Evan Bretin

Apollinaire est souvent montré comme un poète ayant initiant la

modernité poétique, à travers ces poésies il reflète cette nouvelle vision
de la poésie.
Son recueil Alcools, paru en 1913, est considéré comme un « grand
commencement », c’est-à-dire Apollinaire a révolutionné la poésie en
initiant une nouvelle notion poétique qui sera reprise à de nombreuses
reprises dans des recueils poétiques.
Nous allons étudier en quoi Alcools de Apollinaire est-il précurseur d’un
mouvement poétique.
Nous étudierons successivement la modernité poétique du recueil mise
en comparaison avec la tradition puis lyrisme très présent dans Alcools.

La modernité caractérise ce qui est moderne dans l'art, autrement dit,

elle transforme quelque chose de moderne en objet artistique.
Dans alcools de nombreux indices nous permettent de trouver de la
modernité poétique.
Pour commencer, les thèmes utilisés par Apollinaire représente bien la
modernité, ils sont pris de la modernité du monde moderne à la fin du
vingtième siècle, il fait de nombreuses références à la « rue industrielle ».
Son poème Zone commence par l’évocation de la « Tour Eiffel ».
Ce n’est pas seulement les thèmes choisies qui font de ce recueil un
recueil moderne mais la composition des poèmes. Apollinaire utilise une
technique de versification de vers spéciale, il déstabilise le vers et
supprime la ponctuation. Il utilise le vers libre les poèmes ne présentent
aucune structure définie. Le poème en vers libres n'est pas
nécessairement constitué de strophes et ne respecte pas un rythme fixe,
c'est-à-dire que le nombre de pieds par vers est variable. Zone en est la
parfaite illustration, il utilise le vers libre. Il construit ce poème dans des
strophes qui ne sont pas identifiables, en revanche les rimes sont
régulières.
Malgré tous ses indices de modernité, on remarque aussi une poésie
traditionnelle.
En effet, Il suffit de regarder la composition du recueil d’Apollinaire pour
s’apercevoir que la majorité des poèmes se présentent sous la forme
de strophes régulières et que le poète utilise alexandrins, octosyllabes,
décasyllabes et heptasyllabes.
L’auteur utilise des références du temps anciens, avec particulièrement
des références mythologiques Dionysos (titre Alcools, « Nuit
rhénane », « le voyageur », « Vendémiaire » etc.), Orphée,
Hermès, trismégiste mais aussi Icare, Le Phénix. Pour illustrer,
Dionysos est évoqué dans Vendémiaire. Hormis la mythologie,
Apollinaire fait aussi des références à la Bible et un champ lexical
religieux.
La modernité n’empêche pas le passé d’exister, il existe une
coexistence entre les deux.
Apollinaire est pour une liberté, une liberté du vers dans une
lettre qu’il envoie à sa marraine, il fait part de cette liberté
poétique, il dit que « sans liberté, il ne saurait y avoir de poésie »
Cette liberté peut se manifester dans une utilisation plus
prosaïque du vers régulier. Ainsi, dans « Loreley » poème
composé d’alexandrins en distiques, se glisse parfois un vers de
14 syllabes ou un vers de 17 syllabes. A contrario, un alexandrin
peut se glisser dans une strophe en vers libres.
Même si le jeu entre tradition et modernité est une grande
preuve de la modernité poétique, il y a besoin d’un souffle
nouveau.
 L'Esprit Nouveau est un mouvement poétique contemporain
de la peinture cubiste, qui doit son nom à Apollinaire. Il se
caractérise par l'ambition d'inventer une poésie moderne, ainsi
que par la dimension lyrique de l'écriture.
L’Esprit Nouveau se ressent dans les poèmes d’Apollinaire, c’est
par la surprise qu’il va démontrer ce nouveau esprit. On peut
prendre l’exemple de Chantre, ce poème se différencie des
autres car il est constitué d’une strophe d’un seul vers, il est
énigmatique. On ressent évidemment de la surprise dans ce
poème d’un seul vers d’autant plus qu’il est précédé et suivie de
deux autres poèmes bien plus longs et aux sens bien différents.
L’Esprit Nouveau se constitue aussi de jeu de mots de l’auteur
que ce soit sur le sens des mots ou la forme. Dans Alcools,
Apollinaire joue sur les mots, il utilise notamment des
calembours, dans Pont Mirabeau, Un calembour est composé par
la diérèse « vi-o-lente » qui signifie « vie-eau-lente » et évoque la
lenteur de la vie qui passe.
Apollinaire essaye d développer un nouveau lyrisme, un
lyrisme visuel, une poésie visuelle. C'est-à-dire de
modalités lyriques qui sont de nature visuelle et pas uniquement
verbale, dans le cadre d'un poème qui conjugue les dimensions
poétique et iconique, verbale et visuelle
Le lyrisme de ce texte est aussi basé sur un nouvel élan, Ce
lyrisme nouveau prend son essor sur le quotidien, la recherche
de soi, et une aspiration à la spiritualité. Apollinaire utilise des
objets du quotidien, des situation qui semblent être banales pour
but de les rendre lyriques et attractives.
Le « je lyrique » est à la recherche de lui-même, comme on le voit
dans de nombreux poèmes d’Alcools ( Zone  où on suit la
déambulation du poète dans la ville ; ou encore dans ce vers de
Cortège : « Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes »).
Cette recherche de soi s’accompagne d’une aspiration à un sens
transcendant. Une telle aspiration se manifeste dans  Zone .

Apollinaire à travers son recueil Alcools tente à de nombreuses

reprises de créer une nouvelle poésie en créant des nouveaux
styles d’écritures, de thèmes mais aussi de versification.
Tout comme Apollinaire, Charles Baudelaire est lui aussi l’un
des précurseurs de la modernité poétique, c’est l’un des premiers
poète de la ville, son œuvre Les Fleurs Du Mal est caractéristique
d’un hymne à la modernité poétique.