Vous êtes sur la page 1sur 44

Signification

et théories linguistiques
Licence 3 Sciences du Langage
UFR Langue française

Philippe Monneret

Cours n°6 / 7 novembre 2023


SIGNIFICATION ET THÉORIES LINGUISTIQUES

Plan du CM (Ph. Monneret)

1. Introduction : signification et compréhension


2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales (« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales (« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou des discours)
2.5. Un complément : la signification des phonèmes (et la question du symbolisme
phonétique).

3. Images de la sémantique dans les manuels universitaires


3.1. Un précurseur : Bréal
3.2. Quelques manuels français
3.3. Handbooks de sémantique
3.4. Trois niveaux d’analyse du sens
2.3. Situations dans lesquelles on ne comprend pas une
phrase

NB1. On exclut le cas où la non-compréhension de la phrase provient de la


non-compréhension d’un mot (ex. «la splendeur smaragdine des poèmes de
Pierre Louÿs ».
Compositionnalité : le sens (ou la signification) d’une phrase est une fonction
du sens des mots qui la composent et des relations syntaxiques qu’ils
entretiennent.
Ex. « Frege est un grand logicien » vs « Frege se
retournerait dans sa tombe s’il entendait cela »
[TLFi : se retourner dans sa tombe : « se dit d'un défunt
qu'on imagine profondément indigné, bouleversé »]

NB2. On exclut le cas des phrases incluses dans


un texte (-> « situations dans lesquelles on ne
comprend pas un texte)

NB3. On exclut le cas des phrases très longues Gottlob Frege


(ex. Proust : 856 mots Sodome et Gomorrhe 614-16) (1848-1925) 3
Situations dans lesquelles on ne comprend pas une
phrase
« Phrases sans texte »
Ex. : sentences, slogans, proverbes, petites phrases, formules, maximes, titres
dans la presse

Aphorisation forte / faible


Dominique Maingueneau,
" Un mode de gestion de l’aphorisation ",
, Communications du IVe Ci-dit, ,
mis en ligne le 02 février 2010.
http://revel.unice.fr/symposia/cidit/index.html?id=539

NB. les aphorisations fortes : ont rompu tout lien avec leur texte d’origine ; les aphorisations faibles : sont détachées d’un
texte qui se trouve placé à côté (ex. titres et d’intertitres dans la presse).
PROVERBES AFRICAINS

« Même avec de l'eau sale, on peut éteindre le feu. »


Certaines solutions sont efficaces même si elles ne sont pas
idéales
« Quelle que soit la colère du cafard, la poule finit
toujours par picorer »
Quoi qui puisse se passer dans ton environnement, ta vie
suivra toujours son cours.
« Accroche ton sac là où tu pourras le décrocher »
Ne te mets pas dans des situations compliquées, voire
irréversibles.

Le sens de ces phrases est explicité par paraphrase.


Le proverbe dénomme une catégorie de situations
NB. Parémiologie
5
Il n’y a pas de métalangage (Jacques Lacan, « La science
et la vérité », Écrits II, p. 233.)
Prêter ma voix à supporter ces mots intolérables « Moi, la vérité, je parle ... » passe l'allégorie. Cela
veut dire tout simplement tout ce qu'il y a à dire de la vérité, de la seule, à savoir qu'il n'y a pas de
métalangage (affirmation faite pour situer tout le logicopositivisme) que nul langage ne saurait dire le
vrai sur le vrai, puis, que la vérité se fonde de ce qu'elle parle. et qu'elle n'a pas d'autre moyen pour ce
faire.

Il n’y a pas de rapport sexuel (Jacques Lacan, Séminaire


XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant, p. 65)
Après avoir posé ceci, qui a l'avantage de vous frayer ma visée, mon dessein, je repars de ceci, qui
concerne ce point qui est de l'ordre de cette surprise par où se signale l'effet de rebroussement dont j'ai
essayé de définir la jonction de la vérité au savoir, et que j'ai énoncé en ces termes, qu'il n'y a pas de
rapport sexuel chez l'être parlant.

Sans la prison, nous saurions que nous sommes tous déjà


en prison (Blanchot, L’écriture du désastre, 1980, p. 110)
6
Si tous les chevaux avaient pour fers des aimants, le cœur
des amants cesserait de battre.

Quand les oiseaux nageront, la moule fera preuve


d’énergie.

Princesse Brandon déglutira une petite mirabelle gaiement


dans un cageot

7
« CADAVRE EXQUIS. - Jeu de papier plié qui consiste à faire composer
une phrase ou un dessin par plusieurs personnes, sans qu'aucune
d'elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations
précédentes. L'exemple, devenu classique, qui a donné son nom au jeu,
tient dans la première phrase obtenue de cette manière : Le cadavre-
exquis-boira-le-vin-nouveau. (Dictionnaire abrégé du surréalisme)

Si tous les chevaux avaient pour fers des aimants (André Breton)
Le cœur des amants cesserait de battre. (Robert Desnos)
Quand les oiseaux nageront (Louis Aragon)
La moule fera preuve d’énergie. (André Breton)

Princesse Brandon / déglutira / une petite mirabelle / gaiement / dans un


cageot (André Breton, Recueil pour un Prélude, 1937)

« pouvoir rendre à la poésie le sens de l’immensité de ses pouvoirs


perdus » (Breton).

8
SIGNIFICATION ET THÉORIES LINGUISTIQUES

Plan du CM (Ph. Monneret)

1. Introduction : signification et compréhension


2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales (« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales (« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou des discours)
2.5. Un complément : la signification des phonèmes (et la question du symbolisme
phonétique).

3. Images de la sémantique dans les manuels universitaires


3.1. Un précurseur : Bréal
3.2. Quelques manuels français
3.3. Handbooks de sémantique
3.4. Trois niveaux d’analyse du sens
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un texte :

Ex. 1

« Pour obtenir l'ostéo-intégration de


l'implant en dépit des contraintes
exercées durant la cicatrisation
osseuse, il faut réduire l'intensité
des forces et des moments
exercés sur les implants. »

10
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un texte :

Ex. 2

« L'écriture fragmentaire serait le risque même.


Elle ne renvoie pas à une théorie, elle ne donne
pas lieu à une pratique qui serait définie par
l'interruption. Interrompue, elle se poursuit.
S'interrogeant, elle ne s'arroge pas la question, mais la
suspend (sans la maintenir) en non-réponse. Si elle prétend
n'avoir son temps que lorsque le tout - au moins idéalement -
se serait accompli, c'est donc que ce temps n'est jamais sûr,
absence de temps en un sens non privatif, antérieure à tout
passé-présent, comme postérieure à toute possibilité d'une
présence à venir. (ED, p. 98)

11
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un texte :

Ex. 3
« On comprend alors pourquoi, à la fois nous voyons les
choses elles-mêmes, en leur lieu, où elles sont, selon leur
être qui est bien plus que leur être-perçu, et à la fois nous
sommes éloignés d’elles de toute l’épaisseur du regard et
du corps : c’est que cette distance n’est pas le contraire de
cette proximité, elle est profondément accordée avec elle,
elle en est synonyme. C’est que l‘épaisseur de chair entre le
voyant et la chose est constitutive de sa visibilité à elle
comme de sa corporéité à lui ; ce n’est pas un obstacle
entre lui et elle, c’est leur moyen de communication. C’est
pour la même raison que je suis au cœur du visible et que
j’en suis loin : cette raison est qu’il est épais, et, par là,
naturellement destiné à être vu par un corps.

Maurice Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible, p. 178

(1908-1961) 12
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un texte :
Ex. 4 : L'héautontimorouménos (Baudelaire)

UNIVERSITE PARIS –SORBONNE


STIH EA 4509

13
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un texte :
Ex. 5 : Mallarmé

LE PITRE CHATIÉ

Yeux, lacs avec ma simple ivresse de renaître


Autre que l’histrion qui du geste évoquais
Comme plume la suie ignoble des quinquets,
J’ai troué dans le mur de toile une fenêtre.

De ma jambe et des bras limpide nageur traître,


A bonds multipliés, reniant le mauvais
Hamlet ! c’est comme si dans l’onde j’innovais
Mille sépulcres pour y vierge disparaître.

Hilare or de cymbale à des poings irrité,


Tout à coup le soleil frappe la nudité
Qui pure s’exhala de ma fraîcheur de nacre,

Rance nuit de la peau quand sur moi vous passiez,


Ne sachant pas, ingrat ! que c’était tout mon sacre, 14
Ce fard noyé dans l’eau perfide des glaciers.
Quelques conclusions sur les situations dans lesquelles on
ne comprend pas un texte :
- Rôle du contexte
- De l’intertextualité
- De la catégorie textuelle (genre)
- De la structuration interne du texte
- Problème des interprétations possibles (problème
herméneutique)
- « la part de langue irréductible au sens »
- etc.
 Prendre en considération le fait que les textes, les discours ou les
phrases peuvent servir à autre chose qu’à « transmettre un sens »
ou à « argumenter » (convaincre ou persuader) : par exemple à
émouvoir, à troubler, à faire percevoir quelque chose, etc. Deux
sens de comprendre : décodage / empathie. Mais également un
troisième : « innovation sémantique » (Ricoeur)
 Voir p. ex. Merleau-Ponty et Ricoeur 15
Parole parlante et parole parlée selon
Merleau-Ponty (1908-1961)

16
La parole parlée (ou algorithme)
« rapport sans équivoque des significations dérivées avec les
significations primitives, et de celles-ci avec des signes par eux-
mêmes insignifiants »

« La seule vertu, - mais décisive, - de l’expression est


alors de remplacer les allusions confuses que chacune
de nos pensées fait à toutes les autres par des actes
de signification dont nous soyons vraiment
responsables, parce que l’exacte portée nous en est
connue, de récupérer pour nous la vie de notre
pensée, et la valeur expressive de l’algorithme est tout
entière suspendue au rapport sans équivoque des
significations dérivées avec les significations
primitives, et de celles-ci avec des signes par eux-
mêmes insignifiants, où la pensée ne trouve que ce
qu’elle y a mis. »
(La prose du monde, 1969, p. 10)17
« il n’y a pas de vertu de la parole, aucun pouvoir caché
en elle. Elle est pur signe pour une pure signification.
Celui qui parle chiffre sa pensée. Il la remplace par un
arrangement sonore ou visible qui n’est rien que sons
dans l’air ou pattes de mouche sur un papier. La pensée
se sait et se suffit ; elle se notifie au dehors par un
message qui ne la porte pas, et qui la désigne
seulement sans équivoque à une autre pensée qui est
capable de lire le message parce qu’elle attache, par
l’effet de l’usage, des conventions humaines, ou d’une
institution divine, la même signification aux mêmes
signes. En tout cas, nous ne trouvons jamais dans les
paroles des autres que ce que nous y mettons nous-
mêmes, la communication est une apparence, elle ne
nous apprend rien de vraiment neuf »
18
(ibid., p. 13)
« Après tout, je comprends ce qu’on me dit parce que je
sais par avance le sens des mots qu’on m’adresse, et
enfin je ne comprends que ce que je savais déjà, je ne
me pose d’autres problèmes que ceux que je veux
résoudre. Deux sujets pensants fermés sur leurs
significations, - entre eux des messages qui circulent,
mais qui ne portent rien et sont seulement occasion pour
chacun de faire attention à ce qu’il savait déjà, -
finalement, quand l’un parle et que l’autre écoute, des
pensées qui se reproduisent l’une l’autre, mais à leur
insu, et sans jamais s’affronter, - oui, comme le dit
Paulhan, cette théorie commune du langage aurait pour
conséquence « que tout se passât à la fin entre eux
comme s’il n’y avait pas eu langage »
(Ibid.), p. 14
19
Deux caractéristiques de la parole « parlée » :

- le caractère arbitraire des signes (« des signes par eux-


mêmes insignifiants »)
- Le caractère compositionnel, combinatoire des
significations (« rapport sans équivoque des
significations dérivées avec les significations
primitives »)

Causes bien identifiées de l’impossibilité de la parole


parlée à produire de l’innovation sémantique

20
L’innovation sémantique selon Ricoeur
(1913-2005)

21
Remarques préalables :
- pas de référence à Merleau-Ponty au sujet de l’IS
- La notion d’IS est convoquée de façon centrale dans
deux livres : La métaphore vive (1975), Temps et récit
(1983)
- « Bien que la métaphore relève traditionnellement de la
théorie des « tropes » (ou figures de discours) et le récit
de la théorie des « genres » littéraires, les effets de sens
produits par l’une et par l’autre relèvent du même
phénomène central d’innovation sémantique. Dans les
deux cas, celle-ci ne se produit qu’au niveau du
discours » (Ricoeur 1983, p. 11)
22
« Avec la métaphore, l’innovation consiste dans la
production d’une nouvelle pertinence sémantique par le
moyen d’une attribution impertinente […] La métaphore
reste vive aussi longtemps que nous percevons, à
travers la nouvelle pertinence sémantique – et en
quelque sorte dans son épaisseur -, la résistance des
mots dans leur emploi usuel et donc aussi leur
incompatibilité au niveau d’une interprétation littérale de
la phrase. Le déplacement de sens que les mots
subissent dans l’énoncé métaphorique, et à quoi la
rhétorique ancienne réduisait la métaphore, n’est pas le
tout de la métaphore ; il est seulement un moyen au
service du procès qui se situe au niveau de la phrase
entière, et a pour fonction de sauver la nouvelle
pertinence de la prédication « bizarre » menacée par
l’incongruité littérale de l’attribution. » (ibid.)
23
« Avec le récit, l’innovation sémantique consiste dans
l’invention d’une intrigue qui, elle aussi, est une œuvre
de synthèse : par la vertu de l’intrigue, des buts, des
causes, des hasards sont rassemblés sous l’unité
temporelle d’une action totale et complète. C’est cette
synthèse de l’hétérogène qui rapproche le récit de la
métaphore. Dans les deux cas, du nouveau – du non-
encore dit, de l’inédit – surgit dans le langage : ici la
métaphore vive, c’est-à-dire une nouvelle congruence
dans la prédication, là une intrigue feinte, c’est-à-dire
une nouvelle congruence dans l’agencement des
incidents » (ibid.)

24
Conclusions sur la question du texte
Comprendre un texte :
- Le décoder (information sur le monde => référence)
- En percevoir l’ « intention » globale, éventuellement
émotionnelle ou esthétique, sans nécessairement avoir
une idée précise de sa signification
- Le comprendre : comprendre quelque chose qu’on
n’avait pas compris auparavant (selon diverses
perspectives : conceptuelle, esthétique, historique, etc.)

L’analyse linguistique des textes s’attache (en principe) à


ces trois formes du comprendre.
25
Conclusions sur la question du texte
Comprendre un texte :
- Le décoder (information sur le monde => référence)
- En percevoir l’ « intention » globale, éventuellement
émotionnelle ou esthétique, sans nécessairement avoir
une idée précise de sa signification
- Le comprendre : comprendre quelque chose qu’on
n’avait pas compris auparavant (selon diverses
perspectives : conceptuelle, esthétique, historique, etc.)

L’analyse linguistique des textes s’attache (en principe) à


ces trois formes du comprendre.
Sens d’un texte ? > Pratique d’interprétation : 26
« En disant que le sens du texte est immanent, non au texte, mais à la pratique
d'interprétation, nous reconnaissons que chaque lecture, "savante" ou non, trace
un parcours interprétatif qui correspond à l'horizon du lecteur. La sémantique des
textes propose une description des parcours interprétatifs : le sens actuel du
texte n'est qu'une de ses actualisations possibles ; le sens " complet " serait
constitué de l'ensemble des actualisations, en d'autres termes l'ensemble des
horizons possibles. Comme la notion même de sens complet reste illusoire,
une description linguistique ne propose pas une lecture "scientifique" qui
se substituerait aux autres, mais une identification des contraintes
linguistiques sur les parcours interprétatifs.
Le sens d'un texte n'est clôturable que par l'arrêt de ses lectures, qui
appartiennent alors au passé ; il quitte alors ainsi la tradition et la vie, et cette
clôture témoigne plutôt d'une fermeture que d'une plénitude, car un livre fermé
n'a plus de sens. En revanche, les textes qui sont relus gardent un sens ouvert.
Leur sens a une histoire vivante, celle de leur tradition interprétative, série non
close de réécritures, qui sont autant de nouvelles lectures : elles dépendent de la
pratique où elles prennent place, obéissant à des objectifs éthiques, esthétiques,
ou cognitifs. Cependant, le plaisir, le devoir, et la volonté de savoir restent
inassouvis. Sur ce point crucial, une sémantique des textes peut distinguer entre
les structures closes, qui épuisent la lecture, et les structures ouvertes, qui
permettent au lecteur de transformer l'équivoque en infini. »
François Rastier, « Sémiotique et sciences de la culture », Linx [En ligne], 44 | 2001, mis en ligne le 05 juillet 2012,
consulté le 01 octobre 2016. URL : http://linx.revues.org/1058 ; DOI : 10.4000/linx.1058
27
CONCLUSIONS
Comprendre ou ne pas comprendre :
- des mots lexicaux (sémantique lexicale)
- Problématique de la dénomination ; qu’est-ce qu’un mot (unité mono
ou polylexicale) ; mot et catégorie ; mot et concept ; les constituants
du mot (sémantique lexicale) ; les relations de sens entre les mots ;
morphèmes et submorphèmes
- des mots grammaticaux (sémantique grammaticale)
- Le sens instructionnel. La référence. L’anaphore.
- des phrases (sémantique phrastique)
- Approches logiques. Phrases et propositions. Relations entre phrases.
La question de la compositionnalité
- des discours (sémantique discursive) et des textes
(sémantique textuelle)
- Connecteurs, implicatures, présupposés
- La spécificité du texte comme objet linguistique. Linguistique et
herméneutique

=> sémantique lexicale / grammaticale / phrastique / discursive / textuelle28


SIGNIFICATION ET THÉORIES LINGUISTIQUES

Plan du CM (Ph. Monneret)

1. Introduction : signification et compréhension


2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales (« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales (« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou des discours)
2.5. Un complément : la signification des phonèmes (et la question du symbolisme
phonétique).

3. Images de la sémantique dans les manuels universitaires


3.1. Un précurseur : Bréal
3.2. Quelques manuels français
3.3. Handbooks de sémantique
3.4. Trois niveaux d’analyse du sens
2.5. Un complément : la signification des
phonèmes (et la question du symbolisme
phonétique).
Lamoniens VS Grataks
You're in a spaceship approaching a
planet. You've been told there are
two races on it, one beautiful and
friendly to humans, the other
unfriendly, ugly and mean-spirited.
You also know that one of these
groups is called the Lamonians; the
other is called the Grataks.
Which is which?
David Crystal, "The Ugliest Words."
The Guardian, July 18, 2009.
Lamoniens VS Grataks
You're in a spaceship approaching a planet.
You've been told there are two races on it, one
beautiful and friendly to humans, the other
unfriendly, ugly and mean-spirited. You also
know that one of these groups is called the
Lamonians; the other is called the Grataks.
Which is which?
David Crystal, "The Ugliest Words." The
Guardian, July 18, 2009.

MALUMA
vs
TAKETE
Lamoniens VS Grataks
You're in a spaceship approaching a planet.
You've been told there are two races on it, one
beautiful and friendly to humans, the other

SYMBOLISME
unfriendly, ugly and mean-spirited. You also
know that o ne of these groups is called the
Lamonians; the other is called the Grataks.
Which is which?

PHONETIQUE
David Cryst al, "The Ugliest Words." The
Guardian, July 18, 2009.

MALUMA
vs
TAKETE
CONCLUSIONS
Comprendre ou ne pas comprendre :
- des mots lexicaux (sémantique lexicale)
- Problématique de la dénomination ; qu’est-ce qu’un mot (unité mono
ou polylexicale) ; mot et catégorie ; mot et concept ; les constituants
du mot (sémantique lexicale) ; les relations de sens entre les mots ;
morphèmes et submorphèmes
- des mots grammaticaux (sémantique grammaticale)
- Le sens instructionnel. La référence. L’anaphore.
- des phrases (sémantique phrastique)
- Approches logiques. Phrases et propositions. Relations entre phrases.
La question de la compositionnalité
- des discours (sémantique discursive) et des textes
(sémantique textuelle)
- Connecteurs, implicatures, présupposés
- La spécificité du texte comme objet linguistique. Linguistique et
herméneutique
- des phonèmes, des sons
=> phonosémantique, sémantique lexicale / grammaticale / phrastique /
discursive / textuelle
Hétérogénéité du sens linguistique
Hétérogénéité du sens linguistique
- Sens des phonèmes : symbolisme phonétique
- Sens des mots lexicaux (sémantique lexicale)
En réception : met en jeu : le rapport entre langage et réalité, ou
représentation mentale (+ combinatoire morphologique). Dénomination. En
production : idem + maîtrise des emplois contextuels.
- Sens des mots grammaticaux (sémantique grammaticale)
Ne pose pas de problème de compréhension. Sens « instructionnel », difficile
à décrire au plan métalinguistique. Opérations mentales complexes
- Sens des phrases (sémantique phrastique)
Question de la compositionnalité : mais cela ne pose pas de problème au plan
de la compréhension (sauf cas particuliers). Opération mentale complexe.
Rôle important des intentions du locuteur. Rôle de la signature. Problèmes de
type herméneutique.
- Sens des discours (sémantique discursive) et des textes
(sémantique textuelle) Opérations mentales très complexes.
Essentiellement problèmes de type herméneutique. Compréhension non
limitée au décodage.
Hétérogénéité du sens linguistique
- Sens des phonèmes : compréhension immédiate (non
nécessaire). Connaissance « tacite ».
- Sens des mots lexicaux (sémantique lexicale) : solution pour
sortir de la non-compréhension = dictionnaire (équivalent
sémantique), image (monstration)
- Sens des mots grammaticaux (sémantique grammaticale) :
pas de problème de compréhension pour ce type de mots :
gestion de l’instruction sémantique.
- Sens des phrases (sémantique phrastique) : solution pour
sortir de la non-compréhension = paraphrase si possible,
sinon démarche herméneutique
- Sens des discours (sémantique discursive) et des textes
(sémantique textuelle) : solution pour sortir de la non-
compréhension = démarche herméneutique (culture) ; autres
types de compréhension (empathie, innovation sémantique :37
comprendre = produire du sens)
Hétérogénéité du sens linguistique
- Sens des phonèmes : compréhension immédiate (non
nécessaire). Connaissance « tacite ».
- Sens des mots lexicaux (sémantique lexicale) : solution pour
sortir
Le motde la non-compréhension
« sens » a-t-il le même sens = dictionnaire
dans chacun(équivalent
de ces cas ?
sémantique), image (monstration) NON !
- Dire
Sensque
deslamots
sémantique est le domaine
grammaticaux (sémantiquede lagrammaticale)
linguistique qui:
s’intéresse au sensdeoucompréhension
pas de problème à la signification masque
pour ce type le fait que :
de mots
sens et signification
gestion ont sémantique.
de l’instruction des significations très différentes
- seront le niveau
Sens des phrasesd’analyse en cephrastique)
(sémantique qu’ils renvoient à despour
: solution
phénomènes ou des processus mentaux
sortir de la non-compréhension foncièrement
= paraphrase si possible,
hétérogènes
sinon démarche en compréhension
herméneutiqueet en production.
- Sens des discours (sémantique discursive) et des textes
(sémantique=> Il n’y a :pas
textuelle) de sémantique
solution pour sortir de!la non-
compréhension = démarche herméneutique (culture) ; autres
types de compréhension (empathie, innovation sémantique :38
comprendre = produire du sens)
Rappel du plan
1. Introduction : signification et compréhension
2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales
(« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales
(« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou discours)
2.5. La signification des phonèmes
3. Images de la sémantique dans les manuels
universitaires 39
RAPPEL DU PLAN
1. Introduction : signification et compréhension
2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales (« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales (« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou des discours)
2.5. Un complément : la signification des phonèmes (et la question du symbolisme
phonétique).

3. Images de la sémantique dans les manuels universitaires


3.1. Un précurseur : Bréal
3.2. Quelques manuels français
3.3. Handbooks de sémantique
3.4. Trois niveaux d’analyse du sens
3.0. Un précurseur :
Bréal

41
La sémantique de Bréal : bilan
- Bréal crée le terme sémantique, « science des significations » (NB.
absent des définitions de semantics dans les encyclopédies
linguistiques de langue anglaise).
- Perspective évolutionniste (changements du sens)
- Perspective « cognitive » (précurseur)
- Apparition tardive de la sémantique (par rapport à la phonétique ou
à la morphologie)
- Lois (ex. polysémie, de répartition), qui ont leur « siège dans notre
intelligence ». Ex. Loi de répartition :
« Nous appelons « répartition » l’ordre intentionnel par suite duquel des
mots qui devraient être synonymes, et qui l'étaient en effet, ont pris
cependant des sens différents et ne peuvent plus s employer l 'un pour
l'autre » (Bréal 1897, 29)

42
La sémantique de Bréal : bilan
- Bréal crée le terme sémantique, « science des significations » (NB.
Absent des définitions de semantics dans les encyclopédies
linguistiques de langue anglaise).
- Perspective évolutionniste (changements du sens)
- Perspective « cognitive » (précurseur)
- Apparition tardive de la sémantique (par rapport à la phonétique ou
à la morphologie)
- Lois (ex. polysémie, de répartition), qui ont leur « siège dans notre
intelligence » . Ex. Loi de répartition :
« M. J. Gilliéron décrit les effets produits par l'invasion du français dans
un patois de la Suisse'. A mesure qu'un mot français est adopté, le
vocable patois, refoulé et abaissé, devient vulgaire et trivial. Autrefois la
chambre s'appelait païlé : depuis que le mot chambre est entré au
village, païté désigne un galetas. En Bretagne, dit l'abbé Rousselot, les
jardins s'appelaient autrefois des courtils : maintenant que l'on connaît
le mot jardin, une nuance de dédain s'est attachée à l'appellation
rustique. Peu importe que les deux termes soient de même origine »
(Bréal 1897, 31) 43
La sémantique de Bréal : bilan
« On attribue en effet canoniquement à Michel Bréal la paternité du
mot sémantique et de la nouvelle science des significations qu’il
inaugure sous ce nom dans un article de 1883, puis qu’il développe
dans son Essai de sémantique paru en 1897. L’idée directrice en est
que « les mots – forme et sens – mènent une existence qui leur est
propre » (Essai, 8) et qu’il appartient à la linguistique comparée
d’établir les lois de l’évolution des significations des mots tout comme
elle a établi les lois de leur évolution phonétique.
Cependant cette datation précise est en partie illusoire. Car ce que les
linguistes appellent aujourd’hui sémantique n’a plus grand-chose à voir
avec la science des significations fondée par Bréal, même si le nom est
resté, comme le montrait déjà l’histoire de la sémantique que nous
avions esquissée lors de la première édition de ce petit livre sur La
sémantique en 1988. Quinze ans plus tard, le renouveau partiel des
sciences du langage ne fait qu’accentuer le statut toujours controversé
du sens dans les différentes approches théoriques. »
Irène Tamba, La sémantique, PUF, 2010
44

Vous aimerez peut-être aussi