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La Déclaration des

Droits de la Femme et
de la Citoyenne

Olympe de Gouges
1
Plan du Cours En autonomie

I- La Condition Féminine sous l’Ancien Régime


a) des voix féministes anciennes
b) L’Education des femmes sous l’Ancien Régime
c) La Loi
d) Le Travail
e) Le Statut Social

II-Les Femmes sous la Révolution


a) Les Débats des Lumières
b) Salonnières
c) Émeutières
d) La DDHC

III-Olympe de Gouges, femme de combat et combats d’une femme


a) Sa Vie
b) Ses Combats
c) Sa fin
d) Son oeuvre : la DDFC
2
I-La
CONDITION
des FEMMES
sous l’ANCIEN
RÉGIME
En autonomie Prise de notes / Carte mentale pour
pour lundi 17 avril garder trace et retenir l’essentiel 3
L’Education
des Femmes sous l’Ancien Régime

La mère laborieuse - Jean Siméon Chardin - L’Enfant au toton


4
Dominique Godineau, Les femmes dans la France moderne, XVIe‑XVIIIe siècle
L’instruction primaire des filles reste plus faible que celle des garçons (moins d’écoles, apprentissage manuel empiétant sur
l’enseignement général, intérêt secondaire des familles et des autorités), mais c’est surtout dans les milieux aisés que la
différence de traitement entre les deux sexes est flagrante.

Futurs notables dirigeants, les fils des élites fréquentent les collèges où ils reçoivent un savoir approfondi (latin, belles-lettres,
rhétorique). Rien de tel pour les filles, exclues des collèges et bien entendu de l’université. À elles qui n’occuperont ni offices ni
postes de pouvoir, les humanités et la culture classique seraient inutiles. L’éducation conventuelle1 n’est donc pas destinée à
cultiver leur esprit, mais à façonner des mères de famille chrétiennes. [...] Aux plus fortunées, l’on apprend à diriger une maison,
des domestiques, gérer des biens. À toutes, comme aux élèves des écoles charitables2, la modestie et la réserve propres aux
femmes. [...]

Les révolutionnaires accordent une place primordiale à l’instruction, considérée comme le plus sûr garant de la liberté et comme
une « propriété commune », un « droit commun » (Talleyrand3) [...]. Plusieurs plans d’instruction publique sont donc élaborés par
les députés, qui reconnaissent tous que l’instruction primaire est nécessaire aux deux sexes. Le principe d’égalité n’en est pas
pour autant affirmé. Ainsi dans son projet (septembre 1791) Talleyrand lie-t-il éducation et droits politiques : puisqu’elles seront
exclues du vote, des emplois publics et de toute participation au gouvernement, puisque la nature leur a réservé des fonctions
privées, pourquoi donner aux filles la même formation qu’aux garçons ? Il ne faut pas les laisser « aspirer à des avantages que
la Constitution leur refuse » [...].

1. Dispensée dans les couvents.


2. Qui accueillent les enfants pauvres.
3. Évêque rallié au tiers état dès 1789, il est député de l᾽Assemblée constituante.
5
Les Amusements de la vie privée

Jean Siméon Chardin

6
Laure Adler et Stefan Bollmann, Les femmes qui lisent sont dangereuses

Bien que cette femme, dont on peut supposer qu’elle sait également, en d’autres occasions, filer de la laine ou préparer une
soupe, tienne son livre entrouvert afin de pouvoir reprendre sa lecture là où elle l’a abandonnée, il ne semble pas qu’elle en ait
été distraite – parce que son mari lui aurait par exemple réclamé son repas, ses enfants leurs écharpes et leurs bonnets, ou
simplement parce que sa voix intérieure l’eût rappelée à ses devoirs domestiques. Si cette femme a interrompu sa lecture, c’est
plutôt librement et de son plein gré, pour réfléchir à ce qu’elle vient de lire. Son regard, qui ne fixe rien – pas même le spectateur
du tableau, qui se trouve ainsi renvoyé à lui-même –, témoigne d’une attention flottant sans contrainte, d’une intériorité
méditative. Cette femme continue à rêver et à penser à ce qu’elle a lu. Non seulement elle lit, mais elle paraît en outre se former
sa propre vision du monde et des choses.

[Les femmes lisent de plus en plus au XVIIIe siècle et délaissent la Bible pour l’Encyclopédie, les romans et les journaux.]

Le livre favorise la sociabilité et les échanges entre femmes. Dans les cercles et les salons, sous prétexte de lire, on refait le
monde. Commence alors à s’installer la litanie masculine, qui deviendra obsédante et récurrente tout au long du XIXe siècle, de
la « femme qui lit trop ».

La femme qui lit, d’ailleurs, lit toujours trop. Elle est dans l’excès, dans la transe, dans le dehors de soi. Il faut donc s’en méfier,
comme le fait cet homme compatissant : « Je ne fais pas reproche qu’une femme cherche à affirmer sa façon d’écrire et l’art de
sa conversation par des études appropriées et une lecture choisie avec décence et qu’elle tente de ne pas rester tout à fait sans
connaissances scientifiques ; mais elle ne doit pas faire de la littérature un métier, elle ne doit pas s’aventurer dans les domaines
de l’érudition.1 »

7
La Loi

Jean-Baptiste Greuze, Un mariage, et l’instant où le père de


l’accordée délivre la dot à son gendre, dit L’accordée de village 8
Les Femmes face à la Loi sous l’Ancien Régime

Dès sa naissance, en effet, l’existence d’une fille, issue


d’une union légale et quelles que fussent ses origines
sociales, se définissait par sa relation aux hommes. Son
Partout, la femme mariée est « en puissance de mari »,
père puis son époux en étaient légalement responsables et
c’està- dire sous son pouvoir légal. Maître de la société
elle devait à tous deux respect et obéissance, ainsi qu’on
conjugale, il est « son chef, son seigneur et son maître »
le lui avait appris. Père ou mari étaient censés la protéger
[...]. Elle lui doit obéissance et il peut la faire enfermer dans
contre les dures réalités d’un monde extérieur hostile. On
un couvent ; si le droit de correction tend à disparaître des
considérait aussi qu’elle était économiquement
coutumes, l’Encyclopédie assure pourtant encore que,
dépendante de l’homme qui contrôlait sa vie. Le père
quoiqu’il doive la traiter avec douceur et amitié, le mari «
devait s’occuper de sa fille jusqu’à son mariage ; il
doit la corriger modérément, si elle s’oublie » (« Correction
négociait alors (lui-même ou par l’intermédiaire d’un
»).
représentant) la dot de celle-ci avec le fiancé. Le mari, au
moment du mariage, s’attendait à être indemnisé pour le
Dominique Godineau, Les femmes dans la France moderne,
choix de son épouse. Par la suite, il devenait responsable
XVIe-XVIIIe siècle
du bien-être de sa femme mais la contribution initiale de
celle-ci était véritablement décisive pour l’établissement du
nouveau ménage.

G. Duby et M. Perrot, Histoire des femmes en Occident


tome 3 : « XVIe-XVIIIe siècle »
9
Le Travail

10
Jeune femme à l’ouvrage Françoise du Parc La marchande de tisane
11
Les Femmes et le travail sous l’Ancien Régime
Des femmes du tiers état écrivent au roi une pétition dans
laquelle elles commencent par souligner les difficultés de la
Que les représentations et la répartition sexuée des rôles
condition féminine.
sociaux fassent prioritairement des femmes des épouses
et des mères ne signifie pas que leur horizon est borné
Pour obvier1 à tant de maux, Sire, nous demandons : que
aux murs de leur maison. Les hommes occupent certes les
les hommes ne puissent, sous aucun prétexte, exercer les
fonctions publiques, mais les femmes ne sont pas
métiers qui sont l’apanage des2 femmes, soit couturière,
absentes de l’espace public. [...] Le travail des femmes
brodeuse, marchande de mode, etc. etc. ; que l’on nous
n’est pas une nouveauté apparue aux XIXe - XXe siècles.
laisse au moins l’aiguille et le fuseau3, nous nous
Dans les campagnes et les villes de la France moderne,
engageons à ne manier jamais le compas ni l’équerre.
les femmes du peuple, mariées ou seules, sont obligées
de travailler pour vivre : or, elles représentent tout de
Nous demandons, Sire, que votre bonté nous fournisse les
même la majorité de la population ! Celles des classes
moyens de faire valoir les talents dont la nature nous aura
moyennes, épouses de maîtres artisans, marchands ou
pourvues, malgré les entraves4 que l’on ne cesse de
négociants, sont souvent associées aux affaires ; et
mettre à notre éducation.
certaines sont même à la tête de petits ou grands
négoces. En fait, seule une minorité ne participe pas à la
Pétition des femmes du tiers état au roi, 1789.
vie économique.
1. Remédier.
Dominique Godineau, Les femmes dans la France moderne, 2. Réservés aux.
XVIe‑XVIIIe siècle 3. Instrument qui sert à tisser.
4. Obstacles.
12
Le Statut social

Jean Siméon Chardin, Le Bénédicité 13


Comment est défini le statut social des Femmes sous l’Ancien Régime

Dans la société d’Ancien Régime, chacun est défini par son état, c’est-à-dire sa position dans la société. On considère au [XVIe
siècle] que cet état est voulu par Dieu, qu’il fait partie de la construction divine du monde, et donc de l’ordre social et politique :
aussi n’est-il pas question de le rejeter, mais faut-il au contraire s’y conformer en bon chrétien et en bon sujet. Or, alors que pour
les hommes l’état est avant tout déterminé par le statut social et/ou professionnel, les femmes, dans cette optique, sont placées
sous le signe de leurs fonctions familiales. Être femme, c’est être épouse et mère. Certes, les hommes aussi n’accèdent
pleinement au statut d’homme, d’adulte, qu’une fois mariés ; mais ce n’est pas être mari et père qui les définit socialement.
Cultiver la terre, produire des objets, se battre au service du roi : tels sont par exemple les devoirs d’un paysan, d’un artisan ou
d’un noble au XVIe siècle. Être mère et épouse : tels sont les devoirs d’une femme, qu’elle soit paysanne, ouvrière de l’artisanat
ou noble. « Être homme » n’est pas un état ; « être femme », c’est-à-dire être épouse et mère, en est un. Bien entendu, les
différences sociales se conjuguent à cette définition commune. Dans cette société très hiérarchisée et inégalitaire, c’est à
l’intérieur de son milieu, défini par l’état de son père ou de son mari, qu’une femme est épouse et mère : noble, paysanne,
travailleuse de l’artisanat n’ont pas la même vie. Elles sont séparées, voire opposées, par de multiples frontières sociales et
juridiques ; leur rang, leurs prérogatives1, leurs préoccupations ne sont pas les mêmes. Mais elles sont rassemblées dans le
regard commun porté sur l’être féminin, ses caractéristiques et ses fonctions. Ainsi, même si dans la vie courante les femmes ne
sont pas seulement des épouses et des mères, le discours tenu sur elles les situe toujours dans le cadre familial.

Dominique Godineau, Les femmes dans la France moderne, XVIe‑XVIIIe siècle

14
Élisabeth Vigée-Lebrun,

Marie-Antoinette de Lorraine-Habsbourg,
reine de France, et ses enfants,

1787

Pour mieux comprendre le “plan com”à


l’oeuvre derrière ce portrait de la reine
Marie-Antoinette, regardez une courte
vidéo sur ce tableau (10min)
et/ou lisez cette page

15
lundi 17 avril - Auto Evaluation avant Quizinière et reprise

Quiz d’auto évaluation


+ Synthèses à retenir
A COPIER POUR ÊTRE RETENU

17
Contre une idée reçue :

Des voix féministes


anciennes
Christine de Pizan (MA) ou
Mme de Motteville (17e) 18
En autonomie pour
Lundi 17 avril

II-Les Les débats des


FEMMES
sous la Lumières
RÉVOLUTION Prise de notes / Carte mentale pour
garder trace et retenir l’essentiel
19
Quizz autocorrigés
LLS.fr/DDFCRevolution
Les origines de la Révolution française :

LLS.fr/DDFCJeu
Le Serment du Jeu de paume

LLS.fr/DDFCBastille
La prise de la Bastille
En autonomie
si besoin est
LLS.fr/DDFCPrivileges
L’abolition des privilèges

La Déclaration des Droits


ANALYSE
de l’Homme et du Citoyen
20
La pensée des Lumières “La pensée des Lumières
Le siècle des Lumières est la période du xviiie siècle envisage toute l’espèce
(18e), donc la fin de l'époque moderne, caractérisée
par un grand développement intellectuel et culturel en humaine sans distinction, de
Europe, et dans les colonies européennes d'Amérique
du Nord. Il est à l'origine d'un grand nombre de quelque ordre que ce soit.”
découvertes, inventions et aussi de révolutions
(Déclaration d'indépendance des États-Unis
d'Amérique, Révolution française, etc...).
Encyclopédie de Diderot et
C'est le siècle des philosophes (Montesquieu, d’Alembert : Dictionnaire
Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Denis Diderot,
d'Alembert), qui se concentrent tous sur un même
raisonné des Arts, des
sujet : la remise en question des structures politiques Sciences et des techniques
et des systèmes de valeurs traditionnelles (religion,
monarchie absolue, éducation, sciences...). Ce siècle
est nommé le siècle des Lumières, car à cette
époque, les philosophes ont voulu éclairer l'esprit des
gens et les délivrer des ténèbres de l'ignorance, de
l'Obscurantisme.
21
La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les
idées n’est point du ressort des femmes [...]. La femme observe, l’homme raisonne.
Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’Éducation, 1762.

[Les législateurs] n’ont-ils pas violé le principe de l’égalité des droits, en privant tranquillement la moitié du genre humain de celui de
concourir à la formation des lois, en excluant les femmes du droit de cité1 ? [...] Les droits des hommes résultent uniquement de ce
qu’ils sont des êtres sensibles, susceptibles d’acquérir des idées morales, et de raisonner sur ces idées ; ainsi les femmes, ayant
ces mêmes qualités, ont nécessairement des droits égaux.
Nicolas de Condorcet, Journal de la Société de 1789, 3 juillet 1790.

1. Des droits civiques, comme le droit de vote ou celui d’être élu(e).

La pensée des Lumières est une pensée de l’universel, qui, du moins dans la théorie, envisage toute l’espèce humaine sans
distinctions, de quelque ordre qu’elles soient. Mais les philosophes ne sont pas de purs esprits : vivant dans leur époque, ils ne sont
pas à l’abri des contradictions et paradoxes qui surgissent dès que l’on quitte le plan des principes pour regarder une société où, de
fait, les différences et les inégalités existent.
Dominique Godineau, Les femmes dans la France moderne - XVIe-XVIIIe siècle, 2015

Les fonctions privées auxquelles sont destinées les femmes par la nature même, tiennent à l’ordre général de ce qu’il y a entre
l’homme et la femme. Chaque sexe est appelé à un genre d’occupation qui lui est propre. [...]
Voulez-vous que dans la République française, on voie [les femmes] venir au barreau, à la tribune, aux assemblées politiques [...]
abandonnant et la retenue, source de toutes les vertus de ce sexe, et le soin de leur famille ?
Rapport du représentant Amar à la Convention, 30 octobre 1793.22
Les Salonnières

23
Le Salon au XVIIIe

Réunions d’écrivains, artistes,


intellectuels, et personnes
influentes qui se retrouvent à
intervalles réguliers dans le salon
de riches particuliers, des femmes
le plus souvent.

“espace de sociabilité intellectuelle”

>> se montrer dans la société,


échanger des bons mots sur l’art, la
littérature, entre figures de
l’aristocratie, ministres et artistes,
hommes et femmes de lettres.

24
Les salons, lieux d’affirmation féminine ?
On a souvent dit que les salons étaient le lieu d’une « Maîtresses de maison avant tout, mais aussi financières
culture féminine » voire le « paradis des femmes ». généreuses, mesdames Geoffrin, Du Deffand, De
C’est sans doute trop dire. Mais, dans la société Lespinasse ou Necker restaurent, badinent et… écoutent
aristocratique d’Ancien Régime [...], il est évident que le un nombre varié d’hommes de lettres, de gens de cour et
salon, par son caractère mi-privé mi-public, est le lieu d’étrangers qui discourent, persiflent1 ou lisent à haute voix
idéal d’affirmation du rôle culturel accordé aux femmes. leurs œuvres. Malgré une influence culturelle indéniable,
[...] Elles peuvent encourager, recevoir les écrivains ou ces femmes de haute intelligence s’efforcent de ne jamais
les artistes qu’elles apprécient, animer et diriger la rendre publics leurs pensées ou leurs écrits, obéissant à
un code de conduite qui les soumet, comme auteures, à la
conversation, recevoir les hommages des hommes à la
modestie, voire à l’anonymat. Celles au contraire qui se
mode. Les salons permettent à certaines femmes de
font publier tout en voulant conserver une vie mondaine
jouer un rôle culturel, social, voire politique conforme à
sont en butte au discrédit2 et à la satire, qu’elles soient
leur talent, alors même que le monde académique ou
poétesses comme Mme du Boccage ou physiciennes
les institutions politiques officielles ne leur accordent
comme Émilie du Châtelet.
aucune place.
Geneviève Dermenjian, Irène Jami, Annie Rouquier et
Antoine Lilti, « Salons littéraires », Françoise Thébaud / Association Mnémosyne, La place
Encyclopædia Universalis, en ligne des femmes dans l’histoire : une histoire mixte 25
Les Emeutières

26
Extrait de
« La Révolution
française. Les
années lumières »,
Roberto Enrico,
1989

27
5-6 octobre 1789 - La Marche des Femmes à Versailles - en BD

Émeutières ANALYSE

Des révolutionnaires comme les autres


> les femmes se sont engagées dans la
Révolution au même titre que les
hommes, en prenant les mêmes risques.

Pourtant, des femmes discréditées,


victimes des stéréotypes de genre.

=> Des femmes qui n’accèdent pas à la


tribune = pas de prise de parole politique

un moment fort : le roi signe des déclarations inédites en faveur de l’


égalité entre les individus, et il quitte le havre protégé qu’était le
château de Versailles, symbole de la monarchie absolue.
28
Les Femmes dans la Révolution

Militantes et engagées, connues ou non, des femmes de toutes les classes sociales participent à la Révolution à leur
manière.
Des femmes de milieux aisés, de l'aristocratie, de la noblesse et de la bourgeoisie se regroupent en comités et en clubs,
elles organisent des réunions publiques et privées, écrivent des cahiers de doléances, commentent les journaux et les
lois. Et appellent aussi les hommes à agir. Elles sont si actives qu'on appelle leurs salons « la République des lettres ».
Des ouvrières, domestiques, paysannes, couturières… manifestent dans la rue, s'installent aux tribunes, veulent plus
d'instruction, exercer et protéger certains métiers. Pour toutes le taux de mortalité est important, à l'accouchement surtout.
Elles sont différentes mais ont un point commun : on parle d'elles presque toujours par rapport à leur mari.
Pourtant, malgré les promesses brandies quant à l'universalisme des droits fondamentaux, les femmes sont délaissées
par la Première République. Issues de la haute bourgeoisie, de milieux commerçants ou du peuple, elles vont se battre
sans relâche pour être perçues comme des citoyennes à part entière, et pas en tant que femmes réduites à leur rôle de
mère, confinées dans la maison familiale.

29
Les défenseurs de l’égalité homme-femme
Le député Condorcet (1743-1794) : il publie en 1790 le texte
De l’admission des femmes au droit de cité où il écrit qu’hommes
et femmes possèdent les mêmes droits naturels et que leur
refuser c’est « violer le principe de l’égalité des droits ».

Théroigne de Méricourt
(1762-1817) réclame pour les
femmes le droit de voter dans les
clubs et assemblées et celui de se
rassembler en armée. Les femmes
doivent s’affirmer comme des
citoyennes à part entière. Ses
revendications féministes radicales
la rendent suspecte aux yeux des
révolutionnaires : en 1793, elle est
fessée et fouettée en place publique
par des femmes jacobines.

30
Du Salon aux armes !
Théroigne de Méricourt

et le CCRR 31
32
III- Olympe de Femme de combats,
GOUGES combats d’une femme

En autonomie pour Prise de notes / Carte mentale pour


Lundi 17 avril garder trace et retenir l’essentiel
33
2’30

34
6’18

35
Emission VIRAGO
de Aude GG
consacrée à OdG

2’30

36
En bande dessinée - au CDI

37
OLYMPE de GOUGES - 1791 - pourquoi la DDFc ?
En 1791, une femme autodidacte et très active
politiquement, prend sa plume et rédige la Déclaration
des droits de la femme et de la citoyenne.

Elle souhaite dénoncer le caractère factice (=faux) d’une


déclaration qui se prétend universelle mais exclut les
femme.

Le texte passe inaperçu : il est imprimé en seulement cinq


exemplaires, faute de moyens.

C’est pour ses idées politiques (pas assez radicales aux


yeux des révolutionnaires) et non féministes qu’elle est
guillotinée en 1793. Elle s’écrie devant la guillotine :
« Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort ! »
38
39
40
41
Olympe de Gouges, réformiste et féministe
Dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges revendique
que la femme doit être libre et égale aux hommes en droits. Mais ses combats ne se
limitent pas à l’égalité femme-homme.

Au début de 1790, dans une pièce de théâtre, Nécessité du divorce, elle demanda
l'instauration du divorce.

Très cultivée, Olympe de Gouges fréquente des salons et de grandes figures intellectuelles
comme Condorcet.

Également abolitionniste, elle est membre de la Société des amis des Noirs, une
association qui a pour but l'égalité des Blancs et des Noirs et l'interdiction progressive de
l'esclavage.

Elle fréquente aussi la Société patriotique et de bienfaisance des amies de la Vérité, ayant
pour vocation de s'occuper de l'apprentissage des petites filles pauvres.

Guillotinée en 1793, son buste est aujourd'hui érigé à l'intérieur de l'Assemblée nationale. 42
Olympe de Gouges était une autrice prolifique et politiquement
engagée, notamment en faveur des droits des femmes et contre
l’esclavage. Mais elle a également défendu la création de maternités, le
droit au divorce, la libre recherche de paternité et la reconnaissance
par les pères des enfants dits illégitimes. Elle a également appelé à la
création d’un impôt patriotique et a proposé d’ambitieuses réformes
sociales. Pendant la Révolution, elle appartenait au courant modéré
des Girondins. Elle a dénoncé la violence de la Terreur.
Aujourd’hui, elle est considérée comme l’une des pionnières du
féminisme français.

Les éléments biographiques à retenir :


> 1748 : naissance à Montauban, dans un milieu bourgeois
> 1765 : mariage (contre son gré)
> 1766 : décision de rester veuve (elle peut ainsi publier librement ses écrits)
> 1770 : arrivée à Paris (salons parisiens, accusations de courtisanerie)
> 1782 : pièce de théâtre contre l’esclavage (scandale)
> 1791 : publication de la Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne, qu’elle adresse à la reine
> 2 nov. 1793 : condamnée à mort par un tribunal révolutionnaire pour ses
prises de position contre Robespierre et Marat
> 3 nov. 1793 : Gouges est guillotinée

ANALYSE 43
Olivier BLANC, biographe

Olympe de Gouges,
une humaniste aux
multiples combats

qui a « inventé un modèle


d’engagement politique au
féminin »
>> intervenir directement dans la
politique : affiches placardées à
Paris, dont l’une lui coûtera la vie.

oubliée de l’Histoire
raisons politiques : ce sont les
vainqueurs qui ont écrit l’Histoire,
le groupe parlementaire radical
des Montagnards

raisons misogynes : ce sont les


hommes qui écrivent l’Histoire.
=> Olympe de Gouges victime
d’un double mépris, en tant que
Girondine et en tant que femme. 44
Voici en quels termes celui qui est alors procureur de Paris, avant d’être lui-même guillotiné en 1794,
Pierre-Gaspard Chaumette face aux "républicaines" commente l’action d’Olympe de Gouges :

« [une] virago, la femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges qui


la première institua des sociétés de femmes, abandonna les soins de
son ménage, voulut politiquer et commit des crimes… Tous ces êtres
immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois. Et vous
voudriez les imiter ? Non ! Vous sentirez que vous ne serez vraiment
intéressantes et dignes d’estime que lorsque vous serez ce que la
nature a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes soient
respectées, c’est pourquoi nous les forcerons à se respecter
elles-mêmes. »

45

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