Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Né le 14 février 1957 dans une famille protestante de tradition ouvrière. À la fois comédien, metteur en scène,
directeur de troupe, dramaturge et même éditeur, Jean-Luc Lagarce touche à tous les métiers du théâtre. Il écrit ses
propres pièces et met en scène Marivaux, Labiche, Ionesco.
En 1988, il apprend qu’il est atteint du sida et se sait condamné. Au printemps 1990, il reçoit une bourse de la Villa
Médicis et part 3 mois à Berlin pour rédiger Juste la fin du monde.
Malgré sa mort prématurée en 1995, à l’âge de 38 ans, Jean-Luc Lagarce laisse derrière lui plusieurs dizaines de
pièces qui rencontreront un succès posthume.
Définition de auto-fiction : juste la fin du monde est une fiction qui n’en est pas vraiment une car c’est un récit qui
mêle fiction et inspiration autobiographique. Louis, le personnage étant le double de l’auteur.
Juste la fin du monde fait partie d’une tétralogie (4 pièces) du cycle dramatique « fils prodige » écrites entre 1984 et
1995 par Lagarce. Elle est entrée au répertoire de la Comédie- Française en 2008.
Définition tragédie moderne : la fin du monde : tragique / apocalyptique, le mot juste vient dédramatiser le titre en
amenant un côté d’humour noir, de l’ironie
La pièce s’ouvre sur un prologue : Louis, 34 ans, s’exprime seul sur scène : il va mourir et décide de retourner dans
sa famille pour annoncer la nouvelle.
Dans la première partie, Louis est accueilli par les membres de sa famille : sa mère, sa sœur Suzanne, son frère
Antoine et Catherine, la femme de son frère.
Suzanne reproche à Louis de ne pas l’avoir prévenue de sa venue et évoque le vide de sa vie.
Catherine parle de ses enfants et du choix du prénom de son fils Louis. La mère raconte sa vie familiale et ses
souvenirs (le père, la voiture familiale, le rapport entre Louis et Antoine) et demande l’âge de Louis. Catherine décrit
la vie banale de son mari Antoine. Suzanne dépeint Catherine. Chaque personnage est ainsi l’objet du discours d’un
autre.
Les rapports entre les personnages sont tendus et des disputes éclatent. Antoine notamment s’emporte contre
Louis au sujet du motif de sa venue.
Suzanne reproche à Louis de s’être absenté pendant douze ans, sans jamais leur rendre visite.
1
Dans un long monologue, Louis évoque la façon dont il a essayé de fuir la mort, de lui résister pour finalement s’y
abandonner.
Dans la deuxième partie, Louis décide de partir sans révéler sa mort prochaine.
L’annonce de son départ crée de vives tensions. Antoine veut en effet raccompagner Louis à la gare mais Suzanne se
propose également, provoquant la colère d’Antoine qui reproche à sa sœur de vouloir tout le temps changer de plan.
Catherine dit qu’Antoine est « brutal » : ce mot déchaîne la colère de son mari qui devient violent à l’égard de Louis.
Antoine revient sur ses souvenirs d’enfance et reproche à son frère de s’être toujours plaint de ne pas recevoir assez
d’amour.
Dans l’épilogue, Louis, post mortem, évoque une promenade nocturne au cours de laquelle il n’a pas poussé « un
grand et beau cri » comme il l’aurait souhaité : c’est son seul regret.
Juste la fin du monde met en scène une crise personnelle et une crise familiale.
Louis traverse tout d’abord une crise personnelle en raison de la mort imminente qui le menace. C’est cette crise
personnelle qui l’amène à revenir dans sa famille.
Mais son retour vient bousculer le quotidien ronronnant d’une famille traditionnelle. Louis fonctionne comme un
catalyseur : sa présence réveille les souffrances et les complexes de chacun.
Le retour de Louis bouleverse l’équilibre familial et réveille les souffrances de chaque membre de la famille.
Pour la Mère, c’est le retour du fils prodigue, écrivain, dont on n’a pas vraiment compris le départ. Pour Antoine, c’est
le retour du frère aîné rival qui réactive les complexes, les passions et la jalousie. Pour Catherine et Suzanne, Louis est
un miroir qui les rappelle à la médiocrité et à la banalité de leur vie.
On comprend dès lors le procès familial fait à Louis, le chef d’accusation étant sa longue absence. Dans le prénom «
Louis », on peut d’ailleurs entendre le pronom « Lui », c’est-à-dire celui que l’on pointe du doigt et qu’il faut sacrifier.
Louis emploie d’ailleurs lui-même le terme « je me sacrifie » (Partie I, scène 10).
La crise familiale qui se déroule prend des formes diverses. Tous les personnages se disputent : Antoine et Catherine,
Antoine et Suzanne, Suzanne et Catherine, La Mère et ses enfants.
La violence d’Antoine est particulièrement spectaculaire. Tout oppose Antoine et Louis qui apparaissent comme deux
frères ennemis. Louis est écrivain, il a voyagé, tandis qu’Antoine est ouvrier, père de famille, responsable. Louis est
calme, poli ; Antoine est agressif, « brutal ». Le retour de Louis réactive chez Antoine la jalousie fraternelle, le
complexe d’infériorité. Leurs échanges dégénèrent jusqu’à la menace physique (Antoine : « Tu me touches : je te tue
»).
La crise familiale se traduit également par une crise du langage. Les personnages sont incapables de trouver les mots
exacts, d’où l’inflation d’épanorthoses.
Cette réunion familiale peut également se voir comme une cure psychanalytique.
2
Selon Freud, trois instances sont présentes chez l’homme : le moi qui assure la stabilité et le contact avec la réalité
extérieure, le ça, lieu de pulsions qui ne supporte pas la contradiction et le surmoi, instance morale qui rappelle les
interdits.
Les personnages de Lagarce semblent symboliser ces trois éléments : la Mère serait une sorte de surmoi (l’instance
morale), Antoine le ça (les pulsions) et Louis l’inconscient qui ne parvient pas à émerger et à dire la mort. La crise
familiale symbolise alors la crise personnelle.
Définition de crise au théâtre : Nœud de l'action dramatique, caractérisé par un conflit intense entre les passions, qui
doit conduire au dénouement. La « crise » est un sujet particulièrement intéressant au théâtre, car elle a une importante
influence dramaturgique, autant tragique que comique.
La famille (peut servir d’intro à la problématique de sujets sur la crise familiale, la crise de communication
Crise familiale
Louis se sent seul au milieu de sa famille car c’est un intellectuel alors que sa famille sont des travailleurs
plutôt manuels, son frère travaille à l’usine (comme les parents de Lagarce qui travaillaient à l’usine Peugeot).
Ils n’ont pas les mêmes principes de vie. Il est plus proche de sa sœur Suzanne et surtout de sa belle sœur avec
qui il peut communiquer. Ils se retrouvent d’ailleurs dans 2 scènes centrales dans la compréhension de la
pièce.
Louis a un discours violent envers sa famille. il ne les comprend pas, il se sent étranger tout au moins différent
et pourtant d’une certaine façon il les aime et il ne peut contrôler ses sentiments. Ce manque de
compréhension des sentiments et le manque de contrôle (de maitrise) de lui-même l’amène à les détester
jusqu’à avoir envie de les tuer (symboliquement ils n’existent plus) >>>> Louis veut être maître de lui-même
et sa famille l’en empêche
3
« parfois je m’agrippe encore, je deviens haineux, / haineux et enragé […]/ je vous détruis sans regret avec
férocité./ Je dis du mal. »
L’amour et l’abandon
Le mot abandon revient plusieurs fois dans la pièce
4
Louis a abandonné les siens, il n’est pas revenu voir sa famille depuis tellement longtemps qu’il ne connait
pas sa belle-sœur ni ses nveaux dont Louis (3ème du nom).
Louis a abandonné ses responsabilités d’ainé de la fratrie, il les a laissé tomber (trahison)
On imagine que son départ a été précipité peut-être suite à une dispute avec le père, peut-être à cause de son
homosexualité (inspiration autobiographique ?).
Louis demande l’abandon, il est parti et ne demande pas de l’amour de sa famille. Aimer sa famille voudrait
dire avoir des liens familiaux. Louis ne veut pas de liens car c’est synonyme de dépendance aux autres (quand
on est « lié » à quelqu’un, on a besoin de lui, de son attention et de son affection). Louis ne veut être
dépendant de personne puisqu’il veut être maître de lui-même, c’est la seule façon qu’il a trouvé pour
ne pas souffrir.
« Je n’aime personne, / je ne vous ai jamais aimés, c’était des mensonges,/ je n’aime personne et je suis
solitaire,/ et solitaire je ne risque rien/ je décide de tout. » 1ère partie, scène 10.
Le jugement
La famille est un véritable tribunal comme en témoigne le champ lexical du droit qui parsème le texte (« m’accuser »,
« m’accable », « droit », « juste », « crimes »).
Catherine dit elle-même : « je ne voudrais pas avoir l’air de vous faire un mauvais procès » tandis que Louis accepte
d’endosser la culpabilité : «et ces crimes que je ne me connais pas, je les regrette, j’en éprouve du remords » (2e
partie, scène 1).
Louis est manifestement accusé de s’être absenté durant douze ans. Mais ce tribunal familial juge de manière
expéditive. Louis ne parvient pas à dire ce qui lui tenait à cœur et les membres de la famille préfèrent le sacrifier pour
retrouver leur équilibre familial.
Le temps et la mort
Le temps travaille et dévore les personnages.
Symboliquement au début de la pièce, Louis est déjà mort « j’allais mourir à mon tour -/ j’ai près de trente-
quatre ans et c’est à cet âge que je mourrai. »
Ainsi, ils répètent les verbes à des temps différents comme Catherine : « Nous vous avions, avons envoyé une
photographie d’elle » ou Louis : « Cela me fait plaisir, je suis touché, j’ai été touché ».
Ces répétitions donnent l’impression que le temps se dilate et échappe aux personnages. Quant à la mort, elle
est le grand non-dit de ce texte : Louis est venu pour annoncer la sienne mais il repart sans avoir rien révélé.
L’objet de la pièce est de mettre en évidence les failles qui ressurgissent chez un homme face à la
perspective proche de la mort.
Exemples de sujets
Sujet: La pièce Juste la fin du monde met en scène des Sujet: En quoi le silence de Louis est à l’origine de la
crises familiales autant que personnelles. Mais ne crise familiale ? … appuyez-vous sur la pièce pour
pensez-vous pas que ces moments de conflits répondre….
dramatiques dépassent le seul cercle de la famille et
revêtent une dimension littéraire ? … appuyez-vous sur
la pièce pour répondre….
Jean-Luc Lagarce est un auteur classique contemporain, Duchaste disait « La parole fait événement : elle
dramaturge et metteur en scène reconnu du 20e S. Il est détraque les pensées avant de secouer les corps ». C’est
né en 1957, issu d’une famille ouvrière protestante et est ce que montre l’œuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin
mort du sida en 1995. Sa carrière de metteur en scène se du Monde publiée en 1999. Dramaturge, poète et
lance au début des années 1980. Ses œuvres reflètent écrivain universel du 20ème siècle aujourd’hui il est
une partie de son expérience sur Terre notamment face l’auteur contemporain le plus joué en France et son
au sida. C’est la cas dans « Juste la fin du monde »; qu’il œuvre est traduite en plus vingt-cinq langues. Son
5
a publié en 1990. Dans cette pièce l’auteur met en scène écriture lui a permis d’apprendre à vivre et à mourir,
Louis, qui retourne après de longues années d’absence atteint de Sida il meurt jeune à l’âge de 38 ans. La pièce
annoncer sa mort à sa famille sans pour autant y composée en deux parties raconte le retour de Louis, 34
parvenir. « Juste la fin du monde » est une pièce de ans qui va mourir et décide de retourner voir sa famille
théâtre qui regorge de multiples crises autant familiales après une longue absence de 12 ans pour leur annoncer
que personnelles. la nouvelle. Au cours de la pièce on témoigne d’une
crise personnelle et familiale entre Louis son petit frère
Antoine, sa sœur Suzanne et leur mère. En effet, le
théâtre de Lagarce est le théâtre de la parole où les
silences de Louis incarnent l’échec de cette parole.
Ainsi, dans son œuvre il rompt avec les étapes
traditionnelles du théâtre et la parole tient lieu d’action.
1/
Diriez-vous que la pièce de Jean-Luc Lagarce Juste la fin du monde est un drame
intime ?
Pb : Juste la fin du monde : drame simplement « intime », personnel, ou alors universel ? Affaire d’un seul, ou de
tous ?
Juste la fin du monde : drame intime de Elargissement du drame à la Juste la fin du monde : drame
Louis famille : crise familiale intime et universel.
1) Monodrame de Louis qui vient 1) Suzanne : sentiment d’abandon 1) mythe universel du fils
annoncer sa mort prochaine. quand Louis est parti + elle rêverait prodigue
Cercle familial restreint (5 d’une autre vie. Celle de Louis
personnes) > positionnement
intime. Monologues de Louis
2) Dire ou ne pas dire sa mort. Il 2) Antoine : a du assumer l’abandon 2) crise de communication,
est venu « dire », il a choisi de des responsabilités de l’ainé Louis + non-dits et secrets. Comment
« dire » lentement… il n’y sentiment d’infériorité (ouvrier/ s’exprimer en famille, commetn
arrivera pas, il s’exprimera par moins d’amour). colère communiquer avec les autres
un cri à la fin de la pièce
2 Solitide de Louis : solitude 3) crise de l’équilibre familial 3) drame de la solitude
recherchée. Se présentant précaire qui est rompu à l’arrivée de Le silence comme rempart, pr
comme mal-aimé et en même Louis. Tensions entre Antoine et peur de communiquer, de
temps ne voulant pas être aimé Suzanne entre Antoine et sa froisser ou de ne pas savoir
et aimer « je vous hais ». femme… « dire », chacun reste avec ses
Recherche de la maîtrise de soi. sentiments et ses
L’absence de sentiments comme ressentiments, seul avec ses
protection. drames intimes.
6
Sujet n°2 : provocateur :
Les personnages parlent-ils pour ne rien dire ?
Sujet 1 : Quelles émotions un spectateur peut-il ressentir en voyant se déployer sur scène des crises personnelles et
familiales ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur la pièce Juste la fin du monde de Lagarce, ainsi que
sur les autres œuvres abordées dans le cadre du parcours « crise personnelle, crise familiale », et sur votre culture
personnelle.
Sujet 2 : Nombreux sont les personnages qui, au théâtre, quittent ou reviennent au sein de leur famille. Quel intérêt un
dramaturge peut-il avoir à traiter ce motif du retour ou du départ ? Vous répondrez à cette question dans un
développement structuré. Votre travail prendra appui sur la pièce de Lagarce, ainsi que sur les textes et documents que
vous avez étudiés en classe dans le cadre du parcours associé à cette œuvre, et sur votre culture personnelle.
Sujet 3 : Au théâtre, la crise, qu’elle soit familiale ou personnelle, est-elle nécessairement spectaculaire ? Vous
répondrez à cette question dans un développement structuré en vous appuyant sur votre lecture de Juste la fin du
monde ainsi que sur les autres œuvres abordées dans le cadre du parcours « crise personnelle, crise familiale », et sur
votre culture personnelle.
Sujet 4 : Le dictionnaire Le Trésor de la Langue Française informatisé donne cette définition du mot crise : « Situation
de trouble, due à une rupture d'équilibre et dont l'issue est déterminante pour l'individu [...] ». Cette définition vous
semble-t-elle s’appliquer aux crises personnelles et familiales qui se jouent au théâtre ? Vous répondrez à cette
question dans un développement structuré en vous Julie Cottier et Amélie Pinçon, professeures de lettres modernes
appuyant sur votre lecture de Juste la fin du monde ainsi que sur les autres œuvres abordées dans le cadre du parcours
« crise personnelle, crise familiale » et sur votre culture personnelle.
Sujet 5 : « Pourquoi ne pas vous avoir parlé ? / Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à condition d’être
découvertes ». Ainsi s’exprime le personnage de Nawal, la mère, à la toute fin de la pièce Incendies de Wajdi
Mouawad. Pensez-vous qu’au théâtre, et en particulier au sein des relations familiales, toute vérité est bonne à dire ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur votre lecture de Juste la fin du monde de Lagarce, associée aux
œuvres du parcours « crise personnelle, crise familiale ».
Sujet 6 : « Ils sont là, avec moi, les personnages de l’histoire. Je les laisse se présenter eux-mêmes. Ça, ils peuvent le
faire. Ils peuvent raconter… aussi… Mais si je les laisse seuls, tous les quatre, ils ne pourront pas dire le plus
important. Il faut du temps, beaucoup de temps pour trouver les bons mots et les bons silences. ». Ainsi s’exprime
Alice, personnage d’une pièce de Suzanne Lebeau (Trois petites sœurs, 2017). Pensez-vous que les mots, au théâtre,
permettent de dire « le plus important » ? Vous répondrez à cette question dans un développement structuré. Votre
travail prendra appui sur la pièce de Lagarce, Juste la fin du monde, ainsi que sur les textes et documents que vous
avez étudiés en classe dans le cadre du parcours associé à cette œuvre, et sur votre culture personnelle.
Sujet 7 : « Puis vous le chassez de chez vous, et semblez lui fermer la maison p…par vous habitée. […] Qu’a-t-il fait
pour le mériter ? ». Ainsi s’interroge un personnage de mère, à propos de son fils, dans une pièce de Beaumarchais
intitulée La mère coupable (1792). Comment le théâtre permet-il d’explorer la question du juste et de l’injuste au sein
des relations familiales ? Vous répondrez à cette question dans un développement structuré. Votre travail prendra
appui sur la pièce de Lagarce, ainsi que sur les textes et documents que vous avez étudiés en classe dans le cadre du
parcours associé à cette œuvre, et sur votre culture personnelle.