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15 Les liens logiques

Objectifs du chapitre
Connaître les mots de liaison, leur sens et leur fonction.
Reconnaître les différentes articulations logiques dans un texte.
Savoir utiliser les liens logiques appropriés dans une production écrite.

Démarche
L’intérêt du texte de George Sand est d’offrir un grand nombre de liens logiques
explicites et de relations logiques entre les idées. On commencera par un relevé des
liens logiques, ou connecteurs, pour aller ensuite vers les relations logiques qu’ils
expriment. Au terme de cette démarche, c’est l’effet produit par ces relations qu’il
convient de déterminer. Le fonctionnement de l’argumentation dépend des relations
logiques mises en place. Plus généralement, ce sont la cohérence et la compréhen-
sion de tout énoncé qui sont en jeu.

1. Repérer les relations logiques


a. Relation de cause : nous avons vu celui qui avait fait pousser le blé et celui qui était
forcé de l’acheter, aussi malheureux l’un que l’autre, parce que le blé passait par les
mains de gens qui avaient intérêt à le renchérir (l. 15-17).
Relation de conséquence : Ainsi, jusqu’à présent, l’agriculture a été abandonnée… (l. 12).

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b. Ainsi (l. 2) introduit l’addition d’un exemple. On peut le remplacer par par exemple.
Ainsi (l. 12) introduit la conséquence. On peut le remplacer par par conséquent, c’est
pourquoi, etc.

2. Analyser les effets des relations logiques


a. La comparaison : Nous vivrions bientôt comme les sauvages qui renoncent à cultiver
la terre… (l. 6-8). La relation de comparaison permet de rendre sensible, sinon visible,
la thèse de l’auteur. Elle renvoie à une réalité concrète, et qui est connotée négati-
vement (les sauvages…), ce qui doit entraîner une réaction du lecteur, soucieux d’évi-
ter cette attitude de sauvage.
b. Relation logique entre les deux dernières phrases : C’est une relation de cause :
Sous la République, de pareils malheurs n’arriveront plus car l’État aura la prévoyance
d’un bon père de famille.
Le fait de sous-entendre le lien logique rend la logique du texte apparemment plus
forte et plus naturelle : l’auteur n’a pas besoin de recourir au lien logique, qui s’im-
pose de lui-même dans l’esprit du lecteur à la lecture du texte. Sous-entendre les
relations logiques, c’est supposer que le lecteur les comprend, et présenter comme
indiscutable la thèse soutenue.

EXERCICES
Exercice 1
1. Non seulement les neiges du Kilimandjaro fondent, mais les glaciers des Alpes dis-
paraissent aussi. 2. Astérix est apparu dans le journal Pilote. Il est ensuite devenu le
héros de plusieurs albums. Il est enfin devenu célèbre dans le monde entier. 3. Tan-
tôt le théâtre est un lieu de divertissement, tantôt il permet de dénoncer et de cri-
tiquer.
Exercice 2
1 Mouvement concessif : Certes, les civilisations… ; certes, elles brillent… – Renver-
sement argumentatif : Mais ces ruptures… 2 Mouvement concessif : l’on sait que je
ne suis pas très grand admirateur… – Renversement argumentatif : mais c’est réelle-
ment un ouvrage digne de l’Égypte. 3 Mouvement concessif : Quoique Ovide, Virgile,
Horace, soient nés… – Renversement argumentatif : leurs écrits portent le caractère
de l’influence monarchique.
Exercice 3
1 Opposition : or, alors que. 2 Addition : puis, et. 3 Comparaison : comme, de
même que… de même.
Exercice 4
1 Ainsi = par exemple : addition. 2 ainsi = de la sorte, de cette manière : consé-
quence. 3 aussi = par conséquent : conséquence. 4 aussi = par ailleurs : addition.
Exercice 5
La langue et le discours

1. Il fait beau, aussi irons-nous à la plage cet après-midi. 2. Elle est allergique aux
amandes. Elle ne mange donc pas de galette des rois pour l’Épiphanie. 3. Le verglas
entraîne une multiplication des accidents ce soir sur l’A10. 4. Cela n’en valait pas la
peine, de sorte que je n’ai pas voulu approfondir cette affaire. 5. Il avait constaté qu’il
toussait tellement qu’il décida pour de bon d’arrêter de fumer.
Exercice 6
PARTIE 1

a. Verbes qui expriment l’énumération : suggère ; ajoute ; ponctue. b. Quel que soit
le domaine publicitaire retenu, on veillera à la variété et à la cohérence des verbes
envisagés (surenchérir, répéter, souligner, scander, psalmodier, marteler…).

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Exercice 7
a. Opposition :
➙ Mais si ce miroir est un miroir ordinaire… (l. 2-3) = il s’agit du renversement argu-
mentatif qui fait suite au mouvement concessif le drame est un miroir où se réflé-
chit la nature.
➙ fidèle, mais décolorée… (l. 5) = même coordination par la conjonction mais.
➙ loin de les affaiblir… (l. 8) = un miroir… qui ne les affaiblit pas, mais qui… (infinitif com-
plément circonstanciel introduit pas une locution prépositive).
Conséquence :
➙ Il faut donc que le drame soit un miroir de concentration (l. 7-8) est la conséquence
de la phrase précédente [ce miroir] ne renverra des objets qu’une image terne et sans
relief… Conséquence exprimée par la conjonction de coordination donc.
➙ Valeur consécutive des subordonnées relatives, l. 8-10 = un miroir tel qu’il…, conçu
de manière à…
b. Hypothèse : si ce miroir est un miroir ordinaire (l. 2-3). C’est le point de départ du
raisonnement : il s’agit de déconstruire l’idée selon laquelle le drame ne serait qu’un
miroir ordinaire. L’hypothèse sert ici de thèse à combattre.
c. L’intérêt de cet exercice de réécriture est de respecter un schéma argumentatif
solide pour vérifier qu’il fonctionne sur de multiples sujets. On sera donc particuliè-
rement attentif au respect des consignes.
Exemple d’argumentation : D’autres l’ont déjà dit : la pollution est la grande maladie
de la planète. Mais si cette maladie n’est pas traitée à la racine, c’est-à-dire par une lutte
contre l’effet de serre, alors elle ne sera que partiellement soignée. Il faut donc que la
pollution soit l’objet d’une campagne de prévention et non traitée par une simple ges-
tion des catastrophes naturelles.
Exercice 8
a. Dans le second paragraphe, D’abord, Ensuite, puis et Enfin permettent de mettre
en évidence une succession chronologique en quatre étapes.
b. La locution c’est-à-dire (l. 21) exprime l’addition. Elle vise plus précisément à refor-
muler l’expression qui précède : écrire par sillons (l. 21), en développant plus claire-
ment la même idée, pour qu’elle soit compréhensible par tous.
c. L’adverbe même introduit une relation d’addition, qui conduit vers un élargisse-
ment, une extension du propos. Dans les deux premiers cas, c’est l’influence phé-
nicienne qui est ainsi soulignée avec davantage d’insistance. Dans le troisième cas,
c’est une évidence qui s’impose ainsi : l’écriture phénicienne était plus simple et plus
commode.
d. Rousseau cherche à remonter ici à l’origine des langues en montrant les influences
successives des langues les unes sur les autres. C’est la place première de la langue
grecque et de l’écriture grecque dans l’Histoire qui est ici remise en cause : sans doute
faut-il remonter à des peuples plus modeste[s] (l. 5) mais tout aussi, sinon plus, déci-
sifs par leurs inventions.
Exercice 9
a. – Toutefois (l. 12) = opposition. – donc (l. 15) = conséquence. – Cela implique que
(l. 16-17) = conséquence.
b.
1/ 1er paragraphe : point de départ = le slogan Libérer les animaux paraît fondé.
2/ Toutefois… mais le verbe « libérer » a un sens précis qui ne correspond pas au seul
bien-être animal.
3/ donc… Les conséquences de ce sens sont graves…
4/ Cela implique que… toute la relation que l’homme a bâtie avec les animaux est
condamnée : il ne s’agissait pas de domestiquer, mais d’asservir.

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Les deux paragraphes sont construits selon une relation d’opposition.
c. Selon l’auteur, le mouvement contemporain qui vise à « libérer » les animaux est
dangereux. Sous prétexte d’une amélioration des conditions de vie des animaux,
ses partisans remettent profondément en cause une caractéristique profonde des
sociétés humaines : la domestication des animaux, en vue de se nourrir et de se vêtir.
F. Wolff invite donc à se méfier d’un slogan trompeur : l’homme n’ayant pas asservi
l’animal, il ne peut pas être question de le libérer.

Exercice 10
a. Liens de cause : parce que ; puisqu’ ; parce que.
b. Effet dramatique : Électre et Clytemnestre sont en désaccord profond : Électre
accuse sa mère du meurtre d’Agamemnon, son père. Dans des répliques courtes, les
deux femmes proposent deux versions des faits différentes qui reposent chacune
sur une utilisation plus ou moins efficace de la relation de cause. Pour contester la
raison invoquée par Clytemnestre (ton père a glissé sur le dallage), Électre choisit de
remonter à la source de cette version et propose une autre cause (parce que vous
l’avez raconté). La bataille entre les deux femmes tourne à un affrontement par liens
logiques interposés : le but de chacune est de convaincre que la cause qu’elle invoque
est la plus vraisemblable. L’accumulation des liens logiques, soutenue par des expres-
sions comme Pour une raison évidente, produit donc une montée du drame jusqu’à
ce qu’une cause l’emporte. Le drame a donc lieu au cœur du dialogue et de l’argu-
mentation.

Exercice 11
– Nombreux liens logiques explicites : Mais alors (l. 10, opposition + conséquence),
Parce que (l. 12, cause), Alors (l. 14, conséquence), si (l. 19, hypothèse), d’ailleurs (l. 26,
addition), voilà pourquoi (l. 27, conséquence).
– Liens logiques implicites : On peut avoir confiance en lui [car] il ne recommande
jamais d’autres médicaments… (l. 5-6, cause). Mackenzie n’est pas un bon docteur [car]
l’opération aurait pu réussir chez tous les deux… (l. 14-16, cause). [Parce que] un méde-
cin consciencieux doit mourir avec le malade… (l. 19-20). [Cependant] on ne peut com-
parer un malade à un bateau… (l. 23-24, opposition).
Ces liens logiques assurent une articulation serrée et formellement rigoureuse des
répliques entre elles : chaque réplique est logiquement reliée à la précédente. En
ce sens, les personnages « communiquent » parfaitement (contrairement aux lieux
communs concernant le théâtre dit « de l’absurde ») ! Mais le comique tient au carac-
tère totalement arbitraire des propositions de base (principes, ou prémisses) sur les-
quelles se fonde l’enchaînement des causes et conséquences : le bon médecin est
celui qui expérimente sur lui-même ses médicaments (l. 5-7) ; Un médecin conscien-
cieux doit mourir avec le malade (l. 19-20)… Si le dialogue paraît « absurde », c’est en
raison des arguments employés (non conformes à notre expérience du réel), et non
des articulations qui les relient. À la fin de l’extrait, le raisonnement par analogie se
dérègle : comme le docteur et son bateau (au lieu de : comme le commandant…). C’est
La langue et le discours

le décalage entre l’inflation de liens logiques et l’arbitraire des propositions énon-


cées qui est plaisant et déroutant.

Exercice 12
a. Liens logiques : – Alors que (l. 1) : opposition. – parce que (l. 4) : cause. – pourtant
(l. 5) : opposition. – certes… mais (l. 14) : concession. – voire (l. 21) : addition. – Mais (l. 23) :
opposition.
PARTIE 1

b. Ce qui importe ici, c’est de varier au mieux les relations logiques. Prendre appui,
pour cela, sur le tableau (manuel, p. 75-76), et sur les exercices précédents, en particu-
lier l’exercice 7 (exemple de schéma argumentatif). Les relations logiques doivent per-

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mettre de construire une argumentation, en évitant le risque habituel d’une simple
accumulation d’exemples.
Exercice 13
En fonction du niveau de la classe et des centres d’intérêt des élèves, on pourra choi-
sir l’un des thèmes plutôt que les autres. Nous proposons ci-dessous un exemple de
paragraphe avec relations logiques explicites pour une de ces thèses, et un exemple
avec relations logiques implicites pour une autre thèse.
– Thèse 1. L’art ne sert à rien. ➙ Critique de la thèse / liens logiques apparents :
À supposer que l’art ne serve à rien, pourquoi l’art existe-t-il toujours ? En dépit de son
inutilité apparente, l’art, sous toutes ses formes, apparaît au contraire comme un moyen
important d’agir sur les hommes, aussi bien sur leurs sentiments que sur leurs actes.
Certes, un tableau ou un roman n’ont jamais servi à faire diminuer le chômage ou à
mettre fin à une guerre ; mais le Guernica de Picasso ou les poèmes de la Résistance
de René Char pendant la Seconde Guerre mondiale permettent une prise conscience
collective de l’horreur à ne pas revivre : ces œuvres agissent ainsi sur les spectateurs et
les lecteurs en leur offrant une vision du monde lucide et éclairée.
Etc.
– Thèse 2. Le monde moderne est celui de la communication entre les hommes. ➙
Approbation de la thèse / liens logiques implicites :
Il y a à peine quinze ans, on ne téléphonait que de chez soi. Il est aujourd’hui possible de
téléphoner du métro, depuis sa voiture, du fin fond de la campagne comme au cœur des
villes. Quand un ami partait à l’autre bout du monde, on se faisait des adieux émus en
attendant de recevoir des nouvelles dans un hypothétique courrier. Avec Internet, cor-
respondre en direct avec un ami à Madagascar ou au Chili est devenu une simple for-
malité. On le voit : le monde passé était un monde de distance et d’incompréhension ; le
monde actuel est un monde qui permet la communication entre les hommes du monde
entier. Les distances s’effacent, l’information est accessible à tous. Les moyens de com-
munication n’ont jamais été aussi développés.
Etc.

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