Vous êtes sur la page 1sur 7

Juste la fin du monde, Lagarce

Mouvement littéraire : théâtre / tragédie moderne

Parcours : Crise personnelle, crise familiale

Crise personnelle : l’amour interdit

Crise personnelle : affronter la mort

Crise au sein de la fratrie

Père et mère en crise

Le retour de l’enfant prodige

Qui est Jean-Luc Lagarce ?

Né le 14 février 1957 dans une famille protestante de tradition ouvrière. À la fois comédien, metteur en scène,
directeur de troupe, dramaturge et même éditeur, Jean-Luc Lagarce touche à tous les métiers du théâtre. Il écrit ses
propres pièces et met en scène Marivaux, Labiche, Ionesco.
En 1988, il apprend qu’il est atteint du sida et se sait condamné. Au printemps 1990, il reçoit une bourse de la Villa
Médicis et part 3 mois à Berlin pour rédiger Juste la fin du monde.
Malgré sa mort prématurée en 1995, à l’âge de 38 ans, Jean-Luc Lagarce laisse derrière lui plusieurs dizaines de
pièces qui rencontreront un succès posthume.

Définition de auto-fiction : juste la fin du monde est une fiction qui n’en est pas vraiment une car c’est un récit qui
mêle fiction et inspiration autobiographique. Louis, le personnage étant le double de l’auteur.
Juste la fin du monde fait partie d’une tétralogie (4 pièces) du cycle dramatique « fils prodige » écrites entre 1984 et
1995 par Lagarce. Elle est entrée au répertoire de la Comédie- Française en 2008.

Définition tragédie moderne : la fin du monde : tragique / apocalyptique, le mot juste vient dédramatiser le titre en
amenant un côté d’humour noir, de l’ironie

Comment résumer Juste la fin du monde ?

La pièce s’ouvre sur un prologue : Louis, 34 ans, s’exprime seul sur scène : il va mourir et décide de retourner dans
sa famille pour annoncer la nouvelle.

Dans la première partie, Louis est accueilli par les membres de sa famille : sa mère, sa sœur Suzanne, son frère
Antoine et Catherine, la femme de son frère.

La mère se rend compte que Louis ne connaît pas Catherine.

Suzanne reproche à Louis de ne pas l’avoir prévenue de sa venue et évoque le vide de sa vie.

Catherine parle de ses enfants et du choix du prénom de son fils Louis. La mère raconte sa vie familiale et ses
souvenirs (le père, la voiture familiale, le rapport entre Louis et Antoine) et demande l’âge de Louis. Catherine décrit
la vie banale de son mari Antoine. Suzanne dépeint Catherine. Chaque personnage est ainsi l’objet du discours d’un
autre.

Les rapports entre les personnages sont tendus et des disputes éclatent. Antoine notamment s’emporte contre
Louis au sujet du motif de sa venue.

Suzanne reproche à Louis de s’être absenté pendant douze ans, sans jamais leur rendre visite.
1
Dans un long monologue, Louis évoque la façon dont il a essayé de fuir la mort, de lui résister pour finalement s’y
abandonner.

Dans la deuxième partie, Louis décide de partir sans révéler sa mort prochaine.

L’annonce de son départ crée de vives tensions. Antoine veut en effet raccompagner Louis à la gare mais Suzanne se
propose également, provoquant la colère d’Antoine qui reproche à sa sœur de vouloir tout le temps changer de plan.

Catherine dit qu’Antoine est « brutal » : ce mot déchaîne la colère de son mari qui devient violent à l’égard de Louis.

Antoine revient sur ses souvenirs d’enfance et reproche à son frère de s’être toujours plaint de ne pas recevoir assez
d’amour.

Dans l’épilogue, Louis, post mortem, évoque une promenade nocturne au cours de laquelle il n’a pas poussé « un
grand et beau cri » comme il l’aurait souhaité : c’est son seul regret.

Que signifie le parcours « Crise personnelle, crise familiale » ?

Juste la fin du monde met en scène une crise personnelle et une crise familiale.

Louis traverse tout d’abord une crise personnelle en raison de la mort imminente qui le menace. C’est cette crise
personnelle qui l’amène à revenir dans sa famille.

Mais son retour vient bousculer le quotidien ronronnant d’une famille traditionnelle. Louis fonctionne comme un
catalyseur : sa présence réveille les souffrances et les complexes de chacun.

Le retour de Louis provoque une crise familiale

Le retour de Louis bouleverse l’équilibre familial et réveille les souffrances de chaque membre de la famille.

Pour la Mère, c’est le retour du fils prodigue, écrivain, dont on n’a pas vraiment compris le départ. Pour Antoine, c’est
le retour du frère aîné rival qui réactive les complexes, les passions et la jalousie. Pour Catherine et Suzanne, Louis est
un miroir qui les rappelle à la médiocrité et à la banalité de leur vie.

On comprend dès lors le procès familial fait à Louis, le chef d’accusation étant sa longue absence. Dans le prénom «
Louis », on peut d’ailleurs entendre le pronom « Lui », c’est-à-dire celui que l’on pointe du doigt et qu’il faut sacrifier.
Louis emploie d’ailleurs lui-même le terme « je me sacrifie » (Partie I, scène 10).

La crise familiale qui se déroule prend des formes diverses. Tous les personnages se disputent : Antoine et Catherine,
Antoine et Suzanne, Suzanne et Catherine, La Mère et ses enfants.

La violence d’Antoine est particulièrement spectaculaire. Tout oppose Antoine et Louis qui apparaissent comme deux
frères ennemis. Louis est écrivain, il a voyagé, tandis qu’Antoine est ouvrier, père de famille, responsable. Louis est
calme, poli ; Antoine est agressif, « brutal ». Le retour de Louis réactive chez Antoine la jalousie fraternelle, le
complexe d’infériorité. Leurs échanges dégénèrent jusqu’à la menace physique (Antoine : « Tu me touches : je te tue
»).

La crise familiale se traduit également par une crise du langage. Les personnages sont incapables de trouver les mots
exacts, d’où l’inflation d’épanorthoses.

La crise familiale, symbole d’une cure psychanalytique ?

Cette réunion familiale peut également se voir comme une cure psychanalytique.

2
Selon Freud, trois instances sont présentes chez l’homme : le moi qui assure la stabilité et le contact avec la réalité
extérieure, le ça, lieu de pulsions qui ne supporte pas la contradiction et le surmoi, instance morale qui rappelle les
interdits.

Les personnages de Lagarce semblent symboliser ces trois éléments : la Mère serait une sorte de surmoi (l’instance
morale), Antoine le ça (les pulsions) et Louis l’inconscient qui ne parvient pas à émerger et à dire la mort. La crise
familiale symbolise alors la crise personnelle.

Quels sont les thèmes importants dans Juste la fin du monde ?

Définition de crise au théâtre : Nœud de l'action dramatique, caractérisé par un conflit intense entre les passions, qui
doit conduire au dénouement. La « crise » est un sujet particulièrement intéressant au théâtre, car elle a une importante
influence dramaturgique, autant tragique que comique.

Crise personnelle : Louis


Louis vit un évènement tragique puisqu’il apprend qu’il va mourir « l’année d’après ». Pourtant malgré le côté
dramatique de la situation, il présente comme à son habitude un caractère calme posé. D’ailleurs il dit dans le
prologue qu’il va annoncer la nouvelle « lentement, calmement, d’une manière posée ». On peut imaginer que Louis
est sorti de la crise personnelle liée à cette nouvelle. Il est résigné.
« l’année d’après,/je décidai de retourner les voir,[…] pour annoncer lentement, avec soin, avec soin et précision […] /
ma mort prochaine et irrémédiable. »

Crise personnelle : Antoine et Suzanne


Suzanne est en quête d’une autre vie que celle qu’elle a au moment de la venue de Louis. La vie de Louis fonctionne
en miroir comme la vie qu’elle aurait voulu mener. Et la venue de Louis met en évidence sa perception d’être coincé
dans sa vie avec son autre frère et sa mère et surtout leurs habitudes.
Antoine est celui qui incarne le mieux la crise personnelle dans la pièce. Une colère affichée qui cache un sentiment
de dépression. Une colère menée à l’extrême qui vient au désir de frapper son frère Louis puis de s’effondrer en
larmes.
« Louis - Ne pleure pas.
Antoine - Tu me touches : je te tue. ».
2ème partie, scène 2.

La famille (peut servir d’intro à la problématique de sujets sur la crise familiale, la crise de communication

Dans Juste la fin du monde, la famille occupe une place centrale.


Ironiquement, Lagarce souligne que la scène se déroule un « dimanche, évidemment », moment symbolique de la
réunion familiale.
Cependant, il y a un grand absent : le père. Louis et Antoine, les deux hommes de la famille, semblent vouloir
s’approprier cette place du père, mais la mère domine en chef de famille.
On découvre que trois hommes de trois générations successives portent le prénom de Louis comme dans la royauté
française. La mère, dont le sentiment maternel est peu perceptible (elle a oublié la date de naissance de son fils Louis),
s’apparente à une régente détentrice d’une couronne dont ses fils ne parviennent pas à se saisir.
La famille est ainsi présentée comme une cour parodique.

Crise familiale
 Louis se sent seul au milieu de sa famille car c’est un intellectuel alors que sa famille sont des travailleurs
plutôt manuels, son frère travaille à l’usine (comme les parents de Lagarce qui travaillaient à l’usine Peugeot).
Ils n’ont pas les mêmes principes de vie. Il est plus proche de sa sœur Suzanne et surtout de sa belle sœur avec
qui il peut communiquer. Ils se retrouvent d’ailleurs dans 2 scènes centrales dans la compréhension de la
pièce.
 Louis a un discours violent envers sa famille. il ne les comprend pas, il se sent étranger tout au moins différent
et pourtant d’une certaine façon il les aime et il ne peut contrôler ses sentiments. Ce manque de
compréhension des sentiments et le manque de contrôle (de maitrise) de lui-même l’amène à les détester
jusqu’à avoir envie de les tuer (symboliquement ils n’existent plus) >>>> Louis veut être maître de lui-même
et sa famille l’en empêche
3
« parfois je m’agrippe encore, je deviens haineux, / haineux et enragé […]/ je vous détruis sans regret avec
férocité./ Je dis du mal. »

Langage : les non-dits et les secrets


 Les verbes : dire, parler, raconter, répondre sont omniprésents dans la pièce (plus de 200 fois), pourtant cette
sur représentation des verbes de communication traduisent une crise de langage. Les uns invitent ou
voudraient forcer les autres à s’exprimer et rien n’est exprimé. Voir même chacun parle de son côté sans que
l’autre n’entende (intermède) sauf Antoine et Suzanne qui ont un dialogue.
 Louis le fils qui est venu « dire » ne trouve pas les mots pour expliquer la raison de sa venue alors qu’il est
écrivain. C’est seulement lors de longs monologues qu’il exprime exactement sa pensée et ses sentiments, le
spectateur devient son complice
 Le poids des secrets et des non-dits :
Secret du pourquoi Louis est parti ? dispute, homosexualité ? La seule à savoir semble être la mère qui lui
caresse la joue au moment de son départ comme pour lui pardonner un crime. Les autres pensent savoir mais
ne sont surs de rien comme Suzanne « imagine mais ne sait rien de la réalité »
Et Non-dit de la mort à venir qui ne sera finalement pas « dite »

Langage : La difficulté à trouver les mots


Les personnages ne parviennent pas à communiquer et les malentendus et quiproquos provoquent des disputes,
comme l’emportement d’Antoine sur le mot « brutal ».
Le plus souvent, les personnages soliloquent et le langage est fermé sur lui-même, en forme de chiasme (A-B-B-A): «
Ce n’est pas bien que tu sois parti, parti si longtemps / ce n’est pas bien » ou « Je suis mal à l’aise / excusez-moi (…)
excusez-moi / Je suis mal à l’aise »
L’épanorthose, figure de style qui consiste à corriger ou nuancer une affirmation, est abondamment utilisée.
Les personnages poursuivent une quête obsessionnelle du « mot exact », mais ironiquement, cette quête ne porte pas
ses fruits : les personnages tournent autour du réel, sans parvenir à le nommer.

Crise de communication, conflits


La parole est en crise, elle ne s’exprime qu’au travers de longues tirades qui finalement n’attendent pas de réponse
quand chacun à son tour exprime ses reproches à Louis (logorrhées). On n’est pas dans le dialogue, et quand il
commence à y avoir discussion cela finit systématiquement en dispute.
Lagarce met en scène la difficulté à communiquer, mais il montre aussi le culte de la complication, la recherche de la
crise pour la crise comme si c’était la seule manière d’exister.
L’obsession psychologique des personnages qui se disputent sur chaque mot prête parfois à sourire alors que la mort,
elle vraiment tragique, n’émerge pas sur scène. Les personnages se déchirent pour des broutilles tout en passant à côté
de l’essentiel.

L’amour, le sentiment d’être aime, se dire qu’on s’aime


 Louis a un ressenti à l’amour très ambigu, il dit refuser l’amour de sa famille, ne pas en avoir besoin et en
même temps il se plaint d’en avoir manqué, il joue le mal-aimé. Il s’est constitué un masque de malheur dans
lequel il se plaît et il en est conscient : « c’est tellement faux,/ je faisais juste mine de. »
 Seul Antoine n’est pas dupe de cette attitude de mal-aimé de son frère Louis. Il sait qu’il joue à être mal-aimé
et qu’il le fait depuis qu’ils sont enfants. Il sait aussi que cette attitude était à son détriment à lui et pour ça il
en veut à Louis. Il a même e sentiment de s’être sacrifié pour lui. « Tu dis qu’on ne t’aime pas […], Tu es
enfant, je te l’entends le dire. » Partie 2, scène 3.
« c’était ma faute, ce ne pouvait être que de ma faute. / on devait m’aimer trop puisqu’on ne t’aimait pas assez
et on voulut me reprendre alors ce qu’on ne me donnait pas, : et ne me donna plus rien. » Partie 2, scène 3.
 Louis exprime un soi-disant manque d’amour et l’on pense qu’il souffre de ce manque d’amour alors qu’en
fait on se rend compte que c’est sa famille qui a le plus manqué de son absence, de ses silences et de son
attitude lointaine, toujours posée. Il manque un lien à la famille qui fait que personne n’est lié entre eux sauf
peut-être Antoine et Suzanne qui semblent partager un vrai lien fraternel (entracte)

L’amour et l’abandon
Le mot abandon revient plusieurs fois dans la pièce

4
 Louis a abandonné les siens, il n’est pas revenu voir sa famille depuis tellement longtemps qu’il ne connait
pas sa belle-sœur ni ses nveaux dont Louis (3ème du nom).
Louis a abandonné ses responsabilités d’ainé de la fratrie, il les a laissé tomber (trahison)
On imagine que son départ a été précipité peut-être suite à une dispute avec le père, peut-être à cause de son
homosexualité (inspiration autobiographique ?).
 Louis demande l’abandon, il est parti et ne demande pas de l’amour de sa famille. Aimer sa famille voudrait
dire avoir des liens familiaux. Louis ne veut pas de liens car c’est synonyme de dépendance aux autres (quand
on est « lié » à quelqu’un, on a besoin de lui, de son attention et de son affection). Louis ne veut être
dépendant de personne puisqu’il veut être maître de lui-même, c’est la seule façon qu’il a trouvé pour
ne pas souffrir.
« Je n’aime personne, / je ne vous ai jamais aimés, c’était des mensonges,/ je n’aime personne et je suis
solitaire,/ et solitaire je ne risque rien/ je décide de tout. » 1ère partie, scène 10.
Le jugement
La famille est un véritable tribunal comme en témoigne le champ lexical du droit qui parsème le texte (« m’accuser »,
« m’accable », « droit », « juste », « crimes »).
Catherine dit elle-même : « je ne voudrais pas avoir l’air de vous faire un mauvais procès » tandis que Louis accepte
d’endosser la culpabilité : «et ces crimes que je ne me connais pas, je les regrette, j’en éprouve du remords » (2e
partie, scène 1).
Louis est manifestement accusé de s’être absenté durant douze ans. Mais ce tribunal familial juge de manière
expéditive. Louis ne parvient pas à dire ce qui lui tenait à cœur et les membres de la famille préfèrent le sacrifier pour
retrouver leur équilibre familial.

Le temps et la mort
Le temps travaille et dévore les personnages.
 Symboliquement au début de la pièce, Louis est déjà mort « j’allais mourir à mon tour -/ j’ai près de trente-
quatre ans et c’est à cet âge que je mourrai. »
 Ainsi, ils répètent les verbes à des temps différents comme Catherine : « Nous vous avions, avons envoyé une
photographie d’elle » ou Louis : « Cela me fait plaisir, je suis touché, j’ai été touché ».
Ces répétitions donnent l’impression que le temps se dilate et échappe aux personnages. Quant à la mort, elle
est le grand non-dit de ce texte : Louis est venu pour annoncer la sienne mais il repart sans avoir rien révélé.
L’objet de la pièce est de mettre en évidence les failles qui ressurgissent chez un homme face à la
perspective proche de la mort.

Retour du Fils prodigue (fils préféré)


Le Fils prodigue est l'une des paraboles donnée par Jésus de Nazareth. Elle est relatée dans l'évangile selon Luc. Cette
parabole raconte le retour d'un fils qui revient, sans le sou, vivre auprès de ses parents après avoir dilapidé l'héritage
qu'il avait réclamé. À sa surprise, il est néanmoins accueilli chaleureusement par son père, ce qui provoque la jalousie
de son frère aîné.
Crainte et jalousie d’Antoine face au retour du fils préféré Louis.

Exemples de sujets

Sujet: La pièce Juste la fin du monde met en scène des Sujet: En quoi le silence de Louis est à l’origine de la
crises familiales autant que personnelles. Mais ne crise familiale ? … appuyez-vous sur la pièce pour
pensez-vous pas que ces moments de conflits répondre….
dramatiques dépassent le seul cercle de la famille et
revêtent une dimension littéraire ? … appuyez-vous sur
la pièce pour répondre….

Jean-Luc Lagarce est un auteur classique contemporain, Duchaste disait « La parole fait événement : elle
dramaturge et metteur en scène reconnu du 20e S. Il est détraque les pensées avant de secouer les corps ». C’est
né en 1957, issu d’une famille ouvrière protestante et est ce que montre l’œuvre de Jean Luc Lagarce Juste la Fin
mort du sida en 1995. Sa carrière de metteur en scène se du Monde publiée en 1999. Dramaturge, poète et
lance au début des années 1980. Ses œuvres reflètent écrivain universel du 20ème siècle aujourd’hui il est
une partie de son expérience sur Terre notamment face l’auteur contemporain le plus joué en France et son
au sida. C’est la cas dans « Juste la fin du monde »; qu’il œuvre est traduite en plus vingt-cinq langues. Son

5
a publié en 1990. Dans cette pièce l’auteur met en scène écriture lui a permis d’apprendre à vivre et à mourir,
Louis, qui retourne après de longues années d’absence atteint de Sida il meurt jeune à l’âge de 38 ans. La pièce
annoncer sa mort à sa famille sans pour autant y composée en deux parties raconte le retour de Louis, 34
parvenir. « Juste la fin du monde » est une pièce de ans qui va mourir et décide de retourner voir sa famille
théâtre qui regorge de multiples crises autant familiales après une longue absence de 12 ans pour leur annoncer
que personnelles. la nouvelle. Au cours de la pièce on témoigne d’une
crise personnelle et familiale entre Louis son petit frère
Antoine, sa sœur Suzanne et leur mère. En effet, le
théâtre de Lagarce est le théâtre de la parole où les
silences de Louis incarnent l’échec de cette parole.
Ainsi, dans son œuvre il rompt avec les étapes
traditionnelles du théâtre et la parole tient lieu d’action.

La « crise » est un sujet particulièrement intéressant au


théâtre, car elle a une importante influence
dramaturgique, autant tragique que comique.
En quoi la dimension littéraire des scènes de conflit au Que dit le silence de Louis ?
théâtre permet-elle de nous éclairer sur la psychologie
de l’Homme.
Dans un premier temps je présenterai le théâtre comme Tout d’abord, nous verrons en quoi le silence de Louis
lieu de la crise, ensuite je montrerai l’intérêt littéraire de est à l’origine de la crise familiale. Puis, nous étudierons
ces crises. Pour finir j’expliquerai de quelle façon les comment ses silences peuvent aussi être évocateurs et
crises permettent de réfléchir sur la condition humaine. enfin, nous verrons pourquoi la crise familiale est en
réalité une crise de la communication.
Exemples de sujets

1/
Diriez-vous que la pièce de Jean-Luc Lagarce Juste la fin du monde est un drame
intime ?
Pb : Juste la fin du monde : drame simplement « intime », personnel, ou alors universel ? Affaire d’un seul, ou de
tous ?
Juste la fin du monde : drame intime de Elargissement du drame à la Juste la fin du monde : drame
Louis famille : crise familiale intime et universel.
1) Monodrame de Louis qui vient 1) Suzanne : sentiment d’abandon 1) mythe universel du fils
annoncer sa mort prochaine. quand Louis est parti + elle rêverait prodigue
Cercle familial restreint (5 d’une autre vie. Celle de Louis
personnes) > positionnement
intime. Monologues de Louis
2) Dire ou ne pas dire sa mort. Il 2) Antoine : a du assumer l’abandon 2) crise de communication,
est venu « dire », il a choisi de des responsabilités de l’ainé Louis + non-dits et secrets. Comment
« dire » lentement… il n’y sentiment d’infériorité (ouvrier/ s’exprimer en famille, commetn
arrivera pas, il s’exprimera par moins d’amour). colère communiquer avec les autres
un cri à la fin de la pièce
2 Solitide de Louis : solitude 3) crise de l’équilibre familial 3) drame de la solitude
recherchée. Se présentant précaire qui est rompu à l’arrivée de Le silence comme rempart, pr
comme mal-aimé et en même Louis. Tensions entre Antoine et peur de communiquer, de
temps ne voulant pas être aimé Suzanne entre Antoine et sa froisser ou de ne pas savoir
et aimer « je vous hais ». femme… « dire », chacun reste avec ses
Recherche de la maîtrise de soi. sentiments et ses
L’absence de sentiments comme ressentiments, seul avec ses
protection. drames intimes.

Sujet n°1 : simple et accessible :


Quelles émotions le spectateur peut-il ressentir ?

6
Sujet n°2 : provocateur :
Les personnages parlent-ils pour ne rien dire ?

Sujets n°3 et 4 : classiques :


► Louis est-il un héros ?
► Cette pièce n’est-elle qu’une tragédie ?

Sujets n°5, 6 et 7 : en lien avec la crise personnelle et la crise familiale


► En quoi les relations familiales mettent-elles au jour le mal-être des personnages ?
► En quoi le mal-être des personnages alimente-t-il les relations conflictuelles de cette famille ?
► Dans Juste la fin du monde la famille engendre-t-elle le tragique personnel ?

Sujet 1 : Quelles émotions un spectateur peut-il ressentir en voyant se déployer sur scène des crises personnelles et
familiales ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur la pièce Juste la fin du monde de Lagarce, ainsi que
sur les autres œuvres abordées dans le cadre du parcours « crise personnelle, crise familiale », et sur votre culture
personnelle.

Sujet 2 : Nombreux sont les personnages qui, au théâtre, quittent ou reviennent au sein de leur famille. Quel intérêt un
dramaturge peut-il avoir à traiter ce motif du retour ou du départ ? Vous répondrez à cette question dans un
développement structuré. Votre travail prendra appui sur la pièce de Lagarce, ainsi que sur les textes et documents que
vous avez étudiés en classe dans le cadre du parcours associé à cette œuvre, et sur votre culture personnelle.

Sujet 3 : Au théâtre, la crise, qu’elle soit familiale ou personnelle, est-elle nécessairement spectaculaire ? Vous
répondrez à cette question dans un développement structuré en vous appuyant sur votre lecture de Juste la fin du
monde ainsi que sur les autres œuvres abordées dans le cadre du parcours « crise personnelle, crise familiale », et sur
votre culture personnelle.

Sujet 4 : Le dictionnaire Le Trésor de la Langue Française informatisé donne cette définition du mot crise : « Situation
de trouble, due à une rupture d'équilibre et dont l'issue est déterminante pour l'individu [...] ». Cette définition vous
semble-t-elle s’appliquer aux crises personnelles et familiales qui se jouent au théâtre ? Vous répondrez à cette
question dans un développement structuré en vous Julie Cottier et Amélie Pinçon, professeures de lettres modernes
appuyant sur votre lecture de Juste la fin du monde ainsi que sur les autres œuvres abordées dans le cadre du parcours
« crise personnelle, crise familiale » et sur votre culture personnelle.

Sujet 5 : « Pourquoi ne pas vous avoir parlé ? / Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à condition d’être
découvertes ». Ainsi s’exprime le personnage de Nawal, la mère, à la toute fin de la pièce Incendies de Wajdi
Mouawad. Pensez-vous qu’au théâtre, et en particulier au sein des relations familiales, toute vérité est bonne à dire ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur votre lecture de Juste la fin du monde de Lagarce, associée aux
œuvres du parcours « crise personnelle, crise familiale ».

Sujet 6 : « Ils sont là, avec moi, les personnages de l’histoire. Je les laisse se présenter eux-mêmes. Ça, ils peuvent le
faire. Ils peuvent raconter… aussi… Mais si je les laisse seuls, tous les quatre, ils ne pourront pas dire le plus
important. Il faut du temps, beaucoup de temps pour trouver les bons mots et les bons silences. ». Ainsi s’exprime
Alice, personnage d’une pièce de Suzanne Lebeau (Trois petites sœurs, 2017). Pensez-vous que les mots, au théâtre,
permettent de dire « le plus important » ? Vous répondrez à cette question dans un développement structuré. Votre
travail prendra appui sur la pièce de Lagarce, Juste la fin du monde, ainsi que sur les textes et documents que vous
avez étudiés en classe dans le cadre du parcours associé à cette œuvre, et sur votre culture personnelle.

Sujet 7 : « Puis vous le chassez de chez vous, et semblez lui fermer la maison p…par vous habitée. […] Qu’a-t-il fait
pour le mériter ? ». Ainsi s’interroge un personnage de mère, à propos de son fils, dans une pièce de Beaumarchais
intitulée La mère coupable (1792). Comment le théâtre permet-il d’explorer la question du juste et de l’injuste au sein
des relations familiales ? Vous répondrez à cette question dans un développement structuré. Votre travail prendra
appui sur la pièce de Lagarce, ainsi que sur les textes et documents que vous avez étudiés en classe dans le cadre du
parcours associé à cette œuvre, et sur votre culture personnelle.

Vous aimerez peut-être aussi