Revue des Études Grecques

Marie Delcourt. Euripide et les événements de 431-424

(Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université
de Liège, fascicule XLIV, Serta Leodiensia)
Louis Méridier

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Méridier Louis. Marie Delcourt. Euripide et les événements de 431-424 (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de
l'Université de Liège, fascicule XLIV, Serta Leodiensia). In: Revue des Études Grecques, tome 45, fascicule 212, Juillet-
septembre 1932. pp. 322-323;

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322 COMPTES KENDUS BIBLIOGRAPHIQUES
tombeau du fondateur, dans le bas-
côté sud-ouest de l'église (pi. 59 et
60). On reconnaît un style pareil à
celui du Protaton, de Graeanica et de
Nagorioino. Une comparaison rapide
avec un autre portrait de Milutin sur
le paroi est de l'ésonarthex (pi. 19, 2),
celui-ci restauré, suffit à montrer
comment les retouches ont fait disparaître
le beau style du xive siècle, tout en
respectant la composition.
Enfin à Vatopéili, les peintures qui
décorent la partie supérieure des
murs du narthex n'ont pas été
retouchées. Dans le naos même les
restaurateurs semblent avoir rehaussé les
couleurs en respectant les formes
primitives.
On voit toute l'importance de ces
découvertes. Elles montreiittout d'abord
qu'une partie des peintures du Mont-
Athos sont l'œuvre dune période de
création. Elles nous font voir aussi
qu'au xive siècle, il y eut sur le
territoire byzantin, aussi bien qu'en
Serbie, des peintures exécutées de cette
manière vigoureuse, hardie, avec des
figures expressives, enfin dans ce style
réaliste qui caractérise l'école dite
macédonienne. Les monuments
proprement byzantins du xiv° siècle qu'on
connaissait jusqu'à présent, Kahrié-
djami, les églises de iMistra, quoique
différant entre eux sur bien des points,
représentent tous la manière byzantine
élégante. Lorsqu'on croyait que le
Protaton datait du xvie siècle, on
s'expliquait assez mal comment le style de
l'école macédonienne avait pu
apparaître au Mont-Athos brusquement
à cette époque, alors qu'il avait disparu
partout ailleurs. En restituant aux
peintures du Protaton leur date exacte,
M. Millet a éclairci la question.
Les autres peintures de l'Athos
appartiennent presque toutes à l'école
Cretoise. Elles sont surtout importantes
pour l'étude de l'iconographie, car,
malgré les restaurations, les compositions
sont restées intactes. Ces peintures
constituent un groupe distinct dans
l'école Cretoise; leur iconographie
diffère presque toujours de celle de la
Péribleptos de Mistra. Des types
iconographiques fort anciens se sont parfois
conservés. On trouve aussi des
compositions italo-byzantines du xme
siècle, mais il y a, en général peu
d'influences occidentales. Dans l'église de
Xénophon, les peintures ont été
exécutées par deux peintres différents,
dont l'un conserve encore les
traditions de l'école macédonienne, mais la
manière a beaucoup évolué et
l'iconographie n'est plus celle du Protaton.
On devine par ces quelques lignes,
inspirées des leçons de M. Millet, la
grande importance des peintures du
Mont-Athos. M. Millet, quia été l'un des
premiers à découvrir le xive siècle avec
les peintures de Mistra, qui ensuite,
dans son « Iconographie de l'Évangile»,
a signalé l'existence des différentes
écoles à cette époque et en a montré les
traits caractéristiques, apporte, encore
une fois, des matériaux qui enrichiront
notre connaissance de la dernière
floraison de l'art byzantin.
S. Der Nersessian.
14. Marie DELCOURT. Euripide et les
événements de 431-424 {Bibliothèque
de la Faculté de philosophie et lettres
de l'Université de Liège, fascicule
XLIV, Serta Leodiensia). Liège,
H. Vaillant- Cannane, et Paris,
Edouard Champion, 1930. ln-8°,
p. 1Π-128.
Un examen très serré des faits
conduit Mlle D. à penser que les Héra-
clides furent écrits après 427-426 et
joués sans doute aux Dionysies de 425,
et qiïAndro7naque, composée en 424,
fut représentée sous le nom de
Démocrates dans une ville de la Chalcidique,
alliée ou colonie d'Athènes, pour
combattre l'influence lacédémonienne
accrue par les succès récents de Bra-
sidas.
Si l'ingénieuse argumentation del'au-
 COMPTES KENDUS BIBLIOGRAPHIQUES
teur rend ces conclusions séduisantes,
elle n'est pourtant pas à l'abri des
objections. Parce qn1 llippoly le ne contient
aucune allusionaux événements du jour
(sauf peut-Atre à la mort de Périclès),
Mlle D. en induit qu'Kuripide n'avait
pas encore été profondément touché
par la guerre, et que les Héraclides,
où se manifeste une si vive émotion
patriotique, ne peuvent être antérieurs
à 428. Est-il donc si invraisemblable
que le poète ait conservé assez de
liberté d'esprit pour oublier un instant,
dans l'athmosphère sereine de la
légende, les angoisses que lui inspirait
alors le sort d'Athènes? Est-il certain
que les Héraclides doivent être mis en
relation directe avec la destruction de
Platées (421) pour expliquer le ton de
la pièce et les prédictions finales ?
Eurysthée annonce qu'il protégera la
Tétrapole contre l'invasion Spartiate.
11 est naturel d'eu conclure, comme je
l'ai fait après Wilamowit/., que les
Héraclides sont antérieurs à 421,
puisque cette année-là la Tétrapole,
jusqu'alors épargnée, fut ravagée par
l'ennemi. La prophétie est imprudente,
soit ; mais entre 430 et 427 elle était
justifiée par les faits.
Qu'Andromaque ait été jouée hors
d'Athènes sous le nom de Démocrates,
c'est en effet assez probable. Mais la
glorification si caractéristique de
Molossossembleraitindiquer, en ce cas,
que le drame fut écrit pour être
représenté en Epire : en quoi pouvait-elle
intéresser les villes de la Chalcidique?
Or, si l'on en revient à l'hypothèse de
Robertson (adoptée, je le crois bien,
par L. Parmentier), il n'y a plus de
raison pour faire intervenir les victoires
de Brasidas, et rien ne s'oppose, il me
semble, à ce que l'on fasse remonter à
la période 430-425, comme je l'avais
proposé, la représentation â'Andro-
maqtte.
L. Mékidier.
323
15. René SCHAERER ΕΠΙΣΤΗΜΗ et
ΤΕΧΝΗ. Etude sur les notions de coti-
uaissance et d'art d'Homère à Platon.
Macoa, Protat, 1930. Gd 8°, ix-221
pages.
Le contenu de ce travail intéressant
et très soigneusement imprimé ne
répond pas tout à fait à son titre. On
attendait une étude sur les
conceptions anciennes de la science et de
l'art. On ne trouve qu'une analyse du
vocabulaire de certains auteurs grecs,
et une explication minutieuse de
quelques passages de leurs oeuvres. Mais,
en n'y rencontre pas une étude sur ce
que les Grecs ont réellement entendu
par επιστήμη et par τέχνη, étude qui
eût impliqué l'examen direct de
quelques œuvres techniques ou
scientifiques. Car on comprend la conception
des Grecs de la τέχνη, moins par
l'analyse des définitions qu'ils ont données
de l'art, que par celle des modèles
qu'ils nous ont laissés. Une
observation attentive des procédés employés
par les sophistes, les mathématiciens,
les médecins ou les politiques grecs
nous eût renseignés plus utilement
que tant d'efforts parfois un peu vains
pour déterminer le sens des mots, sans
considérer les réalités qu'ils
représentent. M. S. -a été amené par sa
méthode même à laisser de côté quantité
de textes où ne figurent pas les mots
επιστήμη et τέχνη et qui, pourtant,
auraient pu l'aider beaucoup à en
préciser le sens. Il a borné son exposé aux
auteurs suivants : Homère, Pindare,
Eschyle, Sophocle, Euripide, Isocrate,
Xénophon, Platon. On s'étonnera de
ne voir paraître ni les sophistes, ni
Démocrite, ni les géomètres ou les
médecins. C'est le danger de ces
recherches sémantiques, auxquelles les
index les plus complets fournissent
une base insuffisante. « Je crois, dit
l'auteur (p. vm), avoir noté sur fiches
tous les passages de la littérature,
d'Homère à Platon, où se trouve iun ou
l'autre de ces deux mots. » C'était sans