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Livre du professeur
GRAMMAIRE
Évaluer ses acquis de 2de (p. 272-273) 2
LEXIQUE
L’origine et la formation des mots (p. 284) 34
1
Grammaire
2 Conjuguez les verbes entre parenthèses au présent et justifiez les accords que vous
faites.
1. Le point commun entre toutes ces pièces, écrites par des auteurs très divers, est
[sujet singulier : « Le point commun »] le foisonnement des intrigues, le mélange
des émotions qu’éprouve le public [sujet singulier : « le public »].
2. Julien et toi [= vous] allez lire l’extrait.
3. Tout le monde pense [sujet singulier : « Tout le monde »] qu’il serait préférable
d’annuler la représentation ce soir, mais certains estiment [sujet pluriel :
« certains »] qu’elle peut être reportée.
4. Je ne te le fais pas dire [le sujet est « je »].
5. Une centaine de personnes se retrouve / se retrouvent devant la salle [avec les GN
de sens pluriel, comme une foule de, la majorité de, une centaine de, etc., l’accord
peut se faire au singulier ou au pluriel] ; la plupart viennent de loin [avec la
plupart, l’accord se fait au pluriel].
2
3 Conjuguez les verbes entre parenthèses au passé composé et justifiez les accords que
vous faites.
1. Dans cette description dominent les couleurs chaudes, avec les murs orange, les
lumières jaune pâle ; la scène baigne dans une semi-obscurité.
2. Chaque vers est constitué de 12 syllabes.
3. Les alexandrins se divisent en deux demi-vers de 6 syllabes : des hémistiches.
4. Les quatre strophes, dont le premier vers est à chaque fois le même, respectent
l’alternance des rimes féminines et masculines.
3
Voici un exemple de carte mentale pour la première partie du cours, sur les valeurs des
modes.
1
Nous prenons comme référence la Terminologie grammaticale publiée en juillet 2020, qui ne considère pas le
gérondif comme un mode (voir par exemple p. 36).
2
Nous prenons comme référence la Terminologie grammaticale publiée en juillet 2020, qui ne considère pas
le conditionnel comme un mode (voir notamment p. 36).
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4
préoccupâtes indicatif passé simple
7 Dans les extraits suivants, identifiez les verbes au subjonctif et donnez la valeur de ce
mode.
1. Dans la phrase b), le futur antérieur (« aurai terminé ») exprime que la tâche sera
terminée avant lundi. Imaginons que ces phrases soient prononcées par un
garagiste à un client : avec la phrase a), le client pourra passer lundi soir ou mardi
récupérer sa voiture ; avec la phrase b), il pourra passer dès lundi matin.
2. Exprimées à l’imparfait, les actions sont simultanées (a). Exprimées au passé
simple, elles sont successives (b).
3. Le présent exprime une injonction (a). Le conditionnel exprime une demande
polie, il « adoucit » l’injonction (b).
5
1. Une phrase complexe comporte plusieurs verbes conjugués et donc plusieurs
propositions.
2. Les propositions peuvent être reliées entre elles par juxtaposition, coordination ou
subordination :
- juxtaposition : les propositions sont sur le même plan, reliées entre elles par une
virgule, un point-virgule ou deux points.
- coordination : les propositions sont aussi sur le même plan mais elles sont
reliées par une conjonction de coordination ou un adverbe de liaison.
- subordination : la proposition subordonnée est (la plupart du temps) reliée par
un mot subordonnant à une proposition principale dont elle dépend.
La construction syntaxique de cet extrait est particulière d’une part car les propositions
subordonnées s’accumulent avec un effet d’anaphore, et d’autre part car les deuxième et
troisième phrase sont elliptiques de la proposition principale (ce qui, syntaxiquement, est
« incorrect »).
6
b. Identifiez les propositions subordonnées et précisez si elles sont complétives ou
relatives.
Les propositions complétives sont soulignées. Les propositions relatives sont en gras.
Toute les propositions subordonnées complétives sont COD du premier verbe : « dis ».
Je lui dis [...] qu’il se trompe, que je suis dans une tristesse
que j’attendais et qui ne vient que de moi. Que toujours
j’ai été triste. Que je vois cette tristesse aussi sur les photos
où je suis toute petite.
Marguerite Duras, L’Amant, Les Éditions de Minuit, 1984.
Il y a cinq phrases complexes dans cet extrait. La première phrase du second paragraphe
est une phrase simple.
b. Pour chaque phrase complexe, indiquez comment les propositions sont reliées entre
elles.
« qu'il n'y en a point à qui vous ne puissiez complétive, COD de « ferait croire »
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plaire »
1. On utilise le pronom relatif auquel quand le pronom est un COI introduit par à.
ex : L’exercice [auquel je fais allusion] se trouve p. 273.
8
ex : Je pense [que vous avez compris].
Remarque · Elle peut également introduire une proposition subordonnée
circonstancielle, pour éviter une répétition.
ex : Quand je l’ai croisé et qu’on a discuté, il avait l’air en pleine forme.
Ces deux phrases ne peuvent pas être fusionnées à l’aide d’un pronom relatif car le
pronom « Il » qui commence la deuxième phrase est un pronom impersonnel, il n’a pas
pour antécédent « ce jour ». Par conséquent, ces deux phrases n’ont pas d’élément qui
pourrait être repris par un pronom relatif.
Cette activité est à réaliser en autonomie, en suivant les étapes indiquées dans le manuel.
9
L'interrogation (p. 274-275)
b. Pourquoi peut-on dire que la première question n’en est pas vraiment une ?
La première question n’en est pas vraiment une car Mme Petrescu n’attend pas de
réponse : elle est train de constater, en visitant la maison, qu’il faut traverser la cuisine
pour aller à la salle à manger et s’en étonne, comme le confirme d’ailleurs la phrase
suivante (« Ça, c’est bizarre ! »). Ainsi, la question correspond en réalité plutôt à une
exclamation, marquant la surprise de Mme Petrescu.
On peut d’ailleurs considérer que cette surprise est feinte, et que le seul but de Mme
Petrescu est d’humilier le couple en soulignant que leur maison est petite, mal conçue.
4 Pour chaque interrogation, indiquez si elle est totale, partielle ou alternative, directe
ou indirecte.
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4. Interrogations indirectes partielles.
5 Un élève rapporte à un camarade les questions posées lors d’un oral. Reformulez les
questions suivantes en commençant par « La prof a demandé... »
1. Déterminant.
2. Adverbe.
3. Conjonction de subordination.
4. Pronom, sujet du verbe « sont ».
5. Pronom composé, COI du verbe « est adressé ».
8 Pour chaque subordonnée, indiquez s’il s’agit d’une interrogative totale ou d’une
circonstancielle de condition.
Rappel · Une interrogative totale est une subordonnée complétive : elle ne peut être ni
supprimée ni déplacée et a pour fonction d’être COD du verbe de la principale.
1. Circonstancielle de condition.
2. Interrogative indirecte totale.
3. Circonstancielle de condition.
4. Interrogative indirecte totale.
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9 Pour chacun des extraits suivants, indiquez le rôle des questions. Permettent-elles
d’interpeler le destinataire, de révéler l’état d’esprit d’un personnage, de créer du
suspense, une connivence avec le lecteur ou le spectateur ?
1. Cette série de questions montre que le personnage qui les prononce, Hermione,
est dans un état de confusion extrême : elle n’a plus aucun repère. En effet, elle
vient de commanditer le meurtre de celui qu’elle aime. Dans ce passage, elle est
seule et tente de faire le point sur sa situation, pour prendre les bonnes décisions.
Il s’agit d’un monologue délibératif.
3. Dans cet incipit célèbre, le narrateur traduit les hésitations du personnage, ce qui
permet également de créer du suspense.
4. Dans cet extrait, le narrateur crée une connivence avec nous en jouant avec nos
attentes : il formule les questions que l’on se pose généralement au début d’une
histoire, mais refuse justement d’y répondre, créant un effet déceptif humoristique
qui lui permet de commencer son récit de manière originale et intrigante.
10 Analysez cette interrogation. Faites-en une question directe si elle est indirecte, ou
inversement.
- L’interrogation est le fait de poser une question. Si la question est exprimée de manière
directe, la phrase se termine par un point d’interrogation et elle est de type interrogatif ;
si elle est exprimée de manière indirecte, la phrase se termine par un point et elle est de
type déclaratif.
- Dans la phrase à analyser, la question est posée de manière directe, puisqu’elle se
termine par un point d’interrogation et qu’il n’y a pas de verbe introducteur. À la forme
indirecte, nous aurions par exemple : « Je me demande ce qu’ils disaient. »
- L’inversion sujet-verbe témoigne d’un registre soutenu. Formulée dans un niveau de
langue courant, la question serait : « Qu’est-ce qu’ils disaient ? » et dans un niveau de
langue familier : « Ils disaient quoi ? »
- L’interrogation est partielle, car elle porte sur une partie de l’énoncé (on ne peut y
répondre par oui ou par non). Elle porte en l’occurrence sur le COD, donc sur le sujet de
leur conversation.
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- L’interrogation est le fait de poser une question. Si la question est exprimée de manière
directe, la phrase se termine par un point d’interrogation et elle est de type interrogatif ;
si elle est exprimée de manière indirecte, la phrase se termine par un point et elle est de
type déclaratif.
- L’inversion sujet-verbe témoigne d’un registre soutenu, de même que la forme « puis »
1ère personne du singulier du verbe pouvoir au présent de l’indicatif (au lieu de la forme
« peux »). En outre, on remarque que la négation est exprimée par la seule présence de
l’adverbe « ne », ce qui relève aussi de la langue soutenue. Si l’on formule cette
interro-négative dans un niveau de langue courant, on obtient : « Est-ce que je ne peux
pas savoir si j’aime ou si je hais ? » ; et dans un niveau de langue familier : « Je (ne) peux
pas savoir si j’aime ou si je hais ? »
- L’interrogation est totale, car elle porte sur la totalité de l’énoncé et la réponse peut être
non ou si.
- La syntaxe de cette phrase est complexe, car à l'intérieur de cette interrogation directe
se trouve une interrogation alternative indirecte, introduite par la locution verbale
« pouvoir savoir ». Si l’on reformule de manière directe ces interrogations indirectes
enchâssées, on obtient par exemple : « “Est-ce que j’aime ? Ou est-ce que je hais ? »,
aimerait-elle savoir ». Ainsi, on peut dire en quelque sorte qu’il s’agit d’une question
alternative indirecte (« J’aimerais savoir si j’aime ou si je hais »), mais posée de manière
directe.
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L'expression de la négation (p. 276-277)
1. - sans aucun adverbe de négation, quand il s’agit d’une négation lexicale (ex : C’est
impossible).
- avec un seul adverbe de négation, dans la langue soutenue (ex : Je ne puis) ou
familière (ex : Je peux pas).
- avec deux adverbes de négation (ex : Je ne peux pas).
2. Faux : un ne explétif n’a pas de valeur négative et n’exprime donc pas une
négation.
L’adjectif « malveillante », formé à l’aide du préfixe négatif mal- (et qui est antonyme de
« bienveillante »), ainsi que le groupe prépositionnel « sans conscience » (formé avec la
préposition « sans », de valeur négative) sont des négations lexicales.
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2. Cet extrait comporte trois négations (une par phrase) :
- les adverbes « ne […] rien » expriment une négation partielle : à la forme
affirmative, l’adverbe « rien » doit être remplacé par un autre de sens
contraire (« Tu vois venir quelque chose ? »)
- dans les deux phrases suivantes, l’adverbe « non » formule des réponses
de manière elliptique ; si on développe ces phrases, on obtient : « Je ne vois
rien venir » / « Je ne vois rien venir non plus » ; ces deux négations sont
donc également partielles.
Remarque · L’adverbe « plus » permet ici de renforcer la négation à la suite
d’une première négation
Remarque · On peut noter que les deux extraits comportent la même question, posée dans
l’extrait 1 dans un registre soutenu avec une inversion sujet-verbe (« ne vois-tu rien
venir ? ») et dans l’extrait 2 dans un registre familier (« Tu ne vois rien venir ? »).
b) Mettez les formes suivantes à la forme négative, dans un niveau de langue courant : I
can ; I do.
I can’t ; I don’t
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c) Que montre cette graphie ?
Cette graphie montre que l’adverbe de négation n’est pas accentué, ce qui a entrainé la
disparition du « o ». La forme est élidée, comme en français l’adverbe de négation « ne »
quand il se trouve devant une voyelle.
On remarque même que l’adverbe de négation not a fusionné avec le verbe pour ne plus
former qu’un seul mot, accentué sur la voyelle : can’t, don’t.
Par conséquent, il est de plus en plus en difficile de distinguer à l’oral une forme négative
d’une forme affirmative, comme c’était le cas en français à la fin du Moyen Âge.
La distinction entre forme affirmative et forme négative étant de plus en plus difficile à
percevoir quand la prononciation est relâchée, la langue familière orale a tendance à
redoubler les marques de la négation pour la souligner et ainsi clarifier le propos, en
ajoutant un adverbe ou un pronom : « My mama didn’t raise no ignorant child » ; « Don’t
hurt nobody » ; « I aint makin no promises » ; « That don’t make no sense » ; « You dont
owe nothin to dead people ».
Dans ces exemples, la double négation n’est pas équivalente à une affirmation, mais a
pour but de renforcer la négation.
Cette évolution, même si elle n’est pas (encore) entrée dans la langue courante, et donc
qu’elle est toujours perçue comme fautive en anglais, fait en quelque sorte écho à
l’évolution qu’a connue la négation en français à la fin du Moyen Âge.
Les négations grammaticales sont en gras, les négations lexicales sont soulignées.
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Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
- La négation (grammaticale) est une forme de phrase qui s’oppose à la forme affirmative
(une phrase ne peut pas être à la fois affirmative et négative). En français, la négation est
généralement exprimée à l’aide de deux éléments fonctionnant ensemble.
- L’extrait à analyser multiplie les formes négatives. La phrase commence par une double
négation partielle, portant à la fois sur le sujet et sur une circonstance : le temps. Elle est
exprimée par l’adverbe de négation « ne », ainsi que par le pronom « rien » et l’adverbe
de négation « jamais ». Si l’on reformule la phrase à la forme affirmative, le pronom
« rien » est remplacé par un pronom de sens contraire (« tout » ou « quelque chose ») et
l’adverbe « jamais » est remplacé par un autre de sens contraire (« toujours ») : « Tout est
toujours acquis à l’homme ».
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Le pronom « rien » est ensuite explicité par l’accumulation négative exprimée par la
conjonction de coordination « ni » : « Ni sa force, ni sa faiblesse, ni son cœur ». Il s’agit
d’une négation totale, dont la forme est elliptique et que l’on pourrait reformuler ainsi :
« sa force n’est pas acquise, ni sa faiblesse, ni son cœur. »
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français, la négation est généralement exprimée à l’aide de deux éléments
fonctionnant ensemble.
- La passage à analyser comporte plusieurs négations :
1) « Ils ne mouraient pas tous » : la négation est exprimée par les adverbes
« ne » et « pas ». Il s’agit d’une négation totale. Si l’on reformule le passage
à la forme affirmative, rien ne vient remplacer les éléments de négation :
« Ils mouraient tous »).
Remarque · On pourra accepter une analyse qui y voit une négation
partielle, à partir du moment où l’explication est cohérente.
2) « Nul mets n’excitait leur envie » : la négation est exprimée par le
déterminant indéfini « nul » et l’adverbe « ne », élidé car devant une
voyelle. La négation est partielle car elle porte sur un élément de l’énoncé
(le nom « mets ») et non sur sa totalité. Si l’on reformule la phrase à la
forme affirmative, le déterminant « nul » serait remplacé par un autre de
sens contraire, par exemple : « Chaque mets excitait leur envie ».
3) « Ni Loups ni Renards n’épiaient / La douce et l’innocente proie » : la
négation est exprimée par l’adverbe « ne », élidé car devant une voyelle et
la conjonction de coordination « ni », redoublée. Il s’agit d’une négation
totale, que l’on peut reformuler de la manière suivante : « Loups et Renards
n’épiaient pas la douce et l’innocente proie ». Si l’on reformule le passage à
la forme affirmative, rien ne vient remplacer les éléments de négation :
« Loups et Renards épiaient la douce et l’innocente proie »).
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L'expression de la cause, de la conséquence et du but (p. 278-279)
b. laquelle la conséquence ?
c. laquelle le but ?
1. Vrai, mais quand elle introduit une subordonnée consécutive, elle est suivie d’un
verbe à l’indicatif (Je me dépêche, de sorte qu’elle ne m’attendra pas) ; quand
introduit une subordonnée circonstancielle de but, elle est suivie du subjonctif (Je
me dépêche de sorte qu’elle ne m’attende pas)
2. Faux : il peut introduire un C.C. de but (Il se dépêche pour ne pas être en retard) ou
un C.C. de cause (Il a été condamné pour vol).
3. Vrai
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- Les propositions subordonnées « comme cela tire en longueur », « qu’il a faim », et
« que la nuit est déjà avancée » expriment la cause.
- La proposition circonstancielle « qu’elle le réveille » exprime la conséquence.
Remarque : « se persuadant bientôt que c’est lui qui la reçoit » exprime une cause, mais
ne peut être considéré comme une proposition subordonnée circonstancielle (notamment
parce que ce groupe de mots n’est pas introduit par une conjonction de subordination).
- Dans les subordonnées circonstancielles de cause « qu’il a faim » et « que la nuit est
déjà avancée », la conjonction de subordination « que » est mise à la place de « comme »
pour éviter la répétition.
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Remarque : la proposition subordonnée circonstancielle « de peur que l’autorisation de la
carte me soit refusée » est introduite par la locution conjonctive de subordination « de
peur que », qui exprime généralement un but. Toutefois, le sens de la phrase amène à
l’analyser plutôt comme l’expression d’une cause : au moment de payer, les mâchoires de
la narratrice ne se crispent pas pour éviter que sa carte ne soit refusée, mais parce qu’elle
a peur que sa carte soit refusée.
- « pour savoir ce que je pensais de sa tenue de parachutiste dénichée dans une friperie,
de son blouson en cuir vintage, de son costume croisé qu’il porterait le soir même pour
sortir rencontrer des gens » = « afin que je lui donne mon avis sur sa tenue de
parachutiste […] »
- « pour sortir rencontrer des gens » = « en vue de sortir rencontrer des gens ».
- « de peur que l’autorisation de la carte me soit refusée » (si l’on considère qu’elle
exprime une but) = « pour éviter que l’autorisation de la carte me soit refusée ».
Gregor consulte sa montre tandis que la sirène d’un bateau frigorifique gémit ; comme il
est anxieux, Gregor hésite à filer chez Malbranc, mais il décide d’attendre parce que c’est
plus prudent. [...]
Gregor se surprend à suivre les pouilleux, étant donné qu’en ce premier jour en terre
sud-américaine il n’a pas envie de rester seul, d’ailleurs il n’a nulle part où aller.
c. Selon vous, pourquoi l’écrivain a-t-il fait le choix de laisser implicites certains des liens
logiques ?
Différentes réponses sont possibles, mais on peut penser que l'écrivain a fait le choix de
laisser implicites certains des liens logiques pour ne pas alourdir inutilement le passage
par des connecteurs qui ne sont pas nécessaires à la compréhension. En laissant implicite
ces liens logiques, il allège son style et nous permet de nous concentrer sur l’essentiel.
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On peut y voir aussi une confiance faite aux lecteurs et lectrices, qui sauront rétablir
l’implicite, ainsi qu’un moyen de mieux les impliquer dans leur lecture, en les plaçant
dans une position de lecture plus active.
Il y avait une fois un marchand qui était extrêmement riche, si bien qu’il vivait avec sa
famille dans un magnifique château.
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- Une proposition subordonnée circonstancielle fait partie d’une phrase complexe,
c’est-à-dire d’une phrase comportant plusieurs propositions, qui peuvent être reliées par
juxtaposition, coordination ou subordination. Une proposition subordonnée
circonstancielle a pour fonction d’être complément circonstanciel. Ainsi, elle peut la
plupart du temps être déplacée ou supprimée (sauf s’il s’agit d’une circonstancielle
corrélative). Elle est introduite par une conjonction (ou locution conjonctive) de
subordination qui n’a pas de fonction dans la subordonnée.
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L'expression de l'opposition et de la concession (p. 280-281)
1. Vrai
2. Vrai
3. Faux : cette conjonction de subordination exprime une concession.
4. Faux : il est suivi de l’indicatif.
L’extrait numéro deux exprime une concession, avec l’adverbe « cependant » et la locution
« il est vrai que ».
On peut le reformuler de la manière suivante : « Est-il possible, lui disait-il, que je puisse
n’être pas heureux en vous épousant ? Pourtant, je dois concéder que je ne le suis pas. »
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1. La concession est exprimée par des propositions subordonnées circonstancielles
introduites par la locution conjonctive de subordination « alors que » : « alors qu’on n’en
pouvait plus » et « alors que je n’y tenais plus ».
Remarque · Dans cette phrase, la locution conjonctive « alors que » exprime une
concession, une contradiction, plutôt qu’une opposition.
2. La concession est exprimée par des GN apposés complétés par une proposition
subordonnée relative au subjonctif : « Quelque difficulté et quelque péril qui me
parussent dans un tel projet ».
1. [...] elle me manquait et pourtant on n’en pouvait plus, elle me manquait même si je n’y
tenais plus.
2. Bien que des difficultés et des périls me soient apparus dans un tel projet, je puis dire
qu’il me donna plus de joie que je n’en avais jamais eu de ma vie.
3. Ah ! Rodrigue ! j’ai beau être ton ennemie, je ne puis te blâmer d’avoir fui l’infamie.
4. Quand bien même je devrais après dix ans voir mon palais en cendres, je ne balance
point, je vole à son secours.
Tertulien Mésidor devait avoir dans les cinquante-cinq ans alors qu’Olmène Dorival en avait
à peine seize. Il possédait les trois quarts des terres de l’autre côté des montagnes tandis qu’elle
allait le plus souvent nu-pieds et n’avait jamais chaussé que des sandales taillées dans un cuir
grossier.
Il avait fait plusieurs séjours à Port-au-Prince, et même voyagé au-delà des mers et dansé le
son avec des mulâtresses à La Havane.
Quant à elle, elle n’avait franchi les limites d’Anse Bleue que pour accompagner sa mère au
marché aux poissons de Ti Pistache, qui sentait la pourriture et les tripes et où dansaient les
mouches dans des sarabandes folles.
Yanick Lahens, Bain de lune, Éditions Sabine Wespieser, 2014.
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7 a. Dans le premier paragraphe, relevez les liens logiques d’opposition et de concession
et précisez leur classe grammaticale.
On relève :
- « quand bien même [que] », conjonction de subordination ;
- « Mais », conjonction de coordination, que l’on trouve à deux reprises dans le
paragraphe.
b. George Sand retranscrit dans ce roman champêtre le parler paysan. Relevez dans la
première phrase une erreur de syntaxe et corrigez-la.
c. Reformulez les deux premières phrases du second paragraphe en ajoutant des liens
logiques d’opposition ou de concession.
Elle m’a aimé comme son fils, ce qui est la plus forte de toutes les amitiés, mais elle
pourrait bien m’aimer encore autrement. Je vois que ses ennemis vont m’obliger à la
quitter, si je ne l’épouse pas ; or si je dois la quitter encore une fois, j’aime autant mourir.
d. Relevez dans les deux dernières phrases deux moyens d’exprimer l’opposition ou la
concession qui ne sont pas dans la leçon.
On peut relever :
- une proposition subordonnée circonstancielle introduite par « quand » : « quand j’ai
encore les miens, en outre de mon argent, pour la servir ») qui ici n’exprime pas le temps ;
on pourrait reformuler de la manière suivante : « alors que j’ai encore les miens, outre
mon argent, pour la servir » ;
- le groupe gérondif « en voulant faire le mal », que l’on pourrait reformuler de la manière
suivante : « même si elle voulait faire le mal ».
Cet extrait est saturé de contradictions, de paradoxes. Si les liens logiques d’opposition et
de concession « Mais » (conjonction de coordination) et « quand bien même » (locution
conjonctive de subordination) le soulignent explicitement, le passage est marqué par les
tensions implicites qui habitent l’esprit du personnage. Cet effacement des liens logiques
permet de traduire le conflit psychologique auquel il est confronté. Il préfère épouser la
femme qui l’a élevé, que de devoir se séparer d’elle. Il estime que ce changement de
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relation ne serait pas immoral : au contraire, puisqu’elle est désormais veuve et que lui a
de l’argent et des « bras » pour l’aider, il est de son devoir de lui venir en aide.
« Ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent très bien, écrivent mal. »
Buffon, Discours sur le style, 1753.
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L'expression de la condition et de l'hypothèse (p. 282-283)
- Je peux obtenir une bonne note au bac de français si je lis attentivement les
œuvres au programme.
- Je peux obtenir une bonne note au bac de français à condition de croire en mes
capacités.
- Je peux obtenir une bonne note au bac de français pour peu que je travaille
régulièrement toute l’année.
4 Parmi ces extraits, lesquels expriment une hypothèse ou une condition ? Justifiez en
reformulant.
1. Cet extrait n’exprime ni une hypothèse, ni une condition. Dans cette phrase, « si »
est un adverbe d’intensité, que l’on remplacer par « tellement : « À ce cœur
tellement rompu, tellement amer et tellement lourd, accorde le dormir [...] ».
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crime ? L’ingratitude me fait horreur, je me haïrais moi-même pour peu que je croie
pouvoir cesser de vous aimer. »
1. Si nous n’avons point d’orgueil, nous ne nous plaignons pas de celui des autres.
2. Si on jugeait de l’amour par la plupart de ses effets, il ressemblerait plus à la haine qu’à
l’amitié.
3. Si nous résistions à nos passions, ce serait plus par leur faiblesse que par notre force.
4. Si nous ne nous flattons point nous-mêmes, la flatterie des autres ne nous peut nuire.
5. Si on examinait bien les divers effets de l’ennui, on trouverait qu’il fait manquer à plus
de devoirs que l’intérêt.
6. Les querelles ne durent pas longtemps, si le tort n’est que d’un côté.
1. Si nous n’avions point eu d’orgueil, nous ne nous serions pas plaint de celui des autres.
2. Si on avait jugé de l’amour par la plupart de ses effets, il aurait ressemblé plus à la
haine qu’à l’amitié.
3. Si nous avions résisté à nos passions, cela aurait plus été par leur faiblesse que par
notre force.
4. Si nous ne nous étions point flattés nous-mêmes, la flatterie des autres ne nous aurait
pas nui.
5. Si on avait bien examiné les divers effets de l’ennui, on aurait trouvé qu’il fait manquer
à plus de devoirs que l’intérêt.
6. Les querelles n’auraient pas duré longtemps, si le tort n’avait été que d’un côté.
Quand le verbe de la circonstancielle est au plus-que-parfait ces phrases ne sont plus des
maximes car le plus-que-parfait n’a pas pour valeur d’exprimer une vérité générale, une
action qui se répète, une éventualité ou une une potentialité.
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Si nous travaillons régulièrement, nous progresserons en français.
Si vous vous en donniez les moyens, vous y arriveriez.
Si nous persévérons, nous prendrons du plaisir à étudier les œuvres au programme.
7 a. Relevez les expressions de la condition. Précisez les moyens employés et les modes
des verbes.
Remarques :
1) « si tu veux gagner un louis d’or » et « ou non » (proposition elliptique que l’on peut
reformuler de la manière suivante : « ou si tu ne veux pas gagner un louis d’or ») sont des
propositions subordonnées complétives interrogatives totales. On pourrait reformuler le
passage comme ceci : « Demande-toi si tu veux gagner un louis d’or ou non », ou au style
direct : « Pose-toi la question : “Veux-tu gagner un louis d’or, ou non ?” ». Il ne s’agit donc
pas de propositions subordonnées circonstancielles d’hypothèse ou de condition.
2) On peut considérer que la phrase « Il faut jurer » et que la proposition coordonnée
« mais jure donc » expriment de manière implicite une condition. En effet, on pourrait
reformuler ces passages ainsi : « Tiens, à condition que tu jures » ; « prends, te dis-je,
pourvu que tu jures ».
b. Dans un paragraphe de commentaire, montrez que Dom Juan incite le pauvre à jurer
contre Dieu de manière de plus en plus insistante.
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« mais jure donc », avec le verbe à l’impératif présent et la présence de l’adverbe «
donc », rend encore plus insistant. Seul le contexte permet de comprendre qu’il s'agit
encore d’une condition. On peut d’ailleurs imaginer un jeu de scène avec Dom Juan qui
tend le louis d’or au pauvre avant de le lui retirer.
- La phrase à analyser est une phrase complexe, constituée au niveau le plus large :
- d’une proposition principale : « il faut » ;
- d’une proposition subordonnée complétive, introduite par la conjonction de
subordination « que » : « qu’il parle un peu plus clairement » ;
- de deux propositions subordonnées circonstancielles introduites par la
conjonction de subordination « si » : « Si le Ciel me donne un avis » et « s’il veut
que je l’entende », qui dépendent donc de la même proposition principale.
- La seconde proposition subordonnée circonstancielle comporte elle-même une
proposition principale (« il veut ») et une proposition subordonnée complétive, introduite
par la conjonction de subordination « que » : « que je l’entende ».
- Dans la phrase à analyser, la condition ou l’hypothèse est donc exprimée par des
propositions subordonnées circonstancielles. Une proposition subordonnée
circonstancielle a pour fonction d’être complément circonstanciel. Ainsi, elle peut la
plupart du temps être déplacée ou supprimée (sauf s’il s’agit d’une circonstancielle
corrélative). Elle est introduite par une conjonction (ou locution conjonctive) de
subordination qui n’a pas de fonction dans la subordonnée.
- Ainsi, les propositions subordonnées circonstancielles « Si le Ciel me donne un avis » et
« s’il veut que je l’entende » ont pour fonction d’être C.C. d’hypothèse ou de condition.
- Ces propositions peuvent être déplacées (« Il faut que le Ciel, s’il veut que je l’entende,
parle un peu plus clairement, s’il me donne un avis ») ou supprimées (« Il faut qu’il parle
un peu plus clairement »), sans que cela ne rende l’énoncé incohérent.
- Les verbes (principaux) de ces propositions sont conjugués au présent de l’indicatif
(« donne », « veut »). Avec le verbe de la proposition principale également au présent de
l’indicatif, elles créent un système hypothétique qui exprime une éventualité (l’action est
encore réalisable).
« Les peuples « [ils ont le nez si « pour s’en servir à « Si j’avais à soutenir
d’Europe ayant écrasé] qu’il est défricher tant de le droit que nous
presque impossible terres » avons eu de rendre
les nègres esclaves »
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exterminé ceux de de les plaindre »
l’Amérique »
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Lexique
1. Vrai.
2. Radical.
On pourra rappeler l’importance d’être capable de reformuler le contenu d’un cours avec
ses propres mots pour bien se l’approprier : pouvoir réciter par cœur un contenu ne
signifie pas qu’on le comprend.
3 a. Quels préfixes permettent en français d’inverser le sens d’un mot, de nier le sens
exprimé par le radical ? Trouvez-en deux.
Les préfixes in- (il-, im-, ir-...) et dé- permettent de nier le sens exprimé par le radical.
Inagréable / Désenvie.
4 Débat. Selon vous, le fait que le français emprunte de nombreux mots à des langues
étrangères est-il une richesse ou une faiblesse ? Avant de répondre, commencez par faire
une recherche sur les emprunts en français, que vous pouvez approfondir en cherchant
les mots que l’anglais a empruntés au français.
On pourra par exemple consulter cet article de l'Université Laval pour trouver des
informations à la fois sur les mots que le français a empruntés à d’autres langues et les
mots que l’anglais a empruntés au français. Pierre Calvé (Université d’Ottawa) reprend et
commente ces données dans un article que l’on pourra consulter ici.
Un article de Wikipedia pourra également constituer une source intéressante pour se
renseigner sur les mots anglais empruntés au français.
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L’un des objectifs de cette activité est que les élèves prennent conscience (si besoin) que
les langues, quand elles sont vivantes, ne cessent de s’influencer les unes les autres, que
le phénomène n’est pas nouveau en français, que de nombreux mots français sont aussi
passés dans d’autres langues (on pourra d’ailleurs donner d’autres exemples, comme la
langue turque qui comporte plus de 5000 mots français).
Le narrateur adopte un point de vue dépréciatif sur les lieux et sur l’architecture comme
le montre l’usage appuyé du suffixe diminutif -ette, ayant pour effet de donner aux lieux
et personnes décrites un aspect ridicule, « petit ». Bien que très croyant, il se moque de
l’aspect du sanctuaire, le trouvant ridicule et « prétentieux ».
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Le sens des mots et les relations lexicales (p. 285)
1. Vrai
2. Faux : deux mots qui ont le même sens sont synonymes.
3. Vrai
4. Faux : la polysémie est le fait qu’un même mot puisse avoir plusieurs sens.
On pourra rappeler l’importance d’être capable de reformuler le contenu d’un cours avec
ses propres mots pour bien se l’approprier : pouvoir réciter par cœur un contenu ne
signifie pas qu’on le comprend.
Les connotations d’un mot varient d’une personne à l’autre, selon le vécu, la sensibilité,
les gouts de chacun et chacune. Par exemple, le mot « sport » aura selon les personnes
des connotations plus ou moins positives, évoquera pour certaines personnes le loisir et
la détente, pour d’autres la compétition et la performance, etc.
Le ou les sens figuré(s) d’un mot ne varient pas selon les personnes, mais sont admises
par tous les locuteurs et locutrices ; on les trouve dans les dictionnaires, ce qui n’est pas
le cas des connotations d’un mot.
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4 Quand on commente un texte, il faut varier les verbes qu’on utilise pour éviter les
répétitions. Pour chacun des verbes en gras, trouvez au moins trois synonymes.
5 a. Quel mot est répété dans cette introduction ? Trouvez des synonymes ou hyponymes
pour éviter cette répétition.
Le passage que nous allons commenter est situé au milieu du conte philosophique de
Voltaire intitulé Candide. Candide et Cacambo, alors au Surinam, rencontrent un esclave.
Nous allons nous demander comment l’auteur dénonce dans cet extrait les conséquences
de l’esclavage. Nous pouvons distinguer deux mouvements principaux : la rencontre puis
le récit de l’esclave.
La dénotation concerne le sens littéral d’un mot. Elle est utile pour expliquer ou clarifier
le sens littéral d’un passage. Mais quand on analyse un texte, on ne se contente pas de
reformuler les passages les plus complexes ! Commenter les connotations de certains
mots permet de mettre en évidence les réseaux de sens, les images ou émotions créées,
d’analyser la ou les tonalité(s) du passage.
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b. Quels sont les effets produits ?
Le jeu sur la paronymie instaure une forme d’instabilité. On glisse d’un mot à l’autre, le
texte semble toujours en mouvement. Cela produit un effet de confusion et de vertige : on
est entrainé(e) dans cette spirale de sons qui se répondent, on « s’abime » dans le
tourbillon des échos sonores.
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Mieux comprendre les textes du XVIIe siècle (p. 286)
Cette question est à réaliser en autonomie, en suivant les consignes proposées dans le
manuel.
2. Pour retenir des mots, quoi de mieux que de les employer ? Amusez-vous à parler ou à
écrire en utilisant ce lexique !
2 Jusqu’au XVIIe siècle, l’orthographe était très libre. Dans les versions des textes que
vous lisez, elle est (la plupart du temps) modernisée, conforme aux règles d’orthographe
actuelles. Pourquoi n’est-ce pas le cas pour les mots en gras ci-dessous ?
L’orthographe d’origine est conservée pour des raisons de métrique : le décompte des
syllabes en dépend.
1. avec ta : trois syllabes / avecque ta : quatre syllabes
2. donc : une syllabes / donques : deux syllabes
3. encore sa : quatre syllabes / encor sa : trois syllabes
1. C’est un secours inutile pour ma faible raison / C’est un moyen qui ne m’aide pas à
me raisonner
Je croyais que leur amour me permettrait de guérir (de ma passion)
Et je me trouve prise dans les tourments de la jalousie !
Mon Dieu ! Quel remède à l’amour est la jalousie…
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4 a. Mme de Clèves aime-t-elle toujours M. de Nemours ? Justifiez en citant le texte.
Alors qu’elle est toujours amoureuse de M. de Nemours et que son mari, M. de Clèves, est
décédé, Mme de Clèves met un terme à sa relation avec M. de Nemours, par respect pour
son mari défunt, car c’est cette passion qui a causé sa mort ; « je ne vaincrai jamais mes
scrupules », confie-t-elle à M. de Nemours, et cette passion la « rendra malheureuse ».
Elle lui demande donc de ne plus jamais chercher à la voir. La morale, les convenances ne
seraient pas respectées si elle se remariait avec M. de Nemours, comme le montre la
dernière phrase de l’extrait : « Je suis dans un état qui me fait des crimes de tout ce qui
pourrait être permis dans un autre temps, et la seule bienséance interdit tout commerce
[= toute relation] entre nous. »
· « Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste » : Les dieux mirent dans mon cœur une
passion qui apportera le malheur et la mort
· « fureur » : folie
· « feu » : passion amoureuse
· « perfide » : traitresse
· « courroux » : colère
· « fer » : épée
· « outrage » : offense
· « expire » : meurt
Cet extrait est particulièrement représentatif de la tonalité tragique qui vise à susciter
l’horreur et la pitié pour un personnage à la fois victime et coupable. La passion de
Phèdre pour son beau-fils suscite l’horreur, sa présence même est un « outrage » envers
son époux et le ciel ; toutefois, elle suscite également la pitié car elle n’est pas
responsable de cette passion, mais une victime des dieux, comme elle le rappelle au
début de cet extrait : « Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste ». Le GN « le ciel »
qui évoque les dieux, est le sujet du verbe tandis que Phèdre, désignée par la synecdoque
« mon sein », est objet : elle subit la malédiction divine. Elle est néanmoins coupable car
elle a révélé à Hippolyte sa « fureur » et s’est laissée convaincre par Œnone qui a
calomnié le jeune homme : « La perfide, abusant de ma faiblesse extrême / S’est hâtée à
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vos yeux, de l’accuser lui-même. » Hippolyte a donc été injustement maudit par son père,
qui l’a chassé en demandant au dieu Poséidon de le tuer. La passion de Phèdre a été
dévastatrice, et sa présence est un « outrage », qui « souille » la pureté du jour. Phèdre
n’a d’autre issue que la mort, ce qui est caractéristique de l’héroïne tragique. Le lexique
de la mort et du suicide sature tout le passage : « funeste », « punie », « supplice »,
« tranché », « descendre chez les morts », « poison », « venin », « expirant », « froid
inconnu », « la mort », « expire ».
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