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En quoi le silence de Louis est-il à

l’origine de la crise familiale ?


Définitions :
Silence : absence de parole, se taire, ne pas parler, ne pas dire, être silencieux, être muet
Origine : début, point de départ, raison, cause, donner naissance à, créer, commencement,
source, fondement
Crise : conflits, tensions, rupture, débâcle, ébranlement, situation de trouble
Familiale : liée à la famille, lien entre plusieurs membres/personnes (La Mère, Suzanne,
Antoine, Louis)

Analyse : Le silence de Louis provoque des tensions et des conflits au sein de la


famille. Son mutisme suscite l’énervement des autres personnages qui attendent des
réponses de sa part depuis plusieurs années. La parole colérique, notamment d’Antoine,
fonctionne comme une sorte de combat contre le silence de Louis.

Mais ce silence est porteur de nombreuses significations : incapacité à parler, à se


confier ; distance de l’aîné vis-à-vis du reste de la famille auprès de laquelle il se sent
étranger ; poids du tabou trop lourd à exprimer. Silence paradoxal dans la mesure où
Louis est celui qui sait manier les mots et l’écriture.

Les crises familiales n’ont peut-être pas pour origine le seul silence
de Louis.

Le point de départ de la pièce est la décision de Louis de venir annoncer à sa


famille qu’il va mourir. Le spectateur attend donc cet aveu durant toute la pièce. Or, non
seulement Louis ne va pas le formuler, mais de plus, il va très peu prendre la parole face
aux siens qui parlent beaucoup plus que lui. Il reste donc majoritairement silencieux. Les
seules scènes dans lesquelles on entend les pensées de Louis, ce sont ses 5 monologues
(prologue, scènes 5 et 10 de la première partie, scène 1 de la deuxième partie, épilogue).
Louis est le seul à prononcer des monologues qui sont en fait une forme de discours
silencieux. Mais les silences de Louis sont évocateurs.

Les crises familiales semblent également provenir de la difficulté des autres


membres de la famille à exprimer les choses. La crise provient donc du silence mais aussi
de la difficulté à dire.

Problématiques possibles : Que dit le silence de Louis ?


Dans quelle mesure le mutisme de Louis provoque-t-il des conflits au sein
de la famille ? Mais est-ce seulement son silence qui est à l’origine de la
crise familiale ?
I) Un silence à l’origine de la crise familiale
A) Le silence de Louis à l’origine des tensions
Plus d’une fois sur trois, la parole est niée (nous retrouvons 205 occurrences
du verbe « se/dire », qui est nié 76 fois)
Louis vient avouer, vient dire (cf. prologue) mais ne dit rien et ne fait
qu’écouter son frère (scène 11 – Première partie), sa mère (scène 4 –
Première partie) et sa sœur (scène 7 – Première partie) exprimer leur
rancœur et leurs souvenirs. Finalement la seule personne qui sait ce que
Louis a à dire, c’est le spectateur (double-énonciation – prologue)
Topos du secret de famille : nous ne savons pas pourquoi Louis est parti et
toute la vie familiale s’est construite autour de ce secret, de silences, de non-
dits, et la venue de Louis ravive les peines de peines de chacun.

B) La logorrhée1 des personnages qui cherchent à combler ce silence


Soliloque de Suzanne (scène 3, première partie)
Soliloque de la mère (scène 8, première partie)
Soliloque d’Antoine (scène 3, deuxième partie)

II) Un silence évocateur


A) L’incapacité de Louis à faire son aveu à sa famille, de laquelle il se sent
loin (étranger)
Louis se sent différent du reste de sa famille. La personne qui lui ressemble
le plus est paradoxalement une « pièce rapportée » de la famille, étrangère
au noyau familial : c’est Catherine auprès de laquelle Louis va trouver une
forme de complicité (scène 6 – Première partie, scène 5 – Intermède)
Le discours de Louis sur sa propre famille va jusqu’à la haine. Mais cette
haine est justifiée par la peur que ressent Louis de voir les choses lui
échapper et par son désir de tout contrôler, jusqu’à ses sentiments. Il
affirme : « Un jour, je me suis accordé tous les droits » (scène 1 – Deuxième
partie) jusqu’à celui de haïr les siens et de désirer les tuer. (Le meurtre plus
aisé que l’aveu ? Si la famille meurt, l’aveu n’est plus nécessaire)

B) Les monologues de Louis, de « faux silences »


Prologue
Scène 5, Première partie
Scène 10, Première partie
Scène 1, Deuxième partie
Épilogue

1
?
Flux de paroles
III) La crise familiale est en réalité une crise de la communication
A) La difficulté à dire de ceux qui ne savent pas garder le silence
Reformulation / polyptote
Aposiopèse (scène 2 – Première partie)
« ce que je veux dire » (scènes 3, 5, 8 – Première partie + scène 3 –
Deuxième partie)

B) Le cri final de Louis, qui n’est pas poussé, comme symbole de l’écriture
de Lagarce
Épilogue
Épanorthose

AUTRE PLAN
En quoi le silence de Louis est-il à l’origine de la crise familiale ?
I. Le silence mystérieux de Louis :
a. Pendant sa longue absence, ses seules manifestations ont été des cartes
postales elliptiques, comme le dit Suzanne dans son soliloque. (I, 3) Il a été
injoignable, comme le dit sa mère dans son propre soliloque. (I, 8). Par suite
Suzanne le lui reproche comme s’il montrait ainsi que leur lien n’avait pas
d’importance ; attente d’attention déçue. Pour Antoine exprimé par
l’intermédiaire de Catherine » sa vie ne vous intéresse pas ». ¨Pour la mère
ses deux enfants sont en attente déçue de Louis, qu’il leur donne des
permissions.
b. Durant la pièce, Louis se tait beaucoup : face aux soliloques de sa mère et
de sa sœur, il se tait ; par suite elles peuvent y voir une confirmation de ce
qu’elles pensent : il ne répond pas à leur demande parce qu’elles n’en valent
pas la peine ; cela les enferme dans leur malaise. Les disputes entre Antoine
et Suzanne sont en partie provoquées par l’absence de positionnement de
Louis : ne dit pas si cela lui va de tutoyer Catherine (I, 1), s’il veut que ce
soit Suzanne ou Antoine qui le raccompagne (II, 2)… Les autres
personnages s’affrontent pour donner leur point de vue sur quelque chose
qui le concerne personnellement. On peut supposer que confronté à sa
propre mort, Louis trouve ses questions frivoles, mais elles sont importantes
pour la fratrie dans les disputes
c. Louis se tait sur sa propre mort puisqu’il n’en parle qu’au spectateur
(prologue, monologues, épilogue)… alors que le projet initial était de le dire
à sa famille. Ce non-dit empêche les autres de le comprendre puisqu’ils ne
savent pas pourquoi il est revenu (et la question des raisons de son départ
n’est pas élucidée non plus). Le désarroi se manifeste dans les scènes entre
Antoine et Suzanne dans l’interlude ; et les désirs contradictoires de la fratrie
–Suzanne voudrait qu’il reste, Antoine qu’il parte- sont le prétexte à
l’explosion finale d’Antoine qui se sent bouc émissaire : il se sent désigné
comme responsable du départ de Louis comme il s’est senti désigné comme
coupable de son mal-être quand il était enfant. Louis en ne s’exprimant pas
capte l’attention des femmes aux dépens d’Antoine.

II. la crise familiale n’est-elle pas due à autre chose ?


a. La famille porte une part de responsabilité car elle aussi a du mal à
communiquer. Pas de question directe sur les raisons du retour de Louis
dans la pièce (dans le film la sœur et la mère lui demandent pourquoi il est
revenu, ce qui semble assez logique) : c’est toute la famille qui a du mal à
communiquer en tout cas du mal à parler de l’essentiel –moins Antoine que
les autres, mais quand même. On le voit au nombre de reprise,
d’épanorthoses, de choses formulées indirectement : voir soliloque de
Suzanne et de la mère, trouver exemples précis. Les membres de la famille
parlent mais tournent autour du pot.
b. le silence de Louis fait ressortir un sentiment d’échec ou de solitude
général mais qui appartient à la famille : Suzanne qui n’arrive pas à quitter
sa mère, Antoine dans sa vie routinière, la mère avec son absence d’appui
masculin… tous rejettent la responsabilité sur Louis d’une forme de
culpabilité qui leur appartient : ils sont prisonniers d’une vision
traditionnelle de la famille où on soutient ses parents, et où on ne laisse pas
les veuves seules, et Louis s’en est apparemment libéré. Exemple : les
demandes indirectes de la mère à Louis de jouer le « chef de famille », la
difficulté de Suzanne à quitter la mère, Antoine qui se plaint de « toujours
devoir » d’après la mère. En fait peut-être jaloux de celui qui s’est dégagé
des schémas familiaux.
c. Le silence de Louis aussi bien protège la famille qui ne supporterait pas
l’annonce de sa mort : c’est le fils préféré pour la mère (« mon autre fils »),
le modèle de réussite pour Suzanne, celui à qui il a fallu tout sacrifier pour
Antoine. Évidemment c’est une illusion car ils devront bien l’apprendre un
jour ou l’autre.

AUTRE PLAN
Étapes de l’intro
❖ Amorce, à partir de la présentation de l’œuvre, en ne donnant que les
infos utiles pour introduire le sujet que vous avez à traiter Ici, rappeler le
retour de Louis après 12 ans d’absence avec son intention d’annoncer à sa
famille sa « mort prochaine et irrémédiable ». Mais souligner la famille en
crise, les difficultés de communication, le silence du héros et la pièce
envahie par les soliloques plein de reproches des autres membres de la
famille.
Ex rédigé : La pièce de Lagarce met en scène une famille en crise où la
difficulté à communiquer et les crises personnelles des personnages jouent
un rôle essentiel. En effet, Louis, parti depuis 12 ans, décide de revenir chez
lui pour annoncer sa mort à ses proches mais il se retrouve submergé de
reproches liés au douloureux passé familial auquel il doit faire face, ainsi
qu’à la rivalité avec son frère Antoine. Louis reste souvent muet face à la
situation, ce qui est loin d’arranger les choses.
❖ Annonce de la problématique et questionnement, pistes pour soulever les
enjeux de la réflexion Nous pouvons nous demander si le silence de Louis
provoque la crise familiale. En quoi ce silence pèse dans les relations
familiales ? Pourquoi Louis reste-t-il silencieux ? Est-ce un silence imposé
ou voulu ? Par ailleurs, le silence n’en dit-il pas plus que la parole elle-même
ne l’aurait fait ? Et Louis est-il le seul responsable de la crise qui se joue au
sein de cette famille ?
❖ Annonce des axes qui seront développés Nous montrerons donc d’abord
en quoi le silence de Louis est responsable de la crise familiale mise en
scène dans la pièce de Lagarce. Puis nous verrons que c’est surtout une crise
de la communication au sein de la famille qui est source de conflit, faisant
émerger les crises personnelles de chacun et la difficulté de tous à dire.

I) nous pouvons dire qu’en effet, le silence de Louis est à l’origine de la


crise familiale.
A) Le silence de Louis à l’origine des tensions : l’incapacité du héros à se
livrer
- Le point de départ de la pièce est la décision de Louis de venir annoncer à
sa famille qu’il va mourir. Louis révèle, dès le prologue, son désir de «
seulement dire », « annoncer » « [sa] mort prochaine et irrémédiable » à ses
proches. Le spectateur attend donc cet aveu durant toute la pièce. Or, non
seulement Louis ne va pas le formuler, mais de plus, il va très peu prendre la
parole face aux siens qui parlent beaucoup plus que lui. Il reste donc
majoritairement silencieux. Dans la IIe partie, scène 1, il raconte au public
avoir quitté sa famille « sans avoir rien dit de ce qui [lui] tenait à cœur (…)
sans avoir jamais osé faire tout ce mal ».
- Les difficultés de Louis pour s’exprimer et communiquer avec sa famille
semblent ancrées depuis plusieurs années. Avec son départ, il a pris de la
distance, s’est éloigné de ses proches, ne donnant que peu de nouvelles
comme le souligne sa sœur Suzanne, dans la partie I, scène 3 : il n’a envoyé
que des cartes postales. La pièce exploite le topos du secret de famille : on
ne sait pas pourquoi Louis est parti et toute la vie familiale s’est construite
autour de ce secret, de silences, de non-dits.
- Louis se sent différent du reste de sa famille, comme il le dit dans son
monologue de la scène 10 : « je suis un étranger ». Il ne parvient pas à se
faire comprendre de son frère dans la partie I, scène 11 et à lui avouer son
secret, réduit à lui dire « rien, rien qui vaille la peine rien d’essentiel », en lui
racontant seulement la banalité de son arrivée à la gare. Suzanne dès la scène
3 de la pièce souligne la distance avec Louis : « est-ce qu’on sait ? on ne te
connaît pas ». La Mère a aussi conscience que Louis est devenu un étranger :
« ils ne te connaissent pas, ou mal » (scène 8). La personne qui lui ressemble
le plus est paradoxalement une « pièce rapportée » de la famille, étrangère
au noyau familial : c’est Catherine auprès de laquelle Louis va trouver une
forme de complicité (scène 6 – Première partie, scène 5 – Intermède)

B) Puisqu’il ne dit rien, Louis en est réduit à écouter ses proches dont la
logorrhée (= flux de parole) cherche à combler ce silence en exprimant
reproches et frustrations.
- Louis ne dit rien et ne fait qu’écouter son frère (scène 11 – Première
partie), sa mère (scènes 4 et 8 – Première partie) et sa sœur (scène 3 –
Première partie) exprimer leurs souvenirs et leurs rancœurs. Le silence de
Louis est donc subi puisqu’il se retrouve dépossédé de la parole.
- Soliloque de Suzanne (scène 3, première partie) : elle exprime son
sentiment d’abandon au départ de Louis, lui reproche ses « lettres elliptiques
», « juste des petits mots » qui lui ont donné l’impression que devenu
écrivain, il ne jugeait plus ses proches assez « dignes » pour leur accorder de
l’importance, du temps et pour leur raconter sa nouvelle vie dans de vraies
lettres.
- Soliloque de la mère (scène 8, première partie) : elle imagine un scénario
familial où Louis reprendrait sa place de fils aîné et où chacun dirait ce qu’il
a à dire. Elle tente de l’inciter à reprendre son rôle central au sein de la
famille et à le faire revenir dans le giron maternel. Face au silence de son
fils, la Mère exprime sa frustration : « Petit sourire ? Juste « ces deux ou
trois mots » ? »
- Scène de confrontation entre Antoine et Louis, partie I scène 8 : les
réactions impulsives d’Antoine, face aux maladresses de Louis tentant
vainement de recréer une forme de complicité fraternelle, empêchent tout
véritable dialogue : la parole empêchée de Louis se heurte à la colère
d’Antoine qui refuse d’entendre Louis lui « raconter des histoires », « la part
du mensonge ». Le frère rejette toute tentative de communication,
monopolisant la parole et concluant ainsi : « tu voudras me parler / et il
faudra que j’écoute / et je n’ai pas envie d’écouter. »
Transition : Ainsi, comme nous l’avons vu, Louis est un personnage
silencieux qui choisit de se taire, tout autant qu’il en est contraint. Mais si
son silence suscite du ressentiment et des rancœurs chez ses proches, il ne
porte sans doute pas, seul, la responsabilité de la crise familiale.

II) nous allons montrer que c’est une crise de la communication au sein
de la famille, bien plus que le silence de Louis, qui provoque les conflits.
A) La famille mise en scène dans la pièce de Lagarce ne sait pas
communiquer sereinement ni facilement. On assiste souvent à un échec du
dialogue et des tensions entre les personnages.
- Comme le dit Antoine, dans la partie II scène 3, dans cette famille : « rien
jamais ici ne se dit facilement »
- Des disputes éclatent dont Louis n’est pas toujours le seul responsable : dès
la 1re scène des retrouvailles, on assiste à des frictions entre Antoine et
Suzanne (qui semblent rejouer éternellement les disputes de l’enfance) ; la
scène du repas (partie I, scène 9) est ponctuée par les sorties de personnages
qui finissent par quitter la table, laissant Catherine seule : cette scène
confronte à nouveau Antoine et Suzanne, cette dernière s’emportant de façon
excessive ; dans la scène 2 de la partie II, on assiste à la montée de la tension
progressive, jusqu’à la parole fratricide d’Antoine : « tu me touches : je te
tue » ; dans cette scène de conflit virulent, Louis est au cœur de la crise et à
l’origine de l’affrontement familial. Mais ce n’est pas son silence qui est en
cause, plutôt son nouveau départ (après sa longue absence), vécu par
Suzanne comme un nouvel abandon.

B) Lagarce met en scène une parole qui peine à dire et même ceux qui ne
savent pas garder le silence (ni à se réfugier dans celui-ci comme Louis)
éprouvent de réelles difficultés à exprimer leur pensée.
- Plus d’une fois sur trois dans la pièce, la parole est niée (on retrouve 205
occurrences du verbe « se/dire », qui est nié 76 fois)
- Le dramaturge abuse des reformulations, du procédé de l’épanorthose, les
personnages recherchant constamment le mot « juste » apte à exprimer leur
vérité intérieure : Suzanne et sa difficulté à avouer son désir d’indépendance
et de fuite du giron maternel : « je ne sais comment l’expliquer / comment le
dire » (partie I, scène 3) ; Antoine et son incapacité à exprimer ce qu’il
ressent, à se délivrer son mal être et terminant sa tirade au bord des larmes :
« je disais seulement / je voulais seulement dire / (…) je voulais seulement
dire… » (partie II, scène 2).
- L’expression « ce que je veux dire » est sans cesse répétée (scènes 3, 5, 8 –
Première partie + scène 3 – Deuxième partie) Les personnages sont
confrontés à l’impossibilité de se faire entendre et de communiquer
véritablement. Le langage tourne à vide, perd sa valeur de communication et
la vérité intime des personnages finit par se perdre elle-même.

C) La crise de la communication qui règne au sein de la famille est dépassée


(ou compensée ?) par les monologues de Louis qui font entendre sa voix
intérieure, sa vérité intime et placent le public en posture d’auditeur
privilégié et complice. Cette parole solitaire, se jouant dans la double
énonciation propre au théâtre, éclaire ainsi le silence de Louis tout en le
brisant.
Si la parole de Louis n’est jamais entendue par ses proches, le
lecteur/spectateur est dépositaire des secrets du héros, de ses pensées les plus
intimes, et a connaissance de son drame personnel. Prologue / épilogue : il
se présente comme le messager de sa propre mort pour se rendre maître de
son destin / il évoque un cri intérieur, désir de révolte et sursaut de vie.
- Louis exprime son désir d’abandon et sa volonté profonde de se détacher
de sa famille dans la partie I, scène 5 : « je demande l’abandon » dit-il, car la
mort sera ainsi sans doute plus facile à affronter. Le public découvre ainsi la
raison profonde de son silence face à ses proches.
- Dans la scène 10, Première partie, le personnage exprime toute son
angoisse existentielle face à la mort, qu’il personnifie et qu’il nargue dans un
paradoxal jeu de séduction. Son cri de rage et de haine à l’égard de sa
famille (« je vous détruis sans regret avec férocité (…) je vomis la haine (…)
je n’aime personne ») et même du public traduit son désir de contrôler son
destin, de s’inventer une identité criminelle pour ne plus être victime
impuissante de la fatalité, de la Mort qui le guette. Il affirme ainsi dans son
monologue qui ouvre la partie II : « Un jour, je me suis accordé tous les
droits » jusqu’à celui de haïr les siens et de désirer les tuer symboliquement
au moins. Le meurtre serait-il plus aisé que l’aveu ? Si sa famille meurt et
disparaît avec lui, son aveu n’est plus nécessaire.
- La pièce se clôt par le cri final de Louis, cri étouffé et qui demeure
intérieur, puisqu’on comprend que Louis ne souhaite pas ajouter son
malheur aux souffrances familiales et fait le choix de préserver ses proches.
Ce cri qui n’a jamais été poussé est paradoxalement entendu par le public.

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