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et théories linguistiques
Licence 3 Sciences du Langage
UFR Langue française
Philippe Monneret
NB. les aphorisations fortes : ont rompu tout lien avec leur texte d’origine ; les aphorisations faibles : sont détachées d’un
texte qui se trouve placé à côté (ex. titres et d’intertitres dans la presse).
PROVERBES AFRICAINS
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« CADAVRE EXQUIS. - Jeu de papier plié qui consiste à faire composer
une phrase ou un dessin par plusieurs personnes, sans qu'aucune
d'elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations
précédentes. L'exemple, devenu classique, qui a donné son nom au jeu,
tient dans la première phrase obtenue de cette manière : Le cadavre-
exquis-boira-le-vin-nouveau. (Dictionnaire abrégé du surréalisme)
Si tous les chevaux avaient pour fers des aimants (André Breton)
Le cœur des amants cesserait de battre. (Robert Desnos)
Quand les oiseaux nageront (Louis Aragon)
La moule fera preuve d’énergie. (André Breton)
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SIGNIFICATION ET THÉORIES LINGUISTIQUES
Ex. 1
10
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un texte :
Ex. 2
11
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un texte :
Ex. 3
« On comprend alors pourquoi, à la fois nous voyons les
choses elles-mêmes, en leur lieu, où elles sont, selon leur
être qui est bien plus que leur être-perçu, et à la fois nous
sommes éloignés d’elles de toute l’épaisseur du regard et
du corps : c’est que cette distance n’est pas le contraire de
cette proximité, elle est profondément accordée avec elle,
elle en est synonyme. C’est que l‘épaisseur de chair entre le
voyant et la chose est constitutive de sa visibilité à elle
comme de sa corporéité à lui ; ce n’est pas un obstacle
entre lui et elle, c’est leur moyen de communication. C’est
pour la même raison que je suis au cœur du visible et que
j’en suis loin : cette raison est qu’il est épais, et, par là,
naturellement destiné à être vu par un corps.
(1908-1961) 12
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un texte :
Ex. 4 : L'héautontimorouménos (Baudelaire)
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Situations dans lesquelles on ne comprend pas un texte :
Ex. 5 : Mallarmé
LE PITRE CHATIÉ
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La parole parlée (ou algorithme)
« rapport sans équivoque des significations dérivées avec les
significations primitives, et de celles-ci avec des signes par eux-
mêmes insignifiants »
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L’innovation sémantique selon Ricoeur
(1913-2005)
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Remarques préalables :
- pas de référence à Merleau-Ponty au sujet de l’IS
- La notion d’IS est convoquée de façon centrale dans
deux livres : La métaphore vive (1975), Temps et récit
(1983)
- « Bien que la métaphore relève traditionnellement de la
théorie des « tropes » (ou figures de discours) et le récit
de la théorie des « genres » littéraires, les effets de sens
produits par l’une et par l’autre relèvent du même
phénomène central d’innovation sémantique. Dans les
deux cas, celle-ci ne se produit qu’au niveau du
discours » (Ricoeur 1983, p. 11)
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« Avec la métaphore, l’innovation consiste dans la
production d’une nouvelle pertinence sémantique par le
moyen d’une attribution impertinente […] La métaphore
reste vive aussi longtemps que nous percevons, à
travers la nouvelle pertinence sémantique – et en
quelque sorte dans son épaisseur -, la résistance des
mots dans leur emploi usuel et donc aussi leur
incompatibilité au niveau d’une interprétation littérale de
la phrase. Le déplacement de sens que les mots
subissent dans l’énoncé métaphorique, et à quoi la
rhétorique ancienne réduisait la métaphore, n’est pas le
tout de la métaphore ; il est seulement un moyen au
service du procès qui se situe au niveau de la phrase
entière, et a pour fonction de sauver la nouvelle
pertinence de la prédication « bizarre » menacée par
l’incongruité littérale de l’attribution. » (ibid.)
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« Avec le récit, l’innovation sémantique consiste dans
l’invention d’une intrigue qui, elle aussi, est une œuvre
de synthèse : par la vertu de l’intrigue, des buts, des
causes, des hasards sont rassemblés sous l’unité
temporelle d’une action totale et complète. C’est cette
synthèse de l’hétérogène qui rapproche le récit de la
métaphore. Dans les deux cas, du nouveau – du non-
encore dit, de l’inédit – surgit dans le langage : ici la
métaphore vive, c’est-à-dire une nouvelle congruence
dans la prédication, là une intrigue feinte, c’est-à-dire
une nouvelle congruence dans l’agencement des
incidents » (ibid.)
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Conclusions sur la question du texte
Comprendre un texte :
- Le décoder (information sur le monde => référence)
- En percevoir l’ « intention » globale, éventuellement
émotionnelle ou esthétique, sans nécessairement avoir
une idée précise de sa signification
- Le comprendre : comprendre quelque chose qu’on
n’avait pas compris auparavant (selon diverses
perspectives : conceptuelle, esthétique, historique, etc.)
MALUMA
vs
TAKETE
Lamoniens VS Grataks
You're in a spaceship approaching a planet.
You've been told there are two races on it, one
beautiful and friendly to humans, the other
SYMBOLISME
unfriendly, ugly and mean-spirited. You also
know that o ne of these groups is called the
Lamonians; the other is called the Grataks.
Which is which?
PHONETIQUE
David Cryst al, "The Ugliest Words." The
Guardian, July 18, 2009.
MALUMA
vs
TAKETE
CONCLUSIONS
Comprendre ou ne pas comprendre :
- des mots lexicaux (sémantique lexicale)
- Problématique de la dénomination ; qu’est-ce qu’un mot (unité mono
ou polylexicale) ; mot et catégorie ; mot et concept ; les constituants
du mot (sémantique lexicale) ; les relations de sens entre les mots ;
morphèmes et submorphèmes
- des mots grammaticaux (sémantique grammaticale)
- Le sens instructionnel. La référence. L’anaphore.
- des phrases (sémantique phrastique)
- Approches logiques. Phrases et propositions. Relations entre phrases.
La question de la compositionnalité
- des discours (sémantique discursive) et des textes
(sémantique textuelle)
- Connecteurs, implicatures, présupposés
- La spécificité du texte comme objet linguistique. Linguistique et
herméneutique
- des phonèmes, des sons
=> phonosémantique, sémantique lexicale / grammaticale / phrastique /
discursive / textuelle
Hétérogénéité du sens linguistique
Hétérogénéité du sens linguistique
- Sens des phonèmes : symbolisme phonétique
- Sens des mots lexicaux (sémantique lexicale)
En réception : met en jeu : le rapport entre langage et réalité, ou
représentation mentale (+ combinatoire morphologique). Dénomination. En
production : idem + maîtrise des emplois contextuels.
- Sens des mots grammaticaux (sémantique grammaticale)
Ne pose pas de problème de compréhension. Sens « instructionnel », difficile
à décrire au plan métalinguistique. Opérations mentales complexes
- Sens des phrases (sémantique phrastique)
Question de la compositionnalité : mais cela ne pose pas de problème au plan
de la compréhension (sauf cas particuliers). Opération mentale complexe.
Rôle important des intentions du locuteur. Rôle de la signature. Problèmes de
type herméneutique.
- Sens des discours (sémantique discursive) et des textes
(sémantique textuelle) Opérations mentales très complexes.
Essentiellement problèmes de type herméneutique. Compréhension non
limitée au décodage.
Hétérogénéité du sens linguistique
- Sens des phonèmes : compréhension immédiate (non
nécessaire). Connaissance « tacite ».
- Sens des mots lexicaux (sémantique lexicale) : solution pour
sortir de la non-compréhension = dictionnaire (équivalent
sémantique), image (monstration)
- Sens des mots grammaticaux (sémantique grammaticale) :
pas de problème de compréhension pour ce type de mots :
gestion de l’instruction sémantique.
- Sens des phrases (sémantique phrastique) : solution pour
sortir de la non-compréhension = paraphrase si possible,
sinon démarche herméneutique
- Sens des discours (sémantique discursive) et des textes
(sémantique textuelle) : solution pour sortir de la non-
compréhension = démarche herméneutique (culture) ; autres
types de compréhension (empathie, innovation sémantique :37
comprendre = produire du sens)
Hétérogénéité du sens linguistique
- Sens des phonèmes : compréhension immédiate (non
nécessaire). Connaissance « tacite ».
- Sens des mots lexicaux (sémantique lexicale) : solution pour
sortir
Le motde la non-compréhension
« sens » a-t-il le même sens = dictionnaire
dans chacun(équivalent
de ces cas ?
sémantique), image (monstration) NON !
- Dire
Sensque
deslamots
sémantique est le domaine
grammaticaux (sémantiquede lagrammaticale)
linguistique qui:
s’intéresse au sensdeoucompréhension
pas de problème à la signification masque
pour ce type le fait que :
de mots
sens et signification
gestion ont sémantique.
de l’instruction des significations très différentes
- seront le niveau
Sens des phrasesd’analyse en cephrastique)
(sémantique qu’ils renvoient à despour
: solution
phénomènes ou des processus mentaux
sortir de la non-compréhension foncièrement
= paraphrase si possible,
hétérogènes
sinon démarche en compréhension
herméneutiqueet en production.
- Sens des discours (sémantique discursive) et des textes
(sémantique=> Il n’y a :pas
textuelle) de sémantique
solution pour sortir de!la non-
compréhension = démarche herméneutique (culture) ; autres
types de compréhension (empathie, innovation sémantique :38
comprendre = produire du sens)
Rappel du plan
1. Introduction : signification et compréhension
2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales
(« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales
(« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou discours)
2.5. La signification des phonèmes
3. Images de la sémantique dans les manuels
universitaires 39
RAPPEL DU PLAN
1. Introduction : signification et compréhension
2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales (« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales (« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou des discours)
2.5. Un complément : la signification des phonèmes (et la question du symbolisme
phonétique).
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La sémantique de Bréal : bilan
- Bréal crée le terme sémantique, « science des significations » (NB.
absent des définitions de semantics dans les encyclopédies
linguistiques de langue anglaise).
- Perspective évolutionniste (changements du sens)
- Perspective « cognitive » (précurseur)
- Apparition tardive de la sémantique (par rapport à la phonétique ou
à la morphologie)
- Lois (ex. polysémie, de répartition), qui ont leur « siège dans notre
intelligence ». Ex. Loi de répartition :
« Nous appelons « répartition » l’ordre intentionnel par suite duquel des
mots qui devraient être synonymes, et qui l'étaient en effet, ont pris
cependant des sens différents et ne peuvent plus s employer l 'un pour
l'autre » (Bréal 1897, 29)
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La sémantique de Bréal : bilan
- Bréal crée le terme sémantique, « science des significations » (NB.
Absent des définitions de semantics dans les encyclopédies
linguistiques de langue anglaise).
- Perspective évolutionniste (changements du sens)
- Perspective « cognitive » (précurseur)
- Apparition tardive de la sémantique (par rapport à la phonétique ou
à la morphologie)
- Lois (ex. polysémie, de répartition), qui ont leur « siège dans notre
intelligence » . Ex. Loi de répartition :
« M. J. Gilliéron décrit les effets produits par l'invasion du français dans
un patois de la Suisse'. A mesure qu'un mot français est adopté, le
vocable patois, refoulé et abaissé, devient vulgaire et trivial. Autrefois la
chambre s'appelait païlé : depuis que le mot chambre est entré au
village, païté désigne un galetas. En Bretagne, dit l'abbé Rousselot, les
jardins s'appelaient autrefois des courtils : maintenant que l'on connaît
le mot jardin, une nuance de dédain s'est attachée à l'appellation
rustique. Peu importe que les deux termes soient de même origine »
(Bréal 1897, 31) 43
La sémantique de Bréal : bilan
« On attribue en effet canoniquement à Michel Bréal la paternité du
mot sémantique et de la nouvelle science des significations qu’il
inaugure sous ce nom dans un article de 1883, puis qu’il développe
dans son Essai de sémantique paru en 1897. L’idée directrice en est
que « les mots – forme et sens – mènent une existence qui leur est
propre » (Essai, 8) et qu’il appartient à la linguistique comparée
d’établir les lois de l’évolution des significations des mots tout comme
elle a établi les lois de leur évolution phonétique.
Cependant cette datation précise est en partie illusoire. Car ce que les
linguistes appellent aujourd’hui sémantique n’a plus grand-chose à voir
avec la science des significations fondée par Bréal, même si le nom est
resté, comme le montrait déjà l’histoire de la sémantique que nous
avions esquissée lors de la première édition de ce petit livre sur La
sémantique en 1988. Quinze ans plus tard, le renouveau partiel des
sciences du langage ne fait qu’accentuer le statut toujours controversé
du sens dans les différentes approches théoriques. »
Irène Tamba, La sémantique, PUF, 2010
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