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La pensée du dehors
fata morgana
\
La pensée du dehors
W-
Michel Foucault
La pensée du dehors
illustrationa de
i.OOj
J
JE MENS, JE PARLE
eue avait,■•«"
te 'ï î4?:tefï
pressenti le danger oue ferait
counr à l'évidence du , je si ri'e^T
nence nue du langage. ' ' ^'P^"
La percée vers un langage d'où le sujet
est exclu, la mise au jour d'une incom
patibilité peut-être sans recours entre l'ap
parition du langage en son être et la
conscience de soi en son identité, c est
aujourd'hui une expérience qui s'annonce
en des points bien difierents de la culture :
dans le seul geste d'écrire comme dans
les tentatives pour formaliser le langage,
dans l'étude des mythes et dans la psy
chanalyse, dans la recherche aussi de ce
Logos qui forme comme le lieu de nais
sance de toute la raison occidentale» Voilà
nous nous trouvons devant une béance
qui longtemps nous est demeurée invisible .
1 être du langage n'apparaît pour lui-même ji
^e dans la disparition du sujet. Comment f
avoir accès à cet étrange rapport ? Peut-
etre par une forme de pensée dont la
culture occidentale a esquissé dans ses
14
15
encore incertaine. n'y a-t-il rien de moins sûr : car si dans
sublLS de toute une telle expérience il s'agit bien de passer
« hors de soi », c'est pour se retrouver
g_ - ®f bmites, en énoncer la finalement, s'envelopper et se recueillir
n'en rpr dispersion et dans l'intériorité éblouissante d'une pensée
et oui en^^ - l'invincible absence, qui est de plein droit Etre et Parole,
de we se tient au seuil Discours donc, même si elle est, au-delà
saisir le de tout langage, silence, au-delà de tout
pour retrouv 7'°^ justification, mais être, néant.
le vidp • T• ®llc se déploie, D est moins aventureux de supposer que
la première déchirure par où la pensée
cmivent^r . ®® constitue et où s'es- du dehors s'est fait jour pour nous, c'est,
Attitudes • ''"r?- '' P""® '® ses d'une manière paradoxale, dans le mono
P^Zn^ rt^^^- - eette%ensée. logue ressassant de Sade. A l'époque de
Kant et de Hegel, au moment où jamais
phaosE ®^norité de notre réflexion
denoSaWP""PP®^ ^ P®=i«vité sans doute l'intériorisation de la loi de
l'histoire et du monde ne fut plus impé
appeler d'un ®°°®'''"e ce qu'on pourrait
n feudra k """
' '® P®°®é® «•" «Jehors .. rieusement requise par la conscience occi
dentale, Sade ne laisse parler, comme loi
de cette .pensée P°°"^ementales sans loi du monde, que la nudité du désir.
aussi s'efforri»!. j dehors ». Il faudra C'est à la même époque que dans la
uient de ch ^®i^ouver son chemine- poésie de Hôlderlin se manifestait Pahsence
et Zs quEi'®'' ®"® °®"S vient scintillante des dieux et s'énonçait comme
supZÏÏ Z'T"
pensée mystique oui "i
P®"'
®®"®
nne loi nouvelle l'obligation d'attendre,
sans doute à l'infini, l'aide énigmatique
Pseudo-Denvs fl P"^® t®*ies du qui vient du « défaut de Dieu ». Pourrait-on
tianisme : nêutit° dire sans abus qu'au même moment,
pendant un mill^ ^ maintenue, l'un par la mise à nu du désir dans e
formes d'^tT
une théologie négative. Encore murmure infini du discours, l'autre par
la découverte du détour des dieux dans
16
17
congé donné à ce qu'il nomme, mais plus
PDeiV, pour le siècle déposé
à venir,dans
maisnotre
en encore — depuis Igitur jusqu'à la théâ-
tralité autonome et aléatoire du Livre —-
le mouvement dans lequel disparaît celui
non n«« qui devait rester alors1 qui parle ; chez Artaud, lorsque tout lan
gage discursif est appelé à se dénouer dans
cultiirp ™ • n 1 épaisseur de notre la violence du corps et du cri, et que la
extérieure T "^°'®' étrangère, comme pensée quittant l'intériorité bavarde de la
le temn, v°°. pendant tout conscience, devient énergie matérielle, souf
1 P où s est formulée, de la facnn france de la chair, persécution et déchire
le tn7'1fT'''^"eenoe d'intériorirr ment du sujet lui-même ; chez Bataille,
lorsque la pensée au lieu d'être discours
surmonte^le ^'i^nations, de
taOsserun^ 1® moment f^acieux de l'fii. <le la contradiction ou de l'inconscient,
raliser n'om ""T °®1'^®> de natu- devient celui de la limite, de la subjectivité
rompue, de la transgression ; chez Klos-
aux cieux 'l^P®°aés sowski, avec l'expérience du double, de
l'extériorité des simulacres, de la multi
•lans la^seconde ^^Pf"??"®® "pd réapparaît plication théâtrale et démente du Moi.
De cette pensée, Blanchot n'est peut-être
queeœmnotreSe
culin.77
, 8^®'T ®'^1®bien®'
devenu, pas seulement l'\m des témoins. Tant i
réfléchir comme -l 7 .*°"i°"rs à s'y se retire dans la manifestation de son
son intériorité l'éf ^f®' '^® œuvre, tant il est, non pas caché par ses
dehors : chez Niei oment même du textes, mais absent de leur existence et
que toute métanh ^ ^ <Çand il découvre absent par la force merveilleuse de leur
Hée non sSïr j Srammaire (ce
®®' existence, il est plutôt pour nous cette
qu'on devinait en pensée même — la présence réelle, abso
mois à ceux depuis Schlegel), lument lointaine, scintillante, invisible, c
détiennent le d^t 77 discours, sort nécessaire, la loi inévitable, la viguem
Mallarmé Sd
quand ,e
leflangage
^ apparaît
P«®'® :comme
oh®^ calme, infinie, mesurée de cette pens e
même.
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jÊÊÊi
SaK ^ont déposé dansPerdre,
bade et Holderlm notre congé donné à ce qu'il nomme, mais plus
encore — depuis Igitur jusqu'à la théâ-
pensée, pour le siècle à venir, mais en tralité autonome et aléatoire du Livre —-
du le mouvement dans lequel disparaît celui
non na« '^enence qui devait rester alors1 qui parle ; chez Artaud, lorsque tout lan
gage discursif est appelé à se dénouer dans
culture 1= l'épaisseur de notre la violence du corps et du cri, et que la
extérieure à °"^te, étrangère, comme pensée quittant l'intériorité bavarde de la
le temns antériorité, pendant tout conscience, devient énergie matérielle, souf
la pSlt- 1" feson france de la chair, persécution et déchire
le mon^ d'intérioriser ment du sujet lui-même ; chez Bataille,
sLZ^f aliénations, de lorsque la pensée au lieu d'être discours
taOssemZ f,. Macieux de l'fii- <le la contradiction ou de l'inconscient,
raliser la nature, de natu- devient celui de la limite, de la subjectivité
tetries t"""® ^
aux deux.
1®
dépensés
rompue, de la transgression ; chez Klos-
sowski, avec l'expérience du double, de
l'extériorité des simulacres, de la multi
da^a îa^secTiÎde moitié du xixeréapparaît
an n«x siècle pt
plication théâtrale et démente du Moi.
De cette pensée, Blanchot n'est peut-être
pas seulement l'un des témoins. Tant il
réfléchir comme s'U Sna/T"' ^
son intériorité l'a.- ,, ®" 1® secret de
80 retire dans la manifestation de son
<®uvre, tant il est, non pas caché par ses
dehors : ch^ Nii i? ®"^'"®'°® du textes, mais absent de leur existence et
•Pre toute métanh ^ ^ inand il découvre absent par la force merveilleuse de leur
existence, il est plutôt pour nous cette
qu on devinait en Jl j ^'^'"«'«re (ce pensée même — la présence réelle, abso
"sais à ceux P"" Schlegel), lument lointaine, scintillante, invisible, e
détiennent le drdt '® discours, sort nécessaire, la loi inévitable, la viguem
calme, infinie, mesurée de cette pens e
'b**ë® apparaît comme même.
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réflexion, fiction
I
r - vers mais l'oubli ; pas de contradiction, mais
ne pourrait pl^s' êto déro3''_'^'ta-' la contestation qui efface ; pas de récon
ciliation, mais le ressassement ; pas d'es
prit a la conquête laborieuse de son imité,
ï"
de luï-mêinp il ' parvenu au bord mais l'érosion indéfinie du dehors ; pas
de vérité s'illuminant enfin, mais le ruis
positivité oui' Ip surgir la
'ans -de sellement et la détresse d'un langage qui
vide il doit ail vers ce u toujours déjà commencé. « Non pas une
d&ouer daus la ® f<=np'^t de se parole, à peine un murmure, à peine un
négation de ce qu'TS '''™niédiate nsson, moins que le silence, moins que
qui n'est Pas J uu silence abîme du vide ; la plénitude du vide,
pur Ih^orVoTr ^ quelque chose qu'on ne peut faire taire,
indéfiniment. C'est ^^^uulent occupant tout l'espace, l'ininterrompu, l'in
de Blanchot ne fait n langage cessant, un frisson et déjà un murmure,
«in la négation N efn-T dialectique Uon pas un murmure mais une parole,
faire entrer ce aïou ' ■^'^«'<l"'^'nnnt, c'est et non pas une parole quelconque, mais
mquiète de l'esprit n'^ l'intériorité istincte, juste, à ma portée »i.
nours comme le faif'm dis- ne conversion symétrique est demandée
faire passer sans ce! n'est le de la fiction. Celle-ci ne doit
le dessaisir à chaoue lui-même, P ns être le pouvoir qui inlassablement
de ce qu'il vient de j° °°° seulement Pro uit et fait briller les images, mais la
de l'énoncer • c'est leT' pouvoir qui au contraire les dénoue, les
loin derrière' ^ «at, gc de toutes leurs surcharges, les habite
nn eommencement _ Pom' une transparence intérieure qui peu à
"i^igine puisqu'il n'a e '"'i Pnre
-de pour pri„eip/ T- ^"""ôme et le eM dlumine
. ^ cgaille dansjusqu'à les faire
la légèreté éclater
de l'inima-
Inen recommenceme aussi
'angage passé qui ën 1® plur fictions chez Blanchot seront,
le^
p. ®P|ucement,images,
^A' la transformation,
l'intermédiaire neutre,
u erstice des images. Elles sont précises,
..-aI-clL.
corridors où, la nuit, retentissent, au-delà
c tout sommeil, la voix étouffée de ceux
^ui parlent, la toux des malades, le râle
le vidf ir?. '° mais dans es mourants, le souffle suspendu de celui
elles son?l ? l'-'^Pace où
Le fictif Jest Tam™^ T""' c7ambre cesse
plus pas
longuede que
cesserlarge,
de vivre
étroite;
dans les hn choses ni omme un tunnel, où la distance et l'ap-
vraisemblance")!? 0^''' ''^P^asible roc e, - 1 approche de Toubli, la distance
rencontres ? -"î": ®°'ve eux : c attente — se rapprochent l'un de
absolue?LlTr?iàt ^tre^ et indéfiniment s'éloignent.
La fiction consiste? 'sommes, insi la patience réflexive, toujours tour-
voir invisible ? ■ Trf''®
Invisiblel',?-uu- ^ ce hors d'elle-même, et la fiction qui
est combien
là sa mnf !, ""^'aibilité du visible De for^^^
^i^mes,^ sdans le vide oùpour
entrecroisent elle former
dénoue ses
un
amsi e^eni'' e^t^rlaT)-
négatif est à h Jfj
1"b '
qne le san^^^-^^ apparaît sans conclusion et
négation kt (nlors que la pre^ ®^us vérité ni théâtre, sans
du terps^TeU??"'?^'^ ^' Puble librT^.î masque, sans affirmation,
jouent, dans urf^ ^nle que et au- centre, affranchi de patrie
Blanchot,ls^k-^^''T de le d^u son propre espace comme
et les cSmbr?' r Com lequel, hors duquel il parle.
seuils attirants #x ^ " ^®nx sans lieu, Ses Parole du dehors, accueillant dans
cependant ouverts^^r? défendus et discni ° ^ dehors auquel il s'adresse, ce
^nr lesquels batLt 7' taire Pcuverture d'un commen-
des chambres pour d ouvrant cessé ce qui au dehors n'a
portables, les sém ''^ncontres insup. 1 ^ murmurer. Mais comme parole
toujours au dehors de ce
incpsio discours sera ime avancée
'"'"■ i-i .. »p.i» rt"i„r. ^^itient^fT
^ode etre singulier
jamais
lumière, abso-
reçu langage. Ce
du discours — retour
au creux equrvoque du dénouement et
commun^"'
commun aux-
,romans » ou doute
,récitsle »lieu
de
Blanchot et à sa.critique ». A partir du RE ATTIRÉ ET NÉGLIGENT
moment, en effet, où le discours ces e de
CLe ^ même du
il eï dehors,
récit m , 1^'™ : L attirance est pour Blanchot ce qu'est,
f»IF-T - doute, pour Sade le désir, pour
letesche la force, pour Artaud la maté-
S'
été HH •
ff•' existe déjà, a déià
té de la pensée, pour Bataille la
ransgression : l'expérience pure du dehors
^ ^ plus dénudée. Encore faut-il bien
iï Ast
lui, mais du s «si prononcé en ^niprendre ce qui est désigné par ce
mots du m ^ """•''de entre ses chot,'ne^ prend appui
tellesurque l'entend
aucun Blan-
charme, ne
défaire, dis^ourTrurt
tout laneaffe fi.f ,
n T" de
^ Ript aucune solitude, ne fonde aucune
où il apparaît f '"^i^ible ^^rumunication positive. Etre attiré, ce
t^est pas ^ être invité par l'attrait de l'ex-
ne cesse de s'attL l "" critique » et plutôt éprouver dans le vide
°e plus laisser parleT P"""" et f., la présence du dehors,
qoe le langage^nême^ T'" irrê présence, le fait qu'on est
de personne oui !• j q"' "'est ^ '^i^blement hors du dehors. Loin
de la réflexion •j fiction ni ^utr^^p l'intériorité à se rapprocher d'une
encore dit, m'aîT '''" 1®""®'® que manifeste impérieusement
lieu avec son m- " a ® ®'"' comme ce San ^ est là, ouvert, sans intimité,
deschosesenirlaUatÏnt.A &ia'^ se nvoir,
déploie
retenue (comment pour-
luiàquil'infini
n'a pashors
d'intériorité,
de toute
■r-' '' :
X:;î î^'
eUe serait U^J îi °® personne, car
PourrSlff-®-^ «» et -
Commen? celW® P"'® ?""e°ee ouverte. ^ tre négligent, être attiré, c'est une
tieUement négligente ®u®®°' ja^?\ manifester et de dissimuler
®tre ce au'é^l^ ' laissant les choses
passer et^ rfeni '°T'- temps se T-' ^ manifester
issinaule, de l'attirerlepar
retrait où elle
conséquent
avancer vers eUe' 'e® hommes p®,^ jour qui la cache,
dehors infini n ■ ~i P^'^^^'eUe est le
tombe hors d'eC^''"- ° la 1^. cœur, la loi ne serait plus
'a pure disn» •'P*"®*pt ®^o dénoue dans oie 1 intériorité douce de la cons-
revanche elle était présente
l'iBtSrité P°° figt^ea de déoK'fl^ texte, s'il était possible de la
on est néS^. ™«snre même où le entre les lignes d'un livre, si
hien que k zèle! ?t POMquoi U fallait pouvait en être consulté, elle
"Wence, On ^ solidité des choses extérieures :
«geusementà ZeTT -*er
néSt à"''"' '°"®'cette
®®"- où la suivre ou lui désobéir :
lumière dans ifTa r avancer vers la On alors son pouvoir, quelle force
jusqu'au moment B)n prestige la rendrait vénérable ?
lumière n'est oueoùnifi-
il ir^é ''utulre,
que la ^issi présence de la loi, c'est sa
équivalent à la nuit ^ P"' dehors ^os La loi, souverainement, hante
une bougie qu'on am^ disperse comme log institutions, les conduites et
Iti Idt Ittirl ;" négbgent qu'on fasse, aussi grands
^^jà oployé sa
désordre et l'incurie,
puissance elle a
: « La maison
32
33
'' r;
I 'i
st toujours à chaque instant, dans l'état elle est toujours plus retirée ? Com-
qui lui convient Les libertés qu'on ^ent voir son invisibilité, sinon retournée
prend ne sont pas capables de l'inter- ans Tenvers du châtiment, qui n'est
après tout que la loi franchie, irritée, hors
detacbe, quon en regarde de l'extérieur c soi ? Mais si le châtiment pouvait
application; au moment où on croit provoqué par le seul arbitraire de
Po!r les 1 Jeux qui violent la loi, celle-ci serait à
l'annîLf'' ï' "f"l^r, on s contribue à
el^^l '■ Ils pourraient
^ la faire apparaître à leur lagrétoucher
; ils
dant re»°" ™/écret public »». Et cepen- j^^aient maîtres de son ombre et de sa
lumine manifestation n'il- ^tïiière. C'est pourquoi la transgression
iHoi^Tf-! <=® q"® veut entreprendre de franchir l'in-
rrJni- P que le principe ou la pres-
dXrTn"-T® ®°veloppe, et qui par
®^' là1® psoi ' essayant d'attirer la loi jusqu'à
l^ait, elle se laisse toujours attirer
les fait é V. retrait essentiel de la loi ; elle
es la n . ^ intériorité ; elle inv^^'î^v dans l'ouverture d'une
c me re, "de qui les fol/^^ ^ jamais elle ne triomphe ;
-n^iaruTr?''
nlversel et
'""""'"nie de l'u- raîtr^^i^^' entreprend de faire appa-
dè maki 1 T"'T"'" un espace l*ébl^
nç
. 1°1 pour pouvoir la vénérer et
lumineux visage ; elle
tiplié. ' de zèle Ll- en aiblesse, P^^®
— en*îuecette
de lalégèreté
renforcer
de
"itn^llIuTiTa
^ent, comment r> kfit
■ ^P^ouver vrai-
pabi son invincible, son impal-
^ers^ ®^ostance. La loi, c'est cette ombre
à - renr vTsibTTe"
ses pouvoirs à n 'l clairement ch^Q ^^uelle nécessairement s'avance
voquait Ton ^ 7' la Pro- ^*omb^ ê®ste dans la mesure où elle est
mrajhemenu 7 De du geste qui s'avance,
lument loujourL nlnr^l " loi d'autre de l'invisibilité de la
^ rs plus loin vers le dehors dipty^ue. Dans le premier
Le Très-Haut forment
de ces romans,
I ■ I
34
35
.s.
39
i.
Tson
etinsidieu^' tout-puissant
-i. » t£raï;.°;~ n; EURYDICE ET LES SIRÈNES
te »rir,"->
il est a,i«i î A quartier pestiféré,
parmi les h "
nam L; à r P^^^-
niesse de la vacante la pro-
déchire le cri ]e un silence que
lui, que fait la lo^ - où est la Dès qu'on le regarde, le visage de la
1 TlOUgV/ VI
loi se détourne et rentre dans l'ombre ;
tesîT''-te'irorâ De
qu on veut entendre ses paroles, on
I I
surprend qu'un chant qui n'est rien
® plus que la mortelle promesse d'un
^l^ant futur.
'ous Lsto„V"î
«^hose imomnabie
sont la forme insaisissable
g iDterdite de la voix attirante. Elles ne
présence infnrJ j absente, tout entières que chant. Simple sillage
muette de cette nr' " l'horreur genté dans la mer, creux de la vague,
•=«te mort de nfe """'u P^ut-être ouverte parmi les rochers, plage de
la mort (1 .'t.'"' ^^Dc eur, que sont-elles, en leur être
« visqueuse mî u™® Masque de ®iuon le pur appel, le vide heureux
1® IZ
llbève geste Z
0^ 1?„®'®™ellement palpite)
1- taev; à la *^0 l'attention, de rinvitation
Plaa rien à dire que^lf.'T ' Leur musique est le contraire
®"ant je parfe Ze la loi ^D 1 eurs paroles
: nulle présence ne
immortelles scintille
; seule la
hent indéfiniment n» i 1"'
mation de ce lanô= j ®®"'® P^ela- ^élod*^^^ chant futur parcourt leur
rnutisme. ® ®® 1® dehors de n'e q^cl elles séduisent, ce
pas tellement ce qu'elles font entendre,
40
41
MJk
1 écoute, mais demeurer au pied du mât,
tram
train de
h' dire. Leur fascination ne naît pas chevilles et poings liés, vaincre tout désir
de leur chart actuel, mais de ce qu'il P^r une ruse qui se fait violence à elle-
s engage a etre. Or ce que les sirènes ^cme, souffrir toute souffrance en demeu-
promettent à Ulysse de clanter, c'est le '"ant au seuil de l'abîme attirant, et se
p^é de ses propres exploits, transformés retrouver finalement au-delà du chant,
*^cmme si on avait traversé vivant, la
Lm savons J^'^rt, mais pour la restituer dans un
dans rr* "î"® ^ieux langage second.
aS in infligés En face, la figure d'Eurydice. Appa-
c^me en Off<=^' ^^mment, elle est toute contraire, puis-
«rance du cham'm "ï"" ^''"" jin elle doit être rappelée de l'ombre par
d'autre an t.^ f promet rien ^ naélodie d'un chant capable de séduire
tl endormir la mort, puisque le héros
ce uS r,T; d'autre Ve ^ pas su résister au pouvoir d'enchan-
Man^ l^'-même. Promesse à la fois ^^ent qu'elle détient et dont elle sera
ItT Z: • Elle ment puisque c-même la plus triste victime. Et cepen-
pointeront I laisseront séduire et 9nt, elle est proche parente des Sirènes :
nrreti, les plages, ^onime celles-ci ne chantent que le futur
dit ira 1"' Mais elle chant, Eurydice ne donne à voir
que Te cC"
' ''' ^ la mort la promesse d'un visage. Orphée a
à l'infoi Pa et raconter ^len ^ pu apaiser l'aboiement des chiens
- Si,ri™ ''"ii t a ''"
;»• m
p»»»' se(Jujj.ç jgg puissances néfastes : il
l'ait dû, sur la route du retour, être
à l'entendrp \.r. u renoncer ssi enchaîné qu'Ulysse ou non moins
verser comme " le '^a- ^ Sensible que ses matelots ; en fait, il
continueiTTLe"
chanter • m, ^,1
et"d commencer à ^ en une seule personne, le héros et
récit qui ° naisse le 10^ • il adélié
été desaisisesdupropres
désir
^ "^o^rra pas, il faut être à ^erdit et il s'est
laissant s'évanouir dans l'ombre
42
43
le visage invisible, comme Ulysse a laissé
perdre dans les vagues le chant qu'il dérobe et le rend invisible : il a pu le
n a pas entendu. C'est alors que, pour Contempler en face, il a vu de ses yeux
un comme pour l'autre, la voix est 0 regard ouvert de la mort, « le plus
^rrible qu'un être vivant puisse recevoir ».
lee r^nV
récit possible de la u'est avec le salut,
merveilleuse aven- ^ c est ce regard ou plutôt le regard du
^^rrateur sur ce regard qui délivre un
c^est'l^T- P^«« absolue, extraordinaire pouvoir d'attirance ; c'est
il se „P pas de fin. Mais qui, au milieu de la nuit, fait surgir
seconde femme dans une stupéfaction
captive et lui imposera finalement
pl^^^^q^e de plâtre où on peut contem-
l'ét^ l^ce à face ce qui est vivant pour
1^ ernité ». Le regard d'Orphée a reçu
P^l®®^tice qui chantait dans la
instant U ™<»us qu'un
même ^^meni du sirènes. De même, le narrateur
laTuU bir rentrait dans dan voulu vient chercher Judith
sans lieu. a la clarté sans nom et cq ^ ^ interdit où elle est enfermée ;
attente, il la trouve sans
démem'^Xns®^'®' «'euchevêtrent profon- ^ ^ te, comme une trop proche Eurydice
^ des réct ou t'' Blanchof. Il y dans un retour im-
mort, au reear^d'^^T' L'arrêt fim ^ Mais derrière elle,
le sl-1 ^ regard l'arra vT garde et à laquelle il vient
chercher la nr^cp l. mort, va so^ naoins la déesse inflexible
ramener, imaee tente de la Ueut pnre voix « indifférente
jour, mais nVn lumière du s T' tine région vocale où
ie poènieTu.r'''''
Orphée cependant n^^°^ fPP^faître.
P^rfe r complètement de toutes
d^eUe superflues qu'elle semble privée
d'Eurydice dans le qui ■ jt^sle, mais d'une manière
mouvement qui le Wée^?^ toutes lesjustice quand elle est
fatalités négatives
44
45
r
■•«.I
levide et le partage en deux figures proche, obstinée, redondante, comme une
jumelles mais non superposables, le dépos figure en trop ; et dissimulée aussi puis
sédé de son droit immédiat à dire Je
qu'elle repousse plutôt qu'elle n'attire,
et eleve contre son discours une parole puisqu'il faut la mettre à distance, puis-
qui est indissociablement écho et déné-
gation. Tendre Poreille vers la voix argen- qu on est sans cesse menacé d'être absorbé
par elle et compromis avec elle dans une
imerdu
mt qu, déjà retourner
s'est dérobé, ce visage
vers le n'e^st confusion démesurée. De là que le compa-
pas seulement franchir la loi pour affronter ^on vaut à la fois comme une exigence
laquelle on est toujours inégal et une
le m seulement abandonner pesanteur dont on voudrait s'affranchir ;
c'esT sfr- de l'apparence, lui, on est lié invinciblement selon une
à IW K désert amiliarité difficile à supporter et pourtant
sais me
^s mesure est aussi mince qu'unedistance
lianet 1 faudrait s'en approcher encore, trouver
avec lui un lien qui ne soit pas cette
unTloi ™ sujet assignable, a sence de lien par laquelle on est attaché
sans nêrs P®Sonnei aclon la forme sans visage de l'absence.
« saLTe S'' Réversibilité indéfinie de cette figure.
ât ce là^ r' T''I" 1® '"ême- . ^ d abord, le compagnon est-il un guide
M i que rt°', et dans ce ^uvoué, une loi manifeste mais invisible
PatVanL 't m
être mené' h
P"°"P® de
^u on pensait
Comme loi ou ne forme-t-il qu'une masse
pesante, une inertie qui entrave, un som-
hiaccessible, n'était^e"Da^^\ J^cil qui menace d'envelopper toute vigi-
ment cette nré ^ simple- ance ? A peine est-il entré dans la maison
l'ombre de tn 1 ont attiré un geste à demi esquissé,
t- «» ,rd,7 p—«• p ^ sourire équivoque, Thomas reçoit un
identique à celi ti?™"? P®"'"®'^® ouble étrange (est-ce lui qui, selon la
compagnon a ^ proche, du double. ®^gïiification du titre, est « donné par le
comble de la dis^^^' i l'attirance au cigneur » ?) ; gon visage apparemment
puisqu'elle
^ se donn^^ ^*^^" pure
donne comme • dissimulée
présence j n'est que le dessin d'une figure
^touée sur sa figure elle-même et malgré
48
49
de grossières erreurs il conserve comme
* le reflet d une beauté ancienne ». dans une nuit qui communique avec le
Connaît-il, mieux que tous, les secrets de jour éclatant, le sillage de sa visible
la maison, comme il TafErmera avanta absence.
geusement à la fin du roman, et sa niaiserie Le compagnon est aussi, d'une façon
yparente n'est-elle que l'attente muette indissociable, au plus près et au plus
e la question ? Est-il guide ou prisonnier ? loin ; dans Le Très-Haut^ il est représenté
Appartient-il aux puissances inaccessibles par Dorte, l'homme de « là-bas » ; étran
qui dominent la maison, n'est-il qu'un ger à la loi, extérieur à l'ordre de la cité,
domestique ? Il s'appelle Dont, Invisible il est la maladie à l'état sauvage, la mort
et silencieux chaque fois que Thomas parle elle-même disséminée à travers la vie ;
a des tiers, il disparaît bientôt tout à fait ; par opposition au Très-Haut, il est le
mais soudain, lorsque finalement Thomas Très-Bas ; et pourtant il est dans la plus
est en apparence entré dans la maison, obsédante des proximités ; il est familier
orsqu il croit avoir retrouvé le visage et sans retenue, prodigue de confidences,
la VOIX qu'il cherchait, lorsqu'il est traité présent d'une présence multipliée et iné
comme un domestique, Dom réapparaît, puisable ; il est l'éternel voisin ; sa toux
détenant, prétendant détenir la loi et la Iranchit les portes et les murs, son agonie
parole : Thomas a eu tort d'être de si peu retentit à travers toute la maison et, dans
de foi, de ne pas l'interroger lui qui était ce monde où suinte l'humidité, où l'eau
là pour répondre, de gaspiller son zèle nionte de partout, voilà que la chair même
à vouloir accéder aux étages supérieurs, de Dorte, sa fièvre et sa sueur traversent
Jors qu il suffisait'de se laisser descendre. la cloison et forment tache, de l'autre
W à mesure que s'étrangle la voix de côté, dans la chambre de Sorge. Lors(^ il
Thomas, Dom parle, revendiquant le droit nieurt enfin, hurlant par une dernière
de parler et de parler pour lui. Tout le transgression qu'il n'est pas mort, son cri
^gage bascule et lorsque Dom emploie passe dans la main qui l'étouffé et vibrera
.première personne, c'est le laneaee indéfiniment dans les doigts de Sorge ;
meme de Thomas qui se met à parte la chair de celui-ci, ses os, son corps
sans te, au-dessus de ce vide que laisse, seront, pour longtemps, cette mort avec
le cri qui la conteste et l'affirme.
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?rv
NI l'un ni l'autre
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demesure d où peut venir tout discours intérieur, mais ici, le dehors est vide, le
mamieste, ou encore la parole est le règne secret est sans profondeur, ce qui est
qui a pouvoir de se retenir dans le suspens
a un silence. ^
répété est le vide de la répétition, cela ne
Mais ce n'est point de cela qu'il s'agit parle pas et cependant cela a toujours
dans 1 expérience du dehors. Le mouvement été dit »®. C'est bien à cet anonymat du
de 1 attirance, le retrait du compagnon langage libéré et ouvert sur sa propre
mettent à nu ce qui est avant toute parole, absence de limite que conduisent les
au-dessous de tout mutisme : le ruissel- expériences dont Blanchot fait la narration ;
lement continu du langage. Langage qui elles trouvent en cet espace murmurant
est parle par personne ; tout sujet n'y nioins leur terme que le lieu sans géo
dessine qu'un pli grammatical. Langage graphie de leur recommencement pos
qui ne se résoud dans aucun silence ; sible : ainsi la question enfin sereine,
toute mterruption ne forme qu'une tache lumineuse et directe que Thomas pose à
blanche sur cette nappe sans couture II la fin à^Aminadab au moment où toute
ouvre ^^espace neutre où nulle existence parole lui semble retirée ; le pur écla
ne peut s enraciner ; on savait bien depuis tement de la promesse vide — « main
Mallarnae que le mot est l'inexistence tenant je parle » — dans Le Très-Haut ;
manifeste de ce qu'il désigne; on sait ou encore, aux dernières pages de Celui
maintenant que l'être du langage est le Çnt ne m'accompagnait pas, l'apparition
visible effacement de celui qlf pal un sourire qui est sans visage mais que
- dire que j'entends ces paroles, ce ne porte enfin un nom silencieux ; ou le
serait pas m'expliquer l'étLgeté dange! premier contact avec les mots de l'ultérieur
reuse de mes relations avec eUes... Elfes ^commencement à la fin du Dernier
ne parlent pas, elles ne sont pas inté' Homme.
Le langage se découvre alors libéré de"|
'l'I
mitél^t^t contraire
mité, étant tout au dehors et cesans inti
qu'eUes tous les vieux mythes où s'est formée ï
désignent m'engage dans ce dehors de notre conscience des mots, du discours,
0 la littérature. Longtemps on a cru que
plus intérieur que la parole du for 0 langage maîtrisait le temps, qu'il valait
aussi bien comme lien futur dans la
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parole donnée que comme mémoire et
récit ; on a cm qu'il était prophétie et s'enchanter de sa patience, ni s'appuyer
histoire ; on a cru aussi qu'en cette souve- une fois pour toutes sur le courage qui ne
rameté il avait pouvoir de faire apparaître lui a jamais fait défaut. Ce qui la recueille,
le corps visible et éternel de la vérité ; ce n'est pas la mémoire, c'est l'oubli.
on a cm que son essence était dans la Cet oubli, cependant, il ne faut le confondre
l^orme des mots ou dans le souffle qui les ni avec l'éparpillement de la distraction,
fait vibrer. Mais il n'est que rumeur ni avec le sommeil où s'endormirait la
mtorme et ruisseUement, sa force est dans vigilance ; il est fait d'une veille si éveillée,
la dissimulation ; c'est pourquoi U ne si lucide, si matinale qu'il est plutôt
feit quune seule et même chose avec congé à la nuit et pure ouverture sur un
1 érosion du temps; il est oubli sans jour qui n'est pas encore venu. En ce sens
profondeur et vide transparent de l'attente. l'oubli est extrême attention — attention
En chacun de ses mots, le langage se si extrême qu'elle efface chaque visage
mge bien vers des contenus qui lui sont singulier qui peut s'offrir à elle ; dès
préalables ; mais en son être même et qu'elle est déterminée, une forme est à
po^u qu il se retienne au plus près de la fois trop ancienne et trop nouvelle, trop
etre, il ne se déploie que dans la étrange et trop familière pour n'être pas
aussitôt récusée par la pureté de l'attente
dS^ée
irigee vers rien ; car l'objet qui viendrait et vouée par là à l'immédiat de l'oubli.
la TOmbler ne pourrait que l'effacer. Et C'est dans l'oubli que l'attente se main
^rtant elle n'est pas,\ur place, im^ tient comme une attente : attention aiguë
mobilité resignee ; eUe a l'endurance d'un à ce qui serait radicalement nouveau, sans
mouvement qui n'aurait pas de terme et lien de ressemblance et de continuité avec
quoi que ce soit (nouveauté de l'attente elle-
d'un ren™""^'" récompense
epos , elle ne s'enveloppe dans au- même tendue hors de soi et libre de tout
passe) et attention à ce qui serait le plus
moindres
profondément ancien (puisque du fond
dS
dehors. V r,' ne peut s'attendre
L attente irrémédiable
elle- d elle-même l'attente n'a pas cessé d'at
meme au terme de son propre passé, tendre).
En son être attendant et oublieux, en ce
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TABLE
1. Je mens, je parle 9
2. L'expérience du dehors 15
3. Réflexion, fiction 21
4. Etre attiré et négligent 27
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