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“Les Effarés”, Rimbaud, Cahiers de

Douai

Introduction
Arthur Rimbaud est un poète français du XIXe siècle, connu pour sa carrière
poétique brève mais marquante. Il a vécu son enfance à Charleville, une enfance
marquée par l’abandon de son père et la sévérité de sa mère. Il grandit aussi dans le
contexte de la guerre franco-prussienne de 1870, année durant laquelle il écrit la
majeure partie de ses poèmes du recueil Cahiers de Douai. Ses expériences
douloureuses ont influencé son art : la poésie n’est pas uniquement un moyen pour
lui d’échapper à la cruauté de sa réalité, mais aussi un moyen de la dénoncer. Son
poème “Les Effarés” en fait partie. Dans ce poème, il décrit 5 enfants qui regardent
un boulanger faire du pain pendant l’hiver.

Alors nous nous demanderons :

Problématique : Pourquoi peut-on dire que ce poème est une dénonciation de la


misère sociale ?

1er mouvement : Mise en scène


Le poème commence par une mise en scène.

Dès le début, le poète instaure une atmosphère pathétique :

● “Noirs” dans la “neige” blanche : Ce CC de lieu met en relief l’obscurité et le


froid de l’extérieur.
● “Au grand soupirail qui s’allume” : Il oppose le froid de l’extérieur avec le vers
suivant, dans lequel on retrouve le champs lexical du feu, de la chaleur
“soupirail” ; “s’allume” ⇒ Il décrit un intérieur chaud où la lumière émane du
grand soupirail dans la noirceur.
● “Leurs culs en rond” : L’utilisation du déterminant possessif “Leurs” introduit
les personnages, tandis que l’expression “culs en rond” décrit leur posture ⇒
Cette description crée un effet de vulnérabilité qui renforce le registre
pathétique
● “A genoux, cinq petits” : Décrit les personnages et évoque de la pitié à leur
posture agenouillée. De plus, le contraste entre leur l'adjectif “petit” et le
“grand soupirail" renforce l’image de leur vulnérabilité.

● “Misère !” : Cette interjection donne une tonalité réaliste qui a ici pour but
d’entraîner l’empathie du lecteur envers la situation difficile des enfants

● “Regardent le boulanger faire le lourd pain blond” : Le poète décrit l’action des
personnages. Le verbe “regarder” et les points de suspension donnent
l’impression qu’ils sont spectateurs dans un moment extraordinaire. ⇒ On
comprend alors le titre du poème. Cette scène banale effare ces enfants qui
vivent dans la misère.

2ème mouvement : Atmosphère chaleureuse (=


contraste)

● Allitération en [R] ⇒ Crée une harmonie imitative du ronronnement du four,


un bruit réconfortant dans le froid de l’hiver, qui donne de la chaleur à la
scène

● “Dans un trou clair” : La métaphore du four avec cette expression redouble


l'image du "soupirail", elle plonge davantage le lecteur dans la scène et l'invite
à s'imaginer à la place des enfants.
● La rime entre "cuire" et "sourire" crée une simultanéité entre l'action de faire le
pain et le sourire du boulanger, cela renforce l'idée d'une atmosphère
chaleureuse et réconfortante.
● “Chante un vieil air” : Décrit l’image d’un boulanger joyeux dans un intérieur
accueillant et chaleureux. Cela crée un contraste avec la condition des
enfants

● “Chaud comme un sein” : Cette comparaison évoque une figure maternelle,


qui pourrait insinuer que les enfants trouvent du réconfort et du bonheur
grâce au pain, mais jamais à travers une mère. Il décrit peut-être des
orphelins.

3ème mouvement : Parenthèse enchantée (= échapper


à la réalité miséreuse)
● “Minuit sonne” : Cette expression rappelle un conte de fées, donne une dimension
magique à la scène.

● “Pétillant” : Ce mot hors contexte crée un effet de surprise, et indique qu’on sort
temporairement du contexte réaliste de la situation décrite.
● “On sort le pain” : Ce vers se lit comme une annonce. Cela décrit un moment
magique attendu pour les enfants.

● “Chantent les croûtes” : La personnification avec "Chantent les croûtes" ajoute une
touche de rêverie à la scène.

● “Et les grillons” : Nous avons une inversion inattendue où les grillons se situent à
l'intérieur et au chaud, tandis que les enfants sont à l'extérieur dans le froid. Le poète
exprime que dans l’ordre du monde les grillons sont au dessus des enfants
● “Leurs haillons” : La description des haillons des enfants avec "Leurs haillons" ne
choque pas et peut même être perçue de manière positive, cela crée une
transfiguration du réel, peut-être liée à la magie du moment.

● Les rimes embrassées entre "grillons/haillons" et "vie/ravie" renforcent le sentiment


d'unité entre les enfants, les grillons, et la vie créée par le boulanger. Le boulanger
serait donc perçu comme le Créateur.

● "Quand..." crée un parallélisme de construction équilibré, en contraste avec la réalité


difficile de la vie des enfants.

4ème mouvement : Retour à la réalité

● “Ils se ressentent si bien vivre, les pauvres petits pleins de givre !” : Cette antithèse
met en évidence l'injustice de la situation, avec la contradiction entre le bien-être
ressenti et la réalité difficile des enfants.

● “Petits museaux roses” : Les enfants ayant des "Petits museaux roses" illustre le
froid, tandis que la comparaison à des animaux suggère une déshumanisation de
leur condition
● Les mots "Grillage", "trous", et "prière" renvoient à un confessionnal, présentant le
boulanger comme une figure divine. Ce serait l’image que les enfants ont du
boulanger.
● “Qu’ils crèvent leur culotte” : Cet hyperbole met en lumière la précarité de leur
situation.

● “Lange blanc tremblote” : Personnification qui évoque de la fragilité et de la


vulnérabilité
● “Au vent d’hiver” : Le lien avec le thème de la neige ramène le lecteur au début du
poème. Cet aspect cyclique illustre la continuité de la souffrance des enfants.

⇒ Dans cette strophe on sort de la parenthèse enchantée et on retombe dans la réalité


difficile = chute dans la narration

Conclusion
En conclusion, le poème de Rimbaud "Les Effarés" dépeint le tableau de la misère sociale et
de l'injustice à travers le regard des enfants. Il illustre les disparités sociales et utilise divers
procédés pour inviter le lecteur à réfléchir sur les inégalités sociales persistantes et à se
confronter à la dure réalité des exclus de la société.

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