une femme ? »
Lacan a démontré en effet qu’en ce qui concerne le féminin, c’est aussi d’une faille du
langage dont il s’agit.

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À la différence de Freud qui a fait porter la castration sur les femmes, Lacan déplace le
moins, la soustraction, l’absence, le noir du continent noir qu’a été jusqu’à la fin, pour Freud,
le féminin, dans le langage lui-même.
Et son mathème de l’Autre barré vient dire cela, comme vient le dire celui qui barre le La de
la femme qui n’existe pas : le langage est incomplet, l’Autre du langage est inconsistant, tout
ne peut se dire, il y a une faille.
Cette faille dans le langage vient trouer tout dire sur le féminin, sur ce que serait La femme,
qu’il n’y a pas. Il n’y a que des femmes, à prendre une par une, et non comme ensemble,
comme Don Juan a su le faire.

Je cite Lacan (68): « La femme, ça ne peut s’écrire qu’à barrer le La. Il n’y a pas La femme,
article défini pour désigner l’universel. Il n’y a pas La femme puisque, de son essence, elle
n’est pas toute(...) Il n’y a de femme qu’exclue par la nature des choses, qui est la nature des
mots. »
Et il ajoute, qu’il faut bien dire que c’est précisément de cela que les femmes se plaignent,
sans toutefois le savoir. C’est de cette faille que provient le malentendu entre les sexes.
Lacan va alors situer la demande d’amour, celle-là même qu’il nomme « Encore », dans cette
faille dans le savoir, inscrivant dès lors l’amour comme une suppléance à ce qu’il n’y a pas. Je
le cite :
« Encore est le nom propre de cette faille d’où dans l’Autre, part la demande d’amour. »
La demande d’amour n’est que demande de combler une faille au cœur du sujet.
Peut-être qu’alors, notre lente tortue demande-t-elle cela à Achille, elle lui demande de
continuer à courir, encore, et même, elle lui demande de continuer à lui courir après.
Ce point constituerait une limite à l’infinitude car il serait le point de départ : dès le départ,
c’est ainsi, je te demande « Encore ».
Une courte vignette clinique me vient ici en renfort.
Car c’est dans cette topologie amoureuse complexe que cette jeune femme se débat en
analyse depuis plusieurs années.
De son mari entreprenant, elle se dérobe depuis toujours, se rendant insaisissable. Elle le
rejette, elle le fuit. Elle lui reproche son avarice de mots, de ne pas lui parler assez, de garder
pour lui ses paroles.
Lui se décourage, perd son désir, se transforme en mère pour la famille, il s’éloigne, il
s’absente enfin.
Elle l’appelle, elle se rapproche, ils se retrouvent, mais à la fin, il se protège, car il la craint.
Elle se résout à leur impasse, elle s’apprête à cette solitude, et peut-être, à cette liberté
retrouvée.
Et voilà que la contingence d’une rencontre s’invite sur la scène amoureuse, et change la
donne.
Il la regarde, n’a d’yeux que pour elle, il la trouve belle, il lui dit, il lui parle.
Mais elle, si Autre à elle-même, comme elle l’est pour lui, craint d’être définitivement
devenue La lointaine…
Saura-t-elle, temps de suspension, y supporter son exil, y laisser son « Encore », y accueillir
son pas-tout?

Certes, nous ne savons pas où cela va finir, ni où va s’arrêter la course.


Mais nous savons où elle commence.
Elle commence dans cet « Encore », où git pourtant l’aporie lacanienne fameuse :

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« Je te demande de refuser ce que je t’offre, parce que ce n’est pas ça. ».
Le domaine de la logique féminine n’est pas un domaine fermé, et ceci peut nous aider à
saisir que l’être femme, l’être sexué féminin, l’être pas-toute de la femme, résulte d’une
exigence logique autre, que Lacan ne situe pas dans le corps, ni dans les caractères sexuels
corporels, mais qu’il situe dans la parole, dans l’exigence de la parole.

Alors dans notre paradoxe d’Achille et la tortue, ne faut-il pas se demander si, pour rattraper
la tortue, il ne faudrait pas qu’Achille sache un peu mieux où elle va, cette tortue, où elle se
situe, quel est son lieu, son espace, son langage et son exil du langage à la fois.
Encore faudrait-il qu’ils se parlent, ces deux-la, me direz-vous, mais là encore, gare à
l’inévitable malentendu !
Ainsi, Lacan énonce-t-il qu’Achille ne peut rejoindre la tortue, qu’il ne peut que la dépasser.
Pour lui, il n’y a pas de point à l’infini où ils se rejoignent, définitivement, il n’y a pas de
rapport.
En quelque sorte, il n’y a pas de fin de la course, mais deux solitudes qui cheminent, chacune
à son rythme. Achille, toujours en retard, et la tortue, toujours en avance, s’en vont, comme
le chat de Rudyard Kipling, qui s’en va tout seul…
Ils rejoignent ainsi leur destin de Uns-tout-seuls, expression forgée par JAMiller dans son
Cours de 2011, pour dire la solitude de toute jouissance.
L’insaisissable tortue poursuit en silence son chemin solitaire vers l’infini, vers une altérité,
où, peut-être, elle entraîne Achille.
Une altérité qui peut autant s’avérer cause de désir et d’amour, que de rejet et de haine,
comme Anaelle Leibovits Quenehen l’a si bien transmis dans son livre sur L’actualité de la
haine, et lors de sa venue à Tours en 2020.

Peut-être alors, peut-on répondre aux mathématiciens qui résolvent le paradoxe de Zénon
par l’existence d’un point où Achille et la tortue se rejoindraient, que la barre posée sur le LA
de La tortue, rend la chose incertaine.
Que cette barre de l’impossible indique qu’il y a un réel en jeu qui ne cesse pas de ne pas
s’écrire, un réel qui n’est pas mathématique donc, un non-rapport dont la psychanalyse sait
tenir compte.

À moins que ne s’invite, dans cette divine comédie amoureuse, comme Pierre Naveau l’a
admirablement démontré dans son livre sur la rencontre qui s’intitule « Ce qui de la
rencontre s’écrit », à moins que ne s’invite, par surprise, la divine contingence, celle qui
ferait que la rencontre, si elle se produisait, pourrait, un instant, s’écrire.
Autre divin détail donc, que celui du hasard, de la rencontre et de la chance.
« N’est-ce pas de l’affrontement à cette impasse, à cette impossibilité d’où se définit un réel,
qu’est mis à l’épreuve l’amour ? Du partenaire, l’amour ne peut que réaliser ce que j’ai
appelé, par une sorte de poésie, pour me faire entendre, le courage, au regard de ce destin
fatal. »(Encore, p131)…
C’est au courage que les amis se reconnaissent et se choisissent.
Je vous remercie.

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