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Revue des Études Grecques

36. Caizzi (Fernanda), Antistene (Estratto da « Studi Urbinati »,


Nuova Serie B, n. 1-2, 1964, p. 48-99)
Paul Vicaire

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Vicaire Paul. 36. Caizzi (Fernanda), Antistene (Estratto da « Studi Urbinati », Nuova Serie B, n. 1-2, 1964, p. 48-99). In: Revue
des Études Grecques, tome 80, fascicule 379-383, Janvier-décembre 1967. pp. 625-629;

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COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 625
Détectant chez Aétius des influences épicuriennes, dont la fusion avec la
tradition fondée sur Théophraste s'est opérée, selon ΓΑ., dans l'école de
Posidonius, M. Lanza soumet à une révision la filiation doxographique établie
par Diels. Dans la seconde partie, ΓΑ. situe les recherches d'Anaxagore dans
leur ambiance intellectuelle en soulignant l'importance qu'a eue pour le penseur
son séjour à Athènes, et analyse la méthode d'Anaxagore et les rapports de sa
pensée avec l'éléatisme.
Les fragments, trop peu nombreux, nous laissant, sans l'aide des témoignages,
dans l'incertitude sur plusieurs points de la pensée d'Anaxagore, l'effort critique
de M. Lanza porte surtout sur les textes doxographiques. Il en augmente
l'étendue en ajoutant aux rubriques instaurées par Diels des textes de Platon
(A 15, 47, etc.), Aristote (A 43, 45, 46, 52, etc.), Théophraste (A 92), Plutarque
(A 4 a, etc.), Alexandre Aphrod. (A 81), Denys d'Halicarnasse (A 7), Diodore
de Sicile (A 90), Simplicius (A 41), Proclus (A 9), Aétius (A 65), Philopon (A 41),
Cicéron (A 7), Sénèque (A 85), etc. et en intercalant entre A 100 et A 101 de
Diels une rubrique A 100 a comprenant un fragment du Protreptikos d'Aristote
et le passage 1091 b 8-12 de la Métaphysique.
Dans un commentaire très documenté, M. Lanza fait le point de l'érudition
relative à Anaxagore jusqu'en 1966. Bien que la discussion des reconstructions
dont la cosmologie d'Anaxagore a été l'objet ne soit pas toujours libre d'un
certain dogmatisme — M. Lanza rejette entre autres, p. 217, 218, la combinaison
de l'exhaustion géométrique et de la cinématique prêtée au Clazoménien, et
cela au nom d'une classification des sciences dont les premières traces ne se
rencontrent que chez Platon — , l'exégèse personnelle de ΓΑ. réussit à faire
converger les propos des fragments et des témoins en un système du monde
cohérent. Les historiens de la philosophie et les hellénistes sauront gré à M. Lanza
de cette contribution intéressante à la connaissance de la pensée présocratique.
Ch. Mucler.

36. Caizzi (Fernanda), Antistene (Estratto da « Studi Urbinati », Nuova Série B,


n. 1-2, 1964, p. 48-99). — Antisthenis fragmenta collegit Fernanda Decleva
Caizzi (Testi e Documenti per lo studio delV Antichità, XIII), Istituto Editoriale
Cisalpino, Milano-Varese, 1966. 145 p. Prix, 3000 lire.
La bibliographie d'Antisthène est considérable. Pour s'en convaincre il suint
de jeter un coup d'œil aux notes compactes du livre de V. de Magalhâes Vilhena,
Le problème de Socrate, p. 375, 393, 395, 402, 463, sans perdre de vue que depuis
1952, date de la publication de cet ouvrage, plusieurs études ont été consacrées
au précurseur des Cyniques, ou contiennent d'importants développements qui
le concernent. La masse de ces écrits, dont il arrive que les conclusions se
contredisent entre elles, est assez écrasante. Pourtant, jusqu'à ces tout derniers
temps, si le chercheur voulait recourir au texte même d'Antisthène (ou plutôt
à ce qu'il nous en reste), il n'avait à sa disposition que deux recueils
manifestement vieillis, les Anlisthenis Fragmenta de Winckelmann (1842) et les Fragmenta
Philosophorum Graecorum de Mullach (1881), ou devait chercher des fragments
d'Alcibiade, d'Aspasie, de Cyrm, d'Héraclès dans VAeschines von Sphettos de
Dittmar, les fragments des deux discours Ajax et Ulysse dans les Artium
Scriptores de Radermacher.
G2G COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES
En publiant un nouveau recueil des fragments du philosophe, Mme Fernanda
Caizzi rend un grand service aux historiens de la philosophie et aux historiens
de la littérature. Consciente des grandes difficultés que comporte la recherche
et l'appréciation des sources, elle s'efforce de donner au lecteur les moyens d'une
lecture critique des fragments, très divers, on le sait, par leur provenance, leur
dimension, leur valeur intrinsèque. Les textes reproduits dans son édition sont
classés dans un ordre logique et clair : d'abord le « catalogue » des écrits
d'Antisthène, conservé par Diogène-Laërce, puis les témoignages d'écrivains
anciens sur ses œuvres, les discours d'Ajax et d'Ulysse, les fragments d'œuvres
identifiées, les fragments d'origine incertaine. Les notices biographiques, les
allusions anecdotiques, les χρεΐαι, viennent ensuite. Le recueil des textes est
accompagné d'une bibliographie tout à fait à jour, à laquelle il faut ajouter,
dans les notes de l'article extrait des Studi Urbinali, les références à des
ouvrages qui ne traitent pas spécialement d'Antisthène mais offrent des
développements importants sur ce philosophe : ainsi les travaux d'A. Delatte
et d'O. Gigon sur des Mémorables de Xénophon, les livres de Félix Buffière sur
Les mythes d'Homère et la pensée grecque et de Marcel Détienne sur Homère,
Hésiode et Pythagore (études de la scholie de l'Odyssée, I, v. 1, conservée par
Porphyre). Le recueil proprement dit des fragments (pages 17-74) est suivi
de notes (p. 77-128) qui, tout en portant la lumière sur les nombreuses difficultés
du texte, essayent par de nombreux renvois et recoupements d'un passage
à l'autre, de lutter contre les effets du morcellement et de la discontinuité.
Un tableau de plusieurs pages établit les concordances avec les éditions de
Winckelmann, de Mullach, et la classification de l'ouvrage malheureusement
inédit de J. Humble (thèse de Gand, 1932) ; l'ouvrage s'achève par un index
très précis des sources antiques ; tableau et index montrent que l'édition de
Mme Caizzi s'enrichit de plusieurs textes dont ses prédécesseurs ne faisaient
pas état : ainsi, des passages de Théopompe (cités par Athénée), de Panétius
et de Persée (cités par Diogène-Laërce), du discours VII de Julien, en ce qui
concerne les témoignages sur l'œuvre ; deux passages des commentaires
d'Alexandre d'Aphrodise à la Métaphysique et aux Topiques d'Aristote ; deux
passages de Simplicius (In Aristotelis Categorias).
Tout lecteur de Platon, de Xénophon, d'Aristote, et quiconque, bien entendu,
s'intéresse aux divers Socratiques, aux Cyniques, aux Stoïciens, regrette
cruellement de ne pouvoir connaître beaucoup plus de textes d'Antisthène que
le meilleur recueil de ses fragments n'en pourra jamais offrir, et désespère de
se faire une idée tout à fait claire et complète d'un homme et d'une œuvre qui
comptèrent beaucoup dans leur temps. De nombreux érudits ont mis une
application systématique à retrouver la pensée d'Antisthène à partir des
allusions, des commentaires, des polémiques de divers auteurs, qui tantôt
citent le nom de l'écrivain sans qu'on soit sûr pour autant que leur témoignage
est fidèle, et tantôt ne le citent pas, ce qui laisse une grande marge d'arbitraire
à notre appréciation : on sait que le zèle d'un Diimmler, d'un Joël — de
plusieurs autres — est souvent allé beaucoup trop loin. Sans pouvoir faire
revivre ce qui est à jamais disparu, on a du moins cherché à saisir, dans les
textes les plus divers, et pour ainsi dire sous eux ou derrière eux, les signes
révélateurs d'une « présence possible » d'Antisthène. Naturellement, l'œuvre
de Platon offrait un vaste champ à ces savants exercices : Ion ne serait qu'un
masque, sous lequel le philosophe ridiculiserait son adversaire ; le commentaire
du σκόλιον de Simonide dans le Protagoras atteindrait par quelques biais
Antisthène ; le Banquet serait plein d'allusions à ce personnage, le Phèdre
COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES G27
serait « exclusivement dirigé contre lui ». Paul Shorey s'est diverti sans
ménagement de ces excès, constatant qu'Antisthène devenait ainsi, à la fois, le « late
learner » du Sophiste, le « sophistical mountebank » de VEuthydème, le « wild
etymologist » du Cratyle, la « Thracian Abigail » du Théétète, et Protagoras
lui-même dans le Protagoras. Auguste Diès se contentait de sourire, en voyant
surgir à point nommé, quand il écrivait son introduction au Théélète,
« l'inévitable Antisthène ».
Dans les cinquante pages de son essai, Mme F. Caizzi évite avec soin les
constructions hasardeuses, ce dont on ne peut que la féliciter. Elle s'efforce
même de réduire, pour y porter plus sûrement la lumière, le champ de son
enquête, d'une part en n'accordant que peu de place à la figure de Socrate
(car, observe-t-elle, « Antistene deve costituire un punto di partenza corne
fonte del pensiero di Socrate e non viceversa »), d'autre part en laissant de
côté le cynisme proprement dit, mouvement qui doit certes beaucoup à
Antisthène, mais dont la connaissance ne peut servir à expliquer ses théories.
Sans se laisser non plus entraîner à la tentation de faire un portrait moral
du personnage, elle s'efforce essentiellement de découvrir les liens qui existent
chez cet homme dont les Anciens avaient déjà reconnu la paradoxale complexité,
entre le sophiste, le rhéteur et le moraliste.
Son étude est développée en trois parties : la pensée logique et « gnoséolo-
gique » ; les œuvres rhétoriques et les études sur Homère ; Antisthène et
Xénophon.
Dans la première partie, Mme Caizzi part du passage de la Métaphysique
d'Aristote (1043 Β 4) qui justifie jusqu'à un certain point οι Άντισθένειοι
και οί οΰτως απαίδευτοι quand ils constatent qu'il n'est pas possible de définir
ce qu'est une chose (το τί έστιν όρίσασθαι) mais seulement d'indiquer sa réalité
propre ((ποίον μεν τί έστιν ... δίδαξαι)) : la définition est un λόγος «long», qui
n'ajoute rien, en fait, à ce qui est indiqué par le nom même de la chose, et le
λόγος, dans la mesure où il diffère du simple nom, n'a pas pour objet τό τί
έστιν. Citant le fragment de Diogène-Laërce, VI, 3, qui déclare qu'Antisthène
fut le premier à définir le λόγος en disant λόγος εστίν ό τό τί ήν ή έ*στι δηλών,
Mme Caizzi le fait suivre d'un passage du commentaire d'Alexandre d'Aphrodise
aux Topiques d'Aristote, qui a retenu l'attention de Pierre Aubenque (Le
problème de l'être chez Aristote, p. 465), et qui permet un rapprochement nouveau
avec le passage de la Métaphysique déjà utilisé. L'auteur note avec bonheur
que, du point de vue linguistique, la présence de l'imparfait (ήν) s'explique fort
bien, les éléments d'un composé étant en un certain sens antérieurs au composé
lui-même ; de plus, l'« intervento dell'elemento temporale » nous montre « il
limite implicito in un'enunciazione che non puo staccarsi dalla cosa corne
fenomeno, di fronte alla sfera extratemporale, ad esempio, del genera platonico,
la cui domanda è τί έστιν ».
A propos du problème de «l'attribution» chez Antisthène, Mmc Caizzi,
observant que le langage, fidèle miroir des choses selon le philosophe, s'articule
sur deux plans distincts (celui des noms qui indiquent chacun une réalité et
comprennent l'essence des choses, et celui du λόγος, qui est discours, énoncé,
et bénéficie de l'analyse tout en essayant d'amener la complexité des choses
à l'unité et à la simplicité), conclut qu'une solution est possible sur le plan
«essentiellement descriptif» (p. 31). La fin de la première partie traite de la
rivalité qui opposa Platon et Antisthène — rivalité qu'il n'y a pas lieu de mettre
en doute, mais dont l'auteur de l'étude se refuse finalement à voir un reflet précis
dans plusieurs dialogues où la majorité des critiques supposent que Platon
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pense à Antisthène : ainsi, à propos du Théétète, 201 BC ; à propos du Sophiste,
25 1 Β (Antisthène ne serait pas Γόψιμαθής) ; à propos de V Eulhydème (qui ne
s'attaquerait pas à Antisthène).
La seconde partie comprend une analyse des deux discours prêtés par
Antisthène à Ajax et à Ulysse dans Γάγών qui les oppose à propos des armes
d'Achille. Dans le discours attribué à Ajax, comme dans les paroles du
Palamède de Gorgias, est affirmée la supériorité de Γέργον sur le λόγος : les
deux héros ont l'un et l'autre à affronter Ulysse, symbole de la puissance du
λόγος. A première vue, il y a là un trait qui rappelle le Cynisme. En fait, c'est
Ulysse, et non pas Ajax, que préfère Antisthène : le discours d'Ulysse présente
le λόγος comme l'instrument indispensable de la connaissance du vrai — ce
qui, coïncidant avec ce que nous savons de la logique d'Antisthène, est pour
l'auteur de l'étude (p. 49) une preuve de plus de l'authenticité du discours.
A propos de la scholie du v. 1 du premier chant de l'Odyssée (sur l'épithète
d'Ulysse, πολύτροπος), Mme Caizzi se range à l'avis de Rostagni et de Marcel
Détienne (contre Radermacher et Félix BufTière) pour en attribuer le texte
à Antisthène ; elle y discerne l'influence directe du Pythagorisme. Mais elle
s'efforce (p. 54) de marquer la distance qui sépare Antisthène de Gorgias, car
il ne considère pas la rhétorique comme ouvrière de simple persuasion : le λόγος,
pour lui, atteint la vérité, une et accessible à l'homme. Un des rapprochements
les plus originaux que nous propose cette étude est celui de la scholie à l'Odyssée,
I, v. 1, et du début du premier discours de Dion Ghrysostome — dans lequel
Mme Caizzi voit (p. 56), à propos du flûtiste Timothée jouant devant Alexandre
le Grand et choisissant le τρόπος capable de toucher le prince, un éloge de la
πολυτροπία « come mezzo per raggiungere la sintonia, l'armonia unificatrice » :
le lien entre les discours variés et les τρόποι musicaux, explicite chez Dion,
est implicite chez Antisthène, et il convient de se rappeler que le philosophe
avait écrit un traité περί μουσικής, si l'on en croit le catalogue de Diogène
Laërce.
Antisthène était l'auteur de commentaires sur Homère.
Faut-il admettre que ce travail ressortissait à l'interprétation allégorique ?
Mme Caizzi ne le croit pas (p. 59) : pour elle, aucun des fragments du philosophe
n'invite à placer sur deux plans distincts le récit homérique — celui où se
découvre le sens littéral, et celui du sens caché qu'il faudrait découvrir. Cela
contredit sans doute le passage de Dion Chrysostome (Or. 53, 5) où Zenon
de Kition salue Antisthène comme le précurseur de cette méthode
d'interprétation : il reste que, même si Antisthène a pu parfois recourir à ce procédé,
nous ne pouvons pas discerner les mots auxquels il applique les ύπόνοιαι.
Que la troisième partie se fonde surtout sur les témoignages de Xénophon
n'est nullement étonnant, si l'on pense à la place qu'Antisthène tient dans les
Mémorables et dans le Banquet; après les exagérations de K. Joël, puis les
mises au point d'A. Delatte et d'O. Gigon, il y avait place pour la recherche
attentive et prudente de Mme Caizzi. A propos de la polémique du livre I des
Mémorables contre Polycratès, elle fait justice de la thèse d'après laquelle
Antisthène serait visé dans cette partie du texte. En ce qui concerne les
Mémorables, III, 8, 7 (conversation de Socrate et d'Aristippe), Xénophon
présente le beau et le bon comme différents dans des choses différentes —
conception inacceptable dans la perspective de VHippias majeur de Platon
par exemple, mais qui s'accorde assez bien avec la théorie du καιρός (d'origine
pythagoricienne), laquelle apparaît fondamentale dans les discours d'Antisthène
(Ulysse) et dans la scholie à Γ Odyssée, I, v. 1. Le livre IV des Mémorables
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comporte, comme l'a observé l'érudit allemand Th. Birt dans une étude déjà
ancienne, des emprunts manifestes à un ouvrage περί παιδείας dont Antisthene
était l'auteur : Mme Caizzi admet l'idée de cet emprunt.
Quant au Banquet de Xénophon, on sait qu'il fait revivre et parler devant
nous Antisthene. Ce vivant portrait, pour Mme Caizzi, montre qu'aux yeux
de Xénophon, Antisthene était de tous les convives le plus proche de Socrate, en
dépit des différences de leurs caractères : dans le Banquet, Antisthene est
proche des futurs cyniques, c'est un « sofista cinico-socratico ». En proposant
cette formule, l'auteur nous rappelle que dans la Sophistique se trouvent
des éléments qui seront adoptés par le Cynisme ; que d'autres sont déjà propres
au Pythagorisme ; qu'Antisthène, auteur d'un Héraclès, connaissait l'importance
des motifs pythagoriciens du πόνος, de Γάσκησις, de la μελέτη. Quant à la
μαστροπεία dont se vante Antisthene (Banquet, III, 10), qualité qui a suscité
mainte controverse, Mme Caizzi la rapproche de la μαιευτική et de la προαγωγία
socratiques du Théétète. Le μαστροπός du Banquet est celui qui fait que deux
personnes se rencontrent et se plaisent — non seulement par l'attrait physique,
mais par la séduction de la parole et de l'intelligence : il a ainsi une fonction
humaine et même politique, loin de l'acception banale et basse du nom qu'il
porte.
Paul Vicaire.

37. Zimmermann (Arnd). Tyche bei Platon. Diss. Bonn, 1966. 170 p.
(dactylographie photocopiée).

Cette dissertation de Bonn, dirigée par H. Herter, — qui a lui-même traité


le sujet dans plusieurs articles, — étudie, en suivant à peu près l'ordre
chronologique, la centaine d'exemples du mot τύχη chez Platon. L'introduction discute
quelques travaux récents ; de cet examen, il ressort que l'auteur ignore la plupart
des contributions de langue française ; pourtant il aurait consulté avec profit
l'article de J. Souilhé dans la Festgabe II. Geyser (1930), sur la Theia moîra,
ou celui de W. de Mahieu dans la Revue belge de philologie et d'histoire (1963-
1964), sur « La Doctrine des athées au Xe livre des Lois » ; son analyse du début
de ce livre (pp. 51-56) aurait pu ainsi marquer plus fortement l'opposition de
τύχη à θεός, à νους et à τέχνη, contre laquelle τύχη s'allie à φύσις. Sur un point
de détail, l'édition des Universités deFrance justifiait au 1. IV des Lois, 709 a 6-7,
le τε qui fait partager au génitif άκαιρίας (leçon probable du Parisinus graecus
1807, A, ante correct ionem) la fonction de λοιμών, « sujet » du participe
εμπιπτόντων (cf. pp. 94 et 150, n. 207). Dans l'ensemble, d'ailleurs, les Lois,
qui fournissent près de la moitié des cas (48 sur 102), ont reçu le traitement
qu'elles méritaient (pp. 51-87) ; de même, la Lettre VII (pp. 88 sqq.). La variété
des emplois de τύχη ne permet guère de les réduire à une notion simple ; les
plus intéressants restent ceux où elle est qualifiée de δαιμόνια ou de θεία, et
c'est ce que montre une dernière fois la conclusion (pp. 109-114).

Edouard des Places.

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