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L'antiquité classique

Paul Veyne, L'inventaire des différences


Charles Delvoye

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Delvoye Charles. Paul Veyne, L'inventaire des différences. In: L'antiquité classique, Tome 46, fasc. 1, 1977. pp. 328-329;

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328 COMPTES RENDUS

{Claude, 25, 3) : d'après un document lu par l'empereur Claude, le Sénat et le


peuple romain auraient consenti à conclure un traité d'amitié avec le roi
Seleucos (II ?), mais sous condition, 5/ consanguíneos suos Ilienses ab omni onere
immunes praestitisset.
Selon M. Rizzo, le mythe des origines troyennes de Rome a donc
été exploité au 111e siècle a.C. et, si j'ai bien compris, il aurait servi de
support idéologique, d'une part à la prise en charge de la guerre contre les
d'autre part à l'insertion de Rome dans le concert des puissances
hellénistiques. Que l'on veuille bien ne pas m'en tenir rigueur, mais je ne vois
pas comment exposer plus nettement les conclusions de ce premier exposé.
J'ajouterai qu'il ne m'a pas paru inutile de relire les pages que M. Holleaux
avait jadis consacrées à ce problème {Rome, la Grèce et les monarchies
p. 10, n. 3 : reddition de Ségeste ·, pp. 5-22 : intervention romaine en
faveur des Acarnaniens ; pp. 46-60 : traité avec Seleucos). Car s'il est vrai —
c'est en tout cas l'opinion de M. Rizzo — que la méthode de M. Holleaux peut
être qualifiée d'hypercritique, il faut reconnaître que ses objections avaient au
moins le mérite de s'appuyer sur un dossier parfaitement documenté et présenté
de façon très claire. Ce sont des qualités qui, me semble-t-il, ne se retrouvent
pas toujours dans le long chapitre où M. Rizzo analyse ce qu'il appelle les
«Riflessi 'troiani' nella storia dei rapporti fra Roma ed il monde ellenistico».
La seconde Etude, qui traite de la guerre fratricide, pourrait difficilement se
résumer en quelques lignes. Pour bien faire, il faudrait suivre pas à pas la
démonstration de M. Rizzo et cela nous entraînerait trop loin. Je me bornerai
donc à signaler que l'auteur ne partage pas le scepticisme d'E. Will {Histoire
politique du monde hellénistique, I, pp. 265-270) quant à la possibilité de voir
clair dans cette lutte entre les deux fils d'Antiochos II Théos. Avec une patience
remarquable, M. Rizzo s'efforce de donner une certaine cohérence au récit d'une
guerre qui n'a laissé que des traces très confuses chez Justin, chez Porphyre et
dans quelques inscriptions célébrant les victoires d'Attale I de Pergame.
méritoire, mais dont les résultats ne me paraissent pas tout à fait
Et ce n'est sans doute pas la faute de l'auteur. Ce sont les sources
qui sont insuffisantes et M. Rizzo a beau appliquer une méthode «combi-
natoire» (p. 161), la reconstruction historique qu'il nous propose reste
fragile. Il ne faudrait pas croire, en tout cas, que la guerre fratricide a fini
par livrer tous ses secrets. Jean-Marie Hannick.

Paul Veyne, L'inventaire des différences. Paris, Editions du Seuil,


1976. 1 brochure 14x21 cm, 62 pp.
On connaissait déjà de M. Paul Veyne, dans le domaine de l'épistémologie,
son essai Comment on écrit l'histoire (Editions du Seuil, 197 1) et le chapitre sur
COMPTES RENDUS 329

L'histoire conceptualisante qu'il avait donné au tome I de Faire de l'Histoire


(Paris, Gallimard, 1974 ; cf. L'Ant. Class., 44 [1975], pp. 331-334). Dans sa
leçon inaugurale de la chaire d'histoire romaine au Collège de France, il a
proposé ce qu'il estime devoir être le programme actuel de «la véritable histoire»
qui «ne se borne pas à raconter ni même à comprendre, mais qui structure sa
matière en recourant à la conceptualisation des sciences humaines» et qui met
l'invariant au centre même de sa pratique. «Inventaire explicatif des différences
sociales, (elle) est par là même la science des différences sociales». L'auteur
conclut qu'«en histoire les questions, qui sont sociologiques, importent
que les réponses, qui sont de fait». «Il est plus important, écrit-il encore,
d'avoir des idées que de connaître des vérités ... La vérité n'est pas la plus élevée
des valeurs de connaissance». Au passage M. Paul Veyne rend hommage à des
maîtres comme Philippe Ariès, Michel Foucault, Louis Robert, Pierre Boyancé,
Ronald Syme et son ami Jean Pariente, l'auteur de l'important ouvrage sur Le
Langage et l'Individuel. C'est dire dans quels courants se situe sa réflexion,
originale et vigoureuse. Charles Delvoye.

Alain Hus, Les siècles d'or de l'histoire étrusque (675-475 avant J.-
C). Bruxelles, Latomus, 1976. 1 vol. 16,5x25 cm, 288 pp., 49 pli.
(Collection Latomus. 146). Prix: 1.100 fr. belges.

Ce livre, que M. A. Hus dédie à M. J. Heurgon, ne traite pas du problème


des origines étrusques. Dans un avant-propos, l'auteur signale que sur ce sujet il
se rallie, comme la plupart des chercheurs actuels, à la position de MM. Pallot-
tino et Altheim : le problème des origines doit s'effacer devant celui de la
du peuple étrusque. Ce point précisé, M. Alain Hus explique les raisons
du choix de la période retenue (675-475 a.C.n.) : ce sont les siècles d'or.
«Avant le début du vne siècle, on ignore s'il faut déjà parler des Etrusques ;
après 480/450, PEtrurie entre dans une phase de décadence».
S'appuyant essentiellement sur les données archéologiques, mais ne refusant
le concours d'aucune autre discipline (épigraphie, critique des textes,
histoire des religions, etc.), l'auteur va alors s'efforcer de présenter un
tableau aussi complet, aussi fidèle et aussi nuancé que possible de nos
sur les villes (pp. 19-73), l'art (pp. 75-146), les éléments de la vie
étrusque archaïque : les témoignages écrits, la religion, l'état et la société, les
travaux et les jours (pp. 147-202), et enfin l'expansion étrusque en Italie et en
Méditerranée occidentale (pp. 203-266).
On se trouve en présence d'une véritable encyclopédie de nos connaissances
du monde étrusque à la période retenue, avec les caractéristiques presque
de ce type d'ouvrage : une impressionnante richesse de données de tout
ordre, précises, soigneusement classées et présentées, avec en corollaire une cer-

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