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S.

2 : Chapitre 1 : Ce chapitre n’est-il qu’un exposé sur une situation familiale  ?

Supports :1) lecture autonome du chapitre

2) Analyse littéraire d’un passage : de : «  Les photos conservées de mon


enfance[…] » à «  Ses enfants remplissent sa vie. »

A. Analyse du passage proposé :


 Lecture
 Les mouvements du texte :
- En regardant des photographies
- Une famille heureuse
 Analyse :
a) Commencer à se souvenir : le moment de l’écriture :

Le début du texte se présente comme une mise en scène. L’écrivain se met en scène en
train de regarder des photographies : «  Les photos conservées de mon enfance le
prouvent :[…]. »
Ce qui nous frappe ici, c’est l’utilisation du présent. C’est au présent que l’histoire se
raconte ici. Il va nous rester le soin de découvrir quelles sont les valeurs du présent
utilisées dans ce texte.
Pour la citation qui nous occupe ici, nous pouvons dire que l’auteur s’exprime dans un
présent d’énonciation. Nous sommes avec l’écrivain au moment où, regardant les
photos, elle commence à écrire. C’est ce que nous nommerons le temps de l’écriture.

Tout de suite après, nous plongeons avec Simone VEIL dans ce passé illustré par des
photos : «  Sur d’autres photos, nous jouons sur la plage de Nice, nous fixons
l’objectif[…], nous rions aux éclats, mes sœurs et moi, lors d’un camp d’éclaireuses… On
devine que les fées s’étaient penchées sur nos berceaux. »
Ici, nous assistons à un procédé d’écriture qui sera fréquent dans l’œuvre : le va et vient
constant entre le passé et le présent. La valeur du présent ici, n’est pas d’énonciation
mais de narration : cette valeur permet d’actualiser les souvenirs ou les actions passées
en donnant l’impression qu’elles se passent là.
Ce procédé sera souvent utilisé par Simone VEIL, comme si elle voulait nous montrer
que ce qui est du passé est pour elle toujours présent. Dans la fin du passage qui nous
occupe on relève : « Mon père est satisfait. La France a besoin de familles nombreuses
juge-t-il. Quant à Maman, elle est heureuse. Ses enfants remplissent sa vie. » Voici
encore une actualisation due au présent de narration.
b) Une famille heureuse :
« On devine que les fées s’étaient penchées sur nos berceaux. » Avec cette phrase c’est
tout le bonheur d’une famille unie qui est montré. Une fratrie unie et proche et des
parents qui offrent : «  la chaleur d’un foyer uni et […] une éducation à la fois intelligente
et rigoureuse. » Le portrait des parents relève du regard admiratif : «  l’éclat du jeune
couple ne passe pas inaperçu » ; «  grand prix de Rome » ; « une beauté rayonnante qui
évoque pour beaucoup celle de la star de l’époque, Greta Garbo. »
Il s’agit bien ici d’une famille idéale.

c) Une chronologie familiale :

Le texte se découpe en deux paragraphes. Si le premier est caractérisé par un désordre


de souvenirs qui correspond au méli-mélo des photographies, le deuxième se propose
de construire une chronologie : celle de l’histoire familiale en commençant par celles des
familles des parents. Plus loin dans le chapitre, on remonte avec l’auteur jusqu’aux
ancêtres. Il convient de nous interroger sur cette nécessité de reconstruire cette filiation.

La réponse qui s’impose est que la tragédie de l’Histoire ayant réduit à néant cette
famille ( voir la dédicace), il est nécessaire de retisser ces liens familiaux.
L’autobiographie est là pour cela. Ce n’est pas seulement son histoire que Simone VEIL
raconte, c’est celle de son père, de sa mère jusqu’aux ancêtres pour qu’ils ne soient pas
oubliés.

En même temps, l’affirmation d’une identité profondément française rend encore plus
injuste le sort qui sera réservé aux familles juives lors de l’Occupation.

d) L’ ombre du destin :

Elle plane d’abord sur le premier paragraphe : «  Chez nous comme dans tant d’autres
familles juives françaises, la mort a frappé tôt et fort. » Elle s’écrit en toutes lettres à la fin
du chapitre : «  En un mot, ce que nous ignorions, au sein de cette famille heureuse où
l’on venait de fêter mes onze ans, puis mes douze ans, c’est que le paradis de l’enfance
était en train de s’engloutir. »
La fatalité sert ici de contrepoint au bonheur. La tragédie est présente, en filigrane,
derrière la joie et l’unité.

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