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« 

Sois tranquille » est un sonnet en alexandrins écrit par Philippe Jacottet en 1954 et publié
dans le recueil L’Effraie et autres poésies. Dans ce poème, l’auteur évoque les thèmes
classiques de la mort et de la fuite du temps et cherche à convaincre son interlocuteur, peut-
être sa bien-aimée, qu’elle aussi finira par mourir un jour.
De quelle manière, Jacottet renouvelle-t-il ici un thème déjà traité de multiples fois ?
Pour répondre à cette question, nous montrerons d’abord que ce sonnet propose une
réflexion sur la mort et le temps. Ensuite, nous examinerons de quelle façon il traite son
thème de façon originale et moderne.
Dans cette première partie, nous allons montrer que le sonnet de Philippe Jacottet
propose une réflexion sur la mort et le temps qui passe.
Tout d’abord, intéressons-nous à l’allégorie de la mort que ce poème semble
dessiner. En effet, nous pouvons aisément remarquer que la mort est ici personnifiée. Au
vers 5 par exemple, nous trouvons le pronom personnel « elle » sujet du verbe d’action
« s’endormir », deux procédés qui font de la mort un véritable personnage. De la même
manière, nous voyons que ce personnage de la mort apparait comme totalement
inévitable, inexorable. Ceci est mis en évidence d’une part par l’usage du futur sur le verbe
« viendra » (v.1), temps qui marque la certitude et d’autre part, par l’expression « qui ne
s’arrêtera pas en chemin » où la négation met en lumière le mouvement incessant de la
mort qui approche. Enfin, la mort est personnifiée à travers son caractère imprévisible.
« Dieu sait par quels détours » au vers 12 où la métaphore du détour montre que le poète
ignore à quel moment la mort va intervenir. Ainsi, nous avons bien montré que la mort
était un personnage du poème et donc une allégorie.
Ce sonnet développe également une réflexion sur le temps qui passe. […] Comme
nous venons de le montrer, le thème de la fuite du temps est bien présent dans ces vers.

Si le sonnet de Jacottet développe bien une réflexion sur le thème extrêmement


classique de la mort, il manifeste toutefois une forte originalité et modernité dans sa
forme.

Dans cette seconde partie, nous allons donc montrer en quoi cette œuvre est originale
et moderne.
Dans un premier temps, nous allons répondre à la question : en quoi le poème est-il
moderne ? [ …]
Dans un second temps, montrons aussi ce que ces vers sont modernes. […]

Ainsi, tout au long de ces lignes, nous avons montré d’une part que le poème
développait des thèmes relatifs à la mort et à la fuite du temps et d’autre part qu’il
apparaissait dans sa forme à la fois original et moderne. C’est donc en travaillant la forme
du texte que Jacottet renouvelle le traitement du thème séculaire de la mort.
Nous nous apercevons ici que le poème de Jacottet offre de multiples points de
comparaison avec les sonnets de Ronsard, tout en faisant preuve de renouveau.
a. Une allégorie de la mort
- La mort est personnifiée : on passe du pronom indéfini « cela » (v.1) au pronom
personnel « elle » (v. 5) ce qui fait concrètement de la mort un personnage ; la mort
est de plus le sujet grammatical de verbes d’action ou de mouvement « s’arrêter »
(v.4) « s’endormir » (v.5)
- La mort apparait comme inévitable, inexorable : « cela viendra » (v.1) => usage du
futur qui marque la certitude ; « qui ne s’arrête pas en chemin » (v. 4) la négation
met en lumière le mouvement incessant de la mort qui se rapproche.
- La mort est également imprévisible : « Dieu sait par quels détours » (v. 12) cette
métaphore peut indiquer que non seulement nous ne savons pas quand nous allons
mourir mais nous ne savons pas non plus de quelle manière.

b. Le temps qui passe

- Le temps qui passe est évoqué à travers des


images : celle du « chemin » au vers 4 et celle du
vieillissement au vers 14. « tu es plus vieux » : ces
images mettent en lumière l’idée d’un mouvement
et d’une transformation.
- Ce temps a la particularité de ne jamais s’arrêter
=> « s’endormir » et « reprendre souffle » qui
renvoient à l’idée d’une pause sont accompagnés
par une négation indiscutable « ne crois pas » au
vers 5.

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