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Héros et héroïnes tragiques Livre de l’élève p. 156 à 185 Objectifs du chapitre et compétences en ligne, coll.

igne, coll. « Œuvres et Thèmes », Hatier, 2012. • sophocle, Théâtre complet, Flammarion,
mises en jeu Le choix du corpus • Dans le cadre des Instructions officielles de 2008, qui 2001. • maRgueRite Vaudel, Andromaque de Jean Racine, avec des pages Histoire des Arts et
préconisent d’aborder le genre tragique à partir de la tragédie antique (De la tragédie antique au guide pédagogique en ligne, coll. « Œuvres et Thèmes », Hatier, 2012. • Étienne fRois,
monde contemporain) nous avons tenté de montrer comment les grands dramaturges français se Antigone de Jean Anouilh, coll. « Profil d’une œuvre », Hatier, 2002. Réponses aux
sont réapproprié les mythes et légendes de l’Antiquité pour donner au tragique une dimension questionnaires Questions sur l’image Livre de l’élève p. 157 • Le titre de la pièce est Femmes de
nouvelle. • Nous avons choisi de travailler sur les mythes d’Œdipe, d’Antigone et d’Andromaque Troie et elle est adaptée d’une œuvre d’Euripide ; la représentation a eu lieu en 1998. • Les
(lié aux légendes de la guerre de Troie). L’étude met en regard un auteur antique et un auteur ruines de colonnes au bas de l’escalier et l’escalier central lui-même renvoient aux constructions
moderne ou contemporain : Œdipe Roi de Sophocle est ainsi couplé avec La Machine infernale antiques de temples et de palais : tronçons de colonnes, fragment de chapiteau ionique à droite.
de Jean Cocteau ; l’Antigone de Sophocle avec l’Antigone d’Anouilh, l’Andromaque de Racine Les costumes de la femme âgée au premier plan à gauche, de la femme aux longs cheveux roux
avec celle d’Euripide. Les objectifs du chapitre • Les objectifs du chapitre sont les suivants : – au centre, ainsi que ceux des deux personnages en haut à gauche sur l’escalier rappellent les
découvrir l’importance des grands mythes antiques dans le théâtre du xxe siècle ; – analyser un tuniques et châles antiques. Au contraire, les bateaux amarrés au quai à l’arrière-plan gauche
texte de théâtre (maîtrise des notions spécifiques au genre : dialogue, stichomythie, tirade, appartiennent au monde contemporain, ainsi que les lampes électriques juchées sur des supports
didascalies…) ; – analyser l’évolution du tragique de l’Antiquité à nos jours ; – identifier les métalliques. Les costumes de la femme au premier plan à droite, ainsi que ceux des trois femmes
registres tragique et pathétique. Les compétences du Socle commun L’étude du chapitre met en à droite sur l’escalier renvoient à notre époque. • Cette image évoque l’Antiquité par certains
jeu de nombreuses compétences du socle. • Des compétences de lecture – La lecture analytique aspects du décor et des costumes, en même temps qu’elle est empreinte de tristesse et de mort en
amène l’élève à dégager l’essentiel du texte, à vérifier qu’il a compris les motivations des raison des ruines, de la rouille des bateaux à quai et des gestes et expressions des deux
personnages et de leurs sentiments, et qu’il a saisi, pour chacun des extraits, l’essence du personnages au premier plan à gauche et au centre : la femme âgée est assise, le regard
tragique et la dimension pathétique. L’élève est amené au cours de ces lectures à mettre en désespéré ; la jeune femme rousse s’avance en tenant sa tunique, le visage marqué par le
regard la pièce antique et la pièce moderne afin de voir comment le tragique moderne apporte un chagrin ; toutes deux gardent une grande dignité dans leur malheur. Ainsi l’image nous permet
nouvel éclairage au mythe et l’enrichit de significations nouvelles. Les questionnaires sont axés d’entrer dans l’univers tragique : de nobles personnages sont voués à un destin inéluctable et
sur la situation des personnages, l’écriture et le niveau de langage (du langage soutenu au fatal ; l’histoire racontée s’inspire souvent de la mythologie gréco-romaine. Le titre de la pièce
langage courant ou familier), le tragique moderne. – La lecture de l’œuvre complète a pour fait d’ailleurs référence à la chute de Troie racontée dans les récits homériques et l’Énéide de
objectif de permettre aux élèves de lire dans son intégralité une tragédie moderne inspirée d’un Virgile, ainsi que les noms des personnages féminins : Hécabé ou Hécube, femme âgée et épouse
mythe antique : Antigone d’Anouilh. La pièce est d’un abord facile pour les élèves qui du roi Priam ; Cassandre, fille de Priam vouée par Apollon au malheur de prédire l’avenir sans
découvriront à travers la lecture complète de la pièce la figure emblématique du personnage être crue ; Andromaque, épouse d’Hector, héros de la guerre de Troie et fils de Priam ; Hélène,
d’Antigone. Ils auront une vision plus claire du tragique moderne, fondé sur l’effondrement des épouse du roi grec Ménélas, dont la fuite avec un prince troyen a provoqué la guerre de Troie.
certitudes dans un monde où tout paraît absurde et illusoire : Antigone ne sait finalement plus Repères littéraires et culturels Ai-je bien lu ? Livre de l’élève p. 158-159 1. La tragédie est née
pourquoi elle meurt. Deux extraits de la mise en scène de Nicolas Briançon figurent dans le en Grèce de fêtes religieuses en l’honneur du dieu Dionysos, dieu de la vigne, du vin et de
DVD-Rom. - L’élève doit être capable de rendre compte de sa lecture à travers un questionnaire l’inspiration : d’abord un chœur chantait des poèmes sacrés et mimait la vie du dieu ; puis des
qui porte sur l’ensemble de l’œuvre et qui le guide dans sa lecture. • Des compétences culturelles acteurs apparurent pour jouer une histoire souvent tirée de la mythologie et le chœur se borna à
et humanistes – L’étude de chacun des textes amène les élèves à découvrir quelques grands commenter l’action. Les théâtres, vastes hémicycles en plein air, rassemblaient tout le peuple
dramaturges antiques (Sophocle, 496-406 av. J.-C. ; Euripide, 480-406 av. J.-C.), classique (Jean lors de ces représentations. Sophocle et Euripide sont deux dramaturges grecs. 2. Jean Racine,
Racine, 1639-1699) et contemporains (Jean Cocteau, 1889-1963 ; Jean Anouilh, 1910-1987) et à auteur d’Andromaque, est un auteur classique du xviie siècle qui s’est inspiré d’un mythe grec.
établir des liens entre les œuvres pour mieux les comprendre. – Les repères littéraires et culturels Au xxe siècle, Jean Cocteau dans La Machine infernale et Jean Anouilh dans Antigone se sont
et la frise chronologique accompagnés de questions de synthèse permettent de vérifier que inspirés de pièces et récits mythologiques grecs. 117 Héros et héroïnes tragiques 3. Jean Cocteau,
l’élève est capable de situer les auteurs et les œuvres dans le temps. L’étude des figures de style lui, enrichit le mythe de son histoire personnelle dans La Machine infernale ; Jean Anouilh, qui
(anaphore, parallélisme, comparaison, énumération, métaphore, antithèse) concourt à dégager les écrit pendant la Seconde Guerre mondiale, soulève le problème de la Résistance ou de
enjeux esthétiques et humains du texte. • L’Histoire des Arts : elle porte essentiellement sur des l’obéissance au pouvoir dans sa pièce, Antigone, sans que cela soit la seule lecture possible du
questions de mise en scène. L’élève est invité à comparer deux mises en scène d’Andromaque de mythe ainsi modernisé. L’accomplissement du destin Sophocle, Œdipe Roi Livre de l’élève
Racine par Jean-Louis Martinelli. Par ailleurs, deux fiches pédagogiques portant sur la mise en p. 160-161 Objectifs • Découvrir un auteur tragique de l’Antiquité grecque. • Analyser le rôle du
scène d’Antigone par Nicolas Briançon sont disponibles dans le DVD-Rom. 115 Héros et destin dans la tragédie. • Étudier un mythe fondateur de la civilisation occidentale. Dégager
héroïnes tragiques • Des compétences de langue – L’élève est amené à distinguer les différents l’essentiel a. Œdipe est le fils de Laïos et de Jocaste, roi et reine de Thèbes. À la suite d’un oracle
modes d’expression de la condition (éventuel, potentiel, irréel) que l’on trouve souvent dans le qui prédisait qu’il tuerait son père et épouserait sa mère, il fut abandonné, recueilli et élevé par
discours tragique ; un exercice est consacré à la forme emphatique, propre au discours oral ; un Polybe, le roi de Corinthe. Ignorant son adoption, quand il a connaissance de l’oracle à l’âge
autre aux différents niveaux de langage utilisés dans les tragédies étudiées. – En conjugaison, on adulte, il fuit Corinthe et arrive par hasard à Thèbes ; à l’entrée de la ville un monstre, le Sphinx,
revoit des temps du dialogue : l’indicatif présent, passé composé, conditionnel. – En tue les voyageurs qui ne résolvent pas l’énigme qu’il leur propose. Vainqueur du Sphinx, Œdipe
orthographe, on étudie les homonymes grammaticaux, en lien avec l’expression de l’opposition épouse en récompense la reine Jocaste dont l’époux a été mystérieusement assassiné lors d’un
(quel que / quelque…) ainsi que les graphies œ, œu, eu, en rapport avec le nom d’Œdipe. – La voyage à Delphes. b. Des années plus tard, lorsque la peste ravage Thèbes, l’oracle accuse le
dictée est un extrait du Prologue d’Antigone d’Anouilh ; on y trouve notamment des participes meurtrier du roi Laïos de souiller la ville. Œdipe mène l’enquête pour découvrir son identité et
passés et des accords sujet-verbe intéressants. • Des compétences lexicales : des exercices brefs purifier la ville ; mais en interrogeant Jocaste, il pressent qu’il est le coupable. c. Œdipe, après
sont proposés après les textes pour éclairer les mots importants : étude des préfixes mal- / mé- avoir appris la mort de Polybe, découvre qu’il n’était pas son fils : autrefois un serviteur de Laïos
(liés au malheur) et ex- (lié au verbe expirer) ; le suffixe -cide (parricide) ; étude des familles des aurait remis l’enfant nouveauné au messager corinthien et le roi de Corinthe l’aurait adopté alors.
mots loi, politique, pleur. Une page est consacrée au lexique tragique : le lexique du destin, du Œdipe fait rechercher ce serviteur maintenant très âgé et l’interroge : C’est toi qui lui remis
malheur, autour du mot chœur, les termes exprimant un accord ou une opposition. • Des l’enfant dont il nous parle ? (l. 1). d. Il apprend ainsi que l’enfant abandonné et adopté par
compétences d’écriture acquises par la pratique d’exercices courts d’écriture ou de réécriture en Polybe était le fils de Laïos et de Jocaste : l’oracle s’est donc accompli : Ainsi tout à la fin serait
lien avec les textes étudiés. • Des compétences d’oral : les élèves joueront la scène extraite de vrai ! (l. 30). Œdipe sait maintenant qu’il a tué son père et épousé sa mère. Analyser le texte 1.
l’Andromaque d’Euripide où domine le registre pathétique (notamment passage où Andromaque La révélation de son adoption par le roi de Corinthe rapproche Œdipe de la vérité. En effet, il ne
s’adresse à son enfant) et une scène extraite de l’Œdipe Roi de Sophocle, passage où Œdipe peut plus croire qu’il n’est pas concerné par l’oracle : si le roi de Corinthe avait été son père, il
comprend, à partir des éléments que lui fournit Jocaste, qu’il est le meurtrier de son père et qu’il n’aurait plus eu à redouter de le tuer, puisque sa mort est naturelle ; mais il a été adopté. Il lui
a tué sa mère. • La préparation au brevet permet d’évaluer l’ensemble de ces compétences (le reste donc à découvrir ses vrais parents pour savoir si l’oracle s’est accompli ; c’est pour cette
texte choisi est un extrait d’Antigone d’Anouilh, passage dans lequel Créon parle à Antigone de raison qu’il a fait rechercher le serviteur de Laïos qui a confié le nourrisson au messager
bonheur…). • Voici un résumé des items du Socle commun évaluables dans le chapitre (voir en corinthien. 2. L’interrogatoire est mené de manière serrée par Œdipe. Ainsi ses questions sont
détail p. 5). COMPETÉNCE 1 : la maîtrise de la langue française • Adapter son mode de lecture brèves et sèches, précises : De qui le tenais-tu ? De toi-même ou d’un autre ? (l. 7). Elles se
à la nature du texte proposé et à l’objectif poursuivi • Repérer les informations dans un texte à réduisent parfois à un pronom interrogatif : De qui ? (l. 9) ; ou à un nom, un groupe nominal :
partir des éléments explicites et des éléments implicites nécessaires – Identifier les personnages Esclave ?… Ou parent du roi ? (l. 13). Et Œdipe menace le malheureux serviteur pour obtenir les
et leurs liens – Comprendre les motivations des personnages, identifier leurs sentiments à partir réponses attendues : Refuse de parler, et c’est ce qui t’attend (l. 3), le pronom démonstratif ce
de leurs actes ou de leurs paroles – Identifier les paroles rapportées directement et les principaux reprenant le verbe mourir (l. 2) ; Tu es mort, si je dois répéter ma demande (l. 11). 3. a. Le
interlocuteurs • Utiliser ses capacités de raisonnement, ses connaissances sur la langue, savoir serviteur, qui connaît la terrible vérité, retarde le plus possible la révélation finale, malgré les
faire appel à des outils appropriés pour lire – Identifier les référents des pronoms (à qui ou à quoi injonctions menaçantes d’Œdipe. Il ne va donc livrer les informations qu’une à une. Ainsi il
ils renvoient) – Identifier les types et les formes de phrases – Identifier les valeurs des temps – confirme tout d’abord qu’il est bien le serviteur qui a confié l’enfant au messager corinthien :
Analyser les principales figures de style • Dégager, par écrit ou oralement, l’essentiel d’un texte c’est moi qui le remis (l. 6). Ensuite il dit le tenir d’un autre (l. 8) mais sans le nommer ; puis il
lu – Comprendre le sens global du texte (actions, relations entre les personnages…) – Identifier avoue que l’enfant était né chez Laïos (l. 12), mais sans dévoiler le nom du père. Enfin il révèle
le genre et le thème du texte • Manifester, par des moyens divers, sa compréhension de textes que c’est la reine qui le lui a remis : C’est elle, Seigneur (l. 19) ; puis qu’elle l’a fait pour qu’il
variés – Identifier les différents registres – Réciter ou lire de manière expressive • Écrire tue (l. 21) l’enfant ; et cela parce qu’elle avait peur d’un oracle des dieux (l. 23). Et il faut une
lisiblement un texte, spontanément ou sous la dictée, en respectant l’orthographe et la grammaire nouvelle question d’Œdipe pour qu’il révèle l’oracle : Qu’un jour, prétendaiton, il tuerait ses
• Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, à partir de consignes données – Répondre à une parents (l. 25). Alors Œdipe sait toute la vérité. À chaque étape le serviteur essaie de différer sa
question par une phrase complète – Présenter et ponctuer un dialogue – Utiliser correctement les réponse : Si je parle, ma mort est bien plus sûre encore (l. 4) ; Non, maître, au nom des dieux,
pronoms – Utiliser correctement les temps du récit et du discours COMPÉTENCE 5 : la culture n’en demande pas plus (l. 10) ; Hélas ! j’en suis au plus cruel à dire (l. 14). Et c’est bien ce que
humaniste • Situer des événements, des œuvres littéraires ou artistiques • Lire et pratiquer lui reproche Œdipe : Cet homme m’a tout l’air de chercher des délais (l. 5). b. Pour faire
différents langages – Maîtriser les outils d’analyse du théâtre – Jouer, mettre en scène un extrait l’annonce finale, le serviteur se contente de transmettre une rumeur : Il passait pour son fils
de théâtre • Être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire • Être sensible (l. 16). Il préfère renvoyer Œdipe à 118 son épouse plutôt que de lui dire que Laïos et Jocaste
aux enjeux esthétiques et humains d’une œuvre artistique 116 Bibliographie Sur la tragédie • sont ses parents : Mais ta femme, au palais, peut bien mieux que personne te dire ce qui est
Jacqueline de Romilly, La Tragédie grecque, PUF, 1990. • La Tragédie antique, Antigone, (l. 16-17). L’expression vague ce qui est cache les termes terribles de « parricide et inceste »
Électre, Eschyle, Sophocle, Euripide, textes choisis, présentés et commentés par annie collognat- qu’un pauvre serviteur ne peut dire à son roi : il redoute la mort dont Œdipe l’a menacé (l. 3, 11).
BaRès, suivis d’un dossier sur les Atrides et les Labdacides et d’un petit dictionnaire pour lire le 4. a. Les parents d’Œdipe ont tout fait pour éviter l’accomplissement de l’oracle ; en effet ils ont
mythe et la tragédie, Pocket, 1998. • BeRnaRd defoRge, fRançois Jouan, louis BaRdollet, Les confié l’enfant à un serviteur dès sa naissance, et cela dans une intention terrible pour eux : Pour
Tragiques grecs, coll. « Bouquins », Robert Laffont, 2001. Sur les œuvres tragiques • aRiane que je le tue (l. 21) dit le serviteur. Cette décision douloureuse mais radicale leur permettait à
caRRèRe, Antigone et le mythe d’Œdipe, avec des pages Histoire des Arts et guide pédagogique tous les trois, parents et enfant, d’échapper à un destin monstrueux. b. Mais le serviteur n’a pu se
résoudre à accomplir cet infanticide ; il a donc épargné Œdipe enfant par humanité : J’eus pitié de la médiocrité. 7. Tirésias donne à Œdipe son bâton d’augure (l. 38) : c’est un bâton destiné à
de lui (l. 27). Il a été ainsi, malgré lui, l’instrument du destin en confiant l’enfant au messager servir de canne à l’aveugle qu’il est devenu ; mais par sa fonction religieuse, il peut aussi être un
corinthien : Je crus, moi, qu’il l’emporterait au pays d’où il arrivait (l. 27-28). c. Les paroles du soutien moral dans l’exil et lui permettre d’accomplir la fin de l’oracle : devenir le bienfaiteur du
serviteur montrent bien que le destin d’Œdipe était inévitable : Il t’a sauvé la vie, mais pour les lieu où il mourra (voir Œdipe à Colone de Sophocle, pièce qui réhabilite Œdipe, victime d’un
pires maux (l. 28) ; sache que tu es né marqué par le malheur (l. 29). 5. a. Œdipe est à la fois destin impossible à éviter). Ainsi s’accomplit aussi l’énigme du Sphinx : tout enfant, Œdipe
désespéré et horrifié par cette révélation. Les phrases de type exclamatif et les interjections marchait à quatre pattes ; héros glorieux, il marchait sur ses deux jambes ; héros déchu et
montrent sa grande souffrance : Hélas ! hélas ! ainsi tout à la fin serait vrai ! Ah ! (l. 30). Dans la misérable exilé, il marche désormais sur trois pattes, en s’appuyant sur le bâton de Tirésias. Le
dernière phrase, il résume son destin en soulignant sa monstruosité par un parallélisme de destin d’Œdipe est donc celui de tout être humain piégé par un destin écrit d’avance. 8. a. Cette
construction : puisqu’aujourd’hui, je me révèle le fils de qui je ne devais pas naître, l’époux de scène suscite tout d’abord un sentiment d’horreur chez le spectateur devant les révélations
qui je ne devais pas l’être, le meurtrier de qui je ne devais pas tuer ! (l. 31 à 33). Il répète par monstrueuses du berger, car Œdipe a accompli les pires crimes qui soient : Inceste et parricide
trois fois l’expression je ne devais pas pour exprimer la transgression des lois humaines (l. 14-15). Mais ensuite la détresse de la petite Antigone et l’apparition d’Œdipe mutilé ne
essentielles qu’il a commise malgré lui et malgré les précautions de ses parents : tout ce qui a été peuvent qu’inspirer pitié et compassion au spectateur. La scène s’inscrit dans l’univers tragique
fait s’est retourné contre lui. b. Il prend la décision de se crever les yeux, pour ne plus voir défini par Aristote dans son Art poétique : la tragédie doit susciter chez le spectateur des
l’homme qu’il est devenu, pour se punir par une longue vie de souffrance. 6. L’expression Ah ! sentiments de terreur et pitié, doit lui permettre de vivre par procuration les passions les plus
lumière du jour, que je te voie ici pour la dernière fois (l. 30-31) peut être comprise au sens dévastatrices pour s’en purifier, ce que le philosophe grec nomme la « catharsis ». b. Le titre
propre en fonction de sa décision de se crever les yeux : il souhaite ne plus voir la lumière, le choisi par Cocteau, La Machine infernale, renvoie au terrible engrenage du destin dans lequel est
soleil ; mais au sens figuré elle signifie « mourir » et pourrait évoquer un suicide. 7. Dans pris Œdipe. 9. L’orgueil peut être considéré comme une qualité si on le comprend comme une
l’Antiquité, les Grecs pensaient que le destin de l’homme était écrit à l’avance et que Zeus lui- juste fierté de soi qui accompagne l’ambition et la réussite, un amour-propre qui conduit au
même ne pouvait le changer : les Moires (ou les Parques chez les Romains) étaient trois sœurs dépassement de soi. Mais si l’orgueil est un excessif contentement de soi qui conduit au mépris
qui filaient et coupaient le fil de la vie des hommes. Les civilisations méditerranéennes dans leur des autres et à leur écrasement, c’est bien sûr un défaut. Enrichir son vocabulaire 10. Le mot
ensemble croient au fatum, au destin inéluctable de l’homme. La religion chrétienne laisse à parricide se compose du radical parr- qui vient de pater, le « père » en latin, et du suffixe -cide
l’homme la possibilité d’effacer le péché originel et de gagner la rédemption par une vie de qui vient du verbe latin caedere, « tuer » : le mot signifie donc à la fois le meurtre du père et le
sainteté : Dieu a donc donné à l’homme une certaine liberté, il peut choisir d’une certaine façon meurtrier de son père. 11. a. matricide. b. infanticide. c. insecticide. d. herbicide. e. pesticide.
son destin. Depuis le xixe siècle et les progrès des sciences, la notion de prédestination a repris Réécrire 12. Impératif présent, 2e personne du singulier : Chasse-moi, achève-moi, lapide-moi,
du crédit : nos gènes, notre milieu social, notre éducation, nos rencontres nous façonnent et abats la bête immonde. Impératif présent, 2e personne du pluriel : Chassez-moi, achevez-moi,
laissent peu de possibilité à l’homme d’écrire lui-même son destin. Enrichir son vocabulaire 8. a. lapidez-moi, abattez la bête immonde. 13. Subjonctif présent, 3e personne du singulier : Qu’on
malchanceux. b. malfaisant. c. méconnaissable. d. malintentionné. e. médisant. f. mésentente. La me laisse… qu’on ne touche pas mes mains, qu’on ne m’approche pas. Lois divines, lois
révélation monstrueuse Jean Cocteau, La Machine infernale Livre de l’élève p. 162-163 humaines Sophocle, Antigone Livre de l’élève p. 164-165 Objectifs • Découvrir une autre pièce
Objectifs • Découvrir un auteur du xxe siècle, Jean Cocteau. • Étudier la dimension nouvelle de Sophocle consacrée à la famille d’Œdipe. • Analyser le caractère héroïque d’un personnage. •
donnée au mythe antique par un auteur moderne. • Analyser les ressorts de la tragédie : terreur et Étudier une scène de conflit tragique. Préparer la lecture 1. Dans une tragédie antique, le chœur
pitié. Préparer la lecture 1. Le Péloponnèse est une grande péninsule grecque rattachée au sud du est un groupe d’hommes qui chantent et dansent sur scène : au début il dialoguait avec un acteur
continent par l’isthme de Corinthe. La mer Égée est le nom donné à la partie de la Méditerranée unique, mais, quand le nombre des acteurs augmenta, peu à peu son rôle se borna à commenter
qui sépare la Grèce de la Turquie et baigne les rivages de l’Attique, la région d’Athènes. l’action et exprimer des émotions. 2. Hadès est le dieu des enfers et des morts dans la mythologie
Athènes, capitale actuelle de la Grèce, est située sur la côte orientale de la Grèce, en face de l’île grecque ; c’est un dieu redoutable que les Grecs osaient à peine nommer. 3. Le mot
d’Eubée. Thèbes est une ville de Béotie, située au nord d’Athènes. Delphes est la ville du « stichomythie » vient du grec stikhos qui signifie « vers » et du grec muthos qui signifie
sanctuaire d’Apollon où la Pythie énonce ses oracles ; elle est à l’ouest d’Athènes et de Thèbes, « récit » : au théâtre, la stichomythie est la partie d’un dialogue où les interlocuteurs se répondent
en Phocide. Corinthe est au sud de l’isthme dans le Péloponnèse. 119 Héros et héroïnes tragiques vers pour vers (répliques courtes), ce qui produit un rythme particulièrement rapide. L’emploi
2. Dans l’extrait de Sophocle, Œdipe, en interrogeant le vieux serviteur du roi Laïos de Thèbes, des stichomythies est souvent révélateur d’une scène de conflit. 121 Héros et héroïnes tragiques
découvre qu’il est le meurtrier de son père Laïos et l’époux de sa mère Jocaste : l’oracle de Dégager l’essentiel a. Créon, le nouveau roi de Thèbes, a interdit d’enterrer Polynice, le frère
Delphes s’est donc accompli malgré tous les efforts de Laïos et Jocaste. 3. Sophocle est un rebelle qui a attaqué la ville, le traître qui s’est uni pour cela à sept princes étrangers : quiconque
dramaturge grec de l’Antiquité, qui a vécu au ve siècle avant J.-C. Jean Cocteau est un auteur transgressera cette loi sera mis à mort. Après une guerre civile qui a mis aux prises deux frères et
français qui a vécu au xxe siècle. Vingtquatre siècles les séparent. Dégager l’essentiel a. Le leurs partisans, il souhaite rétablir l’ordre dans la ville, en désignant par cette loi le coupable. b.
berger révèle à Œdipe qu’il est le fils de Laïus (nom latin de Laïos) et de Jocaste, les souverains Antigone a bravé l’interdit et recouvert le cadavre de son frère Polynice. Elle est par ailleurs la
de Thèbes, et qu’il a donc tué son père et épousé sa mère : Inceste et parricide, les dieux te nièce de Créon, frère de sa mère Jocaste. c. À la fin de l’extrait, Créon décide la mort
pardonnent (l. 14-15). b. Jocaste est morte et Œdipe s’est crevé les yeux : petite mère ne bouge d’Antigone : Va donc aux enfers (l. 37). Analyser le texte 1. a. Antigone conteste la loi de Créon
plus (l. 24) ; petit père […] se donne des coups dans les yeux avec sa grosse broche en or (l. 25- au nom des lois non écrites, mais immuables, émanées des dieux (l. 8-9) : ces lois religieuses
26). Analyser le texte 1. a. Chez Cocteau, l’interrogatoire est surtout mené par Créon, le frère de prescrivent d’enterrer les morts selon les rites ; mais ce sont aussi des lois éternelles (l. 10), qui
Jocaste ; il presse le berger de révéler la vérité comme en témoignent ces phrases injonctives : ne sont ni d’aujourd’hui, ni d’hier (l. 9-10), dictées par des valeurs morales qui transcendent
Qu’il avoue (l. 3) ; Il faut la dire. Je le veux (l. 10). b. L’interrogatoire n’est pas aussi long que toute religion ou civilisation, des lois immuables, qui ne peuvent changer : on se doit de
chez Sophocle parce qu’une tierce personne intervient pour hâter la révélation, Créon ; aussi, respecter les morts par humanité et compassion ; elle en appelle d’ailleurs non seulement à Zeus
face à deux personnages aussi puissants que Créon et Œdipe, le berger, malgré ses réticences, (l. 6), le roi des dieux grecs, mais aussi à la Justice (l. 6) incarnée par une déesse dans
révèle toute la vérité en une seule fois : Tu es le fils de Jocaste, ta femme, et de Laïus tué par toi l’Antiquité. Enfin elle s’appuie sur la valeur de la famille : Polynice est désigné par la périphrase
au carrefour des trois routes (l. 11 à 14). 2. De nombreuses répliques sont proches du texte de celui qui connut les mêmes parents que moi (l. 17) ; elle ne peut laisser le cadavre de son frère
Sophocle. La crainte de mourir du serviteur chez Sophocle, J’aurais bien dû mourir le même jour pourrir au soleil : Il n’y a point de honte à honorer un frère (l. 22). b. Antigone ne se considère
(l. 2, p. 160) se retrouve chez Cocteau dans la bouche du berger : que ne suis-je mort afin de ne pas comme impie envers Étéocle son autre frère, car Polynice est son frère tout comme il est le
pas vivre cette minute (l. 4-5). La terreur éprouvée à l’approche de la révélation par le serviteur sien : fils de la même mère et du même père (l. 25) ; il est resté un homme libre et n’est pas mort
et Œdipe chez Sophocle, j’en suis au plus cruel à dire. / Et pour moi à entendre (l. 14-15, p. 160) son esclave, mais son frère (l. 30) : cette notion de liberté en opposition à l’esclavage est
s’exprime de la même façon chez Cocteau, mais dans un ordre inverse : Je suis près d’une chose essentielle dans le monde grec et donne à Polynice les mêmes droits qu’à son frère. Enfin, au
impossible à entendre. / Et moi… d’une chose impossible à dire (l. 8-9). La réplique finale royaume des morts, les distinctions entre traître ou défenseur de la patrie n’ont plus cours :
d’Œdipe chez Sophocle (l. 30 à 33, p. 160) est très proche de celle d’Œdipe chez Cocteau (l. 16 Cependant Hadès désire que les lois soient égales (l. 32) ; les notions de vertu ou de crime (l. 33)
à 20) : puisqu’aujourd’hui, je me révèle le fils de qui je ne devais pas naître, l’époux de qui je ne ne sont plus valables, contrairement à ce que croit Créon : Qui sait si ces maximes ont crédit
devais pas l’être, le meurtrier de qui je ne devais pas tuer ! (Sophocle, l. 31 à 33) ; J’ai tué celui dans les enfers ? (l. 34). 2. a. Créon lui fait une distinction entre les deux frères d’Antigone :
qu’il ne fallait pas. J’ai épousé celle qu’il ne fallait pas. J’ai perpétué ce qu’il ne fallait pas Polynice est pour lui l’impie (l. 29). Au terme ravageait (l. 31), employé pour Polynice, s’oppose
(Cocteau, l. 16 à 19). 3. a. Ainsi, l’expression à la forme négative qu’il ne fallait pas (Cocteau, le terme défendait (l. 31) qui concerne Étéocle ; au mot crime (l. 33) s’oppose le mot vertu
l. 16-17) rappelle de qui je ne devais pas (Sophocle, l. 31-32). Les noms fils, époux, meurtrier du (l. 33) ; enfin au nom ennemi (l. 35) s’oppose le nom ami (l. 35). Ces termes antonymes
texte de Sophocle correspondent aux verbes J’ai tué, épousé, perpétué du texte de Cocteau ; on expriment le jugement tranché et sans appel de Créon sur les deux frères. b. Son devoir de roi est
retrouve le mot lumière dans les deux textes. Enfin, la structure parallèle est reprise trois fois à ses yeux de célébrer la vertu d’Étéocle, défenseur de sa patrie, et de sanctionner la conduite
chez les deux auteurs. b. Dans la phrase de Cocteau, Lumière est faite (l. 19-20), le mot lumière coupable de Polynice qui a ravagé la ville en ennemi. 3. Antigone n’est pas convaincue par les
n’a pas le même sens que chez Sophocle : il s’agit ici de l’éclaircissement de la vérité. 4. arguments de Créon. À chaque argument de Créon elle a opposé un argument ; ainsi elle a
Antigone, fille d’Œdipe et de Jocaste, a assisté au suicide de sa mère et à la mutilation que son contesté le terme d’impie (l. 29) employé par Créon : Polynice n’est pas mort son esclave, mais
père s’est infligée : petite mère ne bouge plus (l. 24) ; petit père […] se donne des coups dans les son frère (l. 30) ; elle refuse les verbes antonymes ravageait, défendait (l. 31) pour unir ses frères
yeux avec sa grosse broche en or (l. 25-26). Elle est terrifiée et appelle à l’aide son oncle Créon sous la même loi dans la mort : Hadès désire que les lois soient égales (l. 32) ; elle ne veut pas
et le devin Tirésias : Mon oncle ! Tirésias ! Montez vite, vite, c’est épouvantable ! (l. 23) ; les faire de jugement de valeur entre eux et attribuer à l’un la vertu et à l’autre le crime (l. 33) pour
phrases exclamatives et injonctives traduisent l’angoisse de la petite fille, tout comme le lexique la même raison (l. 34). 4. Antigone se dresse seule face au roi Créon avec un grand courage. En
de la terreur : épouvantable (l. 23), du sang partout (l. 26), peur (l. 26, deux fois) qui se mêle au effet, elle a bravé sa défense (l. 2) et revendique son geste avec assurance : Je la connaissais.
lexique de la tendresse de façon émouvante : petite mère (l. 24), petit père (l. 25). Antigone Comment ne pas la connaître ? Elle était publique (l. 3-4). 5. a. Antigone a fait le choix de
répète ses cris : J’ai peur ! J’ai trop peur (l. 26), ainsi que son appel à l’aide Montez vite, vite mourir et l’affirme avec calme et détermination : si je meurs avant le temps, c’est pour moi grand
(l. 23), montez… montez vite… (l. 27). 5. a. Œdipe s’est crevé les yeux pour ne plus voir la profit (l. 13-14). b. Elle n’en éprouve aucune tristesse car plus rien ne la rattache à la vie depuis
lumière du jour qui est aussi celle de la vérité (question 3. b.). Il a horreur de ce qu’il est que le destin s’est acharné sur sa famille : Quand on vit, comme je fais, au milieu des maux,
finalement devenu aux yeux de tous : Inceste et parricide (l. 14-15) et souhaite la mort : Qu’on comment la mort ne serait-elle pas un avantage ? (l. 14-15) ; de ce fait elle n’en ressent nul
me chasse, qu’on m’achève, qu’on me lapide (l. 33). b. Il se considère comme une bête immonde chagrin : Aussi le sort qui m’attend ne me cause aucune peine (l. 15-16). Mais en préférant la
(l. 34) qui ne mérite pas de vivre : l’adjectif immonde signifie étymologiquement impur. 6. mort à une conduite indigne, elle fait aussi preuve d’une grandeur morale et d’une noblesse
Tirésias accuse Œdipe d’être aussi orgueilleux dans le malheur que dans le bonheur : Son orgueil d’âme qui l’élèvent au rang des héroïnes : Au contraire, si j’avais laissé sans sépulture celui qui
ne le trompe pas (l. 31). Lorsqu’il était encore le 120 fier roi de Thèbes, il a d’abord refusé les connut les mêmes parents que moi, grande serait mon affliction (l. 16 à 18). 6. Le chœur emploie
avertissements de Tirésias, il a fallu que celui-ci fasse témoigner le berger pour le convaincre de le même adjectif farouche pour caractériser le père et la fille : À ce caractère farouche on
son crime ; par une sorte de renversement, Œdipe tire maintenant une funeste gloire de son reconnaît la fille du farouche Œdipe (l. 20) ; l’adjectif souligne ainsi l’intransigeance de 122 l’un
malheur et réclame le plus terrible des châtiments : Qu’on me chasse, qu’on m’achève, qu’on me comme de l’autre : Œdipe convaincu de crimes horribles s’est crevé les yeux, n’ayant aucune
lapide, qu’on abatte la bête immonde (l. 33-34) ; le héros ne fera jamais le choix de l’humilité ni indulgence ni pitié pour lui-même ; Antigone a choisi comme ligne de conduite la fidélité à la
famille et aux lois éternelles (l. 10) et aucun des arguments de Créon ne la fléchira, pas même la ouvrage (l. 82). Créon sait que c’est un métier odieux (C’est le métier qui le veut, l. 74) mais à
peur de la mort : Elle ne sait pas céder au malheur (l. 21). 7. La valeur suprême aux yeux partir du moment où il a accepté de le faire, il joue le jeu (Mais si on le fait, il faut le faire
d’Antigone est l’amour ; et elle choisit l’amour fraternel et non la haine contre son frère Polynice comme cela, l. 75-76). 6. a. J’ai dit oui signifie que Créon est prisonnier des mécanismes du
qu’elle se refuse à traiter en ennemi : Moi, je suis née pour partager l’amour et non la haine pouvoir, il lui est impossible de reculer, il ne peut plus qu’accomplir son métier de roi. b.
(l. 36). Sa dernière réplique sonne comme une maxime généreuse et universelle. 8. En principe, Antigone juge cette acceptation comme une aliénation et la pire des compromissions (Moi, je
une loi est faite pour être respectée et non pour être transgressée ; la loi commune à tous les peux dire « non » encore à tout ce que je n’aime pas et je suis seul juge, l. 85-86). 7. Créon
membres de la cité, de l’État, est ce qui fonde cette cité, cet État ; sans elle, aucune civilisation menace Antigone verbalement (C’est peut-être ce que je devrais faire après tout, tout
ne se développe, c’est le règne de l’anarchie et de l’insécurité. Mais si le pouvoir qui instaure simplement, te tordre le poignet, te tirer les cheveux comme on fait aux filles dans les jeux, l. 61
cette loi est illégitime et despotique, on peut discuter cette loi et la transgresser : ceux qui n’ont à 64) et physiquement, comme en témoignent les didascalies (lui serre le bras, l. 38 ; qui serre
pas dénoncé les juifs mais qui les ont aidés et sauvés sous le régime de Pétain étaient des hors-la- plus fort, l. 56), mais paradoxalement on sait qu’il fait cela pour l’empêcher de mourir. Créon
loi, mais ils l’ont fait au nom de valeurs supérieures d’humanité et d’amour, de valeurs éternelles joue au jeu du plus fort mais cette pratique s’avère inefficace et ne saurait intimider la jeune fille
et immuables. Enrichir son vocabulaire 9. a. légiférer. b. déloyal. c. légal. d. illicite. qui vient de découvrir qu’elle n’est plus une enfant mais une adulte qui n’a de comptes à rendre à
e. illégitimes. f. loyauté. Une mort annoncée Jean Anouilh, Antigone Livre de l’élève p. 166 personne. 8. a. Antigone provoque Créon et lui tient tête : Hé bien, tant pis pour vous. Moi, je
Objectifs • Étudier une scène d’exposition originale. • Découvrir la mise en œuvre du tragique n’ai pas dit « oui » (l. 83) ; Qu’est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique,
moderne. Analyser le texte 1. Le Prologue, à travers le pronom vous (l. 4), s’adresse aux votre nécessité, vos pauvres histoires ? (l. 83 à 85). Elle n’accepte aucune contrainte et a pris
spectateurs, parmi lesquels il s’inclut en utilisant le pronom nous (l. 15). Le passage d’un conscience de son inaliénable liberté : : Moi je peux dire « non » encore à tout ce que je n’aime
pronom à l’autre traduit l’ambiguïté du personnage du Prologue, qui se présente à la fois comme pas et je suis seul juge (l. 85-86). b. À la fin de l’échange, les rôles se sont inversés : Créon se
intermédiaire entre les spectateurs et le monde de la fiction et comme un spectateur privilégié. 2. pose en roi bafoué qui écoute sa nièce (l. 67), tandis qu’Antigone, méprisant sa couronne, ses
Les expressions qui montrent que l’on est au théâtre sont : Ces personnages vont vous jouer gardes, son attirail (l. 86), affirme sa supériorité et son pouvoir : Antigone est libre, et c’est dans
l’histoire d’Antigone (l. 4-5), il va falloir qu’elle joue son rôle (l. 12-13), depuis que ce rideau cette liberté que se situe sa victoire. Enrichir son vocabulaire 10. a. politesse. b. politicien.
s’est levé (l. 13). La représentation a lieu le soir (ce soir, l. 16). 3. Un décor neutre est un décor c. policier. d. nécropole. e. mégapole. f. métropole. g. métropolitain. L’impossible choix
qui ne permet de situer l’action ni dans le temps ni dans l’espace ; la pièce pourrait donc se Euripide, Andromaque Livre de l’élève p. 170 à 172 Objectifs • Découvrir un tragique grec :
dérouler en tous temps ou en tous lieux, elle revêt de ce fait une dimension universelle. En même Euripide. • Étudier le traitement de la légende d’Andromaque dans le texte d’Euripide. •
temps, cette sobriété du décor permet d’établir un contact direct entre le spectateur et le texte. 4. Analyser la dimension pathétique de la scène. Préparer la lecture 1. La guerre de Troie est la
Antigone est caractérisée par sa jeunesse, traduite par la répétition de l’adjectif jeune (l. 8 et 11), guerre qui mit aux prises les Grecs et les Troyens suite à l’enlèvement d’Hélène, l’épouse de
et par un physique quelque peu ingrat (la petite maigre, l. 5 ; la maigre jeune fille noiraude, l. 7- Ménélas, roi de Sparte, par le prince troyen Pâris. Pour venger l’affront, les principaux chefs
8). Les termes qui ne dit rien (l. 6), renfermée (l. 8), que personne ne prenait au sérieux dans la achéens (grecs), Agamemnon, Ulysse, Achille s’unirent à Ménélas et montèrent une expédition
famille (l. 8-9) soulignent la marginalité de la jeune fille ; les verbes surgir (l. 7), se dresser (l. 9) contre Troie qu’ils assiégèrent pendant dix ans. La ville résista grâce à la bravoure d’Hector,
évoquent sa volonté d’agir en dépit des obstacles. Le portrait d’Ismène est ébauché dans ce frère de Pâris. Hector fut tué par Achille qui fut tué à son tour par une flèche de Pâris. Les Grecs
passage mais il apparaît d’emblée en contraste avec celui d’Antigone : Ismène est une jeune fille ne purent s’emparer de Troie qu’en usant d’un stratagème, celui du « cheval » qu’ils offrirent
bavarde (l. 14-15), ouverte aux autres, joyeuse : on la voit qui bavarde et rit avec un jeune aux Troyens et que ceux-ci introduisirent sans défiance dans la citadelle pour en faire hommage
homme (l. 14-15). 5. La présentation d’Antigone se clôt sur la mention de sa mort : Elle pense aux dieux. Les guerriers grecs, cachés dans le flanc du cheval, sortirent en pleine nuit et
qu’elle va mourir (l. 10) ; nous qui n’avons pas à mourir ce soir (l. 16) ; elle aurait bien aimé ouvrirent les portes de Troie à leurs compagnons d’armes. Priam et sa famille furent massacrés
vivre (l. 11). Le redoublement de l’adjectif seule (l. 9) met en avant sa solitude tragique. 6. a. dans leur palais, la ville fut incendiée et les femmes emmenées en esclavage. C’est ainsi
L’indice qui ne renvoie pas à l’Antiquité et constitue un anachronisme est Ils […] tricotent, qu’Andromaque, veuve d’Hector, devint la captive de Pyrrhus, fils d’Achille. 2. C’est Homère,
jouent aux cartes (l. 2). L’allusion aux cartes et au tricot renvoie à l’époque contemporaine. b. Le dans L’Iliade qui a fait le récit de cette guerre. 3. La métaphore est une figure de style qui
registre de langue est courant et familier, autant dans le lexique que dans la structure des phrases. rapproche deux éléments, le comparant et le comparé, pour en souligner la ressemblance. La
Des groupes comme la petite maigre (l. 5), il n’y a rien à faire (l. 11-12), sommes là bien métaphore n’utilise pas d’outil de comparaison (La mer [comparé] est un miroir [comparant]).
tranquilles (l. 15-16), la présence des présentatifs c’est (l. 5) et Voilà (l. 4) donnent une L’anaphore est la répétition d’un mot ou d’un groupe de mots en début de vers ou de phrase.
coloration familière au discours. Les spectateurs se sentent ainsi proches des personnages. 7. Le Dégager l’essentiel a. Andromaque a caché son fils et trouvé refuge dans un temple parce que
Prologue supprime tout effet de surprise possible, il n’y a aucun doute sur l’issue de la pièce, pas Hermione, épouse de Néoptolème, désire sa mort ainsi que celle de l’enfant qu’Andromaque a eu
la moindre chance laissée à l’espoir. La question que peut dès lors se poser le spectateur 123 avec son époux. b. Ménélas, père d’Hermione, a retrouvé l’enfant 125 Héros et héroïnes
Héros et héroïnes tragiques ce n’est pas de savoir si Antigone va mourir, mais pourquoi et à quel tragiques qu’il conduit devant Andromaque en exerçant un terrible chantage sur elle : si elle sort
moment elle va mourir. L’intérêt de la pièce réside principalement dans l’émotion éprouvée par du temple et accepte de mourir, son enfant aura la vie sauve, dans le cas contraire il sera tué. c.
le spectateur face au tragique. Le sort d’Antigone, soumise à la marche inéluctable du destin, Andromaque choisit de préserver la vie de son enfant, elle se livre donc. d. Mais elle tombe dans
fera naître en lui terreur et pitié, mais en même temps le renverra à lui-même et à son destin qui un piège : une fois qu’elle est sortie du temple, Ménélas lui annonce que son enfant n’est pas
le conduit lui aussi inéluctablement vers la mort. Enrichir son vocabulaire 8. Le suffixe péjoratif pour autant sauvé, c’est Hermione qui décidera de son sort. Analyser le texte 1. En entendant les
dans noiraude est -aud(e). 9. a. lourdaud. b. jaunâtre. c. blondasse. d. chauffard. e. ferraille. f. paroles de Ménélas, Andromaque exprime sa douleur et le tragique de sa destinée : elle qui a
mangeaille. g. traînasser. h. mollasse. i. pleurnichard. j. discutailler. Le pouvoir de dire « non » déjà perdu son mari adoré, Hector, est maintenant sur le point de perdre son fils, le seul bien qui
Jean Anouilh, Antigone Livre de l’élève p. 167 à 169 Objectifs • Comparer l’Antigone de lui restait. 2. a. Andromaque désigne son fils par la métaphore l’œil de ma vie (v. 17). b.
Sophocle avec celle d’Anouilh. • Analyser le conflit entre Antigone et Créon. Préparer la lecture Andromaque n’hésite pas à se sacrifier pour sauver son fils : Ma misérable vie ne vaut pas un tel
1. Le principal devoir à rendre aux morts était la sépulture car le défunt qui en était privé errait, prix (v. 19), ce qui signifie que sa vie ne vaut pas celle de son enfant. c. La figure de style
croyait-on, sur les rives des fleuves des Enfers, sans jamais connaître le repos. Quand une utilisée est une énumération de termes appartenant au champ lexical de la mort violente. 3.
personne meurt, on lave et on parfume son corps, on place dans sa bouche l’obole qui sert à Andromaque a souffert de la perte de son mari égorgé, traîné aux roues d’un char (v. 10) ; elle a
payer Charon, le nocher infernal. On brûle des parfums dans des vases, on dispose les offrandes, assisté à la ruine de Troie (moi qui vis Troie impitoyablement brûlée, v. 11) ; elle a été emmenée
on chante des chants funèbres. Le cadavre est inhumé dans une fosse ou dans un sarcophage. On comme captive par les Grecs (moi qui vins en esclave aux navires des Grecs, v. 12), elle a été
enterre avec le mort des objets familiers, on verse des libations et on fait un sacrifice sur sa violentée (traînée par les cheveux, v. 13) et enfin unie aux meurtriers d’Hector (v. 14). Le
tombe, surmontée d’un tumulus de terre ou d’une stèle où l’on dispose couronnes et bandelettes. pathétique est marqué par les phrases de type exclamatif (Hélas, quel lot cruel tu m’obliges à
2. L’Antigone de Sophocle s’affronte à Créon pour obéir aux lois divines qu’elle considère tirer !, v. 4 ; comme je suis traitée !, v. 6), les interjections (Hélas, v. 4 ; Ah !, v. 5), l’apostrophe
supérieures saux lois humaines : elle se doit en effet d’enterrer son frère pour assurer à son âme (Ô ma déplorable patrie, v. 5), les phrases de type interrogatif (Que m’a servi d’avoir un fils
le repos éternel de l’Hadès. Dégager l’essentiel a. Créon tente de détourner Antigone de son […] ?, v. 6 ; Mais à quoi bon pleurer ainsi ?, v. 8 ; Quelle joie puis-je avoir à vivre ?, v. 15),
projet en lui expliquant que les rites funéraires ne signifient rien et que les gestes des prêtres sont l’anaphore (moi qui vis ; moi qui vis ; moi qui vins, v. 10 à 12) et surtout le lexique du malheur
privés de sens. Il ajoute que toute politique est hypocrisie et lui montre que, malgré sa et de la violence (malheurs, v. 5 ; déplorable, v. 5 ; misère, v. 7 ; pleurer, v. 8 ; les maux, v. 8 ;
répugnance, il a été obligé pour l’exemple de laisser pourrir au soleil le corps de Polynice. Rien égorgé, v. 10 ; traîné, v. 10 ; impitoyablement brûlée, v. 11 ; traînée, v. 13 ; malheur, v. 16). 4. a.
ne justifie plus le sacrifice d’Antigone. b. Créon dit cela pour sauver Antigone, pour ne pas se Les paroles adressées par Andromaque à son fils sont pathétiques, elles inspirent de la
trouver contraint de la faire mourir si elle s’obstine. c. Antigone répond à Créon qu’il ne pourra compassion : Andromaque évoque en effet la mise au monde de l’enfant (Ô mon petit, moi qui
pas la sauver parce qu’elle est libre ; et son acte, même privé de sens, est la manifestation de sa t’ai mis au monde, v. 25) en même temps que sa propre mort (je descends vers l’Hadès, v. 26). b.
liberté. Elle peut encore dire « non » à tout ce qu’elle n’aime pas. En cela, elle a du pouvoir sur Andromaque se plaît à imaginer une scène de tendresse : son fils serré dans les bras de son père
Créon qui est soumis aux nécessités politiques. Analyser le texte 1. a. L’Antigone de Sophocle Néoptolème et pleurant sa mère (v. 28 à 30). Le vocabulaire de la tendresse contribue à
(p. 164) est allée enterrer son frère pour des raisons religieuses. Elle obéit aux lois non écrites l’émotion : mon petit (v. 25), tu embrasseras ton père (v. 28), serre-le en pleurant contre toi
(l. 8), immuables, émanées des dieux (l. 8-9). b. Suite au discours de Créon, l’Antigone (v. 29). c. Andromaque demande à son enfant de ne pas l’oublier quand elle ne sera plus de ce
d’Anouilh est ébranlée dans ses convictions : lorsque Créon lui demande pourquoi elle persiste à monde (souviens-toi de ta mère, v. 27) ; elle veut que lui et son père se souviennent de son geste
faire son geste, elle répond : Pour personne. Pour moi (l. 21). c. Les deux Antigone sont (dis-lui ce que j’ai fait, v. 30). 5. a. Ménélas a menti en faisant croire à Andromaque que son
tragiques parce que pour toutes les deux la mort est inéluctable. 2. a. Créon ne croit pas à la enfant serait sain et sauf si elle se livrait, or il n’en est rien. Cette conduite est odieuse. b. Il traite
valeur religieuse des rites funèbres : il révèle à Antigone la dérision du cérémonial (l. 1 à 6). b. Il Andromaque avec brutalité (Saisissezmoi cette femme […]. Tenez-la, v. 33), se montre sans pitié
utilise des termes dévalorisants et familiers qui prennent une dimension irrévérencieuse à son égard en lui annonçant qu’elle sera tuée (v. 37-38) et que la vie ou la mort de son fils
s’agissant de la mort : Tu leur as déjà entendu la réciter, aux prêtres de Thèbes, la formule ? (l. 3- dépend d’Hermione (l. 39-40). Enfin, il la traite d’esclave (toi l’esclave, v. 42), alors qu’elle est
4) ; bâclant ce mort pour en prendre un autre avant le repas de midi (l. 5-6). 3. Le niveau de une princesse troyenne. 6. On peut prendre un certain plaisir à voir ou lire des scènes tristes, cela
langage utilisé dans la pièce est courant, voire familier. Anouilh ne respecte pas le registre permet de ressentir des émotions fortes et de s’identifier au personnage, notamment si l’on est
habituel du genre tragique : des expressions comme petite peste (l. 42), petite furie (l. 53), une soi-même malheureux ; dans le cas contraire on éprouve de la compassion tout en appréciant le
bonne brute ordinaire de tyran (l. 43-44), il faut que cela pue le cadavre de Polynice (l. 71-72) fait qu’un tel malheur nous est épargné. Enrichir son vocabulaire 7. a. saule pleureur. b. pleurer.
créent un effet de décalage. 4. Le Créon d’Anouilh est plus humain que celui de Sophocle. c. déploré. d. déplorable. e. éplorée. f. implore. g. implorante. Le dilemme tragique Jean Racine,
Antigone n’a pas devant elle un tyran intransigeant mais un homme qui tente de sauver sa nièce. Andromaque Livre de l’élève p. 173 à 175 Objectifs • Comparer le traitement de la légende
Créon aime bien Antigone parce que la rigueur de la révoltée lui rappelle sans doute sa jeunesse d’Andromaque dans les pièces d’Euripide et de Racine. • Analyser le dilemme tragique dans la
(Dieu sait si j’aimais autre chose dans la vie que d’être puissant, l. 78-79). Antigone lui 124 dit pièce de Racine. 126 Préparer la lecture 2. La pièce d’Euripide date de 424 av. J.-C., celle de
qu’Il fallait dire non, alors ! – Je le pouvais (l. 80-81), répond-il. 5. Créon est devenu un jour roi Racine de 1667 : vingt siècles séparent ces deux pièces. 3. Un dilemme est une obligation de
(Un matin je me suis réveillé roi de Thèbes, l. 78), il a accepté cette fonction qu’il aurait pu choix entre deux propositions contraires ou contradictoires et qui comportent l’une et l’autre des
refuser et qu’il exerce à contrecœur, mais il se compare à un ouvrier qui ne peut refuser un inconvénients. L’anaphore est la répétition d’un mot ou d’un groupe de mots en début de vers ou
de phrase. Dégager l’essentiel a. Si elle épouse Pyrrhus, Andromaque trahit la mémoire de son est le fiancé d’Antigone. Créon est un homme robuste, aux cheveux blancs […]. Il a des rides, il
époux défunt Hector et la foi éternelle qu’elle lui a jurée. b. En même temps, elle condamne son est fatigué (p. 11). – Étéocle et Polynice sont les deux frères d’Antigone : Étéocle est l’aîné,
fils à mort si elle refuse de l’épouser. En effet, Pyrrhus garantirait par ce mariage le salut de son Polynice le cadet. La nourrice a élevé Antigone et Ismène. – Antigone est une maigre jeune fille
fils menacé par les Grecs qui réclament sa mort. c. Sa confidente Céphise lui conseille d’accepter noiraude et renfermée (p. 9). Tout l’oppose à sa sœur, la blonde, la belle, l’heureuse Ismène
ce mariage avec Pyrrhus. d. Andromaque suspend sa décision pour aller se recueillir sur la tombe (p. 10). – Hémon est un jeune homme caractérisé par son goût de la danse et des jeux, son goût
d’Hector. Analyser le texte 1. Dans la pièce de Racine, le nom de la Phthie, royaume de Pyrrhus, du bonheur et de la réussite, sa sensualité (p. 10). – Eurydice est une vieille dame qui tricote
est l’Épire ; le nom de Néoptolème est Pyrrhus. 2. Dans la pièce d’Euripide, le père du fils […]. Elle est bonne, digne, aimante (p. 11). – Le Messager est un garçon pâle (p. 12). – Les
d’Andromaque est Pyrrhus, dans celle de Racine, c’est Hector. Les situations sont donc gardes sont trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes et qui sentent l’ail, le cuir et le vin
différentes. L’enfant s’appelle Molossos dans la pièce d’Euripide, Astyanax dans la pièce de rouge (p. 12). – Le page est trop petit (p. 12). – Étéocle est le bon frère ; Polynice est le vaurien,
Racine. Dans la pièce d’Euripide, c’est Hermione, épouse de Pyrrhus, qui demande la mort de le révolté, le voyou (p. 13). b. Les personnages dont la mort est annoncée sont : Antigone (p. 9),
l’enfant ; dans la pièce de Racine, ce sont les Grecs : ils craignent que l’enfant troyen ne venge Hémon (p. 12), Eurydice (p. 11). 4. Avant le début de l’action, le Prologue expose la situation en
un jour son père. 3. a. Dans la pièce d’Euripide, Andromaque fait le choix de se rendre à résumant les événements passés (scène d’exposition) : à la mort de leur père Œdipe, le roi de
Ménélas et de quitter le temple de Thétis où elle s’est réfugiée pour échapper à la mort. Elle Thèbes, les deux frères, Étéocle et Polynice, devaient régner un an chacun à tour de rôle (p. 12),
tombe évidemment dans un piège puisque Ménélas ne respecte pas les termes de l’ultimatum mais Étéocle l’aîné a refusé de céder la place à son frère (p. 13) ; une guerre fratricide a eu lieu,
qu’il lui a adressé, à savoir que son fils aurait la vie sauve si elle acceptait de se sacrifier pour lui. Polynice ayant appeler à son secours sept princes étrangers qui ont été défaits ; les deux frères
Or, au moment où elle se livre, il lui annonce que la vie de l’enfant reste entre les mains sont morts au combat ; le nouveau roi, leur oncle Créon, a décrété que Polynice serait enterré
d’Hermione qui peut décider de le faire mourir : Pour ton enfant, ma fille en sera juge / qu’elle avec les honneurs et Étéocle abandonné sans sépulture : Quiconque osera lui rendre les honneurs
décide ou non de le faire mourir (v. 39-40, p. 171). b. Dans la pièce de Racine, Andromaque peut funèbres sera impitoyablement puni de mort (p. 13). Pages 13 à 53 5. a. L’action débute à l’aube
faire le choix d’épouser ou non Pyrrhus, mais cette liberté de choix est bien réduite, voire (didascalie, p. 13). Antigone vient de l’extérieur : de me promener, nourrice (p. 14). b. La
inexistante, puisque de ce choix dépend la vie de son fils, Astyanax. 4. a. L’Andromaque de nourrice est en colère car Antigone lui laisse croire qu’elle avait un rendez-vous nocturne avec
Racine se trouve face à un dilemme tragique : trahir Hector en épousant Pyrrhus ou causer la un amoureux (p. 17). 6. a. Ismène veut convaincre sa sœur de ne pas enterrer Étéocle. Elle a
perte de son fils Astyanax. b. Ses hésitations se traduisent par ses revirements, d’un vers à d’abord peur de la mort : Je ne veux pas mourir (p. 24). Elle trouve que cet acte serait insensé :
l’autre : Non, tu ne mourras point (v. 40), Allons trouver Pyrrhus (v. 41), suivi immédiatement j’ai bien réfléchi (p. 24), J’ai raison plus souvent que toi (p. 25). Elle cherche un compromis : j’ai
d’un Mais non (v. 41) qui est une première forme de rétractation puisqu’Andromaque demande à pitié moi aussi de mon frère, mais je comprends un peu notre oncle (p. 24) ; et elle tente de
Céphise d’aller trouver Pyrrhus à sa place. Un second revirement s’ensuit, traduit par des justifier la décision de Créon : Il est le roi, il faut qu’il donne l’exemple (p. 25). Enfin elle lui
phrases : – de type interrogatif : Andromaque n’est plus sûre de pouvoir engager sa foi à demande si elle n’a pas envie de vivre (p. 28), lui parle de son bonheur futur avec Hémon (p. 30).
Pyrrhus : Hélas ! pour la promettre est-elle encore à moi ? (v. 44) ; – de type exclamatif : quatre b. À chaque argument, Antigone répond par un refus en reprenant les mots de sa sœur : Moi
apostrophes, mêlant morts et vivant : Ô cendres d’un époux ! Ô Troyens ! Ô mon père ! / Ô mon aussi j’aurais bien voulu ne pas mourir (p. 24) ; Il y a des fois où il ne faut pas trop réfléchir
fils, que tes jours coûtent cher à ta mère ! (v. 45-46). 5. a. Andromaque garde en mémoire (p. 24), Je ne veux pas avoir raison (p. 25) ; Moi je ne veux pas comprendre un peu (p. 25) ; Moi,
l’image de Pyrrhus pénétrant dans Troie en flammes. L’évocation de cette nuit qu’Andromaque je ne suis pas le roi. Il ne faut pas que je donne l’exemple, moi (p. 25) ; Pas envie de vivre…
qualifie de cruelle (v. 1) et d’éternelle (v. 2) revêt un caractère épique et visionnaire, notamment (p. 28, Antigone démontre au contraire son envie de vivre), Hémon sera tout à l’heure une affaire
par la quadruple reprise anaphorique des termes Songe, songe (v. 1 et 7) et la présence obsédante réglée (p. 30). À l’issue de la discussion, Ismène n’a pas convaincu Antigone (p. 31). 7.
de la couleur rouge. La figure de Pyrrhus, incarnant cette couleur associée au feu et au sang, Antigone annonce à Hémon qu’elle ne pourra jamais l’épouser : jamais, jamais, je ne pourrai
revêt un caractère hallucinatoire (les yeux étincelants, v. 3 ; Et de sang tout couvert, v. 6). Il se t’épouser (p. 44). 8. Antigone révèle à Ismène qu’elle a enfreint l’ordre de Créon en recouvrant
confond, dans une vision saisissante avec les flammes qui assaillent la ville en cette nuit. Le de terre son frère : Ce matin, quand tu m’as rencontrée, j’en venais (p. 46). 9. Le garde vient
champ lexical de la violence guerrière et de la mort (carnage, v. 6 ; mourants, v. 7 ; fer, étouffés, avertir Créon qu’on avait recouvert (p. 49) le cadavre et enfreint son ordre. Le roi donne alors
expirants, v. 8 ; crimes, v. 13 ; victimes, v. 14) ainsi que le recours constant aux pluriels (nos l’ordre de ne pas le révéler sous peine de mort et de doubler la garde pour arrêter le coupable
palais, v. 4 ; mes frères morts, v. 5 ; des vainqueurs, v. 7 ; des mourants, v. 7) amplifie la valeur (p. 52). Pages 53 à 97 10. Le Chœur s’adresse au public et donne sa conception de la tragédie en
dramatique de la scène. b. La série d’impératifs (Songe, songe..) a pour effet d’impliquer la l’opposant au drame : C’est propre, la tragédie. C’est reposant, c’est sûr […] parce qu’on sait
confidente, et à travers elle, le spectateur. Andromaque, après la longue évocation des horreurs qu’il n’y a plus d’espoir […] qu’on est enfin pris comme un rat […] et qu’on n’a plus qu’à crier
de cette nuit et avec la répétition de Voilà, justifie aux yeux de Céphise sa rancune et son refus (p. 54). La tragédie repose sur le caractère inéluctable et irrémédiable du dénouement, elle place
d’épouser Pyrrhus. 6. La seconde image qui vient à l’esprit d’Andromaque forme un contraste le spectateur dans le « confort » paradoxal du désespoir complet. 129 Héros et héroïnes tragiques
avec la précédente. 127 Héros et héroïnes tragiques Il s’agit d’un souvenir intime, lumineux, à la 11. a. Créon veut convaincre Antigone de vivre car il veut la sauver. b. Pour Créon, le pouvoir
fois tendre et douloureux : la vision d’Hector. Cette image est tragique, mais elle console implique de se plier à la raison d’État. Il faut qu’il y ait des gens qui disent oui et qui mènent la
Andromaque dans sa détresse. Le ton se fait élégiaque sans être larmoyant : on note les phrases barque (p. 81). Détenir le pouvoir c’est assumer des responsabilités qui peuvent déplaire, mais
de type exclamatif et interrogatif, les interjections Ah ! (v. 18), Hélas (v. 22), et, associé aux que l’on n’a ni la liberté ni le choix de refuser. Sa conception du bonheur est celle d’un bonheur
figures du fils et du père, le lexique de l’amour et de la tendresse qui renvoie aux jours heureux : simple, quotidien : Un livre qu’on aime, […] un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu’on tient
ce fils, ma seule joie (v. 20), le prit dans ses bras (v. 24), Chère épouse (v. 25), ma foi (v. 27), bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison (p. 92). c. Antigone s’oppose
heureux hymen (v. 29), tu chérissais (v. 30). 7. a. Andromaque fait revivre Hector en rapportant à Créon sur la question de la politique et de ses compromissions et sur la question du bonheur.
ses paroles au style direct. En même temps, les paroles d’Hector revêtent un caractère solennel Au « oui » de l’homme mûr engagé dans les réalités de la vie et de ses fonctions de roi, elle
puisqu’Andromaque répète les derniers mots qu’il a prononcés avant de mourir. b. Hector oppose le « non » d’une adolescente révoltée : Moi, je n’ai pas dit « oui » ! Qu’estce que vous
demande à Andromaque de prendre soin de son fils, gage (v. 27), de sa flamme (v. 21) et de sa voulez que cela me fasse, à moi, votre politique (p. 78) ; Je ne veux pas comprendre. C’est bon
foi (v. 27) et de l’aimer comme un second lui-même (Montre au fils à quel point tu chérissais le pour vous (p. 82). Antigone refuse le bonheur que Créon lui vante et défend comme un os
père, v. 30). c. L’enfant représente désormais pour Andromaque l’image d’Hector (v. 20) : le (p. 94), cette petite chance pour tous les jours, si on n’est pas trop exigeant (p. 94). Elle, au
sentiment maternel renvoie au sentiment amoureux. 8. Les hésitations d’Andromaque concernant contraire, elle est exigeante, elle veut tout, tout de suite (p. 95), elle veut vivre ses rêves
son mariage avec Pyrrhus s’expliquent par le devoir de mémoire dont elle est investie, mais en d’enfance (que cela soit aussi beau que quand j’étais petite – ou mourir, p. 95) ; elle veut l’amour
même temps son devoir de mère devrait l’inciter à accepter son offre et à préserver la vie de absolu que l’on vit en dehors du temps : si Hémon change, elle ne pourra plus l’aimer : si Hémon
l’enfant. Enrichir son vocabulaire 9. 1. exécrer > g. détester. 2. expirer > b. rendre le dernier ne doit plus pâlir quand je pâlis, s’il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq
soupir. 3. expulser > e. chasser par la force. 4. exterminer > a. faire périr jusqu’au dernier. 5. minutes […], alors je n’aime plus Hémon (p. 93). d. Antigone justifie successivement son acte
extorquer > c. obtenir sous la menace et par la force. 6. exécuter > d. faire mourir par décision par une raison religieuse (p. 65-66) ; une raison affective : c’était mon frère (p. 66) ; une raison
de justice. 7. exacerber > f. porter à son plus haut point. 10. a. pyromane : personne qui obéit à égoïste : Pour personne. Pour moi (p. 73). Elle choisit finalement de mourir par exigence
une impulsion maladive d’allumer des incendies. b. pyrotechnie : technique de la fabrication et d’absolu et dégoût devant la vie de compromissions qui l’attend : Vous me dégoûtez tous avec
de l’utilisation des feux d’artifice. c. pyrogravure : gravure sur bois réalisée à l’aide d’une pointe votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte (p. 94-95). Pages 97 à 123 12.
métallique incandescente. d. pyrex : verre résistant à la chaleur. e. pyrolyse : décomposition Quand Ismène apprend l’arrestation d’Antigone, elle souhaite mourir avec elle (p. 97) ; mais
chimique provoquée par la chaleur. Histoire des Arts 1. Page 173 : Jean-Louis Martinelli (né en Antigone refuse avec hauteur : Ah ! non. Pas maintenant. Pas toi ! […] Ce serait trop facile
1951) met en scène Andromaque en 1997, au théâtre national de Strasbourg qu’il dirige de 1993 (p. 98). 13. Hémon demande à son père de gracier Antigone (p. 101). Mais Créon invoque la
à 2000. Sylvie Milhaud tient le rôle d’Andromaque. Andromaque est sur scène vêtue d’une robe raison d’État et la loi : Je suis le maître avant la loi. Plus après (p. 102). Hémon sort de scène en
blanche recouverte d’une tunique en tissu fin aux plissés travaillés. Page 174 : mise en scène de criant son amour pour Antigone (p. 105) : il est éperdu de douleur et d’amour, profondément
Jean-Louis Martinelli au théâtre des Amandiers (qu’il dirige à partir de 2002) à Nanterre. La déçu par son père. 14. Le Chœur ne réussit pas à convaincre Créon d’épargner Antigone (p. 105).
pièce a été représentée en 2003 avec Sylvie Milhaud dans le rôle d’Andromaque et Julie Recoing 15. a. Le garde ne se préoccupe pas du sort d’Antigone : il songe à sa carrière (p. 108 à 110). b.
dans le rôle de Céphise. Andromaque porte une robe de couleur bordeaux recouverte d’une cape Antigone lui dicte une lettre pour Hémon ; elle regrette la vie, et avoue : Je ne sais plus pourquoi
bleue, Céphise est vêtue de blanc. 2. Page 173 : Andromaque est appuyée contre un mur, une je meurs… (p. 116). Mais elle demande soudain au garde de rayer ces mots et d’écrire
main sur la poitrine ; ses yeux sont fermés, son expression est tragique mais le jeu reste d’une seulement : Pardon, mon chéri (p. 116). Elle a l’impression de se mettre à nu, et préfère le
grande sobriété. Page 174 : le regard de Sylvie Milhaud exprime une grande douleur ; mais cette silence. 16. Le messager vient annoncer la mort d’Antigone et le suicide de Hémon : il se plonge
douleur reste contenue et on devine le caractère volontaire du personnage qui entend rester l’épée dans le ventre et il s’étend contre Antigone, l’embrassant dans une immense flaque rouge
inébranlable aux avances de Pyrrhus. Elle regarde au loin, vers un au-delà où se trouve Hector, (p. 119). Puis il annonce le suicide d’Eurydice (p. 120). 17. L’action s’achève à l’heure du
l’époux défunt, à qui elle va demander conseil. Céphise lui prend la main et l’exhorte à vivre. conseil : cinq heures (p. 122). Créon reste seul en scène avec le petit page. Il se résigne alors à
Son regard calme et profond, l’expression de son visage traduisent sa volonté de faire entendre à continuer son métier de roi : si nous avons conseil, petit, nous allons y aller (p. 122). 18. Seuls
Andromaque la voix de la raison. 3. On pourrait associer à l’image de la page 173 le vers 18. On restent en scène les trois gardes, indifférents à la tragédie qui vient de se jouer : Eux, tout ça, cela
pourrait associer à l’image de la page 174 les vers 47 à 50. Lire une œuvre complète Antigone de leur est égal, dit le Chœur (p. 123). Synthèse littéraire a. Antigone est présentée par le Prologue
Jean Anouilh Livre de l’élève p. 176 Le guide de lecture Pages 9 à 13 1. Le Prologue, comme une maigre jeune fille noiraude et renfermée (p. 9) ; elle n’est pas coquette : Toujours
personnage chargé de présenter les personnages avant l’action, s’adresse directement au public : avec la même robe et mal peignée (p. 17) ; enfant, elle était jalouse de la beauté de sa sœur, elle
Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone (p. 9). 2. L’action se situe à Thèbes, dans est peu sûre de son pouvoir de séduction et pourtant elle a un charme qui rendra Hémon
l’antiquité mythique de la Grèce : devant les sept portes de Thèbes (p. 13). 128 3. a. Les amoureux d’elle (p. 10). Elle aime la vie (elle aussi, elle aurait bien aimé vivre, p. 9). La nourrice
personnages présents en scène sont Antigone, Créon, son page, Ismène, Hémon, Eurydice, la déplore son sale caractère (p. 20), elle-même, face à Hémon, reconnaît son mauvais caractère (p.
nourrice, le Messager, les trois gardes. Les personnages évoqués sont : Œdipe et ses fils, Étéocle 43). Elle est entière, passionnée (Moi, je veux tout, tout de suite, – et que ce soit entier, – ou
et Polynice ; les sept grands princes étrangers (p. 13) qui ont soutenu la cause de Polynice. – alors je refuse !, p. 95), rebelle, elle ne veut dépendre de rien ni de personne (Toujours
Créon est l’oncle d’Antigone et d’Ismène, l’époux d’Eurydice et le père de Hémon ; ce dernier comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre, p. 26), elle est celle qui dit non (Moi, je peux dire
« non » encore à tout ce que je n’aime pas et je suis seul juge, p. 78). b. Antigone au début de la pronominal s’entre-tuer, s’accorde au masculin pluriel avec les sujets du verbe, Étéocle et
pièce s’oppose à son oncle pour accomplir un rituel familial et religieux, enterrer son frère (Je le Polynice. Le participe passé gagnés, conjugué avec l’auxiliaire avoir, s’accorde avec le COD
devais tout de même. 130 Ceux qu’on n’enterre pas errent éternellement sans jamais trouver de placé avant le verbe, le pronom relatif que mis pour l’antécédent 132 Sept grands princes
repos, p. 65-66). Mais Créon va détruire ses arguments un à un, saccageant ses valeurs au nom étrangers : l’accord se fait donc au masculin pluriel. Le participe passé défaits, conjugué avec
de la raison d’État et de l’acceptation du monde et de ses compromissions. À la fin, elle choisit la l’auxiliaire être, s’accorde avec le sujet du verbe Sept grands princes étrangers : l’accord se fait
mort pour quitter un monde sans valeurs qu’elle ne peut accepter (p. 94-95). On la voit douter de donc au masculin pluriel. Le participe passé sauvée, conjugué avec l’auxiliaire être, s’accorde
son choix dans la dernière scène avec le garde : Je le comprends seulement maintenant combien avec le sujet du verbe la ville : l’accord se fait donc au féminin singulier. 3. Les mots sept et
c’était simple de vivre (p. 115). C’est un revirement total qui l’amène à avouer : Je ne sais plus deux sont des déterminants numéraux cardinaux et sont invariables. 4. Le sujet grammatical du
pourquoi je meurs (p. 115). Mais il est trop tard. c. Créon est un vieil homme robuste, aux verbe à la forme impersonnelle serait fait est le pronom personnel il ; le sujet réel de ce verbe est
cheveux blancs, solitaire et fatigué (p. 11). C’était un dilettante, cultivé qui aimait la musique, les le GN d’imposantes funérailles ; le verbe s’accorde avec le sujet grammatical. 5. Le verbe
belles reliures (p. 11) avant d’accepter la fonction royale. Il conçoit cette fonction comme un devaient a pour sujet le pronom relatif qui mis pour les noms antécédents Étéocle et Polynice : le
métier pour tous les jours et pas toujours drôle, comme tous les métiers (p. 69). L’ordre qu’il a verbe se met donc à la troisième personne du pluriel. Vocabulaire et figures de style Livre de
donné de laisser Polynice sans sépulture le dégoûte et le révolte, mais il le fait par raison d’État, l’élève, p. 180 9. Le lexique du destin a. mauvaise étoile. b. divine providence. c. sort. d. aléas de
pour faire un exemple et rétablir l’ordre. Le roi ne peut se permettre d’établir des distinctions la vie. e. destinées. f. fatalité. g. fortune. h. adversité. 10. Le lexique du malheur a. infortuné :
entre ses sujets, il ne peut donc faire une exception pour Antigone car Il est le roi, il faut qu’il malheureux. b. fatal : qui apporte la mort. c. funèbres : qui se rapportent aux funérailles. d.
donne l’exemple (p. 25). Il n’a pas la liberté de choix quand la loi est édictée, et il essaie de le funeste : qui apporte le malheur. e. sinistre : qui apporte le malheur. 11. Autour du mot chœur a.
faire comprendre à son fils qui le supplie de sauver Antigone : Je suis le maître avant la loi. Plus Ensemble des choreutes (ou choristes) qui déclament, en dansant, des vers lyriques destinés à
après (p. 102). La politique est selon lui une histoire sordide qui oblige à mentir au peuple (les présenter ou à commenter l’action dans une tragédie grecque. b. Ensemble, à l’unisson.
deux frères sont aussi coupables l’un que l’autre, p. 88-89) ; il faut faire des exemples c. Personne qui chante dans un chœur, c’est-à-dire dans un groupe de chanteurs. d. Société
particulièrement répugnants pour que le peuple respecte le pouvoir et que le calme revienne : musicale qui exécute des œuvres vocales, des chœurs. e. Art de composer des ballets, d’en régler
pour que les brutes que je gouverne comprennent, il faut que cela pue le cadavre de Polynice les figures et les pas. 12. L’accord et l’opposition Expressions exprimant un accord : a. Donner
dans toute la ville, pendant un mois (p. 77). Créon reconnaît que cela le dégoûte, mais quand on son assentiment. c. Établir un consensus. f. Constater une convergence de points de vue. h. Vivre
fait ce métier, il faut le faire comme cela (p. 77). e. Créon s’affronte avec Antigone sur la en bonne entente grâce à une compatibilité de caractères. i. Adhérer à un jugement. k. Tenter une
question du bonheur. Il espère la sauver en lui faisant entrevoir un bonheur paisible avec Hémon conciliation. Expressions exprimant un désaccord : b. Avoir un différend avec quelqu’un.
et en lui présentant le bonheur comme une petite chose dure et simple qu’on grignote, assis au d. Exposer des théories divergentes. e. Entrer en litige. g. Prendre le contre-pied. j. Avoir des
soleil. […] La vie, c’est un livre qu’on aime, c’est un enfant qui joue à vos pieds, […] un banc intérêts inconciliables. l. Vivre dans un climat de dissensions familiales. 13. Les figures de style
pour se reposer le soir devant sa maison (p. 91-92). Pour elle qui est éprise d’absolu, ce sont des a. Avec l’antithèse entre les deux termes vie et mort, associée au parallélisme de construction Tu
pauvretés (p. 92) qui la forceront à des compromissions : Qui devra-t-elle laisser mourir en as choisi […] et moi (sous-entendu : j’ai choisi), le personnage d’Antigone affirme son choix
détournant le regard ? (p. 92). Elle veut vivre avec Hémon un amour pur et parfait : si Hémon ne radicalement opposé à celui de sa sœur Ismène, dans la pièce d’Anouilh. b. Chez ce même
doit plus pâlir quand je pâlis, […] s’il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, […] alors je auteur, la métaphore filée du capitaine de bateau dans la tempête permet au personnage de Créon
n’aime plus Hémon (p. 93). f. Créon ne peut sauver Antigone malgré elle : Vous êtes le roi, vous d’expliquer à Antigone son métier de roi : les rois sont ceux qui mènent la barque et doivent tenir
pouvez tout, mais cela, vous ne le pouvez pas. […] Ni me sauver, ni me contraindre (p. 74). Il a bon coûte que coûte dans la tempête ; quand le pays est en proie aux troubles et plein de crimes,
pourtant tenté de le faire en essayant d’étouffer l’affaire et en tentant de raisonner Antigone, de bêtise, de misère, c’est comme un bateau qui prend l’eau de toutes parts ; le métier de roi ou
mais elle choisira la révolte et la mort en appelant elle-même les gardes (p. 97) : plutôt mourir de capitaine est difficile quand le gouvernail est là qui ballotte ; dans un contexte perturbé, le
que de renoncer à son désir de vivre passionnément. g. On relève certains anachronismes par peuple se livre à la paresse ou au pillage tout comme l’équipage qui ne veut plus rien faire, qui
rapport à l’Antiquité grecque : : Eurydice tricote (p. 11) ; Antigone demande du café à sa ne pense qu’à piller ; les cadres qui devraient soutenir l’action du roi sont semblables à ces
nourrice (p. 21) ; Polynice a des voitures, va dans les bars, fume des cigarettes (p. 87). Cela officiers égoïstes qui songent à sauver leur vie et sont déjà en train de se construire un petit
permet de situer la pièce en dehors du temps et de l’espace de l’Antiquité, et de moderniser le radeau confortable, rien que pour eux, pour échapper au naufrage ; la crise de l’État est évoquée
mythe, et par là de lui donner un caractère intemporel. Par ailleurs, certains personnages ne métaphoriquement dans la dernière phrase avec la tempête qui fait rage : Et le mât craque, et le
parlent pas comme des héros tragiques, mais utilisent un registre familier. La nounou dit ainsi à vent siffle, et les voiles vont se déchirer. Cette métaphore filée du bateau dans la tempête met en
Antigone : Ah ! c’est du joli ! c’est du propre ! […] donnezvous du mal pour les élever ! Elles valeur de manière frappante et imagée les difficiles contraintes du métier de roi, non sans une
sont toutes les mêmes (p. 17). Elle dit de la chienne : Et si elle pisse sur mes tapis ? (p. 35). Les certaine grandeur. c. Dans la pièce de Cocteau, le parallélisme de construction d’une chose
gardes parlent un langage trivial : Non, entre nous qu’on rigole… Avec les femmes, il y a impossible à entendre / d’une chose impossible à dire retarde encore la révélation du Berger, en
toujours des histoires, et puis les moutards qui veulent pisser (p. 58). Le mélange des registres souligne la difficulté pour les deux interlocuteurs et la monstruosité : Œdipe est le meurtrier de
accentue les contrastes entre l’humanité moyenne et le monde des héros épris de pureté et son père et l’époux de sa mère. d. Le personnage du Sphinx multiplie et énumère les
d’absolu. h. Chez Sophocle, le conflit Antigone-Créon revêtait un caractère sacré : Antigone se comparaisons de supériorité pour se décrire à Œdipe ; les adjectifs qui le caractérisent, adroit,
battait jusqu’à la mort contre son oncle pour défendre la loi divine qui commande le respect des rapide, subtil, raide, lourd, sage, gréé, voilé, ancré, bercé, incorruptible, vorace, sanguinaire lui
morts. Chez Anouilh, Créon, cynique et railleur, n’a aucun mal à faire admettre à Antigone que donnent l’avantage par comparaison avec un aveugle, le filet 133 Héros et héroïnes tragiques des
son geste est dénué de toute valeur religieuse, qualifiant la cérémonie funèbre de passeport gladiateurs, la foudre, un cocher, une vache, un élève, un navire, un juge, les insectes, les
dérisoire, ce bredouillage en série sur [l]a dépouille [du défunt] (p. 72). Antigone devient une oiseaux. Le Sphinx est l’unique comparé de cette longue suite de comparants, si divers par eux-
jeune fille révoltée qui s’oppose à Créon non plus pour des raisons religieuses mais 131 Héros et mêmes et par leurs qualités que le personnage n’en est que plus énigmatique, et c’est bien là sa
héroïnes tragiques pour satisfaire à une conception intransigeante de la vie et du bonheur dont qualité essentielle dans la légende et dans la pièce de Cocteau. e. Dans la pièce de Racine, la
elle se met à douter à la fin de la pièce (Pourquoi fais-tu ce geste, alors ? lui demande Créon ; périphrase Le seul bien qui me reste et d’Hector et de Troie désigne Astyanax, le fils de la
Pour personne. Pour moi, répond-elle, p. 73). Dans cette existence, la mort est finalement la captive troyenne Andromaque ; elle met en parallèle Hector, l’époux d’Andromaque tué par
seule issue, mais c’est une mort privée de sens. À la fin de la pièce, le Chœur renvoie dos à dos Achille, et Troie, leur patrie détruite par les Grecs. Andromaque souligne ainsi en s’adressant à
les protagonistes du conflit, également voués à la mort et au non-sens du destin humain. Étude de Pyrrhus, fils d’Achille, combien ce fils est précieux à ses yeux puisqu’il est le seul lien pour elle
la langue Grammaire Livre de l’élève, p. 178 1. L’expression de la condition 1. et 2. a. Si j’avais avec les jours heureux ; et en même temps elle lui signifie qu’elle ne pourra jamais aimer le
laissé sans sépulture celui : irréel du passé. b. Si tu n’étais pas mon père : irréel du présent. c. Si meurtrier d’Hector et le vainqueur de Troie. f. L’anaphore Moi qui vis et sa variante Moi qui
vous la faites mourir : éventuel. d. Si moi, pour une raison ou pour une autre, je ne pouvais plus vins est répétée trois fois par le personnage d’Andromaque dans la pièce d’Euripide ; elle met en
lui parler : potentiel ; si elle était trop triste : potentiel ; si elle avait trop l’air de d’attendre tout valeur les souffrances d’Andromaque, captive du roi vainqueur de son peuple et fils du meurtrier
de même : potentiel. 2. La forme emphatique 1. a. l’impossible, mis en valeur par le présentatif de son époux. Expression écrite Livre de l’élève, p. 181 1. Voici l’extrait, complété avec les
c’est, suivi du pronom relatif que. b. Agir contre la volonté de mes concitoyens, mis en valeur questions d’Œdipe. Le Corinthien. – Sache donc que Polybe ne t’est rien par le sang. Œdipe. –
par détachement en début de phrase et repris par le pronom en. c. celle, mis en valeur par le Quoi ! ce n’est pas Polybe qui m’aurait engendré ? Le Corinthien. – Polybe ne t’a pas engendré
présentatif voilà, suivi du pronom relatif qui ; moi, mis en valeur par le présentatif C’est, suivi du plus que moi. […] Œdipe. – Quel rapport entre un père et toi qui ne m’es rien ? Le Corinthien. –
pronom relatif qui. d. Ce langage, mis en valeur par détachement en début de phrase et repris par C’est qu’il t’avait reçu comme un don de mes mains. […] Œdipe. – Tu m’avais acheté, ou
le pronom l’. e. Habile devin, mis en valeur par détachement en début de phrase et repris par le rencontré, toimême ? Le Corinthien. – Oui, trouvé dans un val du Cithéron boisé. Œdipe. –
pronom l’. f. préférable à la fortune, mis en valeur par une modification habituelle de l’ordre des Pourquoi voyageais-tu dans cette région ? Le Corinthien. – Je gardais là des troupeaux
mots. 2. a. et tu poursuis l’impossible. b. Je suis incapable d’agir contre la volonté de mes transhumants. […] Œdipe. – Quel était donc mon mal, quand tu m’as recueilli en pareille
concitoyens. c. Oui, elle a commis le crime. […] Moi j’ai fait cette découverte, moi seul. d. Le détresse ? Le Corinthien. – Tes pieds pourraient sans doute en témoigner encore1 . […] C’est
mort n’approuverait pas ce langage. e. Oui, tu es un habile devin. f. Combien la prudence est moi qui dégageai tes deux pieds transpercés. […] Œdipe. – Mais cela, qui l’avait voulu ? Mon
préférable à la fortune ! 3. Les niveaux de langage a. Niveau de langage familier : le vocabulaire père ? ma mère ? par les dieux, dis-le. Le Corinthien. – Je ne sais ; mais celui qui te mit entre
(le surnom Boudousse ; se payer ; gueuleton ; ça), l’interpellation familière Dis, Boudousse, la mes mains sait cela mieux que moi. Œdipe. – Ce n’est donc pas toi qui m’avais trouvé ? Tu me
construction qu’est-ce que… comme qui remplace le déterminant exclamatif quel [gueuleton]. tenais d’un autre ? Le Corinthien. – Oui, un autre berger t’avait remis à moi. Œdipe. – Qui est-
b. Niveau de langage courant : le vocabulaire (Pardon ; notre dispute ; avais tort ; Je te prie) et la ce ? le peux-tu désigner clairement ? Le Corinthien. – Il était sans nul doute des gens de Laïos.
syntaxe correcte. c. Niveau de langage soutenu : le vocabulaire (le sort ; s’abattre ; dès lors), la Sophocle, Œdipe Roi (vers 420 av. J.-C.), traduit du grec par Alphonse Dain et Paul Mazon, ©
syntaxe avec l’emploi du subjonctif imparfait (vînt) et plusque-parfait (eût été). d. Niveau de Les Belles Lettres. Expression orale Sophocle, Œdipe Roi Livre de l’élève, p. 182 Comprendre
langage soutenu : le vocabulaire (l’auguste devin ; porte en son sein la vérité), le ton solennel et le texte 1. a. Œdipe et Jocaste sont mari et femme. b. Mais Œdipe est aussi le fils de Jocaste, ce
la construction (Voici que l’on t’amène […] celui qui, seul parmi les hommes…). Conjugaison et qu’il ignore encore. 2. a. Œdipe mène l’enquête sur la mort de Laïos, ancien roi de Thèbes et
orthographe Livre de l’élève, p. 179 4. L’indicatif conditionnel a. aurait été tué. b. se serait passé. premier époux de Jocaste : Tu as bien dit ceci : Laïos aurait été tué au croisement de deux
c. tuerait ; épouserait. d. se serait accompli. e. pourrais. f. saurais. 5. L’indicatif présent et passé chemins ? (l. 1-2). En effet, une peste s’est abattue sur la ville de Thèbes et il a appris des dieux
composé a. enfreint. b. enfreignons. c. êtes. d. a enjoint. e. ai tué. f. es. g. connais. h. s’est que ce meurtre resté impuni en est la cause (paratexte). b. Les réponses de Jocaste sont très
présenté. i. as remis, ai remis. 6. Distinguer les homonymes a. quelle que. b. quel que. c. quel. précises : elle situe le meurtre en Phocide (l. 6), au carrefour des deux chemins qui viennent de
d. quelque. e. quelle. f. qu’elle. 7. Les graphies œ, œu, eu a. chef-d’œuvre. b. manœuvre. c. Delphes et de Daulia (l. 7-8) ; elle le date peu avant le jour où fut reconnu ton pouvoir sur
neurologue. d. vœu. e. œnologie. f. œillets. g. œsophage. h. œufs. i. émeut. j. œil. 8. Dictée Thèbes (l. 11-12) ; 134 elle dresse un portrait détaillé de Laïos : Il était grand. Les cheveux sur
préparée 1. Le Prologue ; Œdipe ; Étéocle ; Polynice ; Thèbes. 2. Le participe passé battus, du son front commençaient à blanchir. Son aspect n’était pas très éloigné du tien (l. 19 à 21) ; elle
verbe pronominal de sens réciproque se battre, s’accorde avec le COD se placé devant le verbe dénombre avec précision les gardes qui entouraient Laïos : Ils étaient cinq en tout, dont un héraut
se sont battus : le pronom personnel se est réfléchi et représente les sujets Étéocle et Polynice ; (l. 30). 3. a. Chaque réponse trouble un peu plus Œdipe, comme le montrent la question oratoire
donc l’accord se fait au masculin pluriel. Le participe passé entre-tués, du verbe essentiellement que songestu donc, Zeus, à faire de moi ? (l. 14-15), les phrases de type exclamatif Ah ! (l. 14),
Malheureux ! (l. 22), Ah ! cette fois tout est clair ! (l. 32), le champ lexical de la crainte ou du bref, cohérent et ponctué, à partir de consignes données Répondre à une question par une phrase
malheur : Malheureux ; je crains ; sans m’en douter ; d’étranges malédictions (l. 22 à 24). La complète Organiser son texte sous forme de paragraphes cohérents Utiliser correctement les
phrase finale exprime toute la détresse de la certitude : Ah ! cette fois tout est clair ! (l. 32) b. pronoms Utiliser correctement les temps du récit et du discours Enchaîner les actions ou les idées
Œdipe découvre en effet peu à peu qu’il est celui sur lequel il enquête : le meurtrier de Laïos. de façon cohérente • Utiliser ses capacités de raisonnement, ses connaissances sur la langue,
Les réponses précises de Jocaste sont suffisamment précises pour qu’il se reconnaisse. Une savoir faire appel à des outils variés pour améliorer son texte Utiliser un vocabulaire précis et
phrase est encore lourde de menace, mais il est trop tôt pour qu’Œdipe la comprenne : Son aspect adapté Vérifier la cohérence des enchaînements (temporels et logiques) COMPÉTENCE 5 LA
n’était pas très éloigné du tien (l. 20-21) ; Jocaste est la seule à savoir maintenant qu’Œdipe est CULTURE HUMANISTE • Lire et employer différents langages Maîtriser les outils d’analyse
aussi son fils et celui de Laïos. Préparation au brevet Jean Anouilh, Antigone Livre de l’élève, du théâtre • Être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire Comprendre les
p. 184-185 Questions 1. Cet extrait est un texte de théâtre car il est uniquement constitué de valeurs humanistes véhiculées par un texte Identifier la visée d’un texte 137 Musique et tragique
dialogues, chaque réplique étant précédée du nom du personnage qui parle ; de plus, des Dossier Histoire Des Arts 10 Musique et tragique Livre de l’élève, p. 186 à 191 Objectifs du
didascalies indiquent les expressions ou intonations des personnages : ANTIGONE, murmure, le dossier et compétences mises en jeu Les objectifs • Ce dossier est un prolongement du chapitre
regard perdu (l. 20). 2. a. Les personnages en présence sont Antigone (la fille d’Œdipe et de précédent (chapitre 9, Héros et héroïnes tragiques) mais peut être abordé indépendamment de ce
Jocaste, les anciens souverains de Thèbes), et son oncle, Créon (le frère de Jocaste, le nouveau dernier. Il est composé de trois parties traitant chacune d’un couple de héros tragiques : Orphée
roi de Thèbes). Antigone est de plus la fiancée d’Hémon, le fils de Créon. b. Le pronom tu (l. 2) et Eurydice, Roméo et Juliette / Tony et Maria, Carmen et Don José. Ces trois parties peuvent
désigne Antigone, le personnage à qui s’adresse Créon. Le pronom vous (l. 36) désigne Créon, le être travaillées ensemble ou séparément. • Il est conseillé d’effectuer les études des extraits vidéo
personnage à qui s’adresse Antigone : elle vouvoie son oncle qui la tutoie. Le pronom elle (l. 27) avec la collaboration du professeur de musique pour un travail transdisciplinaire. Mais elles sont
désigne la petite Antigone (l. 26) : Antigone s’interroge sur sa vie future et parle d’elle-même à tout à fait réalisables dans le cadre du cours de français. • L’objectif du dossier est culturel : ce
la troisième personne. 3. a. Créon utilise cinq expressions pour définir le bonheur : une petite dossier invite l’élève à mettre en écho des textes littéraires et des œuvres musicales et / ou
chose dure et simple qu’on grignote, assis au soleil (l. 6-7) ; un livre qu’on aime (l. 13-14) ; un chorégraphiques. Dans cette perspective, il permet de construire des savoirs artistiques ; il le met
enfant qui joue à vos pieds (l. 14) ; un outil qu’on tient bien dans sa main (l. 14-15) ; un banc en situation d’analyser des extraits de ballets, de comédie musicale et d’opéras, genres peu
pour se reposer le soir devant sa maison (l. 15-16). b. Il utilise la figure de la métaphore pour souvent traités en Histoire des Arts, en faisant une analyse précise (costume, gestes, chant…),
évoquer les bonheurs de la vie : la métaphore met en relation le comparé la vie (l. 13) avec les puis de s’interroger sur le ressenti, les émotions que ces œuvres procurent. • Les exercices
comparants relevés précédemment un livre, un enfant, un outil, un banc ; comparé et comparants d’écriture qui jalonnent l’étude constituent un retour sur la discipline du français : l’élève sera en
sont associés par le verbe c’est (l. 13) sans outil de comparaison. c. Les termes utilisés sont situation de production et le professeur pourra évaluer la pertinence de ses propos. Le choix des
concrets : une petite chose dure et simple, un livre, un enfant, un outil, un banc. La conception du œuvres • Les œuvres retenues font partie de plusieurs genres artistiques : – Orphée et Eurydice
bonheur de Créon est simple et tranquille : il se contente de petits moments de bonheur à saisir est un opéra dansé chorégraphié par Pina Baush en 1975, sur la musique de C. W. Gluck. C’est
au long de la journée. Il pense que la vie passe trop vite et emploie l’image de l’eau que les un ballet contemporain, qui a marqué l’histoire de la danse. Il était encore à l’affiche en février
jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts (l. 3-4) ; quand on avance en 2012 à l’Opéra de Paris ; – West Side Story est une comédie musicale de Leonard Bernstein
âge comme lui, on en mesure le prix et on apprend à fermer les mains pour retenir cette eau créée en 1957 à Broadway. L’adaptation cinématographique du même nom est réalisée par
fuyante qui devient alors une petite chose dure et simple qu’on grignote, assis au soleil (l. 6-7). Robert Wise et Jerome Robbins en 1961 et remporte dix Oscars sur onze nominations ; –
Les bonheurs évoqués sont variés : le livre évoque celui de la lecture ; l’enfant les plaisirs de la Carmen est un opéra écrit en 1875 par Georges Bizet. La version choisie est celle de
famille ; l’outil la joie de créer avec ses mains ; le banc le plaisir de se reposer après une journée l’OpéraComique, en 2009, avec Caterina Antonacci et Andrew Richards. • Ces trois œuvres sont
de travail. Mais ils sont tous modestes et à la portée d’un homme normal. 4. a. Antigone refuse mises en relation avec des textes variés : un extrait de la pièce de théâtre Roméo et Juliette de
les pauvretés (l. 26) de la vie, les actions médiocres et les compromissions, les petites William Shakespeare mais aussi des extraits des livrets d’opéra, un genre à part qui éclaire la
hypocrisies : à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre ? (l. 29-30) ; elle refuse la connaissance des œuvres. Les compétences du Socle mises en œuvre • Les compétences mises
lâcheté qui consiste à ne pas voir le malheur, à ne pas assumer sa part de responsabilité : Qui en jeu relèvent essentiellement de la compétences 5 du Socle commun, la culture humaniste : –
devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard ? (l. 30-31). b. Antigone se fait une haute idée avoir des connaissances et des repères relevant de la culture artistique : œuvres musicales et
du bonheur, elle refuse d’arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur (l. 28-29), elle scéniques du patrimoine ; – situer dans le temps des œuvres littéraires ou artistiques ; – établir
refuse la moindre concession, elle exige que le bonheur soit entier, immédiat, parfait : elle ne des liens entre les œuvres (littéraires, artistiques) pour mieux les comprendre ; – lire et pratiquer
saurait se contenter des petits bonheurs évoqués par Créon. 135 Héros et héroïnes tragiques 5. a. différents langages : analyser une image mobile en utilisant le vocabulaire approprié ; – être
Les subordonnées circonstancielles de condition sont introduites par la conjonction de sensible aux enjeux esthétiques et humains d’une œuvre artistique : analyser les effets produits
subordination si (l. 42, 43, 44, 46, 48, 49) ; elles sont au nombre de six. b. Antigone attend par les différentes techniques mises en œuvre ; – être capable de porter un regard critique sur une
d’Hémon qu’il soit dur et jeune (l. 41), exigeant et fidèle (l. 41). c. Elle veut vivre avec Hémon œuvre : exprimer son avis sur une œuvre d’art, une mise en scène. • Compétence 4 du Socle
un amour pur et parfait ; elle refuse l’usure (l. 43) du temps qui ferait perdre à son amour son commun, la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication : – B2i,
caractère entier et passionné : s’il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s’il doit s’informer, se documenter : chercher et sélectionner l’information demandée. 138 Réponses aux
apprendre à dire « oui », lui aussi, alors je n’aime plus Hémon (l. 48 à 50) ; c’est un amour questionnaires Orphée et Eurydice Livre de l’élève p. 186-187 Analyser et s’exprimer Document
fusionnel qu’elle veut vivre avec lui : si Hémon ne doit plus pâlir quand je pâlis, s’il ne doit plus 1 (p. 186) 1. Les Parques (du latin parcae) sont dans la religion romaine les divinités maîtresses
me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, s’il ne doit plus se sentir seul au monde de la destinée humaine, de la naissance à la mort. Elles sont généralement représentées comme
et me détester quand je ris sans qu’il sache pourquoi (l. 43 à 47). 6. Dans ce passage, Antigone se des fileuses mesurant la vie des hommes. Primitivement, les Romains ne connaissent qu’une
révèle exigeante et impatiente : Tout de suite (l. 35) ; elle est entière et éprise d’absolu : elle Parque, qui symbolise la destinée. C’est sous l’influence des Moires grecques, qui président
refuse les pauvretés proposées par Créon ; elle se montre amoureuse et passionnée, mais respectivement à la naissance, au déroulement de la vie puis à la mort, que les Romains
intransigeante : alors je n’aime plus Hémon (l. 49-50). 7. Les termes qui renvoient à la vieillesse adopteront l’idée de trois Parques : • Clotho (Nona pour les Romains) tient le fil des destinées
de Créon sont les suivants : vos rides, votre sagesse, votre ventre (l. 55-56). Antigone emploie la humaines ; • Lachésis (Decima pour les Romains) est la Parque qui met le fil sur le fuseau ; •
métaphore du royaume pour évoquer sa jeunesse et l’opposer à la vieillesse de Créon : Je vous Atropos (Morta pour les Romains) coupe impitoyablement le fil qui mesure la durée de la vie de
parle de trop loin maintenant, d’un royaume où vous ne pouvez plus entrer avec vos rides, votre chaque mortel. Il est alors possible de faire un point de vocabulaire sur les expressions « le fil de
sagesse, votre ventre (l. 54-56). Il s’agit donc aussi d’un conflit de générations : Antigone est la vie », « le fil de la destinée » qui font allusion aux Parques qui filent la destinée de chaque
pure, jeune et rebelle, et on l’imagine mal s’asseoir au soleil sur un banc pour se reposer de sa homme et coupent le fil de la vie. 2. On reconnaît les Parques grâce au fil qu’elles ont dans les
journée ; quant à Créon, il n’a plus l’âge de risquer sa vie dans des causes douteuses et il est mains. Elles ont les yeux fermés car elles n’ont pas accès au monde des vivants : aveugles, elles
certainement capable d’attendre la femme avec laquelle il vit depuis plus de vingt ans sans la évitent d’avoir pitié ; elles sont le destin implacable. D’ordinaire, les Parques sont plutôt
croire morte si elle est en retard. Le temps d’une vie les sépare et rend leur dialogue impossible ; représentées en noir. Le choix d’un costume blanc peut symboliser la pureté du destin. Quant aux
ainsi Créon ne persuadera pas Antigone de vivre et de retenir cette eau (l. 3) qu’elle laisse couler fils tendus à travers la scène, ils ressemblent à une toile d’araignée qu’Orphée devra écarter pour
entre ses doigts, et il ne la sauvera pas de la mort. Réécriture Si, je sais ce que je dis, mais c’est descendre au royaume des morts. 3. Orphée se tient debout, la tête penchée en avant. Cette
toi qui ne m’entends plus. Je te parle de trop loin maintenant, d’un royaume où tu ne peux plus attitude exprime sa douleur, son effondrement. Il tourne aussi le dos aux fileuses : il montre ainsi
entrer avec tes rides, ta sagesse, ton ventre. Dictée Antigone s’adresse à Ismène qui tente de la son refus du destin ; il n’accepte pas la mort d’Eurydice. Document 2 (p. 187) 4. Orphée et
raisonner et de la dissuader de s’opposer à Créon. Antigone. – Comprendre… Vous n’avez que Eurydice se trouvent dos à dos. 5. Orphée, de dos, tient sa tête dans ses mains et ferme peut-être
ce mot-là dans la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait comprendre qu’on ne peut les yeux. Le danseur exprime par le corps la douleur ressentie par le personnage : douleur de ne
pas toucher à l’eau, à la belle eau fuyante et froide parce que cela mouille les dalles, à la terre pas pouvoir se tourner, mais douleur aussi car il sait déjà qu’il ne saura pas résister à l’être aimé
parce que cela tache les robes. Il fallait comprendre qu’on ne doit pas manger tout à la fois, et qu’il se retournera. D’ailleurs, pendant toute la durée du ballet, Orphée ne lève quasiment pas
donner tout ce qu’on a dans ses poches au mendiant qu’on rencontre, courir, courir dans le vent les yeux, retranché du monde par le destin qu’il pressent et redoute. Le visage d’Eurydice est
jusqu’à ce qu’on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner quand il est trop tôt ou déformé par la souffrance et son coude en angle droit montre la violence de ses sentiments. Elle
trop tard, mais pas juste quand on en a envie ! Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne semble cassée pas le désespoir qui l’accable. 6. Dans ce ballet, Orphée est le seul personnage à
veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille. (Elle achève doucement.) Si je n’être pas couvert (il ne porte qu’un maillot couleur chair). Sa quasi nudité est le réceptacle idéal
deviens vieille. Pas maintenant. Jean Anouilh, Antigone (1946), © La Table Ronde. 136 de toutes les émotions dont il est susceptible de se vêtir. La couleur chair de sa peau ressort de
Compétences du Socle commun évaluables dans le sujet de brevet du chapitre 9 (extrait J. manière sculpturale sur le fond sombre. Le costume d’Eurydice est rouge : il représente la mort
Anouilh, Antigone) En fonction de sa classe et de sa progression, le professeur pourra choisir tragique par le sang. Ces couleurs sont franches : noir, rouge, beige éclatent en taches vives dont
parmi les compétences suivantes, évaluables dans ce sujet de brevet. COMPÉTENCE 1 LA les volumes entaillent l’espace. C’est le combat du noir et du blanc, finalement recouvert par le
MAÎTRISE DE LA LANGUE FRANÇAISE Lire Acquis En cours d’acquisition • Adapter son sang de la mort. 7. Il s’agit dans cette question de permettre aux élèves de s’exprimer sur ce
mode de lecture à la nature du texte proposé et à l’objectif poursuivi Être capable de repérer un qu’ils ont ressenti, sur leurs émotions face à ce ballet. Document 3 (livret p. 187) 8. Orphée
passage précis dans un texte pour justifier une réponse • Repérer les informations dans un texte à s’adresse à Eurydice mais aussi au monde entier, comme s’il le prenait à témoin de son malheur.
partir des éléments explicites et des éléments implicites nécessaires Identifier les personnages et 9. Le champ lexical dominant est celui de la souffrance : perdu (l. 1), malheur (l. 2), Sort cruel
leurs liens Comprendre les motivations des personnages, identifier leurs sentiments à partir de (l. 3), succombe (l. 4), douleur (l. 4), supplice (l. 5). 10. a. Les marques de la première personne
leurs actes ou de leurs paroles • Utiliser ses capacités de raisonnement, ses connaissances sur la sont les suivantes : J’ (l. 1), mon (l. 1 et 2), Je (l. 4), ma (l. 4 et 7), moi (l. 5). Les marques de le
langue, savoir faire appel à des outils appropriés pour lire Identifier les classes de mots Identifier deuxième personne sont les suivantes : ton (l. 6), t’ (l. 7). Dans cet extrait du livret, les première
les référents des pronoms (à qui ou à quoi ils renvoient) • Dégager, par écrit ou oralement, et deuxième personnes sont liées : l’adjectif fidèle (l. 6) vient renforcer les liens du couple, leur
l’essentiel d’un texte lu Comprendre le sens global du texte (actions, relations entre les amour. b. Ce passage est pathétique car, au-delà de la mort, Orphée continue à crier sa douleur
personnages…) Écrire • Écrire lisiblement un texte, spontanément ou sous la dictée, en d’avoir perdu sa bien-aimée. Il continue à l’appeler : par son amour, il a la volonté de dépasser la
respectant l’orthographe et la grammaire Maîtriser les accords (sujet-verbe, groupe nominal) mort. 139 Musique et tragique Voir et écouter la scène de deuil La scène sur youtube dure 3
Maîtriser les accords des participes passés Savoir conjuguer les verbes usuels • Rédiger un texte minutes 34 secondes. 1. a. Eurydice se trouve à gauche de la scène, assise sur une chaise en
hauteur. Elle porte sa robe de mariée, toute blanche avec une très longue traîne. Elle tient à la many, and still have one bullet left for me ? 141 Musique et tragique Carmen et Don José Livre
main un bouquet de fleurs rouges. Elle est immobile, sans vie. b. Orphée est à l’opposé de la de l’élève p. 190-191 Voir et écouter la scène de séduction La scène sur youtube dure 5 minutes
scène, à droite. Abattu, éploré, il tourne le dos à sa femme qui vient de mourir alors même qu’ils 32 secondes. 1. a. Carmen vit à Séville et travaille dans une manufacture de tabac, un lieu dans
venaient de se marier. L’immobilité du personnage s’offre comme un contrepoint à la gestuelle lequel il fait très chaud : les cigarières, faisant sécher le tabac à la chaleur, s’habillaient en
déliée du groupe auquel il tourne le dos. Il témoigne ainsi d’une souffrance intérieure et intime. conséquence, c’est-à-dire très légèrement. Carmen porte une jupe longue et un bustier, ainsi que
2. a. Les danseuses et danseurs qui constituent le chœur sont pieds nus et habillés de noir dans des bottines à talons. Elle est fière, sûre d’elle et de ses capacités de séduction. Elle chante et
des costumes d’une grande sobriété. Les corps qui se déplacent tels des morts, ou des danse en regardant celui qu’elle veut séduire, puis s’éloigne tout à coup pour se rendre désirable.
somnambules, marquent l’assourdissement que provoque la mort. Les mouvements sont d’abord Ses paroles sont tentation, invitation : J’ai des galants à la douzaine, Mais ils ne sont pas à mon
lents, simples, répétés à l’infini comme si tous ces corps ne faisaient qu’un, dans la douleur. Les gré ; Voici la fin de la semaine, Qui veut m’aimer je l’aimerai. Carmen, livret d’Henri Meilhac et
grands pliés, les bras qui nouent ou dénouent les émotions : tout est fluidité. Ce premier tableau Ludovic Halévy, © Actes Sud. Ou encore : Je pense à certain officier Je pense à certain officier
est d’une beauté paradoxale, à la fois expressive et épurée. Le décor lui aussi est d’une grande qui m’aime, Et qu’à mon tour, oui qu’à mon tour, Je pourrais bien aimer ! […] Mon officier n’est
simplicité, un fond sombre et des branches mortes. b. Ils sont comme les ombres qui accueillent pas un capitaine, Pas même un lieutenant. Il n’est que brigadier. Mais c’est assez pour une
Eurydice dans le monde des morts. 3. Au niveau musical, cet extrait est composé : – de la Bohémienne, Et je daigne m’en contenter ! Carmen, livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy,
musique instrumentale : les cordes sont doublées par les trombones, la voix supérieure étant © Actes Sud. b. Elle donne rendez-vous à Don José dans la taverne de Lillas Pastia, pour danser
confiée à deux clarinettes. Le timbre pur de ces instruments à embouchure se marie la séguedille (danse espagnole d’origine andalouse) et boire du manzanilla (vin espagnol
particulièrement bien avec celui plus sombre des trombones pour donner un ton de grave d’Andalousie). 2. Carmen est attachée avec une corde ; cette corde devrait la retenir, la
solennité ; – d’un chœur qui chante des notes longues, pesantes comme si la partition mimait les contraindre, l’immobiliser, la soumettre : il n’en est rien. La jeune femme se sert de cette corde,
larmes des pleureuses de cette scène funèbre intitulée « Deuil » ; – des lamentations d’Orphée joue avec elle, en fait un objet de séduction : elle tourne autour de Don José avec sensualité. Et
(chantées par une femme) qui perturbent par trois fois, dans leur émouvante nudité, la belle c’est finalement le brigadier qui se trouve symboliquement prisonnier. 3. Dès le début, Carmen
ordonnance du chœur. On sait d’ailleurs que Gluck demandait à la personne qui chantait Orphée fait remarquer à Don José qu’il a gardé la fleur qu’elle lui avait donnée, signe qu’il était déjà
de crier ici comme sous le coup d’une douleur physique. Ces cris d’Orphée tirent leur efficacité sous le charme de la bohémienne. Il avoue ensuite qu’il est comme un homme ivre et lui
pathétique du violent contraste qu’ils forment avec la toile de fond sonore sur laquelle ils se demande alors de promettre qu’elle l’aimera en retour. Il finit à genoux, à ses pieds, conquis.
découpent. Tony et Maria / Roméo et Juliette Livre de l’élève p. 188-189 Voir et écouter la scène Analyser et s’exprimer Document 7 (p. 190) 1. Les femmes sont vêtues de jupes à volants, avec
d’affrontement La scène sur youtube dure 8 minutes 38 secondes. 1. L’action se déroule à New parfois des foulards à la taille ou sur la tête. Elles portent des manches courtes. Cette scène se
York, dans le West Side de Manhattan. Tout au long de la scène, on peut observer le décor déroule en Espagne. 2. Carmen et Don José s’enlacent et s’embrassent. 3. La foule qui les
urbain : la rue, la devanture d’un marchand de légumes, un terrain de basket, un terrain vague entoure crie de joie, les acclame, semble se réjouir de cette relation. Au sol se trouvent des fruits
avec au second plan des immeubles. 2. S’affrontent deux bandes de jeunes d’origines ethniques et une bouteille de vin : l’atmosphère est festive. Document 8 (p. 191) 4. Don José s’apprête à
et culturelles différentes, pour la domination sur le territoire de la rue : – les Jets, jeunes de la tuer Carmen car elle ne l’aime plus et ne veut plus partir avec lui. Elle est tombée amoureuse du
classe ouvrière blanche qui se considèrent comme les véritables Américains ; – les Sharks, qui toréador Escamillo. 5. Don José domine la scène : il est debout alors que Carmen est au sol. Il
appartiennent à la première génération d’Américains émigrés de Puerto Rico. On aperçoit tient une épée dans la main et s’avance vers elle, menaçant. 6. Carmen semble effrayée : elle est
d’ailleurs les noms de ces bandes rivales écrits à la peinture sur le sol : il s’agit bien de prendre assise au sol et ne peut s’enfuir, elle regarde son ancien amant, ne quittant pas des yeux cette
possession d’un lieu, de marquer son territoire. Ces deux gangs s’affrontent par la parole épée qui la menace. Il y a aussi dans cette attitude une forme de fierté : Carmen ne fuit pas la
(moqueries), par des insultes écrites (graffitis sur le mur), par des provocations (jets de pierres, mort, elle la regarde en face, l’affronte, comme le taureau dans l’arène. 7. Carmen est habillée
crachat) et des gestes d’intimidation (coup de poing menaçant). Le pouvoir change de camp d’une robe noire, avec un jupon blanc et une ceinture rouge. Ce sont les couleurs des costumes
comme ce ballon, symbole du pouvoir et de la domination, qui passe de mains en mains. Les d’Eurydice et de Maria. Carmen est elle aussi une femme passionnée au destin tragique. 8. La
bandes finissent par se battre réellement jusqu’à ce que retentisse un coup de sifflet, à la fin de violence de la passion se traduit par l’attitude de Don José qui s’apprête à utiliser sa force et son
l’extrait : la police arrive et interrompt ce règlement de comptes. Cependant, on peut aussi dire épée pour tuer son ancienne maîtresse. Document 9 (livret, p. 191) 9. Carmen jette la bague
que la chorégraphie permet de montrer que les Jets et les Sharks s’affrontent par la danse comme offerte par Don José : Elle la jette à la volée (l. 3). Ce geste marque la fin de leur histoire. C’est
le font les danseurs aujourd’hui dans une « battle » (combat de création, concours entre deux un geste de rupture et de mépris. 10. Don José dit de Carmen qu’elle est un démon (l. 1), qu’elle
personnes). Les corps sont projetés en avant, bras lancés vers le ciel : la danse, arrogante, est le est damnée (l. 4-5), c’est-à-dire maudite. De plus, la scène se passe dans un cirque, une arène de
prolongement des corps, dans une énergie qui devient violence, faisant voler en éclats le mythe corrida, lieu de mise à mort du taureau. 11. Le chœur explique ce qui est train de se passer. C’est
américain d’une société multiculturelle harmonieuse. 3. Les instruments sont principalement des la voix de la foule, qui fait monter la tension dramatique. Le chœur s’adresse plus précisément au
instruments à vent et des percussions. Le rythme repose sur des contretemps (marqués par les toréador et compare son combat à celui de l’amour, un combat mortel.
claquements de doigts). C’est un rythme saccadé : la tension qui monte jusqu’à la bagarre. On
sent aussi l’influence de la musique jazz et de la musique latino, qui rappellent le combat qui se
joue dans cet extrait. 140 Analyser et s’exprimer Document 4 (p. 188) 1. Tony et Maria se
tiennent chacun d’un côté de la salle de bal, à l’opposé. Ils sont éloignés l’un de l’autre mais se
regardent. 2. Ils se découvrent et tombent amoureux : c’est le moment du coup de foudre. 3.
Maria est habillée en blanc, la couleur de l’innocence et de la pureté de la jeunesse. Mais elle
porte une ceinture et des chaussures rouges. Cette couleur est celle de la passion, mais elle
annonce aussi la fin tragique de leur histoire. 4. Au second plan, tous les autres personnages sont
flous : lors de ce coup de foudre, les autres n’existent plus, les amants sont seuls au monde. En
prolongement, on pourra lire aux élèves la scène de rencontre au bal dans Roméo et Juliette :
Roméo, à un serviteur. – Quelle est cette dame, là-bas, Qui enrichit la main de ce cavalier ? Le
Serviteur. – Je ne sais pas, monsieur. Roméo. – Oh, elle enseigne aux torches à briller clair ! On
dirait qu’elle pend à la joue de la nuit Comme un riche joyau à une oreille éthiopienne. Beauté
trop riche pour l’usage, et trop précieuse Pour cette terre ! Telle une colombe de neige Dans un
vol de corneilles, telle là-bas Est parmi ses amies cette jeune dame. Dès la danse finie, je verrai
où elle se tient Et ma main rude sera bénie d’avoir touché à la sienne. Mon cœur a-t-il aimé,
avant aujourd’hui ? Jurez que non, mes yeux, puisque, avant ce soir Vous n’aviez jamais vu la
vraie beauté. William Shakespeare, Roméo et Juliette (1594-1595), extrait de l’acte I, scène 5,
traduit de l’anglais par Yves Bonnefoy, © Gallimard. Document 5 (p. 189) 5. Tony est allongé
sur le sol, dans la rue. Il vient d’être tué par la bande rivale. 6. Maria regarde les responsables de
ce meurtre et leur tend la main, en signe d’incompréhension. Elle ne pleure pas encore mais
semble s’adresser au reste du monde, le prendre à témoin de cette injustice et de son désespoir. 7.
Elle porte cette fois une robe de couleur rouge, la couleur de la mort. 8. Les élèves doivent
donner leur avis sur le genre de la comédie musicale. C’est un genre controversé, généralement
apprécié pour ses qualités esthétiques mais dénigré pour son manque de contenu. Il est donc
intéressant que les élèves découvrent, à travers leur propre expérience, que la comédie musicale :
– est une forme artistique autonome mais qui se nourrit des autres arts (théâtre, musique, chant,
danse…), donc une incomparable source de jouissance esthétique, une vision du monde
cohérente dans son délire, une porte ouverte vers le rêve et donc… une manière de mieux se
connaître soi-même (N. T. Binh, Panorama des genres au cinéma, « La comédie musicale »,
dans Cinémaction, n° 68, 1993) ; – peut s’enrichir d’une critique sociale (dans le cas de West
Side Story en abordant les questions de délinquance juvénile, dans les guerres que se livrent les
gangs, et de haine raciale). 9. a. On peut citer les expressions suivantes : – pour le vocabulaire de
l’amour : unique amour (l. 6), amour (l. 10), aimer (l. 11) ; – pour le vocabulaire de la haine :
grand ennemi (l. 5), unique haine (l. 7), ennemi exécré (l. 11). b. Dans la pièce de théâtre de
Shakespeare, les amants appartiennent à deux familles ennemies, dans la comédie musicale, les
amants font partie de deux bandes rivales. Ces deux histoires reposent sur le même motif
tragique de l’amour impossible. Écrire 10. Les élèves doivent utiliser le vocabulaire des
sentiments et des émotions afin de produire un court texte, qui peut être poétique. On peut
ensuite faire lire et traduire les paroles prononcées par Maria dans le film. Si cela semble
difficile, cela pourra être effectué en cours d’anglais. Maria : How do you fire this gun, Chino ?
By pulling this little trigger ? (She suddenly points it at Chino, who steps back, shocked.) How
many bullets are left Chino ? (Pointing at other members of the crowd.) Enough for you ? And
you ? All of you ! You all killed him ! And my brother ! And Riff ! Not with bullets and guns,
with hate ! Well, I can kill too, because now I have hate ! How many can I kill, Chino ? How

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