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ANNÉE SCOLAIRE 2021-2022

LA RENAISSANCE ET L’HUMANISME
LITTÉRATURE

VERMEERBERGEN L.
EBM
S6
1. Rappel historique

Temps Epoque
Préhistoire Antiquité Moyen Âge
modernes contemporaine

2. La Renaissance, qu’est-ce que c’est ?

La Renaissance française prend naissance dans un contexte


historique et religieux particulier. Dans la première moitié du XVI e
siècle, certains théologiens, comme Martin Luther, commencent à
remettre en question la doctrine chrétienne telle qu’elle est
pratiquée à l’époque et notamment les « indulgences » (fait
d’obtenir la rémission des péchés en servant l’Eglise, en donnant de
l’argent), le culte des Saints,… La question est la suivante : suffit-il,
pour être sauvé, de suivre les recommandations de l’Eglise ? Cela
questionne la notion de « libre arbitre ». Pour les Luthériens, cette
notion n’est pas concevable puisqu’elle remettrait en question la
toute-puissance de Dieu. Selon eux, l’homme n’a pas d’emprise sur
son billet pour le paradis, tout dépend de Dieu et de son plan. Rien
ne peut aller à l’encontre de cela.

Qu’est-ce que le libre arbitre ?


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Es-tu d’accord avec les conceptions luthériennes ? Oralement, explique-moi
les préceptes qui régissent l’Islam à ce sujet.
2
a. Découverte

- Formez 6 groupes de 3 et prenez connaissance du texte qui vous est assigné.


- Répondez aux questions qui sont jointes au texte
- Reformez de nouveaux groupes selon les indications de votre professeure
- Expliquez aux autres membre du groupe le contenu de votre texte ainsi que les réponses
et réflexions apportées suite aux questions posées
- Dégagez les caractéristiques de le Renaissance (vous pouvez vous servir de cette page
blanche comme brouillon pour noter vos réflexions)

3
b. Mise en commun
Les caractéristiques de la Renaissance :

Origine du terme : XIXe siècle (Jules Michelet) – le terme désigne une période de
l’histoire.
Désigne la « redécouverte » des textes antiques. Terme issu de l’idée préconçue d’un
Moyen Âge inculte. On a découvert par après que les intellectuels du Moyen Âge avaient
en fait une assez bonne connaissance des lettres et de la philosophie antique. On parle
même de renaissance carolingienne (XIIe siècle). La Renaissance du XVIe siècle ne vient
que prolonger et approfondir un mouvement déjà amorcé.

Toutefois, ce terme n’est pas pour autant obsolète : il désigne 4 aspects historiques
importants.

4
3. L’humanisme (voir manuel « Grands courants de la littérature
française » p.5-11)
Au sens strict, les humanistes sont les érudits qui étudient les langues et les textes
antiques (jusqu’il y a peu, on appelait d’ailleurs encore les humanités les études
secondaires fondées sur l’apprentissage du grec et du latin). Ils y retrouvent la pureté
linguistique et l’art de s’exprimer, des connaissances oubliées (notamment en médecine
ou en mathématiques) et une sagesse profane, antérieure au christianisme, qui fait une
part plus belle à l’homme, tant dans les œuvres littéraires que dans les courants
philosophiques. Enfin, ils ne craignent pas d’appliquer leurs méthodes de critique textuelle
à la Bible elle-même, dont ils cherchent à restaurer le sens originel, dégagé de la tradition
médiévale ; ce retour aux sources les rendra souvent suspects aux yeux de l’Eglise
catholique.

Qu’entend-on par l’expression « faire une part plus belle à l’homme » ?


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3.1. Traits majeurs du courant


Remarque : vous allez devoir compléter les titres vous-même.
A. ………………………………………….

Regarde la vidéo suivante1 et réponds aux questions.


• De quelle œuvre s’agit-il ? …………………………………………………..
• De qui Léonard de Vinci s’est-il inspiré pour créer ce dessin ?
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• En quoi le dessin lui permet-il de fournir une ébauche de réponse à la
question de la place de l’homme dans la nature ?
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https://www.youtube.com/watch?v=_gU9dTx4FMg&ab_channel=UneToutAutreHistoire-Lacultureanim%C3%A9e
• L’œuvre symbolise la rencontre entre trois domaines distincts.
Lesquels ?
- ……………………………………..
- ……………………………………..
- ……………………………………..
• Selon la pensée humaniste, où se place l’homme dans l’univers ?
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• Quelle est la leçon la plus importante apportée par Léonard de Vinci ?
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B. …………………………………………

Je suis né en 1451. Je suis Je suis né en 1400 et mon Je suis né à Pise en 1564.


mondialement connu pour travail a marqué l’histoire. Je suis un mathématicien,
mes exploits en tant J’ai rendu possible la physicien, astronome
qu’explorateur. diffusion massive des savoirs renommé. J’ai été
J’ai navigué sur l’océan et la démocratisation des condamné par l’Eglise
Atlantique en 1492. Je œuvres écrites. Je suis catholique pour mes
commandais alors trois l’inventeur de l’imprimerie et convictions scientifiques.
caravelles : la Pinta, la Niña la première œuvre que Je défendais le modèle
et la Santa Maria. On dit de j’imprime est la Bible en copernicien de la
moi que j’ai découvert 1452. Cet évènement représentation de l’univers.
l’Amérique. Cet exploit marque souvent le début de C’est-à-dire que je crois en
marque le passage du la renaissance. l’héliocentrisme et je le
Moyen Âge aux Temps prouve grâce à mes
Modernes. travaux.

Je suis Je suis Je suis

Quel est le point commun entre ces trois hommes ?


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En quelques dizaines d’années, le monde connu s’est brutalement élargit :
« découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb, du détroit de Magellan, du
Canada par J. Cartier. Les cartes marines et terrestres se multiplient.
L’astronomie fait éclater l’Univers étroit d’Aristote et de Ptolémée : Copernic situe
le soleil au centre d’un mouvement des planètes – la Terre n’est qu’un élément
parmi d’autre. Cette théorie sera reprise et défendue par Galilée 10 ans plus tard.
Le livre imprimé est naturellement le ferment le plus actif de la diffusion des savoirs.
Depuis Gutenberg à la fin du XVe siècle, les imprimeries se multiplient.
7
C. …………………………………………..

François Rabelais (vers 1490-1553) incarne l’humaniste érudit et


jouisseur de la Renaissance. Ses « romans »
………………………………. et ………………………………… portent bien le
message d’émancipation et de liberté de tout le siècle. Les héros
en sont des géants à l’appétit insatiable, métaphore de l’idéal de
connaissance universelle. Fantaisiste, le récit se moque
joyeusement de la hiérarchie ecclésiastique, des superstitions
du christianisme, des méthodes éducatives, etc.

Lis le texte suivant2, extrait du célèbre « Gargantua » de François


Rabelais, et réponds aux questions.
a. De qui est accompagné Gargantua dans son apprentissage ?

b. Établis le planning journalier de Gargantua :

c. Quelles sont les matières étudiées par le géant ?


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2
En annexe : « S’éveillait donc Gargantua… », issu du manuel Littérature : tome 1 – Moyen Âge, XVIe, XVII, XVIII siècle,
sous la dir. De M.H Prat et M. Aviérinos, p. 102-103.
d. À l’aide du texte, commente les principes de l’éducation humaniste.

OBJETS
D’ENSEIGNEMENT

LE RECOURS AUX
SOURCES
ANTIQUES

L’HYGIÈNE

LA COURTOISIE

LES MÉTHODES
D’APPRENTISSAGE

LA RELIGION

LA NATURE

e. Comparaison avec Montaigne

Michel de Montaigne (1533-1592) développe, dans ses Essais, une


analyse de soi et du monde très profonde, où l’on retrouve, sous
une autre forme, les grandes tendances de l’Humanisme. Il y affiche
notamment les principes éducatifs (préférer la « tête bien faite » à
la « tête bien pleine ») et propose des leçons de sagesse en matière
de religion, de science, de tolérance et d’acceptation du destin
mortel de l’homme.
9
Que signifie « il vaut mieux avoir une tête bien faite qu’une tête bien pleine » ?

Lis le texte suivant et réponds aux questions.


« De l’institution des enfants », Les Essais, Montaigne, 1580.
On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme qui verserait dans un entonnoir, et notre
charge ce n’est que redire ce qu’on nous a dit. Je voudrais qu’il corrigeât cette partie, et
que, selon la portée de l’âme qu’il a en main, il commençât à la mettre sur la montre (1),
lui faisant goûter les choses, les choisir et discerner d’elle-même ; quelque fois ouvrant
le chemin, quelque fois le lui laissant ouvrir. Je ne veux pas qu’il invente et qu’il parle
seul, je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour. Socrate, et depuis Arcesilas,
faisaient premièrement parler leurs disciples, et puis ils parlaient à eux. […]
Qu’il ne lui demande pas seulement compte des mots de sa leçon, mais du sens et de
sa substance, et qu’il juge du profit qu’il aura fait, non par le témoignage de sa mémoire,
mais de sa vie. Que ce qu’il viendra d’apprendre, il le lui fasse mettre en cent visages et
accommoder à autant de divers sujets […]. C’est témoignage de crudité (2) et indigestion
que de regorger la viande (3) comme on l’a avalée. L’estomac n’a pas fait son opération,
s’il n’a fait changer la façon et la forme à ce qu’on lui avait donner à cuire. […]
Qu’il lui fasse tout passer à l’étamine (4) et ne loge rien en sa tête par simple autorité et
à crédit. […] Qu’on lui propose une diversité de jugements : il choisira s’il peut, sinon il
en demeurera en doute. Car s’il embrasse les opinions de Xénophon et de Platon par
son propre discours, ce ne seront plus les leurs, ce seront les siennes. […] Il faut qu’il
emboive (5) leurs humeurs, non qu’il apprenne leurs préceptes. Et qu’il oublie hardiment,
s’il veut, d’où il les tient, mais qu’il se les sache approprier. […] Les abeilles pillotent deçà
delà les fleurs, mais elles en font après le miel, qui est tout leur ; ce n’est plus thym ni
marjolaine : ainsi les pièces empruntées d’autrui, il les transformera et confondra, pour
en faire un ouvrage tout sien, à savoir son jugement. Son institution, son travail et étude
ne vise qu’à le former.
Le gain de notre étude, c’est en être devenu meilleur et plus sage.

(1) Mettre sur la montre = sur la piste, aider, aiguiller.


(2) Crudité = difficulté à digérer.
(3) Regorger la viande = rendre la nourriture, vomir.
(4) Étamine = outil en cuisine qui permet de filtrer un liquide.
(5) Emboive = s’imprègne de.

• Au début et à la fin du texte, quand Montaigne s’exprimer en « nous »,


qui désigne-t-il ? ………………………………………………………………
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• Au début du texte, que critique-t-il ? Qui doit changer sa manière de
procéder ?
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• Explique la métaphore de l’indigestion :
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• Explique la métaphore de l’abeille :
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Tu vas devoir réaliser une tâche basée sur la


compréhension des deux textes précédents. Je te
laisse me poser toutes les questions que tu
souhaites. Veille à prendre des notes, cela pourrait
t’aider. Une fois cette séance de questions-
réponses terminée, je ne répondrai plus à aucune
question.

11
Exercice évalué

Sur base de la lecture du texte précédent, établis (sous forme de synthèse)


une comparaison entre les préceptes éducatifs de Rabelais et ceux de
Montaigne. Cette synthèse a pour objectif de mettre en exergue la vision
humaniste de l’éducation. N’oublie pas de formuler une problématique
adéquate.
Grille d’évaluation
Forme :
- Introduction /3
- Développement
- Conclusion
Pertinence de l’introduction /3
Pertinence du développement (correction des informations en lien /10
avec la problématique)
Pertinence de la conclusion /5
Articulation des idées /5
Langue /4

Total /30

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D. ……………………………………….
Pantagruel, fils du géant Gargantua, est parti faire ses études à Paris. Son
père lui adresse une lettre dans laquelle il lui donne des recommandations
quant à son éducation.

Lis le début de la lettre adressée à Pantagruel.


J’entends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues :
premièrement le grec, comme le veut Quintilien ; deuxièmement le latin ; puis
même l’hébreu pour les saintes Lettres, la chaldéen et l’arabe pour la même
raison ; et que tu formes ton style sur celui de Platon pour le grec, sur celui
de Cicéron pour le latin.

Commentaire :
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E. ………………………………………
L’humanisme donne une nouvelle impulsion à la littérature. En effet, on observe le
renouvèlement des genres littéraires, inspiré des modèles antiques ou italiens :
naissance de la tragédie et de la comédie classiques (qui se développeront surtout au
XVIIe siècle), adoption du sonnet (1) (d’après Pétrarque, poète italien du XIVe siècle)
ou de l’ode (2) (d’après Pindare, poète lyrique de l’Antiquité grecque).

(1) Sonnet : poème composé de quatorze vers, composé de deux quatrains et de


deux tercets.
(2) Ode : poème lyrique, c’est-à-dire destiné à être chanté ou accompagné de
musique, qui prend son origine dans l’Antiquité.

On rappellera que le courant humaniste fait un retour aux sources antiques


débarrassées des erreurs accumulées par les traducteurs et les commentateurs des
siècles précédents.
Auteurs caractéristiques du mouvement :
- François Rabelais (vers 1490-1553)
- Michel de Montaigne (1533-1592)
13

- Pierre de Ronsard (1524-1585)


3.2. Analyse d’un poème humaniste

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,


Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village


Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,


Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,


Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.

Joachim Du Bellay3
En quoi ce poème est-il caractéristique de l’humanisme ?
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3
Joachim Du Bellay (1552-1560), Heureux qui comme Ulysse, Les Regrets, 1558.
4. Actualisation de l’humanisme dans la société contemporaine

À ton avis, quels héritages humanistes peut-on encore observer


aujourd’hui ?
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4.1. Un humanisme arabe

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On entend souvent que la pensée arabe serait réduite à un rôle de « passeur ». Que pensez-
vous de cette affirmation ?
Jean-Baptiste Brenet : Que les penseurs arabes aient été des passeurs, c’est exact, mais ils ne se
réduisent aucunement à cela. Le passeur n’est qu’un intermédiaire, sans consistance, sans génie
propre, et son intervention, fût-elle cruciale, est neutre : en lui-même, en somme, il ne compte pas.
Or, la réalité fut tout autre. Il faut redire, bien sûr, que la pensée arabe (j’entends « arabe » au sens
linguistique, et non pas ethnique : est « arabe » la pensée qui s’est conçue, écrite, diffusée en arabe)
a hérité d’une partie du prodigieux savoir grec et qu’après des siècles, au gré de ce qu’on appelle
la translatio studiorum (le transfert des études, des centres d’étude), elle a légué ce savoir au monde
occidental qui l’avait très largement perdu (la Physique d’Aristote et son traité De l’âme, par
exemple, reparaissent en Occident à la fin du XII e siècle du fait de traductions latines faites sur
l’arabe). Pour autant, les « Arabes » n’ont pas été de simples relais. Le corpus de textes qui leur
arrivait était fatalement accidenté, tantôt incomplet, tronqué, plus ou moins bien copié (il s’agissait
de manuscrits, ne l’oublions pas), tantôt grossi d’éléments hétérogènes, et toujours altéré de toute
façon par le passage d’une langue à l’autre (du grec au syriaque, notamment, puis du syriaque à
l’arabe). La philosophie arabe ne s’est pas faite malgré elle, par hasard et passivement ; elle a son
identité, ses raisons. Les philosophes arabes ne furent pas des réceptacles, ils sont allés activement
chercher dans le savoir qui s’offrait et dont ils avaient besoin. De là vient qu’ils n’ont pas relayé,
seulement, mais choisi, trié, déplacé, déformé, commenté, enrichi. Bref, l’Aristote que les Latins
découvrent à la fin du XII e siècle se sera accru du travail d’appropriation des Arabes ; pour ainsi dire,
il aura été fécondé par cette pensée neuve qui redistribuait le savoir grec d’origine.
Comment expliquer la mauvaise réception par l’Europe d’une pensée aussi riche ?
La question du rapport de l’Europe à la pensée arabe s’inscrit donc d’abord dans un cadre plus large,
celui de son oubli (ou de son refus, sinon de son refoulement) de la pensée médiévale tout court. Cela
étant, je voudrais rectifier un peu votre question. On ne peut pas parler sans nuances d’une « mau-
vaise réception » de la pensée arabe ; ou du moins, il est faux de considérer que le Moyen Âge (latin)
n’a été que négatif à l’égard du legs arabe. Au début du XIII e siècle, certes, l’Église censure le nouvel
Aristote accompagné de l’œuvre d’Avicenne et des commentaires d’Averroès (deux philosophes
arabes). Cela étant, tous les maîtres vont les lire, s’en servir, les insérer dans leurs propres œuvres et
dans leur enseignement. Il n’y a donc pas d’opposition systématique entre les Latins et les penseu rs
arabes, aucunement.
Revenons sur le titre de votre conférence. La pensée arabe est-elle un humanisme ?
« Humanisme », c’est un mot que j’emploie un peu par provocation, compte tenu de notre époque,
ou plutôt de notre actualité, qui paraît n’associer le terme « arabe » – sans jamais définir quoi que ce
soit – qu’à la violence, à la religion aveugle, qui oppose islam et laïcité, islam et raison, islam et
pensée. J’utilise ce mot d’humanisme, à propos de la pensée arabe, précisément contre ces préjugés,
ces mauvais réflexes. Par humanisme, j’entends une certaine vision de l’individu, de sa dignité, de
son essor, une certaine idée de la rationalité de l’être humain, qui accomplirait par l’intelligence son
humanité, et également l’idée d’une unité de l’espèce, d’une communauté d’essence et de destin. Sur
cette base, j’ai posé cette question simple : n’est-ce pas aussi quelque chose qui vaut pour la pensée
médiévale arabe ? N’y a-t-il pas également, et d’abord, en fait, dans la philosophie arabe, entre le
IXe et le XIIe siècle, une conception puissante de l’homme, qui le place, si je puis dire, au centre du
jeu, et cela en valorisant sa rationalité, à la fois individuellement et spécifiquement ? On a souvent
répondu par la négative. On a souvent prétendu le contraire, à savoir que la pensée arabe, avant que
l’Europe n’advienne, c’est celle qui n’a qu’un mot écrasant à la bouche : Dieu, que c’est la pensée,
non pas de l’individu, de l’être humain comme être de raison, mais de la créature, du serviteur. Or,
c’est inexact, et c’est ce que j’ai essayé rapidement de montrer.
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Nous avons particulièrement abordé l’humanisme européen. Suite à la lecture
de ce texte, que peux-tu me dire de l’existence d’un humanisme arabe ?
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Devoir : Réfléchis à la manière dont l’humanisme (au sens historique du
terme) marque encore aujourd’hui notre société. Etablis un tableau qui
compare les préceptes humanistes que nous avons vu au cours et confronte
les avec ton quotidien. Fournis des exemples précis pour appuyer tes propos.
Caractéristiques de l’humanisme Actualisations contemporaines

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5. Tâche finale

Nous allons regarder en classe le film « Le cercle


des poètes disparus » réalisé par Peter Weir en
1989.

Après le visionnage de ce film, sur une feuille annexe, rédige un avis


argumenté qui explique en quoi ce film s’inscrit dans un héritage humaniste.
Tracé des lettres/typographie (police, taille) /Séparation des mots/Coupure correcte
Lisibilité des mots en fin de ligne/Mise en page /1

Structure (intro, dvlp, ccl) → sur le même modèle que la synthèse /3

La problématique est énoncée dans l’introduction /1


Les concepts de la philosophie humaniste sont correctement mobilisés
/10
Pertinence La comparaison entre l’humanisme et le film est correcte et pertinente
/10
Les arguments qui permettent d’associer l’humanisme et le film sont développés et
correctement expliqués /10

Les informations choisies permettent de répondre à la problématique


/5
La conclusion reformule une réponse claire à la question présentée dans
l’introduction. Cette réponse reprend brièvement les éléments développés dans le /5
corps du texte

Forme La structuration des paragraphes est judicieuse et pertinente. /5

/4
Utilisation judicieuse des connecteurs logiques

Langue Syntaxe et ponctuation /3

Grammaire et orthographe /3
Total /60

19

/30
Tu trouveras quelques exemples d’analyse ici :

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