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2022-2023
Objet d’étude :
Le Théâtre
Juste la fin du monde
de Jean-Luc LAGARCE
1957-1995
Parcours
« Crise personnelle, crise familiale»
Entrer dans l’oeuvre - JLFM
Voici trois titres qui ont été successivement donnés au texte que nous allons étudier :
1er titre : Les Adieux
2ème titre : Quelques éclaircies
3ème titre : Juste la fin du monde
Qu’est-ce que cela évoque pour vous ? Quelles connotations semblent accompagner
implicitement chacun de ces titres ?
Juste la fin du monde
- niveau de langue ? type de phrase ? figure de style ?
Qu’est-ce que cela évoque pour vous ? Quelles connotations semblent accompagner
implicitement chacun de ces titres ?
Juste la Fin du Monde (JLFM)
> renvoie à l’expression familière « Ce n’est pas la fin du monde ! » qui moque celui qui se plaint
de choses insignifiantes.
L’adverbe « juste »
> employé au sens de « exactement, précisément » -> exigence d’exactitude afin de rétablir la vérité
>> Le procédé qui consiste à revenir sur ce que l’on vient d’affirmer, pour le nuancer, l’expliciter
Il envoie l'année suivante quatre pièces à Lucien Attoun, directeur du Nouveau répertoire
dramatique sur France Culture. Cet homme de radio n'accepte pas les manuscrits qu'il juge
influencés par l'écriture absurde (Lagarce admire en effet Beckett et de Ionesco il les mettra en
scène). Il perçoit tout de même le potentiel des textes de Lagarce et envoie une lettre
d'encouragement au jeune auteur.
Ce sera le début d'une longue relation entre Lagarce et Lucien et Micheline Attoun.
Un homme de Théâtre
1980 est une année charnière : Lagarce soutient son mémoire de maîtrise de
philosophie intitulé "Théâtre et pouvoir en Occident", et le Théâtre de la Roulotte envisage
de se professionnaliser. Par ailleurs, l'une de ses pièces, Voyage de Madame Knipper
vers la Prusse orientale, est retenue par le comité de lecture de la Comédie Française,
elle est programmée dans la salle du Petit Odéon.
Mise en scène et réécriture
En 1990, il reçoit le prix Léonard-de-Vinci qui lui permet de partir grâce à une bourse à l'étranger.
C'est donc à Berlin qu'il rédige, de janvier à mars, Juste la fin du monde.
Le texte reçoit un accueil mitigé, puisqu'il est refusé par tous les comités de lecture. Le dramaturge
tente de reprendre et de donner une version amplifiée de la pièce quelques semaines avant sa mort,
dans le Pays lointain, qu'il achève quelques jours avant de rendre son dernier souffle.
Le théâtre de Lagarce
On peut en quelque sorte diviser le théâtre de Lagarce en deux grands domaines :
- D'une part, une sorte de "comédie humaine de la vie de province", suite de tableaux dévoilant
des scènes de vie de troupes de théâtre, de groupe d'amis, de familles confrontées à des problèmes
d'argent.
- De l'autre, un théâtre plus intime, plus personnel, dans lequel un personnage, parfois simplement
évoqué, sorte de double de l'auteur (Louis dans Juste la fin du monde) se trouve confronté à
l'absence, au poids du secret, aux différences avec sa famille.
Dans son journal, l'auteur se confesse de manière plus directe et plus intime, en particulier sur
son homosexualité et sur sa maladie.
Le triomphe
En 1991, Jean-Luc Lagarce met en scène Ionesco qu’il admire. Sa Cantatrice chauve rencontre un succès
considérable, et part en tournée nationale. Lagarce connait enfin une reconnaissance professionnelle et publique.
L'année suivante, sa santé se détériore et il effectue un premier séjour à l'hôpital. Il fonde cette même année les
éditions des Solitaires intempestifs.
Alors que le succès frappe à sa porte, Lagarce est obligé de refuser la plupart des sollicitations en raison de sa
santé devenue trop fragile. Il ne peut pas non plus rester avec sa troupe qui sillonne la France, en particulier avec sa
mise en scène du Malade imaginaire de Molière qui rencontre également l succès.
Jean-Luc Lagarce s'éteint en septembre 1995, des suites de sa maladie.
Il laisse derrière lui une œuvre constituée de 24 pièces de théâtre, 3 récits, un livret d'Opéra (Quichotte), un
scénario de film (Retour à l'automne), des articles et son Journal composé de 23 cahiers. Cette œuvre commence à
être reconnue à peine deux ans après sa mort, et rencontre un succès grandissant depuis.
L'entrée du dramaturge au répertoire de la Comédie-Française en 2008, avec Juste la fin du monde, marque la
consécration d'un des plus grands auteurs du XXe siècle.
En 2016, le réalisateur québécois Xavier Dolan porte à la connaissance d’un large public cette pièce grâce à
son adaptation cinématographique (avec Gaspard Ulliel, Nicole Garcia, Vincent Cassel, Marion Cotillard) qui remporte
le Grand Prix du Festival de Cannes.
Jean-Luc Lagarce en quelques mots
La première représentation théâtrale date de 2000, dans une mise en scène de Joël Jouanneau. Aujourd'hui, cette pièce
connaît un succès mondial. Traduite dans près de vingt langues, elle est rentrée au répertoire de la Comédie-Française en
2008, mise en scène par Michel Raskine et récompensée par le Molière du meilleur spectacle. La même année et jusqu'en
2010, elle est proposée pour l'épreuve théâtre du baccalauréat.
Juste la fin du monde, une autofiction (récit mêlant la fiction et l'inspiration autobiographique) au théâtre : l’histoire n'est pas
autobiographique, mais Louis est une sorte de double de l'auteur.
La mère Louis Suzanne Antoine Catherine
l’aîné, fils la jeune soeur le frère cadet la belle-soeur
prodigue
Danièle Lebrun Laurent Lafitte Pauline Clément Jérémy Lopez Anna Cervinka
Théâtre à la table
Chaque semaine, une
équipe de comédiennes
et comédiens prépare
en seulement 5 jours la
r !
création d’une pièce,
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dévoilant le travail de
d
a r
lecture préalable aux
r naissent premières
Comédie-Française
place Colette, Paris
à trouvailles et envolées.
Le Prologue - Monologue de Louis
Ce prologue, constitué d'une phrase unique en vers libres, annonce d'emblée le thème de la pièce :
Louis va mourir. Il décide de retourner voir sa famille, "pour annoncer, / dire, / seulement dire, [sa]
mort prochaine et irrémédiable".
2e Partie - 3 scènes
Scène 1 : La fin de la journée, selon Louis.
Scène 2 : La dernière dispute
Scène 3 : Le soliloque d'Antoine
2000
Théâtre
r !
National de la
Colline, Paris
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(captation
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intégrale,
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1h40)
à
Mise en scène de François Berreur sur Cyrano
https://www.cyrano.education/content/juste-la-fin-du-monde-31140
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a r La Comédie
e g Française,
r avec Pierre
à Louis-Calixte
(Louis)
Connaître le genre théâtral
Des notes de cours à compléter
La mise en scène,
une interprétation du texte de théâtre
Le théâtre,
Le metteur en scène, comme tout lecteur, a sa
un spectacle propre vision de la pièce (perception des
personnages, de leur psychologie…). Sa
compréhension de la pièce conditionne la façon
Le théâtre est un genre littéraire particulier.
dont il va construire sa mise en scène.
Le théâtre est à la fois un texte lu, mais aussi Le jeu des comédiens : à partir des indications
un art représenté sur scène et qui est vu par données par l’auteur dans les didascalies, le
un spectateur. metteur en scène doit représenter leur jeu.
Origine : du grec « théômai » (« regarder »), Le metteur en scène décide du déplacement
le théâtre est avant tout un spectacle dans des personnages sur scène, de leur gestuelle,
lequel des acteurs donnent vie aux des émotions qu’ils vont traduire (tristesse,
personnages et agissent devant un public.
émotion, peur, folie…).
Dimension spectaculaire : usage de la parole
orale doublement dirigée : Double Les costumes : ils ont une importance
énonciation. primordiale au même titre que le décor. Ils ont
La mise en scène est constituée de pour fonction d’informer le spectateur sur : l’
différents éléments : l’interprétation du texte, époque, le milieu social, le caractère des
le jeu des comédiens, les costumes, personnages.
l’exploitation de la scène, les lumières, le
décor… Le décor & les lumières : de même que les
costumes, le décor et le jeu des lumières jouent
un rôle important pour situer l’action de l’histoire
de la pièce d’un point de vue historique et
social.
Le quiproquo : incompréhension, malentendu
Le vocabulaire du théâtre qui survient dans un échange de paroles.
La didascalie : indication scénique qui donne les Chaque personnage interprète mal ce que dit
informations nécessaires pour le lecteur : elles permettent l’autre.
de connaître le nom des personnages, les divisions en actes
et en scènes, les précisions spatio-temporelles, les gestes La stichomythie : répliques courtes qui peuvent
et toutes les indications de mise en scène données par parfois être violentes et qui forment un échange
l’auteur. rapide, rythmé.
La réplique : réponse d’un personnage à un autre. La Le « coup de théâtre » : péripétie inattendue
double énonciation : procédé théâtral selon lequel le
personnage s’adresse à la fois à un autre personnage et
qui constitue un renversement de situation ; cela
aux spectateurs. crée un effet de surprise dans le public.
La tirade : c’est une longue réplique qui a pour but de « deus ex machina » : expression latine qui
convaincre, de persuader, d’expliquer ou d’avouer. désigne un événement dont l’intervention peu
vraisemblable résout comme par miracle les
L’aparté : un personnage prononce des propos, en
présence d’autres personnages, que seul le public entend,
problèmes que rencontre le personnage.
ce qui provoque un effet comique.
Le Dramaturge : auteur de pièces de théâtre.
Le monologue : une longue tirade dite par un personnage
qui s’adresse à lui-même, seul sur scène. Il permet au Théâtre dans le théâtre : lorsque dans une
personnage de faire le point sur sa situation, sur la difficulté pièce, les personnages se mettent à jouer la
qu’il éprouve pour communiquer ou pour exprimer des comédie, à interpréter un autre rôle.
hésitations quant à une décision qu’il doit prendre.
La structure d’une pièce
La scène d’exposition occupe le plus souvent la (ou les) premières
scène(s). Elle a pour rôle de donner toutes les informations
nécessaires à la compréhension de la situation : les lieux, l’époque,
les personnages, leur classe sociale, l’intrigue.
Le nœud dramatique (élément déclencheur dramatique) est le
moment où les obstacles apparaissent. Il permet d’enchaîner les
péripéties et les coups de théâtre, ainsi que des retournements de
situation.
L’intrigue regroupe toutes les péripéties qui font progresser l’action
ou la ralentissent.
L’apogée (le climax) est le moment de paroxysme de la tension (plus
grande intensité dramatique).
Le dénouement occupe la plupart du temps les dernières scènes. Il
permet de résoudre le nœud dramatique et marque la fin de l’action.
La scène de théâtre
La scène de théâtre
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Les origines
Etymologiquement, le terme « tragédie » signifie « chant du bouc ». La tragédie nait au VIème siècle avant J.-C.
dans la Grèce antique. Lors des fêtes dédiées à Dionysos, on donnait des représentations théâtrales. Les
tragédies grecques étaient alors de véritables cérémonies, à la fois religieuses et civiques.
Le théâtre repose sur l’illusion : la mimesis qui est l’imitation de la nature qui consiste à faire oublier au
spectateur qu’il est au théâtre afin qu’il puisse s’identifier aux personnages.
Dans son ouvrage La Poétique, le philosophe antique Aristote définit la tragédie.
La tragédie grecque est marquée par l’alternance entre des parties dialoguées jouées par les acteurs écrites
en vers simple et des chants lyriques modulés par le choeur (langue poétique et complexe)
● Prologue : il présente l’action.
● Parodos : arrivée du chœur qui entre sur l’orchestra et chante un morceau lyrique,
● Episodes : dialogues parlés des personnages qui font avancer l’action
● Stasima : chants du chœur qui commente l’action sans fonction dramatique
● Exodos : dénouement , chœur quitte la scène
Structure de la tragédie classique au XVIIème siècle - Grand Siècle Classique, âge d’or du théâtre
Tragédie en 5 actes :
● Le nœud dramatique :
→ Le nœud de l’action précise la nature du conflit à résoudre, c’est le passage de la pièce au
cours duquel les personnages doivent résoudre un problème complexe, affronter des
obstacles
● Les péripéties :
→ Événements successifs qui font avancer l’action.
● Le dénouement :
→ Le dénouement résout les problèmes exposés dans le nœud de la pièce. Le sort de chaque
personnage doit être réglé.
Le héros tragique : aiguillé par l’Hybris, il affronte le Fatum
Les personnages s’expriment sur un ton élevé, en vers. Les héros sont imparfaits, « ni bons ni méchants »
Le héros est d’origine noble.
Il subit le poids de son destin ou de la Fatalité : le mot vient du latin «fatalis», de «fatum» = Destin et désigne tout
ce qui est supérieur à l’homme et face auquel il ne peut lutter.
Il est coupable d’orgueil ou d’Hybris (la démesure) dont sont responsables les héros qui se comparent aux dieux,
qui se croient supérieurs aux autres hommes
Elle doit susciter chez le spectateur terreur et pitié afin d’accomplir ce qu’Aristote définit comme la visée ultime
de la tragédie : la catharsis. Ce terme, emprunté au grec, signifie « purgation », ou « purification ».
= Les spectateurs sont confrontés à la représentation d’émotions intenses dont ils se trouvent libérés par le
spectacle tragique.
Le théâtre doit donc générer ces deux émotions mais l’une ne doit pas être plus forte que l’autre. Si
l’horreur est trop présente : le public est dégoûté et détourne le regard et si la pitié est trop présente, l’émotion est
insoutenable pour le spectateur.
Les Mythes
Jésus dit encore: «Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: “Mon père, donne-moi la part de notre
fortune qui doit me revenir.” Alors le père partagea ses biens entre ses deux fils. Peu de jours après, le plus jeune fils
vendit sa part de la propriété et partit avec son argent pour un pays éloigné. Là, il vécut dans le désordre et dissipa ainsi
tout ce qu'il possédait. Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à manquer
du nécessaire. Il alla donc se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les
cochons. Il aurait bien voulu se nourrir des fruits du caroubier que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en
donnait. Alors, il se mit à réfléchir sur sa situation et se dit: “Tous les ouvriers de mon père ont plus à manger qu'il ne
leur en faut, tandis que moi, ici, je meurs de faim! Je veux repartir chez mon père et je lui dirai: Mon père, j'ai péché
contre Dieu et contre toi, je ne suis plus digne que tu me regardes comme ton fils. Traite-moi donc comme l'un de tes
ouvriers.” Et il repartit chez son père. «Tandis qu'il était encore assez loin de la maison, son père le vit et en eut
profondément pitié: il courut à sa rencontre, le serra contre lui et l'embrassa. Le fils lui dit alors: “Mon père, j'ai péché
contre Dieu et contre toi, je ne suis plus digne que tu me regardes comme ton fils…” Mais le père dit à ses serviteurs:
“Dépêchez-vous d'apporter la plus belle robe et mettez-la-lui; passez-lui une bague au doigt et des chaussures aux
pieds. Amenez le veau que nous avons engraissé et tuez-le; nous allons faire un festin et nous réjouir, car mon fils que
voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et je l'ai retrouvé.” Et ils commencèrent la fête. «Pendant ce temps,
le fils aîné de cet homme était aux champs. A son retour, quand il approcha de la maison, il entendit un bruit de musique
et de danses. Il appela un des serviteurs et lui demanda ce qui se passait. Le serviteur lui répondit: “Ton frère est
revenu, et ton père a fait tuer le veau que nous avons engraissé, parce qu'il a retrouvé son fils en bonne santé.” Le fils
aîné se mit alors en colère et refusa d'entrer dans la maison. Son père sortit pour le prier d'entrer. Mais le fils répondit à
son père: “Écoute, il y a tant d'années que je te sers sans avoir jamais désobéi à l'un de tes ordres. Pourtant, tu ne m'as
jamais donné même un chevreau pour que je fasse la fête avec mes amis. Mais quand ton fils que voilà revient, lui qui a
dépensé entièrement ta fortune avec des prostituées, pour lui tu fais tuer le veau que nous avons engraissé!” Le père lui
dit: “Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce que je possède est aussi à toi. Mais nous devions faire une fête et
nous réjouir, car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et le voilà retrouvé!” »
Bible, Evangile selon Saint Luc, 15
Gn 4:1- L'homme connut Eve, sa femme; elle conçut et enfanta Caïn et elle
dit : J'ai acquis un homme de par Yahvé.
Gn 4:2- Elle donna aussi le jour à Abel, frère de Caïn. Or Abel devint pasteur
de petit bétail et Caïn cultivait le sol.
Gn 4:3- Le temps passa et il advint que Caïn présenta des produits du sol en
offrande à Yahvé,
Gn 4:4- et qu'Abel, de son côté, offrit des premiers-nés de son troupeau,et
même de leur graisse. Or Yahvé agréa Abel et son offrande.
Gn 4:5- Mais il n'agréa pas Caïn et son offrande, et Caïn en fut très irrité et
eut le visage abattu.
Gn 4:6- Yahvé dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il
abattu ?
Gn 4:7- Si tu es bien disposé, ne relèveras-tu pas la tête ? Mais si tu n'es pas
bien disposé, le péché n'est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite,
pourras-tu la dominer ?
Gn 4:8- Cependant Caïn dit à son frère Abel : Allons dehors, et, comme ils
étaient en pleine campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua.
Gn 4:9- Yahvé dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il répondit : Je ne sais pas.
Suis-je le gardien de mon frère ?
Lien avec la pièce de
Gn 4:10- Yahvé reprit : Qu'as-tu fait ! Écoute le sang de ton frère crier vers
moi du sol ! Lagarce ?
Gn 4:11- Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile qui a ouvert la
bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère.
Gn 4:12- Si tu cultives le sol, il ne te donnera plus son produit : tu seras un
errant parcourant la terre.
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Lectures
linéaires
LL- Prologue
EXTRAIT 1 : PROLOGUE - Juste la fin du monde P 7-8
LOUIS. – Plus tard‚ l’année d’après
– j’allais mourir à mon tour –
j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai‚
l’année d’après‚
de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire‚ à tricher‚ à ne plus savoir‚
de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini‚
l’année d’après‚
comme on ose bouger parfois‚
à peine‚
devant un danger extrême‚ imperceptiblement‚ sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait
aussitôt‚
l’année d’après‚
malgré tout‚
la peur‚
prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre‚
malgré tout‚
l’année d’après‚
je décidai de retourner les voir‚ revenir sur mes pas‚ aller sur mes traces et faire le voyage‚ pour annoncer‚ lentement‚ avec soin‚ avec soin et précision
– ce que je crois –
lentement‚ calmement‚ d’une manière posée
– et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n’ai-je pas toujours été un homme posé ?‚
pour annoncer‚
dire‚
seulement dire‚
ma mort prochaine et irrémédiable‚
l’annoncer moi-même‚ en être l’unique messager‚
et paraître
– peut-être ce que j’ai toujours voulu‚ voulu et décidé‚ en toutes circonstances et depuis le plus loin que j’ose me souvenir –
et paraître pouvoir là encore décider‚
me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis)‚
me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître.
Présentation de l’auteur et de son œuvre
Jean-Luc Lagarce (1957-1995) est un dramaturge, comédien, metteur en scène, directeur de troupe. Fils d’ouvriers, il abandonne
l’université pour se consacrer entièrement au théâtre sur Besançon. Il y fonde le Théâtre de la Roulotte, compagnie amateure puis
professionnelle. Lagarce connaît ses premiers succès d’auteur et de metteur en scène, en adaptant des pièces classiques et ses
propres textes. Il fonde aussi une maison d’édition Les Solitaires intempestifs avec son ami François Berreur.
Alors que les thèmes de la maladie et de la disparition sont déjà présents dans son œuvre, il apprend en 1988 sa séropositivité, qu’il
évoquera dans son Journal tenu quotidiennement depuis l’âge de 20 ans et destiné à une publication posthume. Il poursuit
frénétiquement ses activités théâtrales et meurt en pleines répétitions théâtrales, après avoir achevé un dernier texte dramatique, Le
Pays lointain.
Depuis sa disparition, l’œuvre littéraire de Lagarce connaît un succès public et critique grandissant. C’est l’auteur contemporain le
plus joué actuellement en France.
La pièce Juste la fin du monde est écrite par Lagarce à Berlin. Refusée par tous les comités de lecture, la pièce ne sera jamais jouée de
son vivant. Elle entre au répertoire de la Comédie Française en 2008.
C’est un huis-clos familial qui met en scène 5 personnages d’une même famille. Le protagoniste, Louis, explique dans le prologue sa
décision de retourner chez lui, après une longue absence, pour annoncer à ses proches sa « mort prochaine et irrémédiable ».
La tirade monologuée qui ouvre cette pièce est écrite sous forme de versets poétiques. A la fin du texte, l’unique point oblige à
prononcer le texte d’un seul souffle.
C’est une entrée en matière déstabilisante pour le lecteur et le spectateur, qui savent d’emblée à quoi s’en tenir : Louis va mourir et
doit le révéler à sa famille, et il exprime déjà sa difficulté à le faire.
Lecture expressive
Parcours : un monologue aux enjeux tragiques, un prologue déstabilisant
En quoi ce prologue, qui remplit sa fonction traditionnelle, est-il déstabilisant ?
le combat pour rester maître de son destin, entre théâtralité et ironie tragique
➢ Mouvement 1 - Du début de la scène à la ligne 15 (« sans espoir jamais de survivre ») :
la mort inéluctable et le destin implacable de Louis / l’entrée dans la tragédie
Citations - Procédés Idées - Interprétation
Mort inexorable et fatalité d’un destin implacable révélées d’emblée au Prolepse : annonce de ce qui se produira plus tard. Tonalité prophétique
spectateur dans un brouillage temporel énigmatique et déstabilisant. > écho de la tragédie grecque où le chœur tragique annonçait souvent
➔ Plus tard‚ l’année d’après / – j’allais mourir à mon tour – de façon énigmatique ce qui allait se passer.
- 2 indicatº temporelles juxtaposées « L’année d’après / j’allais mourir » :
emploi de l’imparfait mais ouverture vers le futur
➔ J’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je Annonce de la mort
mourrai / l’année d’après Mais brouillage temporel énigmatique :
34 ans : jeunesse +référence au Christ ? ?? lecteur spectateur placé dans l’incertitude
Louis déjà mort?, voix d’outre-tombe ( ?).
- répétition du verbe mourir = polyptote
(= proximité de plusieurs formes verbales du m^m vb) + je mourrai futur Mention de l’âge : souligne jeunesse qui sera fauchée par la mort + âge du
de certitude Christ à sa mort
= caractère implacable du destin = Ironie tragique ?
- tournure emphatique « c’est à cet âge que… » : caractère inéluctable Mort du Christ suivie de Résurrection, mais dans
du verdict cette pièce, pas de résurrection possible pour Louis.
- association du futur et de l’adverbe « maintenant » = distorsion Seul l’attend un face-à-face inéluctable avec la fatalité.
temporelle énigmatique. Présence obsédante de la mort
« J’ai près de trente-quatre ans » peut être un présent d’énonciation (au + insistance sur l’ancrage temporel
moment où le personnage parle) ou un présent de narration (peut-être = force tragique du temps.
déjà mort ?) = ambiguïté
= caractère inéluctable du destin
- anaphore de « l’année d’après » (l. 7, 12, 17)
=> obsession du temps > Louis sans illusion sur son sort.
Citations - Procédés Idées - Interprétation
➔ de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire‚ à tricher‚ à Louis avoue avec lucidité sa passivité funeste. Terrifié au
ne plus savoir‚ / de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini / temps destructeur, à l’approche de la mort, il souligne sa
à peine‚ / (…) imperceptiblement condition tragique de personnage immobile, figé dans
l’inaction.
➔ l’année d’après, / comme on ose bouger parfois, / à peine,/devant
(Opposition avec héros tragique désespérément plongé
un danger extrême‚ imperceptiblement‚ sans vouloir faire de bruit
ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous dans l’action, luttant contre son destin)
détruirait aussitôt
Le personnage met en scène l’annonce de sa mort, dans une volonté Evocation de la manière d’annoncer sa mort aux siens
de maîtrise. Parler aux siens devient action de résistance face à la
mort mais aussi acte d’adieu > fatalité tragique demeure.
Rythme des versets +ampleur syntaxique
➔pour annoncer‚ lentement‚ avec soin‚ avec soin et précision / – ce que je crois – > monologue animé d’un souffle de vie, qui souligne les pensées
/ lentement‚ calmement‚ d’une manière posée / – et n’ai-je pas toujours été ininterrompues du personnage.
pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n’ai-je pas toujours été un homme
posé ?
- emploi du verbe-clé « annoncer » = complément de but : => l’action programmée est un acte de parole
but/intention du personnage révélé(e)
avec effet de théâtre dans le théâtre
- succession de compl. circonstanciels de manière Louis metteur en scène de son aveu
+ répétition de l’adverbe de manière « lentement » répète plusieurs fois la façon dont il va jouer
+ reprise immédiate de la locution adverbiale « avec soin » sans mot de
liaison (= épizeuxe) Allongement de la phrase, multiplication des Compl Circ de manière/
= insistance sur les caractérisations de l’acte de parole > précautions répétition = précautions oratoires =«soin» qu’il souhaite apporter à
oratoires et allongement de la phrase l’annonce envisagée
= épanorthose
Effort pour être précis dans le dévoilement de la pensée face aux lecteurs /
- proposition incise « ce que je crois » spectateurs.
= commentaire métadiscursif (discours dans le discours) Personnage se Mise en scène d’une introspection avec recherche du mot juste > volonté
montrant en train de réfléchir, mettant en scène sa pensée = de sincérité
auto-analyse
Citations - Procédés Idées - Interprétation
- « ma mort prochaine et irrémédiable » : COD du vb « annoncer » = Volonté de maîtrise vaine, même si Louis pense dominer la fatalité par
retour de la mort (l.27) malgré la volonté de la tenir à distance, malgré l’annonce qu’il s’apprête à faire.
ses affirmations de force et de courage = fatalité tragique > acte d’adieu autant que de parole
Le lecteur spectateur découvre le statut particulier du protagoniste, à Louis veut « être l’unique messager » de sa mort : renvoie encore une fois
la fois personnage et narrateur, à la fois victime de son destin et voix à la tragédie.
du destin.
➔l’annoncer moi-même‚ en être l’unique messager Mais la place de Louis est particulière ici puisqu’il est à la fois victime du
- pronom réfléchi « moi-même » + adjectif « unique » = Louis insiste : il destin (maladie) et voix du destin dont il essaie de conjurer le caractère
veut être une voix agissante et être en plein contrôle de son destin inéluctable.
- le terme « messager » renvoie aux choeurs antiques
Rem : ds la tragédie grecque, chœur constitué d’un ensemble de Louis, à la fois victime et commentateur, personnage et narrateur : position
choristes commentant l’action tragique. Les acteurs sur scène ne se qui donne l’impression d’une distance du personnage avec son destin.
mêlaient pas à eux.
➢ Mouvement 3 - De la ligne 29 (« et paraître ») jusqu’à la fin de la scène
le combat pour rester maître de son destin, entre théâtralité et ironie tragique
Citations - Procédés Idées - Interprétation
- champ lexical de la volonté : « voulu », « voulu et décidé » Louis manifeste sa résistance à l’écrasement
(épizeuxe), « décider », « être responsable de moi-même », « tragique.
mon propre maître » = volonté de maîtrise + affirmation du
pouvoir de décision
- retour du lexique temporel : adverbes « toujours / encore » +
compl. circ. de temps « depuis le plus loin …me souvenir»
+expression «en toutes circonstances»
= lutte inscrite dans la durée
Citations - Procédés Idées - Interprétation
- Mais en opposition, lexique de l’illusion : répétition du vb « Mais Louis fait preuve d’ironie tragique :
paraître » (écho au vb « tricher » l.5) + adverbe «peut-être» + « L’illusion renvoie aussi au théâtre, au jeu de l'acteur.
illusion » + «cette extrémité» ( écho à l’expression « danger = distanciation très particulière : « donner…l'illusion », c'est bien jouer ce que
extrême » l. 10) l'on n'est pas réellement.
= retour obsédant de la mort inexorable Bien que la tirade monologuée s’achève avec le GN «mon propre maître», Louis
a pleinement conscience de la fatalité de la condition humaine.
Avec lucidité, il souligne son aveuglement, son sentiment illusoire de pouvoir
décider de sa vie.
=Combat de la volonté contre le destin perdu d’avance.
Il prend de la distance, remet en cause le libre arbitre de l’Homme face à un
destin inévitable.
➔ me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚
elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis)
Louis installe une complicité avec les spectateurs en exploitant la double
- COI avec énumération de pronoms personnels ( dont le pronom énonciation : jeu des pronoms qui permet des adresses directes aux
démonstratif « ceux-là ») : référence aux membres de sa famille spectateurs.
destinataires de son futur aveu mais aussi adresses directes aux
spectateurs > confusion entre public interpellé et personnages concernés par le retour de
Louis.
- incise entre parenthèses « (trop tard et tant pis) » : rappel de la
fatalité de la condition humaine Implication des spectateurs grâce à des apostrophes complices : Louis rappelle
+ ironie tragique que nous partageons tous la même condition mortelle - memento mori
Louis/Lagarce/nous = communauté fraternelle soumise au même sort.
Différentes mises en scènes du Prologue
Joël Jouanneau - avec Marc Duret, Théâtre de la Colline, 2000
✓ Le prologue est la première confrontation du spectateur avec le protagoniste de la pièce et remplit sa fonction
d’exposition. Ce qui semble être l’enjeu principal de l’intrigue est annoncé : l’aveu de Louis à sa famille de sa mort
«prochaine et irrémédiable». Thèmes-clés de la pièce donnés : la mort, la difficulté ou l’impossibilité de dire,
l’obsession du temps, le destin inéluctable, la volonté de maîtrise et la résistance à la fatalité pourtant implacable.
✓ Le lecteur-spectateur est aussi déstabilisé par ce prologue, plein d’ambiguïtés : incertitude du brouillage
temporel et rencontre d’un personnage complexe et étrange : à la fois protagoniste et narrateur, victime de la
fatalité et messager du destin, voix d’outre-tombe ou monologue intérieur d’un personnage en pleine
introspection.
✓ Le lecteur-spectateur découvre ainsi une écriture théâtrale très « moderne » qui rappelle le genre poétique, qui
brise les codes habituels de l’écriture dramatique et qui progresse dans un flot ininterrompu. L’ampleur syntaxique
et la reformulation sémantique se met au service d’une pensée en train de se construire sous nos yeux.
On comprend ainsi que la parole sera la plus essentielle des actions et qu’elle sera au cœur des enjeux de la pièce :
« juste » dire mais aussi dire « juste » et dire vrai, dans un souci d’exactitude, de fidélité à la pensée, de recherche de
la justesse.
Ouvertures possibles
✓ La pièce reprend le thème biblique du retour du fils prodigue mais celui-ci est détourné.
Chez Lagarce, on note l’impasse tragique du retour : le fils prodigue « ne revient pas à la vie »,
il est au contraire voué à une mort prochaine, soumis à la fatalité de sa condition humaine.
✓ L’auteur propose une intrigue déceptive, ne répondant pas aux attentes du spectateur
quant à l’aveu de Louis à sa famille. Après le prologue proleptique, il est confronté à des
personnages qui ne parviennent pas à communiquer. Ils se perdent en banalités, les
malentendus et les quiproquos provoquent disputes et crise familiale.
Louis ne parviendra pas à dire ce qui lui tenait tant à cœur.
Car l’enjeu de la pièce est ailleurs.
C’est avant tout une tragédie du langage et un drame de l’incommunicabilité, bien plus
qu’une crise personnelle et familiale.
LL- Suzanne - Sc3, P1
“ Je parle trop mais ce n’est pas vrai ”
Le retour de Louis fait entendre la Suzanne qui se retient de parler le reste du temps :
il libère le silence de Suzanne, la Suzanne interdite de parole (« Ta gueule, Suzanne ! »), la
Suzanne murée dans sa tristesse mutique, dans l'incommunication des sentiments.
Ici la situation fait surgir la parole retenue. Le retour du frère agit comme un miroir
grossissant dont Suzanne ne peut soutenir le verdict : est-elle heureuse ? malheureuse ?
le quasi monologue, un acte de parole à sens unique : la parole sans réponse
Un long monologue de six pages (= 10 min de scène) qui est un quasi monologue, un
faux monologue puisque le texte est adressé à Louis mais il ne répond pas.
Suzanne parle-t-elle à Louis pour que celui-ci l'interrompe (elle ne sait pas au départ ce
qu'elle a à lui dire ; son propos est un prétexte ; son texte peut à tout moment, s'arrêter) ?
Suzanne veut-elle au contraire lui tenir un discours (lui raconter sa vie, lui faire des
reproches) ?
Suzanne semble vouloir fêter le retour de son frère mais sa parole lui adresse des
reproches. Comment renoue-t-elle le contact avec Louis ?
Situer le texte
Le retour de Louis dans sa famille constitue un choc pour chacun des membres de celle-ci.
Suzanne, la petite sœur, est la première à se retrouver en tête à tête avec son frère, à la scène 3 de la 1e
partie.
Ce n’est pourtant pas un vrai dialogue qui se noue entre eux : Suzanne va tenter de combler l’absence
par un long monologue de six pages (10’ de scène). Ce “quasi monologue” (Anne Ubersfeld) est un
faux monologue puisque le texte est adressé à Louis mais il ne répond pas. La parole ici est sans
réponse, à sens unique.
Suzanne parle-t-elle à Louis pour que celui-ci l'interrompe (elle ne sait pas au départ ce qu'elle a à lui
dire ; son propos est un prétexte ; son texte peut à tout moment, s'arrêter) ?
Suzanne veut-elle au contraire lui tenir un discours (lui raconter sa vie, lui faire des reproches) ?
Suzanne semble vouloir fêter le retour de son frère mais sa parole lui adresse des reproches.
EXTRAIT 2 : 1e partie-scène 3 - Juste la fin du monde P
SUZANNE. Parfois‚ tu nous envoyais des lettres‚
parfois tu nous envoies des lettres‚
ce ne sont pas des lettres‚ qu’est-ce que c’est ?
de petits mots‚ juste des petits mots‚ une ou deux phrases‚
rien‚ comment est-ce qu’on dit ?
elliptiques.
« Parfois‚ tu nous envoyais des lettres elliptiques. »
Je pensais‚ lorsque tu es parti
(ce que j’ai pensé lorsque tu es parti)‚
lorsque j’étais enfant et lorsque tu nous as faussé compagnie
(là que ça commence)‚
je pensais que ton métier‚ ce que tu faisais ou allais faire dans la vie‚
ce que tu souhaitais faire dans la vie‚
je pensais que ton métier était d’écrire (serait d’écrire)
ou que‚ de toute façon
– et nous éprouvons les uns et les autres‚ ici‚ tu le sais‚ tu ne peux pas ne pas le
savoir‚ une certaine forme d’admiration‚ c’est le terme exact‚ une certaine forme
d’admiration pour toi à cause de ça –‚
ou que‚ de toute façon‚
si tu en avais la nécessité‚
si tu en éprouvais la nécessité‚
si tu en avais‚ soudain‚ l’obligation ou le désir‚ tu saurais écrire‚
te servir de ça pour te sortir d’un mauvais pas ou avancer plus encore.
Mais jamais‚ nous concernant‚ […]
jamais tu ne te sers de cette qualité que tu possèdes‚ avec nous‚ pour nous.
Tu ne nous en donnes pas la preuve‚ tu ne nous en juges pas dignes.
C’est pour les autres.
Projet de lecture
Suzanne va-t-elle réussir à rétablir le contact avec ce frère disparu de sa vie depuis longtemps ?
Si l’on supprime toutes les répétitions, digressions, parenthèses, paraphrases et épanorthoses* du « quasi-monologue » de Suzanne,
on obtient :
« Parfois‚ tu nous envoyais des lettres elliptiques. Je pensais‚ lorsque tu es parti, que ton métier était d’écrire ou que‚ de
toute façon, tu saurais écrire pour te sortir d’un mauvais pas ou avancer plus encore. Mais jamais‚ nous concernant.
L'Épanorthose
Figure de style qui permet de redésigner, de faire une “mise au point” en corrigeant une affirmation jugée trop
faible en y ajoutant une expression plus juste, plus précise, plus frappante.
II- L’admiration pour Louis et les illusions perdues
Bilan
Cette partie consiste en une sorte de concession : Suzanne abandonne un temps les reproches pour montrer à Louis
qu’il est admiré et que sa famille s’intéresse à lui. Il s’agit pour Suzanne de ne pas noyer Louis sous les reproches,
d’essayer de les retenir, peut-être pour ne pas gâcher cette journée.
la joie que l'arrivée de Louis crée se remarque par :
● >> répétition du mot lettres : elles sont le principal moyen de communication entre Suzanne et
Louis
= cela montre l'importance qu’elles ont pour Suzanne, car c'est quasiment la seule chose qui lui permet,
d'entretenir un lien aussi minime soit-il avec son aîné. Cela démontre aussi l'attachement qu'elle a pour
lui.
● le besoin de parler à Louis, de lui dire tout ce qu'elle n'a pas pu lui dire pendant toutes ces années
>> la question rhétorique « ce ne sont pas des lettres, qu'est-ce que c'est ? »
● un certain empressement de Suzanne qui ne patiente plus
>> elle n'attend pas de réponse de la part de son frère et elle répond elle-même à sa propre question
>> l'absence de point de « Je pensais, lorsque tu es parti » à « te servir de ça pour te sortir d'un
mauvais pas ou avancer plus encore. »
● le fait qu'elle lui rappelle qu’elle a toujours cru en lui et en son talent pour l'écriture
>> « je pensais que ton métier était d'écrire (serait d'écrire) » (cela n’a-t-il pas pu exercer une pression sur Louis)
«- et nous éprouvons les uns et les autres, ici, tu le sais, tu ne peux pas ne pas le savoir, une certaine
forme d'admiration, c'est le terme exact, une certaine forme d'admiration pour toi / à cause de ça -»
le malaise que l'arrivée de Louis crée se remarque par :
● la difficulté pour elle de s'exprimer, ainsi que les complexes qu' elle a face à ce frère qui a évolué dans
un milieu différent du sien et qui est très instruit, et très cultivé.
>> l'hésitation dans sa voix soulignée dans l’allitération en [s] de la question rhétorique
>> Les paraphrases, répétitions, reformulations :
omniprésentes, elles portent sur un mot ou une expression que Suzanne répète (répétition : lettres voire
anaphore : je pensais), répète en variant sa forme (polyptotes : envoyais / envoies) ou redésigne, comme on
fait une “mise au point” : ce ne sont pas des lettres‚ qu’est-ce que c’est ? / de petits mots‚ juste des petits mots‚ une
ou deux phrases‚ / rien
= épanorthoses,: à chaque fois qu'elle reformule une idée pour lui apporter plus de justesse, elle ne se contente pas
de corriger uniquement le mot ou le groupe de mots qui ne convient pas, elle reprend toute la structure principale de la
phrase pour le faire.
>> Les digressions : dans la paraphrase, la pensée se focalise sur un point et le propos se déroute de son cours ; la
pensée explore des voies inattendues ou cède à des impulsions
● le fait que Suzanne aimerait recevoir davantage de signe d'affection de la part de Louis
>> « de petits mots, juste des petits mots »
-utilisation de l'adv. « juste » dans l’épanorthose
= lettres dans lesquelles il ne dit presque rien, contenu faible, jugé insuffisant
● le fait que Suzanne veut montrer à elle-même et à son frère qu'elle a elle aussi du vocabulaire
>> après avoir cherché ses mots à plusieurs reprises, Suzanne reformule sa phrase en utilisant
un mot soutenu pour décrire les lettres qu'il écrit : « elliptiques »
● le fait qu’elle ironise sur le fait qu’elle a entretenu pendant des années une illusion, à laquelle elle
ne semble plus croire (utilisation de l’imparfait) que son frère reviendrait, leur écrirait, leur
confierait ce qu’il fait, sait faire. >> « je pensais » répété à trois reprises
Synthèse
La relation de Suzanne et de Louis est assez complexe. En effet, ils sont frères et sœurs et
pourtant, ils ne se connaissent pas vraiment. Chacun a évolué dans des milieux différents et
cela crée quelques tensions. C'est assez compliqué pour Suzanne de revoir ce frère après
tant d'années, ce frère qu'elle admire tant, mais qui est également la cause de nombreux
complexes et tourments. C'est une femme qui a du caractère, mais qui en la présence de ce
frère doute d'elle-même, ne parvient presque pas à faire une phrase sans se corriger par la
suite, car il est difficile pour elle de se sentir complètement à l'aise face à cet homme qu'elle
juge beaucoup plus instruit qu'elle. Elle n'arrive pas à se comporter avec lui comme avec son
autre frère, et Louis qui est très distant ne parvient pas à ôter les doutes qu'elle peut avoir et
à instaurer une complicité. Finalement, l'auteur montre que la difficulté à communiquer est la
source de la complexité de la relation entre Suzanne et Louis.
INTERMEDE
Intermède > renvoie au domaine du spectacle ou du divertissement.
jeu sur le mouvement qui peut évoquer le ballet, comme « un pas de deux »
LL- Antoine - Sc2, P2
Cyrano / Francois Berreur > 2e partie 1h23’30 (scène2 de la LL3 : 1h28’) ac/bdx
Introduire l’extrait
Jean-Luc Lagarce (1957-1995) est un dramaturge, metteur en scène, comédien français. Il est aussi fondateur
d'une compagnie et d'une maison d'édition théâtrales. Sa brève vie est marquée par une frénésie d'activités et de
nombreux succès. Lagarce décède du sida à l'âge de 38 ans.
Lagarce publie sa pièce Juste la fin du monde en 1990. Jamais jouée de son vivant, elle connaît un succès
posthume, entrant en 2008 au répertoire de la Comédie-Française.
La pièce met en scène les retrouvailles de Louis, qui se sait condamné par la maladie, avec sa famille, après une
très longue absence. Alors qu'il a décidé d'annoncer "sa mort prochaine et irrémédiable", son retour réveille
frustrations et reproches des membres de sa famille. Le huis clos met ainsi à jour les tensions entre des
personnages qui peinent à s'entendre et à se comprendre, entre malentendus, règlements de comptes et
non-dits.
Dans la scène 2 de la 2ème partie, Louis n'a toujours rien révélé à sa famille et s'apprête à repartir.
Antoine, son frère, propose de le raccompagner à la gare mais une dispute éclate avec Suzanne qui lui reproche
de vouloir précipiter le départ de Louis et d'être "désagréable". Antoine réagit vivement et le conflit s'envenime. On
assiste ainsi dans cette scène à un moment de tension extrême où ressurgissent rivalité fraternelle, mal être et
incompréhension mutuelle.
EXTRAIT 3 : 2e partie-scène 2 - Juste la fin du monde P
CATHERINE — Elle ne te dit rien de mal,
tu es un peu brutal, on ne peut rien te dire,
tu ne te rends pas compte,
parfois tu es un peu brutal,
elle voulait juste te faire remarquer.
ANTOINE. — Je suis un peu brutal ?
La douleur de vivre à l’ombre Pourquoi tu dis ça ?
du frère, un cri maladroit et Non.
Je ne suis pas brutal.
douloureux. Vous êtes terribles, tous, avec moi.
LOUIS. — Non, il n’a pas été brutal, je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
ANTOINE. — Oh, toi, ça va, « la Bonté même » !
CATHERINE. — Antoine.
Antoine n’est pas, comme Louis l’écrivain, un être de parole. Il est dépourvu d’une véritable faculté d’expression : on
l’entend dans les bafouillements, aposiopèses ou épanorthoses, nombreuses. Plus encore que le reste de la famille, il est
démuni par rapport au langage et aux sentiments « Nous ne savions pas te dire. »
Antoine apparaît comme un personnage extrêmement fragile, qui semble s’être totalement effacé face à son frère. Se
comparant à Louis, il estime n’avoir pas même le droit d’exister : « Je ne suis rien ». En fait, Antoine ne s’accorde pas le
droit d’exister face à son frère, il ne se l’est jamais accordé.
L’annonce tragique (au futur de certitude!) « lorsque tu nous quitteras encore, que tu me laisseras », où l’euphémisme «
quitteras » annonce le départ de Louis en même temps que sa mort, laisse deviner la culpabilité qu’Antoine ressentira à
propos des dernières paroles qu’il aura pu dire à son frère.
LL Epilogue
LOUIS.— Après ce que je fais,
EXTRAIT 4 : Epilogue je pars.
Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard,
Juste la fin du monde une année tout au plus.
Ce passage correspond à l’un des monologues de Louis. Situé après le drame en lui-même, il a lieu
quelques mois plus tard, « une année tout au plus ». Il semble que Louis parle depuis sa tombe ; il
raconte le souvenir estival d’un cri qu’il n’a pas poussé, et qu’il regrette.
En quoi cet épilogue apporte-t-il une fin éclairante au drame familial qui a précédé ?
4 lignes désolidarisées du reste (blanc) : sorte de préambule introduit par l’adverbe temporel « Après » qui induit un avant
: le repas en famille, le départ de Louis. > référence à l’ensemble des scènes qui précèdent.
Cela suggère une fermeture du récit sur lui-même.
Ouverture sur une prosopopée énoncée au présent de façon assez surprenante : effet de distorsion temporelle : épilogue =
temps post-mortem puisque Louis est déjà mort lorsqu’il prononce cet épilogue. C’est donc bien une voix d’outre-tombe qui
nous parvient.
Phrases inhabituellement brèves > effet dramatique accentué encore par actions qui s’enchaînent : « je pars. / Je ne reviens
plus jamais. Je meurs. »
Louis annonce son départ de façon définitive à l’aide d’une négation totale « ne plus » renforcée par l’adverbe « jamais »,
puis par le verbe « mourir » dans la phrase suivante « Je meurs ».
champ lexical du temps (« Après », « plus jamais », « quelques mois plus tard », « une année ») : repères temporels
brouillés > Louis semble parcourir le temps dans une accélération.
Bilan du 1er mvmt : C’est un personnage mort qui s’adresse à nous, et qui plus est conscient de cette mort. Cela créer un
effet de boucle avec le prologue qui débute par l’annonce de la mort de Louis. Il souligne le caractère inexorable de la
maladie et de la mort : Louis n’a pas pu échapper au destin.
Deuxième mouvement : Le souvenir de « Une chose dont je me souviens » à « du ciel et de la terre.
Louis raconte alors un souvenir, qu’il se remémore comme à lui-même : « Une chose dont je me souviens »
[Ce souvenir résonne de manière troublante avec un souvenir réel raconté dans le Journal de Lagarce.]
> retour au style autobiographique assez surprenant car il y a un décalage entre la tonalité morbide de la 1e strophe et l’irruption de ce souvenir
= effet presque comique, renforcé par la parenthèse « (après j’en aurai fini) », comme s’il rassurait le spectateur ennuyé que la pièce allait
bientôt être terminée.
Mais Lagarce joue sur le double sens de l’expression « j’en aurai fini » qui désigne aussi la mort : tonalité tragique
Cette parenthèse confirme qu’il faut entendre l’adverbe « encore » non pas au sens de « que je raconte une fois encore » mais un souvenir «
que je raconte avant de me taire ».
Souvenir : épisode antérieur au retour auquel on a assisté (« c’est pendant ces années où je suis absent »).
L’anaphore (3 fois) du présentatif « c’est » souligne l’évocation assez prosaïque, sans lyrisme du souvenir.
Situé dans un cadre spatio-temporel de plus en plus précis : indices spatio-temporels clairs et définis par une abondance de compléments
circonstanciels de lieu et de temps « c’est l’été, c’est pendant ces années […], / c’est dans le Sud de la France. ». Gradation comme un zoom sur
les détails de l’environnement du souvenir : « la nuit, dans la montagne, / […] le long de la voie ferré ». = Comme si Louis voulait attester de la
véracité de cet épisode.
Pourtant important chp lexical «la nuit, la nuit, sous la lune, la nuit» = dimension onirique (propre au rêve)
Etat d’esprit de Louis précisé : l’idée de solitude domine « Je marche seul » + sensation d’être perdu (« Parce que je me suis perdu » : double
sens : sens propre, il s’est égaré dans la montagne ; sens figuré, il s’est perdu dans sa propre vie, a perdu le sens des priorités, l’affection des
siens…) mais peur tenue à distance (« je n’y risque rien »)
>> apaisement , forme de confiance et de sérénité rarement exprimée : « je n’y risque rien », «je me retrouverai »
Souvenir lié avec « la maison où [il] vi[t] », qu’il cherche à rejoindre par le chemin le «plus court», la «voie
ferrée» >> symbolise le destin inéluctable, analogie avec sa vie qui prend fin prématurément.
Les méandres de la route, liberté de s'égarer puis, voie ferrée, chemin le plus court = efficacité finale pour
rejoindre la fin, pour se retrouver >> antithèse route/voie ferrée métaphore, parabole de l’existence de Louis…
>> volonté de rejoindre sa propre maison, après s’être perdu.
Dans le souvenir surgit alors « un viaduc immense », pont symbolique, « non-lieu » entre 2 mondes, vie / mort.
Adjectif « immense » associé au verbe « il domine » : image majestueuse autant qu’impressionnante
Louis « seul dans la nuit », fragile sur ce pont, symboliquement encore « à égale distance du ciel et de la terre »
> passeur de mot, qu’il faut dire, raconter, passeur coupé du monde, comme suspendu sous la lune
>> tonalité lyrique avec description cosmique / sorte de tableau romantique. Louis semble gagner par la poésie
et le sublime du lieu. Allitération en « l » comme une libération : « je suis à l’entrée d’un viaduc immense. Il
domine la vallée que je devine sous la lune / et je marche seul dans la nuit / à égale distance du ciel et de la
terre ».
Troisième mouvement : Le cri silencieux de « Ce que je pense » à « que je regretterai. »
Après avoir mis en place le souvenir dans son cadre spatio-temporel, Louis revient au cœur de son propos,
reprenant le récit au présent d’énonciation tout en le commentant : « Ce que je pense / (et c’est cela que je
voulais dire) ».
Il évoque alors un cri qu’il aurait voulu pousser, « un grand et beau cri, / un long et joyeux cri », un cri de «
bonheur » donc. Hypervalorisation avec des adjectifs mélioratifs = pouvoir cathartique du cri, qui n’est pas
utilisé.
Emploi du conditionnel « devrais », « résonnerait », « devrait » qui marque l’envie, le désir, mais aussi
l’inaccomplissement
Ainsi, Louis reste silencieux, comme il est demeuré silencieux face à ses proches, ne pouvant exprimer ce cri
qui dort en lui, s’interdisant le bonheur, lui qui, depuis l’enfance, sue le malheur (voir la tirade d’Antoine, 3,
II).
Polyptote du verbe « faire » d’abord à la forme négative totale du présent d’énonciation puis à celle du
passé composé à valeur d’accompli (« je ne le fais pas,/je ne l’ai pas fait ») : constat d’échec inéluctable. Il
est trop tard. Bilan définitif. Occasion ratée qui fait écho à l’ensemble de la pièce constituée d’une suite
d’occasions non saisies.
Comme à la fin de la pièce familiale, Louis reprend donc sa marche silencieuse et solitaire (« avec
seul le bruit de mes pas sur le gravier »), sans avoir rien dit.
Clôture du récit avec ce souvenir : la parenthèse et la tournure emphatique « (et c’est cela que je
voulais dire) » souligne l’importance de ce cri qui n’a pas eu lieu, comme une libération cathartique
impossible.
Louis n’a finalement pas su maîtriser jusqu’au bout tous ses sentiments, malgré le souhait de
maîtriser ses sentiments exprimé à la fin du prologue (« me donner et donner aux autres une
dernière fois l’illusion d’être responsable de moi- même et d’être, jusqu’à cette extrémité, mon propre
maître. »).
La dernière phrase confirme le constat d’un échec, le regret de n’avoir pas « hurl[é] une bonne fois »
est remplacé par le terme connoté péjorativement « oubli ». Le verbe « regretterai » fait résonner
l’amertume. Paradoxalement, il est conjugué au futur, comme un ultime refus de clore
définitivement la pièce, de se taire à jamais.
Conclusion LL Epilogue
- épilogue = symétrique avec le prologue : au désir du « dire » qui a échoué correspond le désir du cri,
étouffé lui aussi => mort du langage / mort du personnage
- Tragédie de la communication, du langage, et tragédie du personnage car il échoue sur toute la ligne :
Louis ne parviendra jamais à prévenir ses proches de sa mort prochaine, ni à communiquer d’aucune
façon avec eux. Il les abandonne une 2e fois, de façon définitive, les laissant avec leurs interrogations et
leurs rancœurs.
Ouverture
Néanmoins, François Berreur refuse ce terme d’échec. Lui voit dans le texte tout entier l’aveu de Louis,
sinon de JL Lagarce « Un échec de quoi ? Mais il le dit, excusez-moi ! Moi je suis dans la salle et je l’ai
entendu. […] Où voyez-vous l’échec, quand on n’a pas dit à cinq personnes ce qu’on a dit à des milliers ? »
(Loin dans les méandres de la parole, F.Berreur)
Les mots pour dire qu’on ne peut pas dire, qu’on essaie de dire
l’impression que le langage se
Aphasie : perte partielle ou totale de l’usage de la parole construit sous les yeux du spectateur
Aphérèse : suppression d’un ou plusieurs sons au début d’un mot (ex : bus pour autobus). Lagarce l’utilise de
manière syntaxique en supprimant des mots attendus en début de phrase, comme dans le titre par exemple.
Aposiopèse : figure de rhétorique consistant à ne pas terminer une phrase. Elle exprime une pensée, une réflexion
en suspens.
Épanorthose : figure de style qui permet de corriger une affirmation jugée trop faible en y ajoutant une expression
plus précise, plus frappante.
Polyptote : figure de style consistant à employer plusieurs formes grammaticales d’un même mot dans un même
énoncé.
Polysyndète : répétition d’une conjonction de coordination devant chaque terme d’une énumération.
Prolepse : procédé qui consiste à évoquer ce qui n’est pas encore advenu.
Soliloque : discours adressé à un personnage qui reste muet. À la différence de la tirade, le soliloque constitue une
forme d’introspection dans laquelle le personnage médite sur sa situation.
SYNTHÈSES
Une confrontation avec le passé à l’occasion
Eléments de
de retrouvailles familiales
synthèse
> les conséquences de l’absence
Ecouter la pièce
radiodiffusée ici
Théâtre et Cinéma
Etude du film
L’adaptation
cinématographique
de Xavier Dolan,
2016 Le questionnaire
d’accompagnement