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Le Mal, Rimbaud :
Amélie Vioux,
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particulier de
Par Amélie Vioux • 16 mars 2014 • 20 commentaires
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Voici un commentaire Pour en savoir plus, cliquez
littéraire dupoème « Le ici.
Mal » d’Arthur Rimbaud.

Écrit en 1870 pendant la


guerre franco-prussienne,
« Le Mal » fait partie des Commande ton livre ici :
poèmes de jeunesse de
Rimbaud, alors âgé de seize
ans, publiés dans Les
Cahiers de Douai. (Voir la
fiche de lecture des
Cahiers de Douai pour le
bac de français)

Problématiques possibles à l’oral sur « Le Mal » :


♦ En quoi « Le Mal » exprime-t-il la révolte de Rimbaud ?
♦ Analysez la construction du poème.
♦ Le poème « Le mal » est-il argumentatif ?
♦ Quel rôle joue la nature dans ce texte ?
♦ Analyser les effets d’opposition et de contraste

Poème étudié
Le Mal

Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;

Tandis qu’une folie épouvantable broie


Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
– Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie, Fais une recherche :
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !…

Rechercher... 
– Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées


Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !

Cahiers de Douai, Rimbaud

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Retrouve mes fiches sur
Dans cette analyse, nous verrons que la double dénonciation de la guerre
Instagram :
et de la religion (I) en contraste avec un hymne à la nature (II) fait de ce
texte un poème de révolte (III).

I – Une dénonciation de la guerre et de la


religion
A – Une dénonciation de la guerre
La guerre est évoquée dès le vers 1 à travers l’image des « crachats
rouges de la mitraille ».

Cette métaphore comparant les coups de feu à des « crachats rouges »


peut aussi être une métonymie pour désigner les blessures des soldats.
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Dans les deux cas, « crachats » se rattache à l’idée de projection et la TF1 :
couleur rouge peut être associée au feu et/ou au sang.

On remarque également un champ lexical de la guerre : « mitraille » (v.


1), « bataillons » (v. 4), « folie épouvantable » (v. 5), « cent milliers
d’hommes » (v. 6), « morts » (v. 7).
00:57

Celui-ci est étoffé par une harmonie imitative qui consiste à rendre par le
rythme et les sonorités les phénomènes décrits : l’allitération en « f »
(« sifflent », « infini », v. 2 ; « feu », « folie », v. 4-5 ; « fais », « fumant », v.
6) et l’allitération en « r » (« crachats rouges », « mitraille », v. 1 ;
« écarlates », « verts », « Roi », « raille », v. 3 ; « croulent », « broie », v.
4-5) reproduisent les sonorités des bombardements, qui se mêlent aux
cris des soldats avec l’assonance en « a » .

De même, les nombreuses monosyllabes (« Sifflent tout le jour par l’infini


du ciel bleu », « ou verts, près du Roi qui les raille », v. 2-3 ; « en masse
dans le feu », v. 4 ; « Et fait de cent milliers d’hommes un tas », v. 6)
imitent le rythme saccadé et incessant des coups tirés.

Le poète dénonce l’aspect destructeur de la guerre dans une métaphore


filée aux vers 4 et 6.
Le champ de bataille est comparé à un brasier où les hommes
s’effondrent comme des bûches carbonisées : « Croulent les bataillons en
masse dans le feu (…) Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ».

La personnification des armes de guerre (« crachats », « rouges »,


« sifflent », v. 1-2) est en contraste avec la déshumanisation des soldats.
Ce ne sont plus des individus mais une « masse » de « bataillons » (v. 4)
réduite en « un tas fumant » (v. 6).

Cette dénonciation de la guerre s’accompagne d’une dénonciation de la


religion, faisant de ce poème un diptyque.

B – Une dénonciation de la religion


L’écho entre la raillerie du Roi au vers 3 (« du Roi qui les raille ») et le rire
du Dieu au vers 9 (« un Dieu qui rit ») met en évidence un parallélisme.

Le poète associe ces deux figures qui ont en commun leur puissance.
Celle-ci est marquée par la majuscule et le singulier, qui les individualise.
Ils se distinguent alors de leurs victimes, qui se fondent dans la
collectivité (« cent milliers d’hommes », v. 6 ; « des mères », v. 12).

On notera tout de même l’emploi du pronom indéfini « un » pour désigner


Dieu (v. 9). Le poète marque ainsi sa distance et son scepticisme vis-à-
vis de la religion.

La religion est introduite à la fin du vers 8 à travers l’adverbe


« saintement » et se développe ensuite à travers un champ lexical dans
le premier tercet : « Dieu », « autels », « encens », « calices » (v. 9-10),
« hosannah » (v. 11).

Le champ lexical du sommeil (« bercement », « s’endort », v. 11 ; « se


réveille », v. 12) dénonce la passivité et l’indifférence de Dieu vis-à-vis de
la guerre et de ses victimes.

Cette insouciance et la gaieté associée au rire et aux hosannah (chants


joyeux) s’opposent à l‘inquiétude et à la tristesse des mères :
« ramassées », « Dans l’angoisse », « pleurant » (v.12-13).

Cette indifférence est aussi soulignée par le contraste entre la violence


manifestée dans les quatrains et la douceur marquée par l’allitération en
« s » dans les tercets : « damassées » (v. 9), « encens », « calices » (v.
10), « bercement », « ramassées » (v. 11-12), « angoisse », « sou » (v.
13-14).

Le poète dénonce également la cupidité de Dieu à travers le champ


lexical du luxe (« nappes damassées », « grands calices d’or », v. 9-10) et
le « gros sou » (v. 14) qui éveille l’intérêt de Dieu.

L’hymne à la nature présente dans « Le mal » contraste avec la critique


virulente de la guerre et de la religion.

II – Une hymne à la nature


A – Un éloge de la nature
La nature est glorifiée par le poète. Elle est présentée à travers une
allégorie et une interjection lyrique : « Nature ! » (v. 8). Elle est ici mise
en valeur par le rejet en début de vers.

Le poète apostrophe la nature en la tutoyant (« ô toi », v. 8). La nature lui


est familière, mais en même temps il la respecte.

L’accumulation au vers 7 exprime une vision idyllique de la nature :


« dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie ». Ces termes, comme l’expression :
« l’infini du ciel bleu » (v. 2), évoquent la pureté et l’innocence.

Mais la Nature sacrée du poète est souillée par la guerre.

B – Le contraste avec la guerre


Le contraste entre la guerre et la nature est marqué par la symétrie entre
l’apostrophe aux « pauvres morts ! » au début du vers 7 et l’apostrophe
à la nature au début du vers suivant.

De même, la rime entre « ciel bleu » (v. 2) et « feu » (v. 4) suggère


l’opposition entre la nature divine (ciel) et la guerre diabolique (enfer).

Chez Rimbaud, les couleurs servent souvent à créer des oppositions,


des contrastes.

Le bleu et le vert sont associés à la nature, le rouge à la violence et à la


mort.

On retrouve bien cette opposition entre la nature et la mort dans le


premier quatrain : « rouges », « bleu » (v. 1-2), « écarlates ou verts »,
« feu » (v. 3-4).

C – Déification de la nature : une puissance


créatrice
La nature se présente comme une puissance créatrice, menacée par la
violence destructrice de la guerre : « Nature ! Ô toi qui fis ces hommes
saintement » (v. 8).

Le « faire » destructeur de la guerre, conjugué au présent (« Et fait de


cent milliers d’hommes un tas fumant », v. 6), s’oppose au passé simple
du « faire » créateur de la nature (« qui fis ces hommes », v. 8).
La guerre détruit ce que la nature a créé.

L’adverbe « saintement » suggère aussi une opposition entre Nature et


Dieu.
Seule la nature est véritablement sainte aux yeux du poète.

Les rôles sont inversés : ce n’est pas « un Dieu » qui crée les hommes
mais la Nature.

Cette conception païenne de la Création démontre la violente opposition


du poète au Christianisme.

III – Un poème de révolte


A – Les émotions du poète
Les émotions du poète sont marquées à travers le vocabulaire affectif :
« épouvantable » (v. 5), « Pauvres » (v. 7), « vieux » (v. 13).

Il exprime ainsi sa pitié envers les soldats et sa compassion pour leurs


mères.

Le pathétique règne dans le second tercet. La détresse des mères est


mise en évidence par leur posture (« ramassées », v. 12), leur pauvreté
(« vieux bonnet », « un gros sou », v. 13-14) et leurs sentiments :
« l’angoisse » (v. 13), la peine (« pleurant », « mouchoir », v. 13-14), le
deuil (« noir », v. 13).

Les émotions transparaissent également dans la ponctuation.

Les nombreuses exclamations aux vers 7, 8 et 14 trahissent l’indignation


du poète.

Les tirets (v. 7-8) marquent une parenthèse dans le poème et indiquent
que le poète ne peut s’empêcher d’intervenir tant son émotion est forte.

Les points de suspension au vers 8 créent une rupture, comme si le


poète devait reprendre son souffle avant de poursuivre :
« ô toi qui fis ces hommes saintement !… » .

B – La chute
La forme du sonnet favorise la progression du poème vers une chute.

L’effet d’attente est accentué par la construction du poème :

Celui-ci est constitué d’une seule et longue phrase, dont le verbe


principal n’apparaît pas avant le vers 9.
Avant, quatre propositions subordonnées se succèdent, entrecoupées de
points-virgules.

A partir du vers 12, les virgules donnent un rythme plus saccadé qui
s’accélère progressivement jusqu’à la chute.

Ici, la chute est suscitée par une image forte : les prières et l’offrande de
pauvres mères pour le salut de leurs fils à un Dieu indifférent et vénal,
uniquement intéressé par le « gros sou ».

Cette chute marque le point culminant de la révolte de Rimbaud.

C – Un poème argumentatif ?
Rimbaud fait part ici de son engagement en exprimant sa révolte contre
les pouvoirs, contre la guerre et la religion, et même contre la crédulité
du peuple à travers l’offrande naïve des mères.

Le poème, dans sa structure, a l’allure d’un texte argumentatif.

Le poète multiplie en effet les parallélismes et les oppositions, joue sur


les contrastes.

Les anaphores rhétoriques (« Tandis que » et « Tandis qu’ », vers 1 et


5 ; « Et », vers 6 et 12) prêtent au discours du poète un caractère
oratoire.

De plus, la simultanéité marquée par le « tandis que » et l’emploi du


présent, ainsi que les multiples images, soulignent l’aspect pictural du
texte.

En permettant au lecteur de visualiser ces différentes scènes, le poète


peut ainsi mieux le convaincre.

Il le persuade également grâce au pathétique et aux effets


d’amplification et d’exagération des hyperboles : « tout le jour »,
« l’infini » (v. 2), « en masse » (v. 4), « épouvantable » (v. 5), « cent
milliers » (v. 6).

Le Mal, Rimbaud – Conclusion :


« Le Mal » est l’un des premiers poèmes de Rimbaud, dans lequel il laisse
éclater sa révolte adolescente. Témoin de la guerre et de sa violence (la
guerre franco-prussienne de 1870), il s’en prend aux puissances
supérieures responsables du mal : le Roi et Dieu, deux figures qu’il met
en parallèle.

Pour lui, la seule religion valable se trouve dans la Nature, puissance


créatrice qu’il célèbre comme un Idéal, en opposition avec la guerre et le
christianisme.

Ce poème est à rapprocher du « Dormeur du val » écrit en octobre 1870,


qui décrit un soldat endormi dans l’herbe. La chute révèle que le jeune
soldat est mort (« Il a deux trous rouges au côté droit. »)

Tu étudies « Le Mal » de Rimbaud ?


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Amélie Vioux
Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation
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20 commentaires

DVP1
6 janvier 2019 à 20 h 09 min

L’on peut voir une belle isocolie au vers 7 (harmonie) qui


s’oppose à l’hypozeuxe des couples de vers 1/2; 3/4 et 5/6
suggérant la cadence militaire et mécanique de la guerre
venant troubler cette atmosphère idyllique.

Une ode à la paix et au bonheur dans un poème splendide


ayant été analysé à sa juste valeur, c’est à dire avec brio !

Répondre

Ulrich
25 juin 2018 à 23 h 21 min

C’est très bon. Je travaille actuellement avec des étudiants en


lettres en commentaire composé et cela m’a été d’une grande
aide. Merci. Cordialement. Ulrich.

Répondre

Martin
26 mai 2018 à 9 h 34 min

Bonjour!
Merci pour vos commentaires Amélie. J’ai seulement une
question: Dans chaque vers il y a 12 syllabes mais l’avant
dernier il y en a 13 et le dernier 11. Je ne comprends pas cela
et si c’est juste comment on appelle ce cas?

Répondre

tess
6 juin 2018 à 18 h 45 min

vu que tu n’as pas de réponse, je vais essayer de t’aider

je pense que tu comptes juste mal les syllabes dans les


vers; je ferais comme ça :

Dans – l’an – goisse – et – pleu – rant – sous – leur –


vieux – bo- nnet – noir, (ici on dit « vieux » et pas « vi-
eux » pour avoir un alexandrin ; ca s’appelle une diérèse)
Lui -do – nnen- t un – gros – sou – li- é – dans – leur mou
– choir ! (ici, tu fais la liaison « donnent un », on prononce
le « e » muet; et tu fais la diérèse « li-é » pour avoir un
alexandrin)

j’espère que ca t’aura aidé

Répondre

olivia
1 février 2018 à 20 h 08 min

bonjour,
qu’est qu’un diptyque s’il vous plait?

Répondre

Helloworld
25 avril 2018 à 16 h 45 min

« Œuvre littéraire ou artistique en deux parties. »


Ici deux parties peuvent être clairement distinguées : les
quatrains qui décrivent l’horreur de la guerre, et les tercets
où Rimbaud s’attaque à la religion.

Répondre

Clémentine
2 janvier 2018 à 18 h 36 min

Bonjour !

Serait-il possible d’avoir le titre de l’oeuvre d’illustration ?

Merci !!

Répondre

tom
1 janvier 2019 à 15 h 52 min

Picasso – la femme qui pleure

Répondre

Rjf
26 décembre 2017 à 10 h 27 min

Très bonne référence et une connaissance des procédés


remarquables. Merci pour cette aide précieuse!

Répondre

Houmadi
4 octobre 2023 à 11 h 21 min

Merci
Vous avez fait un travail riche et bénéfique

Répondre

Pedro
11 juin 2017 à 21 h 09 min

Je te remercie beaucoup pour tes aides pour la plupart


gratuite et très utile !

Répondre

manon
7 mars 2017 à 20 h 34 min

Bonjour, merci pour ce commentaire composé très explicatif


mais simple malgrès tout. Actuellement en classe de
seconde, j’étudie le commentaire composé afin de nous
préparer au bac de français de l’année prochaine. J’ai étudié
également les poèmes « Sensation » et « Le Dormeur Du
Val », grâce à vous écrits, je m’exerce et me corrige.

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