LES PROCÉDÉS D’ÉCRITURE

A- LES PROCÉDÉS LEXICAUX

Nom Définition Exemples Effets/sens

La dénotation Le sens dénoté est le sens premier d’un mot, son Dans l’expression « être malade du cœur », le Effet de précision, marque l’objectivité ou la
(le sens propre) sens littéral. terme « cœur » désigne l’organe physique. rationalité.

La connotation Le sens connoté est le sens imagé d’un mot. Ce Dans l’expression «avoir le coeur brisé», le terme Effet de subjectivité, renvoie à l’univers
(le sens figuré) sens est généralement subjectif et relève de cœur renvoie à la sensibilité, aux émotions. particulier qu’un auteur veut créer.
l’habileté du lecteur à interpréter le texte.
N.B. Le jeu sur le ou les sens courants d’un mot peut produire différents effets stylistiques
comme l’ambiguïté, l’humour, l’ironie, la critique, la surprise, la séduction. À vous d’être attentif !
Le vocabulaire Le voc. mélioratif indique la perception positive « Il cria avec une voix rauque et furieuse qui Il faut être prudent et surtout nuancé dans
mélioratif/péjoratif du locuteur pour le sujet dont il parle, tandis que ressemblait plutôt à un aboiement qu’à un cri l’interprétation du vocabulaire, il faut tenir
le voc. péjoratif révèle une perception négative. humain et qui couvrait le bruit des huées » compte de l’époque, du contexte culturel et du
courant littéraire. Ici, le choix des termes fait du
personnage un être sauvage, presque Bestial.
Le champ lexical Série de mots (au moins 3) liés par le sens, dont Le soleil vif et brillant du matin illuminait la Le champ lexical de la lumière exprime bien
l’accumulation exprime l’idée dominante ou un pièce d’une clarté éblouissante. l’atmosphère qui règne dans la pièce.
thème important du texte. N.B. Il est nécessaire de nommer le champ lexical
lorsqu’on utilise cette notion.

B- LES PROCÉDÉS STYLISTIQUES (ou figures de style)

Nom Définition Exemples Effets / sens

La comparaison Rapproche deux termes ayant un point commun, «La terre est bleue comme une orange» (Paul L’interprétation doit se faire en fonction du
(analogie) à l’aide d’un mot comparatif. Éluard, L’amour, la poésie, 1929) contexte. Ici, il s’agit d’une comparaison
surréaliste qui produit un effet d’étrangeté.
La métaphore Rapproche des termes sans expliciter leur lien de a) « Ma femme à la chevelure de feu de bois » L’interprétation doit se faire en fonction du
(analogie) ressemblance ou d’analogie, et sans mot b) « Le monde entier est une scène » contexte. Dans le 2e exemple, le parallèle entre le
comparatif. monde entier et la scène rappelle que le réel est
parfois aussi calculé et faux que l’univers
théâtral.
Personnification Attribue des caractéristiques humaines à des « Quand elle souriait, les fleurs pâlissait de Le fait d’attribuer aux fleurs un sentiment de
(analogie) animaux, à des objets ou à des notions jalousie et les feuilles tombaient des arbres pour jalousie montre à quel point le sourire du
abstraites. embrasser ses pieds. » personnage est beau, puisque la nature même y
est sensible.
L’antithèse Rapproche, au sein d’une phrase ou d’un « Iseut l’aimait. Elle voulait le haïr » Effet de contraste marqué entre deux émotions
(rapprochement ensemble de phrase, deux réalités opposées. ou deux situations contradictoires.
d’éléments opposés)
L’oxymore Rapproche deux termes opposés pour désigner « Hâte-toi lentement » (Boileau) Effet choc, crée un contraste saisissant entre
(rapprochement une seule réalité. « Obscure clarté » (Corneille) deux mots. L’assemblage des termes redéfinit
d’éléments chacun d’eux de façon subjective.
opposés)
La métonymie Remplace un mot par un autre qui entretient « Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé » Cette métonymie (partie/tout) met l’accent sur le
(substitution) avec lui un rapport logique (le contenant pour le -Boire un verre. mouvement, comme si le voyage des souliers
contenu, la partie pour le tout, la cause pour symbolisait l’expérience de vie et la sagesse du
l’effet). locuteur.

La périphrase Consiste à remplacer un terme par une La ville lumière pour Paris. Selon le cas, une périphrase peut-être ironique,
(substitution) expression qui le décrit ou l’évoque. Le prince des poètes pour Ronsard. critique, humoristique, etc.
L’antiphrase Consiste à exprimer le contraire de sa pensée « Monsieur le baron était un des plus puissants Effet d’ironie, de sarcasme, de critique,
(substitution) dans un but ironique. barons de Westphalie, car son château avait une d’humour. Ici, la description du château ridiculise
porte et des fenêtres. » (Voltaire, Candide, 1759) complètement le baron et, par là, la noblesse.

L’euphémisme Consiste à remplacer une réalité désagréable, « Je rentre tard, je sais 18 ans de retard, c’est L’euphémisme permet d’atténuer la réalité : une
(substitution) choquante ou perçue négativement par une vrai. » absence de 18 ans devient un simple retard.
expression adoucie.
L’hyperbole Consiste à exagérer fortement une réalité pour - Avoir le diable au corps. Témoigne d’une volonté de faire réagir, de
(amplification et lui donner plus d’impact, plus de force. - Être amoureux fou. critiquer, de convaincre, d’impressionner, de
insistance) - Verser des torrents de larmes. faire rire, etc.

3. LES PROCÉDÉS SYNTAXIQUES (d’insistance et d’amplification)

Nom Définition Exemples Effets / sens

L’énumération Suite de mots et de groupes de mots qui « Toujours se vautrait par les fanges, se noircissait le L’énumération de verbes péjoratifs accentue la
appartiennent à la même catégorie nez, se barbouillait le visage, éculait ses souliers, grossièreté du personnage tout en créant un
grammaticale. bâillait souvent aux mouches et courait volontiers effet comique.
après les papillons, desquels son père tenait
l’empire.» (Rabelais, Gargantua, 1534)
 La gradation Énumération dans laquelle les mots ou groupes Elle ressentit d’abord le choc, puis pleura, cria, La progression croissante fait ressentir la force
de mots sont disposés dans un ordre de hurla, tant sa douleur était forte. de l’émotion et son effet violent.
progression croissante ou décroissante.

La répétition Mot ou groupe de mots répétés plusieurs fois.
L’anaphore Répétition insistante d’un mot ou groupe de
mots en tête de phrase, de paragraphe, de vers
ou de strophe.
Le parallélisme Parallèle entre deux ou plusieurs énoncés ayant
une structure syntaxique similaire.
L’ellipse Omission volontaire de certains mots non
indispensables à la compréhension de la phrase.
« Ô triste, triste était mon âme / À cause, à cause
d’une femme » (Verlaine, « Ariettes oubliées »,
1862)
« Rome, l’unique objet de mon ressentiment ! /
Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant ! /
Rome qui t’a vue naître, et que ton coeur adore ! /
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’adore ! »
« Vienne la nuit sonne l’heure / Les jours s’en
vont je demeure » (Apollinaire, « Le Pont
Mirabeau», Alcool, 1913)
« Les hommes ? Écume, faux dirigeants, faux
prêtres, penseurs approximatifs, insectes…
Gestionnaires abusés… » (Philippe Sollers, Femmes,
1985)
La répétition crée un effet d’insistance en
soulignant la douleur du poète et en accentuant
la cause de cette souffrance.
L’anaphore crée un effet rythmique, il peut s’agir
d’un rythme lent, doux ou d’un martèlement
persuasif, obsessionnel.
Effet de symétrie et d’équilibre. Le premier
parallélisme fait ressortir la similitude, le second,
l’opposition.
L’ellipse crée un raccourci, une association
directe entre les hommes et les adjectifs qui
suivent.

REMARQUE
Pour analyser un texte, quel qu’il soit, vous pouvez aussi vous servir :
 de la ponctuation (effet de variation, de répétition, d’insistance)
 des types de phrases (affirmatives, négatives, impératives, exclamatives,
interrogatives)
 des catégories de mots (noms, verbes, adverbes, adjectifs)
 des niveaux de langue (soutenu, courant, familier, populaire)
 des jeux lexicaux (moyens fantaisistes grâce auxquels l’auteur donne aux
mots une forme et une signification inhabituelle, surprenante; création
de néologismes, jeu sur la polysémie)
 des tonalités (impression particulière que le texte produit sur le lecteur).
On parle de tonalité lyrique, tragique, comique, dramatique, épique,
fantastique, polémique, didactique.