Vous êtes sur la page 1sur 3

Qui est Jean-Luc Lagarce?

Jean-Luc Lagarce est un comédien, metteur en scène, directeur de troupe et dramaturge français
né le 14 février 1957 à Héricourt (Haute-Saône) et mort le 30 septembre 1995 à Paris 14e.
C'est aujourd'hui l'un des auteurs contemporains les plus joués en France. Ses textes sont traduits
en vingt-cinq langues et sont joués dans de nombreux pays.
En 1975, il s'inscrit au conservatoire d'art dramatique et à la faculté de philosophie de Besançon.
Auteur et metteur en scène, il est encore en licence lorsqu'il fonde avec d'autres étudiants le
Théâtre de la Roulotte, en 19774, dont le nom rend hommage à Jean Vilar. Sa maîtrise de
philosophie, intitulée « Théâtre et Pouvoir en Occident », est publiée5 mais il décide par la suite
d'abandonner sa thèse, qui devait porter sur la notion de système chez Sade, pour privilégier la
mise en scène et l'écriture.
Après une expérience théâtrale de va-et-vient entre l'Est de la France et la capitale, pendant
laquelle il officie en tant que chef de troupe, il s'installe à Paris à la fin des années 1980. Ses mises
en scène de pièces classiques ont souvent plus de succès que celles de ses propres textes, les
représentations des premières permettant de financer les secondes. Il se sait condamné sept ans
avant sa mort, et centre alors son écriture sur la disparition et la famille, que celle-ci soit
biologique ou choisie. Au printemps 1990, il reçoit le prix Léonard-de-Vinci (la bourse de la Villa
Médicis pour l'étranger) et part trois mois à Berlin où il rédige Juste la fin du monde. A son retour
en France, très peu sont ceux qui comprennent et acceptent cette pièce. Il achève Le Pays
lointain une semaine avant sa mort, dans une tentative de réécriture après son dernier échec, en
livrant une version plus ample et complète de Juste la fin du monde
Jean-Luc Lagarce laisse une œuvre riche de plusieurs dizaines de pièces, plusieurs récits et un
roman, Voyage à La Haye. Ses écrits sont redécouverts par les critiques et les metteurs en scène
après sa mort.
Sa pièce Juste la fin du monde entre au répertoire de la Comédie-Française en 2008
Une partie de son théâtre est largement autobiographique, et met en scène un double de l'auteur
aux prises avec les relations difficiles qu'il entretient avec sa famille et ses origines. Les
pièces Retour à la citadelle (1984), Juste la fin du monde (1990), J’étais dans ma maison et
j’attendais que la pluie vienne (1994) et le Pays lointain (1995) traitent du thème du retour et des
adieux, et invoquent les origines provinciales et prolétaires de Lagarce, son homosexualité et sa
maladie
Le théâtre de Lagarce est centré sur le discours. Les intrigues de ces pièces sont relativement
minces et explorent profondément le poids des non-dits et de l'incapacité au dialogue. Son écriture
procède notamment par incises, les personnages reprennent sans cesse ce qu'ils viennent de dire
en le modifiant (épanorthose)
L'épanorthose, du grec / epanorthosis, de orthos (« droit »), est une figure de style qui consiste à
corriger une affirmation jugée trop faible en y ajoutant une expression plus frappante et énergique.
Elle appartient à la classe des corrections, proche de la palinodie. On emploie parfois de manière
synonymique le mot de rétroaction.

Le retour à la maison et la force du lien fraternel: Louis et Suzanne - Électre et Oreste- Etude du
titre, étude de la langue« juste » dans Juste la fin du monde
Juste la fin du monde est une pièce de théâtre écrite par Jean-Luc Lagarce à Berlin en 1990, dans
le cadre d'une bourse Léonard de Vinci, alors qu'il se savait atteint du sida.
Résumé
Louis rend visite à sa famille pour la première fois depuis des années. Il retrouve sa mère, sa sœur
Suzanne, son frère Antoine et sa belle-sœur Catherine. Il a l'intention de leur annoncer sa maladie
et que sa mort prochaine est irrémédiable, mais son arrivée fait resurgir souvenirs et tensions
familiales. Chacun exprime divers reproches et Louis repart sans avoir pu faire l'annonce de sa
mort.
« Dans Juste la fin du monde, l’univers de la famille est en crise : la parole qui circule et bruisse
rend plus sensible le drame intime de Louis, le presque mort qui ne pourra dire son secret aux
siens. Elle nous montre aussi comment la fratrie est souvent le lieu où il est le plus difficile de
parler et de se faire entendre. »
Personnages

 Louis, 34 ans
 Suzanne (23 ans)
 Antoine (32 ans)
 Catherine, femme d'Antoine (32 ans)
 La Mère (61 ans)

Les thèmes

La pièce aborde la question de l'absence du fils et de son retour auprès de sa famille. Dans ses
premières œuvres, Retour à la citadelle et Les Orphelins, avant d’apprendre sa séropositivité,
Jean-Luc Lagarce s’était déjà intéressé au sujet du retour. La pièce s'inspire non seulement de la
parabole du Fils Prodigue, mais aussi du mythe de Caïn et d’Abel. Antoine s’offusque du retour
de son frère qu’il jalouse, il ne veut pas que Suzanne se réjouisse de sa visite. Selon Antoine,
Louis ne mérite pas qu’on l’accueille avec joie ; il a failli à ses responsabilités et a mené une
existence qu’Antoine n’a jamais connue. Les rapports entre la mère et Antoine sont difficiles,
d’autant plus que Louis est le fils favori. La pièce est aussi liée à l’Odyssée homérique. Les deux
histoires narrent la quête, l’odyssée d’un protagoniste – Louis et Ulysse – qui poursuit un but : se
faire reconnaître des siens dans le cas de Louis, retrouver sa patrie dans le cas d’Ulysse.
La pièce est également dominée par les thèmes de la solitude, de la difficulté de communication
entre les hommes. Enfin face à la mort inéluctable, le personnage cherche à rassembler des
éléments de sa vie et à donner de la cohésion à son existence.
Le titre
Le titre ressemble à l’expression « ce n’est pas la fin du monde » pour dire « ce n’est pas grave ».
Ce titre est à double sens. L’adverbe « juste » et l’ellipse atténuent de façon ironique la brutalité
de l’action qu’introduit le titre. Il annonce que ce n’est rien de grave, c’est juste la fin du monde.
Mais ce monde se réduit à celui de Louis, à sa vie menacée, et non à celui de l’humanité.

Caractéristiques de l'écriture
L'absence de didascalies octroie au lecteur une grande liberté d’interprétation. Les dialogues
trahissent parfois une certaine méfiance à l’égard du langage, méfiance qu’on retrouve chez
beaucoup de dramaturges du xxe siècle. Les dialogues sont construits par l'apposition de longs
monologues, mettant ainsi l'accent sur l'importance du langage, de la communication et de la
formulation de la pensée.
Jean-Luc Lagarce s’abstient de décrire le décor de la scène, sauf pour dire que la maison
d’enfance de Louis où vivent désormais Suzanne et la mère – c’est-à-dire le lieu de l’intrigue – se
trouve à la campagne. Il y a là l’idée de la routine et d’un monde figé, mais aussi l'idée d'un
isolement. Ceci permet également de mettre l'accent sur une opposition entre les espaces associés
au personnage de Louis (la grande ville, l'urbanité) et l'espace d'Antoine (petite maison de
campagne).

La pièce repose essentiellement sur des monologues, même si ceux-ci sont entrecoupés de scènes
plus dialoguées. L'impossibilité de Louis à dire son message empêche l'action d'avancer et
enferme les autres personnages dans un verbiage logorrhéique. Chacun parle, mais ne parvient pas
réellement à communiquer avec la personne à laquelle il s'adresse. La parole sert de fuite, et
paradoxalement l'on pourrait même dire que la parole empêche de formuler. Elle est le masque du
malaise qui existe entre les personnages.
La pièce est structurée temporellement de manière relativement précise dans la mesure où elle suit
l'arrivée de Louis, puis son départ de la maison. La pièce est encadrée par un prologue et un
épilogue pris en charge par Louis. Ces deux monologues ne sont pas directement adressés et
tendent à rendre compte des motivations intérieures du personnage.
Prologue
Au moment où il s’adresse à son auditoire, Louis, qui a longtemps nié l'approche de sa mort, a
accepté l'idée de l'au-delà. Il veut revoir ses proches pour leur annoncer la nouvelle. Il a toujours
feint d’être son propre maître, alors qu’en réalité, il ne peut décider de rien face à la mort. Le
retour de Louis chez ses proches est un retour sur lui-même. Le prologue ressemble au chœur du
théâtre antique.
Plusieurs indications textuelles montrent que Louis , même au Prologue n’est autre qu’un fantôme
Epilogue
Louis est mort : « Après, ce que je fais, / je pars. / Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques
mois plus tard, / une année tout au plus. » Il mentionne son séjour dans le Sud de la France : égaré
dans les montagnes durant une promenade nocturne, il décida de suivre une voie ferrée. Arrivé
devant l’entrée d’un immense viaduc qui dominait une vallée, il éprouva un farouche besoin de «
pousser un grand et beau cri, / un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée, […]. »
Mais il se tut.
Il clôt en déclarant : « Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. / Ce sont
des oublis comme celui-là que je regretterai. »

Vous aimerez peut-être aussi