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2 Le bon usage du vocabulaire

Objectifs du chapitre
Développer l’attention portée à la construction grammaticale des mots.
Prendre conscience de la notion de l’usage des mots, qui complète celle du sens des mots (ch. 1).
Savoir reconnaître les usages codifiés du lexique afin d’y recourir avec à-propos.
Cultiver le goût pour la richesse et la diversité de la langue et pour la recherche du mot juste.

Démarche
L’objectif est de faire percevoir l’origine lexicale de la plupart des maladresses com-
mises dans les copies d’élèves. À partir de leur repérage, il s’agit de développer une
forme de vigilance chez les élèves, qui doit les inciter à rechercher le mot juste. L’exer-
cice conduit également à construire certains automatismes, bienvenus dans les for-
mules les plus usuelles.

1. Trouver le mot juste


a. Les premières lignes… évoquent / décrivent / présentent / campent… le person-
nage du grand-père… ou : font / dressent le portrait du…
b. On devine leur grande proximité…
c. L’expression « le cœur lui a manqué » est connue dans son sens figuré : il a manqué
de courage. Le texte l’emploie d’abord au sens propre : il a eu une crise cardiaque.
Cependant, le sens figuré transparaît grâce à la troisième phrase de l’extrait (Ou les
derniers événements…) qui fait allusion au décès récent du père du narrateur, fils de
ce grand-père. L’expression est donc heureuse, car elle permet une double lecture
qui interroge avec pudeur la mort du grand-père (dont les causes sont peut-être
morales autant que physiques). On peut ici introduire la figure de la syllepse de sens
(une même expression pour deux sens différents).

2. Varier le vocabulaire
a. Le portrait se construit / s’élabore / se dessine… – le fait qu’il ne le paraisse pas ;
ou modifier complètement la tournure : « …son âge, démenti par son allure juvénile
/ par son apparente jeunesse… »
b. ses allures orientales, asiatiques…
c. portrait rêvé : idéal, laudatif, mélioratif… – portrait noirci : négatif, dépréciatif, péjo-
ratif…

EXERCICES
Exercice 1
1. Voir rouge : connaître un sentiment vif de colère. « Sa dernière provocation me fit
voir rouge. Heureusement, mes camarades me retinrent. » 2. Être la lanterne rouge :
être le dernier. « Je ne tiens pas à être la lanterne rouge de ma classe. » 3. Tirer à bou-
lets rouges : attaquer quelqu’un ou quelque chose en termes violents. « L’opposition
tire à boulets rouges sur le gouvernement. » 4. Le fil rouge : le fil directeur, conduc-
teur. « C’est un paragraphe désorganisé, dépourvu de fil rouge. »
Exercice 2
1. Il passera de l’eau sous les ponts avant que… : il s’écoulera beaucoup de temps. « Il
passera de l’eau sous les ponts avant que Notre-Dame de Paris ne soit reconstruite. »

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2. Se jeter à l’eau : prendre un risque. « En acceptant ces nouvelles responsabilités, il
s’est jeté à l’eau. » 3. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse : une trop forte
exposition au danger ou aux épreuves peut être destructrice. « Elle est revenue épui-
sée de cette dernière mission humanitaire : tant va… . » 4. Nager entre deux eaux : lou-
voyer, adopter une attitude ambiguë. « Ce candidat aux élections municipales nage
entre deux eaux. »
Exercice 3
1. Prendre la plume : commencer à écrire. « Après la lecture de cet article, je pris la
plume pour m’adresser directement à la rédaction du journal. » 2. Vivre de sa plume :
subvenir à ses besoins grâce à ses droits d’auteur. « Rares sont les écrivains qui vivent
de leur plume. » 3. Tremper sa plume dans le vitriol : avoir un style agressif, mordant.
« Ce critique acerbe a trempé sa plume dans le vitriol. » 4. Gens de plume : profes-
sionnels dont le métier consiste à écrire (auteurs, journalistes, critiques..). « Les gens
de plume sont finement décrits dans Illusions perdues de Balzac. »
Exercice 4
1. J’ai rédigé / terminé / écrit… une dissertation en trois heures. 2. Bach a composé
/ créé… une œuvre monumentale. 3. Cet élève a commis une faute grave (est cou-
pable d’…). 4. Les recherches qu’il a effectuées / menées / conduites / dirigées… sont
minutieuses.
Exercice 5
Le but de cet exercice est essentiellement de repérer l’usage de la préposition ou
son absence. Il se rappelle l’heure de son rendez-vous. – Il pallie les défaillances de
sa mémoire. – Il remédie aux oublis de son voisin. – Une directrice succède au direc-
teur. – Il se souvient de l’heure de son rendez-vous.
Exercice 6
– mettre en exergue : mettre au premier plan, en évidence. « Après les élections, le
commentateur a mis en exergue le taux d’abstention. » – placer en épigraphe : pla-
cer une citation en tête d’un chapitre, d’un livre, sur un monument. « Au début de
chaque chapitre du Rouge et le Noir, Stendhal a placé une citation en épigraphe. » –
mettre en lumière : attirer l’attention sur… « L’analyse menée dans cet article met en
lumière l’importance de la Révolution française dans la naissance du romantisme. »
– rédiger une épitaphe : rédiger une inscription funéraire. « Sur la tombe de Bruno
Crémer, acteur français, on a rédigé une épitaphe : “ Ceci est un trou de mémoire. ” »
– mettre au jour : dévoiler, révéler. « Les recherches des archéologues ont permis de
mettre au jour une nouvelle facette de l’histoire des Pyramides. » – mettre à jour :
actualiser. « La secrétaire doit mettre à jour l’agenda en ligne. »
Exercice 7
Le portrait que brosse le narrateur de son grand-père est placé sous le signe de
l’étrangeté. Sa mort semble inattendue, dépourvue de signes annonciateurs – « sans
La langue et le discours

semonce ni rien » – ni explication médicale claire : « le cœur lui a manqué » peut se lire
au sens propre comme un malaise cardiaque, mais aussi au sens figuré comme un
manque de courage, d’envie. Le vieil homme est qualifié de « secret, distant, presque
absent ». Son portrait physique l’assimile à une créature orientale, comme les ciga-
rettes qu’il fume, prétendument importées de Russie ou de Pampelune.
Exercice 8 corrigé
PARTIE 1

Exercice 9
Le personnage que je préfère dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos
est la Présidente de Tourvel. Elle est la seule à ne pas chercher à nuire à autrui ni our-

CHAPITRE 2 Le bon usage du vocabulaire 27


dir de complot. Elle est la victime de Valmont et cela la rend sympathique. Mais elle
parvient toutefois à se faire aimer de lui et elle est même près d’obtenir sa conver-
sion. Il est regrettable que l’intervention de Mme de Merteuil l’en empêche. Sa mort
fait d’elle un personnage qui suscite la compassion.
Exercice 10
On peut admettre plusieurs manières de traiter cet exercice : une forme de paraphrase
qui reprenne plus ou moins fidèlement Balzac en l’adaptant ; une forme plus créative
qui s’empare du personnage de Jean Rouaud et s’astreigne à une recherche lexicale,
soutenue par les expressions balzaciennes. Les expressions à réutiliser peuvent bien
sûr être modifiées. On peut aussi supprimer la consigne finale.
Proposition :
« […] des paquets vert amande au graphisme vieillot qu’il prétendit une fois à notre
demande faire venir de Russie, mais une autre fois, avec le même sérieux, de Pam-
pelune derrière la lune. » Sec et maigre, grand-père pouvait donner à un homme d’ima-
gination l’impression qu’il appartenait à un récit d’espionnage. Son allure asiatique, son
silence, ses manières raffinées lui donnaient quelque chose de mystérieux. Particulière-
ment vifs, ses yeux paraissaient couverts d’une substance brillante qui chatoyait dans
le bureau un peu sombre dans lequel il passait ses journées. Obscur quand il prenait la
parole, il donnait à chacune de ses saillies l’effet d’une sinuosité de son esprit, renforcée
par une certaine expression impénétrable de son visage. En un mot, sa physionomie était
étonnante, à l’image de son tempérament, et tous ces détails s’accordaient pour faire
de cette figure je ne sais quoi d’étrange qu’aucune parole humaine ne pourrait exprimer.
Exercice 11
Le portrait que dresse le narrateur du colonel Chabert est saisissant. Les détails
physiques (la maigreur, le regard, la pâleur…) dégagent une impression morbide ren-
forcée par le clair-obscur des bougies et de l’ombre. La disparition du corps dans la
pénombre communique un sentiment sinistre, comme si le visage flottait dans l’at-
mosphère de la pièce. Ce portrait inquiétant incite à poursuivre la lecture, tant le
personnage frappe l’imagination.
Exercice 12
Les élèves sont invités à utiliser le tableau de la p. 19 ainsi que les apports du cha-
pitre 19, notamment aux p. 96 et 97. On attend de la variété dans les verbes utilisés
(traiter de, offrir, présenter, mettre en évidence, souligner…) et de la précision dans
l’utilisation du langage cinématographique (notions de séquence, de plan, de bande-
son, de rythme…).
Exercice 13
Proposition (mots repris au tableau de la page 19 en gras) :
L’extrait de L’Homme qui rit de Victor Hugo met en scène la figure d’un enfant seul,
abandonné sur une côte déserte par les seuls êtres qu’il ait connus jusqu’alors. Sa soli-
tude est soulignée par l’usage anaphorique du pronom personnel « il », sujet de la plu-
part des phrases. La mise en page, qui recourt à de nombreux alinéas, insiste sur cette
solitude, en plaçant le pronom au début de courts alinéas qui pourraient presque s’ap-
parenter à des vers ou à des versets. Ainsi le texte découpe-t-il, à la manière d’un poème,
la description de la situation de cet enfant, en suggérant des pauses par le jeu de la mise
en page. Ce rythme particulier contribue au caractère dramatique du texte, habilement
construit par la répétition du motif de la solitude (l. 2, 3 à 5, 14, 24, 26), l’alternance de
phrases longues et brèves, le recours fréquent à la forme négative (« il n’y avait pas eu
pour lui… il n’eût pu dire… il n’avait pas d’argent... il ne savait rien… »). La dernière phrase,
« Il avait dix ans », revêt, par sa sécheresse et sa simplicité, une dimension pathétique
préparée tout au long du texte par l’abondance des détails.

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Exercice 14
Tel qu’il est formulé, le sujet peut s’adapter à n’importe quel roman lu par les élèves.
L’objectif réside ici dans la construction d’« automatismes lexicaux » (fournir des for-
mules) comme dans l’incitation à l’effort lexical ; les chapitres consacrés à la disserta-
tion (ch. 45 à 47) permettront d’affiner le travail sur le sujet. Ces éléments sont égale-
ment utiles dans la perspective de l’entretien à l’épreuve orale de l’examen (arguments
pour justifier le choix d’une œuvre).
Proposition d’introduction :
Il est établi, et ce depuis le xixe siècle, que le roman domine les autres genres littéraires.
À quel élément romanesque convient-il d’attribuer ce succès ? Est-ce aux personnages ?
Et le roman ne peut-il séduire que par ses personnages ? Détient-il d’autres atouts ? Nous
étudierons d’abord l’emprise qu’exerce sur le lecteur l’histoire narrée, puis nous nous
pencherons sur les vertus romanesques des personnages, reflets que recherchent la plu-
part des lecteurs, en quête d’une identification. Enfin, nous analyserons le personnage
comme vecteur de tous les aspects qui sont susceptibles de forger le succès d’un roman.

La langue et le discours
PARTIE 1

CHAPITRE 3 L’orthographe des mots 29

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