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IDÉESGRECQUES
SURL'HOMME
ET SURDIEU
PAR
Jean PÉPIN
PARIS
SOCIÉTÉ D'ÉDITION « LES BELLES LETTRES»
95, BOULEVARD RASPAIL
1971
Ouvrage publié avec le concours
du Centre National de la Recherche Scientifique
A Monsieur Pierre B~ancé.
A Monsiellf' Joseph Moreau.
AVANT-PROPOS
ANTHROPOLOGIE ET THÉOLOGIE
2
6 ANTHROPOLOGIE ET THÉOLOGIE
connu.
z.. De la connaissance
de l'homme à la connaissancede Dieu.
Dans cette constitution de la notion de -roF;V~fLÎ:V0ei:ov,
dans son identification à la partie intellectuelle de l'âme,
dans le devoir qu'on lui trace de réintégrer, par un effort
d'ofLo(wcr~ç,le divin originel, on accordera qu'il y a déjà
une notable compénétration d'analyse anthropologique
et de réflexion religieuse. La conviction s'en impose
davantage encore si l'on passe de l'ordre de l'être à celui
de la connaissance. S'il est vrai que la structure de l'homme
comporte un élément divin qui n'est autre que son intellect,
il doit en résulter que la connaissance de l'intellect humain
procure dans une certaine mesure la connaissance de Dieu.
De ce principe général, les Grecs ont tiré les applications
les plus diverses. Certaines se situent à un humble niveau.
Constituer, comme fait Homère, les dieux à l'image des
hommes, projeter notamment en ceux-là les bassesses
de ceux-ci, voilà déjà, sans nul doute, une façon d'extraire
de la connaissance de l'homme une représentation de la
divinité. On sait quelle levée de boucliers cette théologie
anthropomorphique a provoquée chez les penseurs plus
rigoureux, de Xénophane à Épicure en passant par l'ancien
pythagorisme et par Platon 1 ; rappelons simplement
la protestation de Cicéron, qui offre l'intérêt de renverser
le sens de l'inférence en souhaitant que l'on représente
plutôt les hommes sur le modèle des dieux : en racontant
le rapt de Ganymède, « Homère fabulait et transportait aux
dieux les attributs humains : je préférerais qu'il eût transporté
en nous les attributs divins »2 ; c'était demander qu'à la
théologie anthropomorphique des poètes se substituât
(1) Non sans plusieurs relais intermédiaires ; c'est ainsi que, malgré
leur répugnance pour les théologies anthropomorphiques, les stoiciens
peuplaient une partie de leur panthéon au moyen d'hommes divinisés ;
cf. PHILODÈME, De piet. 11, = SVF II 1076, p. 315, 23-24, disant de
Chrysippe (dans le I•r livre de son Ilept 0erov): Koc[t ixv]0pwitouç
elç 0eo[u]ç (!)7)0-t µe[-r]ocÔ:xÀeî[v].
16 ANTHROPOLOGIE ET THÉOLOGIE
(1) Cf. E. R. Donns, The Parmenides of Plalo and the Origin of the
Neoplaloniç « One )), dans The Clau. Quart., 22, 1928, p. 129-142, avec
les réserves d'É. BRÉHIBR, Le «Parménide)> de Platon et la théologie
négative de Plotin, dans Études de Philosophie antique(« Public. de la Fac.
des Lettres de Paris»), Paris 1955, XXVII, p. 232-236.
(2) Cf. supra, p. 6 et note (3).
(3) Sur l'égalité de la vertu, cf. Cléanthe dans SVF I 564, p. 129,
6-14; Chrysippe dans SVF III 245-252, p. 58-59, et 526, p. 141, 21-22.
Sur l'égalité du bonheur, cf. Chrysippe dans SVP III 54, p. 14, 10-13,
et 248, p. 59, 9-11 ; CrcÉRON, De nat. deor. II 61, 1B ; SÉNÈQUE,
Epist. ad Lucil. 59, 14 ; 73, 13 ; 110, 18 ; Nat. quaest. VI 32, 5 ;
PLUTARQUE, De commun. nol. 33, 1076 B. Le sage stoïcien est même
supérieur à Dieu en ce qu'il est au-dessus de la souffrance alors que
20 ANTHROPOLOGIE ET THÉOLOGIE
1. Continuité du platonisme.
8
22 ANTHROPOLOGIE ET THÉOLOGIE
tudinem uero non assumens per spiritum » ; voir sur ce point A. ÜRBE,
Antropologla de San Ireneo, dans « Bibliot. de autores cristianos »,
286, Madrid 1969, p. 122 sq.
(1) CLÉMENTo'ALEX., Strom. II 22, 131, 6, éd. Stahlin, p. 185,
25-28 : "H yà.p OÙ)(o(h·wi; 't"LVS:<;
't"WV ~µe:-rspwv't"Oµsv XCX't"'
e:lx6vcx
e:ù0éw,;xcx't"à.
TIJVyéve:mve:l):ricpéva:L't"OV
&v0pwrrov,'t"Oxcx0' oµolw-
crLv8s 6crnpov xcx't"à.TIJV't"ùdwcrw µéÀÀe:Lv &rro).cxµMve:LV
èx8éxov-
't"CXL;même interprétation dichotomique en Paed. I tz, 98, 3 (c'est le
Christ qui a réalisé pleinement l'ôµolwcrLç;, tandis que les autres
hommes en restent à l'e:txoov); III 12, 101, 1 ; Protrept. XII 120, 4 ;
Strom. II 19, 97, 1, etc.
(2) Strom. II 22, 131, 5 et 133, 3.
(3) ORIGÈNE, De princ. III 6, 1, éd. Koetschau, p. 280, 2-17 (trad.
Rufin): « summum bonum [... ] a quam plurimis etiam philosophorum
hoc modo terminatur, quia summum bonum sit, prout possibile
est, similem fieri deo (Théét. 176 b). Sed hoc non tam ipsorum
inuentum, quam ex diuinis libris ab eis adsumptum puto. Hoc namque
LE DOGME DE L'INCARNATION 25
cette exégèse de la Genèse 1, 26 - qui se nourrit de
platonisme et, en retour, imprime au platonisme une
coloration chrétienne - se développe en milieu alexandrin ;
elle était vouée à n'en point sortir ; les Cappadociens, et
notamment Grégoire de Nysse, devaient revenir à l'inter-
prétation unitaire de l'dxwv et de l'oµo(wmç 1 •
3. Théologieaj/irmative et théologienégative.
(1) PHILON, Quod tkus sil immut. 11, 53-54; cf. de même De som11.
1 40, 237 ; Quae.rt. in Gm. II 54.
(2) Quod deus... 11, 55, éd. C.-W., II, p. 68, 23-69, 1 : oùlle:µiqi
'rOOV y~ov6-.oov tllé~ 1tocpocô&MO\l(rL -ro 1$v,à).).' èxfüô&crocv-re:ç
ocù-ro
... ; de même 13, 61-62 ; De poster. Caini 48, 168 ;
mfol)<; 1tot6't'1)-roç
D, somn. I 11, 67.
(3) Quod tkus ... 11, 56, p. 69, 7-8 : o!oc m:pt 11:oc\l-rwv -rotocihocxoct
1te:pl -roü 1t&v-roov a:!-r(o\l1lte:vo~01)cra:v
; de même De sacrif. Abel. el
Caini 29, 95 ; De co,ifus. ling. 21, 98.
(4) Quod deus... 12, 59 ; De sacrif. .. 29, 95-96.
(5) De confus. Jing. 21, 98, éd. C.-W., II, p. 248, 1 ; Quod deus..• 14,
63-64.
(6) De poster. Caini 48, 168, éd. C.-W., II, p. 37, 13.
30 ANTHROPOLOGIE
ET THÉOLOGIE
« IMMORTELS MORTELS,
MORTELS IMMORTELS »
(1) PINDARE, Ném. VI, str. 1, 1-11 ; sauf pour le début, je recopie,
à de minimes changements près, la trad. d' A. Puech, p. So ; en toute
hypothèse, ce texte est rythmé par l'affirmation alternée de la parenté
et de la dénivellation entre les dieux et les hommes, la seule difficulté
restant de savoir si la première idée exprimée concerne l'une ou
l'autre ; cf. supra,p. 5 et note (2). La mère unique est la Terre, cf.
HÉsmnE, Théog. 117, dont s'inspire d'ailleurs le vers 6 de Pindare
(à moins que ce ne soit d'0d. VI 42, : !'Olympe, résidence des dieux
à jamais immuable) ; le « ciel d'airain n des vers 6-7 vient d'J/. XVII
425. Pour le début, Frankel compare HÉSIODE,T,-av. 108: 'Qç oµ60e:v
ye:y&01:(l"L
(le:ot8v7j-;o!-;' &v0poorçot,
dont l'authenticité est malheureuse-
ment controversée. On aura remarqué enfin aux vers 7-9 l'idée que
le voüç humain est à la ressemblance divine ; c'est l'une des plus
anciennes expressions de la thèse que l'on a signalée plus haut, et dont
on rencontrera encore tant d'exemples.
4
38 ANTHROPOLOGIE
ET THÉOLOGIE
(1) B 76, p. 168, 4-6, = MAxrME DE TYR XII 4; cf. les autres
textes de B 76, et aussi B 36. B 76 a été suspecté de contamination
stoïcienne par KIRK et RAVEN, op. cit., p. 206, n. 1, pour la raison
qu'Héraclite n'aurait pas admis l'air au nombre des éléments ; voir
en sens contraire GuTHRIE, op. cit., p. 453 et n. 2. C'est cette mutation
perpétuelle de tous les éléments les uns dans les autres qui a conduit
à refuser à Héraclite la thèse de l'Èxrrup<ilcrLç,
que lui prêtent pourtant
les stoïciens ; cf. par exemple W. JABGER, The Theology of the Barly
Greek Phiiosophers(« The Gifford Lectures» 1936), Oxford 1947,
p. 12.2-123, et W. K. C. GuTHRIE, op. cit., p. 455-458.
(2) Ce point a été bien mis en lumière par K. REINHARDT,op. cil.,
p. 1 79•
40 ANTHROPOLOGIE ET TH~OLOGIE
IL SA POSTÉRITÉ p AÏENNE
1. Hippo(yte.
L'Elenchosd'Hippolyte (après 222) est sans aucun doute
postérieur de quelques années au Pédagoguede Clément
d'Alexandrie (mort avant 215). C'est néanmoins par
Hippolyte que l'on commencera d'examiner la tradition
chrétienne du fragment 62 d'Héraclite, tant il apparait
que le progrès dans la méthode théologique s'est développé
ici au rebours de la chronologie. La première question
est de savoir comment Hippolyte a pris connaissance du
texte d'Héraclite, dont il a sauvé tant de fragments 2 ,
dans une transcription que l'on s'accorde à trouver
d'excellente qualité. On a cru naguère que cette connaissance
avait été indirecte, procurée par l'intermédiaire d'un texte
valentinien intitulé Apophasis et attribué par Hippolyte
à Simon le Mage 3 • On pense aujourd'hui qu'il a eu directe-
ment accès à l'œuvre d'Héraclite, dans une anthologie
alexandrine où elle était accompagnée d'interprétations
stoïciennes 4 ; cette vue des choses rend assurément mieux
z. Clément d'Alexandrie.
5
CHAPITRE PREMIER
(1) Ibid. I 2.2., 5 1-52. : « Mihi quidem naturam animi intuenti multo
difficilior occurrit cogitatio, multo obscurior, qualis animus in corpore
sit tanquam alienae domui, quam qualis, cum exierit et in liberum
caelum quasi domum suam uenerit [... ] Est illud quidem uel maxumum
animo ipso animum uidere, et nimirum banc habet uim praeceptum
Apollinis, quo monet ut se quisque noscat. Non enim, credo, id
praecipit, ut membra nostra aut staturam figuramue noscamus ; neque
nos corpora sumus, nec ego tibi haec dicens corpori tuo dico. Cum
igitur ' Nosce te' dicit, hoc dicit : ' Nosce animum tuum '. Nam
corpus quidem quasi uas est aut aliquod animi receptaculum ; ab
animo tua quicquid agitur, id agitur a te ».
(2.) C1cÉRON,Somn. Scip. (De repub!. VI) 8, 2.6 : <<sic habeto non
esse te mortalem sed corpus hoc. Nec enim tu is es quem forma ista
declarat, sed mens cuiusque is est quisque, non ea figura quae digito
demonstrari potest. Deum te igitur scito esse si quidem est deus qui
uiget, qui sentit, qui meminit, qui prouidet, qui tam regit et moderatur
et mouet id corpus cui praepositus est quam hune mundum ille princeps
deus ; et ut ille mundum ex quadam parte mortalem ipse deus aeternus,
sic fragile corpus animus sempiternus mouet >> (noter que E. KA.PP,
Deum te scito esse?, dans Hermes, 87, 195 9, p. 131-132., a proposé pour
cette page une correction : si quidem est deus serait une interpolation,
et il faudrait lire eum te igitur scito e.rsequi uiget, etc. ; séduisante en ce
qu'elle rend mieux compte de la suite du raisonnement Ogitur), cette
conjecture ne repose malheureusement sur rien d'autre). Il y a long-
temps que ce texte a été rapproché du précédent ; cf. notamment
P. CoRSSEN,De Posidonio Rhodia M. Tul!i Ciceronis in libro I. Tusc. disp.
et in Somnio Scipionis auctore, diss. Bonn 1878, p. 41 ; P. BoYANCÉ,
Études sur le Songe de Scipion ( Essais d'histoire et de p.rychologiereligieuses),
dans <<Biblioth. des Univ. du Midi ll, 2.0, Bordeaux-Paris 19;6,
p. 12.1-12.2. Quant à De !eg. I 22., 58 sq. et Tus.u!. V 2.5, 70, ils ont été
versés au débat par P. BoYANCÉencore, Cicéronel le «Premier Alcibiade»,
dans Revue des Études lat., 41, 1963, p. 2.11 et 2.17-218. Enfin, les
principaux textes de Cicéron viennent d'être étudiés et minutieusement
UNE ANTITHÈSE PEU CONTESTABLE 61
s'assortit d'une révision de la précédente définition du
souverain bien ; en Tuscul. V, Cicéron rejette la division
tripartite des biens 1 ; surtout, il repousse à plusieurs
reprises toute distinction entre la uita beata et la uita beatis-
sima2 ; il le fait également à la fin du De ftn. V 3 •
Il est certain que cette seconde prise de position de
Cicéron ne procède pas des mêmes préoccupations que
la première. Le problème était alors de déterminer le
souverain bien, et les discussions sur les constituants de
la nature humaine étaient ordonnées à cette recherche. Le
propos est maintenant tout différent : il s'agit d'accréditer
l'immortalité et son caractère divin ; non seulement dans
le Songe, mais dans presque tous les textes du deuxième
groupe, il est fait état, à cette fin, d'une ascension de l'âme
qui découvre la sublimité du cosmos, selon un thème hellé-
rust1que bien connu 4 ; dans cette perspective, le corps
humain se trouve naturellement dévalué, et exclu, au
bénéfice de l'âme seule, de la définition de l'homme
véritable. Néanmoins, malgré la différence des contextes,
les deux cas présentent certains éléments communs ; ainsi
la référence à la maxime delphique, usuelle dans les textes
du second groupe, n'est pas absente de ceux du premier ;
inversement, la définition du souverain bien et la recherche
du bonheur, qui étaient le moteur de la première prise de
position, interviennent plusieurs fois dans la deuxième ;
surtout, c'est une analyse anthropologique de même
(1) Tu.md. V 30, 85 : « Haec igitur simplicia, illa mixta: tria genera
bonorum, maxuma animi, secunda corporis, externa tertia, ut
Peripatetici nec multo ueteres Academici secus >>; témoignage iden-
tique chez SEXTUS EMPIR., Adu. mathem. XI 45 : O! µèv ytxp cx1to-rijç
'Axcc87Jµlccc; xccl.'l'OÜ Ile:pmchou Tplccyiv7J q>cccrl.vdvcc1'l'WV cxycc6iJJv,
xccl.& µè:v m:pl. tJiux~vùmxpxe:w,& 8è 1te:pl.criJJµcc,& 8è ixToç tJiuxijç
'l'E: xcd cr0µoiToç ; de même Hypot. pyrrhon. III 180.
(2) Tu.rcul. 30, 85 et 31, 87 ; Lucullus 42, 131 ; 45, 139 : « ut
Calliphontem sequar » (mais la position de Calliphon est inconfor-
table).
64 SOURCE DE LA PREMIÈRE ATTITUDE
6
70 SOURCE DE LA PREMIÈRE ATTITUDE
LE PROTOTYPE
DE LA DEUXIÈME ATTITUDE
LE Jer ALCIBIADE ; SA POSTÉRITÉ
(1) Somn. Scip. 8, 27-9, 2.8 ; Tuscul. I 23, 53-54. Noter encore
Tuscul. I 21, 49 (éloge de Platon); 23, 55 (id.); 24, 57-58 (référence
au Ménon), etc.
(2) Voir cependant Tim. 44 a, où le corps est dit le récipient ou
obtocvxu-roç.
l'enveloppe de l'âme, -ro -rijç ljiux_'ijç
72 LE Ju ALCIBIADE ET SA POSTÉRITÉ
(1) Cités .rupra, p. 56, note (3), et p. 63, note (1). Classement iden-
tique des biens chez PLATON,Apol. 30 ab; Gorgia.r 477 ab; Philèbe
48 c-e (en relation avec l'inscription de Delphes) ; Loi.r III 697 ab;
V 726 a-72.9a ; 743 d-744 a ; IX 870 b (cité infra, p. 88, note (o) ; moins
nets, Euthyd. 279 a-280 a et Lois I 631 b-e; et aussi chez ARISTOTE,
Eth. Nic. I 8, 1098 b 12-20, etc. Le classement est plus systématique
chez Aristote ; d'autre part, on sait que celui-ci accorde aux biens
corporels et extérieurs plus de considération que ne faisait Platon,
au point de déclarer qu'ils sont indispensables au bonheur (Polit. IV
[VII] 1, 1323 a 24-27 ; et aussi Eth. Nic. I 9).
(2) Cf. par exemple De leg. I 22, 59 et Tu.rcul.V 25, 70, cités supra,
p. 59, notes (1) et (3). En Somn. Scip. 8, 26, la même idée est
exprimée par la notion d'une correspondance entre la façon dont le
Dieu suprême gouverne le monde et celle dont l'esprit humain régit
le corps placé sous ses ordres ( id corpus cui praepositus est) ,· cette
dernière notation rejoint un thème fondamental du Jer Alcibiade, à
savoir que la distinction de l'âme et du corps est celle du commandant
(ro 't'OUcrroµoc't'OÇ<'lpxov,130 a) et du commandé (<'lpx.:cr0oci, 130 b).
76 LE l" ALCIBIADE ET SA POSTÉRITÉ
cryphe celui-là, l' Axiochos, 365 e : une fois que l'âme s'en
est allée, le corps qui reste n'est pas l'homme, car nous
sommes âme (-rà u1t0Àeup0è:v cr&µ.oc [...] oûx fonv o&v0pw-
1to.:;.'Hµ.d.:; µ.è:vyixp lcrµ.ev ~ux~) ; vient ensuite (370 b-d)
un argument en faveur de l'immortalité de l'âme, tiré de la
présence en elle d'un 0e'i:ov1tveuµ.ocqui seul explique les
prouesses techniques et les conquêtes scientifiques de
l'homme ; ce sont ces deux données qui ont conduit à
rapprocher l' Axiochos des textes de Cicéron 1 •
Néanmoins, l'idée que l'homme n'est pas autre que son
âme n'est pas tout à fait absente des dialogues sûrement
platoniciens. Le plus souvent, elle s'y trouve de façon
implicite ; ainsi en Phédon 115 c-116 a (le vrai Socrate n'est
pas son cadavre) ; en Répt1bl.V 469 de (ne détroussons pas
les cadavres ennemis : l'ennemi s'en est envolé, ne laissant
là que l'instrument avec lequel il combattait) ; en Lois V
726 a (de tous nos biens, l'âme est le plus divin, étant celui
qui nous est le plus personnel: ~ux~ 0et6-roc-rov, otxet6-roc-rov
6v). Une fois au moins pourtant, en Lois XII 959 ab, la
formulation se présente aussi nettement que possible,
et même avec quelque redondance : l'âme est entièrement
supérieure au corps ; dans cette vie même, ce qui constitue
chacun de nous n'est rien d'autre que l'âme (-rà 1tocpex6µ.evov
r,µ.wv
• - "
EXOCO"'t"OV
- , 1' ~\ ,,, , .lÀ \ ,1, 1
OC/VI. 'j 't"'Y)V't'UX'Y)V ; e corps
't"OU't" E~VOCLfL'YJOE:V
1 )
(1) Cf. P. CoRSSEN,Cicero's Quelle für das erste Buch der Tusculanen,
dans Rhein. Museum, 36, 1881, p. p6 (pour Tuscu!. I zz, 52) ;
P. BoYANcÉ, Études sur le Songe de Scipion, p. 124 (pour Somn. Scip.
8, 26) ; R. PHILIPPSON,art. cit., col. 1144-1145, va jusqu'à voir dans
ce dialogue l'une des sources de Tuscul. I, alors que Corssen pensait
plus sagement à une source commune ; enfin L. ALFONS!, L' Assioco
pseudoplatonico. Ricerca su/le fonti, dans Studi di Filosojia greca in onore
di R. MoNDOLFO(<<Bibliot. di Cultura mod. ll, 472), Bari 1950, p. 266,
explique la ressemblance entre le dialogue et Somn. Scip. 8, 26 par
l'influence parallèle de l' Aristote perdu.
THÈMES AUTHENTIQUEMENT PLATONICIENS 79
oc0ocVO:'tOV
()\J't'CùÇ1 e:!vo:L~UX.~VÈ1t:0V0!',,0:~6µi;vov), - CeS
réflexions paraissant propres à abréger et à simplifier le
rituel des funérailles 1 •
Si l'âme tout entière défi.nit l'homme, la partie ration-
nelle de l'âme le défi.nit de façon privilégiée ; cette précision
que l'on a relevée dans I' Alcibiade se retrouve elle aussi
dans les dialogues ; elle ressort par exemple d'un passage
bien connu de la Républ. IX 588 b sq., où l'âme est comparée
à l'assemblage d'une bête polycéphale, d'un lion et d'un
homme, une forme humaine venant envelopper le tout ;
on reconnaît la tripartition platonicienne classique de
l'âme en èm0uµ'Y)·nx6v, 0uµoi;t~éç et Àoyu:rnx6v; mais
la fiction qui l'habille ici a son prix : l'assimilation de l'âme
complète à une figure humaine s'accorde à la définition
de l'homme par l'âme tout entière ; toutefois, cette figure
humaine globale renferme, à côté de deux autres consti-
tuants, un homme, qui est à la lettre l'homme intérieur,
o èv-.àr; &v0p<ùrcoç(5 89 a), à qui il revient de dominer
l'homme entier ; entendons que, dans cette âme qui
définit l'homme, la partie rationnelle le définit plus adé-
quatement, qu'elle est, selon une formule à laquelle la
tradition platonicienne fera un sort, l'homme dans
l'homme. Quant à la distinction, liée dans I' Alcibiade
à cette définition de l'homme, entre le souci de nous-même
et celui de ce qui est à nous, elle se rencontre en propres
termes dans !'Apologie de Socrate 36 c, où l'on voit celui-ci
essayer de persuader à chacun de ses auditeurs de µ~ 1tp6-
npov µ~-.i; 'tWVêo:u-roüµ'Y)aevàçèmµeÀEi:cr0o:L 1tp1vêo:u-roü
èmµeÀ'YJ0d'YJ, Enfin, la comparaison de l'âme d'autrui à un
miroir dans lequel nous apercevons la nôtre n'est pas
propre à l' Alcibiade; car on en trouve une toute semblable
1. Aristote.
Les pages de Jamblique que l'on rapporte communément
au Protreptique d'Aristote accusent des ressemblances très
sensibles avec le Jer Alcibiade2 ; ainsi y trouve-t-on l'idée
que le corps est à l'âme comme le commandé au comman-
dant, ou comme l'instrument à l'utilisateur 3 ; et encore
l'affirmation du caractère divin propre à l'intellect de
l'homme 4 ; cette exaltation de l'âme et de l'intellect
(1) Autres thèmes du Jer Alcib. dont la présence chez Platon est
bien connue : - rapport du corps à l'âme conçu comme celui de
l'instrument à l'utilisateur ou du commandé au commandant (Phédon
79 ç; 79 e-80 a; Tim. 34 ç; Loi.r X 896 ç); - caractère divin de l'âme
ou de sa partie intellectuelle (Phédon 80 ab; Républ. IX 589 d-590 d;
X 611 e; Tim. 41 ,; 69 d; 72 d; 88 b; 9oaetc; LoisV72.6a; X 897b;
899 b-900 a, etc.).
(2) Elles n'ont pas échappé à Jamblique qui, quelques pages avant
de commencer sa compilation d'Aristote, résume et paraphrase dans
son propre Protrept. 5, p. 2.8, 19-29, 14, un passage essentiel de l'Alâb.,
130 e sq.
(3) ARISTOTE,Protrept., fgt 6 Ross, p. 34 : TO µt'II lent tjiux_~TW\I
Év 'Î)µÏ:'11
TO llè cr&µo:, xo:t TO µèv &px_st TO llè: &px_&-ro:t,
xo:t TO µè:'11
XP'iiTo:tTO Il' ùn:6xstTO:twç lîpyo:\IO\I; de même fgt 4 début, p. 30.
Comparer Alâb. 129e-13ob; cf. supra, p.75,note (2). JAMBLIQUE,
Protrept. 5, p. 27, 12-28, 6, reproduit ces distinctions d'Aristote, et
leur ajoute des notations qui proviennent directement de l' Alcib.
132 c sur la notion d'ÈmµÜ,sto: et la distinction entre tJiux-fi, cr&µo:
et TIXTOÙ crwµo:TOÇ= TIXxp-fJµo:TO:.
(4) Protrept., fgt 10 c 1°, p. 42 : Oôllè'II où\/ 6do\l ~ µo:x&ptov
ùmxpxst -roï:ç &vOpwn:otç, n:À~\I [ ... ] /Scro\ltcrTL\I Év 'Î)µÏ:'11\/OÙ xo:l
cppo\1-fJcrswç,etc. ; peu après, Aristote approuve une formule concor-
dante, qu'il attribue à Hermotime ou Anaxagore : 6 \IOUÇ'(IXP -iJµ&\I
6 0s6ç ; la même citation, rapportée cette fois à Euripide, se lit chez
CrcÉRON, Tu.rcul.I 26, 65 : « animus quoque, ut ego dico, diuinus est,
LES TRAITÉS DE MORALE 81
g-rspoç ~yoo
; cf. R. W ALZER,Magna moralia und aristotelische Ethik
dans « Neue philolog. Untersuch. >>,7, Berlin 1929, p. 232 et n. 3,
et F. DIRL"lo!',llIER,Aristoteles, Magna moralia, dans « Arist. Werke in
deutscher Ubersetzung » (E. Grumach), 8, Berlin 1958, p. 469, qui
voient dans ce texte un souvenir de l'Alcib. 132 d sq. et du Phèdre
z55 d.
(1) ARISTOTE,Metaph. H 3, 1043 a 29-b 4, surtout b 3-4 : &v0pJmei>
iè xixl &.v0pwrroçoù -rixù-r6v,e:l µ71 xixt Yj 'f'UXYJ
&.vOpwrroç),s;.:0-fiae:-rCXL,
Sur ce passage et quelques-uns de ceux qui viennent d'être extraits
d'Eth. Nic., voir F. NuYENS, op. cit., p. 179 et 190-192.
(:z) On a supposé, - de façon gratuite, mais sans invraisem-
blance, - que la définition de l'homme véritable par son seul intellect
devait avoir été professée aussi par un académicien contemporain
d'Aristote, Xénocrate ; l'hypothèse a été avancée par R. HErNZE,
Xenokrates. Darstellung der Lehre und Sammlung der Fragmente, Leipzig
1892, p. 143 et n. 1, et reprise récemment par M. GrGANTE, Poe.riae
critica letteraria ne//' Academia antica, dans Miscel/anea... A. RosTAGNI,
Torino 1963, p. 236-237 ; cette conjecture de Heinze s'insérait dans sa
tentative de faire de Xénocrate la source du mythe eschatologique du
De facie de Plutarque, qui comporte effectivement une semblable
définition de l'homme, comme on le verra infra, p. 93-94.
DÉFINITIONS INDIRECTES DE L'HOMME 85
cette époque pour l'instant, et venons-en à Philon
d'Alexandrie, dont l'équipement philosophique présente
tant d'affinités avec celui de Cicéron. Le parfait politique,
dont Joseph est la figure, n'a rien à craindre de la tyrannie
des hommes : ils ont pouvoir sur son corps, mais non pas
sur lui-même ; car il agit au nom du principe le plus
puissant, sa raison, et il se soucie peu de son corps mortel
qui l'entoure à la façon d'un coquillage 1 ; c'est dire que
le corps n'entre pas dans la constitution de la véritable
personnalité, laquelle s'identifie à la 8Locvoux; la comparaison
du coquillage rappelle celles que Cicéron employait, en
Tuscul. I 22, 51-5 2, pour exprimer la même doctrine ;
or elle provient sans aucun doute du Phèdre 250 c, détail
qui rend probable l'inspiration platonicienne de tout
le passage. Autre façon pour Philon de traduire la même
conviction : quand !'Écriture parle d'un « homme »,
entendre qu'il s'agit de notre intellect ; sont interprétés
ainsi le premier homme à qui Gen. 1, 26-29 donne pouvoir
sur les végétaux et les animaux 2, l'homme puni par le déluge
(Gen. 6, 7)3, l'homme qui rencontre Joseph errant (Gen. 37,
1 5)4, etc. Ce dernier texte introduit une notion qui est loin
7
86 LE Jer ALCIBIADE ET SA POSTÉRIT!l
(1) De .;obr. 12, 60-13, 68; surtout 12, 60, II, p. 2.2.7, 7-11 : Toü
ocyoc6ov-iJyouµévouTOKOCÀOV µ6vov fo-roci-.-roc~
x:octcruvîjx:-rocLTO-.é).o,;;-
é:vtYIXPµuplwv lîvTWVTùlVm:pt ~µtic; T<Îl~ye:µ6vLv0 auvé~e:UKTOCL -,
-roü 8è Tptcrtv èqiocpµ6~ovToc; ocÔTOyéve:mv, T<Îl,re:pt ljiux~v, T<Îl,re:pt
cr&µoc,T<Îl,re:pt TIX1btT6ç,[... ] e:ôpuve:TC(L;
et 13, 67, p. 2.28, 8-10 : T4l
yt\:p xoct TIXcrwµocToc;xoct TIXèxTOÇ ,r).e:ove:x:T~µocToc &yoc61X -iJyou-
µévep xoci-.ove:ü~occr0oct,rpoç µ6vov TO ljiux-ïjç &va8paµe:îv ; de
même Quaest. in Gen. II 76. Noter que tout le passage du De sobr.
est plein de souvenirs du mythe du Phèdre, à ajouter aux relevés
de P. Boyancé dans les deux articles cités à l'instant.
(z) Quaest. in Gen. III 16 ; la théorie qui fait consister le bonheur
dans l'accomplissement des trois genres de biens est rapportée par
Philon (qui ne la prend nullement à son compte) à Aristote et
Pythagore ; cf. la trad. Aucher, p. 188 : ccAd mentem uero felicitatem
annuit, quae est perfecta plenitudo (cf. OCÔTIX cruµ,rÀ1)poüvTI)Ve:ô8oct-
µovlocv d'Arius Did. apud SToBÉE,Anthot. II 7, 14, p. 126, 2.1-2.2.;
de même CLÉMENT n'ALEx., Strom. II 2.1, 12.8, 5, éd. Stâhlin, I, p. 182.,
27-28, parlant des péripatéticiens : ~uµ7tÀ1)poücr0ocL 't'OLVUVniv
e:ô8octµovlcxvéx: 't'-ïjçTp1ye:vdocçTwv &yoc0&v;II 21, 129, 10, p. 184,
88 LE l" ALCIBIADE ET SA POSTÉRITÉ
(1) 12.9 e,·le mot ilpyocvovse trouve en 12.9 cet d; comparer encore
Enn. I 1, 3, 15-16: M.\xpt yà;p -ro\3-ro µèv e!voct-ro xpwµe:vov,-ro ilè
ci>xp'ij-roct,xooplç fonv è:x.&1:epov,et Akib. 12.9 e : "E-re:povil' ~V -r6
-re:xpwµevov x.octci>:x:p'ij-roct.
(2.) µ~Àe:t71µîv ocô-roüwç -IJµwvilv-roç; comparer Akib. 131 b :
-rà;è:ocu-roü[ ... J 6e:po:n-e:ue:t.
lîcr-rtçoi:ùcrwµoi:6e:poi:m:ue:t,
100 LE /" ALCIBIADE ET SA POSTÉRITÉ
5. Porpf?yre.
La référence au Jer Alcibiade n'est pas moins nette chez
Porphyre. Dans son ~~'t"Y)µoc Sur l'union de l'âme et du corps,
dont Némésius a sauvé de larges extraits, Porphyre expose
à la suite de quelle aporie Platon refuse que l'être vivant
soit un composé d'âme et de corps, et le définit plutôt
t.jiux71v
crwµoc-rL
xe:x;p'Y)µév1)V
1
, Némésius fait encore état de ce
texte au début de son traité, et en développe les implications
doctrinales dans des termes voisins de ceux de l' Alcibiade :
en concevant l'homme (car c'est de lui qu'il s'agit, et
non plus seulement du ~c'j'>ov) comme une âme qui se sert
du corps, Platon nous engage à prendre soin de l'âme
seule ; convaincus d'être notre âme, poursuivons les seuls
biens de l'âme, cessons de chérir les désirs du corps
puisqu'ils n'appartiennent pas à l'homme en tant qu'homme,
mais à l'homme en tant qu'animal 2 • Dans ces conditions,
8
102 LB /" ALCIBIADE ET SA POSTÉRITÉ
communs avec l'Alcib. 127 e-134 b. Cet historien (p. 140-142) pense
que l'intermédiaire entre le dialogue et Némésius a été le commentaire
(perdu) de Jamblique sur l' Alcib. ; car un indice montre que Némésius
connaît le dialogue dans une présentation néoplatonicienne : c'est
qu'il parle de tJiux~ crwµct"t'L"t'OLcj}8e:XPCùfLévlJ ; or "t'OLcj}lle:
ne se
trouve pas dans l'Alcib., et traduit une notation néoplatonicienne (cf.
PLOTIN, Enn. IV 3, 13, 20-21 : toute âme ne s'incarne pas dans n'im-
porte quel corps, mais tel être a tel destin, e:lµa:pµ€\IO\I &.e:L
Tcj}"t'Oté;'}lle:
L'hypothèse de Wyller est plausible; toutefois, il est diffi-
"t'O"t'Otô\llle:).
cile de nier que Némésius se souvienne aussi du ~~TI)µct porphyrien;
du reste, Porphyre également professe que l'âme crxécrw foxe: n-poç
"t'On-oto\l crwµct (Sent. 29, 1, éd. Mommert, p. 13, 11), ce qui n'est
pas loin du crwµct"t't"t'OLé;'}lle:.
(1) Cf. supra, p. 72, et E. A. WYLLER, art. &it., p. 130, qui rappelle
que c'était également le titre d'un traité de la collection hippocratique,
dont on connaît l'influence exercée sur l'anthropologie de Némésius
par l'intermédiaire de Galien. Noter qu'un traité IIe:pt &.\16pwn-ou
<pu cre:w i; est également attribué à Aristote par l'appendice de la liste
d'Hésychius, n° 184 (ce ne serait qu'un sous-titre du II. e:ùye:\ldctç
selon P. Mo RAUX, Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote, collect.
« Aristote. Traductions et études )), Louvain 1951, p. 269), et qu'un
autre l'est à Zénon, cf. SVF I 41, p. 14, 29.
(2) PORPHYRE, II. "t'OÜr\lwOL crctu"t'6\I I, apud STOBÉE,Anthol.
III 21, 27, éd. Hense, III, p. 580, 10-12 : ... crc/i~e:witctu"t'on-ctpct-
xe:).eu6µe:\loç· "t'OÜ"t'o Il' ètv e:'l7Jà voüç. 'A'A'A'd "t'OÜ"t'o, Ile:~nocÀL\I
y\lw\lctt~" oùcrlct\11)[1.W\I ~ "t'LÇ
tcr"t'(\I.Selon certains, poursuit Porphyre,
l'homme étant un microcosme, sa connaissance de soi-même le
conduit facilement à la contemplation de l'univers, qui est la philo-
sophie ; plus exactement, à la fin de la philosophie, qui est le bonheur
(p. 580, 12-581, 14).
LE TRAITÉ SUR LE « CONNAIS-TOI TOI-MÊME » 103
(1) Ibid. IV, apud SToBÉE, III 21, 28, p. 581, 16-19 : 'Em:l 8è:
1JVTLÇxocTcxÔocmç 'Î)µ.îv dç Tà. 'tjj8e:, xoct Tov èxTàç 1te:ptxe:tµ.évmç
&v0pc,mov xci:l '1)7tOCTI)µ.évotç ye:, ()'t"t 'l'Oth6 foµ.e:v 'l'O opwµ.e:vov,
mxpoclve:crn; olxe:loi:dç TI)Vyvwmv T'ijç éoi:uToÜ8uv&µ.e:wç; p. 582,
13-27 : Tà µ.èv oov ytyvwcrxe:tvéoi:UTOV TI)V &;voi:,popcxv!otxev ~xe:w
t1tt TO ytyvwcrxe:Lv8e:tv TI)V<.jiux~vxoi:tTOVvoüv, wç èv TO\l't"Cfl 'Î)µ.wv
oùcrtwµ.évwv• TO 8è 1t1X.V'1) ytyvwcrxe:tv totuTàv cruµ.1te:ptÀocµ.ô&ve:tv
~otxe:v 1Jµ.<içxoct T<X1Jµ.éTe:poi: xoi:t T<XTwv 'Î)µ.e:Tépwv.Totoi:UTI)µ.è:v
xoi:l'Î) èv TOUTOLÇ Tou II1.&Trovoç&;xplôe:toc <ptÀOTLµ."fl0évToçèxTàç Twv
&1.1.rovxoi:t8lx_oi: Twv 1te:pt'Î)µ.<içoc1t1X.VTrov yvwvoi:téocuT6v,xoi:t1t1X.Àtv
1tocv-rnyvwvoctéoi:u-r6v,tvoi:xoi:to èvToç &;0&.vocToç yvrocr07i&v0pw1toç
xoi:t o èxTàç e:lxovtxàç µ.~ &;yvol)0'/ixoi:l -rcx -rou-rot,;;8toi:qiépov-roi:
yvwptµ.oi:yéVl)TOl:L. ~toccpépe:tµ.è:vycxp 't"(flÈV't"OÇ mxnéÀE:W<;; VOU<;;, &V
cr OCÙTOÇ &v0pro1to,;;,ou e:lxwv s:xoi:cr-roç 'Î)µwv · 8toccpépe:tBè: 't"(fl
&XTOÇ d8oo).qi 't"IX1te:plTO aéi>µ.oc xoct T<XÇ xtjcre:Lç. •nv 3d xocl T<XÇ
Buvixµe:tçytyvwcrxe:tvxoct -ro &xin -rlvoç -rou-rrovcppov-rta-réov.Sur
ce dernier texte et son rapport à l'Alcib., voir A. J. FESTUGIÈRE,
L'ordre delecture des dialog11esde Platon aux V•- VI• siècles, dans Museum
helvet., 26, 1969, 4 (= Mélanges W. THEILER), p. 285-286, n. 27.
(2) Pour la notion d'« homme intérieur», cf. supra, p. 98 et
note (1) ; l'opposition des deux hommes pourrait avoir été suggérée
par Phil. 46 de et 47 c (plaisirs et douleurs internes et externes), ou
encore par saint PAUL, II Cor. 4, 16.
104 LE /« ALCIBIADE ET SA POSTÉRITÉ
(1) PORPHYRE, Sent. 32, 8, éd. Mommert, p. 23, 4-5 : ... -ro yvwvoci
G:OCU'rÔV tyUX1JV
ClV'rOC~" wo-rplep 1't'pocyµoc-rL xoct he:poucrlep cruvBe:-
Be:µévî)V; 40, 5, p. 38, 7-11 : Toï:ç µ~11yo:p 8uvocµévmç xwpe:i:ve:tc;
'r1j\locô-rwvoôcrtrx.11
voe:pwç xrxt 'rlJV ocù-rwvyivwcrxe:Lvoôcrlocv< xocb
[... ] ocù-roùç&1't'oÀocµôocve:L\I
[... ], -roo-roLç1't'ocpoücriv
ocù-roïç1't'ocpe:cr·n
xoct -rà è)v,
DIVERS TEXTES PORPHYRIENS 105
considération la notion de « moi réel », vers quoi tend notre
remontée spirituelle et à quoi nous unit la connaturalité ;
or cet ocÛ"t"ôÇov"t"wç, conformément à la tradition issue du
dialogue, est identifié à l'intellect, en sorte que notre fin
se définit la vie selon l'intellect 1 • La Lettre à Marcellaenfin,
dans un langage plus accessible, regroupe plusieurs de ces
notations et en adjoint quelques autres, qui ressortissent
également à l'héritage du Jer Alcibiade : à sa femme souffrant
de leur séparation, Porphyre représente que son vrai moi
n'est pas pour elle cet individu tangible et sensible, mais
bien l'être absolument dégagé de son corps, sans couleur
ni figure, que la main n'atteint pas, mais seulement la
pensée ; on reconnaît, derrière cette formule de réconfort,
l'idée que l'enveloppe charnelle n'entre pas dans la constitu-
tion de la véritable personnalité ; pour te connaître toi-
même, écrit-il encore à Marcella, prends garde que ton
corps t'est seulement conjoint de façon provisoire, pour
les nécessités de la vie terrestre, sans faire vraiment partie
de l'homme 2 ; il n'est pas jusqu'au thème du miroir qui
ne transparaisse dans la Lettre, lorsque l'intellect reçoit
l'injonction de s'attacher à Dieu, dont il est, par la
6. Le néoplatonismetardif.
La position de l'empereur Julien dans la postérité du
dialogue s'apparente à celles de Philon et de Porphyre.
Julien se réfère expressément à l' Alcibiade1 ; il emploie
une partie notable de son discours Contre les ryniquesigno-
rants à montrer la portée philosophique du rvwfü O'CXU't'OV.
Rien d'étonnant, dès lors, qu'il prenne à son compte
l'anthropologie du dialogue : l'homme n'est pas le corps
ni les richesses, qui sont ses propriétés, mais non pas
lui-même ; homme, il l'est par l'intellect et la pensée, en
un mot par le Dieu qui se trouve en nous et y constitue
l'espèce d'âme la plus authentique 2 • Ces lignes pourraient
Pistelli, p. 48, 9-18, cité .rupra, p. 80, note (4) ; le fait que l'on
rencontre là aussi l'association voù xcd qipov~cre:ooc; montre que Julien
s'inspire ici de Jamblique, plus précisément de son Comment. perdu
.rur l'Altib., comme l'a indiqué R. AsMus, Der Alkibiades-Kommentar
des ]amblichos ais Hauptquelle f ür Kaiser Julian, dans <<Sitzungsber. der
Heidelb. Akad. der Wiss. », Philos.-hist. Kl., 1917, 3, Heidelberg
1917, p. 19.
(1) Oral. IX 4, 183 a-184 a: Oôxoüv ô ytyvwcrxoovcxù-ràvdcre:-rcxt
µè:v rte:pl <j,u;('ijç,
e:foe:-rcxt
8è:xcxtm:pl crwµcx-roc;. Kcxt-raü-rooôx &:pxécre:i
µ6vov wc; fonv &vOpoortaç<J,ux~xpooµévl) crwµcx-riµcxOdv, &:U.oc xcd.
cxô-njc;-njç 4'U)'.î)Çèrte:Àeucre:-rcxt~V oôcrlcxv,lm:i-rcx &:vixve:ucre:i TOCÇ
8uv&µe:tç· xcxl oôaè: -roù-roµ6vov &:px:écre:t cxô-réj'>,&:ÀÀoc xcxl d -ri -njç
èv ~µîv €CTTL
..jiU)'.î)Ç xpe:înov X:CXL0e:t6-re:pov[ ... ] 'Emwv aè:cxi50tç-rocç
&:pxocç -,;oùcrwµcx-roçcrxé<j,cxL't'O,
e:he: cruvOe:-rove:t-re:IX7tÀOÜ'Iècr-rw. e:hcx
680 1tpo6cxl'loov{mép 't'e:&pµovlcxçcxô-roüx:cxl1tcx0w'Ixcxl au ....&µe:oov
x:cxl7t(XVTCù\l IX7tÀWÇ W\I 8e:hcxi rtpo:; 8tcxµov~'I, etc. ; 11, 190 b : TO
tcxu't'ov yvw'lcxL -roü-ro èv6µtcrcxv, -rà µcxOe:îv&:x:ptl'lwc; -rt µèv
&:1to8o't'tov<J,ux'/i,-rl 8è: crwµcx-rt· &:1té8ocr&v -re: e:tx:6-rooç~ye:µovlcxv
µèv -r'/i <J,ux'ii, Ù7tl)pe:crlcxv8è -r[r crwµcx-rt. Voir sur ces textes
E. A. WYLLER,art. cil., p. 143-144, qui, à la suite d' Asmus, les
rattache avec raison à l'influence de l' Altib. exercée à travers le
commentaire de Jamblique.
MACROBE 109
(1) Textes cités ;upra, p. 67, note (o), p. 56, note (2.), et p. 58,
note (1); ils s'opposent nettement à Alcib. 130 be, 130 e-131 a et 132.c.
(2.) En s'inspirant peut-être de Panaetius, cf. M. PoHLENZ, Die
Stoa. Geschicbte einer geùtigen Bewegung,Gêittingen 1948-1949, I, p. 2.52.,
et G. Lucx, op. cit., p. 47-48.
(3) C'est ainsi que K. REINHARDT, art. cit., col. '579, ne voit, de
De fin. V 16, 44 à Tu;cul. I 2.2.,52. et à De Jeg.I 2.2.,58, aucun désaccord,
mais bien un renchérissement ; déjà E. G. WILKINS,op. ât., p. 64-65
et 67-68, mettait Tuscul. I 2.2., 52. parmi les textes qui appliquent le
précepte de Delphes à la connaissance du corps, et voyait une position
stoïcienne en De fin. V 16, 44 l En revanche, P. BoYANCÉ,art. cit.,
p. 2.2.1, a bien perçu l'antinomie entre l'Alcib. et Antiochus source
de De fin. IV-V; P. CouRCELLE,art. cil., p. 112., n. 7, a vu lui aussi
que la uis du précepte delphique n'a pas le même sens en De leg. I et
T11scul. I qu'en De fin. V ; mais ces discordances ne leur paraissent
pas suffire à exclure l'hypothèse d' Antiochus intermédiaire entre
l' Alcib. et, d'autre part, Somn. Scip. 8, 2.6, De leg. I 2.3, 60, Tusml.
9
118 LE Ju ALCIBIADE ET SA POSTÉRITÉ
tamen, in quo datur, reus non est. Ita et corpus carnalium operum uas
est, anima est autem, quae in illo uenenum alicuius mali facti tem-
perat » ; De re.rurr.carnis 16, 8-13, éd. Evans, p. 4:z : « carnem [... ]
uice potius ua.rculi adparere animae, ut instrumentum non ut
ministerium : itaque animae solius iudicium praesidere, qualiter usa
sit ua.rcu!ocarnis, ua.rculumuero ipsum non esse sententiae obnoxium :
quia nec calicemdamnari si quis eum ueneno temperarit » (thèse des
adversaires) ; 16, 38-44, p. 44 : « etsi uas uocatur [se. : caro] apud
apostolum, quod iubet in honore tractari, eadem tamen ab eodem
homo exterior appellatur [cf. I Thess. 4, 4 et Il Cor. 4, 16], ille scilicet
limus qui prior titulo honùnis incisus est, non calicis aut gladii aut
ua.rculiullius. Va.r enim capacitatis nonùne dicta est qua animam
capit et continet, homo uero de communione naturae quae eam non
instrumentum in operationibus praestat sed ministerium » (thèse de
Tertullien, qui contredit celle de l'Adu. Marc., sans que cela importe
ici; on notera chez les adversaires de T., comme dans l'Alcib., une
conception instrumentiste du corps, ce qui confirme que les images
de la coupe et du vase cadrent avec cette conception ; sur le corps
comme «homme extérieur», voir aussi Porphyre cité.rupra, p. 102-103).
En De an. 40, :z-3, éd. Waszink, p. 56, :z:z-n, 1, T. revient à sa position
de l'Adu. Marc., avec l'image de la coupe : <C[caro] ministerium est,
et nùnisterium non quale seruus uel nùnor anùcus, animalia nonùna,
sed quale calix [..•] Adeo nulla proprietas honùnis in choico, nec ita
caro homo tamquam alia uis animae et alia persona, sed res est alterius
plane substantiae et alterius condicionis, addicta tamen animae ut
suppellex, ut instrumentum in officia uitae >>; ce refus d'identifier
le corps à l'homme, sa relégation au rang d'instrument placent T.
parnù les héritiers del' Alcib. Dans son commentaire ad /oc., p. 451-45 z,
]. H. Waszink a bien vu que l'image du calix pour désigner le corps est
une variante de celle du vase ; mais on ne peut dire qu'elle ne se trouve
pas avant T., puisqu'on l'a vue, en substance, chez Varron et très
probablement chez Antiochus.
(1) Admis par G. LANGENBERG, op. cit., p. 59. Peut-être l'image
du vase pour désigner le corps dans son rapport à l'âme venait-elle
encore dans un passage des Antiq. rer. diuin. de Varron, cf. AUGUSTIN,
Ds ciu. dei VII 5, cité .rupra,p. 17 et note (z).
L'ANTIPLATONISME D'ANTIOCHUS 125
(1) Cette hypothèse vaut, non seulement pour l'A!cib., mais aussi
pour les pages sûrement platoniciennes où s'exprime la même anthropo-
logie, et que l'on a vues supra, p. 78-80 ; Cicéron connaît (( de première
main» notamment Phédon 115 c sq. et Lois XII 959 ab (qu'il cite
respectivement en Tuscul. I 43, 102 sq. et De leg. II 2.7, 68), comme le
rappelle E . .KAPP,Deum te sûto esse?, dans Hermes, 87, 1959, p. 132..
CHAPITRE IV
l. L'ANCIEN STOÏCISME
10
134 L'ANTHROPOLOGIE STOÏCIENNE
homine proprium? Ratio )), etc. Autre thème encore, hérité de Zénon
et de Chrysippe (cf. supra, p. 129 et note (2), et à rapprocher pareillement
de l'ingenium... sicut simulacrum de CrcÉRON, De leg. l 22, 59 : le cœur
de l'homme comme temple consacré à la divinité ; ainsi S&"!ÈQUE,
fgt 123 HAASE, p. 444, = LACTANCE,Diuin. instit. VI 25, 3 : <<Non
templa illi [se.: deo] congestis in altitudinem saxis exstruenda sunt:
in suo cuique consecrandus est pectore li (souvenir chez Mrnucrus
FÉLIX, Octau. 32, 2) ; cf. encore SÉNÈQUE,Epi.ri. 31, 11 ; 41, 2 ; et
J. HAUSSLEITER,art. cit., col. 804-806. - On peut signaler ici, faute
de savoir où le faire mieux ailleurs, que la définition de l'homme par
l'âme seule apparaît très clairement dans une page de la littérature
hermétique ; aussi bien, W. SCOTT, Hermetica, t. III, Oxford 1926,
p. 225, note ad foc., a rapproché celle-ci de SÉNÈQUE,Ad Marc. de
rnnsol. 25, 1, à quoi elle ressemble effectivement beaucoup ; du reste,
il est possible que cc soit par le canal du stoïcisme de cette époque que
la doctrine a passé chez l'hermétiste. Il s'agit de l'Asclépius 37, éd.
Nock, p. 347, 22-348, 1 : dans une sépulture du mont de Libye repose
Asclépios ; plus exactement, ce qui fut en lui l'homme terrestre, le
corps, puisque le reste, ou mieux le tout de lui, - car le tout de
l'homme consiste dans le sentiment de la vie, - s'en est retourné au
ciel [ « in quo eius iacet mundanus homo, id est corpus (reliquus
enim uel potius totus, si est homo totus in sensu uitae, melior remeauit
in caelum) »] ; ce texte est cité par AUGUSTIN,De ciu. dei VIII 26 ;
W. ScoTT, foc. cil., observe avec humour combien ce mépris du corps,
appris de la philosophie grecque, contraste avec la peine que les
anciens Égyptiens prenaient pour assurer la conservation du cadavre.
(1) [PLUTARQUE],De uita el poesi Hom. 123, éd. Bernardakis,
8è x&x.:ivo &r.éqrl)VE:V,
p. 398, 9-23 : 'Evctpyfot"ct'l"OC lh~ 'l"OV
&v0pc.mov
LA DÉVALUATION DU CORPS CHEZ ÉPICTÈTE 135
d'avoir rencontré dans le De facie de Plutarque, chez Plotin
et chez Proclus 1 une interprétation comparable des deux
coquille (xf>,,ucpoc;)
1 ; on ne montre pas l'homme en tant
(1) II 12., 19-23 (M. A. Ph. Segonds me fait remarquer que II 12, 23:
'AX>.'tX\lTOÇ
È:mµeµiÀl)<rtXL
tX\lTOÜ
; TC6Tepov
µct0wv TCtXp<X
TOU~ Eüpwv
tXÔT6ç; pourrait être en outre un souvenir d'Alcib. 106 d : Oùxoüv
TtXÜTtX µ6vov ofo0ct & nctp' &1.1.oov lµct0eç fi tXÙToçÈ:Çl)Üpeç;);III 1,
19 ; cf. Alcib. 132 bç.
(2) III 1, 24-2.6et 39-42; cf. Alcib. 131 d-132 a.
(3) III 1, 42 : 'AÀÀ' llpct T! Myet :Eooxp<XTIJ,.ç Téj> XtXÀÀ(<rT<Jl
TC<XVTOOV )((X( ooptXLOTIXT<Jl'A1.xtfü<X8'/j· Ile:tpoo Ol)VXtXÀOÇ E:ÎVtXL;
l'allusion concerne l'Akib. 131 d, où Socrate dit à Alcibiade :
1Ipo0uµoü To!vuv Il Tt X<XÀÀt<rTOÇ e:!voct.
(4) Cette évidence n'a pas été suffisamment reconnue par
A. BoNHOFFER,op. çit., p. 30-33, qui étudie pourtant plusieurs des
textes où elle apparaît ; en revanche, elle a été bien dégagée par
A. ]AGU, Épùtète et Platon. Essai sur les relations du stoïcisme et du
platonisme à propos de la morale des Entretiens, Paris 1946, p. 87-96,
103-106, 137-138. Au vrai, elle avait déjà frappé SIMPLICIUS, Comment.
in Epict. Enchir., praef., éd. Dübner, p. 3, 3-54; il résume l'anthropo-
logie d'Épictète en des termes plus proches de l' Alcib. que ne le sont
ceux d'Épictète lui-même : /ln o IXÀl)OC>ç &v0pc,moçriÀoytxî) l),ux7l
È:<rTLV, riTéj>crooµocTtWÇ6pyocvepxpooµtvl) (lignes 16-17) ; si Épictète,
ajoute-t-il, n'a pas repris la démonstration du dialogue sur ce point,
c'est qu'il la suppose connue ; Simplicius, quant à lui, tient à la
reproduire : il le fait en résumant Alcib. 129 ,-131 b.
(5) I 3, 1-3 ; 9, 1-7; 12, 26-2.7 ; 14, 6 ; 17, 27 ; II 8, 11-14, etc. ;
cf. A. ]AGU, op. dt., p. 123-126 ; É. DES PLACES, Syngeneia. La parentl
138 L'ANTHROPOLOGIE STOÏCIENNE
(1) CT. supra, p. 59, note (1), p. 88, note (2), p. 90, note o, p. 106,
note (1), p. 113, note (3), p. 130, note (3).
(2) Cf. supra, p. 132-et notes (1)-(2).
(3) III 7, 2 : "0-n µ/;v yocp -rpla tcr-rl m:pl TOV&v6pc,l7t'OV, <.Jiux-Ji
xal crwµa xat -rocèx-r6ç, crx_d5ovoôadç &:v-r1Àéye:1. Même division,
plus implicite, en II 12, 18-22..
(4) III 7, 4-5 : Tl oi5vxpefocro'I tx_oµev't"ijçcrapx6ç; - T-lj'I<.Jiux-fiv,
tqi7J. - 'Aya6oc aè -rà. 't'OÜxpa-r!cr-rouxpel--r-rovcx tcr-rtv... ; de même
II 12., 2.0-2.2.: 't'O xpcx't'Lcr't'OV
't'WVO'EotU't'OÜ;
comparer Akib. 130 d:
XUpLW't'Ep6v ye; OÙ8èv&v ~µwv otÙTWV 1) -r-l)v<.jiUX,'1)'1.
ql'1)0'otLµev
(5) Il 12., 18-23 ; même notation en Alcib. 132 c.
(6) II 8, 1-3 ; I 20, 17-18 ; cf. Alcib. 131 be.
(7) MARC-AURÈLE,Medit. II 2, 1 ; III 16, 1 ; VII 16, 1-4 ; VIII 56, 1;
XII 3, 1 ; 14, 4-5.
140 L'ANTHROPOLOGIE STOÏCIENNE
(1) Selon GALIEN, De p/aç, Hippocr.et Plat. IV, éd. Müller, p. 396,
16-397, 2 : Ilocre:i8C:Mo,; [...] 0ocuµa.~wv-rov &v8pocxocl.0dov &rm-
xocÀwvù>Çxocl.1tpe:croe:ùwvCX\l't'OÜ't"IX
[... ] 86yµcx-rcx;V, p. 452, 13-14:
&cr1te:po IlÀa.-rwv ~µiiç è8l8oc!;e:(dit Posidonius).
(2) Ainsi sur la question de l'origine des 1ta.6'1) ; cf. E. ZELLER,
Die Philos. der Griechen,herausg. von E. WELLMANN, III 1, Leipzig
•1923, p. 599-601.
PARENIB DIVINE DE L'ESPRIT HUMAIN 147
il aurait fait fonds pour expliquer la divination par les
songes 1 • La même doctrine trouvait à s'exprimer à propos
du principe de la connaissance du semblable par le
semblable : de même qu'il y a communauté de constitution
entre la vue et la lumière, entre l'ouïe et la voix, de même
la raison de l'homme, pour saisir la nature universelle, doit
lui être apparentée 2 ; Sextus Empiricus, qui prête cette
formule à Posidonius, précise qu'elle provenait de sa
réflexion sur le Timée (sinon de son commentaire du
Timéé !). La thèse de la cruyyéveLr:t..divine rencontrait enfin
des résonances morales, ainsi qu'il apparaît dans une
citation littérale du philosophe conservée par Galien :
la cause des passions, qui est aussi celle du désaccord avec
la nature et de la vie malheureuse, c'est de ne pas suivre en
tout le démon intérieur, parent de celui qui gouverne
l'univers et ayant une nature semblable à la sienne, c'est
de s'abandonner au principe mauvais et bestial3. Les textes
4IUX'I) X.cx6CXU'î'l)V.
(2) Ainsi L. EDELSTEIN, The Philosophical System of Posidonius,
dans Amer. Journal of Philology, 57, 1936, p. 300 (cf. aussi p. 315).
(3) Il s'agit d'HERMIAS, In Plat. Phaedrum 245 c, éd. Couvreur,
p. 102, 10-13 : selon Posidonius, le mot de Platon (<Jiux~1tiimx<ifl&vet.-
-roc;;)concerne seulement l'âme du monde. On voit mal en quoi cela
impliquerait que Platon, selon Posidonius, ait refusé l'immortalité
individuelle ; de plus, Posidonius ne dit rien là de sa propre position.
Ce texte a pourtant, touchant les sources de Cicéron, une portée
considérable, que me signale M. P. Boyancé (dont on verra là-dessus
l'art. Sur le Songe de Scipion (26-28), dans L'Antiq. class., 11, 1942,
p. 8-12). En effet, lorsque CrcÉRON, Somn. Scip. 8, 27-9, 28 et Tuscul.
I 23, 53-54, cite la même page du Phèdre 245 c-246 a, c'est, à la différence
de Posidonius, pour prouver l'immortalité de l'âme humaine, et
non seulement de l'âme cosmique ; il s'ensuit que, contrairement à
l'avis de nombreux historiens de naguère, Posidonius a peu de chances
de lui avoir montré la voie sur ce point (la difficulté a été méconnue
par exemple par M. VANDEN BRUWAENE,'l"ux~ et voüc;;dans le« Som-
nium Scipionis >>de Cicéron, dans L'Antiq. class., 8, 1939, p. 129-130) ;
154 UNE SOURCE STOÏCIENNE DE CICÉRON?
(1) Ibid. 14 : « Est quidem, inquit, sapiens beatus [... ] Ita miser
quidem esse qui uirtutcm habet non potest, beatissimus autem non est
qui naturalibus bonis destituitur ut ualetudine, ut membrorum
integritate ».
(2) Ibid. 5 : « Vides autem quale sit die non esse contentum nisi
aliquis igniculus adluxerit : quod potest in hac claritate solis habere
scintilla momentum? >>;de même 17.
(3) CrcÉRON, De ftn. IV 12, 29-31 : (Cin sole, quod a te dicebatur,
lucernam adhibere nihil interest [... ] Hoc simile tandem est? Non
risu potius quam oratione eiciendum? >>.
12
166 UNE SOURCE STOÏCIENNE DE CICÉRON ?
LE fer ALCIBIADE
ET LES AUTEURS CHRÉTIENS
1. La résurrectiondes corps.
Les travaux classiques sur l'anthropologie propre au
christianisme primitif 1 ne font pas état de références,
positives ou négatives, à I' Alcibiade. De fait, les auteurs
chrétiens ne tiennent guère de place dans la tradition
littéraire du dialogue. En revanche, on trouve chez eux
des traces d'une influence doctrinale, soit qu'ils se rallient
à l'anthropologie de l' Alcibiade, soit qu'ils s'y opposent ;
sans espérer, il s'en faut, épuiser la matière, il vaut la peine
de considérer quelques exemples, d'abord de ce rejet,
puis de cette adhésion.
Parmi les articles du dogme chrétien qui rendaient
difficile l'accord avec les thèses du dialogue, le principal,
on le comprend aisément, concerne la résurrection des
2. L'Incarnation du Verbe.
6e:6TI)'t"OC,
Ces textes de Grégoire de Nazianze ont déjà été rapprochés
a contrario de l' Alcib. et des Lois XII 959 ab par K. GRONAU,De
Basilio, Gregorio Nazianzeno Nyssenoque P!atonis imitatoribus, diss.
Gêittingen 1908, p. 5-7.
(1) AMBROISE,De incarn. sacram. II 11, PL 16, 821 A:« homo ex
anima rationabili constat et corpore. Si alterum toilas, totam naturam
hominis sustulisti »; de même VII 67, 835 B.
(2) AUGUSTIN,De agone christ. 19, 21, éd. Zycha, p. 121, 13-20 :
c<audent dicere non habuisse hominis mentem, sed solam animam et
corpus. Hoc est dicere: non fuit homo [... ] hoc eum negant habuisse,
quod est optimum in homine ll ; et aussi De ftde et symb. 4, 8 (cf. 10, 23) ;
Coef. VII 19, 25 ; De ciu. dei X 27 ; Serm. 237, 4, 4, etc.
(3) Cf. par exemple, pour le baptême, AMBROISE,Expos. euang.
sec. Luc. II 79, éd. Schenkl, p. 84, 17-20.
178 LE l" ALCIBIADE ET LES CHRÉTIENS
1. Les thèmesplatoniciensclassiques.
L'hostilité que, par souci de pureté dogmatique, les
théologiens chrétiens sont obligés de marquer à l'endroit
de la définition platonicienne de l'homme ne les empêche
pas d'apprécier les ressources que celle-ci leur offrait pour
la vie morale et ascétique. Ainsi retrouve-t-on chez eux
la plupart des aspects traditionnels de l'anthropologie
platonicienne, à commencer par la conception du corps.
Quand Origène écrit que les honneurs funèbres appliqués
au corps se justifient par le fait qu'il fut la demeure et
le fidèle instrument de l'âme raisonnable, mais que seule
celle-ci mérite d'être honorée1, il emploie le vocabulaire
du Jer Alcibiade (5py~vov), il rejoint l'image de Tuscul. 1
(olxYJTIJpwv= domus), il pourrait se souvenir des passages
platoniciens qui, dans un contexte identique, distinguent
l'homme véritable de son cadavre 2 ; ailleurs, prenant
occasion du Livre des Juges 5, 10, il compare le corps à une
monture, et le « moi », ou homme intérieur, au cavalier
qui l'utilise 3 ; on reconnaît là une image familière à la
(1) ÛRIGÈNE, C. Cels. VIII 30, éd. Koetschau, II, p. 245, 27-246, 5 :
'f'ux-riv yocp ÀOYLXYJ'I ·nµo:'I µ6Vl)'I '1jll.&Î:Ç
foµev xcd 't"OC 't"OCU't"7lÇ
opyoc'loc µe't"oc 't"tµ-ïjc;1tocpoc3ta6'1octxocTocTOCve'loµmµÉvoc 't"occp'/i ·
&~to'Iyocp't"OT"ÎjÇ Àoytx'iîc;<Jiux'iîc;
olX7JTIIPLO'Iµ-ri 1tocpocppm:Td'1
[ ••. ],
xocl µciÀtO"TOC on ol <Xpmnoc\lOL> TI)\/ ·rtµY)'I TOUcrwµ<X't"OÇ, ~veoc
Àoytx-1)<Jiux1lc\>X7Jm:, 1temcrTeuxocmxocl h,' ocÔTovcp6&croct<Tov>
3e~&µevov xocÀwc;&y<ùvtcrocµsv7JV 3toc TOtoUTOUÔpy&vou \jiux~'I ;
les mots soulignés sont ceux mêmes de Celse, cf. VIII 28, p. 243,
26: Pour l'idée que le corps ne fait pas partie de la personnalité,
volt H. CROUZEL, L'anthropologie d'Origène dans la perspective du combat
spirituel, dans Revue d'Ascét. et de Mystique, 31, 1955, p. 382.
(2) Cf. supra, p. 78-79.
(3) ÛRIGÈNE, In Iud. hom. (trad. Rufin) VI 5, éd. Baehrens, p. 502,
23-503, 1 : <<Corpus hoc meum iumcntum est; ad adiumentum
enim_ animae et ad ministerium datum est ; ego autem sum, id est
mtenor homo, qui ascendi super iumentum >>.
LA CONCEPTION DU CORPS 179
hl. Ambrosius Schrift « Der Tod-Ein Gut», Fulda 1949, p. 106, note
ad !oc.
(1) Cf. supra, p. 98 et note (1), p. 103 et notes (1)-(2.).
(2) CLÉMENTo'ALEx., Paed. III 1, 1, 2, éd. Stiihlin, p. 236, 4-8 ;
TpLyevouç oi5v 1J7tCCp:;(OU<nJÇ rijç tJiux'ijr,;-ro voe:p6v,& ilî) ÀoyunLXO'II
o o o
xa;).e:ha:L, &v0pc,m6çfo-rw ltv3ov, -rou qia:woµévou -rou3e:&pxwv
&:v0pC:mou, a:ù-rov31: Èxdvov &Moç &ye:t, 0e:6ç, etc. ; les textes pla-
toniciens que Clément a en tête sont Républ. IV 439 de, 440 e-441 a,
IX 588 b-5 89 b, etc.
(3) Supra, p. 1 78 et note (3) ; cf. de même C. Cels. VII 38, p. 188,
24-25.
(4) ORIGÈNE, In Num. hom. (trad. Rufin) XXIV 2., éd. Baehrens,
p. 228, 13-20 : « Nam qui interiorem hominem (Il Cor. 4, 16)
L' « HOMME INTÉRIEUR » 183
à l'image de Dieu, incorruptible, invisible et incorporel,
c'est-à-dire la raison et l'intellect aptes à connaître Dieu,
par opposition au corps qui est l'homme extérieurl. Si
donc Origène définit ainsi l'homme intérieur par l'intellect,
si d'autre part il fait de lui l'homme par excellence, il en
résulte qu'à ses yeux, dans le meilleur style platonicien,
l'essence de l'homme se trouve être identique à l'intellect.
A la notion d' « homme intérieur », Eusèbe, tout comme
Philon et Plotin l'avaient fait, conjoint celle d'« homme
véritable » ; cet homme essentiel, dont le type biblique est
non excolit, qui illius curam non gerit, qui uirtutibus eum non instruit,
[... ] hic non potest homo homo dici, sed homo tantum et homo
animalis (I Cor. 2, 14), quia ille interior, cui uerius et nobilius
homo nomen est, sopitus in eo est carnalibus uitiis et mundi huius
curis ac sollicitudinibus obrutus, ita ut nec nominis eius haberi possit
appellatio ». Il est possible que le début de ce texte ( exco!it, curam...
gerit, uirtutibus... instruit) ait quelque rapport avec l' Alcib. 131 b
(6e:pot1teue:L),132 be (èmµe:Mµe:voL,etc.), 134 ç (X'O)-réov&.pe:tjv).
Interprétation semblable de l'« homme homme >l (pris cette fois à
Ezech. 14, 4) dans In Ezech. hom. Ill 8, éd. Baehrens, p. 355, 20-356, 17.
Quant à la formule ô!v0pc.moçô!v0pc.mot;des LXX, que la Vulgate n'a
point traduite, elle avait déjà piqué la curiosité de PHILON, De gigant.
8, 33 (à propos de Leuit. 18, 6; l'cchomme homme JJ ou homme
véritable n'est pas le composé de corps et d'âme), dont AUGUSTIN,
Loeuf. in Heptat. III 59 (sur Leuit. 24, 15), connaît et réprouve l'inter-
prétation ; voir H. RAHNER, Das Menschenbild des Origenes, dans
Eranos-Jabrbuch, 15, 1947 : Der Menscb, I, Zürich 1948, p. 224-226.
(1) ORIGÈNE, Comment. in Epist. ad Rom. (trad. Ruiin) VII 4,
PG 14, 1110 B : (sur Rom. 7, 20) c<ille interior homo qui secun-
dum deum creatus est, et ad imagincm dei factus, incorruptibilis est
et inuisibilis, et secundum propriam sui rationem etiam incorporeus
dici potest. Exterior uero homo et corporeus et corruptibilis
dicitur [... ] Interioris autem hominis renouatio, utpote qui
est rationabilis et mens, in agnitione dei [... ] constat l>(tout le passage
s'inspire de II Cor. 4, 16). Définition analogue de l'homme intérieur
par l'âme et par l'être ccà l'image JJ dans l' Entret. avec Héraclide 23,
2-4, éd. Scherer minor, p. 100: El ve:v6'1)TotL~ tJJux~, xoi:lve:v6'1)TotL
xomx
-ràv ~croo ô!v6pw1tov, xotl ve:v6'1)-rocL -.o
lî-rLèv èxdvn ècr-rlv xoc-r'
e:tx6voc ... ; cf. H. CROUZEL, Théologiede l'image de Dieu chez Origène,
collect. C( Théologie», 34, Paris 1956, p. 157. Voir encore C. Cels.
VI 63, où il est expliqué, contre Celse, que l'homme c( à l'image >)
n'est ni le corps seul, ni le composé de corps et d'âme, mais l'âme
seule; de même Comment. in Mattb. XVII 27,
184 LE Jer ALCIBIADE ET LES CHRÉTIENS
(1) Et dans bien d'autres textes du même auteur ; on les verra chez
J. DANIÉLOU, Platonisme et théologie my.rtique. E.;.rai .rur la doctrine
.rpiritue/le de .raint Grégoire de Nyue, collect. « Théologie )), 2, Paris
1944, p. 223-235 (qui ne parle malheureusement pas de la page du
De mortui.r).
(.z) GRÉG. DE NYSSE, De mortui.r, éd. Heil, p. 40, 20-21 : r.:'16>[J.e:6,x
-ro(w" X<XT<X T0'1 TC<Xpotµt6>1hJ À6yo" 'E<XUTW'1èTCtY'16>µ.ove:c;.
(3) Ibid., p. 41, 10-19 : Ü(ÎTooc; XP~ x,xl. ~" ljlux~" TCpoi;~" la(,x"
&.m8d" dx6'J<XX<Xl. /Î.'Jtan èv TCJlX(XP<XXT'ijpt
15TCe:p <1'>ciq100µ.o(oo-r(Xt,
wi;
Ï8t0'1 É:(XUT'ijÇTOÜTO 'AM.X µtxpà'1 IJTC<XM~(Xt
6e:occr,xcr6<Xt. Tt TCpocr-fixe:t
TOÜÔTCo8dyµ.(XTOÇ, LV(Xolxe:100071 -rcj>My(jl -rà v6î)µ<X• hl. µèv yà:p
-ri'jc;èv TCJl)((XT6TCTp<p µopq>'iji;'li e:txwv TCpà,;TO cxpxé-ruTC0',1 O"XîJ!l-<XT(-
~e:T<Xt, èTCl.8è TOÜ-ri'Ji;\jiux'ij,;x(Xp<XxTijpoc; TO lµTC<XÀLV vs:vo-fix,xµs:v
•
)(<XT<X yà:p TO 6ûov XOCÀÀOÇ TO -ri'Ji; ljluxrji; d8oi; CX.TCE:IXO'Jl~e:T<X
Ouxoüv lhctv TCpo,;TO &.pxéwTCo\lÉ:<XuTijç [3MTC7J '/J \jiux-fi, T6Ts:
81' cixptod(X,; É:ctu~v x,x6op~. L'idée que la connaissance de Dieu
conduit à la connaissance de soi s'exprimait déjà dans les Sentences
de Sextus ; ainsi Sent. 446, éd. Chadwick, p. 62 : ôp&" TOV6.:àv oljln
cre:<XUT6v ; Sent. 577, p. 70 : yv&OL6e:6v, LV<X yv0i; x,xl. cr,xu-r6v; en
revanche, cet auteur emploie la métaphore du miroir dans le sens
DIEU COMME «MIROIR» DE L'ÂME 195
et immatériel, l'âme connaîtra qu'elle l'est aussi. Par ce biais,
Grégoire de Nysse rejoint les thèmes classiques de la
consolation : l'âme s'approche davantage de son modèle
quand elle se sépare de la chair ; il faut donc se réjouir
quand l'homme, après avoir accompli ici-bas son inévitable
service, cesse de vivre en terre étrangère et rejoint la
demeure pure et incorporelle qui lui est propre et naturelle ;
car c'est bien une terre étrangère que la matière du corps
pour la nature incorporelle de l'intellect 1 • On reconnaît
dans ces lignes l'assimilation du corps à une aliena domus
de l'esprit, telle qu'on l'a rencontrée, associée à l'anthro-
pologie issue de l' Alcibiade, chez Cicéron, chez Philon, chez
Sénèque, chez Épictète 2 • Il est plus difficile de savoir à quelle
tradition rattacher la notation de Grégoire de Nysse
sur l'âme humaine se découvrant, comme en un miroir,
dans son exemplaire divin ; les textes bibliques que l'on
allègue à ce propos 3 demeurent loin du compte, car le
miroir dont ils font état est toujours le miroir créé où
Dieu se reflète, et non pas le miroir divin où l'âme
s'aperçoit ; ce qui se rapprocherait le plus de la métaphore
telle que l'entend Grégoire est encore la portion (authen-
tique ou interpolée) de l' Alcibiade 133 c, absente des
manuscrits de Platon, mais conservée par Eusèbe 4 ; car
(1) [GRÉG. DB NYSSE], De to, quid .rit <<ad imag. dei et similit. )),
PG 44, 1332 AB ; &xoucr6v1woç; -r:wvcro,:pwvcroL1tcxpcxLvoi3v-r:oç;, xcxl
Myov-r;oç;. EL ~O\JÀEL yvwvcxL8e:6v, 1tp0Àcx6wvyvw0L cre:cxu-r:6v . Èx
njç; crcxuwi3cruv0foe:ooç;, Èx njç; crcxu-r:oi3 xcx-r:cxcrxe:u-ijç;,
,:p'Y)crlv,
Èx -r:wv
Ènoç; cri;cxu-r:oi3.
EfoL0Limo8ùc; Èv (j((\)'l"ii>, 8LaOÀEo/OV <il<;Èv è:cr6m·plj)
-r:wl Èv 'l"'/j o/UX'/iscxu-r:oi3,
8Lcixpwov -riJv -r:CXU'T:'1)<;
xcx-rcxcrxe:u·~v,
xcxt
o<jle:Lcre:cxu-rovxcx-r' e:!x6vcx xcxt 6µoloocrLv 8e:oi3 -rurxcivov.cx.
Ce texte et celui du De mortuis ont été rapprochés de l' Alcib. par
H. F. CHBRNISS, The Platonism of Gregory of Nys.ra, dans <<Univ. of
California Public. in Class. Philology », XI, 1930-1933, fasc. 1,
Berkeley 1930, p. 40 et 82.
L'ANTHROPOLOGIEBANALE 197
bon ni mauvais par nature 1 • Origène expose qu'à la
différence de Dieu qui est incomposé, l'homme est un
être vivant composé par la rencontre d'un corps et d'une
âme 2 ; plusieurs fois chez lui, comme on l'a vu déjà chez
Irénée 3, cette conception synthétique s'exprime en relation
avec I Thess. 5, 2.3, soit qu'il fasse fonds sans discussion
sur l'anthropologie tripartite proposée par saint Paul 4,
soit qu'il en remette à plus tard l'examen 5• On a vu que
Basile associait de même l'âme et le corps dans la déter-
mination de ce qui, à la différence des biens matériels, est
vraiment nôtre6. A la secte gnostique des Audiens qui,
du rapprochement de Gen. 1, 2.6et 2., 7, arguaient que c'est
le corps de l'homme qui est à l'image de Dieu 7, Épiphane
oppose sans peine que Dieu n'est pas un corps ; l'homme
à l'image serait-il alors différent du corps? A quoi Épiphane
objecte que, aux termes de Gen. 2., 7, le corps (le limon),
non moins que l'âme (le souffle de vie), reçoit le nom
14
198 LE Ju ALCIBIADE ET LES CHR~TIENS
(1) ÉPIPHANE, Ancor. 55, 4-8, éd. Holl, p. 64, 18-65, 12, notam-
ment : xoi:! &110pc.mo11 xoi:Àd -roxo·cx611,xoi:l &110pc.Hm'I xoi:Àe:î-ro
tJ;uxLx6v; de même Panar., haer. 70, 2-3.
(2) Dont la dualité d'inspiration, sur ce point, a été bien vue par
Ch. CouTURIER, La structure métaphysique de l'homme d'après saint
Augustin, dans Augustinus magister, Actes du Congrès internat.
augustinien, Paris 1954, t. 1, p. 543. La même observation a été
faite au sujet d'Ambroise par W. SEIBEL, op. ât., p. 36-39. Enfin,
E. L. FoRTn<r, Christianisme el culture philosophique au Ve siècle. La
querelle de l'âme humaine en Occident, Paris 1959, p. 112, n. 2, a noté
un « flottement » tout à fait comparable chez Oaudianus Mamertus.
(3) Ainsi De mor. eccles. catho/. I 27, 52, PL 32, 1332 : « Homo
igitur, ut homini apparet, anima rationalis est mortali atque terreno
utens corpore » ; c'est la définition même que l'on a trouvée chez
Origène, cf. supra, p. 185, note (3).
(4) Par exemple De anima et eius orig. IV 2, 3, PL 44, 525 : (( Natura
certe tota hominis est spiritus, anima et corpus : quisquis ergo a natura
humana corpus alienare uult, desipit ll ; De ciu. dei XIII 24, éd.
Hoffmann, I, p. 654, 14-18 : (( homo non est corpus solum uel anima
sola, sed qui et anima constat et corpore. Hoc quidem uerum est, quod
non totus homo, sed pars melior hominis anima est ; nec totus
homo corpus, sed inferior hominis pars est ; sed cum est
utrumque coniunctum simul, habet hominis nomen ll ; néanmoins,
poursuit Augustin, le langage courant, et même celui de !'Écriture,
DEUTÉRONOME 4, 9 199
1JÀOm'1)'t'OÜ(3LouXct't'O((n(€1.)~
[ ... ] rrpocre:xe: CJEOCU't'cj>,
't'OU't'écr't'I.
't'7Î lJiux1icrou. Tocuniv Xct't'OCXOCJµe:1,
xocl 't'OCUTIJÇ
!mµe:ÀoÜ.
(1) Supra, p. 180 et note (3) à 181 et note (2).
(2) Car Porphyre, cité supra, p. 103 et note (1), parle de tjµdç,
-rcxl)µé-re:pocet -rcx-rwv l)µe:-répwv, exactement comme Alcib. 133 d;
-rcxrre:p! l)µocç de Basile rendrait plutôt TCXrroppwripw -rwv éctUTOÜ
d'Alcib. 131 ab. Malgré cette différence, sa dépendance, directe ou
indirecte, relativement au dialogue est hors de doute ; son -rocuniç
È;mµe:ÀoÜvient du lJiux'ijç!mµe:À"l),éovde 132 c.
(3) AMBROISE, Exam. VI 7, 42, p. 233, 15-22 : « Adtende
inquit tibi soli. Aliud enim sumus nos, aliud sunt nostra, alla
quae circa nos sunt. Nos sumus, hoc est anima et mens, nostra sunt
corporis membra et sensus eius, circa nos autem pecunia est, serui
sunt et uitae istius adparatus. Tibi igitur adtende, te ipsum
scito, hoc est non quales lacertos habeas, non quantam corporis
fortitudinem, non quantas possessiones, quantam potentiam, sed
qualem animam ac mentem >>.
202 LE l" ALCIBIADE ET LES CHRÉTIENS
PERMANENCES ET VARIATIONS
DANS LA THÉOLOGIE D'ARISTOTE
CHAPITRE PREMIER
ÉVOLUTION ET STRUCTURES
(1) The Theology of the Barly Greek Philo.topher.r ((( The Gifford
Lectures » 1936), Oxford 1947, p. 4-6 et 194.
(2) Metaph. E 1, 1026 a 10-32; passage parallèle en K 7, 1064 a 28-b
14. Une tradition, attestée par JULIEN, Epist. ad Themistium 10, 264
d-265 a, prête à Aristote la composition d'une 6s:oÀoyŒ't)cruyyp1X<p~
non identifiée, dont il aurait tiré autant de légitime fierté qu'Alexandre
de sa victoire sur les Perses ; sans doute tenait-il ce propos dans
une Lettre à Antipatros, cf. fgt 664 d RosE", p. 418, 5-8, et M. PLEZIA,
Aristote/fr Epùtularum fragmenta cum Testamento, dans ccAuctorum
graec. et latin. opusc. selecta », 3, Varsoviae 1961, p. 109-111. Cette
6s:oÀoytx1)cruyyp1X<p~ ne fait probablement qu'un avec la Métaphysique,·
car certains commentateurs alexandrins tardifs désigneront ce traité
par une dénomination du même genre ; pour introduire une citation
de Metaph. A 1, 980 a 21-22, ils écriront par exemple : 'O µèv 'Ap.
&px6µs:voc;-r'ij~ t1Xui-oü6s:oÀoy!°'c;<p7jcrlv(ÜLYMPIODORE,In Plat.
Akib. I çommenl. I, p. 1, 3 CREUZER,éd. Westerink, p. 1), ou encore:
·o µèv 81Xtµ6vtoc;'Ap. -r'ij,;6s:oÀoytx'ij,;0(1)-COÎ><ptÀ0<1o<p!1XÇ
&px6µsvoc;
[•••] l!<p7j(Anon, Proleg. philo.r. platon. 1, 1-2, éd, Westerink, p. 3 ; cf.
208 LA THÉOLOGIE D'ARISTOTE
1. De caelo!-IL
De l'avis à peu près général 1, l'essentiel des deux premiers
livres du De caelo remonte, dans l'activité littéraire
(1) Meteor. I 3, 339 b 2.5-2.6: TO ycxp &d crwµcx 0é:ov &µex xcxL
0d6v Tt tjv <pi'.mtv folxcxcnvUl't"oÀcxÔdv(jeu de mots sur 0é:ov- 0e:ï:ov);
cf. ARNIM, op.cit., p. 2.7.
(2.) Identification assurée pour I. DÜRlNG, op. cit., p. 365, n. 12.4,
et p. 367 ; contra,L. ELDERS, op. cit., p. 2.38,et déjà Ross, op. cit., p. 100,
qui v~it dans la 0e:w-rocTTj &px~ une fin immanente, un idéal de
perfectton.
(3) Cf. W. )AEGER, Aristotle ... , p. 2.56 et n. 3 ; A. MANSION, art,
cit., p. 443 ; F. NuYENs, L'éuolution de la Pvchologie d'Aristote, trad.
française, collect. « Aristote. Traduct. et études » Louvain-La Haye-
Paris 1948, p. 185-189. •
L'AMITIÉ ENTRE DIEU ET L'HOM.',Œ 217
((J)iÀe:Ï:v)
entre Dieu et l'homme, ni même l'amitié réciproque
(&.vn(j)iÀe:Ï:v),
mais seulement l'égalité absolue dans la réci-
procité (oµotw,;; &.v-mptÀûv).Voilà levée une hypothèque
qui risquait de rendre impossible a priori toute communica-
tion de Dieu à l'homme.
La fin du livre VII amorce une transition par quelques
lignes de grande portée sur le thème de l'imitation de Dieu.
Puisque Dieu, y est-il dit, n'est pas tel qu'il ait besoin d'ami,
on doit en penser autant de qui est semblable (8µowv)
à Dieu ; mais à ce compte-là, l'homme de bien ne portera
pas sa pensée sur un objet différent de lui, puisque le
bonheur de Dieu est de n'avoir d'autre objet de pensée que
lui-même (~éÀ-rwv~ &cr-re;&Àt.o-ri voe:î:v7totp' otlrrà,;;otu't'6v);
la vérité, c'est que le bonheur de Dieu n'est pas le bonheur
humain : notre bonheur est relatif à autre chose, tandis que
Dieu est lui-même son propre bonheur (~µî:v µèv -rà di
xcr:0'~'t"Epov,èxdvep aè otÙ't'àÇcr:u,oü-rà e;Ï)ècr-r[v)(12, 1245 b
14-19). Ce texte est important à plus d'un titre. D'abord
par la définition qu'il donne du bonheur divin ; on en trouve
d'ailleurs une toute semblable au début du livre VII de
la Politique, qui passe lui aussi pour fort ancien 1 : Dieu est
heureux sans le secours d'aucun des biens extérieurs, mais
en lui-même par lui-même (ai' où0èv aè -r&v è~w't'e:pix&v
&.ycr:0&v &.t.M ai' otu't'àvcr:ù't'6,;;)
et par suite de sa qualité
naturelle (VII 1, 1323 b 23-26). D'autre part, distinguant
aussi nettement la condition de l'homme et la nature de
Dieu, l' Éthique à Eudème dénonce les limites qui entrave-
raient à la fois une morale fondée sur l'imitation de Dieu
et une théologie de caractère anthropomorphique 2 • L'auteur
&.qioµmoümval 6i.v0pCù7t"OL, o(hCù xoct -roùç ~(oui; -rwv 0.:wv ; Eth. Nic.
I 12, 1101 b 18-21 : la référence des dieux à l'homme est ridicule
(ye:Àoi:oiyixp qioc(vov-roci
1't"poc; comme il advient
1iµiic; &vccqie:p6µe:vm),
quand nous leur décernons des louanges. Mais il existe un anthro-
pomorphisme moins grossier qu'Aristote lui-même n'a peut-être pas
toujours évité : sans doute nie-t-il que Dieu soit jaloux ( Metaph. A 2,
982 b 32-983 a 3 ; cf. Phèdre 247 a; Tim. 2.9e; Epin. 988 b), mais il lui
accorde, comme à l'homme vertueux, la capacité de faire le mal (Top.
IV 5, 126 a 34-39).
(1) La condamnation de la théologie affirmative, on l'aura remarqué,
est beaucoup plus accentuée en Magna mor. qu'en Eth. Eud., où elle
était seulement esquissée. Pour cette raison, R. WALZER, lvlagna
mora!ia und aristote!ische Ethik, dans « Neue philolog. Untersuch. »,
7, Berlin 192.9, p. 230-231, regarde le texte de Magna mor. comme
une critique dirigée contre le précédent ; en sorte que la formule
de 1212 b 34 : èv -roi:c;Myoic; viserait, non seulement tel écrit exo-
térique comme le Protrept., mais aussi l'Éth. Eud. et même la Métaph. A,
où sont professées les thèses de l' oµoLCùcnç0eéjl et de l'affinité de
l'intellect humain avec celui de Dieu.
220 LA THÉOLOGIED'ARISTOTB
(1) Cf. F. DrRLMEIER, op. tit., p. 490, qui observe avec raison
qu'Aristote, assignant au mouvement de l'âme un principe extrin-
sèque, est en revanche infidèle au dernier platonisme, selon lequel
l'âme est automotrice.
Ç2) Fgt 1 Ross, p. 57 ; rapprochement signalé par W. JAEGER,
Artstotle ..., p. 240.
(3) Ainsi F. DrRLMEIER, op. cil., p. 498-504 ; I. DÜRING, op. cit.,
p. 451-452; H. J. KRAMER, Der Ursprung der Geistmetaphysik. Unter-
suchungen zur Geschichte des P latonismus zwischen Plat on und P !otin,
Ams_t~rdam 1964, p. 137 et n. 32. Dans cette perspective, la 0e:wp[er;
0e:ou
(gérut1f possessif) signifie « l'activité contemplative de l'intellect 1>.
LE DIVIN DANS L'HOMME 223
il est question ici ce que le texte précédent nommait -.à
~v 'f)µ.Ï:vfü:ï:ov, c'est-à-dire l'intellect humain ; on retrou-
vera dans un instant cet important schéma.
(1) Noter que, comme Aristote encore (De part. anim. IV 10,
686 a 27-28), Platon rattache ici (90 ab) la station droite de l'homme
à la présence en lui du divin.
(2)a. F. DIRLMEIER, op. cit., p. 502-504 ; H. J. KR.AMER,op. cit.,
p. 136-138 (remarquer toutefois la n. 32 de la p. 137) ; I. DüRrNG,
op.cit., p. 471-472; sur la doctrine du voü,:; en Eth. Nic. X, voir encore
ARISTOTLE, The NicomacheanEthics, A Commentary by H. H. JoACHIM
ed. by D. A. REEs, Oxford 1951, p. 288-291.
226 LA THÉOWGIE D'ARISTOTE
O[J.OLCù<JLç,
µé(k~Lç, 0e"r:oç&v1Jp,&0ocvocaLx. sont autant de
concepts platoniciens aisément reconnaissables 4 ; on ne peut
('t"<j>
Il' èv ~µrv 0elep (J1.)yyevdç),Lois X 899 d et 900 a (sur ces textes
et bien d'autres, voir les analyses minutieuses d'É. DES PLACES,
Syngeneia. La parenté de l'homme avec Dieu, d'Homère à la patristique,
collect. « Études et comment. >>,51, Paris 1964, p. 65-99) ; pour
6µolwo-Lç,Répub/. X 613 ab (tdç llcrovl>uvoc-ràv &v0p6>7t(p 6µoLoÜcr0ocL
0.:<j>),Théét. 176 b, Tim. 90 d; pour µ1We:~Li;, Phèdre 25 3 a (xoc0' llcrov
lluvoc-ràv0e:oü &v0p6>7tep µe:-roccrxdv);pour 0e:foç&v~p,Ménon 99d(où
l'expression est, comme chez Aristote, donnée pour un laconisme),
Lois VII 818 c; pour &0ocvoccrloc enfin, Tim. 90 c (xoc0' iîcrov Il' oco
µ.:-roccrxe:rv&v0pw1tlvn<pUO"E:L &0ocvoccr(ocçèvl>éxe:-rocL).
(1) Tel est notamment l'avis de G. VERllEKE, L'évolution de la
p{Ychologied'Aristote, dans Revuephilos. deLouvain, 46, 1948, p. 343-345,
qui, frappé par les traits platonisants d'Eth. Nic. X 7-9 et leurs
parallèles dans le Protrept., estime ces trois chapitres antérieurs à l'Éth.
Eud. et tout proches du dialogue ; cf. déjà F. NUYENs,op. cil., p. 192 ;
l'hypothèse de Verbeke est accueillie favorablement par GAUTHIER
et JoLIF, op. cit., I, p. 23*, n. 67, et p. 46* ; ibid., II 2, p. 873-881, elle
est confirmée par d'importants rapprochements avec les dialogues.
16
230 LA THÉOLOGIB D'ARISTOTE
2-9 ; II 1, 1219 b 17-24; Eth. Nic. I 3, 1095 b 32-33 ; voir encore I 13,
1102 b 3-11), où Aristote expose que la vertu ne peut constituer le
bonheur puisqu'on peut la posséder et passer sa vie à dormir, et que
l'homme bon et l'homme vicieux ne se distinguent en rien pendant
leur sommeil ; l'antithèse entre le sommeil et la vie morale est déjà
une idée platonicienne, cf. Lois VII 807 e-808 c.
(1) Rhet. II 5, 1383 b 8-9 ; II 9, 1386 b 15-16.
(2) Précédée, sur ce point également, par Eth. Eud. I 1, 1214 a
14-25.
232 LA THÉOLOGIE D'ARISTOTE
, , T , ,,-. -. , , e - "', ,e ,
un (E L µ.ev ouv xo:L O:N\.O't'L &Cl''t'L ewv owp1j[J,IXo:v pwTCotç,
,, ' ' ''-'
&UÀoyov XO:L't"YlVEUoO:L[J,OVLO:V, e, '!>
EOCl'OO'l"OV T
ELVIXL)
' en raison
•
4. MétaphysiqueA 7-9.
Tout a été dit sur le livre A de la Métapf?ysique 3 ; on
cr"t'ov,1t6--c-Epov
xzx_wpurµévov't'L XC(t ~ù--ràxiX6, rxû"t'6,
~
'TT)V ? peut-être des deux façons ensemble, comme
-rcx.1;iv)
une armée dont le bien est à la fois son ordre et son chef,
et davantage son chef, puisque l'ordre existe par le chef,
et non le chef par l'ordre ; ainsi compris1, le morceau est
clair : avant tout, le Principe opère en demeurant séparé
du monde et sans sortir de soi, c'est-à-dire en tant que
fin ; mais secondairement, il se manifeste dans l'ordre
de l'univers dont il est la cause ; même dans le livre A,
Aristote incline donc à charger Dieu d'une activité ad extra.
Le passage devient encore plus révélateur si l'on considère
que le De philosophia, très probablement, comparait déjà
l'ordre du monde à celui d'une armée, pour en tirer la
preuve qu'existe une divinité ordonnatrice 2 •
On aura remarqué que les trois derniers textes cités de
la Métapf?ysiqueA contiennent le mot ,:pucriç. Cette unanimité
ne peut être un hasard : aussi souvent qu'est évoquée
l'activité proprement efficiente du Moteur immobile,
voici qu'apparaît la notion de « nature ». Sans doute est-ce
le signe que la causalité immanente de la nature n'est
pas incompatible avec la causalité transcendante du Moteur ;
aussi bien la Pf?ysiqueII, qui s'intéresse surtout à la première
(ainsi en 1, 192 b 20-23), ne se fait-elle pas faute de les
mentionner l'une et l'autre conjointement (7,198 a 35-b 5)3.
IL MUTATIONS ET PERMANENCES
Voir aussi W. D. Ross, op. cil., p. 96-97, qui estime conciliables les
deux causalités dans le fgt 21 b du De philos. et en Phys. VIII.
(1) Art. cit., p. 61.
(2) Pour 0Eèç (0do\l) x~l qiucnç, Protrept., fgt 11 Ross, p. 44 ;
fgt 13, p. 48 ; De cae!o I 4, 271 a 33 ; sur la nature démonique, De
diuin. per somnum 2, 463 b 14-15 ; sur la nature démiurge, De philos. ( ?),
fgt 8 b, p. 77 ; De anim. incessu 12, 711 a 18 ; De part. anim. I 5, 645 a 9 ;
De gener. anim. I 23, 731 a 24 ; sur la nature comme cause divine,
Eth. Eud. VIII 2, 1247 b 28; Eth. Nic. VII 13, 1153 b 32; X 9, 1179 b
21-23. Par cette divinisation de la nature, Aristote fait figure de relais
entre les présocratiques et les stoïciens ; cf. W. ]AEGER, The Theology
of the Barly Greek Philosophers, p. 203-206, n. 44.
242 LA THÉOLOGIE D'ARISTOTE
17
246 LA THÉOLOGIE D'ARISTOTE
l. LE TÉMOIGNAGE DE SIMPLICIUS
ET LE PROBLÈME DE SON AUTHENTICITÉ
1. Le texte aristotéliciencommenté.
Le fragment unique du Ile pl.. eu X"Ilr; est extrait du
commentaire de Simplicius au De caelo d'Aristote, plus
précisément du passage où le commentateur s'intéresse
(1) Cf. Metaph. A 8, 1073 b ;-1074 a 17, où cette donnée est reliée
aux hypothèses d'Eudoxe et de Callippe, qui font intervenir autant de
sphères que chaque planète présente de mouvements.
LE TEXTE DU DE CAELO II 12 251
(1) Omis par deux manuscrits et l'édit. Karsten, xod est rétabli
- avec raison, semble-t-il - par Heiberg ; c'est donc par simple
distraction que Ross, qui reproduit le texte de Heiberg, omet ce XOl:l.
On verra dans la suite que ce point peut n'être pas dénué de quelque
importance.
(.i) SIMPLICIUS, In AriJt. De cado II 12, ad 292 b 10, éd. Heiberg,
p. 485, u-22.
254 LE DIALOGUE SUR LA PRIIJRE
(1) Bien que l'on manque d'un texte formel, ce point n'est pas
douteux, cf. R. ARNou, IIP A:SIS et 0EQPIA. !:.tutie de détail .rurle
vocabulaireet la pen.rée des « Ennéade.r>> de Plotin, thèse Paris 192.1,
p. 2.1-2.2.
FORMULES ET IDÉES NÉOPLATONICIENNES 255
(1) Il dit simplement, dans le même sens, que l'Un est urre:p6nc.ù<;
(Enn. VI 8, 14, 43, éd. Bréhier, p. 152).
(z) Sent. 10, éd. Mommert, p. 3, 2-3 : toutes choses sont èv [... ] -rcj>
èm:xe:tvoc&:ve:wo~Tc.ù<; -re:xoct urre:poucrlc.ùc;.
(3) Par exemple In Tim. 35 b, 2.05 CD, éd. Diehl, II, p. 2.13, 19 :
l'Un est appelé -ro urre:povcrtov;In Plat. theol. III 1, éd. Portus, p. 118 :
urre:povmov œhlocv; III 2.1,p. 163 : TO µ6Vc.ùÇ urre:povcrtov[..•) urre;pov-
moc; Orrocpl;tç,etc.
(4) Elem. theol., prop. 119, éd. Dodds, p. 104, 16: II<iç 6e:oc;KOCTIX
T'Y)V urre:povcrtov&:yoc66TI]TOCu,:pfoTI)XE.L'index de Dodds atteste en
outre la présence, dans ce traité, de quantité d'emplois séparés d'<iyoc-
66TI)ç et d'urre:poucrtoc;.
(5) Enn. VI 4, 13, 6-8, p. 193 : EL oùv Tt µe:-rocÀ~yie:-rocl -rwoç,
· ~ oô µe:-re:tÀ'Yj,:PO<;
/lrj).ov lht oôx ocu-roü µe:-rocÀ~yie:-roct fo-rtxt, &:M'
ocô-.-ofo-roct.
(6) V 5, 10, 3-4, éd. Henry-Schwyzer, p. 354: µe:-re:x6v-rc.ùv &.miv-rwv
ocô·rnüµrille:voç ~XOVTOÇ ocô-r6.
256 LE DIALOGUE SUR LA PRIERE
xor.l.è1téxe:ivor.
voü ; étant rnéxewo: oùo-lo:ç,il est aussi
2
18
262 LE DIALOGUE SUR LA PRIERE
(1) Op. cit., p. 146-147. Il s'agit de Protag. 358 a: d-re: yd:p ~8ù e:he:
ttpmiov Mye:ic; e:he: xap-r6v, e:he: 01t66e:vxai ilm»c; xalpe:tc; -rd:
-rouxü-ra6voµ~~c.>v ... Pastiche du même genre dans plusieurs autres
textes platoniciens (PhMre 237 a et 273 c; Crai. 400 e ,· Philèbe 63 b ,·
Euthyd. 288 ab; Banq. 212 c ,· Hippias min. 368 e, etc.), cités par
H. KLEINKNECHT,Die Gebetsparodie in der Antike, dans ccTübinger
Beitrage zur Altertumswiss. >), 28, Stuttgart-Berlin 1937, p. 110 et
131-132; le même historien, p. 19, souligne la fréquence, dans les
prières, de la forme e:he:-d-re:(ou -1\--1\),dont il relève, p. 24-25, une
autre parodie manifeste chez ARISTOPHANE, Nuées 269-274,
(2) Cf. H. BoNITZ, Index aristot., Berolini 1870, p. 300 a 10-59.
De plus, comme l'observe E. BIGNONE, L'AriJtotele perduto e la
formazione ftlosofica di Epicuro, coll. « Il pensiero classico », 4, Firenze
1936, I, p. 234-235, les passages où Aristote nomme Euripide sont
peu de chose au regard de ceux où il le cite sans le nommer.
(;) Doit-on comprendre que Simplicius prétend offrir une citation
textuelle d'Aristote, ou seulement un résumé en substance ? Il est
difficile d'en décider; peut-être la formule o-acpwc; dm:w va-t-elle
plutôt dans le sens d'une citation approximative. On sait d'ailleurs
que, très probablement, Simplicius n'avait pas une connaissance
directe des dialogues aristotéliciens dont il se fait l'écho.
264 LE DIALOGUE SUR LA PRIERE
(1) Op. cit., p. 2.40. Admis par H. CHERNrss, op. cit., p. 609, le rap-
prochement indiqué par Jaeger a été repris récemment par Ph. MERLAN,
Monop.rychis1J1, Mysticism, Metar:onsciousness.Problems of the Soul in the
Neoaristotelian and Neoplatonic Tradition, dans « Archives internat.
d'Histoire des idées», 2., The Hague 1963, p. 8. Enfin, c'est tout ce que
trouve à dire sur le II. e:ôx~ i; A. H. CHRousT, A Note on Some of the
Minor Lost Works of the Young Aristotle, dans Tijdschrift voor Filos.,
27, 1965,p. 310-311 (p. 311,n.4).
(2.) Eth. Eud. VIII 2., 12.48 a 24-32. : To 3è: ~11-rouµ.e:vov
Toih' Ècr't"l,
&px-lJEVtjj tJiux'ii-/j,_~).ov3-lj &crm:p èv 't"<jlÔÀ4)
't"L;~ T'ijc;)WJ~cre:ùli;
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0e:6c;; [... ] "Exoum ycl:p &:px-lJv't"Oltz\J'n)V
~ xpe:krùlv TOUvou x°'l T'iji; ~ou">..e:ucre:ùlc;. Sur la relation entre 't"O
èv ~µ.1v 0dov et l'idée de prière, cf. JAMBLIQUE,De myst. I 15, éd. des
Places, p. 65, disant que ce qui en nous est divin s'éveille dans les
prières (To ycl:pOdov èv -1)µ.îv[... ] èydp~'t"O(('t"6tt EVO(pywi; èv TO(ÎÇ
e:ùx°'îç), pour aspirer à la divinité qui lui est semblable et s'unir à la
perfection en soi ; texte cité par H. P. EssER, diss. cil., p. 71 et n. 4.
FAIBLESSES DE L'INTERPRÉTATION DE BERNAYS 271
19
278 LE DIALOGUE SUR LA PRIERE
(1) Par exemple en De caeloI 10,279 b 4-12; cf. notamment 5-6: 8ii;-
~e:À06v-c-e:çr:p6-rie;pov TCXÇTWV &"AÀwv u1toÀ'Î)•Jmç.Voir P. AuBENQUB,
Sur la notion ari.rtotélicienned'aporie, dans Aristote et le.r problème.rde
méthode, p. 8 (sur le caractère préalable de l'aporie doxographique) ;
S. MANSION, Le rôle del' expo.réet de la critiquede.rphilo.rophie.rantérieure.r
chez Ari.rtote, même recueil, p. 38 (sur le passage du De caelo).
(2) Il faut ajouter que, comme veut bien me le rappeler le P. É. de
Strycker, Platon, à la différence d'Aristote, n'entend pas par voüç
l'intellect au sens d'une substance ou d'une faculté, mais toujours
l'acte de !'intellection ou le savoir qui en résulte ; or, dans le fragment,
par un emploi néoplatonicien avant la lettre, le mot semble bien
désigner l'intellect comme hypostase ; c'est une raison supplémentaire
de ne pas y voir la trace d'une opinion de Platon.
286 LE DIALOGUE SUR LA PRIÈRE
20
294 LE DIALOGUE SUR LA PRIERE
(1) Corp. hermet. II 14, éd. Nock, p. 37, 15 : 6 oùv 6eàç oô voüç
ècr-rtv, ochtoç ôè -roü < voüv> e!voct; cf. A. J. FBSTUGIÈRE, L4 Dieu
inconnuel la Gnose, p. 78. A quoi il faut adjoindre, avec H. J. KRAMBR
encore, op. cit., p. 262, n. 2 55, un témoignage hermétique de
JAMBLIQUE, De myst. VIII 3, éd. des Places, p. 196 : avant le voüç qui
se pense lui-même se trouve l'~ cxµepéç,où résident le 1tpw-rovvooüv
et le 1tpw-rov vo7J-r6v; on reconnaît, comme dans le II . E ô X 'ij c;,
l'ambiguïté d'un premier principe à la fois intellect et supérieur
à l'intellect.
(2) Du moins le fait-il là où l'on attendrait qu'il en parlât, c'est-à-dire
dans les pages consacrées à la postérité du II . e:ôX'ij ç ; car, dans la
suite de son ouvrage (op. cil., p. 62-67), il traite longuement de la
position d'Albinus, où il discerne parfaitement l'ambiguïté du premier
Dieu à la fois appelé intellect et situé au-delà de l'intellect.
(3) ALBINus, Epit. 10, 2, éd. Louis, p. 57: -rou-rouôè [se.: ToÜvoü]
6 ochtoç -rou-rouxoclIS1tep&vl-rt cxvoo-répoo
xoc).)..(oov -rou-roovuqiéaT7Jxev,
OO't'OÇ &vli:!7l6 1tpw-roç6e:6ç, ochtoç U7t<XpJ(OOV TOÜcxd ève:pye:ï'vTCJ)VCJ)
't'OOcruµ1tOCVTOÇ ye ô~ xoclOOTOÇ
oùpocvoü[•..] OÜ't'OO ovoüç XtV~O"e:t TOV
voüv -roü cruµ1tocv-roçoôpocvoü.Ce texte est déjà indiqué par W. THEILER,
Die Vorbereitung du Neuplatonimus, dans <<Problemata >>, 1, Berlin
1930, p. 56, et par A. J. FBsTUGIÈRB, op. cit., p. 96 ; cf. surtout
H. DoRRIB, Zum Ursprung der neuplatonis,hen Hypostasenlehre, dans
Hermes, 82, 1954, p. 339-340, et Die Frage nach dem Transz.endentenim
Mittelplatonismus, dans Les sources de Plotin (Entretiens de la Fondation
Hardt, V, 1957), Vandœuvres-Genève 1960, p. 211-213.
298 LE DIALOGUE SUR LA PRlliRE
-rov voüv), d'autre part que l'intellect dont il traite n'est autre
que l'intellect cosmique, voüç -roü r:roµ1t1XV't'OÇ 0Ùp1Xvoü.
Dans cette tradition, il faudrait également faire une place
à la théologie gnostique du ne siècle ; alors que certains
de ses représentants, tels Théodote, Ptolémée, l'auteur
de l' Apokryphon de Jean et celui du traité dit « Sur les
trois natures », conçoivent Dieu comme un intellect
capable de se penser et de se connaître, pourvu d'è:vvotlX
et d'èv6oµ'1)0'LÇ,d'autres le placent au-delà de l'intellect ;
c'est le cas de Basilide, pour qui Dieu transcende la dualité
du V0'1)'t'6vet de l'ocv6'1)'t'OV, et voulut faire le monde
1
OCVO~'t'CùÇ •
Calcidius est certes postérieur à Plotin, et dépend parfois
de lui ; mais ses sources principales appartiennent au
moyen platonisme, et c'est probablement le cas d'un
passage de son Commentaireoù le Dieu suprême, souverain
bien, est dit meilleur que l'intellect, qui n'obtient que
le second rang 2 • Origène enfin, contemporain de Plotin,
déclare que notre intellect a pour objet propre non seule-
ment les intelligibles, mais Dieu qui est au-delà des intel-
(1) Exhort. ad martyr. 47, éd. Koetschau, p. 43, 7-8 : voüc; itpoc;
-roc1101),0C xocl -ràv &rribmvoc'r:0011 \101)'r00\I 6e611; cf. déjà CLÉMENT
n'ALEX., Strom. V 6, 38, 6, éd. Stiihlin, p. 352, 13-14: 0 xopwc; [.••]
&mfxewoc-roü 1107l-r:oü ; l'inspirateur commun de ces deux auteurs,
PHILON, Leg. alleg. II 13, 46, éd. C.-W., I, p. 99, 19-20, avait dit
lui-même que l'intellect n'est cause de rien, mais bien Dieu qui est
avant l'intellect : oùx fonv a voüc;-xhmv où8e:v6c;,tù).' o itpà -r;oüvoü
6e:6,;. Ce dernier texte est signalé par J. WHrTTAKER,EIIEKEINA
NOî KAI Oî:EIA:E, dans Vigil. christ., 23, 1969, p. 102; aux p. 92-93
et 101-104, cet historien étudie, dans l'ancienne Académie et dans
le moyen platonisme, le problème de savoir si Dieu est intellect ou
au-delà de l'intellect ; il rapporte la deuxième thèse à l'influence de
Républ. VI 508 b (sur le soleil qui n'est pas la vue, mais cause de la vue).
(2) C. Cels. VII 38, éd. Koetschau, II, p. 188, 11-12.
(3) Ainsi H. CHADWICK,Origen, Contra Celsum, transl. with an
Introd. and notes, Cambridge 1953, p. 425, n. 3 ad foc.; c'est un fait
qu'Origène connaît bien ce texte platonicien, cité expressément en
C. Cels. VI 64, p. 135, 4-5, et aussi en In ]oh. XIX 6, 37, éd. Preuschen,
p. 305, 16.
(4) Même C. Cels. VI 64, qui contient une citation littérale de
Républ. 509 b, en dépasse largement le contenu, puisque la citation
n'y est que le premier élément d'une interrogation double (parallèle
à celle de VII 38): 1t6-re:pov !néxe:woc oùcrlocc;tcr-rl [... ] 6 6e:àc;[••.],
~ xocl ocù-r6,;tcrnv oùcrloc(p. 135, 4-6).
(5) Apud C. Cels. VII 45, p. 196, 28-197, 3 : (Dieu n'est) o!.he
voi3c;[•.•], cx).).àc
vcj'i-re:-r:oüvoe:î:voct-r:ioc;[ •••] n&v-rwvÉnéxe:wocéfJv;
cité par A. J. FESTUGIÈRE, op. &it., p. 117 ; voir maintenant H. DoRRIE,
Die platonische Theologie des Kel.ros in ihrer Auseinandersetz.ung mil der
christlichen Theologie, auf Grund von Origenes c. Celsum 7, 42 If., dans
Nachrichten der Akad. der Wis.r. in Gattingen, I. Philol.-hist. Kl., 1967, 2,
p. 38-41.
300 LE DIALOGUE SUR LA PRIÈRE
L LA NOTION DE NATURE
(1) Ross, p. 76, 4-7 : 'Erre:l -ro(wv -ràcvo11-ràc xrxt Oe:rrx,wç ô 'Apt-
cr-ro-rsÀ'l')Ç e:t xrxt <prxv6-ra:-roc
<p'l')cr(v, tcr-rt xrx-ràc'O)V ea:u-rwv oôcrErxv,
~µrv a,tàcTI)V bttxe:tµtV'l')V-roü crwµa:-roçàxMv crxo-re:tv<i 8oxe:î xrxt
a:µu8prx, ...
(2) W. HAAsE, Ein vermeintliches Aristote/es-Fragment bei Johannes
Philoponos, dans Synusia, Festgabe für W. ScHADEWALDT,Pfullingen
1965, p. 323-354. On ne peut entrer ici dans le détail de cette longue
démonstration, mais tout au plus en indiquer les grandes lignes, en
rappelant d'abord les dernières expressions de la thèse traditionnelle,
A. J. FESTUGIÈRE,La révélation d'Hermès Trismégiste, Il : Le dieu
cosmique, collect. <<Études bibliques», Paris 1949, p. 222-224, approuve
Bywater d'avoir rattaché le texte de PHILOPON,In Nicom. Jsag. I 1 au
I•r livre du De philos.,· dans son Appcnd. I, p. 587-591, il confirme
ce rattachement en rapprochant de Philopon AscLÉPIUS, In Arist.
Metaph. libros A-Z comment., ad A 1, 980 a 22, éd. Hayduck, p. 3, 30-H,
où les mots wç dp'l')Ttxlµot l·~ -rorç rre:pt cro<p(œç Myotç, que le com-
mentateur donne pour tirés littéralement de l' Apodictique d'Aristote,
constitueraient une référence d'Aristote à son De philos. Selon
H. D. SAFFREY,Le Ile:pt <ptÀocroip[rxçd'Aristote et la théorie plato-
niciennedes Idées Nombres, collect. <(Philos.antiqua», 7, Leiden 1955,
p. 7-10, les mots en question proviendraient en réalité, non pas
d'Aristote lui-même, mais d'un commentateur alexandrin (Ammonius)
des Ana/yl. postér. (appelés couramment Apodictique) ; c'est lui qui
aurait fait référence au De philos., comme il apparaît encore chez
PmLOPON, In Arist. Ana{yt. poster. comment., ad I 33, 89 b 7, éd.
Wallies, p. 332, 8-12. L'appartenance du fgt 8 b à !'Aristote perdu est
enfin admise par K. GAISER, Platons ungeschriebeneLehre. Studien z.ur
.rystematischen und geschichtlichen Begründung der Wissenschaften in der
Platonischen Schule, Stuttgart 2 1968, p. 236-242 et notes correspondantes
(p. 397-399 ; le texte de Philopon est cité et annoté sous le n° 13
des Testim. platonica, p. 457-459) ; seulement, selon un choix déjà
défendu par Bignone, il ne s'agirait pas du De philos., mais bien du
Protrepl., notamment pour la raison suivante : les objets OE1:0t xœl
ùrre:px6crµtrxxrxt &.µe:-rocOÀ'l)Ttx,
dont la connaissance définit la suprême
sagesse (Ross, p. 77, 14-16), ne sont autres que les Idées platoni-
ciennes ; or celles-ci, encore admises pour l'essentiel dans le Protrept.,
devaient être expressément combattues dans le De philos. - Contre
cette validation traditionnelle du fgt 8 b, le premier coup fut porté
par H. CHERNISS,recension de H. D. SAFFREY,op. cit., dans Gnomon,
31, 1959, p. 38 : en comparant au début du fragment un autre passage
du même commentaire de Philopon, où la notion d'objets à la fois
cpœv6-roc-rrxet t8E1:vxrxÀSrroc est expressément rapportée à Metaph. œ 1,
993 a 30-b 11, cet historien conclut que la référence aristotélicienne
21
310 LE DIALOGUE SUR LA PHIWSOPHIE
devait être la même dans les deux cas, et écarta dans le premier d'entre
eux l'hypothèse d'une allusion au De philos. A son tour, W. Haase
prolonge la critique de Cherniss en reprenant le problème tout à
loisir ; étudiant de plus près les textes, mis en avant par Festugière
et Saffrey, des commentaires d' Asclépius sur la Métaph. et de Philopon
sur les Analyt. postér., il montre qu'eux aussi ont peu de chances de
porter témoignage sur le dialogue (art. fit., p. 334-340) ; quant aux
variations étymologiques de ces divers commentateurs sur crocptoe -
ocxcpeioe, elles seraient l'aboutissement de la tradition grecque de la
« Lichtmetaphysik l), engendrée essentiellement par les livres V à VII
de la Républ. de Platon (p. 340-344) ; pour finir (p. 354, n. 78), Haase
laisse entendre que sa critique des témoignages pourrait être étendue
à d'autres prétendus fragments du De philos., par exemple au fgt 24
Ross, p. 91-92, où la formule xodlcxm:pxoct 'Apicr-.a-.éÀ7J.:; renverrait
simplement à une interprétation de Plutarque le néoplatonicien,
comme l'avait déjà vu R. BEUTLER,art. Plutarchos von Athen, dans RE,
XXI 1, 1951, col. 967.
(1) Ross, p. 77,= SEXTUSEMPIR., Adu. mathem. X 45-46. Cf. BERTI,
op. cil., p. 343 ; UNTERSTEINER, op. cil., p. 135.
(2) Sa pertinence à l'aristotélisme définitif apparaît mieux encore
si on la rapproche d'une formule du fgt 12 a 1°, p. 80, = SEXTUS
EMPIR., Adu. mathem. IX 22: 0eà" -.à" -nj.:; 't"otOCUTI).:; Ktvficrew.:;[... ]
ochw"; on pourrait certes supposer que, recoupés l'un par l'autre,
les deux textes font apparaître simplement le caractère divin de la
nature ; je préfère pour ma . part comprendre que le De philos. et
la Phys. rapportent le mouvement à deux principes tout différents,
qui sont respectivement Dieu et la nature.
(3) Ross, p. 81, = SEXTUSEMPIR., Adu. mathem. IX 27.
LA NATURE... DE DIEU 311
(1) Cf. C1cÉRoN, De nat. deor. II 22, 58, = SVF I 172, p. 44, 17 :
« natura mundi ornnis motus habet uoluntarios )), et encore De nat.
deor.Il 11, 31.
(2.) Op.cit., p. 2.34-235.
(3) Op.cit., p. 368, 370 et 556.
.••, p. 84-85, qui observe
(4) Ainsi à W. THEILER, Zur Geschichte
CONSÉQUENCES CHRONOLOGIQUES 315
importante touchant l'ordre de succession, si controversé,
des écrits exotériques : s'il est vrai que, sur ce point de
doctrine fondamental, le De philosophia se rapproche du
dernier platonisme tandis que le Protreptique coïncide
avec le corpus aristotelicum, il est à croire, contrairement
aux vues de Jaeger suivi par la plupart des critiques,
que le De philosophiaa précédé le Protreptique1 , C'est entre
ces deux œuvres qu'Aristote aura révisé radicalement son
attachement au platonisme, et conçu les grandes lignes
de sa théorie définitive de la (f)UO'LÇ,
au Protrept., cf. supra, p. 309, note (2) ; bien qu'il discerne dans
le texte de Phllopon la preuve de l'adhésion d'Aristote à la théorie
platonicienne des Idées, cet historien est donc à compter parmi ceux
pour qui le De philos. rejetait cette théorie.
(1) a. supra, p. 308, note (4).
(2) Comparer PLATON, Alcib. 134 d : -.à 0.:ïov xoct Àocµ1tp6v ;
~hédon ~o a : TCÏ> µèv 6d<p xcd [... ]VO'Yj't'CÏ>; Républ. VII s18 ç : 't'OÜ
OV't'OÇ 't'O (f)OCVO"ÇO('t'OV.
(3) CT.supra, p. 309 et note (2),
LA FRAGILITÉ DES HYPOTHÈSES 319
22
326 LE DIALOGUE SUR LA PHILOSOPHIE
(1) UNTERSTEINER, art. cit., II, p. 133, critiqué par BERTI, op. ât.,
p. 348, n. 114.
(2) Ross, p. 85, = S,hol. in Prouerb. Salom.
(3) Comme l'a proposé UNTERSTEINER, op. cil., p. 209-211.
(4) Art. cit., II, p. 133-135 ; même idée chez BERTI, op. cil., p. ,n,
qui désigne équivalemment le Premier moteur en parlant de la cause
finale.
(5) Cité à une tout autre fin pat P. MoRAux, art. cit., col. 1204.
Ce passage des Meteor. donne à penser que c'est l'éther, - plutôt que
le Moteur immobile, comme on le croit d'ordinaire (ainsi, à la suite
de Cberniss, ÜNTERSTEINER, op. cit., p. 207 et 260), - qui pourrait
être décrit en De gener.et ,orrupt.II 10, 337 a 20-22: d rr:>.e:(ouç oc!èv
xuXÀepxw~cre:L<;, [...] &viiyxl)imà µ(O(v&px~v;il est concevable que l'on
ait là, mêlé à un exposé sur le Moteur immobile (337 a 19: &xlvl)"ov),
un souvenir du De philos., non éloigné du fgt 31 b WALZER, p. 98
(= 336 b 27-32).
(6) a. supra, p. 327 et 331-332.
334 LE DIALOGUE SUR LA PHILOSOPHIE
(1) Op. cil., p. 2.64-2.65 ; Untersteiner fait ici sienne une vue de
Cherniss.
(2.) C'est le fgt 29 WALZER, p. 95-96, = De cae!oII 1, 2.83 b 2.6-
2.84 b 5 ; exclu du recueil de Ross, ce texte a recouvré à juste titre droit
de cité dans celui d'UNTERSTEINER, op. cit., p. 60-62..
(3) Ce point est accordé expressément par P. MoRAUX,art. cil.,
col. 12.11.
(4) SlljJra, p. 312..
(5) Ross, p. 96, = Pqys. II 2., 194 a 2.7-36.
(6) Op. cil., p. 355-356; le Premier moteur n'est pas nommé, mais
clairement désigné,
(7) Op. cil., p. 2.65et 285,
(8) Art. Aristote/es de la RE, col. 297.
336 LE DIALOGUE SUR LA PHILOSOPHIE
&crwµ.ocToç,
et qu'il ait voulu le distinguer du dieu-1tépoci;,
il n'aurait certainement pas nommé celui-ci premier dieu.
On voit la conclusion qui se dégage de cette revue : bien
loin de croire avec Bertil que, des trois célèbres hypothèses
des Lois X 898 e-899 a sur la façon dont l'âme meut les
astres, la troisième concerne le Moteur immobile et provient
à ce titre du De philosophia, on doit reconnaître qu'aucun
des témoignages rapportés au dialogue d'Aristote n'y
montre vraiment la présence de cette doctrine, assez origi-
nale pour ne pas passer inaperçue là où elle était soutenue.
Peut-être faut-il même aller plus loin, et avancer que le
Premier moteur, non seulement n'est pas impliqué par les
fragments du De philosophia, mais se trouve exclu par
certains d'entre eux. Nous avons déjà 2 eu à connaître du
fragment 2.1 b3, qui apparaît décidément comme le plus
important témoignage del' originalité doctrinale du dialogue,
et qui résiste à tous les efforts dépensés pour en nier l'authen-
ticité ou en restreindre la portée. D'après ce texte,
Aristote rapportait le mouvement des astres à leur volonté,
et l'une des raisons invoquées à l'appui de cette thèse était
que nec uero dici potes/ ui quadam maiore fteri ut contra naturam
astra moueantur. A la suite de Ross, Berti, puis B. Effe4
estiment que cette phrase ne nie pas l'existence d'une force
supérieure aux astres (entendez: l'existence du Moteur trans-
cendant), mais seulement qu'elle puisse les mouvoir contre
nature. C'est exact; mais il en va tout autrement de la phrase
(1) Nous avons supposé, supra, p. B7, que cette réponse était
formulée expressément en De ,aelo I 9, 279 a 33-34, c'est-à-dire dans
le fgt 28 W ALZER du De philo.r.
(2) Ross, p. 95-96, = CrcÉRON, Tu.rml. I 26, 65-27, 66.
(3) Op. cit., p. 2.78.
(4) Sans doute ce point n'est-il pas clairement affirmé par Aristote ;
mais il ne peut être contesté par les historiens qui apparentent la
doctrine du Premier moteur et la troisième hypothèse des Lois,
puisque celle-ci postule que l'âme motrice est extérieure au corps mû.
(5) Ross, p. 86-87, = PHrLoN, De aetern.mundi 5, 20-24.
(6) UNTERSTEINER, art. dt., II, p. 140 et 142, a rapproché de ce
texte Metaph. 1070 b 22-23, mais sans dire combien ils s'opposent.
28
342 LE DIALOGUE SUR LA PHILOSOPHIE
(1) Elle est décrite par BERTI, op. ût., p. 398 ; UNTERSTEINER,
op. rit., p. 265-266 ; MORAUX, art. cil., col. 12.19, 122.2, 122.3, 1246.
(2) Ils forment les fgts 2.7 a-d Ross, p. 94-96.
LES ARGUMENTS DE REINHARDT 343
(1) Ainsi O. GrGON, Cicero und Aristote/es, dans Hermes, 87, 19~9.
p. 153, et Prolegomena to an E.dition ~f the « Eudemus », dans Aristotle
and Plato in the Mid-Fourth Century... , p. z3 et 28, qui envisage ce
transfert pour tout le fgt z7, par comparaison avec le fgt 2 Ross de
l' Eud~me, p. 17 ; c'était déjà l'idée de S. MARIOTTI, La ccquinta e.rsenlia»
ne//' Ari.ttotele perduto e ne/1'Àççademia_ dans Rivista di Filologia e di
Istruz.. da.rs., 68, 1940, p. 180-181 ; même opinion chez A. GRILL!,
Cicero e /'cc Eudemo », dans La Parafa del passato, 83, 1962, p. 98-100,
mais seulement pour la citation de la Consolatio dans le fgt 27 d.
LA CINQUIÈME ESSENCE LIMITÉE A L'ÂME 346
col. 1218. Sur tous ces points, les analyses de P. Moraux viennent
d'être reproduites sans changement par B. EFFE, 1p. cit., p. 148-150.
(1)a. ,upra, p. 327 et note (4).
(2) MORAUX, art. ât., col. 1246-1248.
(3) Ibid., col. 12:z:z et 1248. Si elle est soustraite à la connaissance
sensible, la cinquième nature n'est pas pour autant donnée comme
inconnaissable ; sur ce point, Moraux se sépare nettement de l'explica-
tion de Reinhardt ; BERTI, op. cil., p. 401, fait de même.
UN PROCESSUS DE CONTAMINATION 347
résultat d'un processus de contamination. A cette tradition
syncrétiste, l'aristotélisme authentique n'aurait fourni
qu'un point de départ très étroit, et d'ailleurs mal inter-
prété : le passage bien connu du De generationeanimalium
II 3, 736 b z9-737 a 7, où apparaît la mention d'un 7tVe:î.ε<X
qui a tout ensemble une certaine communauté avec l'âme
et une certaine analogie avec l'élément astral, mais n'est en
fait identique ni à l'un ni à l'autre 1 . Il était facile de se
méprendre sur ce dernier point et d'opérer cette double
identification, qui aboutissait à la doctrine de l'âme faite
d'éther ; le glissement, peut-être amorcé déjà par Théo-
phraste, est chose faite chez certains péripatéticiens de
l'époque hellénistique (Critolaos, Diodore de Tyr) 2• Sans
doute ces derniers étaient-ils, d'autre part, perméables à
la contagion du matérialisme stoïcien ; car les stoïciens
avaient déformé la physique céleste d'Aristote pour la plier
à leur doctrine de l'automotricité du feu astral, ce qui
expliquerait qu'ils aient attribué à leur prédécesseur le
motus uoluntariusastrorum du fragment z 1 b; substituant à
la cinquième nature la substance ignée, à quoi se réduisent
selon eux Dieu, les astres et les âmes, ils auraient joué un
rôle certain dans l'identification de l'âme et de l'éther3. Il
faut également réserver une place à l'influence de diverses
données platoniciennes plus ou moins mythiques sur l'ori-
gine céleste de l'âme, l'analogie de ses mouvements et des
mouvements du ciel, la parenté des âmes humaines avec
l'âme du monde ; les successeurs de Platon ont pu prendre
ces récits à la lettre, et en conclure tout uniment à l'identité
de substance entre les âmes et les astres, ce qui rendrait
compte de la présence de cette doctrine chez tel adepte de
l'ancienne Académie (Héraclide Pontique) 4 • La fusion de
ces diverses tendances concourantes devait être l'œuvre des
(1) Sur tous ces points, la position de BERTI, op. cit., p. 399-400,
est plus nuancée que celle de Moraux : il ne croit certes pas qu'Aristote
ait vraiment identifié l'âme et l'éther ; &vil., qui est pour lui un mot
authentique, indiquerait la continuité du mouvement de l'éther ;
mais il concernerait aussi l'âme, dans la mesure où l'âme immanente
à l'astre est censée se mouvoir avec lui. Explication compliquée, où
apparaît tout de même une certaine assimilation de l'âme à l'éther. -
De la notion de l'âme comme È:vlle:Mxe:tot, il conviendrait également
de rapprocher le Phèdre 245 c sur l'âme dite -ro &.e:tXLll"l)'t"OII
(selon la
leçon de tous les mss. et de toute la tradition indirecte, à la seule
exception de l'Oxyrh. Pap. 1017 qui porte otù-roxl11"1)-ro11 [mais aussi,
dans la marge, &.e:txlv"l)-rov]; cf. C. DrANo, Quod semper mouetur
aeternum est, dans La Parola del passato, 2, 1947, p. 189-192) ; voir
A. H. CHROUST, The Doctrine of the Soul in Aristotle's Lost Dialogue
<<On Philosophyll, dans The Ne1v Scholasticism, 42, 1968, p. 370 (et
n. 14)-371, qui observe justement que la conception de l'âme comme
b.tll. implique son immortalité, ce qui permettrait de comprendre
pourquoi Cicéron a accueilli cette doctrine dans la Consolatiocitée dans
le fgt 27 d.
L'EXPRESSION QVINTA NATVRA 351
oùcrlœ. On nous dit que ces expressions sont une invention
des doxographes pour désigner le 1tp&-rovcrN[L<X du De caelo
et en faire mieux ressortir la nouveauté, sans aucune allu-
sion aux écrits exotériques 1 . Mais les doxographes ne
pouvaient ignorer que, ce faisant, ils reproduisaient tex-
tuellement une façon de parler de l'Epinomis 981 c (1tÉv-re
aè ocWÉpoc;cf. déjà
OÜV ()V't"CùV 't"NV ljCù{J,IX't"CùV[ ••• ], 7tÉ[L7t-.ov
Timée 55 c) ; s'ils se proposaient de montrer la nouveauté
d'Aristote, ils ne pouvaient qu'aboutir au résultat inverse,
puisqu'ils reprenaient une formule antérieure à Aristote ;
aussi doit-on chercher une autre raison à cet archaïsme
volontaire ; la meilleure explication reste qu'Aristote
lui-même ait appelé l'éther 1tɵ1t-rov cr. à une époque
où il était encore proche du platonisme 2 • Quoi qu'il en
soit, il y aurait eu, de ce 1tɵ1t-rovcr. à la quinta natura de
Cicéron, une filiation par analogie : ayant appliqué la pre-
mière formule à l'éther parce qu'il est irréductible aux
quatre éléments traditionnels, les doxographes auraient
imaginé la seconde pour l'âme parce qu'elle est semblable-
ment étrangère aux quatre éléments matériels 3 • Mais peut-
être cette hypothèse entraîne-t-elle des conséquences que
Moraux n'eût pas souhaitées. Car le sens exclusivement
psychique de quinta natura n'est attesté nulle part ailleurs
que dans les Tusculanesou dans des textes qui en dépendent ;
il faut donc que ce soit Cicéron lui-même qui l'ait élaboré
pour décrire l'aristotélisme; mais, conformément au postulat
de Moraux, il n'aurait pu le faire sans connaître auparavant
l'acception qttinta natura = éther ; il s'ensuit que, quand on
lit cette formule sous la plume de Cicéron, on doit envisager
la possibilité qu'elle désigne aussi l'éther ; autrement dit,
24
358 LB DIALOGUE SUR LA PHILOSOPHIE
(1) Cf. BERTI, op. cit., p. 109-110 et 397 ; MoRAux, art. cil., col. 1224-
1226.
(2) Op. rit., p. 394, 396, 400-401, 556.
(3) A,-1, cil., col. 1172 et 1225.
(4) Ibid., col. 1225.
(5) F. NuYENs, op. cil., p. 96-100.
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18;-186. - 589 d-591 a. - 22;.
Théét. 176 b. - 8-10, 24.
PANAETIUS
Tim. 30 b. - 94 (r).
Fgt 83 VAN STRAATEN, - 144.
42 b. - Jf8.
PHILON 44 a. - JI (2).
De fuga et inuent. 8, 46. - 90-9r. 90 a. - JJ8.
De Io.repho14, 71. - 8;. -a-&. - 22;.
De migr. Abrah. 33, 185-35, 195. [?] fer Alcib. 129 e-133 c. - 72-
- 89-9I, JJ.
De .robr. 12, 60-13, 68. - 87. 130 e. - 71-76.
De sper. leg. I 2, 263-264. - 91-92. 131 a. - 92.
De uirt. 1, 187-188. - 88. 132. d-133 c. - If,
Leg. alleg. I 29, 91. - rp (1). 192-1n.
Quaest. in Gen. III 16. - 87-88. 1H be. - 221.
IV215.-88(0). 1H c. - 7, 16,
Quis rer. diuin. heressil 57, 283. - 191-196, 284.
1 33 de. - 92.
JJJ.
Quod det. pot. insid. soleat ;, 7-4, [ ?] Epin. 977 a-988 a. - 287.
9. - 88. 981 C, - Jll.
Quod deus .rit immut. 11, 53-56. - 983 be. - 292.
28-29. [PLATON], Axiocbos 365 b et e. -
122 (2).
PINDARE
365 e-370 d.
Ném. VI 1,1-2. - I· -78.
- - - 1-11. - J6-J8. ANoN., Proleg. philos. platon. XI
Schol. à Ném. VI 1. - J8. 27, - l!J (1).
INDEX DES TEXTES CITÉS 391
PLOTIN Apud DroG. LAfl.RcE,VII 138-
Enn. I 7. - 98, 99.
1, 139. - 148.
- II 3, 9. - 100. ÉPIPHANE, Panar. III 2, 9.
- III 5, 5. - 100-101. - 162 (r).
- N 3, 98.
27. - GALIEN, De plaç, Hippo,r.
-4, 18. - 97. et Plat. V. - 147, If7•
- -7, 1.-97. JEAN LYDus, De 111en.r. IV
- - - 10. - 6 ( 2). 71. - 148 (3).
- V 3, 4. -99. SÉNÈQUE,Epist. 87, 31-35.
- --7. -100. - 162-loJ.
- VI 7, 2-6. - 96-97. Epi.ri. 92, 10. -
--20 et 22.. - 2J7. 1JJ-1JO.
PLUTARQUE Epi.ri. 92, 11-13.
- 164.
Adprinc. inerud. 3. -138 (4).
Epi.ri. 121, 1-3.
Adu. Colot. 20-21. - 93.
- lJJ,
21. - 1J8 (2),
Epis/. 121, 14. -
De Jade 28-30. - 94.
De /ibid. el aegril. 7. - 9J, 1J9•
SEXTUS EMPIR., Adu. ma-
[PLUTARQUE], De uita et poesi
them. VII 93. - 147.
Hom. 123. - 134-13J.
PORPHYRE PROCLUS
In Plat. Crai, comment. 133. -
Ad Marc. 8. - 10J.
11. - 106 (1). 113,
13. - lOJ-106. In Plat. Remp. comment., éd.
19. - 106 (r). Kroll, I, p. 120, 22-26. - 110.
26. - 100 (1). In Plat. Remp. comment., éd.
32, - I0J. Kroll, I, p. 171, 20-172, 30, -
111-112,
De abstin. I 29 et III 27. - I0J.
Epist. ad Aneb., fgt II 11 SooANo. PROCOPE DE GAZA
- 2J7 (J).
Comment.in Gen. II 7, - 174-171,
Il.'l'OÜ rvCi6t IJOCU't'6v
I. - 102. SÉNÈQUE
IV. - 103-104.
Ad Mar,. de consol.25, 1. - 133.
Sent. 32, 8 et 40, 5. - 104.
Epi.ri. 65, 24. - rp (o).
Vita Plot. z, 25-27. - 10-11.
76, 9-10, - 133 (3).
POSIDONIUS 92, 5• - 16J.
Apud CrcÉRON, De diuin. I 30, - 9-10, - ll7-IJ8,
64. - 146-147. - 14. - lof,
DroG. LAËRCE, VII 103 et 102, 22, - IJJ (3),
128. - 162. Fgt 123 HAAsE, - 134 (o).
392 IDÉES GRECQUES
SERVIUS SYNÉSIUS
111 Verg. Aen. ,ommenl. II 772 et Epi.ri. 139. - II.
IV 6'4. - II2 (2).
TERTULLIEN
SEXTUS EMPIRICUS Adu. Marr. IV 37. - r69-r70.
Adu. maJhem. I 303. - 269 (o). V 10. - I2J (J)-
IX 70. - IJ,f. ( 4). r24 (o).
- 71-74. - IJI- De an. 40, 2-3. - I 2J ( J)-
I/2. r 24 (o).
- 130-131. - r48 D, re.rurr. ,arni.r 16. - I 2J ( J)-
(r). r 24 (o).
XI 45. - 6J (r).
34.-r70 (r).
SIMPLICIUS 40. - r69.
111Ari.rJ. De ,114/o II 12, 2.92.b 10.
THÉOPHRASTE
- 2JJ-2J8.
Ibid., trad. lat. par GUILLAUME DE De piel., fgt 13 PèiTSCHER. - 28 8.
MoERBEJŒ. (r).
- 260
VARRON
Commmf. in Epicl. Enchir., praef.
- IJ7 (4).
Anliq. rer. diuin. I, fgt 12 h
AGAHD.
SPEUSIPPE IJO.
AVANT-PROPOS.................................. IX
ABRÉVIATIONS USUELLES.......................... XI
PREMIÈRE PARTIE
u QUE L'HOMME N'EST RIEN D'AUTRE QUE SON AME».
LA TRADITION DU Jer ALCIBIADE
DEUXIÈME PARTIE
PERMANENCES ET VARIATIONS
DANS LA THf:OLOGIE D'ARISTOTE