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Partie I
Une dystopie est un récit de fiction dans lequel une société imaginaire sombre vit dans
un monde dans lequel il lui est impossible d’en échapper. Le plus souvent les dirigeants
de cette société exercent une autorité totale sur des citoyens privés de toutes leurs
libertés.
Le genre de la dystopie est souvent lié à la science-fiction car il relève avant tout de
l’anticipation ; ainsi toute œuvre d’anticipation sociale décrivant un avenir sombre est
qualifiée de dystopie, dans le genre de la science-fiction (qui lui est plus généralement
caractérisé par des mondes inventés, des sociétés et êtres situés dans des espace-temps
fictifs, souvent futurs)
Le terme « science-fiction » est apparu pour la première fois dans A Little Earnest Book
Upon A Great Old Subject (William Wilson) en 1851, mais il ne s’agissait que d’un usage
isolé. La science-fiction moderne compte deux pères fondateurs : Jules Verne (avec De la
Terre à la Lune en 1865) et Herbert George Wells (avec notamment La Machine à
explorer le temps en 1895). On trouvera même dans les colonnes du courrier de
Amazing Stories en janvier 1927 la phrase suivante : « Remember that Jules Verne was
sort of Shakespeare in science fiction ».
1) Seven sisters ou What happened to Monday est une distopie écrite par Max Botkin et
Kerry Williamson, apparue en film en 2017. Celle-ci est plutôt populaire notamment
pour sa présentation au Festival international du film de Locarno 2017.
Nous suivons ici l’histoire de sept sœurs, comme l’indique le titre, plus précisément des
septuplées, dont la vie dépend de règles strictes. En effet, dans cet univers, dans le but
de faire face à la surpopulation de la Terre, la politique de l’enfant unique a été mise en
place. Cependant, Terrence, leur grand-père, décide malgré tout de les élever toutes les
sept, les contraignant à partager une identité unique hors du foyer. Elles jouent donc le
rôle de "Karen Settman", le nom de leur mère, tour à tour afin de mener une vie
tranquille, si l’on peut appeler cela ainsi. Chacune des sœurs porte pour prénom l’un des
jours de la semaine, qui détermine son jour de sortie, ainsi leur étrange mode de vie leur
permît de survivre durant trente ans, jusqu’au jour ou Monday, l’aînée des sept sœur
disparaît sans laisser de trace.
2)Le roman 1984 est un bon exemple de dystopie. En effet, ce roman écrit par Georges
Orwell parut en 1949 retrace l’histoire d’un personnage vivant dans un monde où toute
personne est surveillée par des caméras et par un homme : Big Brother ainsi que sa devise,
« Big Brother is watching you ». Dans un contexte d’après-guerre, l’auteur décrit un monde
futuriste soumis à un régime totalitaire rappelant l’URSS sous la direction de Joseph Staline.
3) Le Passeur, en l’anglais The Giver, est un livre de Loïc Loiry paru en 1993 en Amérique (et
en 1994 en France). Il a ensuite été adapté en film en 2014 par Philip Noyce dans une
version supposée plus adaptée à un public adolescent.
Nous suivons l’histoire de Jonas, un jeune garçon vivant dans un monde futuriste sensé être
utopique. Seulement voilà, les citoyens sont manipulés et contrôlés de sorte à ne plus
ressentir d’émotions et ne jamais agir à l’encontre de la société. Celle-ci leur impose des
règles strictes telles que « chaque cellule familiale ne peut avoir au maximum que deux
enfants : un garçon et une fille » ou encore « la nuit, il est interdit d’aller dehors ». Les
enfants grandissent surveillés de près et se voient attribués un métier à leurs douze ans,
celui-ci leur aura été choisi par des membres « comité » d’après l’étude de leurs
comportements, goûts et aptitudes. Tout commence à changer pour Jonas lorsque celui-ci
est choisi pour être le prochain « Dépositaire de la mémoire », une voie honorifique mais de
grande souffrance qui lui serait réservée grâce à sa « capacité-à-voir-l’au-delà ».
Présentation de l’auteur
Margaret ATWOOD est une romancière, poète et critique littéraire née le 18 novembre 1939
à Ottawa au Canada. Fille de Carl Edmund Atwood et de Margaret Killiam, elle a commencé à
écrire à l’âge de 16 ans. Elle entreprit des études à l’université de Toronto où elle obtenue
un baccalauréat en arts en anglais. Elle reçut la médaille E. J. Pratt pour son recueil de
poème Double Persephone.
Elle poursuit ses études à Harvard où elle obtient une maîtrise en littérature anglaise.
En 1987, le prix Arthur C. Clarke lui est décerné pour son roman la Servante écarlate, une
fiction dystopique se déroulant dans un futur où la religion domine la société et où les
femmes sont soumises à une vie d’esclave. Elle a remporté le prix Booker en 2000 pour son
roman "Le tueur aveugle" ainsi qu’en 2019 pour « Les Testaments ».
Le roman se déroule dans un futur proche, ravagé par les pollutions. Un nombre très faible
de femmes peut alors avoir des enfants et le taux de natalité a donc chuté de façon
alarmante. Le gouvernement entier a été renversé par une secte politico-religieuse
protestante pour créer la République de Galaad. Au sein de cette nation misogyne et
répressive, les rebelles, homosexuels, médecins et prêtres de confession catholique sont
pendus ; les femmes encore fertiles sont forcées de devenir des « handmaids » (servantes).
Elles sont les reproductrices officielles de la société.
Quelle secte religieuse est au cœur du roman ? Quels sont ses principes ?
règles ?
Nous retrouvons au cœur de ce roman le Centre Rouge. C’est dans ce lieu que les servantes
sont formées par les tantes. Dans cette communauté religieuse et totalitaire appelée
« l’œil », les femmes sont considérées comme de vulgaires objets ne servant que pour la
procréation. Ainsi, les femmes sont envoyées dans différents domiciles où leur seul but sera
d’avoir un enfant. Mais ces femmes suivent des règles strictes. En effet, les servantes sont
obligées de rester chez leur commandant et ne sont autorisés qu’à sortir par groupe de
deux. De plus, aucune forme d’amour entre la servante et le commandant n’est autorisé. Par
exemple, le commandant et la servante ne peuvent s’embrasser. De plus, l’épouse du
commandant doit assister aux tentatives entre la servante et le commandant. Les servantes
se doivent aussi de porter une tenue rouge, permettant à tout le monde de les reconnaitre.
De plus, cette secte suit des codes originaux. En effet, l’accouchement d’une servante
s’effectue sur une double-chaise où la femme du commandant peut assister à cet
accouchement. Ainsi, les femmes pouvant avoir des enfants sont utilisées contre leur gré
comme esclave de procréation.
Expliquez le sens que vous donnez au titre ? en quoi le rouge est-il un
leitmotiv ?
Le rouge a une symbolique forte, il représente le sang et la guerre mais aussi la passion ou
l’amour. Dans le livre, il revient à plusieurs reprises en symbolisant le sang menstruel et ainsi
la fertilité, les servantes toutes vêtues de rouge ont pour unique rôle de procréer, afin de
satisfaire leur commandant et sa femme. Le rouge tient ainsi un rôle de leitmotiv, rappelant
incessamment la prison que représente la fertilité dans laquelle sont les servantes. Dans le
titre, il permet de montrer que le personnage de Defred est soumis elle aussi à cette société
patriarcale extrémiste. En effet, le rouge est une couleur qui ne passe pas inaperçu, elle tient
donc ici une double signification. Le rouge représente également la rébellion, et le
soulèvement que certaines servantes vont entraîner, ne pouvant se soumettre aux ordres de
leur société réductrice.
Dans ce récit, nous pouvons relever une grande inspiration au récit biblique de Jacob. En
effet, les idéaux du Centre Rouge ne peut être qu’une référence à l’histoire de Rachel et de
sa sœur Leah, qui ont toutes les deux épousé Jacob. Alors que Léa n’a eu aucun mal à
concevoir des enfants, Rachel n’a pas réussi à tomber enceinte. Frustrée, Rachel a offert à
Jacob une servante qui servirait d’objet par lequel elle pourrait avoir des enfants. Cette
servante a donné naissance à deux fils, qui ont tous les deux été nommés par Rachel. Ainsi
nous retrouvons les servantes ayant pour rôle de porter les enfants du commandant à la
place de sons épouse. De plus, l’utilisation de ce récit biblique peut aussi rappeler la
communauté religieuse extrémiste qu’est le Centre Rouge.
Moira est une femme rebelle que nous apprenons à connaître à travers les souvenirs de
Defred. En effet, la meilleure amie de notre protagoniste a les idées bien en place et n’hésite
pas à le faire savoir. Lorsque quelquechose ou quelqu’un lui déplaît, elle le fait savoir et fait
changer les choses. Moira a un fort caractère et aime bien provoquer, celle-ci taquine
souvent son amie et l’amant de celle-ci. Elle n’hésite pas à tenir des propos misandres pour
faire réagir Defred suite à quoi nous apprenons que Moira est lesbienne. Nous comprenons
donc que les caractères opposés des deux femmes, font de celui de Moira une source
d’admiration pour Defred.
Tante Lydia : Ce personnage au caractère autoritaire et plutôt effrayant est une femme qui a
pour rôle de former les servantes au Centre Rouge. Elle leur enseigne les règles de la
nouvelle République de Galaad, mais se charge aussi de les punir si elles désobéissent, de
manière cruelle et le plus souvent physiquement.
Quelques citations
« Notre fonction est la reproduction ; nous ne sommes pas des concubines, des geishas ni
des courtisanes. Au contraire : tout a été fait pour nous éliminer de ces catégories. Rien en
nous ne doit séduire, aucune latitude n’est autorisée pour que fleurissent des désirs secrets,
nulle faveur particulière ne doit être extorquée par des cajoleries, ni de part ni d’autre ;
l’amour ne dois trouver aucune prise. Nous sommes des utérus à deux pattes, un point c’est
tout : vases sacrés, calices ambulants. »
« Aucune mère ne correspond jamais, totalement, à l’idée que se fait un enfant de la mère
parfaite, et je suppose que l’inverse est vrai également »
« Quand j’étais plus jeune et que j’imaginais la vieillesse, je pensais, peut-être est-ce que l’on
apprécie les choses davantage, quand on a plus beaucoup de temps devant soi ; j’oubliais la
perte des forces. »
« Nous vivons, comme d’habitude, en ignorant. Ignorer n’est pas la même chose que
l’ignorance. Il faut se donner de la peine pour y arriver. »
« Tu ne peux pas contrôler ce que tu ressens, dit une fois Moira, mais tu peux contrôler tes
actes »
Avis justifiés
Alix : J’ai personnellement trouvé la lecture de ce livre très longue, et pesante, ce qui je
pense prouve que Margaret Atwood a parfaitement su imager cet univers sexiste extrémiste.
Tout au long du livre, l’ambiance est grave et chaque chapitre donne la peur d’être pire
encore que le précédent. Bien que dans la majeure partie de l’œuvre il s’agisse de scènes
calmes, dont le rythme est lent, la tension n’en est pas moins pesante. Defred décrit avec
des termes crus la dureté du monde dans lequel elle vit. Dans la scène où elle croise des
touristes notamment, on voit l’ignorance des étrangers quant à sa réalité, et leur
impossibilité d’agir pour l’aider : ils ne savent pas, et même si c’était le cas, ils ne pourraient
rien faire. Cette société surcontrôlée fait prendre conscience sur bien des réalités quant à
notre société actuelle. Les violences faites aux femmes, le racisme, l’esclavagisme, le viol, le
fanatisme religieux, nombreux sont les thèmes graves et polémiques abordés, auxquels
l’auteure fait écho, rappelant l’existence, et les conséquences engendrées, encore
aujourd’hui.
Soline : La servante écarlate étant le premier roman dystopique que j’ai lu, je l’ai trouvé
étrangement proche de certaines politiques de pays. Il m’a également perturbée puisqu’il
n’est pas situé dans le temps : est-ce actuel, réel, ou loin de nous ? J’ai admiré le personnage
de Moira pour sa combattivité : elle donne envie de se rebeller pour l’émancipation.
Finalement, j’ai bien aimé l’écriture du livre : l’alternance entre la dure réalité du quotidien
de Defred et ses nombreux souvenirs de son ancienne vie apportent de la douceur aux
évènements pourtant tragiques.
Guéric : Le début de cette lecture était complexe car je ne comprenais pas bien de quoi
parlait Defred et je n’arrivai pas à me situer dans l’histoire. De plus, le ton monotone du
personnage principal rendait la compréhension du texte difficile mais par la suite j’ai compris
que ce ton assez linéaire était une manière de décrire les horreurs de cette société comme
quelque chose de banal et de quotidien. Ainsi il était possible de se plonger pleinement dans
l’ambiance du roman. J’ai aussi apprécié le fait que defred raconte ce qui se passe
actuellement et ce qu’elle faisait quand elle était encore libre, encore une femme et non un
objet. Pour finir, cette lecture ne m’a pas déplu même si ce récit était long et parfois
inintéressant due à la trop grande quantité de description.
Partie II
La prise du pouvoir par les talibans a entrainé une vague de nouvelles règles mises en place
par le gouvernement et supprimant les libertés des populations, mais plus précisément des
femmes. L’association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan a publié les nouvelles
interdictions auxquelles les femmes seront confrontées. Parmi elles : « 4. Interdiction
d’étudier dans les écoles, les universités ou tout autre établissement d’enseignement (les
Talibans ont transformé les écoles de filles en séminaires religieux). 5. Les femmes doivent
porter la burqa, qui les couvre de la tête aux pieds. » Ces séminaires religieux font penser au
Centre Rouge, ou les servantes sont « conditionnées » à devenir de bonnes servantes. Les
restrictions vestimentaires sont également présentes dans le roman, ou chaque classe
sociale de femmes doit porter une certaine tenue avec une couleur spécifique. Ce livre
dystopique n’est donc pas tant une fiction…
Autres…La maltraitance des femmes dans notre société, un roman plus proche
de nous qu’on ne le croit.