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L'antiquité classique

René Antoine Gauthier, Aristote. L'Éthique à Nicomaque. 2e édition


avec une introduction nouvelle
Edouard des Places

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des Places Edouard. René Antoine Gauthier, Aristote. L'Éthique à Nicomaque. 2e édition avec une introduction nouvelle. In:
L'antiquité classique, Tome 40, fasc. 1, 1971. pp. 241-242;

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Bernd Witte, Die Wissenschaft vom Guten und Bosen. Inter-


pretationen zu Platon1 s Charmides. Berlin, W. de Gruyter, 1970.
1 vol. 17 X 24,5 cm, vni-166 pp. (Untersuchungen zur an-
tiken Literatur und Geschichte. 5). Prix : 48 DM.
Dans la collection dirigée par Heinrich Dôrrie et Paul Moraux, voici,
avec la présentation élégante et coûteuse habituelle à l'éditeur, une
excellente dissertation sur le Charmide de Platon. Le titre principal, « La
Science du bien et du mal», risque d'induire en erreur quiconque n'aura
pas lu le sous-titre ; se propose-t-on d'attirer ainsi une clientèle de
et de théologiens, pour ne pas parler des exégètes du premier
de la Genèse ? Quoi qu'il en soit, la méthode doit beaucoup à celle
de V. Goldschmidt et donne du dialogue une idée juste, en complétant
le commentaire si nuancé du regretté T. G. Tuckey. A son devancier
B. Witte reproche, non sans raison peut-être, d'exclure de parti-pris, à
la suite de Wilamowitz, tout rapprochement avec les œuvres postérieures ;
« il ne restait alors qu'à juger les arguments de Platon d'après les règles
de la logique et du sens commun » (p. 6) . Les travaux antérieurs sont cités
à leur place ; à propos a'aidôs, notion souvent voisine de la sôphrosynè
(qui est « tempérance » et plus encore « maîtrise de soi » ; Besonnenheit,
traduit Witte), je m'étonne de ne pas rencontrer le nom de C. E. von
Erffa (1937). Quant à la portée du dialogue, l'auteur s'en explique
dès la fin du premier chapitre : « Le Charmide finit en aporie.
Mais cette aporie ne doit pas se ramener à l'ignorance socratique ni à
celle du jeune Platon ; c'est plutôt l'expression d'un problème
qui domine la philosophie platonicienne à toutes ses phases» (p. 9).
De bonnes tables terminent l'ouvrage. La bibliographie des pp. 164-
166 s'ouvre sur l'édition de G. Sallbaum (1834) ; il vaudrait mieux citer
la seconde, de 1857. Edouard des Places.
René Antoine Gauthier, Aristote. L'Éthique à Nicomaque.
2e édition avec une introduction nouvelle. T. I, lre partie.
Introduction par R. A. G. Louvain, Publications universitaires ;
Paris, Béatrice Nauwelaerts, 1970. 1 vol. 16 X 24 cm, 358 pp.
(Aristote. Traductions et Études). Prix : 500 frs belges.
L' Éthique à Nicomaque des PP. Gauthier et Jolif s'est rapidement
et après un peu plus de dix ans, voici la deuxième édition de
par R. A. Gauthier (sur la première partie, cf. VAnt. CL, 1959,
pp. 366-367). C'est un travail considérable, qui occupe à lui seul toute
la première partie du t. I, la seconde étant réservée à la traduction.
les sections nouvelles, signalons «les vies d'Aristote» (pp. 6-10), la
critique des positions d'I. During, en particulier sur la morale du Pro-
treptique (pp. 16-23) : l'exégèse de Y Éthique (le jugement de la p. 91 est
moins favorable qu'en 1958, p. 60 : la tradition, qui était une « aide»,
« pèse » maintenant « sur l'intelligence que nous avons du texte
») . L'histoire même de cette exégèse s'est beaucoup développée d'une
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édition à l'autre, par exemple à propos de l'influence stoïcienne (sur la


Grande Morale: pp. 93-99) et surtout pour le xrve (pp. 134-138) et les
xvie-xviue siècles (pp. 154-235). Dans le chapitre IV, «thèmes de la
morale aristotélicienne» (pp. 241-299), il faut recommander aux
la discussion des pp. 284-295, « Peudémonisme et la morale du
bien de Kant à Brochard».
La typographie est excellente ; p. 256, n. 39, lire PoA/enz (bien
p. 264, en note) ; p. 305, 1. 12 : λνπηρόν.
Edouard des Places.

Franz Dirlmeier, Zur Chronologie der Grossen Ethik des Aristoteles.


Heidelberg, Carl Winter-Universitâtsverlag, 1970. 1 brochure
17 X 24,5 cm, 24 pp. (Sitzungsberighte der heidelberger
Akademie der Wissenschaften. Philosophisch-historische
Klasse. Jhg. 1970, 1. Abhandlung). Prix: 6,80 DM.
On sait que l'authenticité des Magna Moralia transmis sous le nom d'A-
ristote est contestée. W. Jaeger et R. Walzer, pour ne citer qu'eux,
l'ouvrage pour postaristotélicien. F. Dirlmeier lui-même en avait,
en 1939 {Die Zeit der Grossen Ethik, in : Rh. Mus., 88, pp. 214-243), placé
la composition au second siècle avant J.-G. Mais il s'est rétracté dans le
grand commentaire qu'il nous a donné voici quelques années (Arist.
Magna Moralia, ubers. v. F. D., 1958, 2 e éd. 1966) : désormais, il pense
que le traité est bien authentique et qu'il représente la forme la plus
du cours de morale professé par Aristote. Dans la présente
il revient sur un détail de la plus haute importance. Parlant
de la vertu morale, qu'il situe entre un excès et un défaut, l'auteur des
MM écrit (A, 5, 1185 b 14) : «Que le manque et l'excès provoquent
une destruction, τοΰτ' ΐδεϊν εατιν εκ των ηθικών. Serions-nous ici en
présence d'un renvoi à un autre traité d'éthique, en l'occurrence à Γ
à Nicomaque ? Les MM seraient alors postérieurs à YEN et, dès lors,
très probablement inauthentiques. Cette interprétation, soutenue entre
autres par D. J. Allan (J. H. St., 77, pp. 7-11), paraît intenable à F.
Chaque fois qu'il emploie όραν (ou Ιδεΐν etc.), l'auteur des MM
veut attirer l'attention sur des faits que l'on peut observer. Renvoie-t-il
au contraire à une collection, à un document, à un écrit quelconque,
c'est Θεωρεϊν qu'il emploie. L'expression litigieuse signifie donc : « On
peut l'observer dans les phénomènes ressortissant au domaine de
On ne saurait l'invoquer comme argument en faveur de l'inau-
thenticité de l'ouvrage.
Les remarques sur l'emploi ά'ιδεΐν et de θεωρεϊν sont très solides, et
il paraît désormais impossible d'interpréter comme une référence la
phrase signalée ci-dessus. Cela dit, j'avoue qu'il me reste difficile,
après le plaidoyer de Dirlmeier dans son commentaire, de croire à
l'authenticité des MM. En ce qui concerne plus précisément le problème
examiné ici, l'interprétation de Dirlmeier, tout habile qu'elle est, ne m'a
pas convaincu. L'indication de F. Susemihl dans son apparat, ηθικών

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