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commentée des fragments, le grec n'a pas été imprimé), in Maîtrise du monde ou maîtrise de soi, De
l'actualité de la sagesse gréco-romaine dans un monde déboussolé (Actes du colloque de Brest, 28 & 29 mai
2009), éds Y. Moraud & P. Nédélec, Abbaye de Daoulas, 2009
Xénophane de Colophon
Les colonies grecques antiques ont accueilli ou donné naissance à nombre d'artistes talentueux
dès l'époque la plus haute : qu'il fût de Chios ou de Smyrne, Homère (VIIIème siècle avant notre
ère) était un micrasiate. Si Hésiode (VIII/VIIème siècles avant note ère) est né à Ascra en Béotie,
son père venait de Kymé, en Eolie d'Asie. En Occident, Stésichore (VII/VIème siècle avant notre
ère), le poète lyrique, serait né à Métauros en Grande Grèce1, puis aurait vécu à Himère, en Sicile,
d'où il a reçu son toponyme. A l'opposé, Ibycos (VIème avant notre ère), autre poète lyrique, est né
à Rhegion en Grande Grèce, puis a émigré vers l'Est, à Samos auprès du tyran Polycrate,
cependant que Pythagore (VI/Vème siècles avant notre ère), l'inspiré, fuyait Samos où il était né
pour tenter de s'installer à Crotone en Grande Grèce. C'est que les colonies grecques, colonies de
Xénophane, lui, naît en Asie Mineure, à Colophon, au cœur de l'Ionie. Il s'en enfuit, vers l'âge
1
Le nom de Grande Grèce (Mégalé Hellas) apparaît pour la première fois, au deuxième siècle avant
notre ère, dans les Histoires II 39, 1, 2 de Polybe, Arcadien de Mégalopolis (c. -200/c. -118). Il ne désigne
alors que la partie méridionale de la péninsule italienne. Un siècle plus tard, Strabon (originaire d'Amasie,
sur le Pont Euxin, ca.-64/ca.+19), dans sa Géographie VI 1, 2, 18, puis Appien (IIème siècle de notre ère), dans
les Semitica 7, 1-2 de son Histoire romaine, englobe la Sicile dans la Grande Grèce. L'expression a fait l'objet
d'une plaisanterie étiologique dans les Fastes IV 64 d'Ovide : Itala nam tellus Graecia major erat "car la Grèce
était une terre plus grande que l'italienne". Mais, en prose latine, il faut attendre l'Histoire naturelle III 42, 5
et 95, 2 de Pline l'Ancien (+23/+79) pour trouver l'expression, appliquée à la seule Italie méridionale. H.
Tréziny me signale l'article de G. Maddoli, "Megale Hellas : Genesi di un concetto e realtà storico
politiche", atti del 21° convegno di studi sulla Magna Grecia, Megale Hellas, Nome e imagine, Taranto, 1981.
1
de 25 ans, en -546/-545, lorsque le roi de Perse, Cyrus, conquiert l'Asie Mineure. Il erre de ci de là
en Méditerranée avant de s'installer à Zancle, puis à Catane, en Sicile, selon Diogène Laerce (IIème
siècle de notre ère), Vies et doctrines des philosophes illustres IX, 18). Il n'est même pas certain qu'il
ait mis les pieds à Elée en Lucanie2. Il n'est pas toujours rangé parmi les philosophes3, non pas
parce qu'il compose des vers (hexamètres, distiques élégiaques, iambes), que parce que ses
d'un Empédocle. Cela n'a pas empêché Diogène Laerce de donner de ses pensées un résumé (une
doxographie) squelettique et décevante (Vies et doctrines des philosophes illustres IX, 19-20)4. Si le le
sceptique Timon de Phlionthe (c. -320/c. -230) fait son éloge : "Xénophane sans guère de
présomption, éreinteur des tromperies d'Homère, lui qui a modelé le dieu séparé des hommes, en
tout égal, <...> intact, plus intelligent que l'intelligence"5, Héraclite le vilipende :"Le savoir
2
H. Diels, Die Fragmente der Vorsokratiker, Berlin, 19031, 19516 (sixième édition revue et augmentée par
W. Kranz), 21A1, volume I p. 113, suspectant une lacune dans les manuscrits de Diogène Laerce (Vitae
Philosophorum, ed. M. Marcovich, Stuttgart et Leipzig, 1999, traduction française, Vies et doctrines des
philosophes illustres, éd. M.-O Goulet-Gazé, J. Brunschwig et alii, Paris, Pochothèque, 1999), a ajouté Élée à la
des Vorsokratiker), ne le retient pas dans l'abrégé qu'il a, trois ans plus tard, procuré dans la collection
religion chrétienne ou Dictionnaire des Hérésies, des erreurs et des schismes ; précédé d'un discours dans lequel on
cherche quelle a été la Religion primitive des hommes ; les changements qu'elle a soufferts jusqu'à la naissance du
christianisme, les causes générales, les liaisons et les effets des hérésies qui ont divisé les Chrétiens, Paris, 1762, p. 71,
a jadis résumé la doxographie de Xénophane : "Xénophane plus frappé de l'idée de l'infini que tous les
philosophes admettoient, que des phénomènes, ne supposa point dans le monde autre chose que l'infini,
qui par cela même qu'il étoit infini, étoit immobile: d'où il concluoit que les phénomènes n'étoient que des
perceptions de l'esprit."
5
Sextus Empiricus, Hypotypose Pyrrhonienne I 224 et Diogène Laerce, Vies et doctrines des philosophes
2
nombreux n'enseigne pas l'intelligence ; car il l'aurait enseignée à Hésiode et à Pythagore, et
A lire les fragments pour eux mêmes, on découvre un souci de bienséance, voire de decorum
(21B1 et 3), de la juste évaluation sociale des qualités humaines (22B2 et 6), la dénonciation de la
mollesse et du luxe clinquant (22B3), quelques railleries décochées contre les pratiques et les
croyances ordinaires des hommes (22B 7, 9, peut-être 10, 11, 12, 14, 15, 16, 18 et 21), une ombre
fugace de désenchantement (22B8 et 22), le sentiment d'une complexité infinie du monde, associé
à l'intuition d'une cohérence, en fin de compte inaccessible (22B27, 28, 29, 30, 31, 32 et 33), la
l'homme (22B23, 24, 25 et 26), l'idée finalement qu'il ne reste à l'homme que la possibilité et
insuffisant et incertain.
Parmi les savants, chacun se construit son propre Xénophane : l'auteur aristotélisant du
Mélissos, Xénophane et Gorgias7, en fait un théologien, comme W. Jaeger, au XXème siècle (The
Theology of the Early Greek Philosophers, Oxford, 1947, traduction française, A la naissance de la
théologie, Paris, 1966). E. Diehl l'associe à Tyrtée, Mimnerne, Solon et quelques autres, comme
illustres IX 18 ; Supplementum Hellenisticum, ed. H. Lloyd-Jones et P. Parsons, Berlin, 1983, fgt 834 et Poetarum
̔
Ξεινοφάνης ὑπάτυφος, Ομηραπάτης ἐπικόπτης
̔
Wismann, Héraclite ou la séparation, Paris, 1972 : πολυμαθίη νόον ἔχειν οὐ διδάσκει· Ησίοδον γὰρ ἂν ἐδίδαξε
(indûment intitulé dans les manuscrits grecs Περὶ Ξενοφάνους, Περὶ Ζήνωνος, περὶ Γοργίου)
3
poète élégiaque et omet les fragments qui ne lui paraissent pas assez poétiques (Anthologia Lyrica
graeca, Leizig, 1923, I p. 53-63 19493, I p. 63-74). M.L. West (Iambi et Elegi Graeci ante Alexandrum
Cantati, Oxford, 1971, 19882, p. 184-191), B. Gentili et C. Prato (Poetae elegiaci Testimonia et
Fragmenta, Leipzig, 1979, 19882, p. 166-183) et D.E. Gerber (Greek Elegiac Poetry, From the Seventh to
the Fifth Centuries B.C., Cambridge Mass.-London, 1999, p. 408-425)8 font de même. H. Diels le traite
comme un poète philosophe et retient tous les témoignages qu'il peut récolter à son sujet
(Poetarum Philosophorum Fragmenta, Berlin, 1901, 3, p. 20-47 ; Die Fragmente der Vorsokratiker, Berlin,
Plutôt que de longues paraphrases, mieux vaut lire le texte même, avec ses énigmes, ses
8
F. Bossi, Studi sull Margite, Quaderni del Giornale filologico ferrarese 6, Ferrara, 1986 (cité par D.E.
Gerber, A Companion to Greek Lyric Poets, Leiden, Brill, 1997, "Xenophanes", p. 131), voudrait attribuer à
4
χρὴ δὲ πρῶτον μὲν θεὸν ὑμνεῖν εὔφρονας ἄνδρας
et les coupes aussi ; l'un pose de part et d'autre des couronnes tressées,
5
la justice ; car cela est à notre portée,
Le polygraphe Athénée de Naucratis (début du IIIème siècle de notre ère) introduit Xénophane
dans le contexte d'une conversation sur les vases à boire. Le convive Plutarque s'extasie sur les
délices du symposion auquel il est en train de participer et cite Xénophane. Athénée poursuit par
une citation analogue d'Anacréon de Téos (milieu du VIème siècle avant notre ère). C'est que pour
le bon banqueteur, les lieux, l'espace, les mœurs, les règles du Banquet doivent être bien fixés et
respectés. Même les récits ne doivent pas transgresser la bienséance, tant sont exclues toutes les
violences et inconvenances.
9
La lettre du vers est problématique, les manuscrits incertains.
6
ἐκ πόλεως, καὶ δῶρον ὅ οἱ κειμήλιον εἴη
7
de préférer la force au bon savoir.
demeurant inutiles et vains, Athénée cite d'abord une tirade de l'Autolycos d'Euripide vilipendant
les athlètes et, enchaînant les citations, poursuit par la diatribe de Xénophane, considérant le
l'opposition entre les qualités physiques : la force (rhômé) et la rapidité (tachos) d'une part,
10
Correction de Wilamowitz pour l'incompréhensible, dans le contexte ἀγαλλομεν (sic).
11
Les Colophoniens.
8
ils allaient sur la place publique portant des tissus tout de pourpre,
Le fragment s'inscrit dans une discussion sur le plaisir et le luxe. Faut-il les encourager ou les
dénoncer ? Les Sybarites et les Samiens en ont produit des exemples extrêmes. mais, selon
Xénophane, ses compatriotes de Colophon aussi. Ils n'en sont que plus aisément tombés sous le
τάχα δ᾿ ἄν τις φιλότιμον εἶναι νομίζοι καὶ τὸν ἐπὶ τῷ νομίσματι λόγον ἐπιζητεῖν, εἴτε Φείδων
πρῶτος ὁ Ἀργεῖος ἔκοψε νόμισμα, εἴτε Δημοδίκη ἡ Κυμαία συνοικήσασα Μίδᾳ τῷ Φρυγι´(παῖς δ᾿ ἦν
Ἀγαμέμνονος Κυμαίων βασιλέως) εἴτε Ἀθηναίοις Ἐριχθόνιος καὶ Λύκος, εἴτε Λυδοί, καθά φησι
Peut-être pourrait-on penser qu'il est ambitieux aussi de rechercher la raison de la monnaie, que Phédon
l'Argien ait le premier frappé monnaie ou Démodiké de Kymé, l'épouse de Midas le Phrygien (elle était fille
d'Agamemnon, roi des Kyméens) ou, pour les Athéniens, Erichthonios et Lykos, ou les Lydiens, comme le dit
Aucune formulation poétique ne peut être tirée de l'allusion du philologue Pollux (IIème siècle
de notre ère), évoquant, dans son lexique, l'invention de la monnaie. Tout au plus peut-on
imaginer une dénonciation des raffinements du commerce et du luxe, cette fois-ci à l'encontre
des Lydiens. Au Vème siècle avant notre ère, Hérodote (Histoire I 94) attribue lui aussi, sans faire
9
Et, dans la coupe, on ne ferait pas le mélange
Faut-il dans la coupe, comme dans le cratère, verser l'eau avant le vin ou le vin avant l'eau ?
Faut-il, en somme, tempérer le vin ou aromatiser l'eau ? Dans un banquet ritualisé, la question est
Les convives du banquet d'Athénée discutent, comme se doit tout véritable gourmet élégant,
sur la signification des termes de l'alimentation. Faut-il dire un cuisseau ? une cuisse ? ou même
un cuissot ? Cela , seul le poète, qui mérite la récompense autant que la renommée, peut le
préciser.
10
Et un jour, alors qu'il12 passait près d'un chiot maltraité,
Avant d'être chassé de Crotone, Pythagore fut l'objet de mainte raillerie, Diogène Laerce le
métensomatose, que l'on nomme indûment la métempsychose : qui nous assure que l'animal le
plus maltraité ne renferme pas l'âme d'un être important ou qui nous fut cher ?
Au fond, le poète est condamné à errer de cité en cité, quand bien même il ne serait pas
contraint de fuir le Perse. Diogène Laerce le sait de Xénophane. Homère s'y plia, Ibycos, Anacréon
et bien d'autres aussi. Comme son corps, sa pensée vagabonde. Cela ne l'empêche pas de vivre
très vieux, engrangeant la mémoire des hommes. Mais, au vrai, que sait-il assurément ?
"vieillesse"
12
Pythagore.
11
Beaucoup plus débile qu'un homme sénile.
Le plus ancien des lexiques byzantins (élaboré sous la direction du Patriarche Photios au IXème
siècle de notre ère) cite ce bout de phrase pour l'exemple d'un glossème rare. Ce n'est ni un
bonheur ni un honneur que d'être tenu pour plus décati qu'un vieillard affaibli par le grand âge.
[21B10DK] Hérodien, Sur les voyelles à double temps (Περὶ διχρόνων) p. 296, 6
Hérodien (IIème siècle de notre ère), le dernier des grammairiens grecs inventifs, ne cite
Xénophane que pour expliquer une anomalie phonétique. Il ne termine même pas la phrase. Sous
le vide on peut tout imaginer, même l'ignominie des dieux, comme l'a fait H. Diels. Le début du
vers a l'air d'une citation. Il n'est pas besoin d'en compléter la suite : ce que savent les hommes
c'est ce qu'a dit le maître, pas la vérité elle-même. Homère a tout appris aux Grecs, lui qui n'a
même pas su résoudre la devinette que lui ont posée des enfants qui s'épouillaient, comme le
13
Hermann Diels complétait, à partir de Platon, République X 600DE : τοὺς θεοὺς κακίστους εἶναι "les
12
Au IIème siècle de notre ère, le sceptique Sextus, dit "l'empirique", c'est-à-dire "celui qui ne se
fie qu'à l'expérience", ne pouvait qu'apprécier cette dénonciation des théologies turpides
professées par les maîtres anciens, dogmatiques. Car leurs dieux ne valent pas mieux que les pires
d'entre les hommes. Les arguments des théologiens, qu'ils soutiennent ou réfutent l'existence des
Car le plus souvent ils ont énoncé les actes criminels des dieux :
La dénonciation est si jubilatoire que Sextius ne peut résister au plaisir de la redire, dans un
autre contexte, sous une autre formulation, pour contester la prétention de tout enseignement
Alii Homerum quam Hesiodum majorem natu fuisse scripserunt in quibus Philochorus et
Certains ont écrit qu'Homère est né avant Hésiode, parmi lesquels Philochore et Xénophane d'autres qu'il
Le polygraphe latin Aulu Gelle (IIème siècle de notre ère) brode autour des questions
d'érudition. Certains aujourd'hui, comme M.L. West, sont tentés de penser eux aussi qu'Hésiode
est antérieur à Homère, tant l'ancienneté valorise l'auteur qu'on fait sien. Elle peut être aussi le
13
τὴν σφετέρην δ᾿ ἐσθῆτα ἔχειν φωνήν τε δέμας τε.
Les Pères de l'église se sont très tôt posé la question des rapports de la foi et du savoir. Ainsi a
fait Clément d'Alexandrie (IIème siècle de notre ère) au cinquième livre des ses Stromates, ses
"tapisseries" de textes : la meilleure façon de résoudre le problème c'est d'imaginer que les
hommes, par eux-mêmes débiles, comme le demeurent les païens, ne peuvent expliquer l'Univers
et, notamment, le divin qu'à leur propre mesure. Ainsi s'explique l'anthropomorphisme ou le
Mais si les vaches, <les chevaux> et les lions avaient des mains
pour dessiner avec leurs mains et accomplir les œuvres qu'accomplissent les hommes,
les vaches des formes semblables à des vaches et créeraient des corps
14
Alain le Boulluec, comme Gentili-Prato, garde le ὁμοῖον des manuscrits : "leur feraient des corps
pareils à la forme qu'ils auraient eux-mêmes". La correction ἕκαστοι de Herverden, retenue par DK,
s'impose.
14
[21B16DK] Clément, Στρωματεῖς (Stromates) VII 22
termes sont équivoques : les Thraces n'ont peut-être que les yeux de clairs. Par contraste il vaut
mieux imaginer ces septentrionaux glauques de la tête aux pieds. Rien ne fait ici explicitement
référence au regard ou à la pupille, comme dans l'épithète fameuse d'Athéna glaukopis, dont les
Que sont ces pins : de beaux ombrages toujours verts ? ou des thyrses dionisiaques, comme y
invite le contexte des Cavaliers d'Aristophane ? Le chœur y dit sa haine au Paphlagonien : s'il
scholiaste rappelle pour les ignares que l'on appelle "Bacchos" à la fois Dionysos, le bacchant, le
thyrse ou même la couronne de lierre. Le vers de Xénophane est faux ; on ne saisit pas ce qu'il
explique dans la scholie (le cuistre se châtie lui-même !). H. Wachsmuth, pensant rétablir le sens
et le mètre en ajoutant le mot "bachhos" et en corrigeant elatai "les pins, a restitué une
15
H. Diels a reconstruit le fragment à partir des paraphrases de Clément (Stromates VII 22) et de
15
[21B18DK] Stobée, Ἐκλογαί (Eclogues), I 8, 2
Non ! dès le début, les dieux n'ont pas tout indiqué aux mortels,
Quand, au Vème siècle de notre ère, Jean, bourgeois de Stobi en Macédoine, a composé pour son
fils un florilège de belles sentences, il les a classées par thèmes et a rangé les deux vers de
Xénophane dans le chapitre de l'"amour du travail" (la philoponia). Mais le texte dit davantage. Le
savoir relève d'abord du surnaturel, les hommes ne font que progresser de mieux en mieux vers
ce savoir… indéfiniment ?
[21B19DK] Diogène Laërce, Βίοι καὶ γνῶμαι τῶν ἐν φιλοσοφίᾳ εὐδοκιμησάντων (Vies et doctrines
<Θαλῆς̣> δοκεῖ δὲ κατά τινας πρῶτος ἀστρολογῆσαι καὶ ἡλιακὰς ἐκλείψεις καὶ τροπὰς
προειπεῖν, ὥς φησιν Εὔδημος ἐν τῇ Περὶ τῶν ἀστρολογουμένων ἱστορίᾳ (Wehrli viii, fg. 144)· ὅθεν
Thalès, selon certains, a le premier pratiqué l'astrologie et prédit les éclipses du soleil et les solstices,
comme le dit Eudème dans son Histoire de l'astrologie. De là vient que Xénophane et Hérodote l'admirent.
L'astrologie antique, c'est toute la science des astres, la plus rigoureuse et la plus hasardeuse.
Ptolémée lui-même ne s'y est pas refusé. Car c'est par la prédiction des phénomènes célestes
réguliers que s'est constitué d'abord le savoir des astrologues. Dès longtemps, le milésien Thalès
(vers -600) s'est acquis une forte réputation dans la science des phénomènes célestes. Hérodote (I
74-75 et 170), comme aussi Diogène Laerce (I 22-40) content quelques uns de ses hauts faits. De
l'admiration que lui portait Xénophane ne subsiste que la maigre allusion de Diogène Laerce.
[21B20DK] Diogène Laërce, Βίοι καὶ γνῶμαι τῶν ἐν φιλοσοφίᾳ εὐδοκιμησάντων (Vies et doctrines
16
ὡς δὲ Ξενοφάνης ὁ Κολοφώνιος ἀκηκοέναι φησί, τέτταρα πρὸς τοῖς πεντήκοντα καὶ ἑκατόν
̓
(scil. ἔτη βιῶναι Επιμενίδην).
Comme Xénophane de Colophon dit l'avoir entendu, <on prétend> qu'<Epiménide a vécu> cent cinquante
quatre ans.
Pour ne pas être seul doté d'une <trop> longue vie, Xénophane s'est-il trouvé un devancier
ὁ Σιμωνίδης διεβέβλητο ἐπὶ φιλαργυρίᾳ ... καὶ τὸν Σοφοκλέα οὖν διὰ φιλαργυρίαν <φησὶν¹>
ἐοικέναι τῷ Σιμωνίδῃ... χαριέντως πάνυ τῷ αὐτῷ λόγῳ διέσυρε... τοῦ ἰαμβοποιοῦ καὶ <...>
Simonide a été décrié sous prétexte de cupidité...; avec beaucoup de grâce Aristophane les a éreintés tous
deux... et <dit> que Sophocle, à cause de sa cupidité, ressemble à Simonide... il fait aussi mention du poète
iambique, en disant qu'il était mesquin ; de là vient que Xénophane l'appelle "pingre"16.
Une méchante plaisanterie d'Aristophane sert de prétexte au scholiaste pour exhiber son
savoir, rappelant que Xénophane a accusé d'avarice un Simonide —que ce soit celui de Céos (c.
556/c. -468) ou celui d'Amorgos que communément on appelle plutôt Sémonide (VIIème siècle
avant notre ère)— comme Sophocle en était taxé par ses contemporains. Le Simonide visé se
serait, le premier, fait payer pour ses vers. Ce n'est qu'un signe supplémentaire de hargne, pour
Qui, passant par la Sicile, comme le fit Xénophane, ne serait séduit par la colline d'Eryx, haut
16
Le texte des scholies est lacunaire et embrouillé, mais la signification en est discernable.
17
lieu d'Aphrodite ? Il est des cas où les scholies, de surcroît mutilées comme elles le sont dans les
papyrus d'Egypte, n'apprennent pas grand chose sinon que les savants alexandrins avaient
que l'on boit un vin doux, que l'on grignote des pois chiches :
"Qui es-tu ? D'où es-tu parmi les hommes ? Combien d'années as-tu, mon brave ?
Douce mélancolie et nostalgie se mêlent dans ces vers d'une soirée hivernale au coin du feu.
le contexte d'une conversation sur ce que l'on boit et mange au banquet, Athénée pourrait le
18
Si H. Diels a placé ici cette citation qui se rattache à la chaîne des fragments 14 et 15, c'est qu'il
y sentait, en rupture, l'expression d'une théologie transcendantale, fruit du pieux larcin des Grecs
à l'endroit de Moïse. Et, de fait, le dieu unique ne ressemble en rien aux idoles que se façonnent
les hommes. Il est d'autant plus énigmatique qu'il n'abolit pas plus les dieux multiples que les
hommes, qu'il a quelque consistance (demas), qu'il est doué de pensée (noéma), mais on ne sait
Tout entier il voit, tout entier il prête attention, tout entier il entend.
Sextus cite cette assertion dans le contexte d'une réflexion sur Dieu : si Dieu est, c'est un être
vivant, un animal (Zôon). Si c'est un animal, il a des sensations, ne serait-ce qu'une seule. Il cite
l'assertion sans en préciser l'auteur. La référence n'en est pas moins confirmée par les autres
témoins (Diogène Laerce, Vies et doctrines des philosophes illustres IX 19, pseudo-Aristote, De Mélissos,
Xénophane et Gorgias 3, 977a37, pseudo-Plutarque, Stromates 4). Aucun ne cite avec la précision de
Sextus. Ainsi apparaît-il que la formule était assez familière pour qu'il ne soit pas indispensable
d'en rappeler l'auteur. Les commentateurs anciens et modernes ont surtout prêté attention,
pertinemment, à l'anaphore "tout entier… tout entier… tout entier" (holos) : Dieu ne sépare pas
ses facultés entre diverses parties de son être, entre plusieurs organes distincts : il est totalement
(pas partiellement, précise le pseudo-Plutarque) tout ce qu'il est, "toute vision, toute intellection,
toute ouïe".
Mais sans prendre la peine de prêter attention, par sa pensée il agite toutes choses.
Le néoplatonicien Simplicius (VIème siècle de notre ère) cite ce fragment à l'occasion d'une
19
Xénophane, d'où il ressort que le principe, le Dieu, n'est ni limité ni illimité, ni mobile ni
immobile. Il relie explicitement l'assertion à une paraphrase du fragment précédent. Si Dieu est
toute intellection (nous), il est aussi efficace par la seule œuvre de sa pensée (phrên) : rien ne
frémit, si peu que ce soit, sans qu'intervienne sa pensée. Les conceptions ordinaires de la science
de la nature ne sauraient s'appliquer à lui. On s'étonne que les écrivains chrétiens n'aient pas
H. Diels a rangé ce fragment après le précédent, alors que Simplicius les cite tous deux dans
l'ordre inverse, à quelques lignes de distance, simplement parce qu'il jugeait "l'immobilité" moins
fondamentale que l'efficience totale. Simplicius pourtant devine que la permanence absolue est
une qualité intrinsèque du Dieu. S'il ne se déplace pas, ce n'est pas une question d'infirmité, mais
de convenance (oude... epiprepei). Il s'ensuit que l'on peut penser que le Dieu n'est pas seulement
Quel matérialiste pourrait mieux dire la matérialité de toutes choses, à la fin comme au
commencement. Une telle assertion ne pouvait que choquer l'apologète Théodoret de Cyr (Vème
siècle de notre ère), qui pensait déceler une contradiction entre l'éternité supposée du Tout et
l'émergence de tout à partir de la terre. C'est qu'il ne pouvait admettre que l'on outrepassât le
20
[21B28DK] Achille Tatius Introduction aux Phénomènes d'Aratos 4, p. 34, 11 Mass
La terre, qui n'est pas une abstraction, mais bien le sol que nous foulons est, comme Dieu,
comme le tout selon l'analyse de Simplicius, à la fois limitée et illimitée. Au dessus l'air, qui n'en
est qu'une émanation paraît la borner. En dessous aucun obstacle ne s'oppose à ce qu'on la creuse
indéfiniment. Il est vrai que tout cela n'est que savoir expérimental, partiel et progressif.
L'astronome sans doute alexandrin Achille Tatius (IIIème siècle de notre ère), qu'il ne faut pas
confondre avec le romancier, en déduit prosaïquement que la terre, selon Xénophane, n'est pas
suspendue en l'air, mais descend à l'infini (ouk oietai meteôron einai tên gên, alla katô eis apeiron
kathêkein).
17
Ἠέρι est une correction de Diels pour le καὶ ῥεῖ des manuscrits. d'Achille Tatius, qui signifierait
21
οὔτε ῥοαὶ ποταμῶν οὔτ᾿ αἰ<θέρος> ὄμβριον ὕδωρ,
καὶ ποταμῶν.
et des fleuves18.
Le fragment, cité à la fois par la tradition doxographique regroupée depuis H. Diels sous le nom
d'Aetius (supposé du IIème siècle de notre ère) et les scholies genevoises de l'Iliade (à XXI 196,
indatables) est mutilé. Sans les ajouts des éditeurs, les vers 2 et 3 sont faux, les phrases bancales.
Le sens n'en est pas moins manifeste. L'origine des deux éléments atmosphériques fluides, n'est
pas dans l'air, on pourrait naïvement la croire. La mer immense fait naître, par évaporation les
vents, donc les nuages, donc —fait-il aussi penser— les pluies, donc les fleuves, par qui tout
retourne à l'origine.
Il ne faut pas se laisser leurrer par la trivialité apparente de ce morceau de phrase, cité par
Héraclite l'allégoriste (que l'on date généralement du Ier siècle de notre ère) pour justifier
l'étymologie qu'il suppose du nom Hypérion, Titan père du soleil (ton hyperiemenon). Par son
18
Le texte du vers deux a été successivement complété par Nicole, Diels, Diehl (au <γίνοιτό κε ἲς
ἀνέμοιο ἐκπνείοντος> de H. Diels, Fragmente der Vorsokratiker, 21B30, je préfère le <πνοιαί κ' ἀνέμοιο
φύοιντο ὀμβροφυέσσιν ou ὀμβροφόροισιν> de E. Diehl, Anthologia Lyrica Graeca, 19493, p. 72-73. Les autres
ajouts s'ensuivent.
22
mouvement de rotation dans les hauteurs les plus hautes, le soleil produit la chaleur qui s'étend
Iris, c'est d'abord la merveilleuse messagère de Zeus, comme le savent Homère et ses
scholiastes. Si elle est aussi, dans l'ordre des choses mêmes, l'arc-en-ciel, c'est parce qu'elle
appartient à la classe des nuages, dans lesquels, chacun le sait, se mêlent de la vapeur d'eau et de
la lumière éthérée.
modifiant une expression d'Homère (Iliade VII 99, Ménélas y maudit les Achéens qui se dérobent
au combat et les voue à n'être que terre et eau), ramène l'homme, comme toutes choses dans le
monde, à plus d'humilité : même quand nous nous vantons d'être autochtones ou, tels Aphrodite,
nés de l'écume, nous ne sommes que le produit d'un mélange, éphémère, de terre et d'eau, un peu
de boue en somme.
καὶ τὸ μὲν οὖν σαφὲς οὔ τις ἀνὴρ ἴδεν οὐδέ τις ἔσται
23
αὐτὸς ὅμως οὐκ οἶδε· δόκος δ᾿ ἐπὶ πᾶσι τέτυκται.
Et ce qui est clair, aucun homme ne l'a vu, il n'y aura personne
pour le connaître à propos des dieux et de ce que j'explique au sujet de toutes choses ;
il ne le sait cependant pas lui-même ; sur toutes choses on n'a qu'une opinion fabriquée.
L'humilité sied particulièrement au savant. Que peut-il savoir ? Quelle certitude peut-il avoir ?
théologie. Car l'explication parfaite dépasse tellement celui qui la recherche que, même si le
chercheur de vérité parvient, accidentellement, à l'exprimer, il ne sait pas à quel point ce qu'il dit
est vrai. Xénophane se situe au delà du relativisme. Si l'on ne peut esquiver le désir de
comprendre, il faut aussi savoir que l'on n'aboutit qu'à des résultats relatifs et artificiels. A tout
propos, une opinion, pas une certitude, (dokos d'epi pasi tetuktai) se fabrique. Ce n'est pas une
La redondance, normale dans la pratique de la poésie orale, n'empêche pas la nuance : ce n'est
pas parce que telle opinion fabriquée (désignée par le "cela" de la citation) reste insuffisante
qu'elle ne doit pas être considérée comme une image proche du vrai, un peu comme les
mensonges semblables aux vérités que disent les Muses d'Hésiode (Théogonie 28 : idmen pseudea
[21B36DK] Hérodien, Περὶ διχρόνων (Sur les voyelles à double temps) 296, 9
On ne peut savoir ce qui est donné à voir aux mortels, puisque le grammairien Hérodien ne
24
cite ce bout de phrase (comme, dans le même contexte, le fragment 21B10DK) que pour donner
imaginer que tout ce que les hommes voient est à la fois l'horizon de leur expérience et la limite
de leur savoir.
Ce qui intéresse Hérodien ce n'est pas la signification de l'assertion, mais la forme atypique de
speatessi ("dans les cavernes"). On n'y voit pas moins l'eau si mêlée à la terre qu'elle dégouline
dans le profondeurs du sol, y formant même des stalactites avec la matière ferme qu'elle contient
elle-même.
De même ici, ce qui intéresse Hérodien c'est la forme glussona ("plus sucrée"). S'y exprime
appréciation que ce soit ne se pose qu'en fonction de l'expérience, toujours susceptible d'être
remise en question, d'autant plus que le dieu, qu'il faut ici supposer quelque peu démiurge, peut
toujours faire naître un modèle plus pertinent : si la figue a la réputation d'être plus sucrée que
tout autre aliment simple, le miel peut se dire encore plus sucré. Se mêlent dans l'appréciation les
choses même (que produit le dieu), l'expérience, toujours relative, qu'on en a, ce que finalement
on en dit.
25
[21B39DK] Pollux, Onomasticon (Vocabulaire) VI 46
Τάχα δ' ἄν τις καὶ κεράσια φαίη, κέρασον τὸ δένδρον ἐν τῷ Περὶ Φύσεως Ξενοφάνους εὑρών.
On pourrait peut-être dire "cerises", puisqu'on trouve l'arbre "cerisier" dans le Traité sur la nature de
Xénophane.
Que pouvait bien dire Xénophane du cerisier, qu'il connaissait donc ? Sûrement quelque chose
de délicieux. Mais le lexicographe Pollux (IIème siècle de notre ère), qui ne s'intéresse qu'à l'usage
̓
Βρόταχος· τὸν βάτραχον Ιωνες ̓
καὶ Αριστοφάνης (fr. 934 dub. Kock.) φησὶ καὶ παρὰ Ξενοφάνει.
Les Ioniens et Aristophane disent brotachos pour batrachos ("grenouille"). Il se trouve aussi chez
Xénophane.
byzantins. Que le Colophonien Xénophane, riverain de l'humble Halès qui, depuis le mont
Gallesus, creuse une vallée humide où se nichent en aval le sanctuaire de Claros puis le port de
Notion, ait parlé de la grenouille n'est guère étonnant ; qu'il ait usé de la dénomination ionienne
non plus.
[Sur la règle des mots en -ros (sur siros = cavité dans le sol)]
26
Le philologue Jean Tzétzès (XIIème siècle de notre ère), commentant Denys le Périégète (IIème
siècle de notre ère) s'intéresse à la longueur d'une syllabe et au genre littéraire de la sillographie.
Le témoignage confirme seulement que certains poèmes de Xénophane ont reçu le titre de silles.
C'est peu.
21B42DK Hérodien, Περὶ Μονήρους Λέξεως 7, 11 [douteux, non tenu pour un fragment par
Diels- Kranz, mais par M.L. West, Iambi et Elegi Graeci ante Alexandrum Cantati, 19892, II p. 190 (A14)]
Ce fragment pointe un problème de grammaire : à propos du féminin contracte nh' (nê) pour
nevh" (néês), jugé par Hérodien comme une particularité des Samiens) 20:
Il arrive parfois que sous une remarque de phonétique se cache une boutade éthique :
Les fragments supposés 21B43DK (Scholie à Homère, Iliade IX 539)21 & 28B44DK (Athénée,
Deipnosphistes IV 174F)22 ne sont aussi que de remarques sur la langue, l'auteur de référence
nommé étant alors Xénophon, que les philologues modernes ont corrigé en Xénophane. Ils ont
été abandonnés dans les Vorsokratiker de Diels-kranz, l'apparat (I, p. 138 renvoyant à Wilamowitz,
Aischylos Interpretationen, p. 217S). Il est inutile de s'y attarder, puisque l'auteur de référence lui-
19 ̓
Le texte introductif est incertain, les manuscrits disent Αριστοφάνει "pour Aristophane".
20
Le texte d'Hérodien est corrompu. Seidler y a corrigé jAristofavnei en Xenofavnei.
21
Dans le fragment 28B43DK, Xenofw'nta a été corrigé en Xenofavnhn par G. Hermann.
22
Dans le fragment 28B44DK, Ξενοφῶν a été corrigé en Ξενοφάνης par Dümmler.
27
21B45 DK Scholie aux Epidémies d'Hippocrate I 13, 3 [Nachmanson, Erotian. p. 102, 19]
βλητρισμὸν χωρὶς τοῦ <σ>. ὄντως δὲ τὸν ῥιπτασμὸν σημαίνει, καθὼς καὶ Ξενοφάνης ὁ
Κολοφώνιός φησιν· <‘ἐγὼ δὲ ἐμαυτὸν πόλιν ἐκ πόλεως ἐβλήστριζον’> ἀντὶ τοῦ ἐρριπταζόμην.
La citation illustre l'expression rare Blhstrismov" "agitation" (du malade) qu'un scholiaste
d'Hippocrate relève au passage chez Xénophane comme une métaphore médicale : entre
l'agitation d'un malade et le vagabondage anxieux d'un poète exilé, il peut y avoir quelque
analogie.
21A14DK,
τὸ τοῦ Ξενοφάνους ἁρμόττει, ὅτι οὐκ ἴση πρόκλησις αὕτη ἀσεβεῖ πρὸς εὐσεβῆς, ἀλλ' ὁμοία καὶ
21A14DK Aristote, Rhétorique A 15, 1377a18-20 (à propos de la légitimité qu'il peut y avoir à
"Et le mot de Xénophane convient : "cette mise en cause n'est pas équitable venant d'un impie contre un
homme pieux", mais c'est comme si un fort mettait un faible au défi de frapper ou d'être frappé."
Sous la sagesse des nations se profile aussi le constat paradoxal que, si la loi est censée
23
Baccheios serait un médecin de Tanagra selon W. Pape-G.E. Benseler, Wörterbuch der griechischen
APOPHTHEGMATIK. Il est dans M.L. West, Iambi et Elegi Graeci ante Alexandrum Cantati, 19892, II p.
190 (= A14). B. Gentili & C. Prato, Poetarum Elegiacorum Testimonia et Fragmenta I, Leipzig, BT, 1979,
28
empêcher le méchant de nuire, le méchant sait mieux que le bon en utiliser les ressorts et les
arcanes.
Faut-il conclure ? Si oui, que chacun analyse et interprète judicieusement, à son aune propre
chacun des fragments. On y voit se développer une réflexion sur les pratiques sociales, sur les
dieux, sur l'ordre du monde, sur les phénomènes et la validité du savoir. Que chacun y trouve son
plaisir (celui de l'interprétation fine), l'occasion d'une réflexion décalée... et pourtant pertinente.
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