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DU TEMPS
APPROCHE THEOLOGIQUE
THÉOLOGIE
ÉTUDES PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE LA
FACULTÉ DE THÉOLOGIE S. J. DE LYON-FOURVIÈRE
50
JEAN MOUROUX
LE MYSTÈRE
DU TEMPS
APPROCHE THÉOLOGIQUE
AUBIER
Nihil obstat
L. SULLEROT, can.,
Divione, die 2ajulii 1961.
Imprimatur
A. MATHEY,
Vie. Gen.
Divione, die 15aAugusti 1961
DIEU ET LE TEMPS
CHAPITRE PREMIER
LE DIEU ÉTERNEL
Ouvrons l'Évangile de saint Jean, à une de ses pages les plus dures
(8, 30-59). En plein Temple, Notre-Seigneur s'affronte aux Scribes
et aux Pharisiens, la race orgueilleuse d'Abraham 1. Il leur reproche
d'être spirituellement, non pas les fils d'Abraham, mais les fils du
diable, et d'en projeter les œuvres. Puis, en face d'Abraham lui-même,
il revendique des dimensions formidables et provocantes : «Abraham
est mort », mais l'humble croyant qui &garde la parole de Jésus ne
verra pas la mort »; Abraham —il y a tant de siècles!—«a vu son
jour », il «s'en est réjoui »; et cela veut dire que le Christ est au-
dessus de la mort, et au-dessus du temps. Comme les Juifs protestent :
«Tu n'as pas cinquante ans, et tu as vu Abraham! »il répond solen-
nellement : «En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham
fût, Je suis 2. »
Cette opposition abrupte entre le devenir et l'Être est l'achève-
ment d'une longue histoire, et nous devrons y revenir. Mais ce qui
s'exprime en elle, par la conscience humaine du Fils de Dieu, c'est
le mystère du temps et de l'éternité : deux réalités qui ont nécessaire-
ment partie liée, qui s'impliquent et s'excluent, qui s'opposent et se
composent, et qu'il faut tenir ensemble dans un mouvement dialec-
tique permanent si l'on ne veut pas les manquer toutes les deux. Et
certes, c'est à partir du temps qu'on vient à la connaissance de
1. Les textes sont cités habituellement d'après la Bible de Jérusalem.
2. Cf. C.-H. DODD, A l'arrière-plan d'un dialogue johannique, RHPR, 1957, p. 5 sq.
Abraham « apparaît dans la première partie (du dialogue) comme l'ancêtre du peu-
ple juif, dans la dernière comme une figure vénérée du passé dont le rôle historique,
essentiellement transitoire, fait ressortir l'être éternel du Christ » (nous soulignons).
l'Éternité, par un effort de négation et de purification; mais en retour,
c'est l'Éternité qui fonde et explique le temps. Et c'est pourquoi le
théologien, après Plotin et saint Augustin, commence tout naturel-
lement une réflexion sur le temps, par une méditation sur l'éternité.
I
DONNÉES BIBLIQUES
Dieu n'est pas dans le temps, Il est éternel. La Bible nous fournit
notre point de départ, en affirmant —surtout à partir de la seconde
partie d'Isaïe — les trois articulations maîtresses du mystère de
l'éternité, ou plutôt du Dieu Éternel. Rassemblons simplement
quelques textes.
Et d'abord, à l'opposé du monde, Dieu est au-delà de tout
commencement et de toute fin : il est sans commencement ni fin.
Il est toujours avant : «Avantqueles montagnesfussent nées, enfantés
la terre et le monde, de toujours à toujours tu es Dieu »(Ps. 90, 2).
S'il est ainsi avant le monde, c'est parce qu'il est le seul : «Avantmoi,
aucun Dieu ne fut formé, et il n'y en aura pas après moi. Moi, moi,
je suis Iahvé, il n'y a pas d'autre Sauveur que moi... Vous êtes mes
témoins, oracle de Iahvé, et moi je suis Dieu, depuis l'éternité je
le suis »(Isa. 43, 10-12). Si le Livre des Proverbes nous le montre
s'entretenant avec sa fille mystérieuse, la Sagesse, c'est «avant ses
œuvres les plus anciennes... dès le commencement,avant l'origine de
la terre », c'est-à-dire « au début de ses desseins, dès l'éternité »
(Prov. 8, 22-23). Nous lirons enfin, au Nouveau Testament, que
Dieu aimait son Fils et lui donnait sa gloire «avant la fondation du
monde » (Joa. 17, 5, 24); et c'est encore «avant la fondation du
monde »que Dieu, dans le Christ, choisissait les siens (Éph. 1, 4).
Mais, Dieu est également toujours après. C'est lui qui a fixé la
fin du monde et du temps, lejour et l'heure dujugement qui achève
l'histoire; et l'évanescence des êtres et des siècles ne l'atteint pas :
«Depuis longtemps, tu as fondé la terre, et les cieux sont l'ouvrage
de tes mains. Eux périssent, Toi, tu restes; tous, comme un vête-
ment, ils s'usent; comme un habit qu'on change, tu les changes;
mais Toi, le même, sans fin sont tes années» (Ps. 102,26-28). Il peut
dire : «Je suis le premier, et je suis le dernier, et hors de moi, il n'y
a pas de Dieu » (Isa. 44, 6). L'Ecclésiastique ajoutera (23, 20) :
«Avant qu'il créât, toutes choses lui étaient connues; elles le sont
encore après leur achèvement ». Bref, «Iahvé est un Dieu éternel »
(Isa. 40, 28); et, encesens, l'éternité désigne la durée de Dieu, «dans
son étendue totale, infinie, illimitée dans les deux directions » 3.
De plus, tandis que le monde change et passe, Dieu ne passe pas,
il reste le même, il demeure. Je suis «... celui qui a appelé les géné-
rations, dès le commencement, moi, l'Éternel, le premier et le même
jusqu'aux derniers âges »(Isa. 41, 4). Et c'est pourquoi «mille ans
sont, àtes yeux, commelejour d'hier, quand il n'est plus »(Ps. 9°, 4).
Rien ne passe en Dieu : ni sa parole, «qui subsiste àjamais »(Isa. 40,
8); ni son secours, «qui subsiste éternellement »(Isa. 51, 6); ni sa
Promesse, car pour ceux qui le craignent, «l'amour de Iahvé est de
toujours àtoujours, et sajustice, pourlesfils deleurs fils »(Ps. 1°3,17).
D'un mot : Iahvé nechangepas, Il demeure4; et si le mot est courant
dans le Nouveau Testament, il vient des Septante qui traduisaient
déjà ainsi la pérennité de Dieu5: «Il est le Dieu vivant et il demeure
texto
éternellement »(Daniel 6, 27). Alors que tout le reste passe, tremble,
s'écroule, s'efface, Dieu seul ne passe pas, il est «le Rocher des
siècles » (Isa. 26, 4).
Enfin, et plus profondément encore, Dieu vit, Dieu ne meurt
pas, Dieu est. Ce qui est premier, pour la pensée hébraïque, c'est le
Dieu vivant; mais, parce qu'il vit d'une vie absolue, et sans commune
mesure avec celle des hommes, il est éternel. «Il dit : je vis éternelle-
ment »(Deut. 32, 40). «Moi, je suis Dieu; depuis l'éternité, je le
suis »(Isa. 43, 12). «N'es-tu pas Iahvé, depuis les temps les plus
reculés, monDieu saint qui nemeurt pas »?(Hab. 7, 12). La deuxième
épître de Pierre (3, 8) essaiera de traduire cette durée transcendante
de Dieu. Le psaume 9°, 4disait : c(Mille ans sont, àtes yeux, comme
unjour »; l'épître ajoute l'opposition décisive : «Devant le Seigneur,
un jour est comme mille ans ». Pour l'homme un jour est un jour,
mille ans sont mille ans, et il n'y peut rien, emporté qu'il est dans la
fuite des jours et des ans. Pour Dieu, le jour qui fuit, et l'énorme
3. O. CULLMANN, Christ et le Temps (Delachaux et Niestlé, 1948), 34. Cf. la remar-
que de J. PEDERSEN(Israel its life and culture, I-II, p. 491) : «Les écrivains de la Bible
conçoivent l'Éternité comme un temps primordial qui concentre en lui la substance
de tous les temps, et dont dérive tout leur contenu »(cité par H. BOUILLARD,K. Barth,
Paris, 1957, II, p. 162).
4. La Bible dira bien que Dieu change, qu'il aime, châtie, se repent... Mais c'est
là une façon d'exprimer la vie du Dieu vivant. Et saint Jacques dira le dernier mot
(1, 17), à propos du Père des lumières, chez qui n'existe aucun changement, ni l'ombre
d'une variation.
5. Cf. C. SPICQ, Ep. aux Hébreux, II, 197, avec les références. L'épître reprend la
formule pour l'appliquer au Christ : il «demeure éternellement »(7, 24).
6. Ps. 18, 8; 46, 2-3; 114, 4. J. GUILLET (Thèmes bibliques, Paris, 1951) propose de
traduire Isa. 4°, 6, ainsi : Toute chair est comme l'herbe, toute sa consistance comme
la fleur des champs, alors que la Parole de Dieu seule demeure à jamais (p. 64, n. 60).
durée, cela se vaut; cela n'est qu'un fragment périssable du temps;
et le dessein de Dieu peut, tantôt s'y accomplir dans un instant :
«un jour est comme mille ans »; tantôt s'y dilater d'un seul élan,
dans la succession des siècles : «mille ans sont comme un jour ».
C'est à peine commenter que de dire : devant Dieu, les temps sont
comme n'étant pas : Lui seul est.
Reste le texte célèbre de l'Exode (3, 13-14). Dieu envoie Moïse
aux fils d'Israël ; mais «s'ils demandent : quel est son nom?que leur
répondrai-je ?Iahvé dit alors à Moïse : Je suis celui qui suis ». Et
il ajoute : «Voici en quels termes tu t'adresseras aux enfants d'Israël :
«Je suis »m'a envoyéversvous». Onsait la variété extrême des exégè-
ses, à quoi ce passage a donné lieu 7. Que cette parole soit d'une part
le refus d'une définition de Dieu, donc l'affirmation de sa transcen-
dance souveraine, et d'autre part, une révélation mystérieuse, donc
une communication de Dieu à son peuple, c'est plus que vraisem-
blable 8. Pour notre problème, ce qu'il faut avant tout souligner,
c'est que la mystérieuse formule comporte l'affirmation d'une exis-
tence souverainement présente à l'histoire : Iahvé signifie la présence
agissante, l'intervention salvifique, la proximité concrète de «Celui
qui est vraiment et réellement là »9. M. Jacob écrit de son côté :
«Le nom étant l'expression du Dieu vivant doit mettre en évidence
un des aspects de cette vie : El exprime la vie en tant que puissance;
Iahvé exprime la vie en tant que durée et présence. Iahvé est bien
celui qui est. Pourtant, ce n'est pas l'idée d'éternité qui est primor-
diale lorsque les Israélites prononcent le nom de Iahvé, mais celle de
présence. L'existence est, comme tous les autres concepts israélites,
un concept de relation, c'est-à-dire qu'elle n'est réelle que dans le
rapport avec une autre existence. Dieu est celui qui est avec quel-
qu'un »10.
On ne saurait mieux dire; mais, par le fait même, nous sommes
ici devant l'expérience majeure d'Israël : l'intervention imprévisible,
7. Parmi les études récentes, cf. entre autres A. M. DUBARLE, La Signification du
Nom de Iahvé (RSPT, 1951, p. 3-21); G. LAMBERT, Que signifie le Nom divin Iahvé?
(NRT, 1952, 897-915); P. VAN IMSCHOOT, Théol. de l'A. T., I, 15-17; la note
P. M. ALLARD, RSR, janvier 1957, 79-85 ; et aussi la note précise de la Bible de Jérusa-
lem, p. 63, n. g. On sait que sur l'interprétation du mystère du Nom, les théolo-
giens eux-mêmes sont divisés. Sur l'opposition entre l'interprétation essentialiste
d'Augustin, et l'interprétation existentielle de saint Thomas voir la remarque de
E. GILSON, Le Thomisme, V, ch. IV, p. 122 sq.
8. Voir les remarques si justes du P. H. de LUBAC sur ce point) dans Sur les chemins
de Dieu (Paris, 1956), p. 162-164 et les notes importantes des p. 323-325.
9. A. GELIN, dans Moïse l'Homme de l'Alliance (Paris, 1955), p. 36, cf. H. CAZELLES,
ibid., p. I.
10. Théologie de l'A. T. (Delachaux et Niestlé, 1956), p. 40-42.
mais espérée et implorée, de Dieu dans l'histoire du peuple premier
né. Cette intervention est faite d'une série d'interventions, qui jalon-
nent toute l'histoire d'Israël, et qui supposent uneprésencepermanente
de Iahvé à son peuple. Or il n'y a pas demeilleure définition biblique
de l'éternité : elle est la Présence souveraine, toujours actuelle, nor-
mative, fondatrice du temps des hommes par son intervention per-
manente, fondatrice de l'histoire du salut par ses interventions spéci-
fiques; et c'est parce qu'il demeure, que Iahvé est toujours présent,
toujours avant, toujours après. Cette dimension caractérise l'éter-
nité biblique, et nous devrons y revenir; elle empêche que celle-ci
soit jamais concevable comme une réalité indifférente au temps, et
purement séparée dans sa transcendance absolue, de l'existence en
devenir. Elle empêche aussi de concevoir cette éternité comme une
sorte de ligne horizontale infinie. Le rapport vertical de Dieu à sa
création et au temps qui la mesure est essentiel à l'éternité biblique,
et par suite à la conception chrétienne de l'éternité elle-même. Il
est bien remarquable en effet que précisément dans le livre de la
Consolation d'Israël (Isa. 40-55), où se révèle la transcendance du
Dieu créateur, se révèle en même temps l'Éternité du Dieu qui agit
souverainement dans l'univers et dans l'histoire. Celui-ci est le maître
souverain non seulement du présent, mais de l'avenir autant que du
passé. L'Éternel, cela veut dire : celui qui a créé le monde, a choisi
Israël, l'a châtié et sauvé, le rachètera et le sauvera ainsi que tous les
hommes, par son Serviteur, Alliance dupeuple et Lumière des Nations.
Comme Créateur, Révélateur, Rocher d'Israël, il ouvre tous les
moments dutemps, il les fonde et les oriente, il leur donneleur qualité
spirituelle, il en fait les étapes contrastantes, redoutables, merveil-
leuses de l'histoire du salut n. On pourra creuser le mystère de ce
rapport vertical dans les deux directions : celle de Dieu lui-même,
celle de l'histoire qu'il fonde; mais on ne peut ni le supprimer, ni le
négliger, ni même exagérer son importance, si l'on veut rester fidèle
à la Parole de Dieu.
Les Septante «reliront »le texte, en insistant sur l'Être absolu de
Dieu, et sur sa permanence. Dieu est «celui qui est », par opposition
aux idoles, qui ne sont que néant 12. Le Livre de la Sagesse (13, 1)
II. Quelques textes d'Isaïe à titre d'exemple : 40, 27-31; 42, 5-9; 43, 1-3, 11-12;
14, 1-28; 48, 1-11; 12-22.
12. Dans une étude très documentée sur l'effort de la Septante, le P. J. COSTE
écrit : « Quelle qu'ait été la pensée du traducteur de l'Exode en rendant le fameux
'eyeh 'asher 'eyeh par Èywetpu ô ûv, il est certain qu'il a de facto introduit au cœur du
message biblique une pierre d'attente pour une philosophie de l'Être, inspirée de la
tradition platonicienne et aristotélicienne »(La Maison-Dieu, n° 53, p. 86). Nous dirions
condamnera les hommes «vains », ceux «qui, par les biens visibles,
n'ont pas été capables de connaître Celui-qui-est »13. Le Christ,
dans saint Jean, reprendra la formule pourse l'appliquer à lui-même,
de façon saisissante. Il est Celui par qui s'opère lejugement, et quand
on ne croit pas «au nom du Fils unique de Dieu »(3, 18), on est déjà
condamné: «Oui, si vous ne croyez pas que Je suis, vous mourrez
dans vos péchés »(8, 24). Il est celui qui doit entrer, par la croix,
dans la gloire et ainsi sauver le monde, en condamnant l'incrédulité
des Juifs : «Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous
saurez que Je suis »(8, 28). Il est le prophète, il annonce la trahison
de Judas : «Je vous le dis dès maintenant, avant que la chose arrive,
pour qu'une fois celle-ci arrivée, vous croyiez que Je suis »(13, 19).
Enfin, il prononce la parole la plus extraordinaire de toutes, celle
qui affronte au devenir une telle affirmation d'éternité 14que les Juifs
l'éprouvent immédiatement commeun blasphème: «Avant qu'Abra-
ham fût, Je suis »(8, 58). Dans la même ligne l'Apocalypse nomme
Dieu: «Celui qui était, qui est, et qui vient »(1, 4, etc.); ce nom
indéclinable et stéréotypé est le «développement du nom divin »-15,
«il représente un essai pour traduire l'idée d'éternité en termes de
temps »16; il implique, que si Dieu est éternel c'est parce qu'il est.
De toute façon, Iahvé est le Dieu qui était hier avec les Pères, qui
est aujourd'hui avec son peuple, qui sera demain avec lui, jusqu'à
l'achèvement de sa promesse. Pour exprimer ce qu'exige une telle
présence, un seul mot est valable : «Il est ». Iahvé est ainsi l'unité
vivante du temps et de l'histoire; il les transcende et les fonde tout
ensemble. Et par suite, loin d'être étrangère à l'histoire et au temps,
l'éternité biblique les ouvre et s'y exprime, souverainement, pendant
qu'eux-mêmes s'y enracinent et en tirent toute leur force d'exister.
Le Dieu de la Bible est donc bien le Dieu éternel17, et nous arrê-
plutôt qu'il insistait sur un aspect de la Révélation où la réflexion religieuse devait
nécessairement s'engager, et où elle rencontrerait — à la fois comme une ressource et
comme un danger — l'effort admirable de la pensée grecque.
13. Il n'est pas exclu que cette reprise d'Exode 3, 14 comporte « un rappel du
Platonisme » (cf. à propos du livre de ZIENER sur les « Thèmes bibliques de la Sagesse »,
le c-r du P. TOURNAY, dans RB, avril 1957, p. 609.
14. C'est là une « affirmation lumineuse du Christ, sur son mode divin d'existence,
transcendant le temps » J. DUPONT, Essais sur le Christologie de saint Jean (Paris
1952, p. 71); cf. D. MOLLAT, Évangile de saint Jean (BJ), p. 122, n. a. Déjà SAINT
IRÉNÉE écrivait : « Dieu, l'Être réel, selon que le Verbe dit à Moïse : Je suis l'Être »
(Démonstrat., dans RSR, 1916, p. 370, n. 2).
15. E. M. BOISMARD, Apocalypse {BJ), p. 28, n. c.
16. A. GELIN, Apocalypse (Bible de Pirot, XII, p. 596).
17. Sur atwvioç, cf. H. SASSE, TNWT, I, 208-290. J. COPPENS a montré que le
mot 'olam employé fréquemment dans les textes de Qumrân « est à traduire tout
simplement par « éternel » (cf. Nouvelle Clio, 1953, 6-7, cité par B. RIGAUX, Les Épîtres
aux Thessaloniciens {Paris, 1956), p. 631.
terons ces rapides indications, en relisant simplement la doxologie
de l'épître aux Romains (16, 25-27). Paul y déploie toutes les dimen-
sions de son Évangile : « kérygme de Jésus-Christ, révélation du
mystère caché dans le silence pendant les temps éternels, manifesté
maintenant par les écrits prophétiques, suivant l'ordre du Dieu éter-
nel », en vue de la foi des Gentils, afin qu'à Lui soit «la gloire pour
les siècles des siècles, Amen. »Tout part du «maintenant »de la révé-
lation; mais ce «maintenant »prend son sens de ce qui le précède,
—lestemps éternels, la duréepropre deDieu,—etdecequile suit, —
la gloire de Dieu dans les siècles des siècles. Mais à nouveau, tout
ceci n'a de sens que par le Dieu éternel lui-même, décidant seul de
l'économie du mystère, le gardant en son propre secret pendant les
temps éternels, le révélant dans le maintenant de grâce en Jésus-
Christ, l'achevant dans la conversion et la gloire pour les siècles
des siècles 18. Le temps apparaît ici comme tout pénétré d'éternité;
c'est l'éternité qui le pose, le mesure, lui confère sa signification;
et cette dimension verticale le fonde en le déployant. Une fois de
plus, le Dieu éternel s'affirme comme la source et l'explication éga-
lement radicales, du temps des hommes et du temps de l'univers.
II
DEUX TÉMOIGNAGES PATRISTIQUES
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