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I
L’Astrologie et les S ciences Occultes
U
L e Dieu Cosmique
III
L es Doctrines de l ’Ame
L e Dieu inconnu et la Gnose
En préparation :
Index général
(NOMS PROPRES, MATIÈRES, AUTEURS CITÉS)
de la Révélation d ’Hermès T rismégiste
p ar
H.D. Saffrey
COLLECTION D'ÉTUDES ANCIENNES
publiée sous le patronage de 1‘ASSOCIATION GUILLAUME BUDÉ
SÉRIE GRECQUE N“ 77
A.-J. FE ST U G IÈ R E , O . P.
LA RÉVÉLATION
D’HERMÈS TRISMÉCISTE
III
LES DOCTRINES DE L’AME
SUIVI DE
P A R IS
1990
Cette édition est une réimpression de l’ouvrage publié
par les éditions J. GABALDA en 1950 (2” édition).
ISBN : 2 -2 5 1 -3 2 5 9 6 -4
ISSN: 018 4 -7 1 1 2
A. D. NOCK G. TH EILER
SODALIBVS
AMICIS
TABLE DES MATIÈRES
P réface ............................................................................................................................................. IX
I ntroduction . — Le cadre des traités de l’âme et le cadre de la gnose
hermétique.............................................................................................................. 1
Chapitre I. — L ’ oricine céleste de l ’a h e ............................................................... 27
I. Les sources philosophiques....................................................... 27
II . La gnose païenne .......................................................................... 33
1. L ’hermétisme .......................................................................... 34
A. P oim andrès et Corpus H erm etic u m ............................ 34
B. 'A sclip iu s .................................................................... 36
C. K orè K o s m o u ....................................................................... 37
2. Gnoses apparentées à l’hermétism e.................................. 42
A. Numénius ......................................................................... 42
B . Porphyre ............................. 47
C. Jamblique ......................... ................. . .~....................... 48
D. Arnobo.................................................................................... 50
E . Oracles chalddiques ......................................................... 52
F. Gnostiques de Plotin ..................................................... 59
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L E CADRE D ES T R A IT É S D E L ’AME
E T L E CADRE D E LA GNOSE (1>
(1) Les quinze premières pages sont tirées d’un article paru Rev. S c. Phil.
Thiol., X X X I I I , 1949, pp. 129 ss.
(2) Les Vetusta Placita, utilisés par Aétius, dateraient de la fin de la Répu
blique. Aétius lui-même a vécu sous Trajan.
(3) Dont il ne reste malheureusement, sur l’&me, que le Irag. 39 Diels (Dcx.,
pp. 470-471). Arius Didyme a vécu d’environ 70 av. J.-C . à 9/1 4 ap. J.-C.
(4) Un terminus a quo paraît nous être donné grâce au de anima.
A) Références à l'hermétisme dans le <t de anima «.
(a) 2.3 (p. 3.17) : Visa est quidem sibi et ex sacris, quas putant, litteris
hausisse (sc. philosophia), quia plerosque ductores etiam deos existimavit
antiquitas, nedum divos, ut Mercurium Aegyptium, cui praecipue Plato adsuevit.
(b) 15.5 : L ’tiyeuovixôv est placé dans le coeur, ut ñeque..., sed quod et
Aegyptii renuntiaverunt et qui divinarum commentatores (auteurs) vide-
bantur. Comme l’a marqué Waszink (pp. 221, 228), Aegyptii doit désigner ici
Mercurios Aegyptius (cp. l’Egyptien de Porphyre, de abst. II 47, et cl.
R EG . X L I X , 1936, pp. 586 ss.) et se référer à l’ Exc. X X IV 13 (Scott) ou à
quelque passage analogue.
(c) 28.1 : Quis Ule nunc vetas sermo apud memoriam Platonis de anima
rum reciproco discursu, quod hinc abeuntes sint illuc et rursus hue veniant et
fiant et dshinc ita habeal rursus ex n -luis cIfici vivos? Pythagoricus, ut volunt
quidam; divinum Albinus existima: Mercurii forsitan Aegyptii.
(d) 33. 2 : Aeque si perseoer ut /sc. animas) in iudicium, quod et
Mercurius Aegyptius novit, dicens untmam digressam a corpore - refundí in
LA RÉVÉLATION D’HERBÈS TRI5KÉ Î^ T E . --- 111 2
2 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÊGISTE
arriver que, même chez des auteurs postérieurs, par exemple chez
Porphyre, voire chez Jam blique (1), il s’agisse de problèmes qui
faisaient l’o bjet de questions disputées dans les écoles dès le
11e siècle : c’est le cas, notamment, du problème de l’animation de
l’embryon. Il est donc intéressant de considérer le de anima en rela
tion avec ces autres écrits et de faire le départ entre ce qui revient
à Tertullien lui-même et ce qu’il emprunte à cette sorte de koinè
philosophique dont usait, en ce temps, un homme de moyenne
culture. Je voudrais montrer ici que le cadre, purement scolaire, du
traité de Tertullien est le même que celui de la gnose hermétique
dans le Poimandrès.
Le plan du de anima se dégage assez clairement, en partie grâce
aux méthodes de composition de Tertullien lui-même, qui ou bien,
(1) Ch. 1, 4, 18, 19, 20, 25, 36, 42, 43, 45, 46, 50, 53, 54, 56 (annonce de
57), 58.
(2) Cf. ch. 25, 36, 50 et Wasiink, p. 320 (sur 2 5 .1 ).
(3) Cf. 22.2 (voir aussi 38.6) où Tertullien résume le contenu des ch. 4-21 :
Definimus an imam dei flatu nalam (4, 9, 11), immortalem (dans le de censu
animae, cf. 24. 2), corporalem (5-8), effigtatam (9 : l’âme a forme et couleur),
substantia simplicem (10-11), de suo sapientem (12), varie procedentem (20),
liberam arbitrii (21.6), aecidentis obnoxiam (11.4), per ingénia mutabilem (21),
rationalem (16), dominatricem divinatricem (22. 1), ex una redundaniem (20. 6).
(4) On trouvera un excellent pian détaillé dans Waszink, pp. 15*-20*.
(5) Cf. 22.2 (p. 31.10) sequitur numr ut quomodo ex una redundet conside-
remus, id est, unde et quando et qua rations sumatur (sc. anima).
4 LA RÉVÉLATION D ’HERMÈS TRISMÉGISTE
ils sont aussi assurés dans cette persuasion que dans leur conviction
de remonter là-haut ». Il cite alors les hérétiques Saturninus, disciple
de Ménandre (l’homme a obtenu une scintillula vilae qui, après
la mort, le fera retourner à sa source originelle), Carpocrate
(les âmes sont issues de la sublimis virtus — Ü7repxsipév7) ¿Çouaia
Iren. I, 20. i — et elles méprisent donc toutes les puissances de ce
monde), Apelle (les âmes descendent du ciel ici-bas & la suite
d’un péché originel en châtiment duquel Dieu les fait entrer dans
des corps), l’école de Valentin (l’âme contient un germe de la Sagesse
céleste — semen Sophiae — qui lui permettra de remonter au ciel).
Puis il ajoute (23.5) : « Je m’afflige que Platon soit devenu en toute
bonne foi le pourvoyeur (condimentarius) de tous les hérétiques.
Car c’est lui qui a dit, et, dans le Phédon, que les âmes passent d’ici
là-haut et de là-haut ici, et de même, dans le fim ée, que les reje- -
tons de Dieu, après s’être vu confier la création des mortels et avoir
reçu de Dieu la substance originelle de l ’âme, ont entouré l’âme
immortelle d’un corps solide mortel». Cette observation est parfai
tem ent juste : il suffit de rappeler le chapitre 16 du Didaskalikos
d’Albinus où celui-ci résume, d’après le Timée (41-42), la doctrine
platonicienne de la descente et de la remontée des âmes humaines.
Au surplus, cette disposition générale est celle-là même que
présente la gnose hermétique, par exemple dans le Poimandrès. Là
aussi, pour expliquer la nature de l ’homme, qui est double (âme et
corps), on pose le problème des origines : génération, à partir du
Dieu mâle-et-femelle, de l’Anthrôpos divin; chute de cet Anthrôpos
dans la matière, où il s’unit à Physis ; génération, à partir de cette
union, des hommes terrestres, libres et immortels quant à l’âme,
esclaves de l’Heimarménè et mortels quant au corps; diversité de
la conduite des hommes terrestres selon qu’ils suivent le corps
ou l ’âme; eschatologie, diverse elle aussi selon le comportement
sur la terre.
Il me paraît donc très probable que Tertullien a emprunté le
cadre d’ensemble de son traité aux doctrines alors régnantes sur
la descente et la remontée de l ’âme. Ce qui confirme cette opi
nion, c’est que, comme l’a marqué Tertullien lui-même, le de
anima est un développement du traité antérieur « Sur l’origine de
l’âme » (1) et que de censu animae et de anima sont pareillement1
(1) Il est plus sage de dire « quelques-unes », car d’après le peu qu’on sait
des doctrines d’Hermogène (ci. Waszink, pp. 7*-14*), on ne voit pas qu il ait
subi plus particulièrement l’influence du platonisme.
(2) « Toute la controverse contre la philosophie païenne est v.·'- " 1“·*
dès le principe, au dessein de saper les fondements des '■ l’anaiysu
des idées du de anima, on ne doit jamais perdre de vu · : Waszink, r 7*.
6 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRlSMÉGISTE
π. ÇlJiOU
V 3 /6 π. σπέρματος etc. 27 Origine simultanée du corps et
de l’âm e; procréation.
V 15/16, 18, 21 π. έμβρύου (no 25/26,36/37 L ’embryon est animé.
te r V 15 εΐ τέ έμβρυον ζωον) Développement de l’embryon.
V 23, 26 Puberté, nutrition 38 id.
et croissance
V 24/25 π. ύπνου καί θανάτου 42 Annonce du sujet. 43/44 Som
meil. 50/53 Mort.
V 1/2 π. ονείρων, π. μαντικής 45/46 id.
(I) C’est ce ch. 25 qui est annoncé en 23, p. 176. 7 H. : άβάνατον οδσαν, ώς Sel-
ξ ο μ ε ν — qu’il ne faut pas traduire, avec P . Louis (Albinus, Epitom é, p. 110),
1 com m e nous l’avons m ontré », avec renvoi erroné au ch. 14 où il est question
de l’Ame du Monde éternelle (άεί ούσαν) et au ch . 16 où il n’est pas question
de l’im m ortalité.
INTRODUCTION 7
L ’âme donne la vie ώς αύμφυτον ύπαρχον έαυτη : elle est donc igH M K
telle et, comme telle, indestructible. L ’âme est en effet u n c8B H |
tance incorporelle, immuable quatit à son être fo n d a m e n ta fJB g i
τήν υπόστασιν), intelligible, invisible, uniforme : elle est donc
incomposée, indissoluble, non susceptible d’être dissipée (177.19 H.).
Voilà pour la nature de l’âme. Suivent d’autres arguments en faveur
de l ’im m ortalité (25, pp. 177,30-178.26 H.), puis, brusquement (25,
p. 178.26 H.) : « Le fait que les âmes soient immortelles a eu pour
conséquence logique qu’elles entrent dans les corps où elles se
développent parallèlement aux puissances naturelles formatives
de l’embryon (παρεμφυομένας ταϊςτών εμβρύων διαπλαστικαΐς φύσεσι),
et qu’elles passent successivement par un grand nombre de corps
ta n t humains que non humains tout en restant égales en nom
bre (1), soit par la volonté des dieux, soit en raison de leur intempé
rance ou de leur amour du corps : d’autre part, corps et âme ont
d’une certaine manière affinité (οικειότητα) l’un pour l’autre,
comme le feu et le bitum e ». Les mots καί διαμείβειν... φιλοσωματίάν
se rapportent à la doctrine de la métempsycose et rappellent
donc une doctrine de Platon. Mais ce qui a trait au développement
parallèle de l’âme et de l’embryon (2) e t à 1’οΙκειότης entre l’âme
et le corps (3), avec l’image du feu et du bitume, ne se trouve 1
à cet âge que, selon Aétius (V 23) et Tertullien (38.2), l’être humain
acquiert le discernement du bien et du mal, d’où résulte la valeur
morale de notre choix de vie : περί δk την δεοτέραν εβδομάδα έννοια
γίνεται καλοϋ τε καί κακοϋ καί τής διδασκαλίας αυτών (cf. Ps. Gai.
Hist. phil. fr. 127 D., où Ps. G. dit par erreur ’Αριστοτέλης δέ κατά
τήν πρώτην έβδομάδα et ajoute έτεροι δε νομίζουσι τελειοϋσθαι ημάς τη
τρίτη έβδομάδι, δταν καί γένεια σχώμεν καί τη ίσχύι χρώμεθα) = ex quo
id ipsum sentimus (à partir du moment où nous éprouvons le senti
ment de la pudeur, sc. à quatorze ans), agnitionem boni et mali
profitemur. Comme il y a manifestement une lacune au début de
42», on peut donc penser que Jamblique, ou son modèle, a développé
ici le sujet έννοια καλοΰ τε καί κακοϋ en relation avec le choix
de vie (διαγωγής τδ αίρετάν 383.11 W.).
Dès lors, avec cet extrait 42», s’ouvrirait la I I I e section sur le
sort de l ’Ame incarnée (cf. supra, p. 3), et cette section se conti
nuerait par l ’extrait suivant.
9) Mort du vivant I 49.43 = Aét. V 24-25 = Tert. 42, 50/53.
Viendrait enfin, correspondant & la IV e section de Tertullien,
10) L'eschatologie I 49.65, 67 = Tert. 54/58.
En résumé, nous retrouvons dans Jamblique les quatre sections
du de anima :
A. I 49.32/35 - f I I I 25.6 + I 48.8 + I 49.36/38.
B . I 49.39/42.
C. I 49.42»/43.
D. I 49.65, 67.
Maintenant, il eerait absurde de supposer que Jamblique ait
copié Tertullien. L a vérité est que Tertullien et Jamblique se con
forment à un cadre scolaire, ce cadre même que nous avons décou
vert par ailleurs, du moins pour les trois premières sections, dans
les Placita, pour les deux premières, dans Albinus et l’her
métisme (1). On a tout lieu de croire que, pour les sections I- I I I , 1
(1) Ce sont là traits classiques, cl. p. ex. Mémorial Lagrange {Paris, 1940),
p. 120.
LA RÉVÉLATION D 'IIERM ÈS TRISMÉGISTE
(¡χύτώ ίσον), dont il s’éprit parce que c’était son propre enfant (ώς
tSiou τόκου). Car l ’Homme était très beau, reproduisant l'image de
son père (τήν τοΰ πατρός εικόνα £χων). Oui, en toute vérité, Dieu
s’éprit de sa propre forme (της ιδίας μορφής), et il lui livra toute sa
création.
'seul enseignement suffit, qui soit le vrai et qui les sauve. E t puisque
le salut est dans 1’union à Dieu, que cette doctrine véritable soit
donc aussi une voie de vie, un moyen d’atteindre à Dieu.
Or on peut aller à Dieu par la connaissance de l’ordre du monde
et des lois du ciel étoilé. L a science de l ’astronomie et toutes les
autres sciences que l ’astronomie suppose peuvent conduire à une
mystique. Mais on est las de ces sciences, de la dialectique, et de
la physique, et des preuves rationnelles de l’existence de Dieu.
On veut entre l’âme et Dieu une relation plus immédiate et plus
directe. De là vient que, dans la tradition platonicienne, on aban
donne désormais le courant cosmique, le courant'du Timée et des
Lois et, si l’on veut, de YEpinomis, pour retourner au Platon dua
liste, au Platon du Phédon et de la République, qui fait de l’âme
un eïSéç ti , une sorte de Forme suprasensible, sœur de l ’Idée,
fille de Dieu. Que l’âme, dès lors, se recueille,rentre en elle-même, et
elle trouvera Dieu (1). Que l’homme «se connaisse », et il « connaî
tra Dieu ».
Comme enfin on est las de l’air froid, éthéré, de la science pure,
qu’on a besoin de chaleur et de vie, c’est sous la forme du mythe
qu’on revêtira ces doctrines. Or n’est-ce pas, là encore, un retour
à Platon? Faut-il chercher d’autres modèles? Pour tout dire d’un
mot, je suis persuadé que ce retour aux doctrines dualistes et à
la forme du mythe est un retour au platonisme du Phédon, et que
ce retour est commandé par l’atmosphère spirituelle de l’époque :
le dégoût du rationalisme, le désir d’une foi, le désir d’une vérité
simple et vivifiante qui procure la paix de l’âme dans l’union à
Dieu. Qu’avec cela, certains détails, par exemple la notion d’Anthrô-
pos céleste ou la traversée des sphères, soient empruntés à des
sources non grecques, c’est possible, mais secondaire. La gnose
hermétique, dans son fond, reste dans la tradition platonicienne.
Elle montre seulement que cette tradition n’avait pas épuisé
sa vertu et qu’elle était capable de revêtir des formes neuves pour
répondre aux besoins toujours nouveaux de l’âme changeante des
hommes.1
L ’O RIG IN E C É L E ST E D E L ’AME
I. LE S SO U RCES P H IL O S O P H IQ U E S
(1) Sur ce point, cf. F . C u m o n t , L ux Perpétua (Paris, 1949), pp. 131 ss.
(2) Sur ce renouveau du platonisme, cf. M. Pohlenz, Die Stoa (Gôttingen,
1 9 4 8 /9 ), I, p. 245, II, pp. 127,133. Sur le passage du scepticisme à la foi en
l’immortalité personnelle vers le 1er s. av. J.-C ., cf. Cumont, op. eit., pp. 1 35 ss. ;
sur le rôle de « Posidonius », ib., pp. 115 ,1 5 9 ss. et P ohlenz, i. c., I, pp. 229 ss.,
I l , pp. 115 ss. J ’apprécie pour ma part la formule d’E . R . D odds, Cl. Qu.,
X X l I , 1928, p. 131 : « the Platonizing Stoio source which the Gormans hâve
agreed to call Poseidonius ». Noter, avec Cumont lui-même (p. 159), que, au
témoignage de Pline l’Ancien (A. H . II 26, 95), Hipparchua nvnquam solia
laudatus, ut quo nemo magis adprobaveril cognationem (ooffévciav ) cum homine
siderum animasque noslras partem esse cæli. Or Hipparque est d’un bon demi-
siècle antérieur à Posidonius et la doctrine ici énoncée est celle-là même du
T im ie. Il est possible que, même à l’âge hellénistique, ceux qui étudiaient
l’astronomie aient adopté les vues mystiques du Timée en même temps que
les doctrines scientifiques sur les astres inaugurées à l’Académie. Gomme
il ne s’agissait là que d’un groupe restreint de savants, ou comprend que cette
théorie de la auyyino.a astrale n’ait pas pénétré dans la masse. Voir aussi
infra, p. 2 8 , n. 2, et Addenda.
(3) vous = .« vous autres, les vivants ». C’est Paul Emile qui parle, et il
est mort.
(4) Crc., Somn. Scip. 15.
(5) V arr ., de lingua lot., V 59. Cf. P. B oyancé, Etude sur le Songe de Scipion,
pp. 132 s.
27
28 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
et celui de Plotin dans le deuxième traité qu’il ait écrit (1), Sur
l'immortalité de l'âme (IV 7) (2). Le premier exemple est d’autant
plus frappant que Tertullien n’est pas philosophe de profession :
ce qu’il peut savoir des doctrines de Platon ne dépasse pas le bagage
philosophique des Romains oultivés de son temps (3). Tertullien
rappelle à quatre reprises le principe platonicien que tout ce qui
est dissoluble est mortel. Une première fois pour le combattre (9.2)
parce que, à ses yeux, l’âme a figure et corps : « Que va-t-on dire
maintenant, alors que nous accordons une figure à l’âme, bien
que Platon s’y oppose sous le prétexte qu’on ruine ainsi l’immor
talité de l’âme. Il déclare en effet que tout ce qui a composition
et structure est dissoluble. Mais l’âme est immortelle, donc indis
soluble en tant qu’immortelle, et sans figure en tan t qu’indis
soluble ». Dans les trois autres cas (14.1, 51.5, 53.2), Tertullien
accepte le principe et il en fait même la base de sa démonstration (4).
En 14.1, l’argument sert de majeure pour prouver que l’âme ne
comporte pas de parties : « L ’âme est une (singularis ), simple et
tout entière tirée d’elle-même (de suo tota), elle n ’est pas plus cons
truite ( instructilis) par une cause extérieure qu’elle n’est divisible
par elle-même, parce qu’aussi bien elle n’est pas dissoluble. Car
si elle est construite et dissoluble, elle n’est plus immortelle. Dès lors,
puisqu’elle n’est pas mortelle, elle n’est ni dissoluble ni divisible.
Car être divisé, c’est être dissous, et être dissous, c’est périr ». En
51.5, l’indivisibilité de l’âme, condition essentielle de son immor
talité, sert de majeure pour prouver que l’âme est séparée tout
entière du corps à la mort : « D’ailleurs, l’âme qui est indivisible,
puisqu’elle est immortelle, force à croire que la mort est elle aussi
indivisible, et qu’elle se produit d’une manière indivisible pour
l’âme — non pas en tan t que celle-ci est immortelle, mais en tant
qu’elle est indivisible. Or la mort elle aussi se divise, si l’âme se
divise, en ce sens qu’un reste de l’âme doit mourir un jo u r; il
restera donc une portion de mort à subir pour une portion d’âme ».1
(1) Je lis ψυχή δέ μι? καί άτλή èvepyciqi οΰστ) έν τώ ζην φύσις (ψυχή δέ μία καί
άτιλή ένίργϊΐα ούσα κτλ. COdd.).
c.,
(2) Cf. B réhier , l. ρ. 185 s. qui signale, pour les chapitres vin (fin) et
ix , les passages suivants : Tim . 27 d, Phèdre 245 c-e, Soph. 248 e, en plus de
Phid. 105 d.
(3) Somn, Scip. 26. Cf. Rév. H . T ., II, pp. 82-86 et, pour la fortune de cet
argument chez Cicéron lui-même, B oyancé , op. cil., pp. 128 s.
(4) Somn. Scip. 27-8 = Phèdre 245 c ss. Cf. B oyancé, p. 128, n. 2. La même
preuve est brièvement rappelée par Albinus, Did, 25, p. 178. 17 ss. H. et par
Apulée, de Platane I 9, p. 92. 2 Th. ipsamque semper et perse moveri, agitatricem
aliorum, quse nalura sui inmota sunt alque pigra.
32 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMËGISTE
deum te igitur scito esse si quidem est deus qui tam... movet id corpus
cui praepositus est quam huno mundum Ule princeps deus; et ut
Ule mundum ex quudam parte mortalem ipse deus aeternus, sic
fragüe corpus animus sempiternus movet.
II. LA G N O SE PAÏENN E
(1) Cf. Tuse. I 72 ad -: - piib’ts estent profecti redUum facile patere, et,
après Or^sen, B oy incé, op cit., p. . n. 1.
(2) ?.>ur la m ite, Cf. su r p. 4.
LA aiviL A T IO K D' ' TRISMEGISTE. — III 4
34 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) Cf. les textes parallèles de Clément d’Alexandrie cités Harv. Th. Rev.
X X X I (1938), n. 38 et 39.
(2) X I I 1, p. 174. 3 s. Sur cette doctrine, outre les textes de Plotin cités
ib., p. 174, n. la , voir surtout le fr. 23 de Numénius (cité infra, pp. 45 s. et
p. 46, n. 3). L ’auteur veut dire que, en donnant de sa substantialité, Dieu ne
subit aucune diminution.
(3) Peut-être faudrait-il ranger aussi, dans ce paragraphe, C. H. X 7 (p. 116,
7) où il est dit que toutes les âmes particulières dérivent de l’Ame du Tout,
d’où vient que l’âme du petit enfant, demeurant encore tout près de sa source
(ϊτι σχεδόν ήρτημένην τής του κόσμου ψυχής ), est belle et pure (X 15, p. 120. 17).
Mais bien des courants se mêlent dans ce X * traité. Il y a le courant « gnostique »,
qui recommande la contemplation par rejet total des perceptions et des pensées,
inhibition des sens, plongée dans le silence (ή γάρ γνώσις οώτοϋ xal θεία σιωπή ban
xal καταργία πασών των αισθήσεων, cf. 1 1, X I I I 7, I 30, ρ. 17. 17 ή σιωπή μου
ίγχύμων του άγαθοϋ et la π. 76 ·&.). E t il y ? le courant « cosmique » où le
monde est tenu pour bon, pour un όλικός θεάς (X 10, p. 118. 6), venu à l’être
comme fils de Dieu (γίνεται 6 μέν κόσμος τοϋ θεοϋ υιός X 14, ρ. 120. 5),
l’homme n’étant que le fils du monde, le petit-fils de Dieu (6 Si ίνθρωπος τοϋ
κόσμου, ώσπερ ϊγγονος ib., p. 120. 6).
LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
B . A s c l îp iu s
(1) Cf. mon article La création des Ames dans la Kor'e Kosmou, dans Pis-
eiculi F r . J . Dôlger dargeboten, Munster, 1939, pp. 102 ss.
(2) Cf. C. H. V, V III 2, X II 15-16 (180. 7ss. : morceaux « cosmiques » dans
ce traité qui en contient aussi de gnostiques, cf. supra, p. 35), X 10,14 (cf.
supra, p. 35, n. 3).
(3) Ascl. 8, p. 305. 15 ss. Cf. 7, p. 304. 6ss. corpus, quo circumtegitur illud,
quod in homine divinum esse iam diximus, in quo purae mentis divinitas tecta
sola cum cognatis suis, id est mentis purae sensibus, secum ipsa conquiescat
tamquam muro corporis saepta. Curieuse trace, ici, de contemplation « gnos
tique » par rejet de toute perception extérieure. L ’âme (ou plutôt le pur intel
lect) semble avoir été placée dans le corps pour que, à l’abri de ce rempart,
« elle se repose en elle-même ». Disons-le une fois pour toutes, en dehors des
traités C. H. 1 et X I I I , il n’est aucun des écrits gnostiques de l’hermétisme où le
courant gnostique (dualiste) se présente à l’état pur. 11 s’y mêle, parfois dans
le même paragraphe, parfois dans la même phrase, des éléments « cosmiques »
et optimistes. C’est vrai, nous l’avons vu, pour les traités C. H. X et X I I ,
VAsclépius, pour la Korè Kosmou (voir n. suivante). On peut en déduire, en
certains cas, que l’auteur emprunte à plusieurs sources (ainsi Korè Kosmou).
L’ORIGINE CÉLESTE DE L'AME 37
qui a servi déjà & la création des ftmes, des signes zodiacaux et des
animaux, et les autres dieux promettent d’orner ce corps des dons
que chacun d’eux possède en propre (2 5 -3 0 ) (1). Les âmes ont beau
se plaindre (3 1 -3 7 ), Dieu leur commande d’entrer dans ces corps
humains : si elles y vivent bien, elles retourneront au ciel; si elles
y vivent mal, elles passeront, au cours d’une nouvelle naissance,
dans des corps d’animaux (3 8 -4 2 ). Suivent un intermède (Momus
reproche à Hermès d’avoir créé l’homme, 4 3 -4 8 ) et un morceau
cosmogonique hors de place (4 9 -5 2 ) (2). Le réoit reprend logique
ment avec les crimes des âmes incarnées, autrement dit des hom
mes, sur la terre (5 3 ). Ces crimes ont pour conséquence une plainte
des Éléments au Dieu Monarque (5 4 -6 1 ). Dieu leur répond en
leur annonçant la venue de deux dieux sauveurs, Isis et Osiris (6 2 -
6 8 ) . Dans un bfef épilogue (6 9 ), Isis, qui vient de faire tout ce
récit à son fils Horus, décrit sa remontée au ciel. L ’ouvrage devait
se terminer par un hymne à Dieu (annoncé en 7 0 ) que Stobée
n ’a pas transcrit.
On le voit, l’ordonnance générale de la Korè Kosmou rappelle,
d’une certaine manière, celle du Poimandrès et se rattache au
schème que nous avons constaté jusqu’ici. Une fois laissés de côté
les morceaux cosmogoniques (3) et les divers « épisodes », on a de
part et d’autre la même suite :
Ê tre de l ’âme (1 4 -1 7 ).
Incarnation (2 2 -4 2 ).
Conduite (coupable) de l’âme incarnée (53).
Eschatologie, présentée ici sous forme d’avertissement de Dieu
aux ftmes (3 8 -4 2 ).
Les principales différences concernent la sotériologie. Selon
l’hermétisme pur (surtout C.H.I et X I I I ) , le salut consiste dans
une régénération intérieure dont le principe est une Connaissance.
L ’âme, illuminée, connaît son origine et son terme, reprend conscience
de ses relations avec Dieu et se fixe en Dieu. Dans la Korè Kosmou ,
le salut est dû à deux dieux Sauveurs, et il n’a pas tant pour objet
l’âme elle-même en sa destinée immortelle que les hommes durant
(1) Cf. supra, p. 37, n. 1.
(2) Cf. supra, p. 37, n. 2.
(3) N oter que, dans le Poimandris, la cosmogonie est intimement liée à
la doctrine dualiste : le dualisme anthropologique s’explique par un dualisme
antérieur (Lumière — Ténèbres) dans la genèse même du monde. Dans la
K . K ., en revanche, les morceaux cosmogoniques paraissent moins liés à l’his
toire des âmes ; Dieu organise le monde pour que celui-ci ne soit pas inerte
(50) et pour se faire connaître dans son ouvrage (4). En outre, il y a plus de
rhétorique, plus d’apparat dans la K. K., cf. mon article Le style de la Korè
Kosmou, Vivre et Penser, 2* série, 1942, pp. 15 ss.
L ’ORIGINE CÉLESTE DE L’AME 39
leur séjour sur la terre. L a Korè Kosmou s’achève sur une aréta-
logie d’Isis et d’Osiris qui n’est guère différente des autres aréta-
logies isiaques (1). Il n’y est même pas question du sort posthume
de l'âme.
On peut dire, en bref, que la Korè Kosmou traite le même problème
essentiel que le Poimandrès — le problème de l’origine et du destin
de l’âme, — m ais avec moins de rigueur philosophique, sous une
forme plus romancée et plus populaire.
Passons maintenant à la psychogonie proprement dite (2).
Dieu prend de son propre souffle autant qu’il en faut, le mélange
intelligemment (νοερώς) à du feu et à de certaines autres substances
inconnues, prononce sur la mixture des incantations, puis agite
fortement le tout jusqu’à ce que « sourie » (έπεγέλασε) à la surface
une « matière » (τις όλη) plus subtile, plus pure et plus transparente
que les ingrédients dont elle est faite, laquelle, une fois amenée
& son terme, garde sa consistance sans se refroidir, propriété toute
singulière sur laquelle l’auteur insiste par l’accumulation de quatre
adjectifs (ίδιογενή καί ο ίκείαν είχε τήν του κράματος σύστααην ¡Βιό
τυπόν τε καί Ιδιοσύγκριτον). Dieu l’appelle du plus beau nom,
Animation (Τύχωσις) : ce nom lui-même, conformément à la doctrine
de la sympathie, agira par sa vertu propre (άπό της καθ’ ομοιότητα
ένεργείας). Le démiurge écume cette croûte, et, comme elle se reforme
soixante fois, ces soixante couches successives vont fournir la
matière d’autant de sortes d’âmes, auxquelles correspondront
soixante régions (χώραι) dans l’atmosphère (3), selon un ordre
de perfection décroissante. L a matière des âmes n’est donc pas
homogène, sauf que toutes ces âmes sont éternelles, étant toutes
issues de la même substance.
Dans cette description, c’est à tort que les éditeurs, après Mei-
neke, ont introduit parmi les ingrédients du mélange le πϋρ νοερόν
des Stoïciens, en corrigeant νοερώς τοϋτο (le πνεύμα divin) πυρί
μίξας (14,6) en νοερω κτλ; Cependant νοερώς donne un sens
excellent, et se trouve confirmé, plus bas, par d’autres notations
de même sorte, εύ μάλα (14,9), ευτάκτως τε καί συμμέτρως, μετ’
.έμπειρίας καί λόγου τοϋ καθήκοντος (15, 9-10) : Dieu calcule intel
ligemment les proportions convenables de souffle divin, de feu, et1
(1) Cf. mon article dans Rev. Arch., 6e série, X X I X / X X X , 1949 (Mélanges
P icard), t. I, pp. 376 ss.
(2) Cf. mon article ap. Pisciculi {supra, p. 36, n. 1), dont je reproduis ici la
p. 103. Pour les références à K . K-, paragraphe et ligne du paragraphe de mon
édition.
(3) a . E x c . X X V 1 1 - 1 3 .
40 LA RÉVÉLATION D’HERMËS TRISMÉGISTE
(1) συνεκεράσατο 7'im .35a3, έπΐτόν πρύτερον κρατήρα, ένώτήντοΰ παντός ψυχήν
κεραννύς ίμισγεν 41 d 5 = έκέρασε K . Κ . 1 4 , 7, κράμα 1 4 , 9 et passim.
(2) On notera ici que la K . K . se meut à un plan inférieur à celui du Poi-
mandrès : le πνεύμα populaire a remplacé le νους de Platon et d’Aristote. Malgré
Scott (III, p. 507), je ne vois dans ce πνεύμα rien de spécifiquement stoïcien et
il est à coup sûr abusif de dire : « This conception... implies the Stoic view
th at God is immanent in the Kosmos ». Dans tout l’ouvrage, selon les vues
naïves du commun peuple, Dieu se tient au sommet du ciel, έντήπερικαλλεΐ τοϋ
αίθέρος στάς βάσει (οτάσει F P , corr. Usener) 1 7 ,2 , assis sur le trône de la Vérité
(3 8 , 1-2). Dieu est partout conçu comme une personne vivante, il parle, agite
ses mains, cuisine la mixture, se réjouit, etc. Bien qu’un souvenir de Genèse
II 7 (cf. Scott, l. c.) ne soit pas à exclure, l’idée qu’un Dieu ainsi personnifié
(comme le Zeus d’Homère, d’Hésiode et des tragiques) puisse donner de son
souffle ( 1 4 ,5 ,1 7 ,4 , cf. 4 0 ,1 -2 πάσαις αύταΐς έχαρίσατο πνεύματα) n’est pas inouïe
en Grèce. Dans le mythe de Pandore, qui a dû servir de modèle (direct ou indi
rect) pour la création de l’homme en K . K . 25-30, Héphaistos donne à la Femme
la voix et les forces d’un être humain (Hés., Trav. 61), donc évidemment le
souffle. E t Hécube voudrait que tous ses membres s ’animassent par l’a rt de
Dédale « ou de quelqu’un des dieux » (Eur. H ic. 838). L a conception de Dieu
dans la K . K . me parait donc toute populaire. Le seul trait (peut-être) philo
sophique est à la fin du § 4 2 , quand Dieu, après son dernier discours aux âmes,
άφθαρτος νους γίγνεται.
(3) θρύνοι τε άρετής πεπληρωμένοι 1 7 , 10. θρόνοι peut-être juif (cf. Scott, II I ,
{
). 512). Mais rien n’est plus commun, depuis au moins la Grèce homérique, que
a représentation des dieux assis « sur des trônes d’or » (v. gr. II. X IV 238),
et le trône « magique » apparaît déjà dans le vieux mythe du trône enchanté
bâti par Héphaistos pour Héra, en punition du crime qu’elle a commis en le
jetant hors de l’Olympe (cf. P. W . V III 344 et le proverbe Ήφαίστειος δέσμος).
L ’ORIGINE CÉLESTE DE L’AME 41
A. Nu m én iu s .
mais rien ne prouve que ç’ait été dans un écrit spécial. Quoi qu’il
en soit de l’ouvrage, la documentation est assez abondante pour
que se dessine, dans ses grandes lignes, la doctrine anthropolo
gique de Numénius (1).
Qu’on le dise pythagoricien ou platonicien, ce qui revient au
même en ce temps où l ’on fait de Platon un pur disciple de Pytha-
gore, Numénius est franchement dualiste. Dieu est bon, la matière
est mauvaise et cause du mal (Deurn quippe esse... initium et causant
bonorum, silvarn malorum, test. 30, p. 93. 1 ss. L.) (2). Le Dieu
suprême, το άγαθόν, ne peut donc avoir été en contact avec la matière.
D ’où la nécessité d’un second Dieu démiurge, qui participe au
premier et se tourne vers le monde qu’il a fonction d’organiser (3).
Ce second Dieu est le νους démiurge qui pense le monde. A en
croire Proclus (test. 25 L .), le monde en ta n t que pensé par l’Intel
lect démiurgique constitue à son to.ur un troisième Intellect ou
troisième Dieu, le νους διανοούμενος (4). Quant aux relations du
Prem ier Dieu et du Second avec l ’âme, elles so n t'le s suivantes
(1) Tiré du π. τάγαθου. Les fragments de cet ouvrage ont été aussi édités
par Scott, Hermetica, I I , pp. 77-87 avec des notes utiles. Sur les relations du
l» r et du 2« Dieu, voir aussi fr. 27 L.
(2) 4 μέν γε ών σπέρμα πάσης ψυχής σπείρει εις τά μεταλαγχάνοντα αύτοϋ χρήματα
ξύμπαντα. Pour 4 ών, trait biblique, cf. E x . 3 ,1 4 ; Apoe. 1, 4-8; 4, 8. Fréquent
chez Philon, cf. l’Index de Leisegang, I, p. 226. Pour μέν γε, Denniston, Gr.
Part., pp. 159 s. En tout cas, comme le note Scott (II, p. 79, n. 3), on ne peut
dire que Dieu soit la semence de l’âme, et, moins encore, que cette semence
sème. Cf. au surplus C. H. X III 2 (200. 15 ss.) où sont distingués la μήτρα
I= σοφία νοερά έν σιγή), la σπορά ( = τ4 άλήθινονάγαθόν), le Semeur (τίνος σπείραντος
201. 1) qui est le θέλημα του θεού, le γεννώμενος ( = θεού θεός παΐς). En outre,
si σπέρμα était attrib u t de ών, il devrait précéder le participe, non le suivre,
conformément à la règle ordinaire et à l'usage même de Numénius, cf. άγνω στον
δέ γ ε ο ύ σ α ν αυτήν άναγχαϊον είναι άτακτον 132. 20, 4 θεός 4 μέν πρώτος έν
έα υ τφ ών έστιν απλούς 137. 28, 4 γάρ δεύτερος δ ιτ τ ό ς ών αύτοποιεϊ 140. 25,
δημιουργός ών 141.1.
(3) Leemans (ad. 139. 8) et Scott (II, p. 79, n. 4) s’étonnent de cette
désignation pour le Démiurge. Vu 4 ών, c ’est ici encore un trait biblique,
cf. Ja c. 4, 12, Phil., sacr. 131 (I, p. 255.1 C·). Béutler ( Gnomon, 1940, p. 112)
cp. Cralcid., in T im ., p. 233. 8 : postquem (le 1er Dieu) providenliam eiussccun-
d u m d e u m .la t o r e m le g is utriusquevitae tamaeternaequamtemporariat(d .T H.H-
L*R, Vorber. d. N euplat., 1930, p. 49). Voir aussi P . W ., I. c„ 670. 42. L ’idéed’un
dieu (ou de dieux) législateur n’est d’ailleurs pas inconnue en Grèce, cf. P lat.
Rép. IV 427 b 1 τί οδν ... ϊτι Sv ήμΐν λοιπόν τής νομοθεσίας εϊη; καί έγώ είπον ότι
Ή μϊν μέν ούδέν, τω μέντοι Άπόλλωνι τω έν Δελφοίς τά τ* μέγιστα καί κάλλιστα καί
πρωτάτων νομοθετημάτων,Lois II 662 c 6 φέρε γάρ..., εΐτούς νομοθετήσανταςύμίν
αυτούς τούτους έροίμεθα θεούς, 4ρ’ 4 δικαιότατός έστι βίος ήδιστος κτλ. Sur le philo
sophe νομοθέτης, qui est l’image de Dieu, cf. en dernier lieu R . Walzer, Galen on
Jetvs and Christians (Oxford, 1949), p. 47, n. 4. Dieu = Loi chez Max. Tyr.
X V I I 12, p. 70. 16 Dfibner (éd. Didot) έννόει... βασιλέα δέ αύτόν δή τόν μέγαν
άτρεμοϋντα, ώ σ π ερ νόμον, παρέχοντα τοΐς πειθομένοις σωτηρίαν ύπάρχουσαν έν
αύτώ.
(4) φυτεύω est fréquent chez Philon pour désigner l’implantation, par Dieu,
des vertus dans Tâme (cf. C. H. I X 3). Voir aussi, pour le Dieu Semeur, C. H.
X I I I 2, X I V 1 0 ; l ’image est différente en I Cor. 3, 6-8 (l'Apôtre plante, un
autre arrose, Dieu fait croître).
(5) Numénius adm et la métensomatose même en un corps de bête, avec
Plotin (III 4, 2), m ais à la différence de Porphyre et de Jamblique (en raison
de l’opposition λογικόν — άλογον), cf. Beutler, P . W ., i. c., 676.
L’ORIGINE CÉLESTE DE L ’AME 45
qu’il savait. Ce bel objet, c’est la noble Science, que l’un a reçue
avec profit, que l’autre a donnée sans la perdre. Ainsi peut-on voir
une lampe acquérir la lumière quand elle a été allumée à une autre
lampe : elle n’a pas enlevé sa lumière à l’autre lampe, mais la
mèche qui était en elle a pris flamme au feu de l ’autre lampe. C’est
un objet de cette sorte (1) qu’est la Science qui, donnée et reçue,
reste la même et chez le donateur où elle demeure, et chez le rece
veur où elle s’établit. La cause de ce phénomène, Étranger, n’est
aucunement chose humaine, mais c ’est que l ’essence en possession
durable de la Science (2) est identique en Dieu qui l’a donnée et
en toi et moi qui l’avons reçue. C’est pourquoi Platon a dit que la
Sagesse est venue aux hommes par le fait de Prométhée en même
temps que le feu le plus éclairant (3) ».
Ces enseignements éclairent pour nous un passage assez obscur
de Jamblique (4) : « Il y a des gens qui tiennent la substance de
l’Ame en sa totalité (5) pour homœomère (6), identique et une, en
sorte que, dans n’importe laquelle de ses parties, il y a tout l ’ensem
ble, qui de plus installent jusque dans l ’âme particulière le monde
intelligible, les dieux, les démons, le Bien et tous les genres supé
rieurs (7), et déclarent que toutes choses se trouvent également
dans toutes les âmes, sauf qu’elles y sont d’une manière appropriée
à l’être de chacune d’entre elles ». Numénius est sans conteste
de ceux qui relèvent de cette opinion. S ’il y a en quelque sorte
identité entre le Νους qui demeure en Dieu et le νους qu’il commu
nique à l’Ame du Monde et à nos âmes, le Bien lui-même, qui est
identique au Premier Dieu, les Intelligibles, qui sont les Idées de
Dieu, les êtres supérieurs, qui procèdent immédiatement de l’Intel
lect divin et y sont donc contenus en puissance, doivent se trouver
aussi, par participation, dans notre intellect. Cette présence du
monde divin en l’âme se réalise surtout, évidemment, dans l’état
i
l) τοιοϋτίν τι S co tt : τοιοϋτον τό Euseb.
2) έξις τε καί ουσία ή έχουσα τήν έπιατήμην. C’est le νους, comme le note Scott.
B. P orphyre .
I
l) A p . Stobée, I, p. 458. 3 W . = test. 34 L.
2) Sur ces Oracles, voir infra, pp. 52 ss.
C. J amblique .
C’est avec raison que, dans son édition des textes hermétiques (1),
Scott a inséré d’assez longs morceaux du de mysteriis de Jam bli
que (2), non seulement parce qu’ Hermès y est souvent nommé —
ce qui, à soi seul, n’aurait pas grande signification, Hermès-Thoth
étant le révélateur de toute science sacrée en Égypte, — mais
parce qu’il y a des analogies manifestes entre certaines doctrines
hermétiques et les enseignements de Jamblique.
Le de mysteriis veut être une apologie de la théurgie, c’est-à-
dire du système religieux qui nous fait entrer en contact avec les
dieux, non pas seulement par la pure élévation de notre intellect
vers le Noûs divin, mais au moyen de rites concrets et d’objets
matériels. En fonction de ce dessein, l’auteur est nécessairement
amené à parler de l’âme : d’où vient, en effet, que notre âme ne
trouve pas en elle-même assez de forces pour s’unir directement
à Dieu?
La réponse est que, ici-bas, nous sommes pourvus de deux âmes
(cf. déjà Numénius) : « Selon ce que disent les écrits d’Hermès,
l’homme a deux âmes. L ’une, issue du Premier Intelligible, parti-1
D. A rn obe .
Rappelons, avec Arnobe, la thèse des viri novi (p. 59. 23 ss. R.) :
* Les âmes sont immortelles, toutes proches, en rang de dignité,
du Seigneur cause des êtres, étant issues de ce Géniteur et Père,
divines, sages, savantes, non susceptibles d’être touchées par aucun
corps. Comme cette vérité est certaine et que, issus du Parfait,
nous avons été doués d’une perfection ineffaçable, nous vivons
sans péché, et, dès lors, sans reproche, bons, justes, droits, sans qu’on
puisse nous accuser d’aucun vice : nulle convoitise ne nous vainc (1),
nulle sensualité ne nous souille, nous conservons dans son intégrité
la teneur de toutes les vertus. E t puisque nos âmes, à tous, dérivent
d’une seule et même source, nous n’avons qu’un même sentiment,
qui est conforme en tous ; nous ne différons ni de mœurs, ni d’opi
nions; tous, nous connaissons Dieu (2), et la multiplicité des
hommes dans le monde ne fait point multiples les jugements ni
ne les distingue les uns des autres selon une diversité infinie. Cepen
dant, tandis que nous glissons, par une chute rapide, vers les corps
humains, il sort des cercles du monde (3) et s’attache à nous des
forces, qui font que nous devenons mauvais et absolument vicieux,
qu’en nous bouillonnent les convoitises et la colère, que nous passons
la vie dans la débauche et sommes condamnés à servir à la lubricité
publique, m ettant nos corps en vente et les prostituant » (4).
Après avoir rapporté la thèse, Arnobe la discute. De cette longue
discussion (5), on peut déduire, touchant la doctrine des viri
novi, les points suivants (6) :
1) L ’âme est fille du Premier Dieu, portion de sa substance
même (15, 16, 22, 28, 36, 37, 43, 51, 62; discretae 28, portio 22);
elle a jailli du cratère de la vie (25, source de la vie 15, 45).
2) Dans la hiérarchie des divinités premières (prima numina 19),
l’âme tient le quatrième rang, après le Premier Dieu et les deux
Intellects (19, 25).
S
Cf. Mém. Laeran 105, n. 3.
Analv·. ·' · M - Lagrange 10 6 ss .
(6) ο ; ;; -n. Lagranc p. 120, . reproduis ici. Les chiffres renvoient
aux ; ¿graphes à'ad· 1. II.
52 LA RÉVÉLATION D’HERMÊS TRISMÉGISTE
E . Oracles Chaldaiques.
est δύσκαμπτος καί όπισθοβαρής καί φωτός άμοιρος], mais l’image est usuelle, cf.
C. H. V II 3, 82. 2 άγχων σ* κάτω πρός αυτόν, Χ 2 4 , 125. 14 ψυχήν... ύπ’ αύτοϋ
[le corps] άγχομένην κάτω), Kroll déduit la date de composition, « environ 200 ».
(1) Cf. Symb. Osl., I. e„ p. 77.
¡2) Cette Πατρός δύναμις est identique au Dieu Fils, cf. Theiler, l. c., p. 6,
qui cite P letho 33 πατρός δύναμιν καί δύναμιν αύτοϋ νοεράν καί νοϋν πατρικόν τόν
αότόν δεύτερον θεόν τα λόγια ταϋτα πανταχού καλεΐ.
L ’ORIGINE CÉLESTE DE L’AME 55
παρακειμένου ουδ’ -αδ άπο όμοιου αισθητού έστι λαβεΐν μηχανή τις
οΰδεμία- αλλά... δεϊ τινα άπελθόντα πόρρω άπο των αισθητών όμιλήσαι
τω άγαθω μένω μόνον κτλ., fr. 26 : le premier Dieu est παντάπασιν
άγνοούμενος παρ’ αύτοϊς (les hommes).
C’est donc à tort que les hommes prennent le deuxième Dieu,
qu’ils connaissent, pour le premier Dieu, qui leur demeure inconnu,
Or. Ch., p. 14 Kr. πάντα γάρ έξετέλεσσε πατήρ καί νφ παρέδωκε|
δευτέρφ, δν πρώτον κληΐζετε παν γένος άνδρών — Num., fr. 26, p. 141.
13 L. (1) ώ άνθρωποι, δν τοπάζετε υμείς νοϋν ούκ έστι πρώτος, άλλ’
έτερος πρό τούτου νους πρεσβύτερος καί θειότερος, fr. 25, ρ. 141.2 :
le deuxième Dieu crée le monde, έπειτα θεωρητικός δλως.
Le premier Dieu, purement transcendant, ne crée pas lui-même
le monde sensible, mais laisse ce soin au deuxième Noûs, Or. Ch.,
p. 13 : « Le Feu Premier de par-delà (έπέκεινα) ne fait pas
descendre (2) sa Puissance jusqu’à la matière par une action
directe (έργοις), mais par le moyen d’un Intellect (άλλά νόψ) : car
c’est un Intellect, issu de l ’Intellect, qu’est l’Artisan du monde
fait de feu », p. 14 : « Le Père a créé en perfection toutes choses
(sc. dans le monde intelligible) et II les a livrées (sc. comme modèle)
au deuxième Intellect (νφ παρέδωκε δευτέρω) », p. 18 : « L'Intel
lect du Père (sc. le deuxième Dieu) dit : ‘Que toutes choses soient
divisées en trois’. Le Père lui accorda son consentement (3),
et voici que toutes choses étaient divisées » (4) = Num., fr. 21,
p. 138.17 τόν μέν πρώτον θεόν αργόν είναι έργων ξυμπάντων, fr. 22
(cf. supra, p. 44), test. 24 /5. Pour les Or. Ch. et Numénius, la raison
est la même : le Dieu Premier, étant transcendant, ne peut avoir
contact avec la matière qui, au surplus, est mauvaise.
En raison de sa double qualité de Noûs et de Démiurge, le
deuxième Dieu est double, Or. Ch., p. 14 Kr. : « Près de celui-ci
(le premier Dieu?) se tient la Dyade (le 2e Dieu) : oar elle possède
ces deux caractères, et de contenir par l’intellect les intelligibles,
et de donner sentiment ( = vie, αϊσθησιν) aux mondes » (5) = 1
§
ar le mètre. Reste donc à corriger ω τό θ. κ., en prenant τό βέλειν comme objet
β κατένευσε = le 1er Dieu, par un signe de tête, accorda (κατένευσε) son consen
tement (τό βέλειν).
(4) καίήδηπάντ’ έτέτμητο, p. 18. Même tour :. 46 ταυτα πατήρ ένόησε, βροτός
ίέ οι έψύχωτο.
(5) κάσμοις, sans doute les astres ' - εμψυχ. υάος πυρ αίθέρα κόσμους,
où Kroll note : « mundi hic quuque ponuntur pro siu us ».
56 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
Nui»., fr. 24, p.140.9 ό μέν ούν πρώτος περί τα νοητά, 6 δέ δεύτερος
περί τά νοητά καί αισθητά, fr. 25, ρ. 140.25 (1) ό γάρ δεύτερος δ ιττό ς
ών αύτοποιεϊ τήν τε' Ιδέαν έαυτοϋ καί τόν κόσμον, δημιουργός ών
Les I ntelligibles dérivent entièrement du premier Dieu, Or. Ch.,
p. 23 : « Comme un torrent qui gronde, l’Intellect du Père ( = ici
le Père lui-méme), en son conseil infatigable,' lançait les flots de
ses pensées qui revêtent toutes formes; et celles-ci jaillirent toutes
de la même Source unique (2). Car c’est du Père que venait et
le conseil et l’accomplissement de ce conseil. Cependant les
Idées, par le Feu intelligent, furent distribuées et partagées en
d’autres Idées intelligentes (3). Car le Roi a fait préexister au
monde aux mille formes un Modèle intellectuel impérissable; et
à mesure que notre monde, d’une démarche désordonnée, cherche
à suivre la trace du Modèle, il est apparu un Ordre empreint de
beauté, orné des Idées de toute espèce. Or la Source en est unique,
et celles-ci en jaillissent en vrombissant, ...pensées intelligentes
> issues de la Source paternelle... Ces Idées primordiales, c’est la
Source (πηγή) originelle, complète en elle-même, du Père qui les
a fait jaillir » = Num., fr. 23 (cité supra, pp. 45-46).
Les analogies entre les Oracles Chaldaîques et Numénius sont
moins frappantes pour ce qui concerne l’origine des âmes, peut-
être en raison de l ’état fragmentaire de notre documentation,1
(1) Ces deux fr. de Numénius ont déjà été rapprochés de Or. Ch. par
Kroll, p. 14, n. 2.
(2) πηγής δέ μιδς ίπο πασαι (Schneck αρ. Kroll, p. 76 : άποπτασαι Proel.) έξέθορον.
(3) Ce passage est bien obscur. Ce πϋρ νοερόν qui distribue les Idées issues
du Père, faut-il l’entendre comme le 2e Dieu, en raison de p. 14 καί νφ παρέδωκε
δευτέρω? Cela parait légitime. Mais ce Feu μερίζεται les Idées en quoi? είς άλλας
(Ιδέας) νοεράς. Faut-il alors prendre νοεράς en son sens normal, < intelligent, intel
lectuel n ? Que sont alors ces Idées voepai? Un monde νοερός intermédiaire entre
le νοητός et Γαΐσθητός, comme dans l’école néoplatonicienne? Il n’en est pas
question dans les Oracles eux-mémes (sinon chez les commentateurs). Les
hommes, en traduisant « formes intelligentes » ? Mais les Idées sont distribuées
dans le monde αισθητός entier, et non pas seulement dans les hommes (le texte se
comprendrait dans ce sens s’il s’agissait des âmes, comme chez Numénius,
fr. 22). La solution la moins improblable semble être de prendre νοερός comme
un équivalent de νοητός, selon l’observation de Theiler, l. c., p. 8 : « dass der
Chalaàer νοερός (oder auch νοερός καί νοητός [cf. cependant ma remarque supra])
gleich dem neuplatonischen νοητός gebrauchte », et en tenant compte du fait
que νοητός serait exclu par le mètre dans tous les exemples de νοερός que présente
ce fragment (v. 4 ,5 ,6 ,1 3 : en 4 et 13, νοερός possible quant au sens. On a le cas
exactem ent inverse, p. 52, v. 1 νοητόν = νοερόν). L’origine de l’équivalence
νοερόν— νοητόν semble bien être la doctrine, commune au n · siècle, des νοητά
comme pensées de Dieu. On devrait donc, au vrai, traduire v. 5 « ... en d’autres
Idées intelligibles », v. 6 « ...un Modèle intelligible (νοερόν τόπον) ». En ce cas le
rôle du 2 ' Dieu serait de distribuer les Idées premières (άρχεγόνοβς Ιδέας v. 15 )
dans l’infinité des modèles idéaux des formes sensibles (le Père se bornant
à faire jaillir les άρχέγονοιίβέαι). Ainsi serait constitué, en toutesa diversité.le
Modèle intelligible du monde sensible παντοίαις ίδέαις κεχαρημένος (v. 8).
L ’ORIGINE CÉLESTE DE L ’AME 57
plus sûrement parce que les Oracles ont ici emprunté à des sources
multiples.
On a vu plus haut que, chez Numénius, c’est le Premier Dieu
qui sème la semence de toute âme, le Second Dieu ayant pour
rôle de planter, distribuer et transplanter ces âmes en chacun de
nous (1). D’autre part, dans l’homme comme dans le monde,
Numénius place deux âmes, toujours en lutte mutuelle, l’une bonne,
l’autre mauvaise, et il est légitime de penser que les deux âmes
dans l’homme dérivent des deux Ames du Monde. Nous retrouvons
l’Ame du Monde dans les Oracles Chaldaïques, sous le symbole
d’Hécate. Hécate est dite située entre les deux Pères, c’est-à-dire
les deux Premiers Intellects (μέσσον τών πατέρων Εκάτης κέντρον
πεφορήσθαι, ρ. 27 Kr.). Il est possible qu’Hécate forme comme
une syzygie aveo le Premier Dieu (Kroll, p. 28), ou même qu’elle
doive être identifiée, comme πνοία θεού (désignation du troisième
Dieu chez Synésius), avec le troisième Dieu qui συνέχει les deux pre
miers (2). D’autre part, les Oracles Chaldaïques parlent d’une compo
sition originelle de l’âme par le Premier Dieu, la métaphore ici
étant celle du cratère, p. 26 Kr. : « Quant à l’étincelle de l’Ame,
l’ayant formée par le mélange de deux éléments accordés (ψυχαΐον
σπινθήρα δυσι κράσας όμονοίαις), l’Intellect et le Souffle divin (3),
il (l’Intellect Premier) (4) y ajouta en troisième lieu le chaste
Amour, lien auguste qui unifie toutes choses et les surmonte
toutes, συνδετικόν πάντων έπιβήτορα σεμνόν έθηκεν ». On notera
que, par ce rôle unificateur, 1’Έρω ς joue un rôle analogue à celui
du troisième Dieu ΰπεζωκώς qui à la fois distingue et réunit (συνέχει
èv άλλήλοις) les deux Premiers Intellects (5). Si Hécate = Ame
du Monde doit être identifiée au troisième Dieu, elle vient au trci- 1
(1) C’est peut-être »n si que l’a entendu P orphyre , de regr. an., tr. 8,p . 36.*
15 B ., bien que, comme le note S. Augustin, la désignation de < médian » ne
convienne pas en ce cas : Dicit enim Deum Patrem et Deum Filium , quem
graece appeliat paternum inteUectum vel paternam mentem (νους πατρικές ) ; de
Spiritu autem sancto aut nihil aut non alerte aliquid dicit ; quamvis quem alium
dieat horum medium, non intellego. S i enim t e r t ia m , sieut Plotinus, ubi de tribus
principalibus substantiis disputât, a n im a e n a t u r a m etiam iste vellet intelligi,
non utique diceret horum medium, id est Patrie et F ü ii medium. P o s t p o n it
quippe Plotinus a n im a e n a tu ra m p a t e r no in t e l le c t u i (sc. au Fils); iste autem
cum dicit medium, non postponit, sed interponit. Voir aussi fr. 9, p. 37.* 7 B . :
praedicas Patrem et eius FUium, quem oocas paternum inteUectum seu mentem,
et horum medium quem putamus te dicere S p i n t u m sa n c t u m , et, sur ces textes,
T heiler , Chald. Orak., pp. 8-9. Cependant il est possible que cette interpré
tation du 3» Dieu comme Spiritus sanctus (Augustin) ou πνοία (Synésius) et,
comme πνοία, identique à l’Hécate βυναγωγ6ς των 8όο πατέρων (Theiler, l. c.,
p. 12), soit, chez Augustin et Synésius, un souvenir de la Trinité chrétienne,
sans fondement réel dans les Oracles.
(2) Déjà rapproché par K roll, p. 28, n. 2.
(3) On a un schème pareil chez Chalcidius, p. 233. 8 ss. Wrobel (et.
Theiler, l. c., p. 7) : summus et ineffabilis detts — prooidentia eius deus secundus
— secunda mens intelleclusque — animae.
(4) P rocl., in remp., II, p. 2 0 1 .1 0 Kr. = Or. Ch., p. 28 Kr.
(5) ψύχωσις, P roci., I. c., II 201. 12 περί τής ψυχώσεως, ήν ή πηγή των
ψυχών τά πάντα ψυχοϊ : cf. ie mélange dit ψυχωσις dans la Korè Kosmou.
L ’ORIGINE CÉLESTE DE L’AME 59
F. G nostiques de P lotin .
Plotin, dans son traité contre les Gnostiques (II 9), ne nous donne
pas de renseignements assez précis pour que nous puissions déter
miner avec certitude la secte dont il s’agit (2). Nous ne sommes
même pas en mesure de dire si ces Gnostiques sont des chrétiens :
du moins ne découvre-t-on, dans la doctrine qu’il condamne,
aucun trait proprement chrétien (3). A lire sans préjugé ce traité,
on a bien plutôt l’impression que Plotin vise un ensemble de gens
qui, par une fausse interprétation de certains textes platoni
ciens (4), en concluent, comme l’indique le titre, que «le Démiurge
du monde est méchant et que le monde est mauvais ». Cela peut
s’appliquer à l ’universalité des « Gnostiques » et, ’de ce point
de vue, le titre adopté par Porphyre (5) est correct : mais il
serait vain de choisir une secte plutôt qu’une autre. Aussi
bien Plotin ne s’arrête-t-il qu’à quelques points principaux (6).
(1) πατρύς αυγά; : αΰλάς (Kaibel) est bien tentant, en raison d’Arnobe I I 33
vos in a u la m d o m in ic a in tamquam in propriam sedem remeaturos... praesu-
mitis, 62 a u la m sibi d u s (sc. du Père) patere.
(2) Voir les justes observations de de F aye , Gnostiques et Gnosticisme,
Paris, 1913, pp. 467-469, à propos de C. S chmidt, Platins Stellung zum Gnos
tizismus, Leipzig, 1901 (T . U. X X 4), en part. pp. 50-63 (rapprochements avec
la secte de Prodicus et le Cod. Brucianus).
(3) Sans doute, dans le passage de V. Plot, consacré à ce traité (ch. 16),
Porphyre débute ainsi : γεγύνασι 84 κατ’ αύτλν (Plotin) τών Χριστιανών πολλοί μέν
καί άλλοι, mais pour ajouter aussitôt αίρετικοί 84 έκ της παλαιός φιλοσοφίας άνηγ-
μίνοι. Des noms qu’il cite aussitôt, seul Aquilinus est connu (cf. Bidez-Cumont,
Mages hellénisés, II, pp. 245, 249; ib. aussi pour les apocalypses apocryphes
de Zoroastre etc. utilisées par les Gnostiques). Eunape (F . Soph., p. 457. 10 ss.
Didot) rapporte, d’après Porphyre lui-même, qu’Aquilinus aurait été le condis
ciple de ce dernier. J . Lydus (de mens., p. 1 2 8 .1 1 W. 4 84 Άκολϊνος έν τώ ύπομνήματι
τών αριθμών οδτω φησίν) cite, d’Aquilinus, une interprétation allégorique de
Μαία et d”Eppr)ç. Si c’est le même, singulier chrétien! C. Schmidt, au terme
d’une discussion sur Aquilinus (I. c., pp. 15-19), distingue l'hérétique de Por
phyre et l’Aquilinus (selon lui néoplatonicien) de J . Lydus. ;W . Bousset, dans
ses Hauptprobleme der Gnosis, pp. 186 ss., ne pensait pas non plus qu’il
s ’agit d’une secte chrétienne). De toute manière un hérétique ne peut être
considéré comme un témoin sûr du christianisme. E t il me parait impos
sible de penser que, comme le veut Schmidt, 1. c., pp. 82 ss., Plotin ait visé le
christianisme (orthodoxe) proprement dit.
(4) Cf. II 9,6; II 9, 10; II 9, 17. 1 -4; II 9, 18. 38-40; Porph., V. Plot.
16,1. 7 πολλούς έξηπάτων καί αύτοί ήπατωμένοι, ώς 8ή τού Πλάτωνος εις τό βάθος
τής νοητής ούσϊας ού πελάσαντος.
(5) CI. V. Plot. 1 i 11. , „
(6) II 9, 10. 14 ,.·ς μέν ούν έατέον έξετάζειν- καί γάρ τοϊς ταδτα άιφιβώς
λαδοϋσι τά νυν «¡ρημένα * —τι καί περί τών άλλων ¿πάντων όπως Ιχει είδέναι. Cf. C.
Schmidt, l. c., ρρ. 36, 4,
LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÊGISTE
(1) On notera que Plotin ne s’en prend pas au principe même de cés géné
rations hypostatiques, mais à la multiplication abusive des hypostases (II 9,
1-2; II 9, 6. 28 ss.). Alors qu’il suffit de poser l ’E tre, un Intellect unique, et
l’Ame, Terreur des Gnostiques est de dédoubler l’Intellect entre un Intellect
en repos et un Intellect en mouvement (II 9, 1.26) qu’ils identifient au
Démiurge (II 9, 6. 22). «Parfois aussi », observe Plotin (II 9, 6. 21), « au lieu de
l’Intellect ‘ qui réfléchit’ (*c. l’Intellect en mouvement), ils posent l’Ame
créatrice » : on voit qu’au fond Plotin ne s’est guère soucié de pénétrer la doc
trine qu’il com bat; ou peut-être mêle-t-il ici plusieurs sources. Schmidt,
1. e., pp. 37-38, cherche à combiner ces doctrines avec celles des Valentiniens.
(2) Le m ot άντίληψις désigne la perception sensible chez les Stoïciens, cf.
St. V. F ., I I , p. 230. 32 αΐβθησίς έστιν άντίληψις δι’ αΙσΟητηρΙου ή κατάληψις. '
L’ORIGINE CÉLESTE DE L’AME 61
(1) Ainsi les Gnostiques de Flotin : cf. S chmidt. I. e., pp. 42-43. .Mais
ce trait n’est pas particulier à une secte déterminée, il est commun à toutes.
CH APITRE II
LA CHUTE DE L ’AME
I. L e pro blèm e
(1) Ado. nat. II 39-43. J e résume ici Mém. Lagrange, pp. 115-117.
(2) Dans sa controverse contre les Gnostiques, Plotin se sert du même
argument a d hominem (II 9, 16. 17 ss.) : « Ils disent que la Providence ne
s ’exerce que sur eux (se. en tant qu’ils sont les seuls fils de Dieu, à l’exclusion
des astres) : est-ce quand ils étaient là-haut, ou maintenant qu’ils sont ici?
< Mais c ’est impossible > , car, si la Providence s’exerçait sur eux là-haut,
LA CHUTE DE L ’AME 65
d’E r (Rép. X ), Proclus (m remp., II, p. 96.11 ss. K.) ne cite pas moins de
sept noms : Numénius, Albinos, Gaius, Maximus de Nicée, Harpocration,
Euclide, Porphyre.
(1) On peut conjecturer, en effet, que Plotin n’a pas été le premier, ni le
seul, à percevoir ces divergences. CL, à propos de la différence entre Gorgias
et République sur le lieu où siègent les juges infernaux, Proclus, in rem p.,
I I , p. 128.3 ss. Kroll, avec la remarque (128.12) ίτι μέν οδν ou πάντα πάντες ot
περί των év "Αιβου μύθοι τφ ΠΧάτωνι ποιηθέντες έκδιδάσκουσιν, δήλον.
(2) En envoyant ici-bas les âmes, et. ή τε οδν ψυχή ή τοϋ παντός... παρά τοϋ
θεοϋ έπέμφθη ή τε έκάστου ήμών IV 8, 1.46 S.
(3) Ce passage est, comme on sait, très discuté, et. la traduction du Père
V. Cilento, II (Bari, 1948), pp. 575-579, où la controverse est résumée. Les
MSS ont IV 8, 2.6 ss. περί δέ τού ποεητοϋ είτε όρθώς είτε ώς ήμέτεραι ψυχαΐ οδααι
Ισως, άς κτλ. Ce texte peut, je crois, être gardé moyennant la légère correction
ώς ήμετέρας (attribut) < τ ά ς > ψυχάς οΰσας qui donne une construction toute
normale (acc. absolu : Plat. Rép. II 383 a 2 se., Kühner-Gerth, I I , 95 d), le
verbe sous-entendu après les deux είτε (sc. έποίησεν) se tirant facilement de τοϋ
ποιητοδ. Les deux termes de l’alternative, si ma conjecture est juste, sont les
suivants : ou Dieu a bien agi, ou il a agi par une sorte de nécessité puisque les
corps humains n’auraient pu subsister sans la présence en eux d’une âme.
Sur le double mode de gouvernement des âmes sur les corps en fonction de la
qualité de ces corps, et. IV 8, 2.27 διττή γάρ επιμέλεια παντός κτλ. cité supra,
p. 49, n. 3.
(4) πώς ή ψυχή σόνεστι τφ σώματι V. Plot. 13, 1 1 ,cf. Plot. IV 8 ,1 .8 απορώ...
δπως ποτέ μοι ένδον ή ψυχή γεγένηται τοϋ σώματος. Il est possible cependant que
Porphyre ait questionné plutôt sur le mode d’union de l’âme au corps : en ce
cas la réponse de Plotin serait à chercher en IV 3.12-15.
LA CHUTE DE L’AME 67
(1) Logos et Noûs V niurge dans le Poimandris, mentes geminae chez les
t/iri novi, etc.
(2) Cf. supra, pp. 3 12 s.
(3) Cf. ch. 22 fin i l .10 Wasz.) : sequitur nunc quomodo ex una (sc.
fente) redundet eonsitU «, id est, u n d e et q u a n d o et q u a r a t i e n e sumatur,
repris au début du (p. 34.27 W.) uti reddam quomodo animae ex una
reaundent, q u a n d o et q u a r a t i o n e sumantur.
(4) Les en. 28 'T onsacrés à une « digression » sur la métempsycose.
Sur le sens de ;f. mon article Composition et esprit du t de anima ·
de Tertullien, ;ite . . 1, n. 1.
(5) Cité déjà supra, pp. 3 s.. 33.
68 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) Mon dessein n’est pas ici d’offrir une analyse complète des 86ξ«ι psy
chologiques du Trismégiste. Pas plus qu’en d’autres domaines, elles ne forment
d’ailleurs une unité. Pour plus de détails, voir les notes de l’édition Budé et,
au surplus, J . K roll, Lehren d. H . Tr. (1914), pp. 233 ss.
LA CHUTE DE L’AME 69
I I . R aisons de la descente
(1) Pour ces δόξαι et celles du second groupe, c l . App. I, pp. 209 ss, les notes
ad loc .
70 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
Jam bl., 7t. ij/., ap. Stob, ch. 40, I, p. 380.6 ss. W.
« Davantage, à mon sentiment, la diversité des buts met aussi
une différence dans les modes de la descente des âmes. E n effet,
si l’âme vient ici-bas pour conserver, purifier et perfectionner les
choses terrestres, c’est sans souillure qu’elle accomplit sa descente.
Si l’âme se tourne vers le corps pour former par l’exercice et
redresser ses propres mœurs, elle n’est pas absolument impassible
ni ne jouit d’une entière indépendance, isolée en elle-même. Si
l’âme se rend ici-bas par punition et en raison d’un jugement,
elle semble de quelque manière entraînée de force et poussée
malgré elle.
< Certains des plus récents > ne font pas cette division, mais,
sans prendre en considération les différences, ils ramènent confusé
ment à un seul mode l ’incorporation de toutes les âmes et soutien
nent que cette incorporation est toujours un mal, notamment
Cronius , Numénius et H arpocration a
Voici d’abord deux observations de détail sur ces passages de
Jamblique.
1) Ils sont liés à leur contexte de façon continue et il ne semble
pas que Stobée ait fait ici des coupures. On peut donc s’étonner
que, dans le premier, Jamblique ne nomme qu’Héraclite et l’école
de Taurus, alors que, dans la première mention de la chute origi
nelle (supra, p. 69), il avait nommé aussi Plotin, Empédocle, les
Gnostiques, Albinus. Est-ce parce que ces SôÇat ont été déjà indi
quées dans la I™ section? Ou n’est-ce pas plutôt une nouvelle
preuve des méthodes superficielles de l’auteur?
2) La phrase sur Héraclite offre de grandes ressemblances avec
Plotin, IV 8, 1.11. Qu’on lise en regard les deux textes :
¡
les choses terrestres);
par obéissance aux dieux.
b) involontaire : l’âme est entraînée par force vers l’infé
rieur = 1er passage de la I I e section.
Il est intéressant de comparer à ce tableau la division qu’établit
Plotin en IV 8, 1.27 ss. « Il apparaîtra que Platon ne tient pas
partout le même langage de telle manière qu’on eût pu reconnaître
facilement ce qu’il veut dire. * Car tantôt il méprise tout le sensible
et blâme l’union de l’âme aveo le corps (corps prison, etc., monde
caverne, perte des ailes), tantôt (1. 41 ss.), « dans le Timée , parlant
de cet univers visible, il fait l’éloge du monde et le nomme un dieu
bienheureux ; il dit que l’âme a été donnée par le Démiurge, qui est
bon, pour que cet univers soit pourvu d’intelligence, puisqu’il
fallait qu’il le fût et qu’il ne pouvait l’être sans une âme. C’est
pour cette raison donc que l’Ame du Tout lui a été envoyée par1
doit contenir toutes les paires d’opposés, donc aussi άθάνατα — Θνητά, cf.
Héracl. fr. 62 D ). Il en résulte que la mort, même celle de ihoram e, n’est pas
dans ce système la suite d’un péché, mais fait partie du plan originel. En
contraste, C. H. I 15 où, en raison du péché de ΓΆνΘρωπος, l’homme à venir
sera θνητός bien qu’immortel par nature (άθάνατος γάρ ών..., τά θνητά πάσχει).
En contraste aussi, Sap. Sal. 1, 13 ό θεός θάνατον ούκ έποίησεν, 2, 24 φθόνψ Si
διαβόλου θάνατος είσηλθεν είς τόν κόσμον: Noter pourtant, chez Platon, que, si Dieu
lui-même a créé les άθάνατα, il confie la création des θνητά aux dieux inférieurs.
(1) Cf. P lot. IV 8, 1.47 πρός τό τέλειον αύτό είναι* έπειδή ίδει, όσα έν < ζτφ >
νοητώ κόσμφ, τά αυτά ταΰτα γένη ζφων καί έν τω αίσθητω ύπάρχειν, souvenir
évident de Tint. 39 e 8 ήπερ οδν νους ένούσας Ιδέας τω &έστιν ζωον, οίαί τε ένεισι
καί δσαι, καθορά, τοιαύτας καί τοσαύτας διενοήθη δεΐν καί τόδε σχεϊν.
t
LA CHUTE DE L’AME 75
doute une des raisons qui ont le plus contribué à la rendre popu
laire.
Dans sa discussion contre les viri novi, Arnobe, on l’a dit plus
haut (p. 63), leur pose la question suivante : « Comment, si elles
étaient vraiment hiles de Dieu, les âmes eussent-elles, par un
mouvement irréfléchi ( imprudenter), gagné ces lieux terrestres? ».
A quoi il se fait à lui-même (1) une série de réponses, dont naturel
lement il triomphe. Les deux premières sont inspirées du Tintée
soit à la lettre, soit sous la forme « dynamique ». On objecte d’abord :
« 11 fallait bien que ces lieux aussi fussent habités, et voilà pourquoi
le Dieu tout-puissant a envoyé ici-bas les âmes comme en des
sortes de colonies » (II 37, p. 78. 1 ss. R.). Arnobe ayant demandé :
« Mais de quelle utilité les hommes sont-ils au monde, quelle raison
les rend ici nécessaires », l’objection fictive est ainsi complétée,
par un rappel de la lettre même du Timée : « Les hommes contri
buent à consommer l’achèvement de l’ensemble du monde (ad
eonsummandam huius molis integritatem) et, sans cet appoint,
l’univers en sa totalité reste imparfait et défectueux » (imperfecta
et clauda est universitatis haec summa, p. 78. 5 ss. R.). Ceci conduit
à un sombre et beau passage d’Arnobe : Le monde, même sans
l’homme, continuerait bien de remplir son office. Astres, saisons,
vents, nuages et pluies obéissent à des lois nécessaires, « et l’ordre
originel ne cesserait pas de se poursuivre, même si le monde, jamais,
n’avait entendu parler de l’homme et que cet orbe terrestre fût
resté à jamais muet dans le silence de ses espaces désolés » (78.
8 ss. R.). Vient alors l’ argument « dynamiquè », que nous tirons
de la réponse d’Arnobe : « Comment donc peut-on objecter qu’il
a fallu cet appoint d’un habitant terrestre (l’homme), alors qu’au
cune des inventions de l’homme ne profite au perfectionnement
du monde, mais que toutes ses entreprises visent à son avantage
particulier et ne sortent jamais des bornes de sa propre utilité? »
C’est ici l’argument même de YAsclépius (8, p. 306.15) : <La partie1
(1) U est difficile de penser en effet qu’il s’agisse bien là de réponses des
viri novi. Pour ceux-ci, qui sont franchement dualistes (ci. II 16 at dum ad
corpora labimur..., ex mandants circuits secuntur nos causas, quibus mali simus et
pessimi), le monde est mauvais, le corps est un lieu d’ignominie. Comment
concilier cette thèse avec celle de la bonté du monde que supposent nécessai
rement les réponse- T? 37 ss.? J e sais bien que Plotin concilie les deux
thèses IV 8,5 . I ss. r w v sï ¿XkriXou;ij te etç-réveoivoiropà f) et e t; tiXcîokjiv
xàQoSoç toü kx'" : ¡ces deux se 'ir-·· ‘ au Timée) f) t* Stxij té xc «nrrjXaiov, Jj «
àvdyxj) to es ' nov.èr -spl^ei·.- -lov1) dvd-po). Mais, comme on le voit par
les chapit recéderr -i particu. V 8, 3. 21 ss.), cette solution est propre
au philos .ie et sup, îute sa d e de l’âme.
76 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) quae part terrena mundi artium disciplinarumque cognitione atque usu
s e r v a t u r , s i n e q u i b u t m u n d u m d e u s n o lu it e s s e p e r fe c t u m . Pour
servatur et perfectum, cf. Jam bl. p. 3 8 0 .7 4 μέν γάρ tnt βω τηρία καί χαθάρση
καί τ ε λ ε ι ό τ η τ ι των Tjjic κατιοΰαα, Am. II 37 ad consummandam molis huius
in t e g r it a t e m ,... nihil ad mundi p e r fe c t io n e m redire.
(2) Cf. déjà I I 16 (où les viri novi parlent eux-mêmes) : Nous sommes fils
de Dieu, donc parfaits, at dum ad eorpora labimur et p r o p e r a m u s Humana
= « nous nous empressons vers les corps humains », preperare = βπκύβειν qui
a valeur presque technique dans cette littérature, cf. Harv. Th. R ., X X X I
(1938), p. 8, n. 41.
(3) Qui revient plus bas, II 52 (88.26).
(4) E t de même si... dicas 86.27, dicatis... dicite 87.10 ss.
LA CHUTE DE L’AME 77
248 c 3). Si, par la faute du mauvais cheval, elle n’a pu suivre
le dieu, elle perd ses ailes et tombe dans un corps terrestre
(όταν Sè άδυνατήσασα έπισπέσθαι 248 c 6, ή δέ πτερορρυήσασα
φέρεται έως αν... σώμα γήϊνον λαβοϋσα 246 c 2). Il y a donc là
une faute originelle, dont l’âme n ’est peut-être pas entièrement
responsable en raison de sa composition, mais dont la conséquence
n’en est pae moins inéluctable : l’âme perd ses ailes et tombe,
πτερορρύησιν (λέγει Πλάτων) αιτίαν τής ενταύθα άφίξεως (Plot. IV
8, 1.37).
Maintenant on notera qu’il n’est pas question ici de jugement
divin ou de châtiment : c’est par une sorte de nécessité physique
que l’âme qui n’a pu suivre descend ici-bas. L a mention d’une
κρίσις et d’une δίκη dans le Phèdre ne vient qu’après, au sujet des
âmes incarnées (249 a 5 ss.). Celles-ci, quand elles ont terminé
leur première existence terrestre, passent en jugement (κρίσεως
έτυχον). Si elles ont mal vécu, elles purgent leur peine (δίκην έκτί-
νουσιν) dans les prisons souterraines ; si elles ont bien vécu, rendues
plus légères par l’effet de la sentence (ΰπό τής δίκης κουφισθεϊσαι),
elles montent à un endroit du ciel. Les unes et les autres, après
mille ans, recommencent une autre vie humaine, chacune étant
libre de choisir le corps où elle habitera (249 b 1, cf. Rép. X 617 d ss.).
Voyons maintenant si les δόξαι de Plotin, d’Albinus (ap . Jambli-
que) et de Jamblique s’appliquent à la πρώτη κάθοδος ou aux
réincarnations. Plotin traite évidemment, en IV 8, de la πρώτη
κάθοδος. Néanmoins, dans son résumé du dualisme platonicien
(IV 8, 1 et 5), il confond les deux descentes puisqu’il parle tout
ensemble de la πτερορρύησις et de la δίκη. L a δόξα d’Albinus {ap.
Jamblique) pourrait, à la rigueur, se rapporter à la πτερορρύησις
conséquente à la faute céleste. Mais est-il vrai que, dans le Phèdre,
cette faute résulte d’un libre choix? Le texte du Phèdre donne plu
tôt l’impression d’un pénible combat (ϊνΟα δή πόνος τ* καί άγών
έσχατος 247 b 5) où l’âme est comme entraînée par son poids
vers la terre. D’autre part, ή τοΰ αυτεξουσίου κρίσις a bien de la res
semblance avec 1’αίτία έλομένου platonioienne au sujet d» a réin
carnation. Des deux δόξαι de Jamblique,la seconde, avec λ ntion
d’une κρίσις et d’une δίκη, doit concerner plutôt la réinc ion.
E t il semble que la première (redressement des âmes sur re)
s’y rapporte aussi. Car d’une part, loin que la première < des
âmes soit présentée dans le Phèdre c mme un moyen de ■ . reotion,
elle y apparaît comme la triste conséquentr l’inéluc able effet
d’une disgrâce (καί τινι δυστυχίφ χρησαμένη 2 7) ; désormais 1n e
80 LA R É V É L A T IO N D ’ H E R M È S T R IS M É G IS T E
(1) Tout le contexte montre qu’il ne s’agit pas de l’Ame du monde, mais
bien de Tftme humaine : c’est cette âme seule qui est sujette à la métenso
matose. Voir aussi Zeller, III 2·, p. 716 (n. 2 de la p. 715) : « mundo dedisse
{was aber nach dem folgenden nur bedeuten kann : er lasse die Seelen deshalb
in die Körperwelt eintreten) ».
(2) in sotos homines... præcipitari passe. Cf. elç iv8p<oTtov ùmxpépeo9ai chez
Clément d'Alexandrie [sic P en Protrept. I X , 1, p. 63.4 St.) et, sur cette
expression, R . S e. Ph. Th., X X , 1931, pp. 476 ss., X X V I , 1937, pp. 41 s.
L A C H U T E D E L ’A M E 81
(1) Plotin exprime une fois l’idée (IV 8, 7.12 ss.) que la connaissance du
mal fait mieux apprécier à l’âme la beauté de l’intelligible. Même plongée
ici-bas, l’âme peut remonter à la surface ιέξαναδϋναι) et, par comparaison avec
les maux (contraires du Bien), elle apprend à mieux connaître « les choses
meilleures », καί τη παραθέσει των otov έναντίων σαφέστερο» τα άμείνω μαθούση. Car
l’épreuve du mal fait voir plus clairement le Bien à ceux qui ne sauraient par
eux-mêmes « connaître le mal de science certaine avant de l’avoir éprouvé »
(Bréhier), γνώσις γάρ έναργεστέρα τάγαθοϋ ή τοϋ κακοδ πείρα οίς ή δύναμις
άσθενεσθέρα ή ώστε επιστήμη τ4 κακ4ν πρ4 πείρας γνώναι. Ailleurs (II 9,4.19 ss.),
à propos des Gnostiques, Plotin observe que, dans leur thèse, les âmes indivi
duelles ne devraient plus renaître : ήδη ϊδειμηκέτι έλθεΐνείς γένεσιν πάλιν πειρα-
θείσας èv τή προτέρα γενέσει των τήδε κακών ώστε ήδη άν έπέλιπον
Ιοδσαι.
LA »ivÍLA TIO H D’ S ÏS M à s TMSMÍGISTE. — III. 7
82 L A R É V É L A T I O N D ’H E R M È S T R I S M É G I S T E
(1) Il s’agit de la matière dite Ψύχωσις d'où ont été tirées les âmes, cf. 15.
(2) κατενόουν. La κατανόησις est d’abord « observation, considération,
examen », d’où résulte la perception, la compréhension d’un objet. Le mot
est significatif et revient trois fois dans le récit de la faute de l'Anthrôpos,
C. H. 113 : κατανοήσας p. 10.19, κατενόησε p. 10.22, κατανοήσαι p. 11.5 (où le
καταπονησαι de Flussas est ingénieux, mais faux : l’auteur insiste précisément
sur le péché de περιεργία ).
(3) καί τότοΰ πατρός προσεκύνουν κράμα. Scott exclut ces mots qui étonnent
en effet dans le contexte, puisque, à ce premier moment, les âmes « ne sont
disposées ni à adorer la mixture ni à adorer Dieu qui la leur a confiée, mais que,
au contraire, elles sont entraînées à une irrévérente curiosité » (Scott, III,
p. 517). J ’avais songé à προσεκύκων (έκύκων déjà Ferguson, IV, p. 452) : ces âmes
• remuent et brouillent » la matière comme Dieu lui-méme avait fait auparavant
1$ιεκ(νησε 1 4 , 9, εύ τε κινήσας 1 8 , 4). Mais προσεκύνουν peut s’entendre dans le
sens ironique, cf. P l a t . Hép. III 398 a : dans la cité idéale, s’il arrive un poète,
προσκυνοΐμεν âv αυτόν ώ, ·:?όνκαΙ θαυμαστόν καΐήδύν, mais on le renvoie ailleurs,
» oint de myrrhe et co nnè de bandelettes ». Comme le remarque Ferguson
(I. c.), il y a ici une n ie burlesque. De même Theiler (par lettre) : « Wie
böse Buben sagen die n zwar zuerst dankschon (um προσεκύνουν etwas zu
modernisieren), statt aber aus befohlene Werk zu gehen, probieren sie
i·:· '•st am κράμα he um. Alles > dlenistisch spielerich, leicht absurd ».
, ■ Ou « d’une curiosi' insoi· ερίεργον ώπλίζοντο τύλμαν.
84 L A R É V É L A T I O N D ’H E R M Ê S T R I S M É G I S T E
(1) tí t-n έπί μιας μονής είναι θάνατον ήγοϋντο (24, 5-6) : cp. Héracl. ap.
Jam b l. π. ψυχής, p. 378.24 W . (‘Ηράκλειτος τιθέται) τδ μέν τοΐς αύτοϊς
έπιμένειν κάματον είναι, τδ δέ μεταβάλλειν φέρειν άνάπαυσιν (ν. aussi 375.8).
L A C H U T E D E L ’A M E 85
(1) Cf. notre édition de VAsclépius, n. 115, et, pour simplici mente, ib.,
n. 120.
86 L A R É V É L A T IO N D ’ H E R M È S T R IS M É G IS T E
(1) Cf. Rev. Et. Gr., L V II, 1944, pp. 262 ss., et C. H. D odd , The Bible
and the Greeks (Londres, 1935), pp. 142 s.
(2) Ou « au moyen du feu », èv m pl. Mais jtop1 est une correction (Zie-
linski) et j ’inclinerais, pour ma part, à garder t» tô>narpt, non pas au sens pro
posé'par Dodd (The Bible and the Greeks, p. 153, n. 1) : « alors que l’Homme
se trouvait encore dans ( s uni à) le Père » (comme le note Dodd, on attendrait
L A C H U T E D E L ’A M E 87
prend connaissance dès œuvres de son frère (le 2e Noûs) ; les Gouver
neurs (des sept cercles) s’éprennent de lui et lui donnent part cha
cun à son propre rang (1). Ayant donc appris à connaître l’être
des Gouverneurs et participé à leur nature, l’Anthrôpos veut briser
la périphérie des cercles et connaître la puissance de celui qui
règne sur le feu (I 13), c’est-à-dire du deuxième Noûs Démiurge,
qui est « dieu du feu et du souffle » (I 9, p. 9.17 s.). L ’Homme a donc
brisé chacun des cercles, jusqu’au dernier (celui de la Lune). Il
se penche alors à travers cette ouverture « et fait montre à la
Nature d’en bas de la belle forme de Dieu ». La Nature ne le voit
pas directement, mais elle voit son reflet dans l ’eau, son ombre
sur le sol, et elle s’éprend de lui. L ’Homme, de son côté, s’étant
vu lui aussi dans le miroir de l’eau, s’éprend de sa propre image.
Il veut habiter là (sc. sur la terre), « et il vint habiter la forme sans
raison ». Anthrôpos et Physis s’unissent d’amour (I 14), et d’eux
naissent les premiers hommes.
Essayons de distinguer les thèmes, en suivant les étapes mêmes
du récit.
a) Le désir de créer à son tour, ήβουλήθη καί αύτός δημιουργείv 10.20.
Est-ce là une faute? Non sans doute dans le Poimandrès, puisqu’il
est dit aussitôt après (10.21) : καί συνεχωρήθη άπο τοϋ πατρός,
« permission lui en fut donnée par le Père ». Mais il faut prendre
garde que le Poimandrès témoigne déjà d’un dualisme mitigé,
d’un dualisme qui tend au monisme (2). Sans doute le Dieu suprême
C I . supra, p . 8 3 , n . 2 .
B ο ί δ έ ή ρ ά σ θ η σ α ν 1 1 . 1 , c f . 6 θ εό ς ή ρ ά σ θ η τ ή ς ιδία ς μ ο ρ φ ή ς 1 0 . 1 8 , οδ ή ρ ά σ θ η
ώ ς ίδιου τά κο υ 1 0 .1 6 . C ’e s t là u n c u r ie u x th è m e : t o u t le m o n d e s ’ é p r e n d d e
l ’ H o m m e , s o n P è r e (le 1 er N o u s ), le s G o u v e r n e u r s , P h y s is (έ μ ε ιδ ία σ ε ν Ip o m
1 1 . 1 1 ) . E t t o u t le m o n d e lu i f a i t d e s d o n s : le P è r e q u i l'e n g e n d r e α ύ τ ω ίσο ν ( 1 0 .1 6 )
e t q u i π α ρ ίδ ω κ ε τά έα υτοΰ π ά ν τα δ η μ ιο υ ρ γ ή μ α τα ( 1 0 . 1 8 ) , le s G o u v e r n e u r s d o n t
c h a c u n μ ε τεδ ίδ ο υ τ ή ς Ιδία ς τ ά ξ ε ω ς ( 1 1 .2 ) , P h y s is e lle - m ê m e q u i s e d o n n e à lu i.
C . H . D o d d |7. c ., p p . 1 56 s .) c i t e u n p a r a llè le j u i f : d a n s la Vie d’Adam et d’Eve
1 3 / 4 (11, p . 1 3 7 C h a r le s ) , le s a n g e s a d o r e n t A d a m n o u v e lle m e n t c r é é . M a is il y a
90 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
d’eux lui donne part à son propre rang dans la hiérarchie des sphè
res. Que veut dire par là l’auteur? La suite nous éclaire. En I 16
(p. 12.7), nous apprenons que l'Homme a en lui la nature de l’ar
mature (άρμονία) des Sept, composés de feu et de souffle. Plus
précisément, en I 25/6, il est dit qu’à la mort, après avoir laissé
ici-bas ce qui revient au corps et à 1’άλογον, l’homme (dans sa partie
spirituelle) remonte à travers l ’armature des sphères (διά τής αρμο
νίας), abandonnant à chaque cercle le vice particulier qu’il en
avait reçu (15.15 ss.), en sorte que, s’étant dévêtu des vices des
sphères (γυμνωθείς άπό τής αρμονίας) et muni désormais de la
qualité qui lui est propre (τήν ιδίαν δύναμιν εχ«ν 16.5), c’est-à-dire
redevenu pure Vie et Lumière, il entre dans la nature ogdoadique,
puis en Dieu. Nous savons donc maintenant ce que l’Anthrôpos
reçoit des Sept Gouverneurs : ce sont les sept péchés capitaux.
Assurément, son entrée dans la « sphère du Démiurge » a été une
chute.
Maintenant, pourquoi ce voyage? Un mot l’explique : εξων τήν
πάσαν έξουσίαν, « pour y avoir plein pouvoir » (10.22), mot repris
plus bas (11.6) : « et celui qui avait plein pouvoir (£χων πάσαν
έξουσίαν ) sur le monde des êtres mortels et des animaux sans raison ».
Voici donc la province de l ’Homme : alors que le Démiurge domine
(κράτος 11.4) sur le monde céleste jusqu’à la Lune, l’Homme aura
domination sur la terre et ses habitants. Encore une fois, il n’est pas
dit ici que cette domination soit mauvaise, puisque Dieu a livré
à son Fils toutes ses œuvres (10.18) et qu’il lui a permis de δημιβυρ-
γεϊν (10.21). Il reste que, même dans le Poimandrès, le désir de
créer, de comprendre la domination du Démiurge pour dominer
à son tour (καί αυτός 10.20), avec pleine autorité, sur une région
propre, comporte et une άπόστασις άπό θεοϋ et une dégradation
morale (vices des Sept). Comme le note C.H. Dodd (1), « l’inten
tion de l’auteur e3t de montrer que l’Homme, lors de son arrivée
à notre ciel et à notre terre, était déjà capable de sensualité, de
cupidité, d’audace et d’orgueil, et dès lors disposé à devenir la
proie des séductions de Physis ». C’est ce que manifeste la dernière
étape.
en plus, ici, les dons. On comparera plutôt Korè Kosmou 27-29 où les planètes
donnent de leurs qualités (et de leurs défauts) à l’homme créé par Hermès,
et l’origine première de ce mythe semble être celui de Pandore, cf. liés. Trop.
60 ss., en particulier 80 ύνύμησε δέ τήνδε γυναίκα | Πανδώρην, δτι π άντες
’Ολύμπια δώματ’ ίχοντες | δώρον έδώρησαν, où il faut noter la suite πΐ)μ’
άνδράσιν άλφηστήσιν : déjà, chez Hésiode, les dons des Olympiens à Pandore se
tournent en (sont mêlés de) maux. Plotin fait aussi allusion à ce mythe, IV 3 ,1 4 .
(1) L . c., p. 154.
LA CHUTE DE L'AME 91
(1) J e lis avec Vitringa, άτε περιφέροντας ίσχύσαντα τω : περιφέροντα καί Ισχύ-
σαντα έν τω codd.
(2) τ4 Si συμβαΐνον είς άλλου του χρείαν τη προσόβφ άπαντά χαταβαΐνον άπ4 του
δπίρ αυτό : ainsi Cilento (« appunto perché discende da uno che è al di sopra di
lui »). Mais χαταβαΐνον etc. est peut-être simplement circonstanciel : · en des
cendant de la région supérieure » (Bréhier).
94 L A R É V É L A T I O N D ’H E R M È S T R I S M É G I S T E
chose divine et qu’issue des lieux d’en haut, entre dans le corps;
bien que le dernier des dieux, elle vient ici-bas par une inclination
spontanée (ροπή αυτεξούσιοι), en raison de la force qui l’entraîne
(αΙτί$ δυνάμεως : cf. IV 3, 13. 11 olov δυνάμεσι μάγων... κινεϊσθαί τε
καί φέρεσθαι) et pour ordonner ce qui vient après elle » (καί -roù
μετ’ αύτήν κοσμήσεως) (1).
Ces derniers mots, aussi bien, nous donnent l’explication de
l’ambiguïté que décèle tout le récit de la chute dans le Poimandrês.
Nous y avons constaté, d’un bout à l ’autre, une double tendance.
D’une part, il s’agit bien d’une chute, d’une dégradation. En s’in
clinant vers la matière, l ’Homme s’éloigne du Père, et du même
coup renonce sa nature essentielle. Comme l ’avait marqué Numé-
nius à propos du Démiurge (cf. supra, p. 91), comme le montre
aussi Plotin dans sa controverse contre les Gnostiques, toute
νεύσις implique un oubli des Intelligibles, I I 9, 4.7 et δέ ένευσε, τφ
έπιλελήσβαι δηλονότι των έκει. Au début du traité Sur les
trois hypostases, qui date, lui aussi, de la première période (2),
Plotin pose excellemment le problème (V 1, 1.1) : « Qu’est-ce donc
qui a fait que les âmes ont oublié (έπιλαθέσθαι) Dieu leur père et
que, alors qu’elles sont parcelles du monde d’en haut et qu’elles
appartiennent entièrement à Dieu (οΰσας... 6λως εκείνου), elles
ont méconnu (άγνοήσαι) et elles-mêmes et Dieu? La racine du mal
pour elles a été l’audace (τόλμα), la génération, le fait qu’au prin
cipe elles se sont différenciées de Dieu (ή πρώτη έτερότης) (3) et
qu’elles ont voulu s’appartenir à elles-mêmes (¿αυτών είναι) ».
Nous retrouvons ici, transposées en langage philosophique, les
étapes de la chute que le Poimandrês nous offrait sous forme de
mythe, τόλμα, c’est le désir téméraire commun aux âmes de la
Korè Kosmou et à l’Homme du C.H. I (cf. supra, pp. 83 s., 88 s.),
γένεσις, c’est la descente dans la génération que ce désir a pour1
(t) Cf. Gen. 1 ,2 2 .2 8 ; 8, 17 et Scott, II, p. 5 2s., D odd,pp.l64 ss. — άγιος λόγος
désigne le Verbe dans les extraits hermétiques de Cyrille d’Alexandrie, en sorte
qu’on pourrait être incliné à traduire ici « par son verbe Saint », cl. fr. 33 Scott
(3 3 N .-F.) 4 8c πάντων κύριος ευθέως έφώνησε τω έαι.τοΰ άγΐψ καί νοητφ καί
δημιουργική) λόγω. Mais ce sens ne peut convenir en ■ point du Poimandris
(S 18) puisque le' Λόγος s’est confondu avec le Noûs il- ,urge > · $ 10 (10.13)
καί ήνώθη τώ δημιουργώ Νφ. Le Λόγος du P ..e s ’ rs qu’un
doublet, prouvant la contamination de d<- es.
96 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) Cf. J am bl ., JC. ψυχής, p. 380.16 κακάς τε είναι πάσας (τάς Ενσωματώσεις)
δησχυρίζσνται (Cronius, Numénius, Harpocration).
(2) Cf. supra, p. 43, n. 4.
(3) ή S’ ουσία μία μέν ή τού πρώτου, έτέρα 8έ ή του δευτέρου, ής μίμημα 4
καλός κόσμος κεκαλλωπισμένος μετουσία τοϋ καλού, fr. 25 L.
C H A PITRE III
I. Le problème.
(1) Plutôt que « dans ses sens », «Ισθητώς. De même X I I I 6 (202.22). Dans
le même sens, αΐβθητικώς I 23 (15. 3), X I I I 7 (203.16).
(2) Il est fait encore mention du partage des hommes en I 27-29 dans une
perspective différente. J ’y reviendrai plus loin.
LA RÉVÉLATION D’ b ERHÉS TRISRÉCISTE. --- III. g
98 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISM ÉGISTE
« Nous vivons bien » (bene vivimus, cf. Γεύ ζην); s’ils n ’entrent
pas par la Porte, que leur sert cette vie dont ils se glorifient? Car,
pour chacun, le « bien vivre » doit servir à ceci, qu’il lui soit donné
de « vivre toujours » (semper vivere). Car, à qui n’est pas donné
de vivre toujours, que sert de bien vivre ?... Oui, il y a eu des philo
sophes, et qui ont écrit des choses subtiles sur les vertus et les
vices, distinguant, définissant, mettant en forme les plus ingé
nieux arguments. Ils ont rempli des livres de leur sagesse, ils en
ont fait vibrer tous les échos. Que dis-je, ils ont osé proclamer
aux hommes : « Suivez-nous, attachez-vous à notre secte, si vous
voulez vivre heureux » ( beate vivere = ευ ζήν). Mais ils n’étaient
pas entrés par la Porte ».
« Vivre toujours » est donc l’essentiel. Maintenant, il est clair
que ce « vivre toujours » ne consiste pas à prolonger indéfiniment
l’existence terrestre, mais qu’il s’agit de la vie éternelle auprès
de Dieu. E t nous voilà donc ramenés à ce qui, pour le gnostique
et le chrétien, reste le grand, le seul problème. Semper vivere, dit
saint Augustin, et, avant lui, l’hermétiste : άναγνωρισάτω < 6 >
έννους έαυτάν δντα άθάνατον (C.H. I 18). Il n’importe pas de
savoir quel est notre τέλος ici-bas, mais quel est le τέλος tout court,
je veux dire : « pourquoi nous sommes venus ici-bas », έπΐ τί
γεγόναμεν, selon la formule du C.H. IV 4 (p. 5 0.13,18) qui est
courante dans la gnose païenne ou chrétienne (1). Or, pour chré
tiens et gnostiques ensemble, cette connaissance, γνώσις θεοϋ καί
έαυτοϋ, est le fait d’une révélation, d’une grâce. Tel est le trait
commun. Mais il y a une différence, et Tertullien, dans le de anima
où il vise des gnostiques dualistes, nous la fait bien voir. Son témoi
gnage est d’autant plus remarquable qu’il part de la notion tradi
tionnelle dans les manuels hellénistiques, le choix de vie à la puberté.
Aétius (V 23) s’était borné à dire que c’est vers la deuxième
hebdomade (environ quatorze ans) qu’apparaissent les notions
du bien et du mal et qu’il se fait un enseignement à leur sujet,
περί Sè τήν δευτέραν εβδομάδα έννοια γίνεται καλοϋ κα'ι κακού
καί της διδασκαλίας αυτών (2). Tertullien admet la même date.12
(1) Cf. Hwrv. Th. Rev., X X X I , 1938, pp. 7 s. et notes 38-41, avec renvoi à
N ordew , Agnostos Theos, pp. 102-109.
(2) Cf. supra, p. 13 s. et n. 1 et L uc. Anacharsis (X L I X ) 20 τήν μέν 8ή
πρώτην Ανατροφήν αυτών μητράσι καί τιτθαϊς καί παιδαγωγοΐς έπιτρέπομεν ύπό
παιδείαις έλευθερίοις άγειν τε καί τρέφειν αυτούς, έπ ειδάν δέ συνετοί ήδη γ ίγ -
νωνται τω ν καλώς έχόντω ν καί αιδώς καί έρύθημα καί φόβος καί έπιθυμία των
άριστων άναφύηται αύτοϊς καί αυτά ήδη τα σώματα αξιόχρεα δοκή πρός τούς πόνους
παγιώτερα γιγνόμενα καί πρός τό ισχυρότερου συνιστάμενα, τηνικαϋτα ήδη ιταραλα-
βόντες αύτούς διδάσ κο με» άλλα μέν τά τής ψυχής μαθήματα καί γυμνάσια προτι-
SORT DE L’AME INCARNÉE 101
Il n ’en reste pas moins dans l’âme quelque chose de bon, cet
élément directeur et divin qui lui est congénital et proprement
naturel (41, 1). Car ce qui vient de Dieu peut bien être obscurci,
puisque ce n ’est pas Dieu lui-même, mais ne peut périr, puisque
Dieu en est la cause. Cette partie bonne de l’âme subsiste donc,
mais sans agir, comme une lumière qui ne peut éclairer à cause
de la densité de l’obstacle (41,2). Encore est-il que cet élément
bon de l’âme parfois se manifeste (il a naturellement le sens de
Dieu), et de là vient que l'âme reste toujours responsable, puis
qu’elle a toujours en elle le germe du bien (41,3).
Dans cette argumentation, il y a un mot révélateur (40,3, p. 56.
26) : adeo nulla proprietas hominis in choico. Comme l’a marqué
M. Waszink (p. 452), et il faut être ici, je crois, plus affirmatif
encore qu’il ne se montre, ce mot fait allusion à la doctrine Valen
tinienne des trois classes d’hommes : le choicus, qui vit selon le
corps matériel ; Yanimalis, qui vit selon l’âme rationnelle; le spiri-
talis, qui vit selon le pneuma divin (cf. ch. 21 et Waszink, pp: 292-
293). Or ce mot révélateur, avec l’intention qu’il découvre, permet
de comprendre et la place que Tertullien assigne au de peccato
dans la I I I · section, et la manière dont il traite son sujet.
Pour'les dualistes dérivés de Platon, le péché tient essentielle
ment à la matière. C’est parce que l’Anthrôpos issu de Dieu s’est
uni à la Physis matérielle que les hommes terrestres, nés de cette
union, sont doubles, bons quant à l’âme, mauvais quant au corps
(C.H. I 15). L ’âme, par elle-même toute pure puisque divine, ne
contracte de souillure que par son union au corps et dans la mesure
où ici-bas elle vit selon le corps. Une fois incarnée, et de ce seul
fait, elle est en quelque sorte en état de péché. Du moins en va-t-il
ainsi pour le profane. En revanche, l’initié à la gnose est sauvé.
Il l’est d’une part en ce que, grâce à la vie de pureté qu’il mène,
il s’éloigne autant que possible de la souillure corporelle. Il l’est
d’autre part en ce que, par une sorte d’illumination intérieure
qui l’a définitivement sauvé, connaissant Dieu et se connaissant
comme issu de Dieu, il a la certitude de ne plus pécher. Le corps
peut bien, en apparence, commettre des actes peccamineux, c’est
là le fait de la matière dont le gnostique ou spirituel s’est une fois
pour toutes délivré par la gnose. D’un mot, ce n’est pas l’âme qui
pèche, mais le corps matériel. E t dans la mesure où il s’est libéré,
ou croit s’être libéré, de la matière, l’homme ne pèche plus (1).
(t) C’est le contraire qui est vrai, cf. 40. t (p. 56. 16) : peccatrix autem
( animaJ, quia immunda (par suite du péché originel), recipiens ignominiam
et carnis ex societate, ce que Waszink (p. 449) explique justement ainsi : ■ the
s o û l guarantees the ig n o m in y < ; of sin > for the flesh as well ».
104 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISM ÉGISTE
dans son être régénéré, les forces suffisantes pour suivre Dieu.
Le terrain ainsi déblayé, il semble qu’on puisse résumer ainsi les
principaux caractères du « choix de Vie » hermétique.
Il suppose une révélation, par contact personnel avec la divinité
ou à la suite d’une prédication humaine (1). L ’homme ordinaire
est censé être ignorant de son origine et de sa- fin : il faut donc qu’il
les apprenne.
Cette révélation obtenue, il y a un choix. On croit à la Parole
ou l’on reste incrédule. Ainsi se fait le partage des hommes.
De ce choix initial résulte le choix d’un genre de vie : le fidèle ne
se conduit pas comme l’incrédule. En outre, sans parler des récom
penses et châtiments posthumes, le fidèle jouit dès ici-bas d’une
grâce de protection et d’illumination divine, l’infidèle, dès ici-bas,
tombe sous l ’empire d’un démon.
Explicitons ces trois points.
1. L a révélation.
Les hommes sont dans l’ignorance. Après avoir reçu de Poiman-
drès la révélation, Hermès se met à prêcher en ces termes (I 27,
p. 16.21) : « O peuples, hommes nés de la terre, qui vous êtes aban
donnés à l’ivresse, au sommeil et à l’ignorance de Dieu (τή αγνωσία
του θεού)... Convertissez-vous (μετανοήσατε)..., vous qui avez fait
compagnie avec l'ignorance (oL. συγκοινωνήσαντες τη άγνοια 17.1) ».
E t il dit à Dieu, dans la prière finale (I 32, p. 19.5) : « Remplis-
moi de puissance (ένδυνάμωσόν με), et j ’illuminerai de cette grâce
ceux de ma race qui sont dans l’ignorance (τούς έν άγνοια τοϋ
γένους) (2), mes frères, tes fils ». Cette ignorance couvre toute la
terre, V II 1 (81.3) : « Où courez-vous, ô hommes, ivres que vous êtes,
vous qui avez bu jusqu’à la lie le vin sans mélange de la doctrine
d'ignorance (τόν τής άγνωσίας άκρατον λόγον)... Car le mal de
l’ignorance inonde toute la terre (ή γάρ της άγνωσίας κακία έπικλύζει
πάσαν τήν γην) ». L ’homme, parce qu’il ignore, est fondamen
talement mauvais, παν τό ζωον <C τό "> των άνθρώπων έπιρρέστερόν
έστι εις τήν κακίαν (Exc. X I 5), ούδέν άγαθόν έπΐ της γης (ib. 2 [18]),
ό άνθρωπος κακός (ib. 2 [19]). L ’ignorance est en effet le vice capi-12
(1) 203. 6 : ce sont nos vices mêmes qui nous châtient, cf. X 20 et les notes.
(2) X 8 (117. 7) ήχαχοδαίμων,άγνοήσασα¿αυτήν, δουλεύει σώμασιν άλλοκότοιςκαί
μοχθηροϊς. J ’ai mal traduit dans l’édition Budé, trompé par une note de Scott
(I, p. 193, n. 3, II, p. 244) qui rapporte la phrase à la métensomatose en des
corps d ’animaux (il la transpose après τά έρπετά 117. 2). Mais il ne s ’agit pas
seulement des corps d’animaux : tout corps, par lui-même, est l’ennemi de l’âme
(cf. V II), donc άλλόκοτος et μοχθηρός (ceci expliqué par ώσπερ φορτίον, etc.) ; il y a
le pluriel à cause des réincarnations. — A l’âme άγνοήσασα έαυτήν répond l’4
άναγνωρίσας έαυτόν de C. H. I 19 (13. 14), comme à Γάγνοια la γνώσις θεοϋ (qui
chasse 1’άγνοια, X III 8, p. 204. 3).
(3) X 8 (117. 4) κακία 8é ψυχής άγνωσία- ψυχή γάρ, μηδέν έπιγνοϋσα των δντων
μηδέ τήν τούτων φύσιν μηδέ τό άγαθόν : ceci est l’exacte contre-partie de I 3 (7.11),
μαθεϊν θέλω τά ίντα καί νοήσαι τήν τούτων φύσιν καί γνώναι τόν θεόν.
(4) καλόν καί άγαθόν τολμώσι λέγειν άνθρωπον : trait direct contre la morale
classique grecque du καλοκάγαθός.
(5) Suite du texte précédent.
106 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
le regard du cœur vers Celui qui veut être vu » (1). On notera que,
une fois la révélation transmise à son disciple (Hermès), Poiman-
drès lui commande de prêcher, I 26 (16.13) : « Eh bien donc, que
tardes-tu? Ne vas-tu pas, dès lors que tu as reçu de moi toute la
doctrine, servir de guide aux dignes ( t o ï ç dtÇioiç, cf. infra, pp. 109 s.),
pour que le genre humain, grâce à toi, soit sauvé par Dieu? » (2).
De même, dans le Cratère, c’est Dieu lui-même qui envoie sur terre le
cratère rempli de voüç, Dieu qui appointe un héraut (Soùç x^jpoxa),
et qui lui commande (¿x&euoev) de proclamer aux cœurs des
hommes ces paroles : « Plonge-toi, toi qui le peux, dans ce cra
tère » (3).
2. L e choix.
« Convertissez-vous (μετανοήσατε) », dit Hermès aux hommes
quand il a reçu lui-même la révélation, « affranchissez-vous de la
lumière ténébreuse, recevez en partage Yimmortalité, ayant quitté
une fois pour toutes la perdition » (φθοράν, I 28, p. 17.2/3). Deux
voies s’ouvrent donc à l’homme : celle de la vie immortelle, celle
de la mort (τη του θανάτου δδφ ¿αυτούς έκδεδωκότες I 29, 17.4/5).
« Les uns alors », dit l’auteur hermétique, i après avoir jasé contre
moi (4), s’en furent de leur côté; mais les autres, s’étant jetés à
(1) ¿φορώντας τη καρδίφ είς τ4ν ¿ραθήναι θέλοντα V II 2 (81. 15). καρSia en ce
texte (8 1 .1 6 , 17), comme en IV 4 (50. 10 κηρύξαι ταϊς τών άνθρώπων καρδίαις, Cf.
plus haut I. 7 έν μέσω τ α ϊς ψυχαϊς ώσπερ ϊθλον Ιδρϋσθαι), IV 11 (53. 12 τοϊς τής
___ tk/ ι _Δ. λ __ «7 .a T T T I i _ ûΛ C\ μϊΙ Ι αχιιβ n 'in ili/ iiis o s · n éA sseaiM m an l un s
(άπ6 καρδίας dans les deux cas = έξ ίλης τή ς ψυχής, qu’on rencontre également
chez Epictéte et Marc-Aurèle, cf. F arquhabson , II, p. 505), Ant. Flucht. 3 .1 5
Wü. στρέβλωσον αυτών τήν ψυχήν καί τήν καρδίαν, P G M V 11 472 άγε μοι τήν δείνα...
καιομένην τήν ψυχήν καί τήν καρδίαν (citations en partie déjà dans Preuschen-
Bauer : celles qu’ il ajoute, de P G M X I I I, ne concernent que le cœur physique),
καρδία semble avoir appartenu à la langue populaire sous l’Empire comme
équivalent de ψυχή. Le mot une fois admis, il était facile de transposer Γ < œil du
νους »platonicien (cf. éd. Budé, p. 82, n. 5) en « œil du cœur ».
(2) De même I 32 (19. 4) ένδυνάμωσύν με, καί τής χάριτος ταύτης φωτίσω τούς έν
άγνοίφ τού γένους (sur la construction, cf. infra, p .l0 8 ,n . 1). Sur ces concepts de
φωτισμύςβΐ de χάρις, cf. les ouvrages bien connus de G il l is P. W e t t e r , Chans,
Leipzig, 1913; P his, Uppsala, 1915.
(3) IV 4, p. 5 0 .1 0 . Pour κηρύξαι, cf 27, p. 16. 19 καί ήργμαι κηρύσσειν. Sur
le κήρυγμα (ici μετανοίας), cf. Har«. Th. X X X I , 1938, pi 5, n. 18 (avec renvoi
à Norden, A gn . Th.), Épicure et ses -, p. 57, n. 1, L ’Enfant d’Agrigente
(2* éd., Paris, 1950), p. 107 s.
(4) κατάφλυαρτσαντες (où κατά = ----- , . Gu,
, κατά marquant l’idée de
reprise, de recn nmencement, « ayant recommencé leurs vains bavardages » (Us
les avaient san ■ oute interrompus, cf. I 28, p. 16. 24 ol δέ άκούσαντες παρεγένοντο
ύμοθυμαδύν] o u r e premier sens, cf. I I I Joh. 10 λύγοις πονηροϊς φλυαρών ήμδς
et les texte. ité nfra, pp. 108 s. Le second peut se défendre. La φλυαρία,
comme tous ies auteurs spirituels ie répètent, est un obstacle ..iajmir au recueil
lement : or il faut êti cueilli pour entendre la Parole, cf. / T u 5, 13άμαδέ
108 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) C’est en effet un lieu commun chez les Prophètes que Dieu leur ordonne
de parler : ici I 129 κήρυξον μετάνοιαν, όπως αωθώαιν άπαντες, cp. I smb 6 , 9 καί
εΐπεν « Πορεύθητι καί elniv τφ λαφ τούτη» *, JÉRÉMIE 1,5 προφήτην είς ϊθνη τέθεικά
σε etc. C’en est un autre que la frayeur du prophète quand il reçoit cet ordre :
ici I 147 τ4ν 8k τρόμος Χάβε μυρίος olov ίκουσεν, cp. ISAIB 6,5 καί εΐπον « ”û
τάλας έγώ, 8 « κατανένυγμαι », J érém ie 1,6 καί είπα « Ώ ί»ν δέσποτα κύριε, Ιδού
ούκ έπίσταμαι Χαλεΐν ότι νεώτερος έγώ είμι ». Geffcken, dans son édition des
Sibyllina, signale d’autres rapprochements avec la tradition juive : ad 137-140,
149 ss.
(2) Ainsi, pour nous borner à la Grèce, les réactions diverses, dans les
Bacchantes, à l’égard du message de Dionysos.
(3) μετανοήσατε, 1 28 (16. 26). Sur l’alliance des verbes κηρύσσειν et μετανοεϊν,
et. Norden, A f n . T h ., p. 140, n. 1. Sur μετάνοια dans les Septante, ib., p. 139,
n. 1. Sur les origines du concept de μετάνοια, ib., pp. 134-140.
(4) Sur cette expression et les exemples analogues, ci. R eitzenstein,
Hell. Myst. Rel.·, pp. 252-254.
(5) Ainsi pense Mu· P étrement, L e dualisme etc., qui, p. 245, cite &l’appui
γιγνώσχεται τοΐς ΙδΙοις I 31 (18. 3). Mais les « amis » de Dieu peuvent être tels
parce qu’ils se sont donnés à Lui après la prédication. Par lui seul, le mot
n’implique pas l’idée de prédestination. Pour la prédestination par la Fatalité,
Cf. L ’Hermétisme, cité supra (p. 98, n. 4), pp. 32 s. (à propos de C. H. X II 5-9).
110 LA RÉVÉLATION D'HERMÈS TRISMÉGISTE
disposition de base. Dieu ne sauve que ceux qui veulent être sau
vés. Il est remarquable que, dans le premier des deux traités propre
ment gnostiques, C. H. I, le disciple ne cesse de manifester son
appétit de connaître : μαθεΐν θέλω (7.11), πώς (exclamatif) άκοϋσαι
βούλομαι (7.12), καί αύτόςγάρ ερώ, τοΰ λόγου (12.3 /4) (1), εις μεγάλην
γάρ νϋν επιθυμίαν ήλθον καί ποθώ άκοϋσαι (12,12/3), et cette note n’est
pas absente du second, C. H. X I I I (cf. 1 et 15, p. 207.5 θέλω άκοϋσαι
καί βούλομαι ταΰτα νοήσαι, voir aussi IV 6, 51.9 κάγω βαπτισθήναι
βούλομαι, ώ πάτερ). Il y a là peut-être un cliché d’école : mais
l’empressement ne paraît pas aussi vif dans les autres traités. Aussi
bien, qui veut peut. « Ayant mis dans ta pensée qu’il n'est pour toi rien
d’impossible, estime-toi immortel et capable de tout comprendre »,
X I 20 (155.15). « Si tu embrasses par la pensée toutes ces choses à
la fois,... tu peux comprendre Dieu. Mais si tu tiens ton âme empri
sonnée dans le corps, si tu la tiens dans l’abaissement (ou le décou
ragement, ταπείνωσης) et vas disant : « Je ne comprends rien, je ne
peux rien; j ’ai peur de la mer (2), je ne puis monter au ciel : je ne
sais ce que j ’étais, je ne sais ce que je serai », qu’as-tu à faire avec
Dieu? » X I 20-21 (156.4 ss.).
Il faut donc vouloir. E t ce vouloir est déjà un pouvoir. Mais
le vouloir lui-même suppose des conditions morales, un certain
détachement de la matière : « Tu ne peux rien concevoir des choses
belles et bonnes, tant que tu chéris ton corps et que tu es mau
vais », φιλοσώματος καί κακός ών (X I 21, p. 156.8). C’est là le
eecond aspect du pouvoir de l’âme, et il est lié à un problème
classique dans l’hermétisme, que posent les traités I 21, IV 3 ss. (3).
On croit dans la mesure où l’on est έννους (IX 10, p. 100.17 ss.).
Or tous les hommes ont reçu le νοΰς puisqu’ils descendent tous
de I’Anthrôpos. Comment donc se fait-il que tous ne croient pas?
Tous les hommes ont bien reçu le νοΰς. Mais, en certains, le νοΰς
est entièrement obnubilé du fait de leur attachement au corps
(φιλοσώματος ών). D’autres au contraire mènent une vie meilleure
et restent capables d’entendre la Parole. Dieu, l’Intellect suprême,
ee tient auprès d’eux (παραγίνομαι αυτός έγώ ό Νους I 22, 14.12),
sa présence leur devient un secours (ή παρουσία μου γίνεται βοήθεια
14.13), et aussitôt ils connaissent toutes choses (καί ευθύς τα πάντα
γνωρίζουσι 14.14) : c’est à savoir au moyen de la révélation, puisque
celle-ci, on l’a vu, est toujours requise. D’une certaine manière,
(1) Virgule après ipû, selon moi. καί οώτός γάρ έρώ se référant ά 11-17
έρωμενοι γάρ ήσαν.
(2) Sur le sens de cette exprès- '>n, ο' . . , 2 e parue i.p. 141, n. 3.
(3) Voir déjà L ’Hermétisme. pp. 30 s.
112 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TR1SMÉGISTE
3. Conséquences du choix.
L ’auditeur a donc cru : il « connaît » (■?) yvupi^ouca) (5), il
sait pourquoi il est' venu à l’être. Cet acte de foi est un engagement
de la part de l’homme : désormais on a choisi (6) et l’on entre
prend ce combat spirituel dont parlent tous les manuels de « vie
dévote » (7). C’est là un thème tout à fait banal, et il n’y a pas
lieu d’y revenir (8). Plus remarquables, parce que plus caracté
ristiques de la gnose hermétique, sont les appuis divins sur lequel
peut compter l’homme à partir du moment où il a choisi (d).
Il y a d’abord un don de force (Séva(«ç). Quand le disciple (ici
Hermès) du Poimandrès a cru à la Parole (ou, dans son cas, à la 1
(1) R e itz e n stein , Hell. Mysl. R e l p. 235, a bien vu que èwoûv équivaut
ici à ίννους ών ou voüv ίχων comme en C. H. I.
(2) r i γάρ νοήσαί έστι r i πιστεϋβαι, άπιατήααι St τ4 μή νοήσαι 100 .1 8 . J ’ai tra
duit d’après la logique du morceau. Si le message parait άληθής parce qu’on est
twooç, άπιστος parce qu’on est άγνοών, c’est donc que la loi implique une νίησις,
c’est-à-dire qu’on était capable de voeîv, qu’on possédait le νους. Cette traduction
suppose donc < τ 4 > άπιστήσαι (sic D et Scott qui, pour le reste, corrige), les
deux sujets étant τ6 πιστεϋσαι et < τ 4 > άπιστήσαι avec chiasme.
(3) τά πάντα περινοήσας. Sur ce verbe περινοεϊν, Cf. Reitzenstein, (. c., pp. 235 s.
(4) Non expliqué dans Scott. R eitzenstein, l. c., pp. 234-236, offre des
parallèles hellénistiques pour πίστις.
(5) IV 4 ,5 0 . 11. Noter la progression : ή Suvapfvij..., ή πιστεύουσα 5τι..., ή
γνωρίζουσα έπΐ τ! γέγονας.
(6) Sur le choix, voir encore C. H. IV 6 /7, Exc. X V III 3 (τ6 8έ αίρεϊσθσι
ϊχομεν).
(7) Cf. G. H. VII 3, X (19 άγών ti εΟσεβεΙας 122. 15 s.). En E xc. II B 8 je
préfère garder άγωγάς, en E xc. X X I V 4 αΙώνα.
(8) Voir au surplus éd. Budé, p. 132, n. 62, J . K rozl, Lehren, pp. 341-348.
(9) Cf. C. H. IV 8 (52. 5) τα μέν παρά θεού ήμΐν τε υπήρξε καί υπάρξει' τά δέ
άφ ήμών άκολουθησάτω καί μή ύστερησάτω.
LA RÉVÉLATION D'HERMÈS TRISMÉGISTE. ---- I I I . 9
114 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) I 27 (1 6 .1 7 ). Sur ces termes, cf. J . Kroll, Lehren, pp. 308-310, 328-335.
(2) La suite des idées dans ce passage : (1 ) ένδυνάμωσόν με, (2) καί τής χάριτος
ταύτης φωτίσω τούς έν άγνοίφ.... (3) 8ιό πιστεύω καί μαρτυρώ = (1 ) d’abord don de
la force divine, (2) qui mène à la foi en la révélation reçue, (3) d’où résulte le
témoignage en faveur de cette révélation, avec l’assurance finale είς ζωήν καί
φως χωρώ, toute cette suite semble confirmer le sens originel proposé par
K. Holl pour μάρτυς dans la langue chrétienne, cf. Ges. Aufsätze, I I , pp. 68 ss.,
103 ss. Le « témoignage » suppose une vue directe de Dieu (Christ) dans sa
gloire, une όμιλία avec Dieu (cf. ib., p. 73, n. 1, et p. 80), un don particulier de
force en conséquence de la vision (ib., p. 80).
(3) Poimandrès, p. 339. Cet aspect « prophétique » n ’est d’ailleurs pas
le seul, cf. t. IV, p. 212.
(4) Ainsi ai-je traduit dans l’éd. Budé (X III 6, p. 203, 1), cf. J o s., C. Apxon
Il 167 : Moyse a défini Dieu comme δυνάμει μέν ήμϊν γνώριμον, όποιος δέ κατ’ ουσίαν
έστίν άγνωστον (sur ce texte, cf. t. IV, ch. i). Mais on pourrait traduire aussi
avec Scott (qui supprime à tort καί ένεργεία : il s’agit de l’opération divine,
cf. E xc. III) : « a thing which can be apprehended only by divine power », ce
qui serait explicité ensuite par δεόμενον δέ κτλ.
SORT DE L’AME INCARNÉE 115
naissons icü ’alliance « vouloir et pouvoir » (cf. supra, pp. 110 s.), mais
appliquée à un degré supérieur de la Connaissance. Il ne s’agit
plus seulement de savoir en théorie qu’on est fils de Dieu, mais de
renaître positivement en Dieu, de devenir dieu, donc immortel
(X II I 14). Les Puissances mêmes de Dieu vont remplacer dans le
fidèle les puissances irrationnelles de la matière (X II I 7-12), en
sorte que, désormais, l’initié voit : « Père, je vois le Tout (ou toute
la vérité) et je me vois moi-même dans l’Intellect », X I I I 13 (1).
Sur quoi, en reconnaissance de ce don divin, Hermès chante un
hymne à Dieu, l ’hymne- des Puissances divines maintenant instal
lées dans l’homme (al δυνάμεις ai èv έμοί X I I I 15, p. 207.4;
18, p. 208.3). Hermès est capable de chanter cet hymne, car, régénéré
comme il est, il a pouvoir (δυνήσομαι X I I I 15, p. 207.2) de tout
comprendre, entendre et voir. Mais le disciple, lui aussi régénéré,
désormais entièrement pur (κεκαθαρμένος γάρ X I I I 15, p. 206.19),
veut offrir à son tour une eulogie à Dieu ( X I I I 21, p. 209.4). Il en
a maintenant le pouvoir (δύναμαι 209.3). Grâce à l’hymne chanté
par Hermès, il a été illuminé à plein (2). Il a reçu une vertu divine
qui l’investit de puissance (3).
Ainsi voit-on, aux diverses étapes de la révélation, des conditions
parallèles. Au premier degré, l’homme possédant virtuellement le
νους était capable, s’il vivait bien, d’entendre la Parole. Au degré
supérieur, le fidèle, instruit en partie de la révélation, est capable,
s’il s’est préparé, de renaître en Dieu. On notera ici un trait inté
ressant de la piété hermétique. Le don de force, nous l’avons vu,
est lié au témoignage : Hermès δυναμωθείς se met à prêcher. Mais
ce don conduit aussi à l’eulogie. Celui-qui est rempli de Dieu est
incité à remercier Dieu; et d’autre part celui-là seul chante bien
Dieu qui a été rempli de Dieu. Nous le constatons à toutes les
étapes. Avant même la révélation, les bons jouissent de la présence
divine ( v. infra) : alors ils connaissent toutes choses ( = ils reçoivent
la révélation) « et ils rendent grâces au Père par des bénédictions
et des hymnes », εΰχαριστοϋσιν εΰλογοϋντες καί ύμνοΰντες I 22
(14.15/6). De fait, à peine la révélation reçue, Hermès remercie
et loue le Père (εύχαριστήσας καί εΰλογήσας I 27, p. 16.17) et le Poi-1
(1) Ou « l’intellect » : r i παν 6ρώ καί έμαυτ&ν έν τφ νοt X I I I 13 (206. 3). Même
amphibologie que I 7 (9. 5) έν τφ νοί μου, cf. η. 17 ad loc. Pour « voir », cf. X 4
(114. 14) τφ δυναμένφ Ιδεΐν.
(2) έπιπεφώτισταί μου ό νους 209. 3 / 4 : pour la valeur de έπι-, cf. I Cor Γ' ’ 2
άρτι γινώσκω έκ μέρους, τότε δέ έπιγνώ σομα ι.
(3) της άρετης X III 22 (209.15) : cf. καθώς παρέδωκας αύτώ τήν - ' , . ,.r M
I 32 (19. 8).
116 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) άποκλείσω τάς εισόδους των... Ενεργημάτων 14. 20. άποκλείειν par lui-même
dénote le lait de · fermer la porte & », le complément à l’acc. désignant ce à
quoi on ferme la porte, cf. I Macc. 5,47 απέκλεισαν αυτούς (leur fermèrent la porte),
10. 75 άπίκλεισαν αυτόν, 11. 61 άπέχλεισαν (sans compl. d’objet). Dans cette
construction, le génitif των... Ενεργημάτων dépend de τάς εΙσόδους. L ’autre cons
truction possible (mais plus lourde) serait de couper après τάς εΙσόδους ( — τάς
πόλος) e t de faire dépendre των... Ενεργημάτων de τάς Ενθυμήσεις.
(2) Ενθυμήσεις έκχόπτων 14. 22 : cf. X II 3 (175. 7) άνηπράσσων αυτών τοΐς
προλήμμασιν, non pas tan t » préventions », comme j ’avais traduit, que » pensées
qui se sont emparées de l’îm e », cf. τό σώμα προάληαμένον ύπό νόσου 175. 8.
(3) έκκόπτων : cf. Mth. 5,30 et ή δεξιά σου σκανδαλίζει σε, (κκοψον αυτήν, Luc.
Catapl. (X V I) 24 : Cyniscus s’est montré nu à Rhadamante (cf. Gorg. 523 c ss.),
il paraît sain, sauf quelques restes de στίγματα et de nombreuses traces ό ’Εγκαύ-
ματα, ούκ οΐία 8έ όπως Εξαλήλιπται, μάλλον δέ ίκκέκοπται.
(4) Souvenir, sans doute, du fameux passage du Gorgiat 521 e 8 : le médecin
διαφθείρει τΐμνων τε καί χάων (cf. 480 C 7).
(5) ¿ξυφαφών semble un hapax (manque dans L. S. J .), ύφαιρεΐν paraît dans
la langue médicale dans le sens de < retrancher graduellement quelque chose
d’un régime », H ippocr ., V. M . 5 (3 9 .1 6 Heib.) ΰφειλον του πλήθεος τών σιτίων
αυτών τούτων.
SORT DE L’AME INCARNÉE 117
S
Cf. éd. Budé, App. B , pp. 138-140.
Cf. éd. Budé, notes 64-68 a d lo c. Ajouter F . Cumont, L ux P e r p é tu a ,
pp. 196, 204 ss.
(3) Cf. éd. Budé, p. 212, n. 36.
(4) Se. qui ne vivent pas selén l’intellect : ol ανόητοι ~ ot voüv ϊχοντες, cf.
Plat. Tim . 30 b 2 ηβρισκεν... oûSèv άνόητον τοϋ voôv ίχ ο ν το ς... κάλλιον tatαθαί
ποτέ έργον (et Taylor a d lo c., p. 80), C. H. IV 4 (50. 17), X 24 (125. 15) et
l’homme «νους d’Hermès d’après Zosime (cité éd. Budé, p. 55, n. 18).
(5) L ’expression revient chez Hermès a p . J . Lydus, cité éd. Budé, p. 334
(ad A s c l. 28).
(6) Ti) ρύμη τής όρέξεως 175. 18 = fci’ όρέξεις άπλέτους I 23 (15. 4).
118 LA RÉVÉLATION D’HERMËS TRISMÉGISTE
passions (1) et né sont jam ais rassasiées de mal faire (2). Elles
tombent donc sous le coup de la loi vengeresse (3). Cet intellect
qui coopère aux mauvais instincts de l’àme, qui laisse la bride aux
passions, ne peut être l’intellect humain puisque précisément les
ftmes sont dites n’avoir pas pris pour guide l’intellect (175.15). Il
s’agit donc, comme en I 23 et X 21, d’un intellect-démon qui
vient torturer l’âme en l’enfonçant davantage dans le mal; c’est
ce que confirment d’ailleurs les ressemblances de forme si frappantes
entre ce morceau et I 23 (4).
L ’ESCHATOLOGIE
I. Remarques préliminaires.
(1) Cf. déjà Cíe. Tuse. I 30, 72 qui autem se íntegros castosque servavissent,...
is ad Utos, a quibus essent profeeti, redilum facile patere. Tout ce passage s’inspire
littéralement du Phédon.
(2) Cf. Ah. Did., fr. 39, 4, p. 471.11 Dox. Gr. είναι Si ψυχήν έν τώ δλιρ φασίν
(les Stoïciens), b καλοΰσνν αΙθέρακαί άέμι τάς δέ λοιπάς ψυχάς προσπεφυκέναι
ταύτη, Son τ* έν ζφοις είσΐ καί όσαι έν - τεριέχονττ διαμένειν γάρ έχει τάς των
άποβανόντων ψυχάς. Cf. Waszink, p. 54 ’
(3) Plus utile pour nous le περί θανάτου jr 'imblique (Stob. I, 49. 43), sur
quoi v. infra, p. 12 ..
119
120 LA RÉVÉLATION D'HERMÈS TRISMÉGISTE
D’une part, il est naturel que, dans l’École, ce qui gardait chez Pla
ton la souplesse du mythe se soit figé en formules de catéchisme.
Le démiurge du Timée était une représentation fictive : il devient
le Second Dieu, pièce maîtresse de la théologie à partir du il» siècle
de notre ère. De même, c’est comme dogmes certains qu’Olym-
piodore, Proclus, Hermias, prennent et expliquent les mythes
eschatologiques du Gorgias, du Phédon, de la République et du
Phèdre. D’autre part, entre les tendances pessimiste et optimiste
qui, chez le maître, s’équilibraient encore, la balance n’est plus
égale. Pour toutes sortes de motifs, le pessimisme a pris le dessus.
Cicéron même en témoigne. Scipion, ayant entendu de βοή aïeul
que la vraie vie est notre vie posthume et que la vie présente est
mort (Somm. Scip. 3 vestra vero quae dicitur vita mors est) : « Hé
quoi », se plaint-il à son père Paulus, « pourquoi m’attarder sur la
terre? Pourquoi ne me hâter pas plutôt vers vous (1)? » Si donc ce
lieu terrestre est mauvais, il n’à pu être créé par le Premier Dieu
hypercoemique : on doit poser en principe un Second Dieu. Il en
va pareillement de la survie bienheureuse de l’âme. Ce n’était,
chez Platon, qu’une grande et belle espérance (πολλή b> ίλπίς είη
x*l καλή Phéd. 70 a 9), qui d’ailleurs exigeait des preuves bien
persuasives (ούκ όλίγης παραμυθίας Sevrai xat πίατεως 70 b 2).
Il faut, maintenant, que ce soit vrai, sans quoi l’homme ne trouvera
nulle part le bonheur pour lequel il est fait. Les mythes eschatolo
giques de Platon prennent ainsi valeur de dogmes, et c’est même
cette partie du système qui doit être le mieux assurée : de caelis
se devenisse credunt ta n ta p e rs u a sio n e quanta et illuc in d u b ita te
regressuros repromittunt.
(1) C’est à to rt que Norden,/. c., p. 43, cite l'E x c. X X V I en vertu du titre
περί έμψυχώσεως καί μετεμψυχώσεων : en réalité, il n’est pas traité de la métem
psycose dans la partie conservée de cet extrait.
(2) Cf. Norden, pp. 10 ss., à propos de c en tu m e r r a n t a n n o s (VI 329, cp.
Ascl. n u m er.i c o n p le t i 3 3 3 .8 ), des άωροι et des βιαιοθάνατοι. Voir aussi Norden,
H e r m e s , l. c ., pp. 372 ss.; F . Cumont, L ux P e r p é tu a , pp. 303 ss.
L ’ E S C H A T O L O G IE 123
Unde dicit novem esse circules Stygis, quae inferos cingit, id est
terrant, ut diximus supra. Servius renvoie ici à son commentaire du
v. 127 (p. 27.19 ss. Th.) : ergo harte terrant in qua vivimus inferos
esse voluerunt, quia est omnium circulorum infima, planetarum scilicet
septem, Saturni..., et duorttm magnorum (ciel des fixes et?) (1),
hinc est quod habemus (439) « et novies Styx interfusa coercet » : nam
novem circuits cingitur terra. Dans son commentaire (pp. 29 ss.),
Norden a justement défendu l’exégèse de Servius en rappelant les
novem orbes de Cicéron, Somn. Scip. 17 novem tibi orbibus vel potius
globis conexa sunt omnia, sc. le ciel des fixes, les sept Cercles plané
taires, l’air qui entoure la terre et qui représente la neuvième et
dernière révolution du Styx. Or nous avons la même doctrine
(moins le περιέχον) dans l’Ogdoade hermétique, c ’est-à-dire la
huitième sphère, celle des fixes, cf. C. H. I 26 (16.5), X I I I 15 (206.16
ss.). Si, à cette ogdoade, on ajoute, comme dernier cercle, la zone
de l’air atmosphérique entre la lune et la terre, on obtient l’ennéade
de Virgile : doctrine expressément enseignée C. H. X V I 17 (237.14
SS.) περί δέ τον ήλιον αί οκτώ είσι σφαΐραι..., ή τε των άπλανών, εξ των
πλανωμένων (six, puisqu’on ne compte pas le Soleil lui-même), κα ί ή
μ ία ή π ε ρ ίγ ε ιο ς (2).
Je reviendrai plus loin (pp. 133 ss.) sur le péan des bienheureux
dans l’Elysée virgilien (V I 657) et le parallèle hermétique C. H.
I 26.
(1) Je doute que Servius ait bien compris sa source. II y a un cercle plus
grand que les sept cercles planétaires, celui des étoiles fixes, et il y a un cercle
plus petit que ces cercles plané’.'. ?s, mais plus grand encore que la terre, c ’est
le cercle de l’atmosphère qui ure la terre. Mais on ne voit pas ce que
seraient deux cercles plus g r . me le ciel planétaire, à moins d’entendre
(sie Nordeo · et Pécliptiqv.·
(2) Cf. J Lehren, p. "05.
124 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(C. H. 1 12 bs.), car ce qui remonte au ciel est cela même qui en était
descendu, l’Homme céleste d’où est issu le νοϋς humain (I 26).
Cette division est oelle-là même qu’avait adoptée Jamblique à la
fin de son περί θανάτου, qui forme la deuxième section de la troi
sième partie du περί ψυχής (I 49.43, t. I, pp. 383/5 W.). Après
avoir exposé le problème physique de la mort, il se demandait ce
que devenaient, à la mort, les diverses parties de l’âme. Ce qui
concerne le sort du νοϋς a disparu. 11 ne reste que deux paragraphes,
l’un sur Γάλογον de l’âme (I, p. 384.19-28), l’autre sur le corps
astral (περιβλήματα, ίχήματα : I, p. 385.1-10).
Dans cette analyse de I 24-26, j ’ai réparti le sujet en un certain
nombre de « questions disputées » dont il peut être commode de
connaître aussitôt la liste :
I 24 | y ^
! Les sens
/ Montée du νους à l’Ogdoade
\ Chant des Bienheureux
1 26 < Réception des élus par les Bienheureux
I Assimilation des élus aux autres Bienheureux
\ Assimilation aux Puissances et entrée en Dieu.
II. L'eschatologie du C. H. I.
1. Plan du morceau.
(1) Déjà indiquée par J . K role , Lekren, p. 297 : » Oftenbahr ist hier die
Anschauung, nach welcher die niederen Seelenteile zurückbleiben, das λογικόν
μέρος aber sich zum Himmel schwingt, eingeschoben in die andere Vorsteliung,
dass die Fehler und Laster in uns von den Planeten stammen ». De même
R eitzenstein, Poimandres, p. 51 : « Wieder sind zwei Fassungen durch-
einander gewirrt ».
(2) Ainsi Scott qui, II, pp. 57 s., propose τό πν:ϋμα τώ άέρι παραδίδως.
126 LA RÉVÉLATION D'HERMÈS TRISMÉOISTE
μεναι εις τάς ένεργείας, καί ό θυμός καί ή έπιθυμία εις τήν άλογον
φύσιν χωρεϊ.
A la mort donc (1),
le corps lui-même est livré à l’altération
la figure extérieure disparait
1’ήθος désormais inefficace est livré au démon
les sens du corps retournent à leurs sources respectives (pour
la suite, voir infra, p. 129).
l’irascible et le concupiscible s’en vont à la nature sans raison.
Les troisième et quatrième propositions font seules difficulté :
quel est cet ήθος livré au δαίμων? Quelles, ces « sources » auxquelles
retournent les sens?
A. Ζ,’ήθος.
J ’ai déjà rapproché plus haut (p. 121) ce passage du vers de Virgile
(VI 743) Quisque sm s patimur mânes, ainsi traduit par Norden
(p. 32) : τόν έαυτοϋ έκαστος τις δαίμονα πάσχομεν. Norden compare
Pkéd. 107 d 5 λέγεται δέ οδτως, ώς άρα τελευτήσαντα έκαστον ό έκάστου
δαίμων, δσπερ ζώντα εΐλήχει, οδτος άγειν επιχειρεί είς δή τινα τόπον,
οΐ δει τούς συλλεγέντας διαδικασαμένους είς “Αιδου πορεύεσΟαι μετά
ήγέμονος εκείνου φ δή προστέτακται τούς ένθένδε έκεϊσε πορεϋσάι.
L a notion du δαίμων qui nous prend en charge dès la naissance
est commune depuis au moins Héraclite — le fr. 119 ήθος άνθρώπω
δαίμων en est déjà une interprétation rationaliste et donc la suppose
— et se retrouve chez Lysias, Ménandre, Théocrite, etc. (2). Elle
est banale dans l ’hermétisme, cf. C. H. X V I 15 (236.18) γενόμενον
γάρ ημών έκαστον καί ψυχωθέντα παραλαμβάνουσι δαίμονες κτλ. Que
ce démon qui nous a pris en charge à la naissance conduise l’âme,
après la mort, au lieu qu’elle mérite, Platon déjà l’enseigne. Cela
devient un dogme traditionnel, mais qui peu à peu se complique.
Selon Servius, in Aen. V I 743 (p. 105.5 Thilo), nous avons deux
démons, l’un bon, l’autre mauvais : nam. eum nascimur, duos genios
sortimur: unus est qui hortatur ad bona, aller qui dépravai ad maXa.
q u ib u s a d s is te n tib u s p o st m ortem a ut a d se rim u r in m elio -
rem vitam , aut co n d em n am u r in d e te r io r e m : per quos autvaca-1
(1) έν τΐ) άναλύσει τού σώματος. Non pas tant la dissolution du corps lui-même
(comme éd. Budé et Scott) que la séparation de l’âme et du corps, λύσις est
pris dans le même sens, chez Ps. Clément, p. 7. 25 Frankenberg (Die syriachen
Clementinen mit grieckisckem Paralleltext, T ü 48, 3, Leipzig, 1937) : έχθραίνειν
γάρ τ4 θειον λεγουσιν iiti τοΐς τη λ ύσ ει θανύντων σωμάτων σκύλλουσιν τάς
ψυχάς. De même Acta TKomae 160, p. 271. 25 as. Bonnet : οδτος 8 i i νομιζύμενος
θάνατος οόκ έστιν θάνατος, άλλά λύσις άπ4 τού σώματός έστιν 8ι6 χαίρων δέχομαι
τή ν το ια ύτην λύσιν τόΰ σώ μ α το ς.
(2) Cf. Burnet ad Phaed. 107 d 6 ό έκάστου δαίμων.
L ’E S C H A T O L O G IE 127
(1) Cité (en partie) Norden, p. 32, n. 1. Norden cite aussi Plut, de Gen. Socr.
22, 992 BC, mais ce texte me semble sans rapport avec la présente doctrine
(conduite de l’âme p . d é m o n à son de: ■ . posthume'.
(2) Cf. traduction tes, infra. on
(3) Cf. la traducti ce pass . infra, p. 236,
128 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
B. Les sens.
« Les sens reviennent à leurs sources respectives. » Scott (II,
pp. 58-59) veut retrouver ici la doctrine bien connue de Γήγεμονικόν
stoïcien. Pour les Stoïciens, la sensation est un πνεύμα issu de Γήγε
μονικόν et qui se diversifie selon les divers organes sensibles aux
quels il parvient. A la mort donc, les facultés sensitives se résor
beraient dans le seul et même ήγεμονικόν. Cette interprétation
ne me parait pas juste. D’abord parce qu’il y a le pluriel (είς τάς
έαυτών πηγάς). Ensuite parce que Γήγεμονικόν est le λογιστικόν
μόριον de l’âme, c’est-à-dire l’âme encore, et que le contexte semble
indiquer plutôt que les parties de Γάλογον retournent à la nature
universelle d’où elles tirent leur origine (θυμός et έπιθυμία vont à
Γάλογος φύσις). Enfin et surtout parce que cette doctrine ne serait
guère accordée à la conception dualiste qui inspire tout le morceau.
T out ce qui ressortit à la matière, et donc aussi les sens, va rejoindre
la m atière; puis l’homme spirituel, λόγος ou νους, débarrassé de ces
-vêtements matériels (γυμνωθείς 16.4), se rend à l’Ogdoade, qui lui
eet apparentée : comment croire, dès lors, que les sens se résorbent
dans le λόγος (ήγεμονικόν) puisque les πνεύματα sensibles sont liés
par définition aux organes du corps et qu’au ciel il n’y a plus de
corps P Ajoutons que la suite du texte (μέρη γινόμεναι etc.) ne se
comprend pas bien non plus dans l’hypothèse de Scott. Il faut
tenter une autre voie.
S ’il y a plusieurs sources (πηγαί ) pour les sens, on incline d’emblée
A établir une correspondance entre les cinq sens et les cinq éléments
du monde, les quatre d’Empédocle, plus l’éther. C’est une doctrine
-classique que celle de la συγγένεια entre le sens de la vue et le milieu
lumineux par l’intermédiaire duquel on voit. Platon appelle la vue
le plus « solariforme * de nos sens (ήλιοειδέστατον... των περί τάς
αισθήσεις όργάνων Rép. V I 508 b 1, cf. toute la discussion depuis
507 d), et une δόξα d’Aétius relative à Platon explique le phénomène
de la vue comme une rencontre entre les rayons visuels issus de
l’œil et les rayons lumineux issus de l ’objet (Aét., IV 13, 11,
p. 404.7 D. Πλάτων κατά συναύγειαν). L a correspondance entre
éléments et sens est ensuite étendue par Aristote à d’autres sens
{de an. I I I 1 ,4 2 5 a 3 ss., de sensu 2 ,438 b 16 ss.). Dans le de anima,
la pupille de l ’œil est faite d’eau, milieu transparent (ή μέν γάρ κόρη
ύδατος de an. 425 a 4, καί εύλόγως τό έντός έστιν υδατος de sens. 438 b 5,
του μέν δμματος τό όρατικόν δδατος ύποληπτέον ib. 438 b 19), l’oreille,
d ’air, l ’organe olfactif, de l’un ou de l’autre, le feu est commun à
L ’E S C H A T O L O G IE 129
3 ) Q u i c o n s i s t e à id e n t i f i e r π η γ α ί e t έ ν έρ γ εια ι : « D ie α ισ θ ή σ εις g e h e n in ih r e m
U r s p r u n g ,« ! d e n έ ν έ ρ γ ε ια ι,a u f », R e itz e n stein , Poimandres, p p . 5 1 s. (e n n o t e :
» W o h l d e n έν έρ γ εια ι d e r E le m e n t e ») ; » D ie m i t d e m K ö r p e r v e r b u n d e n e n S in n e s
k r ä f t e g e h e n in ih r e m U r s p r u n g , d ie έν έ ρ γ ε ια ι, z u r ü c k », I n . , Studien, p p . 2 6 s .
( e n n o t e , r e n v o i à u n e d o c t r in e ir a n ie n n e ) .
(4 ) C f. I I I 1 7 - 2 3 e t Intr., p p . x x x i - x x x v i ; J . K roll , Lehren, p . 2 8 9 .
LA h é v é l a t io n d ’ h ï r n è s t r i s m é c i s t e . — III. 10
130 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
I 26. καί τότε γυμνωθείς άπό των τής αρμονίας ενεργημάτων γίνεται
επί τήνόγδοατικήν φύσιν, την ιδίαν δύναμινέ'χων, καίύμνεΐσυντοϊςούσι (?)
τύν πατέρα· συγχαίρουσι δέ οί παρόντες τή τούτου παρουσία, καί
ομοιωθείς τοΐς συνοϋσιν άκούει καί τινων δυνάμεων υπέρ τήν όγδοατικήν
φύσιν ούσών (3) φωνή τινι ήδεία ΰμνουσών τόν θεόν· καί τότε τάξει ανέρ
χονται προς τον πατέρα, καί αύτοί εις δυνάμεις εαυτούς παραδιδόασι,
καί δυνάμεις γενόμενοι έν θεοί γίνονται, τοΰτό έστι τύ άγαθον τέλος
τοΐς γνώσιν έσχηκόσι, θεωθηναι.
« E t alors, dépouillé des vêtements produits par l’armature des
sphères, il (4) arrive au monde de l’Ogdoade, en possession désormais
de sa propre qualité; il chante avec les Êtres (?) des hymnes au
Père et toute l’assistance se réjouit avec lui de sa venue. Devenu
semblable à ses compagnons, il entend aussi certaines Puissances
établies au-dessus du monde de l’Ogdoade qui, d’une voix suave
particulière, chantent des hymnes à Dieu.
Alors, en bon ordre, ils montent vers le Père et se remettent eux-
mêmes aux Puissances; et, devenus Puissances à leur tour, ils
entrent en Dieu. Tel est le terme fortuné pour ceux qui possèdent
la gnose, avoir été fait Dieu. »
L’ascension finale comporte deux étapes. Tout d’abord, le νους
parvient au cercle des fixes où il retrouve d’autres bienheureux.
Puis, tous en bon ordre montent encore plus haut, par delà le cercle1
(1 ) S c o t t a v a i t e n p a r t i e v u le s e n s (« a n d e n t e r in g i n t o f r e s h c o m b i n a t i o n s
t o d o o t h e r w o r k »), m a i s l ’a d d iti o n μ έρ η < τ ο ΰ κ ό σ μ ο υ > e s t m a u v a is e e t l a
c o r r e c t io n ε ις Γτάς| < έ τ έ ρ α ς > έ ν ερ γ εία ς in u t il e . R e i t z e n s t e i n , q u i a v a i t s u p p r im é
τ ά ς (Poimandrès, 3 3 6 . 9 ) , le r e s t i t u e Studien 1 5 9 . 3 .
(2 ) C f. e n d e r n ie r lie u F . C umont, Lux Perpétua, p p . 1 8 5 s s . A u t r e s r é f é
r e n c e s é d . B u d é , p . 2 5 , n . 6 3 . V o ir Addenda.
(3 ) ο ύ σ ώ ν a é t é o m is p a r e r r e u r d a n s l ’é d . B u d é . P o u r ό γ δ ο α τικ ή ν , R e i t z e n s t e i n
c o n j e c t u r e v r a i s e m b l a b l e m e n t ό γ δοα δ ικήν.
(4 ) L e s u j e t d e γ ίν ε τ α ι, ύ μ ν εΐ, ά κ ο ύ ε ι n ’e s t p a s in d iq u é : c ’e s t l ’ h o m m e
s p i r i t u e l o u le νους r e n d u à s a p u r e e s s e n c e . P l u s l o i n , l e s u j e t d e ά ν έρ χ ο ν τα ι,
π αρ α δ ιδ ό α σ ι, γ ίν ο ν τα ι, e s t to u s le s b i e n h e u r e u x d e l ’ O g d o a d e .
L ’E S C H A T O L O G IE 131
(1) V ollmer, p. 526, cp. Ps. P l a t . Axioch. 371 c 8 είς τόν των ευσεβών
χώρον οίκίζονται, ένθα... κύκλιοι χοροί καί μουσικά άκούσματα. '
(2 ) S u r c e t h è m e , c f . O. W e in r e ic h , Genelhliakon W. Schmid, 1 9 2 9 ,
p. 297.
' (3) S u r c e r é c i t , c f . H olland , l. c., p p . 2 0 7 /8. E n l i s a n t στεΐχε < * ’ > ε ί ς ρύρα-
νύν, o n o b t i e n t u n t é t r a m è t r e c r é t i q u e c a t a l e c t i q u e , H o lla n d , p . 2 0 8 {ib.
p o .u r l e p o é t iq u e στεΐχε). L e g é n . γ ά ς e s t p o s s ib l e « ά π ό > γ ά ς R e i t z e n s t e i n , Belle-
nistische W underenàhlungen, L e ip z i g , 1 9 0 6 , p . 4 9 ) , H olland , ib., p . 2 0 8 .
(4 ) E t n o n p a s c o m m e u n c h œ u r d e v ie r g e s q u i, s u r l a t e r r e , c é l é b r e r a i e n t
p a r le u r s c h a n t s l a m o n t é e d ’ A p o llo n iu s . C f. H o lla n d , p . 2 0 8 . M ê m e i n t e r
p r é t a t i o n K . H oll , Gesamm. A ujs., I l , p . 2 6 7 , n . 1 , q u i r a p p e lle q u e le t r a i t
e s t h a b i t u e l d a n s le s lé g e n d e s c h r é t i e n n e s . N o u s l e r e t r o u v e r o n s p lu s l o i n .
(5) K roll, de Or. ch., p. 54, c i t e e n c o r e P rocl ., Chald. Phil., p. 193. 12
P i t r a ύμνον ο5ντώθε£> τούτον άναΟωμεν, τήν είς αυτόν έξομοιωσιν' ( j e l i r a i s έξομολό-
γησιν, ι h y m n e d e g r a t i t u d e »)· καταλίπωμεν τήν ό*ο»σαν ουσίαν, έλθωμεν έ π ί
τόν άληθή σκοπόν γνωρίσωμεν τόν δεσπότην, άγα7ΐήσωμεν τόν πατέρα κτλ.
(6) J . K roll, Lehren, p. 309.
L ’E S C H A T O L O G IE 13$
(1) · W e n ;· e s d ie δ υ ν ά μ εις s in d , w e lc h e in 1 e r h ö c h s te n S p h ä r e s in g e n , s o
l i e g t s ic h e r l ic h d ie jü d i s c h e V e r b i n d u n g d e r E n g e l m i t d e n p l a n e t a r i s c h e n
G o t t h e i t e n v o r >, ib.
(2 ) JVekyia*, p p . 3 6 / 7 .
(3 ) T r a d . d e K o r b e s e t C h a r le s ap. R. H. C h arles , Apocryphe... of the
OÙ Test., I I , p . 4 3 4 . S e l o n F o r b e s , ib., p . 4 2 $ , l ’o u v r a g e d a t e r a i t d u d é b u t d e
n o t r e è r e e t s e r a i t d û à u n ju i f h e l lé n i s a n t d ’E g y p t e .
(4 ) D a n s le t r a g m e n t ,e l’a p o o r v V · <pocalvpse de Sophonias c i t é p a r
C lé m e n t, Strom., V 11 le p r o p h è t e , . a u <: îq u iè m e c ie l, v o i t l e s a n g e s
a p p e lé s κύριοι a s s is ■ . -s t r ô n e s s e p t l o i s p lu s - ¡ lia n t s q u e l a lu m iè r e d u
136 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
?
ue je cite d ’après cet ouvrage, Jam es traduisant le texte latin (édité par
âmes, Apocrypha Anecdota I, Cambridge, 1893, que je n’ai pu consulter)
plus complet que le texte grec publié par Tischendorf, Apocalypses apocryphae,
Leipzig, 1866, pp. 34 ss. Ainsi, pour  p . Paul. 14, le grec a simplement (p. 46.
15 Tisch.) καί έγένετο φωνή ώς μυριάδων λέγουσα κτλ. L a mention du chant
en 23 et 28 manque dans le grec. D’une façon générale, le texte grec est plus
court et p araît un abrégé. Noter le τόποι; « petitesse de la terre » (t. II, pp. 446 ss.),
c. 13, p. 41. 9 Tisch. ( = p. 530 James) xod είπεν πρός με ό άγγελος· « βλέψον είς
τήν γην », καί έβλεψα, καί 18ον δλον τόν κόσμον ώς ο ΰ ίέν Ινώ π ιόν μου
έκ λελ ο ιπ ό τα . καί είπον τφ άγγέλω' «τοϋτό έστιν τό μέγεθος τών άνθρώπων; » καί
είπέν μοι· « ναι». Ce curieux écrit’mériterait une étude (date ive s. ap. J.-C .).
L’ESCHATOLOGIE 137
νεώτερος έγεγόνειν καί ήρξάμην καί αυτός παίζειν μετ’ αυτών (sc. les
vierges célestes, dites plus loin δυνάμεις του υΐοϋ του θεού I X 13, 2,
ν. infra), αί μέν γάρ έχόρευον, αί δέ ώρχοϋντο, αί δέ ήδον. Μart. Perp.
12, 1 (ρ. 40.30 ss. Knopf-Krüger) : Saturus rêve que lui-même
et Perpétua sont conduits au ciel; des anges les invitent à entrer
et à saluer le Seigneur : et venimus prope locurn cuius loti parietes
taies erant, quasi de luceaedificati; ...et introivimus et a u d iv im u s
vocem u n itam d icen tem « Agios, agios, agios » s in e c e ss a tio n e
(cf. συνεχώς Héc. Abd.,s«pra,p. 135, et, pour letrisagion, HénochZO. 12,
Apoc. Joh. 4.8). Hippolyte, Ref. V I 31,8 (p. 159.23 ss. Wendland)
άνέδραμεν άπό τής μεμορφωμένης 6 Χριστός... πρός τόν Νουν καί τήν
’Αλήθειαν, εντός του όρου μ ετά τω ν άλλων αΙώνων δοξάζων τόν
Π ατέρα (1). Sur ce chant des Eons, cf. Iren. I 2, 6 (p. 22 Harv.)
στηριχθέντα δέ έπ! τούτω τά ίλα ( = tout l’ensemble des Eons) καί
άναπαυσάμενα τελέως (cf. G. Η., IX 10, 100.23, X I I I 20, 228.21)
μετά μεγάλης χαράς φησιν (Valentin) ύμνήσαι τόν Προπάτορα,
πολλής εύφρασίας μετασχόντα.
(1) Texte cité par Scott, Π , p. 65. Il s’agit de la gnose Valentinienne, cl.
Ref. VI 29, 1 ss.
. (2) Sur ce développement qui sent la rhétorique, cf. G. C olin , R E G .,
L I, 1938, pp. 324 ss.
138 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) Cf. V ollmer. ad toc., p. 509, cite Culex 261 SS. obvia Persephone comités
heñidas urguet adversas prseferre faces.
(2) J ’entends comme F . P lessis, Epitaphes (Paris, 1905), p. 196 augete
numero Romano... Graio.
(3) Sc. in ou ad sedes, cl. P lessis, p. 253.
L’ESCHATOLOGIE 139
p l ? ; V. gr. Carm. epigr. 1530 B ibis in optatas sedes, nam luppiter aethram |
pandit, Feste, tibi candidus, ut venias, | iamque venis : tendit dextras chorus inde
deorum, |et toto tibi iam plauditur eece polo (cf. συγχαΐροιισι C. H. I 26) : épitaphe
du païen Ru (lus Festus (fils du poète Festus Avienus), sous Valens, cf. P. W. VI
2257 (n ° l l). Pour la formule « avec les dieux», Holland, l. c., p.209, cite Kaibèl
243. 5 μετά δαίμονας £λλους, 652. 2 s. σύνεδρος άθανάτων, 654.5 θεών μέτοχος, 312.4
καί με θεών μακάρων κατέχει δάμος ϊσσον Ιόντα, 8 τειμή δ’ έκ Διός έστι σύν άθανίτοισι
■θεοϊσι, Anth. ΡαΙΛ Π 570.3 s. άθάνατοι μέν αυτόν (χουσι θεοί (épitaphe du proconsul
Dulcitius, sous I '¡η). Encore doit-on remarquer que la formule est banale et
n’implique pas Ale-mime, une foi sincère : Callimaque a δαίμονες of μ’ Ιχετε
(Anth. P u . v T i), Théocrite θείοισι παρ’ άνβράαι (V II659. 3), Dioscoride (fin
n i· s salue h omme θεοϊς Ιαμ (VII 407. 9), Antipater de Sidon
(il· . J .-L..) dit que les princes sont conduits par Zeus è l’Olympe (VII
140 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
pas grande (1). Les morts sont assimilés aux δαίμονες et il n’est
pas rare qu’un défunt soit nommé « dieu » (2). On conçoit dès lors
que les épitaphes mentionnent cette foule des « âmes déesses »,
comme dans l’inscription de Doura Europos où la femme de Ju
lius Terentius les invite à accueillir son époux au ciel : δν ψυχαί
δέξασθε (δέξασθαι lap.) θεαί (3). Voilà peut-être, chez les païens,
l’équivalent le plus exact de notre συγχαίρουσι οί παρόντες τή τούτου
παρουσία. Bien proche aussi le texte de Philostrate ( V. Ap. V III 30 :
supra, p. 134) où les vierges célestes invitent d’en haut Apollonius
à venir les rejoindre. Noter en outre que les ήρωες dont traite YHe-
roicus de Philostrate sont dits « âmes divines », Her. I 12 ψυχαΐς γάρ
θεία ις οΰτω καί μακαρίαις άρχή βίου το καθαρεϋσαι του σώματος
(sc. la mort)· θεούς τε γάρ, ών οπαδοί είσι, γιγνώσκουσι τότ’ ούκ άγάλ-
ματα θεραπεύουσαι καί ύπονοίας, άλλά ξυν ουσίας φανεράς πρύς αύτούς
ποιούμεναι, τά τε των άνθρώπων όρώσι.
241. I l s .,c f . Ennius, fr. 69 Baehr. Romulus in caelo cum dis genitalibus aevom
degit). Cependant, an iv · s. de notre ère, l’expression peut être prise au sérieux,
dans le cas du païen Dulcitius comme de cet Andréas (chrétien?) célébré V II
673. 3 s. Άνδρέα, σύ ζώεις, ού κατθάνες, άλλα σέ χώρος | άμβροτος άθανάτω ν
ά γίω ν ϋπεδέκτο.
(1) Cf. C. B . W e l l e s , I. c., ρρ. 90/2.
(2) Cf. avec W e l l e s (p. 91) Çarm. epigr. 975. 4 (époque d’Auguste) viva
anima deus sum, 1109. 16 desine flere deum, 31 die Nepos, 43 >ed quicumque
deus quicumque vocaberfis héros], Kaibel 314 τέκνωγλυκυτάτψ καί 0e<j>Ιδίω έπηκόψ,
SEG V III 4 7 4 .2 ίγνων ώς Θε4ς έξεγένου (il y a ici, au vrai, une circonstance parti
culière : Isidora s’est noyée dans le Nil et elle est donc révérée comme une
Nymphe, cf. S. Eitrem , A R W , X X X I V , 1937, pp. 313 ss., en particulier 316 ss.).
J . H . Si. X I X (1899), p. 127, n° 142 réxvcpθεώ μνήμην,Μ Α Μ Α , V, 232 πατρίθεφ,
ib. IV 362 : Philoxénos honore ses père et mère τούς θεοϊς Ισους 1.4 /5, cf. ναίροιτε...
èv θεοϊς θεοί 1. 8 (l’éditeur W . M. Calder renvoie là à son article. Rev. Phüol.
X X X V I , 1912, p. 52 [Inscriptions d'Iconium], à propos de l’alliance de
l’épitaphe et du βωμός, ce qui indique un culte du mort divinisé). Ajouter
E ngstrôm , Carm. lat. ipigr. 268. 2 [puros quoi] voltus tu dea [restituis] : la
morte a été changée en Nymphe, cf. 1. 6.
(3) W e l l e s , l. c., p. 8 0 ,1. 7 /8 . Le même (p. 86) cp. l’inscription de Tomi,
L . R o b e r t , Gladiateurs dans l'Orient grec (Paris, 1940), p. 102, n° 41. 8 /10,
mais je laisse cette épitaphe dont le texte et le sens me paraissent trop incer
tains.
(4) C. H. 1 18 (13. 7) 4 8è θεύςεύθύς είπενάγίω λόγφ- « Αύξάνεσθε έν αυξήσει καί
πληθύνεσθε έν πλήθει κτλ. ». Même formule C. Η. III 3 (45.10) είς τ4 αύξάνεσθαι ίν
αυξήσει καί πληθύνεσθαι iv πλήθει: cf. Gen. 1 ,2 2 .2 8 ,8 ,1 7 et 9 ,1 . 7 (ces trois der-
L’ESCHATOLOGIE 14t
niire8 références concernent Noé après le déluge). Même alliance αύξάνω — πλη-
θύνω Gen. 17, 20; 35, 11- ; 48, 4, Ezod. 1, 7. En aucun de ces passages la Bible
n’a la forme emphatique βύξ,έν αύξήσει, πλ. έν π λή θει : il n’est donc même
pas sûr que la citation soit directe. Il y avait beaucoup de Juifs dans l’Empire
romain, particulièrement à Alexandrie (noter l’influence juive sur les papyrus
magiques), et il est donc possible que l’hermétiste reproduise par oui-dire une
expression courante chez les Juifs où le mot de la Genèse aura été contaminé
par une autre formule biblique (cf. έηληθύνΟηοαν είς πλήθος 1 Chron. 4, 38).
Ou encore, avec Scott (II, p. 53), on peut supposer « that the writer’s more
immediate authority was not Genesis itself, but some document based on a
Semitic original in which the words of Genesis were paraphrased or expanded >.
En tout cas, de cette seule expression, on ne saurait conclure à une influence
juive profonde, et ce qu’en veut tirer C. H. Dodd, The Bible and the Greeks,
pp. 164 es. me parait exagéré.
(1) J . Kroll est le plus décidé, Lehren, pp. 77 s. (après avoir résumé la
doctrine hermétique des δυνάμεις pp. 76 s.) : « Aus diesen Gedanken spricht
der reine Philon, nur von ihm und gant aUein von ihm aus sind diese herme
tischen Vorstellungen erklärbar », p. 309 : « Wenn es die δυνάμεις sind, welche
in der höchsten Sphäre singen, so liegt sicherlich die jüdische Verbindung der
Engel m it der planetarischen Gottheiten vor » (c’est moi qui souligne). Scott,
II, pp. 66 s., se borne à faire les rapprochements sans affirmer la dépendance.
Dodd, l. c., p. 110, dit simplement : « The conception of divine δυνάμεις at any
rate he (l’hermétiste) shares with Hellenistic Judaism ». Le même (p. 17)
cite des exemples païens de δόναμις personnifiée et observe : « W e recognize
here the monotheistic tendency to represent the gods of polytheism as aspects
or agencies of the one supreme Being ».
142 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TR1SMÉGISTE
(1) Dans l’Apoc. Petri, v. 18 άγγελοι Si περιέτρεχον αύτοΰς (les élus) htsiae,
Holland a, je crois, bien vu le sens de περιέτρεχον (Le., p. 218, n. 1) : « Geleit und
Dienstbereitschaft der Engel für die Seligen ».
L’ESCHATOLOGIE 143
(2) ’ χρίσει xal τή κατ’ άξίαν δίκη, OÙ δίκη = « châtiment » et non « verdict »
(comme dans tr. Budé), cf. J ambl. π. ψ., p. 454. 24 W . τύ τής κρίσεω ςλέγω ,
τύ τής δίκης έργον, τύ τής καθάρσεω ς (trad. et commenté infra, pp. 240 ss.).
(3) υπηρεσία a presque valeur technique dans le cas des δαίμονες, cf. J ambl.
de myst. I l 7, p. 85. 1 ss. Parth. πάντα τά γένη ταϋτα τάς οίχείας τάξεις έπιδει-
κνύουαιν άμα μεθ’ έαυτών... καί τάς λήξεις έν αίς ένοικοϋσι παραδεικνύουσιν, άέρισν
μέν πυρ οΓ άέριοι, vOôvtov δέ... οί χθύνιοι, λαμπρύτερον δέ οί ουράνιοι έπιδεικνύ-
οντες" έν αύτοις δέ τουτοις τοϊς τρισίν οροις τριπλής τάξεως... ίλα τά γένη κατενείματο,
τά μέν τών θεών..., τά δέ τών άγγέλων;.., ύπη ρετικά δέ το ύτο ις τά τών δαιμό
νων έπιφαινόμενα καί τά τών ήρώων διακονικά ώ σαύτως, I 5, ρ. 16. 12
Ρ . τής δέ τών θεών (τάξεως νόει) έξηρτημένην τήν τών δαιμόνων μακρφ δή τινι
καταδεεστέραν αυτής συνακολουθούσαν, άτε δή ού πρωτουργύν οδσαν, υ π η ρ ετι
κήν δέ τιν α τή ς άγαθής βο υλή σ εω ς τών θεών συνεπομένην, P bocl. El.
Theol. 110, ρ. 98. 6 ss. Dodds τά μέν έστι συγγενή πρύς έχεΤνα (sc. les tout
premiers termes de la σειρά), φύσιν έν τή σφετέρα τάξει λαχόντα κρείττονα καί
θειοτέραν (ce senties dieux), τάδέ πορρώτερονπροελήλυθε, δευτέραν καί ύπηρε-
τικ ή ν άλλ’ ού πρωτουργύν καί ή γεμονικήν έν τή σειρμ πάση κεκληρω-
μένα πρόοδον (ce sont les δαίμονες).
(4) Les différences ne portent que sur des détails. Il n’est pas question
en X de vêtements des sphères ni d’ascension à travers les sphères, en sorte
que la vestition se fait aussitôt (ευθύς) et non au terme d’une remontée.
LA stV ilA T IO N d ’ iie r m è s t k i s x é g i s t e . --- lit. 11
146 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) ol δέ οΐκήτορες τού τύπου έχείνου ένδεδυμένοι ήσαν ένδυμα άγγέλων φωτει
νών καί δμοιον ήν τΑ ένδυμα αυτών τή χώρα αυτών, ci. ν . 15 4 κύριος έδειξέ μοι
μέγιστον χώρον έκτΑς τούτου του κύσμου υπέρλαμπρω ν τφ ρω τί.
(2) Cf. supra, p. 142, n. 1.
(3) Nekyia*, pp. 19 ss., en particulier p. 29.
(4) IV 566 ss., cf. la description de l’Olympe V I 43 ss.
(5) δψη... κατερχόμενον θεΑν υπερμεγέθη φωτινήν ίχοντα τήν βψιν..., χρυσοκδμαν
t* χιτώνι λευκφ χαίχρυσφ στεφάνω : voir aussi 635 s. δψη 6εΑ» νεώτερον... πυρινύ-
τρικα, έν χιτώνι λευκώ καί χλαμΰδι κόκκινη έχοντα πϋρινον στέφανον.
L’ESCHATOLOGIE 147
(1) Cité comme d’un anonyme par P fister , P. W., Suppl. Bd., IV 319.
18 ss. S chmid-St Xhlin (II, pp. 501, 515, 1011) ne paraissent pas mettre en
doute l’authenticité. Traduction de P. F oucart, Myst. d'Eleusis (Paris, 1914),
p. 393, que je reproduis légèrement modifiée.
150 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) Pour le bon ordre de la procession des mystes, et. l’inscription lies-
peria, X , 1941, pp. 65 ss., n° 31 {v. L. Robert, HE G, LV II, 1944, pp. 202 s.). —
Pour èv τάξει, cf. P lat ., Lois, I, 637 e 6 ss. : les Perses s’enivrent volontiers,
mais d’une manière plus ordonnée que les autres peu,.‘.es, Πέρσαι δέ σφόδρα μέν
χρώνται καί ταϊς άλλαις τρυφαΐς..., ίν τά ξει δέ μάλλον τούτων. On a τάξει. comme
ici, dans la lettre du proconsul Cassius à la cité de Nysaea, SylP. 74 ' 11 s.
περί τούτου του πράγματος άπεκρΙΟην καλώς aùrèvπεποιηκέναι καί - édi
teurs l’expliquent comme une traduction du latin ordine. C’est p ans ce
cas puisqu’il s’agit d’un Romain, mais C. H. I 26, où toute in .e du latin
est a exclure, montre que cet emploi peut être aussi purement ¿iec.
152 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÊGISTE
C. H. J.
C. H. X I I I
(1) χαϊρε λοιπόν, ώ τέκνον, άνακαθαιρόμενος ταϊς τού θεού δυνάμεσιν, είς ουνάρθρωσιν
τοϋ Λόγου X I I I 8, ρ. 203. 21 s. Cp. F irm. Ματ . deerr. pr. r. 19, 1 (p. 47. 4 Ziegler)
άι]8ε νυμφίε, χαϊρε νυμφίε, χαϊρε νέον φως (sur quoi cf. Dieterich, Mahraslit., p. 214
n° V I; Cumont, CR A l . 1934, p. 108) et acclamations mithriaques commençant
par Nama dans les mithréums de Doura (cf. Cumont, C R A I, l. c., p. 105,
Prel. Reports V II/V III, 1939, pp. 87, 104, 118, 119 ss.) et de 8 . Prisca à Rome
(cf. A. F errua , Il mitreo di S. Prisca, Rome, 1941, pp. 17 ss.).
(2) L ’expression est étrange, car le contraire de cette γνώσις n’est pas,
comme pour la γνώσις θεοϋ, une άγνοια, mais simplement la λύπη, ce qui donne
l’opposition normale χαρά — λύπη. On se demande si le texte est correct. Nock
l’accepte ainsi que Reiuenstein (Poimandres), Scott écrit χαρά sans autre
explication en son cou: u.aire (II, p. 387), mais il observe justement {ib., à
propos de παραγενομέν· —ης [se. la joie], ή λύπη φεύξεται εις τούς χωροϋντας
αύτην 204. 3 /6) : « ‘Gr; >ned as an evil démon, which, when expelled
from one man, an o i.o . ,m a whora :! may enter ». Vices et Puissances
restent pur- - .es.
156 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) Cf. par exemple W . W . T arn, HeUenistic Civilisation*, pp. 99 ss. Sur
le mot même de κοινωνία, cf. H. B o l k e ste in , Wohltätigkeit und Armenpflege
(U trecht, 1939), pp. 81 n. 5, 431 ss. Autres références ib., p. 431, n. 1.
(2) V . gr. chez S. Paul (souvent liée à Γείρήνη : noter άγάπη, χαρά, εΙρήνη,
μακροθυμία Gal. 5 ,2 2 ) et depuis lors. Pour Hermas, ct.M and. X 3 ,1 -2 . ί ’ΙλαρΑτης
est une des douze vierges célestes (Puissances) en Sim. I X 15, 2. Dans la même
liste, on a Γίγχράτεια et Γάλήθεια.
(3) Chez Epicure et les Stoïciens (cf. St. V. F ., index, s. v.).
(4) « A peu près », parce que le premier πάθος dérivé des sphères en I 25 n’est
pas proprement un vice (τήν αυξητικήν ένέργειαν καί τήν μειωτικήν).
(5) L a maladresse du raccord se laisse voir à un détail. Après la mention
de Γάλήθεια, qui termine la liste des sept vertus morales, l’auteur ajoute
(204. 15) :i Vois comme la somme du bien s’est trouvée toute complète, mon
enfant, par la venue de la vérité : car l’envie s’en est allée loin de nous »,
Ϊ8ε πώς τΑ άγαθΑν πεπλήρωται, ώ τέκνον, παραγινομένης τής άληθείας· φθΑνος γάρ
άφ’ήμών άπέστη. Ceci veut dire, manifestement, que la liste est achevée : le bien
est complet, πεπλήρωται. On ne saurait désirer meilleure preuve que la liste ori
ginale com portait sept vertus, qui, ensemble, constituaient le πλήρωμα du bien
(Reitzenstein, Poimandres, ad 343. 8, n!a pas vu le sens). Cependant l’auteur
poursuit : « A la Vérité s'est adjoint aussi leBien », τή Si άληθεία καί τά άγαθΑν
ί π εν έν ετ ο (204. 1 7 /8 ). Que vient faire ici ce τΑ άγαθΑν puisqu’on vient de dire
que 1’άγαθΑν est com plet? L ’inconcinnité est évidente.
L ’ESCHATOLOGIE 157
2. Les sources.
(1) The Roman · Virtues’, Haro. Th. Rev., X X X , 1937, pp. 103 ss. Le
texte cité est p. 114.
(2) J e ne connais pas d’antres exemples du moyen κορυφοϋσθαι, mais on
a l’actif κοροφόω « faire la somme d’une chose » (P rocl. in Eucl., p. 261.
4 Friedl.) et le passif κορυφοΰοβαι «composer par addition la somme d'une chose »,
ex. gr. P r o c i . in Crat., p. 102. 15 ss. Pa sa. : le monde est un et complet («Iç n
καί παντελής) ; il tient l’unité d'Apollon; il tient la complétude des neuf Muses,
« car le nombre issu en neuvième à partir du premier parfait est apparenté,
par ressemblance et identité, aux causes de l'ordre e t de l’harmonie cosmiques,
qui d’une part revêtent une multitude de formes, mais d'autre part composent
par leur addition totale une unique perfection », ταΐς πολυεώέσι μέν αΐτίαις
τής κοσμικής διατάξεως καί αρμονίας, πάσαις S" «ίς μίαν τελειότητα χορυφοομέναις.
L’ESCHATOLOGIE 15 a
(1) ού γάρ άλλο μέν έστιν ουσία θεοΰ, δύναμις δέ άλλο, καί μά Δία τρίτον παρά
ταϋτα έ ν έρ γ ιια 184. 24 s. Problème classique, cf. C. H. X IV 4 (223. 8 ss.)
τίς ούν έστιν ουτος (Dieu) καί πώς αύτδν γνωρίσομεν; ήτοότω τήν τοϋ θβοΰ προση-
γορίαν μόνψ δίκαιον άνακεϊσβαι, ή τήν τού ποιητου, ή τήν τού πατρός, ή καί τάς
τρεις; θεόν μέν διά τήν δύνα μιν, ποιητήν δε διά τήν έ ν έρ γεια ν , πατέρα δέ διά
τΐ> αγαθόν (= ούσία ). δόναμις γάρ έστι, διάφορος τών γενομένων, ένέργεια δέ έν τώ
πάντα γίνεσθαι.
(2) πάντα γάρ άπερ βούλεται, ταϋτά έστι καί δόναται καί ένεργεϊ' ο>5τ*
γάρ δ μή ϊστι βούλεται, ούτε δ βούλεται δρίν ού σθένει, οΰθ’ δ μή δύναται ένεργεϊν
έδελει 184. 26 ss. De nouveau problèmes classiques, cf. A sci. 8 (305. 12 ss.)
voluntas etenim dei ipsa est summa perfectio, voluntatem comitatur efjectus , 34
(344. 22) om nia enitn deus et ab co om nia et eius om nia voluntatis, surtout
le morceau sur le vouloir divin A scl. 26 (331. 11 ss.j. Voir aussi C. H. X 2
(113. 11 s.) ή γάρ τούτου (Dieu) ένέργεια ή θέλησίς έστι καί ή ουσία αϋτοΰ τό
θέλειν πάντα είναι.
(3) A la fin εις Διόνυσος au lieu de έστι Σάραπις.
(4) Macr. Sat. 1 18, 18 = Kern, Orph. fr., n° 239 (voir aussi les n°‘ i
Cf. E . P eterîîon, Είς Θεός, pp. 241 ss.
160 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) Macr. Soi. I 18, 20 - BunESCH, Klaroi, p. 48, n» IV, c ité Riv. H . T .,
I, p. 13, où j ’ai eu to rt de ne p a s a c c e p te r, au v. 5, la co rrectio n "Ιακχον (Ian)
pour Ίαώ , c i. les Addenda de la 2* éd ition (1950), p. 426.
(2) Cf. G. Calza, La Necropoli die Porto di Borna nell'Jsola Sacra (Rome,
1940), tomba n° 101, pp. 183 ss., f. 92, pp. 312 ss.
(3) Cf. Doro Levi, Hesperia, X I I I, 1944, pp. 269 ss., en particulier 269-274
pour l'interprétation de la mosaïque, 284 ss. pour le symbole du cerceau.
(4) Cf. E . P e t e r s o n , M onotheism us (cf. infra, p. 1 6 2 , n. 2), p. 27 e t n. 3 7 .
(5) Julien s’adresse au philosophe Sallustius.
L’ESCHATOLOGIE 161
(1) θεόν Si είναι ζφον ¿θάνατον λογικόν τέλειον [ή νοερόν] έν ευδαιμονία, κακοΰ
παντός άνεπίβεκτον. J ’ai exclu ή νοερόν, en raison du parallèle (non signalé
par Amim) S e x t . E mp . adv. math. I X 33 κοινήν γάρ πάλιν πρόληψιν έχουσι
πάντες άνθρωποι περί θεού, καθ’ ήν μακάριόν τί έστι ζφον καί άφθαρτον καί
τέλ ειο ν έν εύδαιμονίφ καί παντός κακού άνεπ ίδεκτον. Sextus, répétant
évidemment la même source, n’a pas ή νοερόν, d’ailleurs doublement absurde
puisqu’on a d’abord eu λογικόν (manque dans S. E.) et que τέλειον doit
être immédiatement lié à έν εύδαιμονία κτλ. qui l’explique. — Pour παντός
κακού άνεπίδεκτον, Cf. C. H. VI 1-2.
(2) Voir aussi S bi»., de benef., IV 7-8. A e l . A r is t . X X X V I I 28 Keil
(Athéna δώναμις de Zeus).
ι έ R iV ÎllT lO R D’HERKta TRISMÎOISTE. — m . 12
162 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
parce qu’il nous montre que cette doctrine passait, au 11e siècle,
pour platonicienne : « Platon distingue trois classes de dieux. La
première est ce Dieu suprême, Un et Seul (1), hypercosmique,
incorporel, que nous avons montré plus haut (c. 5, p. 86.12 ss.)
comme le Père et l’Architecte de cette sphère divine. La seconde
classe est celle des astres et des autres divinités qu’on nomme habi
tants du ciel (caelieolas). L a troisième est celle que les anciens
Romains appellent intermédiaires (medioximos) ». De même Plu
tarque, de Is. 67 : Il n’y a point de dieux différents pour Grecs et
Barbares, peuplés du Nord ou du Midi. « Mais, comme le soleil, la
lune, le ciel, la terre, la mer, qui sont communs à tous, reçoivent
des noms divers selon les lieux, ainsi, bien qu’il n’y ait qu’une seule
Raison pour gouverner l’univers, une seule Providence pour veiller
sur lui, et bien que les Puissances auxiliaires de Dieu soient établies
sur toutes choses (xal δυνάμεων υπουργών έπί πάντα τεταγμένων),
les lois ont fixé pour elles ici ou là des honneurs et des noms diffé
rents. »
Arrêtons ici cette liste qui suffit pour expliquer la doctrine de
C. H: I 26. Quand au nom même de δυνάμεις, au pluriel, pour dési
gner des entités divines, il se rencontre peut-être dès le m e siècle
avant notre ère s’il faut attribuer à Cléarque lui-même tous les
termes du récit de la vision de Cléonyme que Proclus, d’après lui,
rapporte in rem p., I I , p. 114.10 ss. (2). Cléonyme d’Athènes,
désespéré de la mort de son ami Lysias, s’évanouit. On le croit
mort et on l’expose sur le lit funèbre (προυτέθη ). Or sa mère, s’étant
penchée sur lui pour un dernier baiser, perçoit un léger souffle. Elle
arrête les funérailles. Cléonyme reprend vie et raconte ce qu’il a vu.
Il dit que son ftme, délivrée du corps, s’est élevée dans les airs d’où
elle voyait toute la terre. Elle parvient « à un certain lieu sacré d’Hes-
tia (3) que fréquentaient (4) des Puissances démoniques sous la
figure de femmes d’une beauté indescriptible» (βν περιέπειν δαιμό
νιας δυνάμεις έν γυναικών μορφαΐς άπεριηγήτοις 114.18/9) (5).1
est propre aux païens, non aux Juifs (1). Il serait déraisonnable
de vouloir que l’hermétiste emprunte à Philon, dont rien ne prouve
au surplus qu’il l’ait lu, une notion qu’il rencontrait dans son
milieu païen. Ajoutons que, chez Philon, la doctrine des Puis
sances est confuse, puisqu’elle résulte de deux traditions : tantôt
les Puissances sont propriétés de Dieu et partagent donc les préro
gatives de l’essence divine; tantôt elles sont créées et donc radi
calement distinctes de Dieu. Cette confusion n ’apparaît point
chez l’hermétiste.
En résumé, la doctrine hermétique des Puissances apparaît
comme une spiritualisation de la notion stoïcienne. Cornutus,
la source de Diogène et encore Julien regardaient le même Dieu
comme un composé de Zeus, Apollon, Dionysos, etc. L ’hermétiste
le regarde comme un composé de Lumière et de Vie. E t c’est parce
que ces hypostases sont désormais toutes spirituelles qu’elles pour
ront venir habiter dans l’homme au cours de la régénération. Voilà
l’originalité propre des Puissances hermétiques. Or l’idée d’une
présence de Dieu lui-même, du Saint, de l’inapprochable, dans
un être mortel serait, pour un Juif, un blasphème : Philon n ’en
porte aucune trace. On aurait meilleure raison de songer au chris
tianisme. Mais, comme je l’ai montré ailleurs (2), la mystique
chrétienne part d’un principe tout différent. Elle suppose — et
c’est là son trait spécifique en tan t que chrétienne, — elle suppose
qu’on s’assimile à un Dieu qui s’est incarné, qui a vécu sur la terre,
est mort, est ressuscité : or, avec cela, on est aux antipodes mêmes
du dualisme hermétique.
(lj Grundmann note que le trait païen dans les puissances philoniennes
est justement la « Verselbständigung der Kraft Gottes zu den Kräften als
Hypostasen », p. 299. 61 s.
(2) L ’Hermétisme (cité, supra, p. 98, n. 4), pp. 54 ss.
L ’ E S C H A T O L O G IE 167
Studien, p. 160. 8.
S Poimandrès, p. 338. 2.
* ¡9.
170 LA R É V É L A T IO N D ’H E R M È S T R IS M É G IS T E
άτενίζων σώματι καί δράσει- ούκ ¿οθαλμοΐς τούτοις θεωρούμαι νϋν, ώ τέκνον, ν. Add.
201. 16 τό πράγμα τοϋτο ού διδάσκεται, ούδέ τφ πλαστφ τούτψ στοιχείφ, δι’ ού
έστιν ISetv, 11 (205. 3) φαντάζομαι, ούχ ύράσει ύφθαλμων.
(1) σώμα τέλειον 495 = X I I I 14 (206. 9) τύ σώμα τοϋτο τύ έκ δυνάμεων συνεσ-
τύς, 3 (201. 15) έξελήλυθα είς άβάνατον σώμα.
(2) γένεσις πρώτη 487, πνεύμα πρώτον 489, πϋρ πρώτον 4 9 0 /2 , ύδωρ πρώτον
492/3, ουσία γεώδης πρώτη 49 4 /5 .
(3) τφ άθανάτιρ πνεύματι 505, τφ άθανάτω ύδατι 506.
(4) κατά δύγμα θεοϋ άμετάθετον 527 s., κατά δόκησιν θεοΰ δπερβαλλύντως άγαθοΰ
648 s. = X I I I 2 (201. 1 s.) celui qui « ens mence > pour la nouvelle naissance
est le θέλημα τού θεού, X I I I 21 (209. 8 s.) σου γάρ βουλομένου πάντα τελείται.
(5) ύπέκλυτος δέ ϊσει η) ψυχή καί οϋκ έν σεαυτώ έσει 725 S., ώς έν έκστάσει άπο-
φοιδώμενος 737 = έμαυτοϋ έξελήλυθα εις αθάνατον σώμα X I I I 3 (201 15.
J ’écris έμαυτοϋ plutôt ςυ ’έμαυτύν (codd.) qui me paraît impossible. L ’éd. Budé
(ad 201. 15.) renvoie à Plot. II 9, 18. 37 ούδ’ δτι αύτοίς φασιν είναι έξελθεϊν
άποθανοϋσι, τοΐς δέ μή : mais ce texte ne porte pas, i moins de corriger en
αύτούς, ce qui est exclu vu la correspondance αύτοίς — τοΐς δέ μή, les deux
dépendant de είναι). X I I I 3 (201. 16) είμι νϋν ούχ 6 πρίν, άλλ’ έγεννήθην έν νφ.
(6) Purification : άνακαθαιρύμενος ταϊς του θεοϋ δυνάμεσιν X I I I 8 (203. 21),
κεκαθαρμένος γάρ 15 (206. 19). Sanctification : άγίοις άγιασβείς άγιάσμασι άγιος
522.
(7) ζωή μου..., μένε σύ, νέμε έν τη ψυχή μου 709 s. (ν. infra, ρ. 172, η. 3) —
ζωή καί φώς, άφ’ ύμών είς ύμάς χωρεϊ ή ευλογία X I I I 18 (208. 10), ύ σύς Λύγος
δι’ έμοϋ ύμνει σέ (208. 12).
(8) Cf. déjà Reitzenstein, N eue. Ja h r b., X I I I , 1904. ρ. 192, résumé Dieterich,
M . L.*, ρ. 236 : « Entw eder sei das Stück des Zauberpapyrui eine Liturgie
oder Agende (rituel) im engeren Sinn; die verlange kurze Sätze und ein
δρώμενον ». Sur cette hypothèse d’une liturgie, voir la discussion M . L.*,
pp. 234-240.
(9) « Erbauungsbuch », Reitzenstein, cité Μ . ¿Λ , p. 240.
(10) 6πως ... ουρανόν βαίνω 484, δψη σεαυτύν άνακουφιζύμενον καί υπερβαΐνοντα
clç όψος 539 ss.
(11) Cf. supra, pp. 131 ss. et t. I I , pp. 444 ss. Reitzenstein (cité M . L*„
p. 240) à déjà comparé avec l’Apocalypse de Barueh.
L ’E S C H A T O L O G IE 171
dans le passé, elle est à réaliser, et justement la Recette donne
les moyens de la réaliser. C’est en quoi ce curieux morceau se
rapproche de C. H ..X II I. Il s’en rapproche aussi par le fait que
la montée est symbolique : c’est en esprit que l’on s’élève, l’expé
rience est- tout intérieure (1).
A l’inverse, la Recette d'immortalité éclaire le traité hermétique,
et tout particulièrement la phrase qui nous a servi de point de
départ έπίσπασαι εις ¿αυτόν, καί. έλεύσεται. La Recette nous montre
qu’on n’a pas ici un tour métaphorique, mais l ’expression d’une
réalité très concrète.
Dans la Recette, après la première prière où le myste a demandé
d’être régénéré en esprit et que souffle en lui le souffle sacré (ίνα
νοήματι μεταγεννηθώ... καί πνεύση έν έμοί τό Ιερόν πνεύμα 509 S.),
vient le précepte que voici : « A partir des rayons (solaires) tire à
toi du souffle par une triple aspiration, de toutes tes forces », Ιλ κ ε
άπό των άκτίνων πνεύμα γ' άνασπών, 8 δύνασαι (537 s.). Le résultat
de cette aspiration est ainsi décrit : « Tu te verras alors soulevé et
franchissant l’espace vers le haut, en sorte qu’il te semblera
être au milieu de l’air », καί 8ψη σεαυτόν ανακουφιζόμενου καί
ΰπερβαίνοντα εις ΰψος, ώστε σε δοκεΐν μέσον του άερος είναι (540 8.) (2).
« Là tu n’entendras plus aucun son ni d’être humain ni de bête·
tu ne verras à cette heure plus rien des choses mortelles de la
terre (3), mais tu contempleras toutes les immortelles », c’est-
à-dire tous les mouvements des corps célestes. Ainsi est-ce le
pneuma divin, qui s’introduisant dans l’homme, lui a donné le
pouvoir de monter au ciel et de voir les choses célestes.
Le même précepte est répété plus loin (628 ss.) quand le myste,
parvenu au-dessus du ciel planétaire, voit s’ouvrir les portes du
dernier ciel et paraître, à l’intérieur, tout le bel ordre des dieux,1
(6) P G M V III 36 ss., 49. Sur la formule σύ εϊ έγώ καί έγώ σύ, et. Di e t i -
iuch , Μ . ΙΛ , pp. 97 et 240 (A d d .j, W e in r e ic h , A R W , X I X , pp. 165 ss.
L’ESCHATOLOGIE 173
fiante des dieux (1). Si donc l’ascension obtenue par nos prières
(ή διά των κλήσεων άνοδος 41.17) procure aux prêtres la puri
fication des passions, la délivrance du monde créé, l’union à la
source divine, comment dire que cette ascension implique (chez
les dieux) une passibilité? Car il n’est pas vrai que ces sortes d’invo
cations attirent de force (κατασπά 42.3) les dieux impassibles et
purs dans le monde passible et impur; au contraire, elle fait de
nous, qui du fait de la génération sommes nés passibles, des êtres
purs et immuables » (2).
Quand Jamblique, au début du ive siècle (3), compose le
de mysteriis, la théurgie est en pleine floraison et elle a déjà une
longue histoire. Comme la Recette et C. H. X I I I , Jamblique parle
d’une « attraction » de la force divine (καθέλκεσθαι, κατασπά).
Nous voyons d’après lui qu’on discutait, de son temps, sur le
sens de ce phénomène. Les uns le tenaient pour une sorte de con
trainte magique, et c’est bien ainsi qu’il apparaît dans la Recette,
du moins dans le texte actuel (4). Jamblique réfute cette concep
tion : c’est d’eux-mêmes que les dieux « illuminent »; ils infusent
en nous leur δύναμις (ou ένέργεια) et forment en nous un être
nouveau. Telle a dû être aussi, sans doute, la doctrine de l’hermé-
tiste. Mais la présence du mot έπίσπχσαι permet de replacer le
C. H. X I I I dans son milieu propre. C’est le milieu de la théurgie
et de la magie avec lequel, comme on l’a montré (5), nos textes
hermétiques ont eu plus d’un rapport.
T R A IT É DE L'AM E (1)
St. I
< L’AME ET SES PUISSANCES >
49.32
1,362. < 1 . Nature de l’ ame>
23 W.
Or donc (2), Aristote, après avoir ramené à trois catégories
principales les qualités qui semblent appartenir le plus à l’âme,
au mouvement, à la connaissance et à la subtilité de l’essence,
27 |qu’il va parfois jusqu’à nommer une substance incorporelle (3),
363 W. rapporte |à ces trois tout le détail des opinions qu’on a formulées
sur l’âme, et, de la sorte, il a découvert le moyen de borner ce
sujet sans bornes et de l’embrasser du regard d’une manière
claire et concise. Quant à moi, pourtant, ce qui me frappe en
ces trois termes, c’est combien ils sont équivoques et confus (car
5 les mouvements de pur changement |ne se montrent pas à l’obser
vation analogues à ceux de la vie, ni les connaissances figura-1
Là
178 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
lui-méme, cf. p. 179, n. 2), l’âme serait la cause ou le principe d’union du point et
de l’étendu considérés comme άμέριστον et μεριστύν. Ce principe d’union doit
être Vuniti indivisible et incorporelle qui, de toute somme, fait un nombre un,
de toute figure géométrique une figure une, cf. P rocl., in Tim ., II, p. 152.12
ή δέ ψυχή διηρημένη εις κολλάς ουσίας έχει καί τύ ήνώσθαι, χωριστήν λαχοϋσα σωμά
των ύ7ΐοστάσιν, ρ. 153. 1 τήν δέ ψυχικήν (ούσίοηι) μίαν (μένειν) καί ού μίαν, ώς
καί τύ !ν φυλάττειν έν τφ κληθύεσθαι καί τύ πλήθος έν τώ ένίζεσθαι. Sur le prin
cipe d'unification du nombre, cf. aussi Ps. A rcrytas ap. Stob. I 41. 2 (I,
p. 280. 3 W.) άλλ’ έπεί... τα έναντία συναρμογάς τίνος δεϊται καί ένώσιος, άνάγκα
άριθμών δυνάμιας καί άναλογίας καί τά έν άριθμοϊς καί γαμετρικοίς δεικνύμενα
καραλαμδάνεν, ά καί συναρμόξαι καί ένώσαι τάν έναντιύτατα δυνασεϊται. Sur Sévère
(peut-être 2e moitié du ii " s. ap. J.-C .), voir surtout P raechter ap. Ueber-
weg“ , pp. 553 s. et, du même, l’article Severus Platoniker dans P. W. I I A
2007 ss. Cf. aussi Lévêque, p. 627, n. 1.
(2) L a formule se lit plus complète chez P osidonius ap. Plut, de an. procr.
22, 1 (II 1023 B) : δμοια δέ τούτοις έστίν άντειπεΐν καί τοις περί Ποσειδώνιον ού.
γάρ μακράν τής ύλης άπέστησαν, άλλά δεξάμενοι τήν των κεράτων ούσίαν ι περίτά
σώματα · λέγεσθαι < μεριστήν » [Tim . 35 a 2-3), καί τούτα (sc. ή των κεράτων
ούσία) τω νοητώ μείξαντες, άκεφήναντο τήν ψυχήν ιδέαν είνα ι το ύ κ ά ν τη δια
σ τα τ ο ύ κ α τ’ άριθμύν συνεσ τώ σ αν αρμονίαν π ερ ιέχο ντα ' τά τε γάρ
μαθηματικά τών πρώτων νοητών μεταξύ καί τών αισθητών τετάχθαι, τής τε ψυχής
τών νοητών τύ αίδιον καί τών αισθητών τύ παθητικύν έχούσης ιτροσήκον (=^ « comme
il convient >) έν μέσω τήν ούσίαν ύπάρχειν (cf. Taylor, A Commentary on...
Tim aeus, pp. 118 ss.). Voir aussi D iog. L a. III 67 άθάνατον ίλεγε (sc. Platon)
τήν ψυχήν... άρχήν τε έχειν άριθμητυεήν, τύ δέ σώμα γεωμετρικήν (ceci est proba
blement une Dourde de Diogène : son modèle devait distinguer les deux
façons d’interpréter la composition de l’âme, sc. l’âme nombre et l’âme
grandeur)· ώρίζετο δ” αύτήν Ιδέαν το ύ κάντη δ ιε σ τώ το ς π νεύμ α το ς. Le
contexte, dans Jamblique e t Proclus, montre qu’il ne faut pas traduire
• la forme (non 1’ < idée >, comme l’entend Plutarque, l. c. 1023 C) de la
totalité de l’étendue » (du monde, cf. Zeller, II, 1, p. 784, n. 1 et p. 1000,
n. 3 : « was allen Raum allgegenwärtig erfüllt »), mais > la forme de ce qui est
APPENDICE I 181
Ame nombre>
Maintenant, à son tour, le nombre constitue une seconde
classe (de l’essence mathématique). Eh bien, ce nombre lui
aussi, quelques-uns des P ythagoriciens l’adaptent à l’âme
10 simplement tel quel (2), X énocrate | en tant qu’il se meut
lui-même (3), Modératus le Pythagoricien en tant que l’âme
étendu de tout côté », sc. selon les trois dimensions, cf. ARisT.de ca d o l 1,268 a 6
συνεχές μέν ούν έστίτό διαιρετόν εις άεΐ διαιρετά, σώμα δέ τό πάντη διαιρετόν,
μεγέθους δέ τό μέν έφ’ έν γραμμή, τό δ" έπί δύο έπίπεδου, τό δ’ έπΐ τρία σώμα' καί
παρά ταϋτα ούκ ίστιν άλλο μέγεθος διά τό τα τρία πάντα είναι καί τό τρ ις πάν-
τη , 268 a 23 μόνον γάρ ώρισται (τό σώμα) τοίς τρίσιν, τοΰτο 8' έστί παν. τρ ιχή
δέ δν διαιρετόν πάντη διαιρετόν έστιν.
(1) Comme l’a vu Lévéque (p. 627, n. 3), il y a là sans doute une allusion à la
doctrine propre de Jamblique, selon qui l’âme ne pourrait être dite « figure »
(espace continu) qu’en tant qu’elle est l’unité d’où procède le continu, cf. Simpl .,
in Categ. 6 (4 b 20 : sur la quantité), p. 135. 8 Kalbfieisch : <; Le divin Jamblique
ici encore manifeste son savoir spéculatif en nous révélant les premiers principes
tant des deux espèces de la quantité (continu et discontinu) que de l’unité qui
les embrasse. Voici à peu près ce qu’il écrit : « Puisque la puissance de l’un, à
partir duquel toute la quantité est engendrée, s’étend identiquement à travers
tous les termes et définit chacun d’eux en procédant hors d’elle-même, elle
fait subsister le continu en tant qu’elle traverse tous les termes d’une manière
absolument indivisible et qu’elle accomplit une procession une, indivisible,
sans discontinuité; en tant que, dans sa procession, elle s’arrête selon chacun
des termes, qu’elle définit chacun d’eux et en fait une unité, elle introduit
le discontinu ; et c ’est selon la cause unique suprême qui embrasse à la fois ces
deux activités qu’elle introduit les deux espèces de la quantité. Selon l’iden
tité partout répandue et tout entière tant dans les termes en particulier que
dans leur série complète, la puissance de l’un effectue le continu; selon l’iden
tité des termes avec eux-mêmes en chaque particulier et selon que cette iden
tité subsiste tout entière en chaque unité singulière, elle engendre le discontinu.
Selon l’unité qui unifie entre elle les quantités intelligibles, elle fonde le continu;
selon l’unité qui distingue ces quantités l’une de l’autre, elle fonde le discontinu.
Selon son activité statique, l’un produit le discontinu; selon son activité pro
cédante, il produit le continu; et puisque tout ensemble il demeure et procède,
11 engendre les deux espèces. En effet, la puissance des mesures intelligibles
(sc. probablement les nombres, cf. 128. 21 τό τελειότατου μέτρου-où ποσού τήν
τριάδα) embrasse à la fois en une même unité et ce qui demeure et ce qui
procède. D’ou vient certes que, si l’on assigne aux mesures intelligibles et
divines l’un seulement de ces deux ordres, si c’est les seuls êtres immobiles,
on se laisse abuser par les arguments fallacieux des Péripatéticiens, si c’est
les êtres en procession, par ceux des Stoïciens ».
(2) απλώς ούτως : c f. P l a t . Gorg. 468 c 4, Lois I 633 c 8 τήνάνδρίαν δέ, φέρε,
τί θώμευ; πότερου απλώ ς ούτω ς είναι πρός φόβους καί λύπας διαμάχην μόνον,ή καί
πρός πόθους τε καί ήδονάς κτλ. Donc le nombre a l’é tat pur, sans autre quali
fication. Sur la doctrine cf. A rist . Mêla. A 5,985 b 26 έπεί δέ τούτων οί άριθμοί
φύσει πρώτοι, έν δέ τοϊς άριθμοΐς έδόκουν θεωρειν ομοιώματα πολλά τοΐς ούσι καί
γιγνομένοις, μάλλον ή έν πυρί καί γή καί ΰδατι, 6τι τό μέν τοιονδί των άριθμών
πάθος δικαιοσύνη, τό δέ τοιονδί ψυχή καί νους, κτλ.
(3) Cf. AÉT. I V 2, 3, p. 386b8 D. : Πυθαγόρας αριθμόν αύτόυ κινοϋυτα...,
όμοίως δέ καί Ξενοκράτης, Arist . de an. I 2, 404 b 29; 4, 408 b 32 SS.
182 LA RÉVÉLATION D’ HERMÈS TRISMÉGISTE
1.
J.-C .), cf. U e b e r w e g “ , p. 519 et infra, n. 7.
(2) Les acousmatiques semblent n’avoir été que des disciples du premier
degré, des novices, par opposition aux mathématikoi : cf. J ambl., p . Pyth. 81;
Porph., p . P . 36.
(3) Cf. J ambl ., Nicom. ar., p. 10. 20 Pist. (Diels-Kranz, I, p. 109.27) olgè
1
περί Ίππασον άκουσματικοΐ αριθμόν είπον παράδειγμα πρώτον κοσμοποιίας καί πάλιν
κριτικόν κοσμουργού θεοΰ όργανον (cf. S vh ., in A r. met., p. 123. 7 Kr.).
(4) Cf. A rist ., de an. I 2, 404 b 18-24 όμοίως δέ καί év τοΐς περί φιλοσοφίας
λεγομένοις διωρίσθη, αύτό μέν τό ζώον έξ αυτής τής του ένός ιδέας καί του πρώτου
celui sur l’âme humaine (99 d ss.). Le premier (τάν δέ τώ κόσμω ψυχάν μεσόθεν
έξάψας έπάγαγεν έξω, περικαλύψας αυτόν δλον αύτφ, κράμα αύτάν κερασάμενος έκ
τε τάς άμερίστω μαρφάς καί τάς μεριστάς ουσίας, ώς έν κράμα έά δύο τουτέων είμεν
ψ ποτέμιξε δύο δυνάμια ς, ά ρ χά ςκ ινα σ ίω ν, τάς τε τα ύτώ κ α ίτ α ς τ ώ έ τ έ ρ ω
[le Ps. Timée se rallie donc à l’interprétation de Xénocrate, cf. P lut , de an.
procr. 1012 D : X . commence par établir que la psychogonie de Tim. 35 a 1 ss.
signifie la génération d’un nombre, Γάμέριστον correspondant à l’unité, le μερισ-
τόν au multiple. Puis il ajoute : τούτον Si μήπω ψυχήν τόν άριθμόν είναι' τύ γάρ
κινητικόν καί τό κινητόν ένδεΐν αύτώ. τού δε ταύτού καί τού έτέρου συμμιγέντων,
ών τό μέν έστι κινήσεως άρχή καί μεταβολής το δέ μονής, ψυχήν γεγονέναι, μηδέν
ήττον τού ίστάναι καί Ιστασθαι δύναμιν ή τού κινεϊσθαι καί κινεΐν ούσαν], à καί
δύσμικτος έάσα ούκ έκ τώ £άστω συνεκίρνατο. λό γ ο ι δ’ οίδε π ά ντες έντΐ κατ’
άριθμώ ς άρμονικώ ς σ υγκεκραμένοι4 ώς λόγω ς κατά μοίραν διαιρήκει
κτλ.) résume, en la simplifiant, la doctrine de Plat. Tim. 35 a ss. Le second (τάν
μέν ών άνθρωπίναν ψυχάν έκ τών αυτών λόγων καί δυναμίων συγκερασάμενος καί
μερίξας διένειμε τα φύσι τά άλλοιωτικα παραδούς κτλ.) ne fait même pas
allusion à l’àme comme médiété des êtres. Il est possible que Jamblique ait
connu un texte plus complet. Sur le libelle du Ps. Timée (date probable :
entre 20 av. J.-C . et 120 ap. J.-C .), cf. surtout A. E . Taylor, Λ Commentai/
on... Timaeus, App. II, pp. 655-664.
(1) μεσότητα καί σύνδεσιν : même alliance P lat . Tim. 43 d 7 μεσότητας καί
συνδέσεις. Au vrai, c’est dans ce passage du Timée (44 b-c) et plus loin (88 b ss.)
qu’il est question de l’âme comme modératrice de la vie, une fois qu’elle a été
bien formée par l’éducation.
(2) Selon Plotin, la beauté, faite d’harmonie, des choses d’ici-bas se fonde
sur une harmonie intelligible (évidemment préexistante) que l’âme doit appren
dre à percevoir : cf. I 3 ,1 . 28 μετά τοίνυν τούς αισθητούς τούτους φθόγγους... διδακ-
τέον, ώς περί ά έπτόητο έκείνα ήν, ή νοητή αρμονία καί τό έν ταύτη καλόν καί
δλως τό καλόν, I 6, 3. 28 αί δέ άρμονίαι αΐ έν ταΐς φωναΐς αί (del. Volkmann)
άφανεϊς τάς φανεράς ποιήσασαι καί ταύτη τήν ψυχήν σύνεσιν τού καλού λαβείν
έποίησαν, <ξώς>- έν άλλω τό αυτό δείξασαι. παρακολουθεί δέ (il appartient aux)
ταίς αίσθηταίς μετρείσθαι άριθμοϊς, έν λόγω ού παντί, άλλ’ δς άν ή δουλεύων εις
ποίησιν είδους είς τό κρατείν (voir aussi VI 7, 14. 18 ss. sur l’Amitié intelligible
présente dans le νούς). L ’Ame étant la dernière des réalités intelligibles (IV 6,
3. 5 λόγος γάρ έστι πάντων, καί λόγος έσχατος μέν τών νοητών καί τών έν τω νοητφ
ή ψυχής φύσις) a donc connaissance de l’harmonie intelligible et l’on peut dire
que, d ’une certaine manière (en tant que connaissante), elle est constituée
par cette harmonie (cf. III 4, 3. 21 έστι γάρ καί πολλά ή ψυχή καί πάντα καί τά
άνω καί τά κάτω αύ μέχρι πάσης ζωής, καί έσμέν έκ α σ το ς κόσμος νοητός).
Cf. B réhier , La philosophie de Plotin, p. 48. Telle est du moins la doctrine
plotinienne en tant qu’on la peut tirer des Ennéades mêmes. Mais il est
possible que Jamblique fasse allusion à des άγραφα de Plotin sur la compo
sition de l’Ame du Monde dans le Timée. On trouvera sur ce point dans la
Note complémentaire I (infra, pp. 249 ss.) un long passage du Commentaire
de Proclus sur le Timée (ad 35 b 4 μίαν άφεϊλεν κτλ. = II, p. 213. 8 ss. D.),
où précisément les noms de Plotin, Porphyre et Amélius (cf. Ueberweg-
Praechter, p. 609) sont, comme ici, assemblés, Proclus y ajoutant la théorie
de Jamblique.
(3) Cf. Note Complémentaire II, infra, pp. 251 s.
184 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) πάσαν τήν τοιαύτην ούσίαν (365. 7), de même que τήν ίλην ούσίαν (365.21),
désigne, je crois, l’Ame comme hypostase, l’Ame universelle contenant toutes
les âmes.
(2) C’est-à-dire composée de parties semblables l’une à l’autre et au tout.
Selon Plotin, IV 2, 1. 64, l’Ame est μεριατή μέν, δτι èv πδσι μέρεσι τού έν ω
ίστιν, άμέριστος 8έ, δτι δλη έν πδσι καί έν ¿τιμούν αύτών δλη. Voir aussi (avec
Lévêque, p. 629, n. 5) P lot . IV 3, 4 et 5, IV 9, 5, Porph. Sent. 39.
(3) καί πάντα τά πρεσδύτερα έν αυτή ένιδρύουσι F P . Sur les πρεσβύτερα γένη,
ci. ρ. 189, η. 2. έν αυτή est une simple répétition, par lapsus, de èv τή μεριστή ψυχή
(365. 10), et la correction γένη αυτής (Usener) parait inutile. Pour la doctrine,
et. Amélius dans la Note compl. I, infra, et, avec Lévêque (p. 630, n. 1),
P l o y II I 4^ 3 .1 8 ei Si ίπεσβαι δύναιτο τω δαίμονι τω άνω αύτοϋ, άνω γίνεται
< κ α τ’> έκεϊνον ζών καί έφ’ δ άγεται κρεϊττον μέρος αύτοδ έν προστασία θέμενος
καί μετ' έκεϊνον άλλον έως άνω. ίστι γάρ καί πολλά ή ψυχή καί πάντα καί τά
άνω καί τά κάτω αδ μέχρι πάσης ζωής.
(4) Cf. avec Lévêque (p. 630, n. 2) P lot . IV 9, 5.
(5) Nulle autre indication, sur ce point, dans le recueil de Leemans (Bruxelles,
1937) : pour les testimonia sur l’âme, cf. ib. n0« 31-37, pp. 97-98.
(6) Pour Plotin, Amélius, Porphyre, cf. infra, Note compl. I, en particulier
Procl., in Tim ., II, p. 2 1 3 .1 3 έπεί γάρ ή ψυχή πάντων έστί συνεκτική τών έγκοσ-
υίων, οΐον θεών, δαιμόνων, ανθρώπων, άλογων κτλ. (Amélius). Nous retrouvons
la même suite (Plotin, Amélius, Porphyre), et les mêmes 8όξαι de ces trois, infra
372. 9 ss. (où Bon notera που qui donne le sens, ici, de ού πάντη 6μολογουμένο>ς) :
καί που Πλωτϊνος καί Άμέλιος έπΐ ταύτης είσΐ τής ϊόξης (ένίοτε γάρ < ο ύ χ > ώς
άλλην τήν μειρίστην ψυχήν παρά τήν δλην, μίαν δέ αύτήν πρός έκείνην είναι άφορίζον-
ται)· ώς 3’ αν είποι Πορφύριος, πάντη κεχώρισται τά τής ίλης ψυχής παρά τήν
μερίστην ένεργήματα.
APPENDICE I 185
(1) Cf. P lat., Tim. 35 a 5 èv μέσω τού τε άμεροϋς αώτων (même et autre) καί
τού κατά τά σώματα μεριστοδ, P lot. IV 2, 1. 41 ss. πρός δ'αδ έκείνητή άμερίστω
πάντη φύσει (sc. ¡ ’Intelligible) άλλη έξης ουσία άττ’ έκείνης ούσα, ίχουσα μέν τό
άμέριστον άπ’ έκείνης, προόδω δέ τη άπ’ αύτής έπί την έτέραν σπεύδουσα φύσιν,
είς μέσον άμφοϊν κατέστη, του τε άμερίστου καί πρώτου καί του περί τά σώματα
μεριστοϋ τοϋ έπί τοΐς σώμασιν et les textes de Jamblique cités Note compl. III.
(2) ή τό πλήρωμα των καθόλου λόγων (366.1). Cette expression ol καθόλου λόγοι
se retrouve J ambl,, Proir. 4, pp. 22. 5 Pist. dans un passage qui explique le
nôtre. Après avoir cité un fragment de Périctionè (ap . Stob. III 1. 121, t. III,
p. 87. 3 ss. Hense : Jamblique l’attribue à Archytas, cf. 16. 17 Pist.), Jamblique
poursuit (p. 21. 25) : « Ici encore, il (Archytas) ne définit pas l’activité de la
sagesse comme s’attachant seulement à quelque partie de la réalité, mais il
dit qu’elle s’étend, par une vue d’ensemble, à tous les êtres, qu’elle examine
les principes Communs de tout le réel et considère ce Tout selon les genres et
selon les points de vue les plus simples, tout de même que fait le regard à l’égard
des objets visibles, il dit qu’elle embrasse les raisons universelles de toutes choses
(τούς τε καθόλου λόγους πάντων φησίν αυτήν περιέχειν ) et qu’en outre elle réfléchit
et raisonne ».
(3) Cf. supra, p. 182 n. 3.
(4) Cf. P lot. VI 7, 21. 4-6 et d’autre part P lat. Phéd. 105 c-d.
(5) Cf. P lot . IV 2 ,1 . 41 ss. cité supra η. 1 (προόδω δέ τή άπ' αύτής [la nature
indivisible] έπί τήν έτέραν σπεύδουσα φύσιν), IV 8, 6 .1 ss. είπερ οδν δείμή έν μόνον
είναι — έκέκρυπτο γάρ αν πάντα μορφήν έν έκείνω (l’Un) ούκ ίχοντα,... ούδ’ άν τό
πλήθος ήν των βντων τούτων των άπό τοϋ ένός γεννηθέντων (cp. τό άπογεννώμενον
άπό των θειοτέρων γενών όλων Jam bl. 367.3), μή των μετ’ αύτό τήν πρόοδον
λαβόντων ά ψυχών εϊληχε τάξιν. Voir aussi VI 6 ,1 1 . 2·* ss.
(6) περί δή ταύτας τάς δόξας... τελέως έπιστρέφονται 366. 5 ss. : cf. 455. 24 περί
ταύτας τάς αίρέσεις ελίσσονται κτλ.
(7) μετ’ έπιστήμης F P : μετ’έπιστάσεως Usener. Pourquoi corriger?
(8) ημείς δέ περί αύτάς τήν μετ’ άληθείας πραγματείαν πάσαν πειρασόμεθα ένστή-
σασθαι. Pour le sens technique de πραγματεία, cf. W . J a e g e r , Studien sur Entste-
hungsgeschichte der Metaphysik des Aristoteles (Berlin, 1912), pp. 150 ss. Sur
186 LA RÉVÉLATION D'HERMÈS TRISMÉGISTE
les mots désignant les différentes sortes d’écrits usités dans l’école néoplato
nicienne, όπομνήματα, κεφάλαια, έπινειρήματα, cf. Porph-, v. Plot. 26. 28 ss. et,
sur ce te x te , l’intéressante préface de Mommert à son édition des Sententiœ de
Porphyre (Berlin, 1907), pp. X X V ss. (là aussi, p. X X I X , sur άφορμαί et
στοιχείωσις; sur σχολαί ci. Freudenthal, HeU. Studien, pp. 244-245, 303); pour
la nature du λίγος hermétique, cf. mon article Rev. Et. Gr., LV ,(1942), pp. 77
ss., reproduit Rèv. H. Tr., I l , pp. 28 ss. — Pour la phrase entière, cp. S im pl i -
ciu s ,m A r.d e an., p. 1 . 14 SS. Hayd. îtè καί αΰτφμοι ίίοξε ζητήσαί τε καί γράψαι
τήν αύτού ι* πρός έαυτόν τού φιλοσόφου καί τήν πρός αλήθειαν συμφωνίαν,... πανταχοϋ
Si κατάβύναμιν τής τών πραγμάτων άντεχομένω αλήθειας κατά τήν ’Ιάμβλιχου έν τύΐς
18(οις αύτού περί ψυχής συγγράμμασιν ύφήγησιν. σπουίή μ4ν ούν μία αβτη. ήβη βί ύφ’
ήγεμόνι τών ψυχών τε καί λόγων πάντων αΐτίιρ (cp. la. prière finale du Comm™ sur
te de Caelo, p. 731. 25 ss. Heiberg) τής προκειμένης άρκτέον πραγματείας. — τήν...
πραγματείαν πάσαν désigne évidemment le présent Traixi de l'Ame et non,
comme le pense Lévêque (p. 613), un Commentaire de Jamblique sur le de an.
d’A ristote (ce Commentaire n’a jamais existé, cf. Z rllkr , III 2\ p. 740 n.).
Sur la doctrine personnelle de Jamblique dans son π. ψ., cf. infra Note com
plémentaire III, pp. 252 ss.
(1) Non seulement il faut admettre que, dans cette phrase (366. 12 ss.),
Jam blique résume d’une façon très obscure et maladroite sa source (Aristote :
cf. p. 187, n. 1), mais le texte comporte nécessairement au moins une lacune.
On peut imputer à la maladresse :
(a) σύνοβον τών έναντίων συνυφαίνουσιν (366. 12/13) pour <ψυχήν ώ ς > σύνοβον
κτλ., cf. A r is t . de an. I 2, 405 b 23 καί τήν ψυχήν έκ τών έναντίων συνιστδσιν,
(b) l’illogisme de καί γάρ (366.14), hors de propos en ce contexte, puisque les
étymologies ne se réfèrent qu’à l’un ou l’autre des éléments, non à leur σύνοβος.
Le καί γάρ concerne en vérité ce qui, dans la source (Aristote), forme le second
term e de l’alternative : (les uns composent l’âme des quatre éléments), les
autres prennent comme élément premier l’un ou l’autre des contraires, et en
conséquence réduisent l’âme à cet élément; de fait ils expliquent ou le vivre
par là chaleur (feu), ou l’âme par le refroidissement (air ou eau), cf. A r is t .,
I. c., 405 b 24 ol 8è θά τερ ο ν τών έναντίων...’ βιό καί (cp. καί γάρ Jam bl.) τοϊς
όνόμασιν άκολουθούσιν. Jamblique a omis ce second terme, d’où l’inconcinnité de
son καί γάρ.
D’autre part on doit admettre une lacune entre καί άμα έπ’ άμφοτέρων et
ή (366. 16). Le remède de Wachsmuth (exclusion de ή) ne sert de rien, car
il est absurde de dire que, dane les deux cas ( nvie = bouillonnement » et « âme =
refroidissement »), on fait de l’âme l’air aspiré : ceci ne convient évidemment que
dans 1θ second cas. Il y a donc une lacune (cf. déjà omission de ψυχρού P ou de
καί ψυχρού F en 366.13), et la suite des idées a dû être celle-ci : « et tout ensemble,
dans les deux cas, < ces étymologies ont été conformes aux théories respec
tives de chaque φυσικός : car ou bien on fait de l’âme du te u > , ou bien on
pense que l’air aspiré est l’âme », cf. P hilopon , in de an., p. 92.2 Hayduck
( = Vers., I, p. 386. 12 D.-K.) θάτερον τών έναντίων τίθενται "Ιππων καί ’Ηράκλει
τος, ό μέν τό θερμόν (πυρ γάρ τήν άρχήν είναι), ό 8έ τό ψυχρόν, δβωρ τιθέμενος τήν
άρχήν. έκ ά τε ρ ο ς τών το ύτω ν, φησί (Aristote), καί έτυ μ ο λ ο γ ε ϊν έ π ιχ ε ιρ ε ΐ
τό τή ς ψυχής βνομα πρός τήν οϊκείαν βόξαν, ό μέν λέγων..., ό βέ κ.τ.λ. On
APPENDICE I 187
cerla non esse in parte localum, |verum Habitum quendam vitalem corporis esse, [
harmonium Grai quant dicunt. Comme l’a montré Robin, commentaire de
Lucrèce, ad I I I 98 ss., suivi par B a il e y , Commentant [Oxford, 19471, ad III
94, c ’est cette doctrine de Dicéarque et peut-être celle aussi d’Aristoxène, que
vise Lucrèce en sa critique de l’âme harmonie, III 94-135). Voir aussi le fr. 11
cité infra, p . 202 η. 1.
(1) Sur les puissances de l’âme, voir aussi le petit traité de Porphyre (Stob.
I 49. 24-26). — L a division que suit ici Jamblique — ούσία de l’âme (pp. 362-
367 W .), δυνάμεις (pp. 367-370), ένέργειαι ou έργα = «opérations » (pp. 370-375)
— remonte pratiquement à Aristote. Pour ούσία-δυνάμεις, cf. de an. II 2 fin. et
II 3 tu. : ίτιμέν ούν έντελέχειά τίς έστι (ή ψ^χή)..., φανερόν έκ τούτων, των 8έ δυνά
μεων τής ψυχής χ.τ.Χ. Pour δυνάμεις — ένέργειαι, cf. de an. II 4 in. (au début de
l’exposé sur les facultés) : άναγκαϊον S i vbv μέλλοντα περί τούτων (sc. le θρεπηκόν
etc.) σκέψιν ποιεΐοβαι λαβεϊν έκαστον αύτών τί έστιν...· cl Si χρή λέγειν τί έκαστον
αύτών, οΐον τί τύ νοητικύν ή τύ αίσβητικύν ή τύ θρεπτικύν, πρύτερον t n λεκτέον τ£ τύ
νοεΐν χαΐ τ£ τύ αίσθάνεσθαι. πρύτερον γάρ ε£σι των δυνάμεων α£ ένέργειαι χαΐ α!
πράξεις κατά τόν λύγον (la question avait été posée dès 1 1 ,4 0 2 b 10 χαλεπύν δέ καί
τούτων διορίσαι ποια — sc. μύρια — πέφυκεν έτερα άλλήλων, καί πύτερον τά μύρια
χρή ζητεΐν πρύτερον ή τά έργα αύτών).
Cette division est devenue classique dans les écoles, soit qu’on trouve seule
ment les deux termes αύσία-δυνάμεις (ou μέρη), — cf. A s t . IV 3 (τ£ς ή ούσία
αύνήζ),+ IV 4 (περί μερών τής ψυχής), A l e x . A phrod . de an., p. 2 7.1 ss. B r. τ£ς
μέν ούν ή τής ψυχής ούσία, καί τίνα τά έπύμενα αυτή,... δεδηλώκαμεν. άκύλουθον 8έ
εξής περί των μερών αύτής είπεϊν, πόσα τε καί τίνα, — soit qu’on ait les trois ούσία-
δυνάμεις-ένέργειαι, ci. T er tu ll . de an. qui, après avoir traité de la nature de
l’âme (5-13), continue (14,2) dividitur autem in partes, (14,3) huiusmodi autem
non tam partes animas habebuntur quam vires et efficaciae et operae (« puissances
et opérations et fonctions » : sur le sens de operae, analogue à celui de efficaciae
= ένέργειαι, cf. Waszink, p. 192), cf. Waszink, p. 215. P roclus , in Tim .,
II, p. 125. 10 ss. D., a un bon développement : « La 2e question est de diviser
comme il faut ce sujet de la psychogonie. C’est ce que nous allons faire main
tenant, en prenant pour point de départ, cette fois encore, la réalité. En
chaque nature donc il y a essence, puissance, opération. Ainsi, du feu, autre
est l’essence selon laquelle appartient au feu l’être même de feu, autre la puis
sance, autre l ’opération : de fait tantôt il dessèche, tantôt il chauffe, tantôt
il cause des changements de quelque autre sorte, et il en va de même pour tout
le reste. Il faut donc que, de l’âme aussi, autre soit l’essence, autre la puissance,
autre l’opération, et, si l’on veut la saisir et la considérer tout entière, on doit
traiter de tout cela. Dès lors la psychogonie comportera trois chapitres prin
cipaux, l’un sur l’essence de l’âme, l’autre sur la puissance, le troisième sur
l’opération ».
(2) L a particule de liaison μέν ούν semble indiquer que Stobée a laissé de
côté une phrase de transition où Jamblique devait dire qu’il passait mainte
nant au problème des puissances de l’âme.
(3) Sur l’histoire du problème des parties ou facultés de l’âme, voir un. bon
résumé de K. Gronau , Poseidonios und die jüdisch-christliche Genesisexegesis
APPENDICE I 191
368 W. blés (1). Dans ces conditions | donc, les puissances, de l’âme
prise en elle-même ou du vivant commun doué d’âme considéré
conjointement avec le corps, pour ceux qui tiennent que l’âme
vit d’une double vie, à la fois selon sa nature propre et selon
qu’elle est jointe à un corps (2), sont présentes diversement
5 dans l’âme et | dans le vivant commun, ainsi pour P laton et
P ythaqore (3); mais pour ceux qui tiennent que l’âme n’a
qu’une vie, celle du composé, parce que l’âme est étroitement
mêlée au corps, comme le veulent les S toïciens, ou parce qu’elle
abandonne la totalité de sa propre vie au vivant commun,
10 comme le soutiennent les P éripatéticiens (4), | pour ceux-là
il n’y a qu’un seul mode de présence des puissances, celui qui
consiste en ce que le vivant tout entier y participe ou en ce
qu’elles forment avec lui un mixte.
(1) Les St. V. F . (II, p. 225.40 ss.) ne donnent, sur ce point, que le texte
de Jam blique. En 367.21 W ., pourquoi ne pas garder προτιθέασιν (F P : τιθέασιν
W achsm uth)?
(2) Sur la double vie, cf. H ermès ap. Stob. I 49.6 (I, p. 324.12 ss. W.
= Éxc. X I X 3 ), G rec . N yss . de an. et res. 81 C ss. διχή μ ε ρ ίζ ε τ α ι ή
άνθρω π ίνη ζωή, είς τε τήν διά σαρκύς ναύτην καί είς τήν έξω τού σώματος μετά ταύ-
την (Gronau, ρ. 260, cp. Cíe. Tuse. I 72, mais il s’agit là du sort des âmes après
la m ort, sort divers selon le comportement divers ici-bas). Voir aussi (avec
Lévêque, p. 634, n. 5) J ambl. de myst. 3, p. 106.3 Parthey : λέγουσι δέ τάδε,
τή ς ψυχής διττήν έχο ύση ς ζωήν τήνμένσύντφ σώματιτήνδέχωριστήνπαντύς
σώματος, περί μέν τύν άλλον βίον έγρηγορότες τά πολλά τη κοινή μετά τού σώματος
ζωή χρώμεθα, πλήν et που κατά τό νοεϊν καί διανοεΐσθαι τοΐς καθαροϊς λύγοις άφιστά-
μεβα ¿π ’ αύτοϋ παντάπασιν, έν Si δή τώ καθεύδειν άπολυύμεθα παντελώς ώσπερ άπύ
τινων παρακειμένων ήμϊν δεσμών, καί τή κεχωρισμένη τής γενέσεως ζωή χρώμεθα
et infra, p. 195, n. 4.
(3) Ceci encore est un développement scolaire de la doctrine platonicienne.
É ta n t admis les deux états, préempirique et empirique, de l’âme, le mode
de présence des puissances est évidemment divers dans ces deux cas.
(4) Pour Aristote, dans l’être raisonnable, c’est l’âme raisonnable qui est
en même temps principe de vie, de croissance, de sensation et de locomotion :
άεΐ γάρ èv τώ έφεξής υπάρχει δυνάμει τ6 πρύτερον έπί τε τών σχημάτων καί έπί των
έμψυχων, οΐον έν τετραγώνω μέν τρίγωνον, έν αίσθητικώ δέ τ4 θρεπτικύν, de an. II, 3,
414 b 29.
(5) Cf. St. V. F ., II, p. 225.32 ol μέν πολυδύναμον άξιοϋσιν είναι τήν ψυχήν έφ’
ένύς-οδσανυποκειμένου, οΐ δέ πολυμερή, διο ρίζο ντες καί το ΐς τύπ οις τά μέρη,
ώ σ π ερ ot Σ τω ϊκ ο ί.
APPENDICE I 193
vers les oreilles, les autres vers les autres organes des sens (1).
D’autres puissances se distinguent, relativement au même sujet,
par un caractère qualitatif propre : car tout de même que la
pomme possède, dans le même corps, saveur douce et bonne
odeur, ainsi Ykégémonikon a-t-il embrassé en un seul et même
20 tout représentation sensible, assentiment intellectuel |aux images,
appétit, raison (2). Selon les A ristotéliciens et tous ceux
qui conçoivent l’âme comme indivisible, les puissances < ne
se distinguent pas > quant à l’essence, mais bien quant aux sortes
d’effets dont elles sont capables (3). Selon P laton, c’est en
des sens divers que l’âme est dite d’une part tripartite, en tant
25 qu’elle se diversifie selon trois | substances de vie différentes,
d’autre part douée de puissances multiples, l’âme ne compor
tan t plus alors de différences |quant à la substance de vie, mais
comportant, dans le même sujet, beauooup de propriétés dis
tinctes (4). E t, d’un mot, la partie diffère de la puissance en ce
que la partie présente à l’esprit une altérité de nature, la
puissance une différenciation, dans le même sujet, du mode
de créer ou de produire.1
(1) Cf. A et . IV 4.4 (390.9 D.) όγδόου Si αυτού τού ήγεμονικού, άφ’ οδ ταύτα
πάντα (les autres puissances) έ π ιτ έτ α τα ι (cf. διατείνειν Jam bl.) διά τών οίκείων
όργάνων προσφερώς ταϊς τού πολύποδος πλεκτάναις, IV 21.2 (410.30) άπό δέτοϋήγε-
μονικοϋ έπτά μέρη έστί τής ψυχής έκπεφυκύτα καί έκτεινύ μένα είς τό σώμα καθάπερ
αί άπό τοΰ πολύποδος πλεκτάναι.
(2) Cf. Aet . IV 21.1 (410.23) οί Στωϊκοΐ φασιν είναι τής ψυχής άνώτατον μέρος
πό ήγεμονικόν, το ποιούν τάς φαντασίας καί συγκαταθέσεις καί αίσθήσεις καί όρμάς'
καί τούτο λογισμόν καλούσιν.
(3) κατά μέν τήν ουσίαν < ο ύ διακρίνονται> αί δυνάμεις Wachsmuth, le supplé
ment étant pris à la question initiale (368.12) πώς οδν διακρίνονται. Cela donne
certainement le sens requis et parait la correction la plus simple. — Pour la
doctrine, cf. (avec Lévêque, p. 635, n. 1) N icolas de D amas ap. Porphyre,
π. τών τ. ψ. δυν. (Stob., I, p. 353.12 SS. W .) : Νικύλαος δέούκ ήξίου τά μέρη τής
ψυχής κατά τό ποσόν λαμβάνειν, άλλά μάλλον κατά το ποιόν, ώσπερ καί τέχνης καί
φιλοσοφίας ... άκούει τοίνυν Νικόλαος τά μέρη τής ψυχής ώς δυνάμεις τοΰ ϊχοντος·
τό γάρ ζώον καί δλως τό έμψυχον τω ψυχήν ίχειν πολλά δύναται, οΐον ζήν, αίσθά-
νεσθαι, κινεΐσθαι, νοεΐν, όρέγεσθαι, ών πάντων αιτία καί άρχή ή ψυχή, ταύτας ούν
τάς δυνάμεις... μέρη τής ψυχής τίθεται ώς εϊρηται. ούδέν <ζδέ>· κωλύει αυτής άμε-
ροϋς οΰσης μεριστώς δέχεσθαι τάς άπ’ αύτής τών ένεργειών ίνδόσεις.
(4) Cf. P o r p h . π. τών τ. ψυχής δυνάμεων ap. Slob. I 49.25 a (I, p. 351.8 W.) :
¿ητέον 8i ώς δύναμις μέρους διήνεγκεν, ότι τό μέν μέρος έκβέβηκε κατά γένος τόν
χαρακτήρα τοΰ άλλου μέρους (parce que la partie se différencie génériquement,
quant au caractère, de l’autre partie), αί δέ δυνάμεις περί τό αύτό στρέφονται γένος,
διότά μέν μέρη παρητεϊτο ’Αριστοτέλης έπί τής ψοχής (cf. supra, p. 190, n. 3), τάς
δέ δυνάμεις ούκέτι'τό γάρ έτερομερές εύθύς ύποκειμένου π αραλλαγήν είσάγειν
(cf. Jam bl., 368.24 λέγεται ή ψυχή τριμερής, ώς έν έτέρ α ις ούσίαις τριπλή ζωής
π α ρ α λλ ά ττο υσα ), τό δέ έτεροδυναμον καί περί ϊν υποκείμενον ένίστασθαι.
Voir aussi supra, p. 192, n. 5 et T ert . de an. 14.3 avec le commentaire de
Wasîitjk, p. 215.
LA RÉVÉLATION D’ HERMÈS TRISMÉGISTE. — . III. 14
194 LA RÉVÉLATION D’HERMÊS TRISMÉGISTE
(1) Problème classique : cf. Aet . IV 4, T ert . de an. 14,2 (d’après Soranus,
cf. Waszink, pp. 210-215), P orph. π. των τ. ψ. δυνάμεων αρ. Stob. I 49.25 a
(1, ρ. 350. 9 ss. W.), etc.
(2) Le texte n’est pas sur (v. Arnim le donne deux fois avec des conjec
tures différentes, St. V. F . I, p. 39.23, II, p. 226.34). J ’ai traduit (ex. gr.)
οι από Ζήνωνος όκταμερή τήν ψυχήν διαδοξάζουσι, τ ερ -Cνοουντες'> τάς δυνάμεις
είναι πλείονας, le participe περινοοΰντες confirmant l’idée de distinction excessive
indiquée déjà par διαδοξάζουσι. διαδοξάζειν parait chez Platon pris absolument
(Phil. 38 b 13), mais chez Jamblique il gouverne un complément d’objet,
de myst. IV 6 (p. 190.2 P.), V III 5 (p. 268.13 P. : moyen). Pour les huit parties,
cf. A e t . IV 4.4 : les cinq sens, plus le φωνητικόν, le σπερματικόν et Γήγεμονικόν,
P o r p h . π. των τ. ψ. δυνάμεων αρ. Stob. I, ρ. 350. 13-18 W., T e r t . de an. 14, 2.
(3) Cf. supra, p. 193, n. 2 et Porph. π. τ. τ. ψ. δ. αρ. Stob., I, ρ. 350. 13 W .
(4) 11 s’agit très probablement d’un apocryphe, cf. Fors.5, 1, p. 439.27
D .-K. Cf. l’apocryphe pythagoricien cité Stob. I, p. 355 W. τριχθαδίαγάρ ύπάρ-
χοισα έπί τριχθαδίοις έργοις συνέστακε (355.6).
(5) Il est quasi sûr que Jamblique copie ici Porphyre. Cp. J ambl . (369.11 W.)
ταϋταγάρ είναι χρήσιμα πρός τήν των αρ ετώ ν σ ύστασιν et P orph. (350.19 W.)
παρά δέ Πλάτωνι και Άριστοτέλει έν τοϊς Ήθικοΐς τριμερής ή ψυχή λέγεται είναι,
καί κεκράτηκε τούτο παρά τοϊς πολλοΐς άγνοοϋσιν ώς ή διαίρεσις τής σ υστάσ εω ς
ένεκα τω ν άρετώ ν παρείληπται- ού γάρ απλώς εις σύλληψιν πάντων των μερών.
La φύσις de Jamblique (369.13) correspond au φυτικόν de Porphyre (350.24).
(6) Cf. de an. II 3, 414 a 31, III 9, 432 a 29.
(7) Cette courte phrase résume d’une façon beaucoup trop simpliste des
enseignements complexes de Plotin. En IV 3.18 il dénie aux âmes, avant leur
A P P E N D IC E I 195
deux facultés. Il est possible qu’il ait cité, en totalité ou en partie, le ch. de
Jamblique sur la vie végétative et appétitive dans la section I 46 (περί τροφής καί
όρέξεως των ζιρων), mais cette partie manque dans les MSS. On peut suppléer
à ce manque par un passage de Simplicius (qui, pour les doctrines psycho
logiques, s'inspire beaucoup de J amblique: cf. Note compl. III) dans son Commen
taire sur le Manuel d’Épictète, § 27, p. 78.10 Dubner, éd. Didot (ci. déjà Lévêque,
Ê
. 637, n. 4) : i Lorsque, en vertu de sa condition, l’âme descendait vers ce
eu terrestre et qu'elle était sur le point de s’unir à un corps et de composer
avec lui un vivant mortel unifié, elle faisait émaner d’elle des puissances
irrationnelles (άλόγους ζωάς), les unes cognitives, sensations et représentations,
les autres appétitives, irascible et concupiscible. C’est grâce à ces puissances
que le vivant mortel devait posséder la forme de connaissance qui lui
revient, celle que possèdent aussi les animaux, renouveler par la nourriture ce
qui sans cesse s’écoule hors de lui, maintenir l’éternité de la race en engen
drant des semblables, et se défendre contre ce qui lui nuit : toutes choses que
le vivant mortel n’eût pas eues à sa disposition s’il n’y avait eu en lui ces
puissances irrationnelles comme parties essentielles de sa nature (μή συμπλη-
ρωθένη ταΐς άλόγοις ταύταις δυνάμεσι, cf. n. 1 infra) »,
(1) ού μήν συμπληρωτικά! αυτής (609. 1). On ait des parties constituantes
d’un être qu’elles le συμπληροϋσιν. Ainsi P lat . Tim . 92 c 6 θνητά γάρ καί άθά-
νατα ζώα λαβών καί συμπληρωθείς όδε 4 κόσμος ούτω, A rist . de Gen. II 10,
336 b 31 συνεπλήρωσε τ6 8λον 4 θεός ένδελεχή (sic : cf. Note compl. IV, p. 258) ποιή-
σας τήν γένεσιν. L ’adjectif συμπληρωτικός apparaît avec Épicure (III 131 τό
συνεθίζειν οδν έν ταΐς άπλαΐς καί ού πολυτελέσι διαίταις καί ύγιείας έστί συμ
πληρωτικόν καί πρύς τάς άναγκαίας τού βίου χρήσεις άοκνον ποιεί τ4ν άνθρωπον)
et les Stoïciens (5t. V. F ., I II, p. 18. 12 = S e x t . ado. math. X I 30 ήσαν 8è oi
φάσκοντες άγαθόν ύπάρχειν τό δι ’αότό αιρετόν,... τινές δέ τό συμπληρωτικόν ευδαι
μονίας) pour désigner ce qui contribue essentiellement à constituer une chose,
là la santé, ici le bonheur. (Cf. St. V. F r ., II I , p. 25. 27 αί δ* άρεταί πασαι
καί ποιητικά έστιν άγαθά καί τελικά, καί γάρ άπογεννώσι την ευδαιμονίαν καί
συμπληροϋσι, μέρη αύτής γιγνόμεναι : ainsi dans Stob. II, p. 72. 3 W. Un passage
parallèle de Diog. L a. V II 96 = 5f. V. F ., III, p. 25.40 explique : en tant que
les vertus produisent le bonheur, elles sont des ποιητικά άγαθά, en tant que
συμπληροϋσι le bonheur, ώστε μέρη αύτής γίγνεσθαι, elles sont des τελικά άγαθά).
Si la mémoire ici n’est pas considérée comme une partie essentielle de l’âme,
c ’est qu’en effet les âmes désincarnées n’ont plus besoin de mémoire, cf. supra,
p. 194, n. 7.
(2) ή μνήμη κ ατοχή οδσα φ αντάσμα τος (III, 609. 2 Η.)·. Définition
scolaire qu’on retrouve identiquement chez Porphyre dans le fragment du
π. τ. τ. ψ. δυν. cité par Stobée au I I I e 1. de l’Anthologion (III 25. 1 = III, p. 605.
12 ss. H.) : μνήμη, ήν άφορίζεται ’Αριστοτέλης κα τοχ ήν φ αντάσματος, ώς
εικόνας, οδ φάντασμα είκών (cf. A r is t . de memor. 1, 451 a 14 τί μέν οδν έστι
μνήμη... είρηται, ότι φ αντάσ ματο ς, ώς είκόνος οδ φάντασμα, Ιξις) 606. 3, όταν
οδν γένηται κατοχή περί τήν φανταστικήν του φαντάσματος, καλείται μνήμη 606.
11. Voir aussi St. V. F ., I, p. 19. 16 μνήμη θησαυρισμός οδσα φαντασιών. En
revanche Plot. IV 6, 1. 2 ούδέ τάς μνήμας πάντως τε καί άκολούθως έροϋμεν
κατοχάς μαθημάτων καί αΐτθήσεων είναι, PoRPH. Sent. 15.
198 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) Sur le logos άθροισμα (συναθροίζεσθαι Jam bl.), cf. C h r y s i p p e , ap. St. V. F .,
II, p. 228. 20 (et, plus complet, III, p. 122. 3) έστι δέ γε τής ψυχής μέρη, δι’
ών 4 έναύτή λόγος σ υνέσ τη κ ε καΐή έν αύτφ διάθεσις. καί £στι καλή ή αισχρά ψυχή
κατά τ6 ήγεμονικόν μόρων ίχον ούτως ή ούτως κατά τούς οίκείους μερισμούς, II,
ρ. 228. 23 εστιν (ό λόγος) έννοιών τέ τινων καί προλήψεων άθρ ο ισ μ α , III, ρ. 44. 2
postea per incrementa aeiatis exorta c seminibus suis ratio. Sur ie processus de
cet άθροισμα, cl. A e t . IV 11 (400 D.). — Sur l’âge, Z en o n ap. St. V. F ., I, p. 40.
32 ss. Dans A e t . IV 11. 4 (400. 23 D.) ό 8i λόγος έκ των προλήψεων συμπληροϋσθαι
λέγεται κατά τήν πρώτην ίβδομάδα, corriger (avec Ritter-Preller) κ. τ. δευτέραν έ.
Tous les autres témoignages ne parlent que de la 2e hebdomade. Voir aussi
T e r t . de an. 38. 1 (et Waszink, p. 434) et supra, p. 13, n. 1. et Add.
(2) A llu s io n s a n s d o u t e à l a d o c t r in e d u Times 43 d 2 s s . : (le s s e n s a t io n s ) τή ν
μ έν τ α ύ τ ο ϋ π α ν τά π α σ ιν έπ έδ η σ α ν ένα ντία α υ τή ρ έο υ σ α ι κ α ί έ π έ σ χ ο ν ά ρ χ ο υ σ α ν κ α ί
ίοϋσα ν, κ τ λ . , 4 4 a 8 κ α ί διά δή τ α ύ τ α π ά ν τα τ ά π α θ ή μ α τα νυν κ α τ ’ άρχάς τ ε ά νους ψυχή
γ ίγ ν ε τ α ι τ 4 π ρ ώ τ ο ν , ότα ν ε ις σ ώ μ α ένδ εθή θ νη τόν . S u r c e d e r n ie r p a s s a g e , c f . P k o c i ..
in Tim., I I I , p . 348. 6 s s . ( d é jà L é v ê q u e , p . 638, n . 6) : « C ’e s t ic i l a c o n c l u s io n
d e t o u t c e q u i a é t é d i t s u r l ’in c o r p o r a t i o n d e s â m e s , e t q u i a p e r m is à P l a t o n do
d é c o u v r ir les c a u s e s d e le u r a g i t a t i o n , d u t r o u b le q u i r é s u l t e p o u r e lle s d e l a
g é n é r a t i o n , e t e n f i n d e l ’é t a t d e f o lie c o n g é n it a l a u x t o u t p e t i t s . D ’o ù e n c o r e
c e t t e c o n c l u s i o n é v i d e n t e : a u x y e u x d e P l a t o n , l ’ â m e r a is o n n a b le e s t p r é s e n t e
a u s s i c h e z le s e n f a n t s b ie n q u ’e lle y s o i t e n c h a î n é e e t i n a c t i v e p u is q u e d o m in é e
p a r le s p u i s s a n c e s i r r a t i o n n e l l e s , e t c e n ’e s t p a s p lu s ta r d q u ’e lle v ie n t s ’ a jo u t e r
a u v i v a n t , c o m m e c e r t a i n s le p e n s e n t . C a r il a m o n t r é p o u r q u o i, b ie n q u e
p r é s e n t e , l a r a i s o n n ’ e s t p a s p r é s e n t e e t , t i r a n t l a c o n c l u s io n , il a d it q u e , p a r
c e s c a u s e s , l ’ â m e d e v ie n t f o lle e t d è s le p r in c ip e , q u a n d e lle a é t é lié e a u c o r p s ,
e t m a i n t e n a n t : q u e lle d if f é r e n c e en e f f e t e n t r e la j u v é n i l i t é d u e à l ’ â g e e t c e lle
q u i t i e n t a u g e n r e d e v ie ? T o u t d e m ê m e d o n c q u e , c h e z c e u x d e s a d u lt e s q u i
m è n e n t u n e v i e f o lle , l a r a is o n , b ie n q u e p r é s e n t e , d e m e u r e i n a c t i v e (ή σ υ χ ά ζε ι :
c p . J a m b l . μή έ ν ερ γ εϊν τή ν οΐκεία ν έν έρ γ εια ν , ά λ λ ’ή σ υ χ ά ζ ε ιν ), d e m ê m e a u s s i, c h e z
le s t o u t p e t i t s , l a r a is o n e s t p r é s e n t e , b ie n q u e , d o m in é e p a r la f o lie , e lle r e s l e
i n a c t i v e ». V o i r a u s s i P l o t . I 1 , 11 .
(3) W achsm uth supprime περί τού νοϋ, sans raisons suffisantes à mon sens.
(4) On retrouve ici la distinction, classique chez Aristote (de an. III 5),
entre le νους παθητικός intimement lié à l’âme, présent dans l’être humain dès le
premier moment de l’animation, et le \ -ΰς ποιητικός. Le premier est destiné à
périr, avec l’âme elle-même, en même temps que l’être humain (6 δέ παθητικός
νους φθαρτός 430 a 24). Le second, étant de sa nature χωριστός καί άπαθής καί αμι
γής, puisqu’il est pure activité (τή ούσία ών ενέργεια 430a18),jou itseu ld e l’immor
talité, ou pîutôt de l’éternité (χωρισθείς δ’έσνΐμόνοντοΰθ’όπερ έστί, καί τοϋτο μόνον
αθάνατον και άίδιον 430 a 22). — Peur le νους θύραθεν, cf. A r i s t . Gen. A n . II 3,
-ψ
APPENDICE I 199
736 b 28 τόν νοϋν μόνον θύραθεν έπεισιέναι (voir aussi 6, 744 6 21). — Les expres
sions ό κατά δύναμιν νους et ή κατ’ένέργειαν νόησις (Jambl. 318.10/11) correspondent
à la distinction aristotélicienne usuelle τό δυνάμει βν ~ τό ένεργεία (έντελεχεία ) Sv,
où δυνάμει et ένεργεί? sont parfois remplacées, chez Aristote même, par κατά
δύναμιν, κατ’ένέργειαν (έντελέχειαν), cf. Mita. Δ 11, 1019 a 6, Θ 1, 1045 b 33, de
an. III 5, 430 a 20, 7, 431 a 1 ή κατ’ένέργειαν έπιστήμη..., ή δέ κατά δύναμιν,
431 b 17 δ νους δ κατ’ένίργειαν. — Dans son de anima, Alexandre d’Aphrodise
offre un bon parallèle du morceau de Jamblique sur les Περιπατητικοί, cf.
p. 81. 22 ss. Bruns : « L ’intellect en puissance, que nous possédons dès la
naissance,... est appelé intellect matériel (υλικός νους) et il est réellement tel
(car tout ce qui est réceptif d’autre chose est matière eu égard à cette autre
chose), l’autre intellect, qui s’acquiert par l’enseignement et l’usage, est la
forme et le perfectionnement (έντελέχεια) du précédent ». (Cf. ib., p. 81.
13 : « L ’homme ne possède pas dès la naissance l’usage habituel [έξιν] de l’intel
lect en acte, il n’a qu’une capacité, une convenance [έπιτηδειότητα] à le recevoir,
mais ce n’est que plus tara qu’il l’acquiert... En effet, tout ce qui contribue
au bien-vivre [par opposition au vivre tout court] vient en surplus chez ceux
qui ont achevé leur croissance [τελειουμένοις]..., car le bon état n’apparaît qu’en
ce qui est achevé [ένγάρ τφ τελείω τό εύ] » et cf. Jambl. p. 318.9 παραγίγνεοθαι...
όφιαίτατα, έπειδάν τε λ είω θ η μέν δ κατά δύναμιν νους, έ π ιτη δ είω ς δέ μετέχη τής
κατ’ενέργειαν νοήσεως). Ρ. 81. 26 Br. : « L ’intellect naturel e t matériel est présent
chez tous les êtres jouissant de l’intégrité de leurs facultés, différent d’ailleurs
selon que les gens sont plus ou moins doués (c’est en vertu de eet intellect
que nous disons tout homme intelligent), l’intellect acquis et qui vient plus
tard, qui est la forme, l’usage habituel et l’accomplissement de l’intellect
naturel, n’est plus présent en tous, mais seulement en ceux qui se sont exercés
et qui ont appris, de la même manière qu’il en va pour les sciences ». (Ceci
n’est pas exactement la doctrine d’Aristote, pour qui le νους ποιητικός est
requis pour tout acte de connaissance intellectuelle, donc nécessairement présent
en tous : la doctrine d’Aristote est mieux exposée dans le de an. libri mantisse.,
p. 110. 4 ss. [d’après Aristoclès?]). Pour le νοϋς θύραθεν, voir aussi Alexandre, de
an., p. 90. 19 ss. Br.
(1) αύτών των Πλατωνικών, sans doute pour opposer les Platoniciens authen
tiques au platonisme adultéré des Péripatéticiens. Ces Platoniciens sont Plo-
tin, Amélius, Porphyre (et déjà Nuinênius) dont il a été question tupra 365.
14 ss., selon lesquels voû... ούδέν ή ψυχή διενήνοχε, et contre lesquels s’insurge
Jamblique : cf. Notecompl. III, p. 252.
(2) Malgré ce qu’on pourrait entendre, il ne s’agit pas ici d’une distinction au
sens aristotélicien entre puissances virtuelles (p. ex. la puissance de lire) et puis
sances en acte (p. ex. l’acte même de lire), cf. supra, p. 190, n. 1. Le problème que
pose ici Jamblique est de savoir si toutes les puissances du corps animé dépen
dent, comme le veut Aristote, de la seule âme noétique entéléchie du composé,
ou si, comme l’entend Platon, il faut distinguer deux sortes de puissances, les
unes propres à l’âme seule, les autres appartenant au composé entier. L ’accent
de ferveur des lignes 371. 18-22 donne à croire que c ’est à cette seconde solu
tion que Jamblique se range.
200 LA RÉVÉLATION "D’HERMÈS TRISM ÉGISTE
(1) C f. A .
rist de an. 1 3 , 4 0 6 b 2 4 δ λ ω ς δ’ ούχ ο ύ τ ω ( s c . l ’à m e m e u t le c o r p s
d u m ê m e m o u v e m e n t d o n t e lle s e m e u t, c f . 4 0 6 b 1 5 s s .) φ α ίν ετα ι κιν εϊν ή ψ υχή τ ό
ζ ω ο ν , ά λ λ α δ ιά π ρ ο α ιρ έ σ εώ ς τίν ο ς κ α ί ν ο ή σ ε ω ς , e x p l i c i t é I I I 1 0 , 4 3 3 a 9 s s . φ α ίν ετα ι
δε γ ε δύο τ α ύ τ α < ζ τ ά 7 > κιν ο ϋν τα , ή δ ρ εξις ή νους (la φ α ν τα σ ία é t a n t u n e s o r t e d e ν ό η σ ις ).
(2) ά ν εν ερ γ η τό ν έ σ τ ι τ ο α κίνη το ν 3 7 0 . 1 8 . C e c i n e p e u t ê t r e e n t e n d u a u s e n s
a r i s t o t é l i c i e n p u i s q u e , p o u r A r i s t o t e , l ’â m e i n t e l l e c t i v e έ ν έρ γ εια d u v i v a n t , b ie n
q u ’ im m o b ile ( c f . n o t e p r é c é d e n t e ) , e s t n é c e s s a ir e m e n t a c t i v e . L a p e n s é e e t
l ’ a p p é t i t i o n s o n t d e s έν έρ γ εια ι. A u s s i b i e n " A c t e P u r im m o b ile e s t u n e P e n s é e
q u i s e p e n s e , ά νεν έρ γ η το ν (q u i d ’a ill e u r s , a b s e n t d ’A r i s t o t e , e s t u n m o t h e l lé n i s
t i q u e , c f . C . H . I 2 5 ) d o it d o n c ê t r e p r is ic i a u s e n s o ù t o u t e a c t i v i t é s e r a m è n e r a i t
à u n m o u v e m e n t : d a n s c e t t e a c c e p t i o n il e s t v r a i d e d ir e q u e l ’ à m e i n t e l -
l e c t i v e ε ν έ ρ γ ε ια , é t a n t im m o b ile , e s t a u s s i i n a c t i v e .
(3) I c i l ’à m e έν έ ρ γ ε ια c o n ç u e c o m m e τ έ λ ο ς ( p e r f e c tio n ) d e l 'ê t r e q u ’e lle a n im e
d o it s û r e m e n t s e tr a d u i r e p a r « a c t e », a u s e n s t e c h n i q u e d ’ A r is t o t e .
(4) ί ’ έ ν τ ε λ έ χ ε ια , o u p e r f e c t io n r é a lis é e , d ’ u n ê t r e im p liq u e n é c e s s a ir e m e n t
1’έν έρ γ εια o u a c t u a l i s a t i o n d e c e t t e p e r f e c t io n , c f . Mêla. H 3 , 1 0 4 7 a 3 0 έλ ή λ υ θ ε
δ’ ή έν έ ρ γ ε ια το ϋ ν ο μ α , ή π ρ ό ς τή ν έν τ ε λ έ χ ε ια ν σ υ ν τιθ εμ έν η , 8 , 1 0 5 0 a 21 το γά ρ
έργον τ έ λ ο ς , ή δ έ έ ν έρ γ εια τό δργον, διό κ α ί του ν ο μ α έν έρ γ εια λ έ γ ε τ α ι κ α τά το έργον
κ α ί σ υ ν τείν ει π ρ ο ς τ ή ν ε ν τ ελ έχ εια ν .
(5 ) A p r è s ά π ό τ η ς τ ε λ ε ιό τ α τ η ς έν ερ γ εία ς π ρ ο ϊο ϋ σ α 3 7 0 . 2 3 , le s M S S . p o r t e n t
ά π ό τ ή ς ψ υ χ ή ς q u e H e e r e n a e u r a is o n , s e m b l e - t - i l , d ’e x c l u r e c o m m e u n e g lo s e ,
d ’ a ill e u r s i n c o r r e c t e , p u is q u e l ’e n t é lé c h ie i m m o b ile d e P â m e e s t p r o p r e m e n t le
ν ο υ ς. S i J a m b i i q u e , a p r è s A r i s t o t e , p e u t d ir e q u e c e t a c t e le p lu s p a r f a it e s t c a u s e
d e s o p é r a t i o n s d a n s le s v i v a n t s (y c o m p r is , a p p a r e m m e n t , le s a n i m a u x ) , c ’ e s t
d a n s le s e n s o ù A r i s t o t e é c r it lu i - m ê m e de an. I I I 1 0 , 4 3 3 a 9 zi τ ις τή ν φ αντα σία ν
τ ιθ ε ίη ώ ς ν ό η σ ίν τιν α : o r la φαντασία a p p a r t i e n t , s in o n à t o u s , d u m o in s à l a p lu
p a r t d e s a n i m a u x , de an. I I I 3 , 4 2 8 a 21 s s .
(6) τ ό κ οιν όν = l ’ ê t r e c o m m u n , le c o m p o s é d e c o r p s e t d ’ â m e , c f . 3 6 8 . 2
το υ κ ο ιν ο ύ ... ζ ώ ο υ , 3 6 8 . 5 τ ω κ ο ιν φ ζψ<ρ, 3 6 8 . 9 ε ις τ ό κοινόν ζω ο ν , 3 6 8 . 11 τό δλον
ζω ο ν , 3 7 4 . 1 2 ε ϊ θ ’ ο ΰ τ ω ς ε ις τ ό κοινόν δίδ ω σιν.
(7) C f. 3 6 8 . 3 καΟ’ ο ΰ ς μεν ή ψ υχή δ ιτ τ ή ν ζω ή ν ζ ή , καΟ’α ύ τή ν τ ε κ α ί μ ε τ ά το υ
σώ μ ατος.
APPENDICE I 201
(1) προχατάρχοντα (371.8) est un terme stoïcien, cf. les προκαταρκτικά αίτια,
St. V. F ., II, p. 119. 45 τών αιτίων τά μόν προκαταρκτικά, τά Si συνεκτικά, τά St
σύνεργά, τά Si ών ούκ άνευ. προκαταρκτικά μέν τά πρώτως άφορμήν παρεχόμενα εις
τό γίγνεσθαι τι, καθάπερ τό κάλλος τοϊς άκολάστοις του ϊρωτος’ όφθέν γάρ αύτοΐς τήν
έρωτικήν 8ιάθεσιν ίμποιεϊ μέν, ού μήν κατηναγκασμένως- συνεκτικά 8έ κτλ. Voir aussi
ib. Index, s. v. προκαταρκτικός.
(2 ) τής κατά τήν ναϋν φοράς κοινής οΰσης πρός τόν κυβερνήτην καί τόν άνεμον (371.
11 s.). 11 y a l’article (τήν) parce que la comparaison est bien connue, cf. infra
382. 2- 4 et p. 227, n. 1 ad loc. (voir aussi ib., n. 3 fin), πρός va avec κοινής. Sur
cette construction κοινός πρός τι, cf. t'n/ra382. 21 s. κοινήν πολιτείαν τών... ψυχών
πρός τούς θεούς, J ambl . de myst. V 7 (p. 208. 1 ss. P.) ού γάρ èv τή φύσει καί ταις
φυσικαΐς άνάγκαις ή τών θεών κεϊται ούσία..., άλλ’ όξω τούτων καθ’ έαυτήν ώρισται,
ού8έν ίχο υ σ α πρός αύτά κοινόν. L . S. J . (s. ν. κοινός 1) citent encore Anth.
Pal. X I 141, Corp. Pap. Rain. 22. 11 (il· s. ap. J.-C .).
(3) τοιαΰτά έστιν, ώς (371. 13), où ώς = ώστε, cf. Bl.-Debr. J 391, 1.
Pour τοιοϋτος ώστε, cf. P lat., Banq. 175 d 5 εδ Sv ίχοι... cl τοιοϋτον εϊη ή σοφία
ώστ’ έκ τού πληρεστίρου είς τό κενώτερον βεϊν.
(4) On attend sans doute κρατούσα (proposé par Usener), mais περιέχουσα
ne semble pas impossible. D’une part, l’âme enveloppe le corps (P lat . Tim,
36 e 3, Corp. H erm. X 11, p. 1 1 8 .1 8 , X I 4, p. 148.25, etc.). D’autre p artπεριέχειν
est employé dans le même sens infra 380.25 ot τε... όλόκληρα τά ε18η τής
ψυχής περιίχοντες. — όχημα (371.17) = « support » OU « véhicule », cf. infra,
p. 206, n. 2. Pour le corps όργανον, cf. Arist. de an II 1.
(5) όσαι paraît se rapporter tout naturellement à l’antécédent immédiat
κινήσεις. Mais on pourrait aussi le rapporter au collectif ή ψυχή (sujet de ϊχει),
à l’égard duquel il marquerait une restriction (« pour autant que l’âme... »)
— J ’ai traduit άπολυόμεναι Heeren (άπολλυόμεναι F P άπολελυμέναι Meineke). —
Wachsmuth exclut άπόλυτοι (371.19) avec Meineke. Faut-il lire ακώλυτοι («sans
empêchement, librement »)? — Pour le pluriel al ζωαί, cf. J ambl . Comm.
Math. 3, p. 13.11 F esta al τής ψυχής ζωαί καί δυνάμεις et souvent.
(6) ένθουσιασμός au sens grec, état où l’âme est possédée de Dieu. Pour la
suite, cp. J am bl . Protr. 10, p. 55. 26 Pist. μόνος γάρ πρός τήν φύσιν βλέπων ζή
202 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
ces belles pensées par lesquelles nous nous conjoignons aux dieux.
A coup sûr, c’est ce que n’accordent plus ceux du moins qui
tiennent l’âme pour corporelle, comme les S toïciens et une
25 foule d’autres : ni ceux qui |pensent que l’âme entre en combi
naison avec le corps pour la génération, selon l’avis de la plu
part des médecins ; ni ceux qui en font une excrescence |du corps,
existant en forme d’harmonie (1). Tous ceux-là en effet font
des mouvements de l ’âme des mouvements corporels.
(1) Cf. par ex. P lot. IV 3,4.14 ε£ μή τις τύ μέν ΐν στήσειεν έφ’ έαυτοϋ μή
πΐπτον εις τύ σώμα, είτ’ έξ ¿κείνου τάς πάσας, τήν τε τοϋ όλου καί τάς άλλος, μέχρι
τινύς οΐον συνούσας καί μίαν τψ μηδενός τίνος γίνεσθαι κτλ. et, d’une façon générale,
E . B r é h ie r , La philosophie de Plotin, pp. 58 ss. Voir au surplus 365. 7 ss,
supra, p. 184.
(2) Sur les rapports, chez Porphyre, entre l’Ame universelle et les âmes
particulières, cf. Sententiae 37, pp. 31.17 ss. M. où toutefois on ne trouve rien
qui confirme la δόξα attribuée ici à Porphyre par Jamblique.
(3) C’est évidemment l’opinion de Jamblique. Lévêque (p. 642, n. 4)
renvoie au de myst., ch. 5-7. Voir au surplus P rocl ., in Tun., II, p. 213.8 ss.
(citéN ote compl. I in/ra), I I I , p. 245.19ss. : Proclus s’en prend à l’opinion des
modernes selon lesquels notre âme serait ισάξιος ou meme δμοούσιος à celle
des dieux. Bn vérité, il y a de grandes différences entre les diverses espèces
d’âmes, et non seulement quant aux activités, comme l’admet Plotin, mais
quant à l’essence. C’est contre cette doctrine des recentiores (déjà combattus
ib., p. 231.6 ss.) que Proclus est amené à mentionner les trois processions,
Cf. p. 245.27 ss. : ίστωσαν γάρ at μέν πρός τούς όλικούς όρώσαι νόας, at δέ πρύς τούς
μερικούς, καί at μέν άχρά ντο ις χρώμεναι νοήσεσιν, a t δέ άποστρεφόμεναί ποτέ τά
βντα,... καί a t μέν θ ε ΐα ι μόνον, a t δέ ε ις ά λλο τε άλλην μ εθ ισ τ ά μ ε ν α ι τάξι^ι,
δαιμονίαν ήρωίκήν άνθρωπίνην,... καί at μέν κατά πάσας άεΐ τάς έαυτών
ένεργοϋσαι δυνάμεις, at δέ άλλοτε άλλος προβάλλουσαι ζωάς. Ce passage semble
inspiré de Jamblique.
(4) θνητοειδή 372.20 : déjà P laton , Phéd. 86 a 8. Longue liste des composés
en -ειδής B uck-P e t e r s e n , pp. 703 ss. Voir aussi Chantraine , pp. 429, 431.
(5) Le problème est celui-ci : « Sommes-nous tout entiers dans chacun de
nos actes? » avec cette complication, introduite par l’hypothèse néoplato-
204 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
27 Les autres, par une |classification plus sûre, soutenant que c’est
373 YV. par une série de processions premières, | secondes, troisièmes,
que les différentes essences d’âmes vont toujours plus avant,
diront certes de la manière la plus absolue, tels qu’on doit se
représenter des gens qui entrent dans la discussion avec des
arguments nouveaux mais infaillibles (1), que les opérations
5 des âmes universelles, diviaes et immatérielles | aboutissent
aussi à l’essence (2), mais ils n’accorderont nullement que les
âmes particulières (3), comprises dans une seule espèce et distri
buées dans les corps, se confondent d’emblée avec les actes
qu’elles accomplissent.
E h bien, appliquons aussi la même méthode aux démarches
10 d’une discrimination | apparentée à la précédente. Je dis donc
que les actes adhèrent naturellement aux puissances dans le
cas des âmes complètes en elles-mêmes, de nature simple (4) et
nicienne d’une Ame universelle présente de quelque façon dans tous les êtres
susceptibles de se voir attribuer une âme : « l’Ame universelle est-elle to ta
lement présente dans chacune des activités de n’importe lequel vivant par
ticulier? » D’après Jamblique, sous réserve de la nuance indiquée dans le
texte, Plotin et Amélius répondraient par raifirm ative (cf. Plot. IV 3, 1-8).
Jamblique lui-même distingue, selon les diverses processions d ’âmes qui se
font à partir de l’Ame universelle. Dans le cas des âmes les plus nobles, on peut
dire que chacune d’entre elles est tout entière dans chacun de ses actes :
essence de l’âme et opérations se confondent, dès lors que ces âmes ne sont
pas incorporées et que leur activité est donc toute simple, comme leur essence.
Dans le cas des âmes inférieures, comme les nôtres, cette identité n’est plus vraie.
L ’essence de l’âme déborde les opérations du vivant. Comme l’écrit M. Bréhier,
« notre moi, ce que nous sommes pour nous, n’est pas adéquat à notre âme »,
cf. Phil. de Plotin, p. 68, et le texte de Plotin (V 1, 12) cité ib., pp. 68-69.
(1) Cette incidente oblige, semble-t-il, à rapporter πάντως δήπου à έροϋσιν :
si on le rapporte à άποτελευτδν = « aboutissent aussi de la façon certes la plus
absolue à l’ essence ».
(2) καί εις ουσίαν άποτελευτίν 373.5. Ce καί est intéressant et semble
impliquer que les opérations des âmes parfaites non seulement commencent
à l’essence, mais encore s’y achèvent, c’est-à-dire, d’un mot, se confondent
avec l’essence. Les puissances, à partir de l’essence, font un cercle et finissent
là où elles commencent, cf. A rist . de caelo I 9, 279 b 1 πάντα γάρ παύεται
κινούμενα όταν έλθη είς τόν οίκεΐον τύπον, του δέ κύκλψ σώματος 4 αύτύς τύπος δθεν
ήρξατο καί είς δν τελευτά. Corp. Herm. I 11 (p. 10.8 N .-F.) άρχεται γάρ, οδ λήγει,
V ε τ τ . V al ., ρ. 331.24 k r. άρχύμενος δθεν έληξεν καί λήγων δθεν δρχεται, B asil ,
Hexnem. II 8 (49 C 7 ss.) τούτο Si κυκλικύν έστι τύ σχήμα, άς>’ έαυτοϋ δρχεσθαι καί
είς έαυτύ καταλήγειν' β δή καί τού αίώνος Ιδιον κτλ. J oh. L y d . de mens. III 4 (p. 39.4
Wuensch) ταύτη κυκλικύν ύνομάζεται σχήμα, άφ’ έαυτοϋ άρχύμενον καί είς έαυτύ
καταλήγον, δ δή ίδιον τού χρύνου είς έαυτύν άναστρέφοντος καί μηδαμού κρατουμένου
(la source de ces deux derniers textes serait peut-être Posidonius selon Gronau,
op. cit., pp. 40-41). Voir aussi E . R. D odds , Proclus, El. Theol., pp. 128.22 ss.,
130.11 ss. et la note p. 277 (ad prop. 146).
(3) τά Si τών μεριστών (373.5) est une simple périphrase pour αί μερισταί
(sc. ψυχαί). C’est bien des âmes qu’il s’agit (τά Si ne peut se rapporter à ένεργή-
ματα 373.4), comme le prouvent et le contexte et le pluriel ένεργοϋσι. On
retrouvera le même tour plus loin, cf. p. 206, n. 1.
(4) μονοειδών 373.12. Ce mot de formation platonicienne (v. gr. Pkéd.
78 d 5 μονοειδές δν αύτύ καθ’αύτύ) revient souvent chez Jamblique, cf. Comm.
APPENDICE I 20 5
d’une manière. Les âmes (1) qui ont pour support (2) des
corps pneumatiques (3) de nature toujours identique à elle-
même (4), et qui, par le moyen de ces corps (5), exécutent
aisément ce qu’elles ont décidé de faire (6), n’ont pas de peine
à produire, dès le début, leurs actes; mais les âmes ensemen-
5 cées | dans des corps plus solides et emprisonnées en eux sont
remplies, d’une façon ou de l’autre, de la nature de ces
corps. De plus, les âmes universelles convertissent vers elles
les choses gouvernées; en revanche les âmes particulières se
convertissent elles-mêmes vers les objets dont elles ont la
charge (7).
Reprenant maintenant la discrimination des actes d’après un
10 nouveau point de départ, |nous voyons que la doctrine P éripa
téticien n e met en principe que les actes de l’âme n ’appar
tiennent qu’au vivant et au composé. [P laton commence par
rapporter les actes premièrement à l’âme, puis, cela fait, il les
accorde aussi au vivant commun] (8). P laton et P ytha -
est clair, celui de προτάττει ne l’est pas et semble peu grec. Ajoutons au sur
plus que cette phrase e .t faite de centons. Pour τό κοινόν (374.12), cf. supra,
p. 200, n. 6. Pour διδόναι εις, cf. 368.8 ή δούσης δλην τήν έαυτής ζωήν εις τό
κοινόν ζώον, 370.27 δίδοται μέν εις τό κοινόν.
(1) Même alliance 365.4 τών Πλατωνικών καί Πυθαγορείων, 3G6.6 δ τε Πλάτων
καί δ Πυθαγόρας, 368.5 κατά Πλάτωνα καί Πυθαγόραν, 369.9 οί δε κερί Πλάτωνα
καί Άρχύτας καί οί λοιποί Πυθαγόρειοι. On notera que, dans tous ces cas,
Platon vient d’abord. C’est en effet que ou ces traditions sur Pythagore ne
datent que de l’Ancienne Académie, ou il s’agit de Pythagoriciens contem
porains de ΓAncienne Académie, cf. Rev. Et. Gr., L V III, 1945, p. 11, n. 5.
(2) φύσις = ici τό φυτικόν, le principe de la vie végétative. — Pour πρό
pléonastique avec un comparatif (πρεσβυτέρα...πρό τής φύσεως 374.15), cf. supra,
363.13 πρό τών...στοιχείων στοιχειωδέστερα et ρ. 178, η. 3.
(3) ύπερέχοντα καθ’ αυτά έξαίρουσιν (374.19/20) F P . Ou, en lisant έξαιροϋσιν
(Wachsmuth) et en rapportant καθ’αύτά à ce verbe : « ils les mettent à part
isolés en eux-mêmes ».
(4) είς μίαν σύνταξιν και μίαν ιδέαν τά είδη... τής ζωής... συνάγοντες 374.22 : cf.
supra 367.11 : Πλάτων...συμφύτους αύτάς (sc. τάς δυνάμεις) καί κατά μίαν
Ιδέαν συνυφεστηκέναι λέγει. Peut-être ίδέα — « classe, catégorie ». — Vie végé
tative (nutrition et croissance), vie animale (sensibilité et motricité), vie
humaine (raison) constituent des espèces ou parties de la vie depuis Aristote,
v. gr. de an. II 3, 414 b 28 ss. Mais je pense que les parties de la vie ici en
question, dont il est dit plus loin qu’elles sont en désaccord ou ramenées à
l’accord, son t la vie irrationnelle et la vie raisonnable, le παθητικόν et le λογιστικόν.
Cette division binaire est attribuée à Platon (au lieu de la division trinaire)
dès les Magna Moralia (I 1,1182 a 24 Πλάτων διείλετο τήν ψυχήν είςτε τό λόγον
ϊχον καί είς τό άλογον όρθώς), elle a été reprise par les manuels platoniciens du
n e s., v. gr. par Albinus qui insiste sur la lutte entre les deux parties (Didask.
24, p. 176.35 H. έπειτά γε μήν έτερα δντα τή φύσει τό τε παθητικόν καί τό λογισ
τικόν καί τόποις όφείλει κεχωρίσθαι. εύρίσκεται γάρ μαχόμενα άλλήλοις, οΰτε αύτοδ
τινός πρός αυτό μάχεσθαι δυναμένου οΰτε τών έναντιουμένων πρός άλληλα περί τό
αύτό κατά τόν αύτόν χρόνον δυναμένων συστήναι : sur ce texte, cf. E . R. W lTT,
Albinus, pp. 80-81), on la retrouve enfin dans les extraits hermétiques de
Stobée E xc. II B 5 4-6 (I, p. 274.4 ss. W.) χαλεπή δέ (sc. όδός) ψυχή όδεϋσαι έν
σώματι οΰση. πρώτον μέν γάο αυτήν έαυτή πολεμήσαι δεϊ καί διάστασιν μεγάλην
ποιήσαι καί ύπό τού ένός μέρους πλεονεκτηθήναι. ένός γάρ γίγνεται πρός δύο (les
deux parties άλογα) ή σύστασις, του μέν φεύγοντος τών δέ καθελκόντων κάτω, καί
ίρις καί μάχη πολλή πρός άλληλα τούτων γίγνεται, κ.τ.λ. Cette doctrine de la lutte
entre les deux parties s’oppose évidemment à celle de l’unité du moi (identité
du νους et de Γαίσθησις) telle que la concevait le Stoïcisme (il est possible que la
réaction contre Chrysippe, avec citation des mêmes vers d’Euripide que
citait Chrysippe [cf. A l b i n , p. 177.5/6, 9 /1 0 ; G a l ie n de plac.Hipp. et Plat.
208 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉG1STE
{
)· 276.30 ss. « Plutarque et A tticus... ont entendu le m ot génération selon
e temps »). Ils disent donc que la m atière inordonnée préexiste à la généra
tion, com m e préexiste aussi l’Ame m alfaisante qui m eut cette masse inor
donnée. D ’où serait venu en effet le mouvement, si ce n’est de l’Am e? Puisque
le m ouvement est irrégulier, il vient donc d’une Ame sans règle... Mais, une
fois qu’est intervenue factio n créatrice du Démiurge, la m atière se transforme
en vue de la composition du monde, tandis que l’Ame m alfaisante, ayant eu
part à l’ Intellect, devient sage et prudente et produit un mouvement ordonné.
Ce qui porte la m atière à l’ordre, c’est la participation à la Form e; ce qui
porte l’Ame malfaisante à l’ordre, c ’est la présence de l’Intellect ». Voir aussi
la critique de Porphyre, ib. 391.4 ss.
(1) καί ούτοι μέν... συνυφαίνουσι (375.2-5) ne peut avoir pour correspon
dant των δ’αύ διισταμένων πρός τούτους (375.12) en sorte que la ponctuation de
W achsm uth est fautive (il faut une virgule après ένεργημάτων 375.11). En
réalité le second génitif absolu των δ’αύ... διισταμένων vient répondre au premier
gén. abs. κατά μέν Πλωτΐνον... αιτίας γιγνομένης τών καταγωγών ένεργημάτων
(375.11). Dans la question de savoir d’où provient le mal pour l’âme, Jam -
blique distingue ainsi deux groupes : un premier groupe (Plotin, Empédocle,
Héraclite, gnostiques, Albinus : 375. 5-10) rapporte le mal à l’âme raisonnable
elle-même, à une faute de cette âm e; un second groupe, qui s ’oppose à ce premier
(διισταμένων πρός τούτους), rapporte le mal à des causes extérieures à l’âme rai
sonnable. Telle étant la construction, le premier μέν (375.2) a pour réponse le δέ
de κατά δέ Άριστοτέλην (375.18), toute la phrase κατά μέν Πλωτΐνον... ώς τά κολλά
(375.5-18) form ant en vérité une digression à m ettre entre parenthèses ou entre
tirets. Selon Plutarque et A tticus, les mouvements irréguliers de l’âme sont
en lutte contre les mouvements rationnels (humains) qui peu à peu l’em portent;
selon A ristote en revanche, ces mouvements irréguliers (ταϋτα 375.19, repris
et explicité par τά τοιαΰτα τής ζωής ενεργήματα 375.21) ne se distinguent des
mouvements humains que par des qualités spécifiques : le φυτικόν et Γάλογον
ne sont pas un mal en soi, ils sont nécessaires au vivant com m e les autres.
Même construction καί... μέν..., avec en réponse un δέ, infra 457.11 ss.
καί τηροΰσι μέν..., Πλωτΐνος δέ, 376.16 ss. καί ot μέν... οί δέ.
(2) τών καταγωγών ένεργημάτων 375.11. Cf. de rrtyst. 3 .25 (ρ. 159.3 P .) :
il y a deux espèces de sortie de soi (έκστασις), καί τά μέν καταγωγά ψυχής τά
δέ άναγωγά, καί τά μέν διίστησιν έξω παντάπασι τής θείας μοίρας, τά δέ πρός αυτήν
συνάπτει, 2.6 (ρ .8 3 .1 Ρ .) άλλά μήν ή γε τών ψυχών θέα τών μέν άχράντων... άναγωγός
έστι καί ψυχής σωτήριος..., ή δέ τών ίτέρων καταγωγός έπί την γένεσιν ύπάρχει.
(3) Cf. (avec Lévêque, ρ. 644, n. 6) P l o t . V 1, 1.1 τί ποτέ άρα έστί τό
πεποιηκός τάς ψυχάς πατρός θεού έπιλαθέσθαι καί μοίρας έκεΐθεν οΰσας καί δλως
έκείνου άγνοήσαι καί έαυτάς καί έκεϊνον (cf. Corp. H erm . I, 18, 2 1 ); άρχή μέν ούν
αύταΐς του κακοϋ ή τόλμα καί ή γένεσις καί ή π ρ ώ τ η έ τ ε ρ ό τ η ς καί τό βουληθήναι
δέ έαυτών είναι.
(4 ) C e testimoniam d e J a m b l i q u e m a n q u e d a n s le s Vorsokratiker. I l f a u t
l ’ a j o u t e r a u t. I , p . 3 5 7 . 1 4 ( a p r è s l a c i t a t i o n d e P l o t i n IV 8 , 1 . 1 7 ) ’ Ε μ π ε δ ο κ λ ή ς
τ ε ε ί π ώ ν ά μ α ρ τ α ν ο ύ σ α ις νό μ ο ν είν α ι τ α ϊ ς ψ υ χ α ΐς π ε σ ε ΐ ν έ ν τ α ΰ θ α κ α ί α ύ τό ς κ .τ .λ . (suit
u n p a s s a g e d u fr . 1 1 5 ) . L a φ υγή ά πό το ύ θεού r a p p e lle E m p é d . f r . 1 1 5 , v . 13/ 4 τώ ν
κ α ί έ γ ώ νϋν ε ί μ ι, φ υ γ ά ς θ ε ό θ ε ν κ α ί ά λ ή τ η ς , ν ε ί κ ε ϊ μ α ιν ο μ έ ν ω π ίσ υ ν ο ς . N o t e r q u e , chez
P l o t i n d a n s ce ch. 1 , E m p é d o c l e e s t d é j à a s s o c i é à H é r a c l i t e c o m m e a u ch. 5
( v . p . 2 1 0 , n . 1 ) , c f . I V 8 , 1 . 1 1 ό μ έν γ ά ρ Η ρ ά κ λ ε ι τ ο ς , 6 ς ή μ ΐν π α ρ α κ ε λ ε ύ ε τ α ι
ζ η τ ε ΐ ν τ ο ϋ τ ο , ά μ ο ιβ ά ς τ ε ά ν α γ κ α ία ς τ ιθ έ μ ε ν ο ς έ κ τ ώ ν έ ν α ν τ ίω ν , « όδόν τ ε ά ν ω κ α ί
κ ά τ ω » ε ί π ώ ν κ α ί <ι μ ε τ α β ά λ λ ο ν α ν α π α ύ ε τ α ι » κ α ί « κ ά μ α τ ό ς έ σ τ ι τ ο ϊ ς α ύ τ ο ϊς μ ο χ θ ε ΐν
LA RÉVÉLATION D’ HERMÈS TRISMÉGISTE. --- III. 15
210 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
καί άρχεσθαι », είχάζειν ίδωκεν άμελήσας σαφή ήμϊν ποιήσαι τδν λόγον. En 8 .1 on a
l’ordre Héraclite-Empédode, en 8. 5 Empédocle-Héraclite.
(1) A jouter de même ce testimonium aux Vors. 22 B 84 a, I, p. 170 ad 1 .1,
après la citation de Plot. IV 8, 5.5 oûî* ή Έμπεδοχλέους φυγή άπδ τού θεού καί
πλάνη καί αμαρτία έφ’ ή ή δίκη, ούδ1 ή 'Ηρακλείτου ανάπαυλα έν φυγή. L ’alliance des
trois noms (Plotin, Empédocle, Héraclite) et la similitude de l’expression
(τής έν Ttji μεταβάλλεσθαι άναπαύλης Jam bl. : μεταβάλλον άναπαόεται Plot. IV 8,
1.14) prouvent peut-être que Jamblique a copié Plotin.
(2) Cf. P l o t . 1 19, mais les termes de παράνοια et παρέχβασις ne se trouvent pas
dans ce tra ité . E n I I 9 ,1 0 il n ’est parlé que de la νεύσις des âmes.
(3) Sur ce passage, cf. R . E . W i t t , Albinus and the History of Middle
Platonism (Cambridge, 1937), p p .137-139. W itt ne voit rien, du moins dans le
Didaskalikos, qui justifie cette assertion de Jamblique. En Did. 16, la première
incorporation des âmes est due à un vouloir du Démiurge, comme dans le
Tintée. En Did. 23, Albinus parle simplement de la composition de l’âme
humaine. Cependant en Did. 25 (p. 1 7 8 .3 0 H.), l’incorporation (successive) des
âmes en des corps (multiples) est dite une conséquence de leur intempérance
OU de leur amour du corps, ή βουλήσει θεών ή δι’ άχολασίαν ή διά φιλοσωματίαν.
D’autre p art on pourrait alléguer le ch. 26 sur le Destin Où, se référant au
mythe de Platon sur le choix des vies (v. gr. Rép. X , 617 e 4 αίτια έλομένου,
619 b ss.), Albinus écrit (p. 179. 7 Herm.) : άλλά διότι ήτις δν έληται ψυχή
τοιοϋτον βίον καί τάδε τινά πράξη, τάδε τινά αύτή Ιψεται. άδέσποτον οδν ή ψυχή
καί έπ’ αυτή μέν τδ πρδξαι ή μή, καί ού χατηνάγκασται τούτο, τδ 8è ¿πόμενον τή
πράξει καθ’ ειμαρμένην συντελεσθήσεται. Il est possible que le passage de
soit un souvenir d’Albinus et que Jamblique ne connaisse Albinus que par une
tradition courante dans l’école de Plotin. Cette tradition reparaît peut-être
aussi chez P ro clus , in Tim ., I ll , p. 234. 8 D. (sur Tim . 41 d 1 τδ δέ λοιπδν
ύμεϊς, άθανάτψ θνητδν προσυφαίνοντες) : τί τδ άθάνατόν έστι τούτο καί τ[ τδ θνητόν,
έζήτηται παρά τοίς τοϋ Πλάτωνος έξηγηταΐς. καί οΐ μέν τήν λογικήν ψυχήν μόνην
άθάνατον άπολείποντες φθείρουσι τήν τε άλογον ζωήν σύμπασαν καί τδ πνευματικόν
όχημα τής ψυχής, κα τά τήν είς γένεσ ιν β ο π ή ν τή ς ψυχής τήν ύπόστασιν διδόντες
αύτοϊς μόνον τε τδν νοϋν άθάνατον διατηροϋντες ώς μόνον καί μένοντα καί
όμοιοόμενον τοίς θεοϊς καί μή φθειρόμενον, ώσπερ οί παλαιότεροι καί έπεσθαι τή
λίξει χρίναντες, δι’ής ό Πλάτων φθείρει τήν άλογον, θνητήν αυτήν καλών, τούς
Α ττικ ο ύ ς λέγω καί Ά λβ ίν ο υ ς καί τοιούτους τινάς.
(4) Numénius et Cronius sont souvent associés, cf. éd. Leemans, test. 14,
17, 22 (fragm. de Cronius, ib., pp. 153-157). Pour la doctrine, v. surtout test.
30 Leem. ( = C h a l c . in Tim ., c. 296 ss.): Chalcidius oppose ici la doctrine des
Stoïciens, qui jugent la matière indifférente, à celle de Pythagore et du pytha
goricien Numénius, selon qui la matière est mauvaise (plane noxia) et cause du
mal, cf. p. 9 3 .1 ss. Deum quippe esse, ut etiam Platoni videtur, initium et causant
bonorum, s ilv a m m a lo ru m , 93. 4 m undum ex speciei bonitate s i lv a e q u e mali-
tia temperatum, 93. 9 silvam... Pythagoras m a li g n a m quoque (a it), 93. 19
( Pythagoras) ait existenteprovidentia mala quoque necessario substitisse, propterea
quod silva sit, et eadem s it m a lit ia p r a e d it a , 9 4 .5 silva quae m a lo ru m fo n s est.
(5) Harpocration d’Argos, sous Marc-Aurèle : cf. U e b e r w e g - P r a e c h t é r 1* ,
APPENDICE I 211
&
550, P. W . VII 2411, n° 2 (v. Arnim). Son nom revient, associé à ceux de
uménius et Cronius, infra p. 380. 19.
(1) φύσις ici encore = le φυτικόν. — Ci. (avec Lévêque, p. 645, n. 7) P lot.
1 8 ,8 .3 7 έστω 8ή πρώτως μέν τό όίμετρον κακόν, τό 8'έν άμετρία γενόμενον ή όμοιώσει
ή μεταλήψει τφ συμβεβηκέναι αύτφ δευτέρως κακόν καί πρώτως μέν τό σκότος, τό δέ
¿σκοτισμένου δευτέρως ωσαύτως, κακία δή άγνοια ούσα καί άμετρία περί ψυχήν δευτέ
ρως κακόν καί οϋκ αύτοκακόν. En lait il résulte de cette doctrine que le premier
mal est la matière, comme Plotin ne cesse de le rappeler dans tout ce chapitre et
dans tout le traité (cf. 1 8,14.49 ύλη τοίνυν καί άσθενείας ψυχή αιτία καί κακίας αιτία,
πράτερον άρα κακή αυτή καί πρώτον κακόν), cf. l’introd. de Bréhier, 1.1, pp. 111-
114. Sur ce point, on ne voit pas de différence entre Plotin et Numénius,
cf. Bréhier, ίο .,ρ . 114. — Pour Porphyre, Lévêque (ib., n. 8) cite de antro nymph.
30. Voir plutôt de abst. III 27 (p. 226, 11 N.), IV 20 (p. 263. 20 N.).
(2) Sur ταϋτα (375. 19), reprenant les άτακτα κινήματα de 375. 2/3, cf. supra
p. 209, n. 1. Jamblique, aprèsla longue parenthèse 375. 5-18, reprend son exposé
sur les rapports entre.puissances rationnelles (τά άνθρώπινα) et puissances irra
tionnelles de l’âme. Il a indiqué les δόξαι des Platoniciens (374. 21-375.18). Il
passe maintenant à celles d’Aristote, des Stoïciens et de Porphyre. En 375.19,
garder άπό (έπί Usener).
(3) Cette δόξα se rattache à la doctrine générale des Stoïciens qui explique
la hiérarchie des êtres par les différents degrés de tension du πνεύμα, cf. St. V.
F r. II, p. 205 (où notre passage est cité 205. 43 ss.). Les hommes (et les dieux)
sont gouvernés par le λόγος, les animaux par la ψυχή, les plantes par la φύσις, les
minéraux n’ont que 1’έξις, cf. par ex. p. 2 0 5 .1 9 τού δέ έμφύτου πνεύματος διττόν
είδος, τό μέν φυσικόν, τό δέ ψυχικόν είσΐ δέ ot καί τρίτον είσάγουσι, τό έκτικόν έκτι-
κόν μέν ούν έστι πνεύμα τό συνέχον τούς λίθους, φυσικόν δέ τό τρέφον τα ζφα καί τά
φυτά, ψυχικόν δέ τό έπί των έμψυχων αισθητικά τε ποιούν τά ζφα καί κινούμενα πάσαν
κίνησιν. Dans cette doctrine, il n’y a pas proprement de mal dans l’univers (car
chacun des êtres reçoit ce qui lui revient), sauf chez l’homme (cf. Cléanthe, h. à
Zeus, v. 16 et ss.). Car, bien que la nature donne à l’homme des άφορμαί άδιάσ-
τροφοι, l’animal humain est susceptible de perversion (διαστροφή, perversio Chal-
cidius) ποτέ μέν διά τάς των έξωθεν πραγμάτων πιθανότητας, ποτέ δέ διά τήν κατή-
χησιν τών συνόντων. Sur ce point, cf. St. V. F r . III, pp. 53-56 et ajouter cf.
Chalcid . in Tim ., c. 297 süvam igitur informent et carentem qualitate tam S t o ïc i
quam Pythagoras consentant, sed Pytkagoras malignam quoque, S t o ic i nec
bonam nec malam, dehinc tamquam in progressa viae malis aliquot obviis, perro-
gati unde igitur mala, p e r v e r s i t a t e m s e m i n a r i u m m a lo r u m f o r e causait
su n t; nec expediunt adhuc unde ipsa p e r o e r s ï t a s , cum iuxta ipsos duo sinl
initia rerum, deus et silva : deus summum et praecellens bonum, silva ut censent
nec bonum nec malum (ce fragment important manque dans les St. V. F r.).
Ce problème de la perversion progressive de l’être humain est étudié par
Plotin, I 8, 14, où il fait peut-être allusion aux Stoïciens, cf. éd. Bréhier, I,
p. 128, n. 1.
(4) J e prends τών πρεσβυτέρων comme dépendant ό’άπό dans άποφέρεται, et
non comme génitif gouverné par le comparatif τά καταδεέστερα.
212 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1 ) C f . P l a t . Rép. X 6 1 1 a 4 ε ί δ’ ε χ ε ι (ο ύ τ ω ς = s i le s â m e s s o n t i m m o r t e l l e s !,
έ ν ν ο εϊς ό τ ι à e i Sv ε ϊε ν α ί α ύ τα ί. ο ύ τ ε γ ά ρ άν π ο υ έ λ ά τ τ ο υ ς γ έν ο ιν το μ η δ ε μ ια ς ά π ο λ-
λ υ μ έ ν η ς , ο ύ τ ε αΰ π λ ε ίο υ ς' ε ΐ γ ά ρ ότιοΰν τ ω ν ά θ α ν ά τω ν π λ έο ν γ ίγ ν ο ιτ ο , ο ίσ θ ’ ό τι
έ κ τ ο ύ θ ν η το ύ αν γ ίγ ν ο ιτο κ α ί π ά ν τα αν ε ίη τ ε λ ε υ τ ώ ν τ α ά θ ά ν α τα .
(2) R i e n s u r c e p o in t , à m a c o n n a is s a n c e , n i d a n s P l o t i n l u i - m ê m e n i d a n s
l e C o m m e n t a ir e d e P r o c l u s s u r Tim. 4 1 d 8 (δ ιεϊλ εν φ υ χ ά ς ισ α ρ ίθ μ ο υ ς τ ο ΐ ς ά σ τ ρ ο ις),
I I I . ρ ρ . 2 6 0 - 2 6 5 D . E n P l a t o n Rép. V I I I 5 4 6 b 4 ( Ι σ τ ι δ ε θ ε ί ω μ έν γ ε ν ν η τ ω π ερ ίο δ ο ς,
ή ν α ρ ιθ μ ό ς π ερ ιλ α μ β ά ν ει τ έ λ ε ι ο ς ) , le n o m b r e p a r f a i t d é s ig n e l e t e m p s d o g e s t a t io n
d e l ’u n iv e r s (e f. A d a m , a d lo c. e t A p p . , p p . 2 8 8 - 2 9 0 ) . Ε η Γ ι ι η . 3 9 d 2 ( έ σ τ ι δ ’ ό μ ω ς
ούδέν ή τ τ ο ν κ α τα ν ο η σ α ι δυνατόν, ώ ς ό γ ε τ έ λ ε ιο ς ά ρ ιθμ ό ς χρόν ου τον τ έλ ειο ν ενιαυτόν
π λ η ρ ο ί ) , le n o m b r e p a r f a i t d é s ig n e la d u r é e d e la G r a n d e A n n é e (c f. T a y lo r ,
ad loc., p p . 2 1 6 - 2 1 9 ) . N i l ’ u n n i l ’a u t r e n e s o n t en r a p p o r t a v e c le » n o m b r e
p a r f a i t » d e s â m e s d o n t il s ’ a g i t ic i, m a is il e s t p o s s ib le q u e P l o t i n , o u q u e lq u ’un
d e s o n é c o le , s e s o i t a m u s é à d e te l le s s p é c u la tio n s . I l e s t q u e s t io n d a n s P r o c lu s
d ’ u n nombre divin , c e lu i q u i s y m b o lis e le m o n d e d e s d ie u x (y c o m p r is le s
â m e s d iv in e s e t le s c o r p s d iv in s ) , c f . in Tim ., I l , p p . 1 6 1 . 2 6 / 7 , 2 1 3 . 2 1 / 2 ,
tr a d u it , infra, N o te c o m p l. I , p p . 2 4 9 s s .
< SE C T IO N I I >
< I>
<Points de départ et buts de la descente>
I 49. 39
< 1 . P oints de départ >
1,377.11W.
P lotin , P orphyre et Am élius font passer les âmes dans les
15 corps à partir de l’Ame supracéleste | et toutes sur un pied
d’égalité (2).
C’est très diversement (3) que le Timée (4), semble-t-il, repré
sente la première venue à l’existence des âmes, le Démiurge
distribuant les semences des âmes dans tous les genres d’êtres
supérieurs, à travers toute l’étendue du Ciel, et dans tous les
20 éléments (5) de l’Univers. Ce sera | donc aussi en correspon-
(1) Dans Stobée, la 2« section ne comporte qu’un seul titre περί διαοοράς
καθόδου των ψυχών, d’ailleurs mal placé en tête du ch. 40. Wachsmuth l’a
transposé en tête du ch. 39. Je n’en ai pas tenu compte pour la simple raison
que la διαφορά n’est qu’un aspect tout extérieur du problème et qu’il impor
tait avant tout de mettre un peu d’ordre dans un texte peu clair au premier
abord. L ’ordonnance générale est la suivante : (I) Points de départ et buts
de la descente (ch. 39, 377.13-379. 10); (II) Union de l’âme et du corps (ch. 40,
379. 12-380. 29); (III) Temps et mode de l’incorporation (ch. 41, 42, 42 a,
381. 2-383. 16). Suit un corollaire sur la possibilité de l’union entre l’âme
incarnée et les dieux (ch. 43, 383. 18-24).
(2) Il a été déjà fait mention de cette doctrine, cf. 372. 10, 23 et les notes
p. 203, η. 1 et n. 5 de la section I.
(3) διαφερόντως (377.16) est équivoque. Ou « diversement de » ( = « supé
rieurement à ») ce qui a été dit (par Plotin etc.), ou, étant donné ce qui suit,
« en m arquant bien des différences » dans les divers sorts des âmes (cf. πολύ
διαφερόντως διατάττονται 385. 2).
(4) ό Τίμαιος, avec l’article, est le Timée, et tout le passage est sans doute
un résumé du Commentaire de Jamblique sur le Timée (cf. Zeller, III 24,
p. 741, n. 3) à propos de Tim . 41 e 3 δτι γ έν εσ ις π ρώ τη μέν έσοιτο τεταγμένη
μία πασιν, ίνα μήτις έλαττοΐτο ύπ’αύτοϋ. Cf. P rocl. in Tim ., III, pp. 275-278
(traduit infra Note Complémentaire V, pp. 258 ss.), qui paraît, s’être souvenu
de Jamblique dont il cite proprement l’exégèse ib. p. 2 7 8 .2 .— J e prends,
ainsi que Wachsmuth d’après sa ponctuation (virgule après ποιεΐν), τύν δημιουρ
γόν διασπείροντα comme une apposition à τήν πρώτην ύπόστασιν. — Pour les
κρείττονα γένη (377.18), cf. déjà 365.26 χωρίζει 8è αυτήν (sc. τήν ψυχήν) καί άπό
των κρειττόνων γενών όλων, 367.3 τό άπογεννώμενον άπό τών θειοτέρων γενών όλων,
365.11 καί πάντα τά πρεσβυτέρα γένη. L ’expression est explicitée infra 378.2
ουδέ κατά τάς διαιρέσεις τών κρειττόνων γενών οΐον θεών, άγγέλων, δαιμόνων,
ήρώων. Voir aussi infra, p. 221, n. 1.
(5) εϊς όλα δε τά στοιχεία του παντός (377.19). Ici on s’attendrait à ce que
στοιχεία = « planètes » (et non « éléments »), selon un sens courant sous l’Em -
516
APPENDICE I 217
f
iarle (avec la Lune et les planètes) que de la Terre, 42 d 4. Mais il est dit plus
oin que les oiseaux, les quadrupèdes et les poissons résultent d’une modifi
cation de la race humaine (91 d 6 ss.). De toute façon, στοιχεία désigne ici les
quatre régions du monde que se partagent, de haut en bas, les quatre élé
ments. Pour ce passage de στοιχείον = « élément » à « région assignée à l’élé
ment », cf. L. S. J ., s. v., II 2 fin (στοιχείον pour la mer, άμφω τά στοιχεία
= la terre et la mer).
(1) Un έχει sous-entendu se tire facilement de έχουσα τά δεχόμενα τάς ψυχάς
à la ligne précédente (377.22). Avec ή μέν..., αί δέ..., il faut sous-entendre néces
sairement ψυχή (ψυχαί), tiré de ή σπορά τών ψυχών, ή τών ψυχών πρόοδος supra
377.20-22.
218 L A R É V É L A T IO N D ’ H E R M È S T R IS M É G IS T E
(1) Il ne doit pas s’agir du Cyrénéen, mais d’un autre, cl. Knaack (P. W . VI
362. 17, 386. 25, 389. 24), qui, après Wachsmuth (II, p. 293), les distingue.
Celui-ci en tout cas est mis au nombre des Πλατωνικοί et associé à un P to
lémée 6 Πλατωνικός. Un Eratosthène est également nommé dans Proclus,
in Tirn., II, p. 152. 26 (cité supra, p. 180, η. 1), mais ce passage concerne
l’Ame du Monde et n’a point de rapport avec le nôtre.
(2) C’est peut-être Ptolémée Chennos d’Alexandrie- (probablement n e s.
ap. J.-C .), sur qui cf. U e b e r w e g -P ra ech ter , p. 561. Il écrivit sur Aristote,
mais composa sans doute aussi un commentaire sur le Tintée, cf. P ro cl .
in Tim., I, p. 20. 7. S’il s’agit bien ici de ce Ptolémée Chennos, il ne saurait
être le même que le Ptolémée rangé par Longin (avec Ammonius) parmi les
Péripatéticiens dans une liste de philosophes que Longin aurait connus dans
son enfance (ap. P orph . v . Plot. 20.49, Cf. 20.21 ους όίπαντας μέν ύττηρξεν ÎSeïv
ήμΐν διά την έκ παίδων έπί πολλούς τόπους... επιδημίαν). Comme le remarque
É . R . Dodds (Proclus, El. Theol., p. 317), ce Ptolémée est partisan du corps
pneumatique de l’âme, en sorte que la doctrine remonterait au moins au
n a s. de notre ère.
(3) Plotin (IV 3, 9. 3 ss.) distingue pareillement deux modes de l’entrée
de l’âme j i ans J e corps : (1er mode : 9. 4 ss.) ή μέν γάρ (είσοδος) γίνεται ψυχή έν
σώματι ουση τή τε μετενσωματουμένη καί τή έκ σ ώ μ α το ς άερίνου ή πυρίνου
είς γή ινο ν γιν ομ ένη (on n’appelle pas cela métensomatose parce que le corps
à partir duquel se fait Γείσκρισις est invisible) : cette théorie paraît correspondre
à celle d’Er_atosthène et de Ptolémée ici; (2e mode : 9. 7 ss.) ή δέ έκ του άσωμά-
του είς ότιοΰν σώμα, ή δή καί πρώτη άν εΐη ψυχή κοινωνία σώματι = cette théorie
paraît correspondre à celle du Tintée où, lors de la πρώτη γένεσις, l’àme n'est
pas encore entrée dans un corps. — Pour οστρεώδη (378. 8) = littéralement
«à la coquille épaisse », cf. O lym pio d ., in Phaed., p. 1 43.11 N. μάλλον δέ καί αύτός
ό^Σωκράτης έρεϊ μικρόν ύστερον (Phéd. 81 d) ώς το σκιοειδές τοϋτο δή φάντασμα
τη ψυχή συνέζευκται μετά θάνατον, εως άν τή τοϋ σωματοειδοϋς άνάγκη συνεπομένη
π άλιν ένδ εθή τ<5 δσ τρ εώ δ ει σ ώ μ α τι. L’image vient du Phèdre 250 c 5 άσή-
μαντοι τούτου 6 νυν δή σώμα περιφέροντες όνομάζομεν, όστρέου τρόπον δεδεσμευμένοι.
(4) διατρίβειν εις (378.9). Pour cet emploi de είς = έν dans le grec tardif,
cf. Bl.-D ebr. 205. Pour l’origine de cette confusion, W a.ckerna.g e l , Synt.,
II, p. 156.
(5) Voir en dernier lieu P. B oyancé , Etudes sur le Songe de Scipion (Paris-
B ordeaux, 1936), pp. 130, 133 ss., en part. p. 134, n. 1, F . C umont , Symb.
fun. d. Rom., p. 193 et n. 1. Sur la croyance, cf. surtout Somn. Scip. 16, M a n il .
I 751 ss. Il est probable d ailleurs que cette croyance, répandue chez beaucoup
de peuples (cf. G un d el , P . W . V II, 564. 7 ss.), a dil être populaire en Grèce
avant Héraclide lui-même et qu’il l’a plutôt vulgarisée qu’inventée, cf. Z e l l e r ,
II l 5, p. 1038 (les étoiles de la Voie Lactée étaient tenues pour des âmes).
(6) La notion de l’immortalité céleste est trop commune sous l’Empire
pour qu’on y insiste. Voir en général Mrs A. S trong , Apotheosis and After
Life (Londres, 1915), pp. 174 ss., F . C umont, After Life in Roman Paganism
(New Haven, 1922), pp. 91 ss., Rel. Or*. (Paris, 1929), pp. 116 ss .,Lux Perpétua
(Paris, 1949), pp. 174 ss. Mais, comme le remarque Cumont (After Life, p. 105),
en dehors de l’immortalité dans les astres fixes, le soleil et la lune, les textes
sont peu explicites en général au sujet des autres planètes : « The place where
A P P E N D IC E I 219
220 L A R É V É L A T IO N D ’H E R M È S T R IS M É G IS T E
< II>
qui estiment s ’en tenir à la lettre du texte, où Piaton fait périr l’âme irration
nelle, puisqu’il la nomme « mortelle », j ’entends A ttic u s , Albin us et autres
pareils ».
(1) Ou Stobée a brouillé ses notes, ou Jamblique compose sans ordre (puis
qu’il a été déjà traité des τέλη plus haut 378. 21 -3 7 9 .1 0 :cf. 379. 2 τό τ έ λ ο ς
άναφέροντες τής καθόδου), ou, comme je le crois, ce paragraphe sur les τέλη
concerne l’influence qu’exerce le τέλος sur le mode d’union au corps de l’âme
incarnée. Il s’insère en effet entre deux passages (379.12-380. 5 et 380. 19-29)
relatifs à la diversité des modes d’union au corps selon (1) la nature ou la
pureté de l’âme et (2) le genre de vie qu’elle a mené avant sa descente.
(2) Cf. supra 378. 25 ss. : c ’est la conception « optimiste, cf., dans ce livre,
ch. I l, pp. 73 ss.
(3) Cette deuxième conception n’a pas été mentionnée plus haut, à moins
qu’on n’entende par là la θείας ζωής έπίδειξις de 379. 1 /2. L ’idée est celle du
héros éprouvé par Dieu et qui, grâce à cette épreuve, gagne le ciel, cf. ma
Sainteté, pp. 63-68 et Porphyre, supra, ch. I l , pp. 80 s.
(4) Ce sont les τρόποι άκούσ ιοιτής καθόδου, supra 3 7 9 .1 0 , l’âme étant forcée
(βιαζομένη) de descendre en punition d’une faute originelle, cf. supra, ch. II,
pp. 69 ss, et 93 ss.
(5) L ’addition <τινές Si τών νεωτέρων ούχ οδτω ς> est de Heeren.
(6) Lévêque et Wachsmuth (II, 291, 293, 296) entendent κακάς τε είναι πάσας
(380. 16/7) des âmes, τάς ψυχάς devant être sous entendu ici comme ψυχών après
τών όλων 3 8 0 .1 6 . De plus, Wachsmuth (1. c.) interprète καί διαφερόντως (380.17)
com m e « (omnes animas malas esse) sed diverso modo·. L a première traduction
est sûrement mauvaise. Selon Numénius e t Cronius, il y a en nous deux âmes,
l’une (irrationnelle) mauvaise, l’autre (raisonnable) bonne : cf. test. 36, p. 98
Leem. Cependant l’âme raisonnable elle-même devient mauvaise dès là que,
s ’incorporant, elle entre en contact avec la matière, cf. supra 3 7 5 .1 2 τών δ’αύ
διισταμένων πρός τούτους καί άπό τών έξωθεν προσφυομένων προστιθέντων όπωσόϋν
τη ψυχή τλ κακόν, άπό μέν τής ύλης Ν ουμηνίου καί Κ ρονίου πολλάκις, άπό δέ τών
σωμάτων αύτών τούτων ίστιν δτεκαί "Αρποκρατίωνος (cf. supra, p. 210, nn., 5).
De là vient que, comme le marque Leemans (Numénius van Apamea, p. 66,
n. 3), la venue de l'âm e dans un corps est pour elle toujours un mal : Leemans
se réfère à notre texte (¿6., test. 40, p. 99) et interprète donc justement κακός
είναι πάσας comme se rapportant à τάς ένσωματώσεις τών όλων.— διαφερόντως (non
APPENDICE I 223
traduit par Lévêque) peut avoir à la rigueur le sens indiqué par Wachsmuth
(les incorporations sont diversement mauvaises :cf. supra, p. 216, n. 3), mais il
parait beaucoup plus naturel de le rapporter à la suite οί περί Κρόνιον κτλ.
(1) oï τε γάρ νεοτελεΐς καί πολυΟεάμονες των οντων 380. 2 3 : c i . P l a t . Phèdre
251 a 2 6 δε άρτιτελής, 6 τών τότε πολυθεάμων, 250 e 1 ό μέν ούν μή νεοτελής, 248 b4
πάσαι Si... ατελείς τής του όντος θέας απέρχονται. Pour οι τε συνοπαδοί καί συγγενείς
τών θεών 380. 24, c f . Phèdre 248 C 3 ήτις άν ψυχή, θεώ ζυνοπαδός γενομένη, κατίδγ)
τι τών άληθών, J ul ., Or. IV, 130 c καί γάρ είμι τουβασιλέως οπαδός Ήλιου.
(2) Ce paragraphe est difficile à entendre. Il ne peut s’expliquer par la
doctrine de la métempsycose (qui éclairerait tout) puisqu’ il est parlé trois fois
(τήν πρώτην σύνοδον 380.' 22, πρώτως 380. 26, 28) de la première union de l’âme
avec le corps. 11 faut donc supposer que les βίοι τών ψυχών sont les genres de vie
des âmes au ciel avant leur première descente (πριν έλθεΐν εις σώμα, 380. 20),
et que, au ciel même, dans son état'préempirique, l’âme peut ou bien se conser
ver pure et parfaite ou au contraire se remplir de passions. On se référera au
Phèdre (246 a ss., 247 b, 248 a-c) et aux doctrines du péché originel (commis au
ciel même) étudiées plus haut, ch. I l, pp. 83 ss. Pour une même distinction
entre deux comportements de l’âme (probablement) au ciel, cf. Stob. Herm.,
E x c. V III 5 e t mon édition, introd., pp. l x v - l x i x . — Pour περίεχοντες 380. 25,
cf. περιέχουσα 371. 17. Pour άπό τών επιθυμιών άναπεπλησμένοι 381. 27, cf. (avec
Wachsmuth) πλήρωσιν άπό νοϋ καί του δντος. 454. 14.
224 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISM ÉGISTE
< III>
I 49.41. < T e m p s e t m o d e s d e l 'in c o rp o ra tio n > (1)
1,381 W.
< 1 . T emps de l ’ incorporation >
(1) Comme on l’a marqué plus haut (pp. 12 ss.), ce ch. 41 est certainement
tronqué au début. (1) κατά y Ίπποκράτην prouve qu’au moins une autre
δόξα a été signalée antérieurement. (2) Jamblique ne mentionne que les opi
nions d’Hippocrate, de Porphyre et d’un anonym e:or nous savons (e . infra)
qu’il y en av ait d’autres. (3) τοσαΰτα (381. 13) ne convient guère après une
énumération aussi courte. — Pour le problème, cf. surtout P o rph y re , Περί τού
πώς έμψυχοΰται τά έμβρυα, ed. Kalbfleisch, Abk. Berl., 1895 (traduit infra, pp. 265
ss.), en partie. II 1 ss., pp. 34. 11 ss. K . La source de Jamblique est presque
sûrement ce traité de Porphyre. Car, d’une part, l’opinion anonyme citée par
Jam blique est déjà dans Porphyre (II 3, p. 35. 9 ss. K. = infra, p. 268 :
Kalbfleisch a noté ce parallèle, 1. c., pp. 22-23), d’autre part deux des δόξαι ici
indiquées se retrouvent dans le même ordre chez Porphyre (Hippocrate :
Jam bl. 381. 2 = Porph. II 2, p. 35. 3 K. τοϋδ’ όταν πλασθή πρώτον τηνείσκρισιντι-
θέντος... καθάπερ Ιστορεί 4 'Ιπποκράτης. — Anonyme : Jam bl. 381. 16 = Porph.
II 3, p. 35. 9 K .), Jamblique insérant entre ces deux d’abord celle de Porphyre
lui-même (381. 4), qui, dans son traité, critique au fur et à mesure les opinions
adverses, puis la sienne propre (381. 6 ss.). On peut donc conjecturer que
ce qui précédait dans Jamblique était la même 86ζα que celle qui est indi
quée dans Porphyre, c ’est-à-dire l’opinion qui fixe l’animation au moment
où le sperme a été injecté dans la matrice, cf. Porph. II 2, p. 34. 23 K. (pour
cette δόξα, P . cite Numénius et les exégètes des sens allégoriques de Pytha-
gore). On aurait donc la série suivante : (1) δταν καταβληθή τ4 σπέρμα
(Porph., p. 34. 23); (2) 8ταν πλασθή τύ σπέρμα (Jambl. 381. 3 = opinion d’Hip
pocrate) ; (3) έν τη πρώτη άπογεννήσει τοϋ τικτομένου (Jambl. 381. 4 = opinion de
Porphyre, 1 1 1 , p. 3 4 .1 9 8 8εϊ γίγνεσθαι μετά τήν έκ γαστρός κατά φύσιν γίγνομένην
¿ποκύησιν) ; (4) opinion de Jamblique (γένοιτο 8* άν καί άλλη τις 84ξα κτλ., 381.
6 ss.) ; (5) Anonyme (Jam bl. 381. 16 ss. = Porph. II 3, p. 35. 9).
(2) Cf. H ip p . Nat. P uer. 18 (VII 498 ss. L.).
(3) Cf. η. 1. Ε ’άπογέννησις de Jamblique correspond à 1’άποκύησις de Por
phyre.
(4) Opinion de Jamblique qui, comme il le fait souvent, présente sa doc
trine sous forme dubitative. Cp. γένοιτο 8’ άν καί άλλη τις δόξα οϋδέπω καί νυν
¿ηθεϊσα ici 381. 6 et γένοιτο 8έ κάν άλλη 8όξα οΰκ άπόβλητος 372. 15, άλλος άν
τις καθαρώτερον αυτήν προστήσαιτο τελεώτατα 364. 6, ώσπερ άν τις νεωτερίσειεν έν
ταΐς έπινοίαις 367.4, τάχα άν τις έπινοήσειε καινότερον, ούκ άπιθάνως 370. 12, οϊους
άν τις θε£η τούς καινώς μέν άπταίστως 8έ άντιλαμβανομένους τών λόγων 373. 2, ώς
άν φαίη ή νεωστί παρευρεθεϊσα ήδε αίρεσις 373.12. ή παράκειται 84ξη ού παραοδθεΐσα
μέν, δυναμένη 8έ πιθανώς λέγεσθαι αίρεσις 363. 21 parait diflérent, cf. 179, n. 2 .
APPENDICE I 225
par une loi fatale (1) que l’âme qui se meut d’elle-même s’intro
duit dans le corps propre à servir d’instrument, en se détachant
25 soit de l’Univers, soit de |l’Ame universelle, soit de la Création
38 2 . U W. entière. | Cependant les plus purs des P latoniciens , comme
par exemple P lotin (2), disent que sans doute le corps propre
à servir d’instrument tient de ces parties-là le principe de son
15 mouvement, étant soumis, pour la génération, aux | puissances
qui se servent de lui, mais que ces puissances elles-mêmes sont
16 | indépendantes des corps particuliers.
Φ
υσικού τοιουδί έχοντος άρχήν κινήσεως καί στάσεως έν έαυτφ. Dès lors il est vain
e se demander εί έν ή ψυχή καί τδ σώμα 412 b 6. On ne peut pas les consi
dérer à part (tandis qu’on peut séparer le pilote du navire). Plus loin,
après avoir répété que ούκ ίσπν ή ψυχή χωριστή τού σώματος (413 a 4), Aristote
se demande si l’âme est entéléchie du corps ώσπερ πλωτήρ πλοίου (413 a 9). C’est là,
semble-t-il, le point de départ de la question plotinienne, cf. supra n. 1. En
bon aristotélisme, il semble que la réponse doive être négative, cf. la longue
note de R . D. H icxs (Cambridge, 1907) ad loc. (pp. 319-321).
(4) νεύσις et δοπή sont des expressions plotiniennes (v. gr. καί ή νεύσις δέ πώς
ούχ άμαρτία; I 1, 12. 24 : νεύσις aussi chez les Gnostiques de Plotin, II 9, 4. 6)
pour caractériser l’inclination de l’âme vers le corps, συννεϋειν parait chez
Plotin et Porphyre [Sent. 43, p. 42. 6, 8Momm.), mais non pas, comme σύννευσις
ici, pour désigner les relations de l’âme avec le corps.
(5) < ή > έπικρατεί? scripsi. L ’omission de ή, surtout devant une voyelle
(ici e), est une faute assez commune, cf. Stob.Herm. E xc. X X I I I (Korè Kosmou)
1 6 1 < ή > ήν άναγχαιον, 2 1 4 < ή > ά έφθησαν έργάσασθαι.
(6) Théorie combattue par P lotin , IV 3, 20. 30 : ού μήν ούδ* ώς μέρος έν 4λω
(ϊσται ή ψυχή έν τφ σώματι)' ού γάρ μέρος ή ψυχή τού σώματος. ε( δέ τις λέγοι ώς έν
δλω_ μέρος τφ ζφω, πρώτον μέν ή αύτή άν μένοι απορία, πώς έν δλψ· ού γάρ δή ώς έν
τφ άμφορει τού οίνου 4 οίνος, ή ώς 4 άμφορεύς, ούδ* ή καί αύτ4 τι έν αύτφ forât.
228 L A R É V É L A T I O N D ’H E R M È S T R I S M É G I S T E
(1) Sur cette 3· section et sur les deux questions qu’elle comporte (choix
de vie à la puberté, m ort), cf. supra, pp. 3 ss. et 13 s. Sur la composition de ce
ch. 42», tronqué au début, ib., p. 13 s. On doit sous-entendre en tête, avec une
formule de transition, une proposition principale comme πολυειδώς ΐιαφέρονται
οί βίοι, tous les participes suivants (κρινάμενοι 382. 25, άντιδιαστελλύμενοι
383. 2 /3, προτιμώ μενοι 383. 6, τό αιρετόν ϊχοντες 383. 11) dépendant de ce verbe
initial. Il faut donc m ettre des virgules partout. Quant aux rapports entre
cette doxographie sur les τέλη et celles de Cicéron (Lucull. 129-131, de Fin.
II 34-35, V 16-23), cf. infra Note complémentaire V I, pp. 261 s.
(2) κοινωνία peut désigner soit la communilas cum hominum genere (cf.
St. V. F r ., Ind., s. v. κοινωνία et άνθρωπος, p. 18), soit la κοινωνία des hommes et
des dieux, πρός άλλήλους διά τ6 λίγου μετέχειν (Λ . V. F r., II, ρ. 169. 28 et Ind.,
I. c.). — Pour le bien dépendant de la nature, cf. Cic. de F in ., 11 34 Stoicis
consenlire naturae, quod esse volunt e virilité, id est honeste, vivere, quod ita
interpretantur : vivere cum intellegentia rerum earum, quae nalura evenirent,
eligentem ea quae essent secundum naturam, reicientemque contraria et la fameuse
formule, άκολούθως τη φύσει ζην {St. V. F r., I, 45. 34 et passim).
(3) Pour ή κατά φύσιν συμμετρία, cf. Cic. de F in ., II 34 sententia... Peri-
patetirnrum, ut finem lunorum dicerem secundum naturam vivere, id est virlute
adhibita frui primis a natura datis. Hais peut-être Jambiique songe-t-il à la
vertu έξις έν μεσότητι, cf. Eth. Nie. 11 et passim. — Pour la vie théorétique
ύπέρ τήν άνθρωπίνην φύσιν, cf. Eth. Nie., X 7, 1177 b 26 &8έ τοιοϋτος Sv εΐη βίος
κρείττων ή κατ’ άνθρωπον' ού γάρ ή άνθρωπός έστιν οΰτως βιώσεται, άλλ’ ή θεϊόν
τι έν αΰτφ υπάρχει.
(4) Pour cette suite de noms, cf. Note complémentaire V I. — H é r i l l u s :
P . W ., V III 683 (v. Arnim); A r i s t o n : P. W ., II 957 ss. (n" 56 : v. Arnim);
H i é r o n y m f . : P. W ., V III 1561 ss. (n° 12 : Daebritz). Ce testimonium de
Jamblique sur Démocrite (εύσχημοσύνη) manque dansles Vorsokraliker. A joindre
aux fragm. sur Ι’εύθυμία, εύεστώ.
230 LA R É V É L A T IO N D ’H E R M È S T R IS M É G IS T E
'(1) J ’ai construit άπειροι avec διαιρούμενοι. Mais peut-être βίοι άπειροι, περί τήν
γένεσιν διαιρούμενοι = « le pullulement infini des vies particulières qui se distri
buent de par le monde ». Ou encore, περί τήν γένεσιν = « qui s’attachent au
monde sensible ».
(2) Sans parler des recherches antérieures chez les Présocratiques (Vors ,
Ind. 202 a 34-b 20; Aét. V 24, 1-3; 25, 2-4), Platon (Tim . 81 d 5-e 2 : cf. A.
E . Taylor, op. cit., pp. 5 86/7), Aristote (de respir. 478 b 28 ss.) et les méde
cins (pas de traité spécial dans le Corp. Hippocr., mais nombreuses mentions
passagères : cf. l’index de Littré, s. v. Mort), il est clair que le phénomène
physique de la mort doit avoir été un problème banal dans les écoles hellé
nistiques puisque c’est sur la connaissance de la nature réelle de ce phénomène
qu’Épicure d ’une part fonde son mépris de la mort (Ep. III 124-127, K. Δ. 2,
10, 11), que Ghrysippe d’autre part fonde la doctrine de la corporéité de
l’âme (St. V. F r., II, p. 219. 20) et celle de l’éternité du monde (¿6.
11, p. 185. 43 : la m ort est séparation du corps et de l’âm e; or, l’àme du monde
ne se sépare pas du corps du monde : donc le monde est éternel). Un περί θανάτου
paraît dans le catalogue des œuvres de Sphairos, ib., I, p. 140. 14, mais il
s’agit plus probablement du problème moral. En tout cas, chez Cicéron, le
problème physique est à la base du dilemme sur lequel s’appuie la diatribe
morale « la mort n’est pas un mal » (Tusc. I 25 quid hoc? dasne aut manerc
animos post mortem aut morte ipsa interire?), chez Philon, il paraît dans ur.o
suite de δόξαι purement physiques (Somn. I 31 = t. III, p. 211. 16 C.-W. : τίδέ;
τελευτώντων σβέννυται καί συμφθείρεται τοΐς σώμασιν (sc. ό νους ) ή πλεϊστον έπιβιοϊ
χρόνον ή κατά τό παντελές άφθαρτόν έστι;). Les Placita d’Aétius lui consacrent deux
chapitres (V 24-25) en relation avec Γύπνος et, probablement par l’intermédiaire
de Soranus, c ’est de même en liaison avec le sommeil (et le rêve) que Tertui-
lien traite de la mort (de an. 42-53). Sa définition de la mort, discretio corporis
animaeque (51. 1), separatio carnis atque animae (52. 1) est celle de Chrysippe,
χωρισμός ψυχής άπό τοϋ σώματος (St. V. F r ., Il, pp. 185. 45, 219. 25), d’ailleurs
classique, cf. Plat. Phéd. 64 c 3 ss., Gorg. 524 b 2. Il discute (521 la question,
qui semble avoir été traditionnelle (cf. Waszink, pp. 526-529), de savoir si,
même après la mort, l’âme ne subsiste pas quelque temps dans le corps. Il
A P P E N D IC E I 231
παραμένειν, έως Sv ή κατακαυθη ή καταααπή) : mais l’âme, qui était l’harmonie des
qualités corporelles, n’est plus là, en sorte qu’.elle périt nécessairement la
première dans ce qu’on appelle la mort (έν τω καλουμένω θανάτω πρώτην άπόλλυ-
σθαι 86 d 3). Aussi bien l’attribution de cette 3e δόξα au pythagorisme (ou à
Dicéarque) est-elle confirmée par la suite, 384. 2 ss. si δέ ώς δύναμις υποκειμένου,
ώσπερ δή αρμονία λύρας ή τελειότης, π ρ ο α φ ίσ τα τα ι τοϋ σώματος έν τώ άποθνήσ-
κειν ή ψυχή. Jamblique, il est vrai, nie alors que la mort soit, pour l’âme, une
corruption antérieure à celle du corps : προφθιίρεται μέν ούδαμώς (384. 4-5).
Mais il ne nie pas que l’âme disparaisse avant le corps. Notons enfin qu’on
ne peut rapporter cette 8όξα sur l ’âme, qui tout ensemble έπιγίγνεται τώ
σώματι et προφθείρεται τοϋ σώματος, à Cornutus dont il est dit plus loin
(384. 1-2) que, selon lui, l’âme προαναιρεϊται ou συναναιρεϊται τώ σώματι.
Tout d’abord, comme on le voit., il y a doute sur le vrai sentiment de Cor
nutus. E n second lieu, comme le marque Zeller (III 1 , p. 718, n. 5), l’une
des causes ici indiquées pour la m ort (έκλυομένου τοϋ τόνου καί παριεμένου
383. 26) est celle-là même qu’enseigne le Stoïcisme : la mort survient, δταν παν
τελώς γένηται ή άνεσις τοϋ αισθητικού πνεύματος ( Α ε τ , V 24. 4, ρ . 436 a 14 D.). Or,
si Cornutus se rattache ainsi au stoïcisme (comme d’ailleurs en son ouvrage
sur les dieux), il ne peut avoir enseigné que l'âme périt avant le corps, mais
tout au plus, avec Panétius, qu’elle périt avec le corps.
_ (1 ) άρά γε πνιγμώ τών αρτηριών άποκλειομένων τοϋ δέχεσθαι το έκτδς πνεϋμα... τά
ζώντα... αποθνήσκει; (383. 24-25). On a ici une petite pièce de médecine pneu
matique (sur cette école, cl. R E G ., LV III, 1945, pp. 50-58 et mon édition des
extraits hermétiques de Stobée, introd. à l’E x c . X V ). L ’âme est un souille
immanent au corps, perpétuellement entretenu par l’air qu’apportent du
dehors la respiration et les pores, et circulant à travers le corps par les artères
et les veines. Si les canaux intérieurs viennent à se boucher, cet arrêt de la
circulation du souffle a pour effet une maladie et, à la limite, la mort (cl.
1’έμφραξις τοϋ πνεύματος chez Dioclès, R E G ., I. c., p. 51, n. 2). Cette doctrine,
répandue sous l’Empire grâce à l’école pneumatique, reparaît dans les écrits
hermétiques, C. H. X 13, p. 119. 8 (rapprochement déjà noté par Scott, II,
p. 258) : το πνεϋμα διήκον δια φλεβών καί άρτηριών καί αίματος κινεί τό ζώον.... διό
καί τινες τήν ψυχήν αίμα νομίζουσιν είναι... ούκ είδότες ότι πρώτον δεϊ τό πνεϋμα άνα-
χωρήσαι είς τήν ψυχήν (?)... καί τάς φλέβας καί τάς άρτηρίας κενωθήναι [sc. de souf
fle)... καί τοϋτό έστιν ό θάνατος τοϋ σώματος, E x c. X X I I I 6 7 , 11 ουτοι (Isis et
Osiris) τό τοϋ θανάτου ζητήσαντες άγριον έγνωσαν ώς, τοϋ έξωθεν πνεύματος
φιλυποστράφου τυγχάνοντος είς τά τών ανθρώπων πλάσματα, έάν ύστερήση ποτέ,
άνάκτησιν ούκ έχουσαν έργάζεται λειποθυμίαν, E x c. X X V I 1 2 , 6-10 τοϋτο γάρ
δ σπώμεν άνωθεν έξ άέρος πνεϋμα, τοϋτο πάλιν άνω πέμπομεν ΐν’ άναλάβωμεν· καί
εΐσίν... τούτου τοϋ ένεργήματος τεχνίτιδες έν ήμίν φΰσαι, αί έπειδάν μύσωσι τά
δεκτικά έαυτών τοϋ πνεύματος άναβεβήκαμεν. Aélius attribue une doctrine
analogue à Diogène d’Apollonie, V 24. 3 ( = Vors. II, p. 57. 30) : Διογένης
έάν έπί παν τό αίμα διαχεόμενον πλήρωση μέν τάς φλέβας, τόν δέ έν αύταΐς περιε-
χόμενον άέρα ώση είς τά στέρνα..., ΰπνον γεγενήσθαι...· έάν δέ άπαν τό άερώδες έκ
τών φλεβών έκλίπη, θάνατον συντυγχάνειν.
(2) Doctrine stoïcienne d’après Aétius V 24.4 (cité supra, p. 231 n 1 fin).
Noter d'ailleurs le mot τόνος, cf. St. K. F r., II, p. 145. 24.
APPENDICE I 233
(1) τοϋ θερμού έναποσβεννυμένου πως εις τά εΓσω (383. 2 6 /7 ). C’est la doc
trine de la mort par κατάψυξις : cf. A e t . V 24.2 ’Ε μ π εδ ο κ λ ή ς τόν μόν ύπνον
κατάψυξιν τοϋ έν τφ αίματι θερμοϋ σύμμετρον γίνεσθαι, τήν δέ παντελή θάνατον, Aris
tote de resp. 478 b 31 πάσι μέν οδν ή φθορά γίνεται διά θερμοϋ τίνος έκλειψιν. — Pour
είς τά εϊσω (383. 27), cf. la mort de Socrate, Phéd. 118 a 1 ss. έπεδείκνυτο ότι
ψύχοιτό τε καί πήγνοτο... καί είπεν Άτι, έπειδάν π ρός τή κ αρ δία γένηται αϋτφ,
τάτε οίχήσεται. ήδη ουν σχεδόν τι αύτοΰ ήν τά περί τό ή τρ ον ψυχόμενα.
(2) Ci. supra, ρ. 232, fin de la n, 1 de la p. 231.
(3) ή τελειότης me paraît devoir être lié plus logiquement à ώς δύναμις
ύποκειμένου (donc virgule après λύρας). Si on le joint à ώσπερ δή άρμονία (Wachs-
muth), le sens est « comme l’harmonie ou la perfection d’une lyre ». L ’argument
est celui-ci : si la mort résulte d’un processus physique qui comporte une
certaine durée (étouffement, relâchement du tonus vital, extinction pro
gressive de la chaleur intérieure), on admettra que l’âme se corrompt (quel
que soit le mode de cette corruption) avant ou avec le corps; si, en revanche,
l’âme est harmonie du corps (cf. p. 231, n. 1), elle disparait sans doute avant le
corps mais tout d’un coup (έξαίφνης), non pas par une dégradation progressive.
(4) διάκινήσεως πρόεισιν 384. 5 s’oppose à έςαίφνης... μεθίσταται άχρόνως 3 84.6.
Pour διά κινήσεως, cp. διά χρόνου, διά πολλοϋ. Pour l’éclair, cf. Porphyre, infra,
p. 286.
(5) Garder άχρόνως (F P : άχράντως Usener) et cp. άχρονος (Porphyre), infra,
p. 287, n. 1.
(6) Cet ϋσται δή ουν constitue la suite de l’argument sur l’âme τελειότης
du sujet. Il ne faut donc pas passer à la ligne, comme W achsmuth. δή oüv,
fréquent chez Platon (cf. D e n n i s t o n , pp. 468-470), revient 385. 1, 456. 22. —
Si l’âme est τελειότης du sujet (cf. έντελεχεια), elle existe tout d’un coup dès là
qu’est présent Γείδος de la vie, elle disparait tout d’un coup dès là que cette
forme est absente : cf. la doctrine de « certains des Aristotéliciens » 3 6 3.19
(l’âme est είδος τό περί τοϊς σώμασιν ou ποιότης άπλή άσώματος OU ποιότης ουσιώ
δης τελεία) et 366. 25 (d’autres Aristotéliciens définissent l’âme τελειότητα...,
ήν ένδελέχειαν καλεΐ ’Αριστοτέλης) et ρ. 178, η. 5 ; ρ. 188, η. 4 de la section I.
(7) παρέσπαρται ; cf. E pic . I 63 ή ψυχή σώμά έστι λεπτομερές παρ’όλον τό
234 LA R É V É L A T IO N D ’H E R M È S T R IS M É G IS T E
(1) Il faut conserver avec soin ή καί en 384. 24 (ή καί Heeren, «1 καί
Meineke), car c’est à cet ή καί que s’oppose 1’ήτοι initial de 384. 23. Le second
ή καί (384. 26) marque une nouvelle hypothèse (celle de Jamblique) qui s’oppose
à toute la première disjonction (ήτοι... ή καί) de 384. 2 3 /5. Dans l’hypothèse
d’une subsistance de Γάλογον après la mort, on peut considérer les puissances
chacune à p art. En ce cas, certaines puissances se dissolvent (λύεται) dans la
Vie universelle, certaines autres continuent d’exister le mieux possible, δτι
μάλιστα μένει. (Ainsi, en C. H. I 24, Γήθος subsiste puisqu’il est livré au δαίμων
qui le traite selon son mérite, mais les αισθήσεις, qui retournent à leurs sources,
le θυμός et 1’έπιθυμία, qui vont à Γάλογος φύσις, disparaissent. En I 25, les puis
sances άλογοι détachées des cercles planétaires sont rendues à ces cercles, et
l’on peut concevoir qu’elles y subsistent de quelque manière, bien qu’elles
soient désormais άνενέργητοι). Ou encore on peut considérer ί’άλογον en sa
totalité (Jamblique).
(2) Cette δόξα « porphyrienne » ne s’accorde pas entièrement avec celle
de 370. 5 οί 8è περί Πορφύρ ιον καί Πλωτΐνον... ά φ ίε σ θ α ιμ έ ν κ α ί μη κ έτι είναι
τάς ζωάς τάς όπωσοϋν προβληθείσας άφορίζονται, car ceci semble indiquer un anéan
tissement de toutes les puissances άλογοι. On notera que Jamblique, dans ce
premier passage, oppose comme ici, à la doctrine porphyrienne, la sienne propre
(3 7 0 .1 1 /3 ) : είναι δέ καί ταύτας έν τφ παντί καί μή άπόλλυσθαι τάχα άν τις, έπινο-
ήσειε καινότερου (ici au contraire c ’est la doctrine des. παλαιότατοι των ιερέων,
cf. infra, n. 3), ούκ άπιθάνως. D’autre part la δόξα «porphyrienne » de 384. 23/5
s’accorde avec ce que dit Proclus dans son tableau des opinions sur le
sort de Γάλογον après la mort, cf. in Tim ., III, p. 234. 18 ss. après le passage
sur A tticus et Albinus cité supra, sect. II (p. 221, n. 4) : « D’autres, plus modé
rés que ces premiers, comme P o rph y re , et plus indulgents, se refusent à
répandre cette corruption dont on parle sur le véhicule (de l’âme) et sur
l’âme irrationnelle : ces parties, selon eux, se ramènent comme â leurs élé
m ents primitifs et se résolvent de quelque manière dans les sphères à partir
desquelles elles sont constituées; ce sont là, disent-ils, des mélanges issus
des sphères célestes, et l’àme, durant sa descente, les recueille, en sorte que
to u t à la fois ils sont et ne sont pas; cependant, pris chacun d’eux à part, ils
n ’existent pas et leur individualité propre n’a point de permanence. Ces
exégètes paraissent suivre les Oracles Chaldaïques qui disent que l’âme, dans
sa descente, recueille, dès là qu’elle la prend, « une portion d’éther, de soleil,
de lune, et tout ce qui flotte dans l’air » (cf. Or. Ck., p. 47 Kroll). Il faut aussi
leur appliquer le texte de Platon, qui ne parle pas précisément d’une corrup
tion de to u t l’irrationnel.
Viennent maintenant en troisième lieu ceux qui, excluant toute corruption
ta n t du véhicule que de la partie irrationnelle, ramènent à une même chose
la permanence du véhicule et celle de l’irrationnel, expliquent ce qu’il y a en
lui de m ortel comme étant l’élément corporel transporté de passion pour la
m atière e t chargé du soin des choses mortelles — tel est l’avis de J amblique
e t de ceu x qui se prétendent d’accord avec lui — , qui enfin font dériver l'être
de l’irrationnel non pas simplement des corps divins, en sorte que, issu de
causes mobiles, il soit aussi muable de par sa propre essence, mais des dieux
eux-mêmes qui dirigent le monde et qui produisent éternellement toutes choses ».
(3) P eut-être les Orphiques, comme le pense Lévêque (p. 656, n. 2) qui
renvoie à supra 376. 4. Plutôt, je pense, ces « anciens prêtres » dont il est parlé
de myst. V I I I t (p. 2 6 0 .1 7 P .), qui adm ettent eux aussi une multiplicité d’oôolai
et de principes com portant une grande variété de degrés. Jamblique range
parm i eux Hermès et il les tient implicitement pour les fondateurs de la
théurgie. V oir aussi infra. Note compl. V II, p. 262.
APPENDICE I 231
<ESGHATOLOGIE>
(1 ) Ce titre est emprunté aux lignes 454.24/5 τό τής κρίσεως λέγω, -ri τής δίκης
ϊργον, τό τής καθάρσεως. Selon cet ordre, suivi dans tout le chapitre 65, la
κάθαρσις vient en dernier. Il faut donc supposer, au début, une lacune où il était
traité du jugement et du châtiment. Noter au surplus Πλωτϊνος δέ...
(2) La difficulté de ce ch. 65 provient de ce que nous n’avons là qu’un extrait
qui nous laisse dans l’incertitude touchant la vraie pensée de Jamblique.
S’agit-il de la purification après la mort, de cette sorte de purgatoire que
subissent les âmes dans les airs avant de gagner le ciel suprême (cf. Vi Rg.
A en. V I 740 ss., F . Cumont, After Life, pp. 185 ss., Symb. fun. d. R ., pp. 128 ss.
et infra, p .2 4 4 , n .3)? L ’ordre des trois termes κρίσις, δίκη, κάθαρσις, donnerait à le
penser : d’abord le jugement, puis le châtiment, puis la purification, enfin la
récompense (ch. 67). De même la place assignée par Stobée à ce morceau
entre le m ythe d’E r (Rép. X ) et un texte hermétique relatif à l ’eschatologie
(E xc. X X V Scott). D’autre part ce qui est dit ici de la κάθαρσις (454. 11-22)
parait plutôt se rapporter au rôle de la κάθαρσις dans la vie du sage. Il n’est
nullement question de l’action des causes extérieures (vents, pluies, soleil
brûlant) dans la purification des âmes après la mort. L a κάθαρσις est présentée
comme une vertu qui permet au sage de ressembler à Dieu, άφομοίωσιν του κατα-
νοουμένου πρός -ci κατανοούν 454. 14 : cf. Plot. 1 2, 3. 10 πώς ουν λέγομεν ταότας
(sc. τάς άρετάς) καθάρσεις καί πώς καθαρθέντες μάλιστα ¿μοιούμεθα (sc. τώ θεώ);
voir aussi le ch. 4 sur les rapports entre purification et union à Dieu (noter 4 .1 5
δει ούν καθηραμένην συνεΐναι. συνέσται δέ έπιστραφεϊσα ) et le ch. 5 sur la fin propre
de la purification. La séparation d’avec le corps dont il est parlé en ces textes
plotiniens (άφισταμένη τού σώματος 3 .1 7 , τό χωρίζειν άπό σώματος έπ! πόσον δυνα
τόν 5. 4) concerne la séparation accomplie par le sage dès cette vie terrestre.
Ce traité de Plotin a été, comme on sait, fortement utilisé par P o r p h y r e ,
Sent. 32 ( περί άρετών, pp. 17-25 M.). Sur la vertu-κάθαρσις chez Platon, cf. ma
Contemplation... selon Platon, pp. 131 ss.
(3) τών μορφωτικών διαγνώσεων 454. 12. Cf. Sect. I, p. 178, n. 1.
APPENDICE I 239
(1) δόξης τ* πάσης υπεροψίαν 454. 13. «Opinion», c’est-à-dire (comme Lévê-
que) « tout ce qui est du domaine de l’opinion », plutôt que « vaine gloire »,
étant donné le ton purement intellectuel du morceau (cf. τδν δοξαστικόν λόγον
infra 454. 18) et les souvenirs du Phédon (ci. 84 a 7 : l’âme purifiée par la
philosophie έπομένη τώ λογισμω καί άεί έν τούτω οδσα, τδ αληθές καί τδ θειον καί τδ
ά δ ό ξα σ το ν θεω μ έν ή... ζην τε οίεται οΰτω δεΐν κ.τ.λ.) et du Phèdre (cf. 248 b 4
πάσαι δέ,... άτελεΐς τής του όντος θέας απέρχονται, καί άπελθοϋσαι τροφή δοξαστή
χρωίνται).
(?) των ένόλων διανοήσεων. Aristote dit déjà des passions de l’âme qu’elles
sont des λ ό γ ο ι ένυλοι (de an. 1 1, 403 a 25), du fait que toute affection psy
chique suppose un πάσχειν du corps (έοικε δέ καί τά τής ψυχής πάθη πάντα είναι
μετά σώματος, θυμός...· άμα γάρ τούτοις πάσχει τι τδ σώμα 403 a 16 SS.).
(3) Cf. supra 371.20 ss. et la note p. 201, n. 6 ; voir aussi p. 238, n. 2.
(4) Cette distinction entre λόγος δοξαστικός et λ. ούσιώδης parait se rapporter
à la double doctrine relativement à l’état de l’âme intellective (ou du λόγος
essentiel) ici-bas. Selon le platonisme classique, l’intellect humain, tout en
étant théoriquement capable de contempler l’Ê tre ici-bas, en est néanmoins
empêché dans la pratique par les mille liens qui le rattachent au corps. Il ne
peut donc s’élever vers l’Ê tre que s’il se purifie de ces attaches corporelles :
d’où le rôle de la κάθαρσις, cf. J am bliq u e , Protr. 13 (p. 70. 9 Pist.), (qui, après
avoir cité Phéd. 82 b-84 b, conclut ainsi : έκ δή τής τοιαύτης έφόδου φαίνεται ήμϊν
φιλοσοφία άπ α λλα γή ν τω ν άνθρωπίνων δεσμών παρέχειν καί λύσιν τής γενέ-
σεως καί περιαγωγήν έπί τδ δν καί γνώσιν τής Οντως άληθείας καί κάθαρσιν ταϊς
ψυχαΐς. Tel est encore l’avis de P roclus . E l. Th. prop. 211 (cf. l’imjjortante
note de Dodds ad/loc., pp. 309-310, voir aussi pp. 299-300) et (comme le note
Dodds, p. 309) de Jamblique, cf. P rocl . in Tim ., III, p. 334. 3 ss. (cité infra
Note compl. I I l/ pp. 252 ss.). A l’encontre de cette doctrine, Plotin a soutenu
parfois qu’il y ÿ, même dans l’âme intellective incarnée, une partie qui demeure
toujours en haut, toujours impassible et en acte de penser, cf. (avec Dodds,
pp. 299, 309) P lot . III 4. 3, IV 8. 8, V 1. 10 et la critique de P roclus, in
Tim . III 333. 28 (cité Note compl. III, 1.1.), in Parm. 948 .1 8 (cité Dodds, p. 300)
οΰτε μένειν τι τής ψυχής άνω ¿ητέον... οΰτε άμοούσιον τήν ψυχήν ύποθετέον τοΐς θεοϊς.
Ce sont ces deux doctrines que nous retrouvons ici chez Jamblique. La première
opinion est celle du platonisme classique et celte de Plotin lui-même en I 2.
L a seconde opinion (ϊνιοι δέ καί τούτων πολλάκις άποφαίνονται 454. 16) est celte
de Plotin dans les passages cités supra. Dans cette seconde δόξα, la purification
ne concerne évidemment que Γάλογον de l’âme et 1e δοξαστικόν. Noter que l’idée
d’un νοΟς humain toujours attaché au Νοϋς divin se retrouve dans la gnose
hermétique, C. H. X I I 8-9 (cf. mes notes ad loe. et ib. App. E ).
(5) τδν λόγον τδν ούσιώδη 45 4 .1 9 . Cf. dans l’hermétisme la notion de l’homme
ούσιώδης C. H. I 15, 32, I X 5 (et note 21 ad loc.), Ascl. 7, 8 ; γένεσις ούσιώδης
C. H. X I I I 14. L ’Asclepius 7 (p. 304. 2) distingue en l’homme une partie
simplex, quae, ut Graeci aiunt, ούσιώδης, quam vocamus divinae similitudinis
formam, l’autre quadruplex (composée des quatre éléments), _quod υλικόν
Graeci, nos mundanum dicimus, e quo factum est corpus. Celle-ci recouvre la
partie « essentielle » in quo purae mentis divinitas tecta sola cum cognatis suis,
id est mentis purae sensibus, secum ipsa conquiescat tamquam muro corporis
saepta. P rocl . in Tim ., II, p. 299. 19 parle également de la partie ούσιώδης
de l’âme (ενέργεια... του ουσιώδους τής ψυχής) et il mentionne E l. Th. prop.
240 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
194 (p. 168. 33 D.) les λόγοι ουσιώδεις, c’est-à-dire les notions conformes à
l’essence, donc vraies, que forme le λόγος ουσιώδης.
(1) Voir note complémentaire V II, pp. 262 ss.
(2) Ou « qui sont plus authentiquement Platoniciens », cf. P lat . Rép.
I 342 d 7 ό άκριβής Ιατρός, explicité par 341 c 5 4 ™ άκριβεϊ λόγω Ιατρός.
(3) T o u te s ces fo rm u les s ’é q u iv a le n t, c f .d e m êm e 3 8 1 . 2 4 άπό τού παντός, ή
τ ή ς ίλ η ς ψυχής, ή τ ή ς δημιουργίας πάσης.
(4) Sc. les d ieu x άφανεϊς (h y p ercosm iq u es), d o n t d é riv e n t le s d ieu x
a stre s έμφανεϊς (en co sm iq u es), cf. P ro c l . in Tint., III, p. 1 9 8 . 25 et γάρ καί
διάφοροι τ ά ξ ε ι ς elol τώ ν έγκ οσ μ ίω νθ εώ ν... κ α θ ά π ε ρ κ α ί τ ω ν ύ π έ ρ τ ό ν ο υ ρ α ν ό ν
ι δ ρ υ μ έ ν ω ν ( κ α τ ά γ ά ρ έ κ ε ί ν ο υ ς κ α ί ο δ τ ο ι π ρ ο ε λ η λ ύ θ α σ ι ν ) , άλλ’ δμω ς κ .τ .λ .
(5) Dans tout ce paragraphe, Jamblique commence par indiquer l’opinion
des Anciens (cf. n. 1), qui selon lui est la bonne (cf. καί τα τοιαϋτα σμικρά τέλη
456. 8 pour désigner l’opinion opposée à celle des Anciens), puis, à cette δόξα
des Anciens, il oppose celle des Platoniciens et Pythagoriciens (455. 25,
456. 9/10, donc aussi ¿ίλλοις, 455.12). Dès lors il faut lire 455.11 χειρόνων ούδέποτε.
APPENDICE I 241
καί ταδτα avec Usener (χειρόνων. ούδέποτε κατά ταΰτα F P ). Il est d’ailleurs
difficile de marquer précisément ce que Jamblique veut dire au juste quand il
oppose ces deux groupes touchant κρίσις, δίκη, κάθαρσις. Il semble que « Pla
toniciens et Pythagoriciens » (c’est-à-dire la tradition classique du plato
nisme) interprètent à ses yeux ces trois opérations d’une manière encore trop
grossière et matérielle au lieu que les « Anciens » (en réalité les théurges) s’en
feraient une représentation plus fine et plus déliée.
(1) Lévêque (p. 659, n. 1) cf. P lot . IV 4, 45. 47 αίδέ κολάσεις ώσπερ νενοσηκό-
των μερών, των μέν έπιστύψεις φαρμάκοις (ils resserrent les uns au moyen de
remèdes astringents), τών δέ έξαιρέσεις ή καί αλλοιώσεις, ίνα υγιαίνη τό παν έκαστου
διατιθεμένου βδ δει' τό δ’ΰγιεινόν τοϋ παντός < τοϋ μέν> άλλοιουμένου, τού δέ έξαι-
ρουμένου έντεΰθεν, ώς ένθαδί νοσοΰντος, ου δέ μή νοσήσει τιθεμένου. — Ιυ’ίσάτης
κατ’ άξίαν est en somme la justice distributive (τό διανεμητικόν δίκαιον) telle que
la définit A r isto te , Eth. Nie. V 3, 1131 a 24 ϊτι έκτου κ α τ’ άξίαν τούτο δήλον
τό γάρ δίκαιον έν ταΐς διανομαϊς όμολογούσι πάντες κατ’ άξίαν τινά δεϊν είναι. „
Μστιν άρατό δίκαιον άνάλογόν τι. τό γάρ άνάλογον ου μόνον έστί μοναδικού άριθμού
Ιδιον, άλλ’ όλως άριθμού' ή γάρ άναλογία ίσ ότη ς έσ τί λόγω ν (de proportions),
καί έν τέτταρσιν έλαχίστοις (comportant au moins quatre termes).
(2) Ιυ’ίσότης κ ατ’ άριθμόν est l’égalité pure et simple dont Aristote fait Vobjet
de la justice corrective (τό διορθωτικόν), c f. Eth. Nic.W 4, 1 1 3 2 a 6 ώ σ τε τό άδικον
τούτο δνίσον δν ΐσάζειν πειρδται 6 δικάστης' καί γάρ όταν δ μέν πληγή δ δέ πατάξη, ή
καί κτείνη δ δ’άποθάνη, διήρηται τό πάθος καί ή π ρδξις εις άνισα' άλλα πειραται τή
ζημία ίσάζειν, άφαιρώντού κέρδους. Pour la πολλαπλασίωσις du châtiment, cf. P l a t .
Rép. X 6 1 5 a 5 ss. τό δ’ ουν κεφάλαιον έφη τάδε είναι, όσα π ώ π οτέ τινα ήδίκησαν καί
όσους έκαστοι, υπέρ άπάντων δίκην δεδωκέναι έν μέρει, υ π έ ρ έ κ ά σ τ ο υ δ ε κ ά κ ι ς ...
ϊν α δ ε κ α π λ ά σ ι ο ν τ ό ϊ κ τ ε ι σ μ α τ ο ύ α δ ι κ ή μ α τ ο ς έ κ τ ί ν ο ι ε ν , κ α ί... πάντων
τούτω ν δεκαπλασίας άλγηδόνας ύπέρ έκάστου κομίσαιντο.
(3) τό άντιπάσχειν τά αυτά άπερ οί δράσαντες προηδίκησαν (455. 21 /2). C’est
l’antique loi du talion (cf. E sch . Choe. 313 δράσαντι παθεϊν et G. T homson, The
Oresteia, II, p. 185, qui cite P lat . Lois I X 872 d/e) dont, selon A rist o t e ,
Eth. Nie. V 5, 113 2 b 21 ss., les Pythagoriciens auraient fait leur doctrine :
δοκεϊ δέ τισι καί τό άντιπεπονθός είναι άπλώς δίκαιον, ώσπερ οί Πυθαγόρειοι έφασαν'
ώρίζοντο γάρ άπλώς τό δίκαιον τό άντιπεπονθός δλλω. Aristote montre alors que
la loi du talion ne s’accorde ni à la justice distributive ni à la corrective et il
ne reconnaît comme valable (dans les échanges) que Ι’άντιπεπονθάς κατ’ άναλο-
γίαν καί μή κατ ισότητα (1132 b 33). Voir aussi Λί. Μ . 1194 a 37.
(4) τήν άπαλλαγήν τη ς κακίας (4 5 5 . 2 2 ). C’e s t la n o tio n de la pein e Ιασις, cf.
P l a t . Gorg. 5 25 a 8 προσήκει δέ παντί τ ώ έν τιμωρία όντι, ύπ’ άλλου όρθώς τιμωρου-
LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE. --- III. 17
242 l a r é v é l a t io n d ’h e r m è s t r i s m ë g i s t e
du corps pour toujours et conduites à des lieux « plus beaux » (114 c 2 /6). En
Rép. X , toutes les âmes sont jugées (614 c 4 ss., d 6), puis les âmes coupables
sont conduites pour mille ans aux Enfers où elles sont châtiées; les autres,
pour le même temps, vont au ciel (615 a 1 /4). Passé ce temps, elles reviennent
toutes à la prairie du jugement (Gorg. 524 a 3, Phéd. 107 d 8, Rép. 614 c 2,
e 3, 616 b 3), d’où elles gagnent le tribunal des Moires qui les renvoie sur la
terre, chacune choisissant son genre de vie {infra, n. compl. V II). En Phèdre,
sauf pour les âmes philosophiques qui ne restent sur la terre que trois mille
ans, le séjour terrestre des âmes est de dix mille années. Après leur première
existence, toutes sont jugées (249 a 6) ; les âmes coupables vont alors subir
leur peine dans les prisons souterraines, les autres montent jusqu’à tel ou
tel lieu du ciel, toutes pour une durée de mille ans. Ce temps passé, elles
choisissent toutes une deuxième existence (248 e- 249 b).
(1) Évidem m ent les Anciens, cf. infra, Note compl. V II, pp. 262 ss.
(2) δσαι θεοϊς συνέπονται (457. 2). Cf. supra 380. 24 οί τι συνοπαδοΐ... των θεών
et p. 223, η. 1. de la Sect. II.
(3) περικόσμιος, plusieurs fois employé dans le de myst., ne signifie pas
« universel » (sic Lévêque), mais équivaut à έγκόσμιος = c dans le monde ».
Jam blique ne précise pas : c’est qu’il s’agit ici en effet du purgatoire, dont le
lieu n’était pas fixé. Pour Platon, dans le Phédon, c’était ou le lac infernal
(113 d) ou le T artare (pour les âmes très coupables, mais qui néanmoins arri
vent à passer sur le lac Achérousias, 114 a 6 ss.). Pour les auteurs postérieurs
(v. gr. Plutarque, de facie), c ’était la région de l’air comprise entre la terre
et la lune, cf. supra, p. 238, n. 2, et ajouter la notice de J . L y u ., de mens., p. 167.21
W ü. καί 6 μέν Ερμής περί μόνου τοϋ καθαρμού τών ψυχών (cf. Ps. A pu l ., Ascl. 28,
p. 334, test, ad 1. 3, éd. Budé), 6 8έ Ιάμβλιχος έ ν τ φ π ρ ώ τ φ τη ς π ερί καθόδου
ψυχής πραγματείας καί τής άποκατάστεως αυτών μέμνηται, τόν υπέρ σελήνης άχρις
ήλίου χώρον τφ "Αιδη διδούς, παρ’ ω φησι καί τάς έκκεκαθαρμένας έστάναι ψυχάς, καϊ
αύτδν μέν είναι τόν Πλουτώνα, Περσεφόνην 8έ τήν σελήνην. Il ne semble pas qu’on
puisse assimiler ce traité en plusieurs livres « Sur la descente de l’âme » à notre
π ερ ί ψ υχής : en effet il n’est guère possible que le 1er livre du περί ψυχής ait
mentionné déjà le « purgatoire » des âmes, et d’ailleurs Stobée n’indique nulle
ment que ce περί ψυχής ait comporté plusieurs livres. Peut-être le περί καθόδου ψ.
est-il le même que le traité sur la métempsycose, cf. Z e l l e r , III 2\ p. 740
(n. 1 de la p. 739).
(4) Aucune indication sur ce point, à ma connaissance, dans Plotin lui-
même.
APPENDICE I 245
part disent qu’elles s’en vont qui chez les dieux et les âmes
10 divines, > qui chez les anges |et les âmes angéliques : d’une
22 manière générale, voilà pour les A n c i e n s . | Quant au T i m é e
de P l a t o n (1), c’est selon la manière divine dont les âmes
ont été semées par le Démiurge, les unes dans le Soleil, les
25 autres sur la Terre, | qu’il leur fait faire aussi leur remontée,
458 W. chacune se gardant (2) de franchir les limites | de son établis
4 5 7 .1 1 sement eu égard à l’ensemencement du Démiurge. | En outre
P l u t a r q u e (3), P o r p h y r e (4) et les A n c i e n s font garder
à l’âme le rang qui lui revient : P l o t i n en revanche l ’affranchit
de tout cela (5).
Les A n c i e n s lui attribuent à juste titre une disposition
d’esprit boniforme (6) presque semblable à celle des dieux {
διωρισμέναι. — άφ’ δλων (1. 1 1 ) peut-être adverbial (« entièrem ent déliées », sc.
du monde) : on attendrait άπύ των δλων. — A moins de corriger άχωρίστων
(1. 1 1 ) en χωριστών (» substances séparées » sc. de la matière), il faut l’enten
dre, je crois, comme άμεριστών (fréquent chez Proclus, cf. E l. Th., Index).
(1) On attend τήν έπικαρπίαν (ou άθανασίαν) διατείνεσθαι λέγουσι = « que
s’étend la récompense (immortalité) ». Cf. supra 375. 18 κατά δέ ’Αριστοτέλην
είδεσι ζωής καί άλλοις δροις ταΰτα (sc. τά άτακτα κινήματα = ή άλογος ζωή ) χωρίς
άπύ των ανθρωπίνων διακέκριται. Comme on l’a vu plus haut (p. 245, n. 1 et
Sect. I II, p. 236, n. 2), selon Porphyre les parties irrationnelles de l’âme ainsi
que le véhicule subsistent après la mort corporelle, m aispourse dissoudre bien
tô t dans 1’ούρανδς.
(2) άφομοιοΐ τήν ψυχήν τοϊς πάσι (458. 15) : cf. P orph. Sent. 40, p. 36. 9 Μ. ή
(sc. τή άεννάιρ ούσία 35.11) συνθεΐν δυνηθείς καί τω π α ντί όμοιω θή ναιτοϋ δντος
ούδέν επιζητήσεις, 36.11 εΐ δ’ούδέν έπιζητήσεις..., τ<ρ παντί ώμοιώθης καί ούκ
ένεσχέθης ϊν τινι τών άπ’ αύτοΰ et la suite (passage d’ailleurs emprunté à
P lot. VI 5, 12). L ’âme, une fois dégagée de la matière, redevient ce qu’elle
est par essence, un incorporel qui est partout parce que nulle part (sc. sans
lieu physique), cf. Sent. 31 (16, 13 Μ.) ό θεός πανταχοϋ δτι ούδαμοΰ, καί 4. νους
πανταχοϋ δτι ούδαμοΰ, καί ή ψυχή πανταχοϋ δτι ούδαμοΰ.
(3) A Πορφύριος μέν άφομοιοΐ τήν ψυχήν τοΐς πάσι, la réponse ne peut être
κατά δέ τούς Πλατωνικούς έπιμελοΰνται τών άψύχων, non pas tant en raison du
passage du singulier au pluriel, car on a bien d’autres exemples de ce tour
(cf. 457. 1 ss. les uns disent ταύτης ύπερέχειν τάς ψυχάς, les autres περιόδους τής
ψυχής είναι et supra p. 245, n. 1), mais parce qu’il n’y a ni opposition ni lien d’au
cune sorte entre le fait pour l’âme intellective de devenir semblable à l’Uni
vers et le fait de s’occuper des άψυχα. D’autre part, un μέν solitarium est con
traire à l ’usage de Jamblique, particulièrement dans les ch. 65, 67 où il pro
cède généralement par antithèses. Le δέ de κατά δέ τούς Π. répond bien à
quelque chose, mais à quelque chose qui manque et il faut donc supposer
une lacune. Or nous avons vu plus haut (457. 15) que Porphyre refuse à l’âme
désincarnée la προστασία τών τήδε. On peut donc supposer, après μένουσαν...
ή τις έστίν, quelque chose comme < ο ύ μήν τών τήδε άξιοι αύτήν προϊστάναι> =
< « mais il ne pense pas qu’elle préside aux choses d’ici-bas » > , à quoi répond
m aintenant κατά δε τούς Π . έπιμελοΰνται τών άψύχων.
(4 ) Sur le rôle des anges dans le néoplatonisme, c f . ' C u m o n t , Les anges
du paganisme, Rev. Hist. Rel., 1915, pp. 159 ss., en particulier 169 ss. Sur
les άγγελοι de Théra, probablement païens, c f . en dernier lieu M. G uarducct,
Studi e Mat. di Stor. d. Relig., XV , 1939, pp. 79 ss.
NOTES COM PLÉM EN TAIRES
I
(cf. supra, p. 183, n. 2) P rocl . in T int., II, pp. 213. 8-215.29.
Proclus commence (II, pp. 212.3-213.7) par rappeler l ’exégèse de ceux qui
rapportent ¡a composition mathématique de l’Ame du Monde à l’ordonnance
harmonieuse de l’oùpavéç (ciel des fixes et planètes : cf. infra, p. 251, Note
compl. II). Puis il poursuit (II, p. 213.8).
« Après ceux-ci il y a une autre masse d’exégètes qui s’attache à des théories
exprimant mieux la réalité (1 ).
A m é u u s , sans avoir revendiqué pour lui-même une doctrine qu’il réfère à
P lotin , comme ayant été livrée dans des entretiens non enregistrés par écrit
et d’ailleurs suffisamment réfutée par les disciples du maître, essaie d’inter
préter d’une autre manière le texte en question (T int. 35 b 4 ss.). Puisque l’Ame
comprend en elle-même tous les êtres du Kosmos, dieux, démons,’ hommes,
animaux, c’est selon la m onade, dit-il, que l’Ame contient tout le genre encos-
mique des dieux (et il n’y a pas lieu de s'étonner de ce qu’on ait dit que l’Ame
comprend les dieux — c ’est de quoi en tout cas l’un de ses disciples déjà l’a
accusé ( 2 ) — ; car, puisque le mot « dieu » est pris en des sens multiples, et ne
désigne pas seulement l’Ê tre superessentiel ni l’Intellect, mais aussi les âmes
divines et les corps divins, admettons donc que l’Ame du Tout comprenne ces
derniers en tant qu’elle embrasse le nombre divin (3) selon ce qu’il y a en elle de
monadique)·, selon la dyade et la iriode, l’Ame comprend le genre des démons
(en effet, puisque les démons sont à la fois dépendants des dieux et provi-
dents à notre égard, c’est selon la dyade qu’il (4) éveille en eux le zèle provi
dentiel, selon la triade qu’il les fait accomplir leur conversion vers les dieux :
car la position des démons est double, comme nous l’avons dit, puisqu’ils sont
intermédiaires entre les dieux et nous); selon la tétrade et l’ ennéade, l’Ame
prend soin de toute la vie humaine (car celle-ci aussi est double, et se divise
en vie supérieure et vie inférieure : par l’ennéade l’Ame organise la vie supé
rieure, par la tétrade elle dirige l’inférieure); selon Voctade et Veikosiheplade,
l’Ame procède d’une façon générale et jusqu’aux êtres les plus bas, et, par l’im
pair, elle fait venir à maturité les fruits cultivés, par le pair les fruits sauva
ges (de fait, c’est par des puissances appropriées que l’Ame ordonne chaque1
chose, par les paires celles qui partout sont inférieures, par « s impaires les
choses plus dignes, plus souveraines, plus rattachées aux êtres divins).
Quant à P o r p h y r e , malgré l’étrangeté de la thèse susdite, il n’en maintient
pas moins, dans une longue discussion, que l’Ame a été mise en harmonie et
qu’elle remplit d ’harmonie tout le Kosmos, tirant cette conclusion non seule
ment de ce que l’Ame est multiplicité, qu’étant telle, elle est ou inordonnée
ou harmonisée, et que ce dernier cas est le vrai, non le premier (car, si l’Ame
est l’œuvre de l ’Intellect, comment serait-elle sans ordre et sans harmonie?),
mais encore de ce qu’elle conduit toutes choses dans le monde selon des rapports
harmoniques, ta n t les générations des vivants que leur système unifié en
relation avec le Tout. Maintenant, quels sont ces rapports que l’on découvre
dans l’Ame selon sa substance même, il ne Ta ni enseigné ni jugé digne d’atten
tion. Il a simplement déclaré que l’essence de l’Ame possède en elle-même les
rapports harmoniques, non pas comme images d’une première série d’autres
choses ni comme principes d’une seconde série d’autres choses (1 ), mais comme
liant la multiplicité des puissances qui sont en elle. E t de fait, en réalité, si
l’Ame n’est pas seulement indivisible mais aussi divisible, il faut que son essence
ne soit pas seulement une, mais multiple, et, si telle, qu'elle soit ou innom
brable ou nombrée. Mais l’innombrable est impossible, car l’innombrable est
une multiplicité sans ordre. L ’Ame doit donc être nombrée. Maintenant, si
elle est nombrée, elle est constituée ou de parties inharmoniques ou de parties
harmonisées. D’inharmoniques, c ’est impossible, car rien ne subsiste par
nature en cet état. L ’Ame doit donc, de toute façon, être constituée de parties
harmonisées. Mais, si elle Test de parties telles, c’est nécessairement selon
l’harmonie la meilleure, puisqu’elle est le premier des êtres harmonisés. Or la
meilleure des harmonies est l’harmonie selon le genre diatonique : car il est
m ajestueux et puissant. C’est donc selon ce genre que, de toute façon, l’Ame
est harmonisée. En sorte que l’essence de l’Ame sera constituée de parties
harmonisées selon le genre diatonique. Rien n’empêche d’ailleurs que, tout cela
admis comme vrai, les rapports harmoniques n’en soient pas moins aussi des
images de certaines réalités divines, tout de même que le corps du Monde, qui
est sphérique, est dit être, par sa forme sphérique, une copie de l’Intellect : il
y a correspondance entre ces deux ordres de réalités. Voilà ce qu’a dit Por
phyre, nous offrant ainsi de quoi former sur l’Ame un raisonnement vrai.
Quant au divin J a m b u q u e , il célèbre, de toutes ses forces, les nombres
comme présentant de certaines propriétés admirables. Il dit que la monade
est cause de l’identité et de l’unification, la dyade pourvoyeuse de la proces
sion des êtres et de leur différenciation, la triade guide de la conversion des
êtres après leur sortie de l’unité, la tétrade panharmonique, puisqu’elle con
tient en elle-même tous les rapports et qu’elle manifeste en elle le second sys
tème universel (2 ), l’ennéade génératrice de la perfection vraie et de la ressem
blance, puisqu’elle est parfaite, constituée de parties parfaites, et qu’elle par
ticipe à la nature du Même; il nomme l’ogdoade la cause de la procession en
général et de la progression à travers toutes choses, et la dernière enfin, l’eiko-
siheptade, il l’appelle génératrice de la conversion des êtres les plus éloignés
eux-mêmes, afin que, de chaque côté de la tétrade {3), on trouve à la fois l’immo
bile, ce qui procède et ce qui se convertit, d’un côté à titre premier, de l’autre
côté de façon secondaire. En effet Vennéade a affinité avec la monade puisqu’elle123
est une nouvelle unité, l’ogdoade avec la dyade puisqu’elle est un cube issu de la
dualité, Veikosiheptade avec la triade par suite de la similitude de leurs causes.
Il donne donc l’immobilité, la conversion et la procession aux réalités plus
simples grâce aux premiers nombres, aux réalités plus-complexes grâce aux
seconds. Quant à la tétrade, qui se tient au milieu, elle possède l’immobilité
parce qu’elle est carrée, la procession parce qu’elle est pairement paire (1 ), la
conversion parce qu’elle est remplie de tous les rapports issus de la monade.
Ce sont là des symboles de réalités divines et ineffables ».
II
(cf. supra, p. 183, n. 3).
plus grand que l’autre, sans ajouter de combien ou comment il est plus gTand;
le fait qu’il s’agit d’une psychogonie, et non d’une cosmogonie (car, même si
Ton devait produire en quelque sorte des créations identiques dans l’Ame
et dans le Corps du Monde, encore fallait-il considérer les puissances et les
rapports inhérents à l’Ame elle-même avant ceux qui étaient réalisés à l’exté
rieur) ; mais le principal est que cette explication manque le but touchant les
termes donnés e t qu’elle est même en contradiction avec eux : dans cette série
en effet, le terme qui tient le cinquième rang < 9 > est plus grand que le
sixième < 8 > , tout comme Vennéade est plus grande que l’octade ; dans la série
qu’ils proposent, la cinquième grandeur ou distance ou quoi qu’ils veuillent
suggérer est de toute façon plus petite que la sixième. Ainsi donc les doctrines
qu’ils nous offrent ne s’accordent point avec les nombres du texte platonicien >..
III
Les extraits du «epl dans Stobée ne nous font pas connaître la doctrine
de Jamblique à laquelle il fait lui-même allusion en 3 6 6 .1 0 /1 1 W . Mais d’autres
passages tirés de Proclus, de Simplicius et de Priscien nous donnent quelques
renseignements sur ce point (1 ).
A) P roclus, in Tim ., III, pp. 333. 28 ss. D. (à propos de Tim . 43 c 7-d 4
xal 81) vive ... Siéaeiaav).
Proclus commence par montrer que, en raison des mouvements irrationnels
de la matière, le cercle du Même en nous est lié (ÎTréSiieav : il n’y a plus de pure
contemplation) tandis que le cercle de l’Autre est soumis à toute sorte d’ébran
lements (Siéoturocv). 11 poursuit alors :
« P artan t de ces considérations, nous nous élèverons contre P lotin et le
grand T héodore (2) qui maintiennent hors d’atteinte en nous quelque chose
d’impassible e t toujours en acte de penser. Car Platon n’a admis que deux
cercles dans sa composition de l’âme : or, de ces deux cercles, l’un, selon lui,
est lié, l’autre secoué, et ni celui qui est lié ni celui qui est secoué ne peuvent
plus s’exercer à l’activité intellectuelle. Aussi est-ce à bon droit que le divin
J amblique s ’en prend à ceux qui pensent de la sorte (3).
(1) Qu’est-ce donc qui pèche en nous quand, sous l’impulsion de l’irrationna-
lité, nous nous portons avec empressement vers une image licencieuse? N’est-
ce pas la décision du vouloir? E t comment ne serait-ce pas cette décision? Car
c’est grâce à elle que nous luttons contre les produits téméraires de l’imagina
tion. Mais si la décision pèche, comment l’âme serait-elle sans péché?
(2) Qu’est-ce donc qui rend toute notre vie heureuse? N’est-ce pas le fait que
la raison possède sa vertu propre? Oui à coup sûr, dirons-nous. Or si, quand la
partie principale de notre être est parfaite, notre être entier est bienheureux,
qu’est-ce qui empêche qu’aujourd’hui même tous les hommes ne soient bien
heureux, s’il est vrai que ce qu’il y a en nous de plus haut pense toujours, est
toujours occupé aux choses divines? Car < de deux choses Tune > : si l’intel-123
leot est cette partie qui pense toujours, l’intellect n’a rien à voir avec l’àme,
< puisque tous les hommes ne sont pas heureux > ; et si l’intellect est une
portion de l’âme, alors tout le reste de l’âme doit être heureux.
(3) Qu’est-ce donc que le cocher de l’àme? N’est-ce pas ce qu’il y a en nous de
plus accompli et ce qu’on pourrait appeler le couronnement suprême? Comment
ne le dirait-on pas tel, si ce cocher est bien celui qui gouverne toute l’essence
de notre âme, qui par sa tête contemple le lieu supracéleste et devient sem
blable au grand Chef des dieux, au Cocher qui lance son char ailé et s ’avance le
premier dans le ciel (Phèdre 246 e)? Or si ce qu’il y a de plus haut en nous est le
cocher, et si ce cocher, comme il est dit dans le Phèdre (248 a ss.), tantôt est
emporté dans les hauteurs et élève la tête vers le lieu qui est en dehors du ciel,
tantôt s ’enfonce ici-bas et < communique à l’attelage ( 1 ) > sa propre boi
terie et sa mue, il en résulte évidemment cette conséquence nécessaire que ce
qu’il y a de plus haut en nous change de condition selon les circonstances. »
B) S im pl ic iu s , in A r. de an., p. 240. 33 ss. Hayduck. « Ainsi donc, lors même
que l’essence la plus haute de l’àme demeurerait absolument identique, son
activité, qui ne demeure pas identique, ne saurait se confondre avec l’essence,
s’il est vrai du moins que tantôt elle pense, tantôt ne pense pas. Mais, puisque
l’essence suprême elle-même de l’âme ne demeure pas sans mélange au cours
de l’inclination pour les objets de second rang, en sorte que (2 ) de cette façon
aussi cette essence est médiane, comme le marque J am blique dans son « Traité
de l’Ame », non seulement entre les divisibles et les indivisibles, mais aussi entre
les engendrés et les inengendrés, les périssables et les impérissables, et en sorte que,
pour cette raison même (3), tantôt elle pense et tantôt ne pense pas (en effet,
si elle agissait d’elle-même en demeurant identiquement immuable, non seule
ment elle agirait toujours de la même façon, mais il ne lui arriverait pas non
plus, quand elle projette des vies de second rang et qu’elle y est impliquée, de
rester tantôt inséparable de ces vies dans cette implication et tantôt d’en être
séparée : car peut-être bien la séparation, la pureté intégrale et incorruptible
de l’essence, est-elle cela même qu’exprime Aristote par ces mots (4) : « une
fois séparé, l’intellect possède sa vraie nature », en ce sens que la vie qui est
encore inséparable des objets de second rang ne possède pas sa vraie nature),
il est certes vraisemblable, ou plutôt nécessaire, que non seulement l’activité
de l’âme, mais son essence même, et cette essence à son plus haut degré (j’en
tends de notre âme à nous), de quelque manière s’affaiblisse, se relâche et pour
ainsi dire s’affaisse au cours de l’inclination pour les objets de second rang, non
qu’elle sorte entièrement d’elle-même (o) (car dans ce cas elle ne demeurerait
pius une âme), mais elle ne conserve plus sa pureté, en sorte qu’elle (6) se
maintient tout à la fois la même et non la même — car ni l’altérité ne la change
entièrement ni l’identité ne demeure pure et inchangée, — et ainsi, comme elle
a été divisée de quelque manière par le changement et n’est pas restée ce
qu’elle était, elle supporte aussi d’avoir son activité séparée de son essence, en
sorte qu’il lui arrive aussi de ne pas agir ».1
(1) άρίστην των γενητών Simpl. 89.30 : àpCftvi) των γεννηθέντων Tim . 3? a 2. Le
sens de ce passage difficile est d’ailleurs controversé, cf. Wilamowitz, Platon,
II, p. 389, Taylor, A Commentary.,., p. 176.
A P P E N D IC E I 255
raison (le la p ro p rié té et de l’opération des causes, qu’en outre, telle apparaît la
cause dans la s im p lic ité de l’essence, tel aussi le ' causé secondairement et par
participation, et qu’à l’inverse, pour ceux qui partent de la considération des
causés, tel apparaît le causé secondairement et par participation, telle aussi la
cause sous un mode simple et non participé. Dès lors, toute propriété qui se
voit dans la cause se voit aussi dans le causé. Or donc, comme cet homme divin,
en raison de sa science suprême, considère cette propriété premièrement dans
la cause, il nous autorise à la concevoir aussi dans l’âme ; de notre côté, nous
avons mieux aimé la voir d’abord dans l’âme, et de là remonter jusqu’à la
cause. Par exemple, ce qui tantôt demeure de façon pure, tantôt sort de la
permanence sans mélange et, procédant vers la productivité des vies fluentes,
se trouve impliqué en elles, nous l’avons rapporté à notre âme en tant qu’elle
est substantifiée de cette manière, et nous pensons donc que l’intellect qui
définit l’âme est lui aussi de même nature, puisqu’il définit un objet de telle
so rte; et à l’inverse, ayant considéré ce qui, dans l’âme, est restauré parfois
dans l’acte pur, mais à partir de l’être en puissance, nous pensons que l’intel
lect aussi qui définit une essence de telle nature qu’elle est tan tôt en puissance,
tan tôt passe à l’acte pur, est lui-même rendu un intellect en puissance, non
pas en ce qu’il subit l’être en puissance, mais en ce qu’il définit et fait subsister
l’essence en tan t qu’elle supporte et d’être parfois en puissance et d’être res
taurée de nouveau dans l’acte. »
F ) A ces textes où Jamblique est nommé, il en faut joindre un autre mani
festement inspiré de la même doctrine (cf. en particulier le n° B ). C’est le pas
sage où Simplicius commente de an. III 4 ,430 a 5. «Il faut examiner la cause du
fait que l’intellect ne pense pas toujours ».
S im pl ., ib., p. 237. 37 ss.
« Il n’est pas vrai absolument que tout immatériel intelligible pense aussi
toujours, et cela n’est pas non plus requis, mais seulement que, dans le cas des
immatériels, l’intelligible soit identique à l’intellect, en sorte que, quand il est
pensé en acte, il soit pensant en acte, et que, tant qu’il est pensé en puis
sance, il soit aussi pensant en puissance. Cependant il n’en vaut pas moins la
peine de se demander pour quelle cause certains des immatériels intelligibles
ne pensent pas toujours, lorsqu’ils ne sont pas non plus objets d’intel-
lection en acte pour eux-mêmes. Cette cause est la procession continuelle
de l’être, à travers les intermédiaires, depuis les termes les plus élevés jus
qu’aux plus bas, afin qu’il n’y ait de vide nulle part : encore est-il que néces
sairement les intermédiaires sont supérieurs aux termes les plus bas, en tant
que d’un rang plus élevé et que se rapprochant davantage des êtres premiers.
Puis donc que l’dme humaine, ou plutôt la raison d’une telle âme, raison que
présentement il (Aristote) nomme intellect, est médiane entre les indivisibles
et les divisibles, les êtres toujours identiquement les mêmes et les êtres entièrement
muables, les êtres qui s'appartiennent entièrement à eux-mêmes et ceux qui subsis
tent en un autre, dès là qu’il transcende ceux-ci et se trouve inférieur à ceux-là,
en tant que transcendant les êtres subjectés en un autre il est lui-même imma
tériel, en tan t qu’inférieur aux êtres suprêmes et toujours fixés en eux-mêmes
il ne pense ni n’est pensé toujours d’une manière pure. Mais, de toute évidence,
à mesure que la vie de la raison se détache de l’intellection conforme à l’es
sence, elle descend vers l’imparfait et l’être en puissance; et elle-même, l’intel-
lection essentielle de l’intellect, elle me parait s’effriter dans la production de la
vie qui procède vers le dehors, en sorte que l’âme, selon tout son être, conserve
sa nature de médiété et que tantôt, pour cette raison même, elle projette l’intel
lect qui procède vers le dehors, tantôt se sépare, comme le dit précisément
Aristote : « une fois séparé, l’intellect possède sa vraie nature », cette expres
sion « une fois séparé » n’ayant point place dans le cas de ce qui est toujours
A P P E N D IC E I 257
IV
ένδελεχή ς, έ ν δ ε λ έ χ ε ια chez Philon (cf. supra, p. 189, n. 6 de la p. 188).
spec. leg. I 170 (V, p. 41.17 Cohn) : οδ χάριν τήν τής έβδομης θυσίαν έξομοιώσαι
τή ένδελεχείμ (ainsi Cohn avec tous les MSS. sauf R) των ήμερησίων αμνών διενοήθη.
Les ήμερήσιοι άμνοί sont les agneaux qu’on sacrifie chaque jour, matin et soir,
pour rem ercier Dieu des bienfaits qu’il nous accorde continuellement jour
et nuit (άς άπαύστως καί άδιαστάτωςό θεός τώγένει των ανθρώπων χορηγεί, ιό .1169.
ρ. 41.14 C). L e jour du sabbat on sacrifie quatre agneaux (ίσα προστιθείς ϊσοις)
dans la pensée que le sabbat, jour anniversaire de la naissance du monde, est
comparable au temps éternel (αιών) : « c’est pourquoi Moyse a eu la pensée
d’assimiler le sacrifice du sabbat au sacrifice perpétuel (τή ένδελεχεία) des agneaux
offerts chaque jour». Que lit-on maintenant dans la Leg■ad Gai.? 157 : προστάξας
καί 8ι’ αΐώνος (C) άνάγεσθαι θυσίας ένδελεχεϊς (A) όλοκαύτους καθ’ έκάστην ήμέραν,
280 πλήθει θυσιών, ού μόνον έν ταϊς κατά τάς δημοτελεϊς έορτάς άναγομέναις, άλλα
καί έν ταϊς καθ’ έκάστην ήμέραν ένδελεχέσιν (ΟΗ : έντ — CG), 291 διά τής ένδε-
λεχοΰς θυσίας (ΟΑ : έντ — CGMH). Marquons d’abord que, si l’on s’en
tient à la tradition manuscrite (cf. Reuter, VI, pp. X X X V I I I ss., LV ss.),
la leçon ένδ — paraît partout la meilleure. La Leg. repose sur deux branches
CO (G) et AH (M ),la première étant en général préférable. Mais si une leçon
est à la fois attestée par O et un ms. du deuxième groupe (A ou H), elle semble
dès l’abord certaine : or c’est le cas de Leg. 280 et 291 (en 157, ένδ — n’est
donné que par A). Cependant, alors même que la tradition serait moins favo
rable, alors même qu’elle serait contraire, il faudrait de toute façon écrire
ένδελεχής, en vertu des L X X où ένδελεχισμός désigne le sacrifice perpétuel de
chaque jour (v. gr. E x . 29, 38-42 et al.) et en vertu de 1’ένδελέχεια du de. spec.
leg. 1170. Ce qu’Auguste a prescrit pour le temple de Jérusalem, c ’est le maintien
du sacrifice perpétuel de chaque jour : c ’est à ce respect pour l’usage ancestral
des Juifs que se reconnaît sa dévotion à ΓΎψιστος, dévotion que Philon a pré
cisément à cœ ur de m ettre en relief. — Quant à l’usage d’Aristote lui-même, il
faut noter enfin que si Aristote emploie à plusieurs reprises ένδελεχής et ένδελεχώς,
il n’offre aucun exemple de έντελεχής, car il y a longtemps que Boniti {Ind.
Arist., 249 a 23) a corrigé, d’après les codd. F H et Philopon, le passage du
de gen. et corr., B 10, 336 b 32 où Bekker (suivant E) lisait έντελεχή. Le sens
impose d’ailleurs ένδελεχή, cf. 336 b 27 ss. έπεί γάρ èv άπασιν άεΐ τοϋ βελτίονος
όρέγεσθαί φαμευ τήν φύσιν, βέλτιον δέ τό είναι ή τό μή είναι..., τούτο δ’ (le fait
d’exister toujours) έν άπασιν άδύνατον ύπάρχειν διά τό πόρρω τής άρχής άφίστασθαι,
τω λειπομένω τρόπφ συνεπλήρωσε τό όλον ά θεός, ένδ ελεχή ποιήσας τήν γένεσιν.
E n son édition (Oxford, 1922), H. H. Joachim écrit évidemment ένδελεχή et
Simplicius, in A r. Phys., p. 846.12 D. commente bien : του ένδελεχοϋς τό έπ’
άπειρον δηλοΰντος. Il ne reste donc, à l’actif d’Aristote, que la seule invention du
mot έντελέχεια. Sur la formation de ce mot technique nouveau, cf. W. D. Ross en
son commentaire de Mita. Θ 3, 1047 a 30 (II, pp. 245 s.; corriger la mention
de Philon), qui rappelle les articles de Hirzel, Rh. M us., 1884, pp. 169-208,
et de Diels, Zeitschr. }. Vergl. Phil., X L V II, pp. 200-203.
V
(cf. supra, p. 216, n. 4).
P r o c i . in Tint. 41 e 3, III, pp. 275.26-278.32 Diehl.
C’est pourquoi, après les avoir attachées aux chars, Dieu prononce les lois
fatales par lesquelles les âmes ont eu pour lot d’habiter les corps, comme un
homme qui serait débarrassé lui-même des [276] troubles de la politique et
des charges du gouvernement tandis que ses troupeaux lui fourniraient en
tribut les moyens convenables de vivre. Mais ce n’est pas encore pour le présent
ni de cette façon que les âmes sont « sous la Fatalité » : car les chars, non seu
lement de ces âmes, mais des dieux eux-mêmes, sont mus en cercle du fait
de la Fatalité. Afin donc que les âmes elles aussi, conjointement avec leurs
chars, tombent sous le règne de la Fatalité, il faut qu’elles descendent et
aient commerce avec la création, ce qui vient en second après l’ensemen
cement (celui-ci en effet précède), étant une sorte de distribution secondaire
des chars subordonnée aux révolutions divines, tout de même qu’il y a eu
une division des âmes elles-mêmes de classe à classe, division qui dépend
d’une part de la Cause Démiurgique unique (c’est pourquoi aussi elle est éter
nelle, et il ne peut y avoir changement en de tels guides), qui dépend d’autre
part et de la Fatalité (car c’est elle qui dirige les révolutions, qui lie ensemble
les révolutions universelles aux particulières et qui conjoint le semblable au
semblable) et des âmes elles-mêmes, tant des divines que des particulières
(à cause en effet de ce qu’elles s ’unissent entre elles et que leurs chars sont
naturellement apparentés). Dès lors donc, quand l’âme particulière s’associe
à l’universelle, son char aussi fait cortège au char de l’âme divine, et de même
que telle âme imite l’intellection de telle âme, de même tel corps reproduit
l’image de tel corps.
Ainsi donc le premier ensemencement dans les chars ne manifeste pas seu
lement l’âme comme encosmique, mais il en met toute l’existence sous la
dépendance de tel ou tel guide. Car autre chose est pour l ’âme d ’être encos
mique, autre d’être Lunaire ou Martienne. C’est là en effet une espèce plus
particulière de vie : en tant qu’elle est montée sur un char, l’âme devient
citoyenne de l’Univers, en tant qu’elle a été semée dans tel char, elle devient
citoyenne de la sphère de la Lune ou de celle du Soleil ou de quelque autre.
De plus, aussi longtemps que le char de l’âme est uni à l’Univers, elle abonde
[277] en vie hypercosmique et elle est, comme le disent certains, « à moitié
reliée » (1 ); mais, à mesure que l’ensemencement se poursuit, il la met sous
la conduite d’un dieu plus particulier.
Après l’ensemencement, il n’a été fixé qu’une seule naissance pour toute
âme ; ce sont les âmes elles-mêmes qui, pour le reste, accomplissent une
deuxième et troisième descente selon leur propre choix. Elles n’en accomplissent
qu’une seule qui soit commune à toutes : toute âme en effet doit entrer dans
la création, car tel est le genre des âmes particulières, incapable de demeurer
immuablement en haut. Ici-bas, désormais, l’âme tombe sous le sceptre de
la Fatalité : car elles reçoivent du Tout et la vie propre aux mortels et ce corps
visible, et elles prennent par là-dessus une condition physique. Cependant,
si elles ont bien vécu, elles peuvent, même ici-bas, se purifier des accrétions
de la Fatalité, dans la mesure où il n’y a pas pour elles nécessité absolue d’y
être unies à cause du corps : que peuvent en effet les productions de la Fatalité
contre le coryphée du Théétète (173 c/e) « qui astronomise sur le ciel » et ne
se soucie même pas de savoir en quel lieu de la terre il est? Si d’autre part on
se tourne vers le corps, on est nécessairement uni aux dons de la Fatalité.
E t, une fois dominées par la vie propre aux mortels, les âmes deviennent
esclaves de la Fatalité : l’Univers use d’elles comme d’êtres sans raison. Or
cet état, de nouveau, leur appartient et de leur fait (car c ’est ainsi qu’elles1
(1) ήμίσχετος. Il s’agit de Théodore, cf. II, p. 142.24 καί εΐ βούλει τά του
γενναίου Θεοδώρου παραλαμβάνειν έν τούτοις, 6 μέν νους άσχετός έστιν, ή δέ περί
τό σώμα ζωή έν σχέσει, μέση Si ή ψυχή, ή μ ίσ χ ε τ ό ς τις οδσα.
260 L A R É V É L A T I O N D ’H E R M È S T R I S M É G I S T E
ont choisi, et, ayant choisi, elles mènent jusqu’au bout le genre de vie qui
leur convient) et du fait du Tout : chaque être en effet est poussé selon sa
nature, et toute façon de vivre a son utilité pour compléter le Tout, et il
n’est aucun être qui soit laissé sans ordre ni détermination dans l’Univers,
mais ils sont tous dirigés de manière que leurs vies fassent un ensemble
proportionné. C’est ainsi donc que les âmes descendent, dans leur procession,
de la vie toujours bien ordonnée et toute première, par les vies intermédiaires,
jusqu’à la vie la plus basse et soumise au Destin, et que, ayant fait route
assistées par les Moires, elles tombent, de leur ancien poste au-dessus de la
F atalité, sous les lois de la Fatalité et sous «le trône d’Anankê » (Rép. X 620 es.).
Maintenant, cette « première naissance » qu’enseigne à présent le Philosophe,
et que le Démiurge, quand il proclame [278] les lois fatales, annonce d’avance
aux âmes, comment faut-il bien l’expliquer? Car l’interprétation qu’on en donne
n’est pas simple. Le divin J am blique nomme « première naissance » l’ense
mencement dans les chars, et la suite témoigne en sa faveur (41 e 5) : « (Dieu
notifia) que les âmes, une fois semées (dans les instruments du temps),
devraient... » U n autre (Porphyre? cf. supra, pp. 80 s.) explique la première
naissance des âmes comme l’unique descente : il faut en effet que chacune de
ces âmes a it de toute façon commencé avec la création, car cela leur est propre.
Cette exégèse donc définit simplement qu’il n’y a qu’une certaine descente
pour chaque âme. Une autre explication, plus exacte que la précédente, celle
qu’a enseignée mon M aître (Syrianus), dit que, pour chaque âme particulière,
il a été fixé une descente non pas tout uniment, mais selon chaque « révolution
de l’ Engendré Divin » (sc. le Monde, cf. Rép. V III 546 b). En effet il n’y a point
vraisemblance qu’aucune âme, ni de celles qu’on dit sans souillure ni de celles qui
peuvent devenir mauvaises et s’égarer, demeure en haut tout le temps d’une
révolution : car ce qui, durant le temps complet d’une révolution, demeure en
haut inébranlable et immuable ne peut même plus descendre désormais durant
une autre révolution, puisque tous les aspects stellaires que revêt l’Univers en
son déroulement ont laissé cette âme saine et sauve sans qu’elle tombe jamais,
et que ce sont toujours les mêmes aspects qui reviennent indéfiniment. En
outre, la vie de l’âme particulière est plus courte que la révolution du Tout,
en sorte que, si, durant toute cette révolution, l’âme a eu assez de force pour
demeurer en haut, elle a obtenu en partage une puissance intellective immuable
(car elle v it identiquement la même pendant toute la durée du temps), de telle
sorte que, si le temps en sa totalité, à mesure qu’il se déroule, n’a produit
sur elle aucun effet nouveau, elle appartient, dans son état naturel, aux êtres
toujours immuables. Nécessairement donc, toute âme particulière doit accomplir
une descente dans chaque révolution (1 ), les unes plus que les autres, parce
qu’elles ont fait trop grand usage de leur libre arbitre. C’est cette descente-
là que Platon a nommée « première naissance ». Il le manifeste lui-même
quand, après avoir parlé des assignations (λήξεων) qui suivent la première
naissance, il a ajouté (42 b 5) : « (Dieu notifia) que, si l’homme devait manquer
ce but (sc. le retour à l’astre approprié), il se métamorphoserait, à la deuxième
naissance, en la nature d’une femme «. C’est donc qu’il entend par première
naissance la descente à partir du monde intelligible ».1
A P P E N D IC E I
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262 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉG1STE
VI (suite)
leur récompense au ciel; au bout de mille ans toutes ces âmes, celles de l’ Hadès
et celles du ciel, ont à choisir une deuxième existence terrestre pour achever
leur purification. Or c’est ua dogme'platonicien que ce nouveau choix de vie
dépend entièrement des âmes seules, cf. le discours de Lachésis Rép. X 617 d/e
ούχ υμάς δαίμων λήξεται, άΧΧ’ υμείς δαίμονα αίρήσεσθε... αΙτία έΧομένου, θεός
αναίτιος, la loi d’Adrastée Phèdre 249 b 3 αίροϋνται δν Sv θέλη έκάστη.
Cependant, à la fin de sa vie, dans les Lois (X 903 b/d, 904 c-905 c), Platon
avait enseigné que ce sort posthume des âmes est réglé par la Providence
universelle en vue du bien de l’ensemble. C’est cette dernière forme de la
doctrine platonicienne qui a été reprise par P lotiw, cf. (avec Lévêque, p. 658,
n. 3) II 3, 8.3 καί Ιπεται τοίς δρωμένοις έν τώ παντί Δίκη, είπερ (τδ παν) μή
λυθήσεται- μένει δ’άεί δρθουμένου τού δλου τάξει καί δυνάμει τοϋ κρατοΰντος, III 2 ,
13.16 όθεν καί θεία φήμη Άδράστεια' αυτή γάρ ή διάταξις Άδράστεια δντως καί
6ντως Δίκη... τεχμαίρεσθαι δέ 8εϊ τοιαύτην τινά είναι τήν τάξιν άεί τών όλων έκ των
δρωμένων έν τώ παντί, ώς εις άπαν χωρεΐ καί δ τι μικρότατον (cf. Plat. Lois X
903 b 7 τούτοις δ’εϊσίν άρχοντες προστεταγμένοι έκάστοις έπί το σμικρότατον
άεί πάθης καί πράξεως, εις μερισμόν τδν έσχατον τέλος άπειργασμένοι), IV 3,
12.17 tout est réglé dans l’univers έν τε καθάδοις ψυχών καί άνόδοις καί είς
τά άλλα σύμπαντα. μαρτυρεί δέ καί το τής συμφωνίας των ψυχών πρός τήν
τοΰδε τού παντός τάξιν ούκ άπηρτημένων (détachées), άλλά συναπτουσών έν
ταΐς καθόδους έαυτάς καί μίαν συμφωνίαν πρός τήν περιφοράν ποιούμενων, IV 3,
24, en particulier 24.16 είρηται δέ έν τώ νόμω καί όσον καί έφ’ όσον δει
παθεϊν..., άρμονίας δυνάμει τής κατεχούσης τά πάντα, IV 8, 5.10 όταν δέ
ταϋτα πάσχειν καί ποιεΐν ή άναγκαίον άιδίω φύσεως νόμω..., θεόν εί τις λέγοι
καταπέμψαι (sc. τάς ψυχάς), ούκ αν άσυμφώνως... τή άληθεία... άν είη. Dans le
texte de Jamblique, ces deux opinions sont d’abord indiquées, celle du plato
nisme traditionnel par ώς μέν δή οί πλεϊστοι Πυθαγόρειοι καί Πλατωνικοί λέγουσιν
(454.25), celle de Plotin par ώς δέ οί άκριβέστεροι έν αύτοϊς (454.27). Viennent
enfin les αρχαιότεροι (455.1) dont, en ce ch. 65, les opinions sont régulièrement
opposées à celles des Platoniciens et Pythagoriciens (cf. 455.12, 20; 456.5,20,
23; 457.1 où οί αύτοί μέν άνδρες = οί παλαιότεροι). Nous avions vu déjà (384.
27) les παλαιότατοι τών ιερέων opposés à Porphyre : or ces παλαιότατοι repré
sentaient l’opinion de Jamblique. Un texte du de myst. II 5 (p. 79.6 ss. P.)
nous permet de reconnaître ici en eux les fondateurs (présumés) de la théuf-
gie : καί μήν τό γε ά π οκα θαρ τικό ν τών ψυχών τέλεον μέν έστιν έν τοίς θεοϊς,
έν δέ τοίς άρχαγγέλοις άναγωγόν ά γ γ ε λ ο ι δέ λύουσι μονον τών δεσμών τής όλης,
δαίμονες δέ είς τήν φύσιν καθέλκουσιν, ήρω ες δέ κατάγουσιν είς τήν έπιμέλειαν
τών αισθητών έργων, άρχοντες δέ ήτοι τήν προστασίαν τών περικοσμίων ή τήν τών
ένύλων επιστασίαν έγχειρίζουσι, ψυχαί δέ έπιφαινόμεναι κατατείνουσί πως έπί τήν
γένεσιν. De part et d’autre c’est la même suite : dieux (archanges) anges démons
héros, ce que Jamblique, dans le π. ψ., nomme les κρείττονα ou πρεσβυτέρα ou
θειότεραγένη (365.11, 20, 27; 367.3, 372.15, 377.18, 378.3 : voir aussi Sect. II,
p. 216, n. 4). Comme cette suite reparaît constamment dans le de myst., où elle est
un des points essentiels de la doctrine (cf. par ex. I I 1-9), on peut être assuré que
la mention des κρείττονα γένη dans le π. ψ. se réfère à l’art théurgique et que,
dès lors, les άρχαιότεροι sont les prêtres (égyptiens) fabuleux qui auraient fondé
cet art. Pour le rôle purificateur du Soleil, voir au surplus Procl. in Tim ., III,
p. 68.14 (après un important passage sur le Soleil μεσίτης 67.26 ss.) : διό καί
φύλακα τοϋ παντός αύτόν (sc. τδν ήλιον) προσείρηκεν δ θ ε ο λ ό γ ο ς (sc. Orphée,
cf. 227.31 = fr. 96 Kern) καί περί αύτόν δυνά μεις άπέλιπε δη μιουρ γικά ς
άχράντους άναγωγούςτελεσιουργούςκαίάλλαςπολλάς κ α θ α ρ τικ ά ς τ ε κ α ί κρ ιτι
κά ς, καθ’ άς διακοσμεί τό παν αίδίως περιπολών. Sur les dieux purificateurs,
ih. p. 198.16 έπεί δέ καί τών θεών αύτών οί μέν εισι δ η μ ιο υ ρ γ ικ ή ς τάξεως, οί
δέ ζωυγονικής, οί δέ ά τρ έ π το υ καί κ α θα ρά ς ζω ή ς, οί δέ άλλης τινός, κατά τάς
264 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
των λεγόντων ιδιότητας άφορίζεται καί τό είδος των λόγων, όπου μεν δ η μ ιο υ ρ γ ι
κόν, όπου δέ ζωής Θείας παρεκτικόν, όπου Si ά τ ρ έ π το υ κ α θ α ρ ό τη το ς χ ο ρ η
γ ό ν ... εί γάρ καί διάφοροι τάξεις είσί τωνέγκοσμίωνθεών, δημιουργικά*, ζωογο-
νικαί συνοχικαί τελεσιουργοί φρουρητικαί κ ρ ιτικ α ί κα θα ρτικ α ί,... άλλ’ δμωςκάΐ
πάντες πασών τών δυνάμεων μετέχουσιν κτλ. Sur les démons purificateurs, ib. I,
p. 113.23 πολλά γάρ καί αί μερικαί ψυχαΐ δρώσιν, όργανα τών τιμ ω ρ ώ ν ή καθαρ
τικ ώ ν ούσαι δαιμόνω ν, όξω του σώματος. Sur les Puissances (célestes) cathar
tiques en général, ib. I, p. 38.9 όλως δέ καί περί αύτάς τάς ψυχάς είσι καί άνα-
γωγοί δυνά μ εις καί κ α θ α ρ τ ικ ο ί, κ ρ ίσ εώ ς τε ϊφ ο ρο ι καί δίκ η ς, καί δήλον,
ώς αί μέν τοΐς φύλαξιν άνάλογον, αί Si τοΐς έπικούροις. Dans les El. Th., prop. 143,
Produs mentionne les déliés purificatrices (εϊ τις όστι θεότης καθαρτική),
prop. 156 et 158 il distingue chez les dieux la propriété purificatrice (το
καθαρτικόν) de la protective (τό φρουρητικόν), de l’élévàtive (τό άναγωγάν) et
de la conversive (τό έπιστρεπτικόν).
APPENDICE II
PORPHYRE
Prologue, I, l-I I , 5.
[I, 1] La doctrine relative à l’entrée des âmes dans les corps
en vue de la production d’un être vivant nous a remplis d’une
extrême incertitude, et non pas nous seulement, cher Gauros,
mais ceux qui se sont employés principalement à la recherche
de ce problème.
5 D’une manière générale, les hommes de science et presque
tous les médecins se sont demandé s’il faut tenir les embryons
pour des vivants ou s’ils ont seulement la vie végétative, le
caractère propre du vivant consistant dans la sensibilité et
l ’impulsion, celui des végétaux se faisant voir dans les fonctions
de nutrition et de croissance sans accompagnement de sensibilité1
(1) εύκολος τώ Πλάτωνι ή τής είσκρίσεως ανάγκη καί < δ > όρος 6 ταύτης
γίγνεται 34.14. A cet εβκολος τώ Πλάτωνι... γίγνεται s’opposent τώ Πλάτωνι
άθετεϊσθαι τόν περί τής είσκρίαεως λόγον 36.9 et τώ Πλάτωνι έκκεκλίσθαι τήν
έξωθεν των ψυχών είς τά σώματα είσκρισιν 58.19. D’autre part, l’idée est reprise
sous une autre forme : άνάγκη καί τήν εϊσκρισιν καί τόν καιρόν τής είσκρίσεως
καταλιπεϊν 34.18. Le mot είσκρισις est quasi technique, cf. Albin. Didask. 25.6
H. τό είσκρίνεσθαι αύτάς τοϊς σώμασι. L ’expression complète est ή έξωθεν τών
ψυχών είς τά σώματα είσκρισις, cf. 58.20.
268 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
W
De l’élément masculin et de l’élément féminin, cf. Hipp. Nat. Puer. 5
476 L.) : s’il doit y avoir conception, μίσγεται 4μοϋ τό τε άπ6 τού άνδρ4ς
έλθ4ν καί τ4 άπ4 της γυναικδς.
(2) Nat. P uer. 18 (VII 498 ss. L .). Noter διαρθροΰσθαι Hipp. = διαρθρου-
μένης Porph. 35.4.
(3) Nat. P uer. 21 (VII 510 L.).
(4) δζωθή έξω 35.7 : cf. ib. 17 (VII 498. 3 L.) καί δή καί διοζουται ώς βένβρον.
(5) La m ême doctrine est rapportée par Jamblique ap. Stob. I, p. 38 1 .1 5 . ss.
W . ; cf. supra, p. 225 et n. 3. Ou source commune ou Jamblique dépend de
Porphyre, cf. K . Kalblleisch, l. c. , pp. 22-23.
(6) Ceci rappelle Tim . 91 b-c.
(7) Il est possible que cette doctrine soit liée de quelque manière à la
tradition des Orphiques sur l’âme portée par les vents depuis l’air enve
loppant jusque dans le corps au momeht de l’inspiration, ci. Orph. fr. 27,
pp. 95 ss. K.
( 8) Cf. la première des trois théories mentionnées supra II 2 (Numénius et
Pythagoriciens) : l’âme entre au moment de la conception, ώς Sv μη8" oïou τε
8ντος (τοϋ σπέρματος) έν τη μήτρα γονίμως κράτηθηναι μήτι γε ψυχής έξωθεν τή
είσκρίσει έαυτής τήν σύμφυσιν ά π ερ γ α σ α μ έν η ς 34.24 ss.
APPENDICE II 269
pe P A R T IE : L ’e m b ry o n n ’e s t p as un v iv an t en acte
III, 1 -X II, 7.
(1) την περικειμένην έν τη γη τρόφιμον Ικμάδα Ιλκουσα 36.20 : cf. Εν. Luc 8.6
και έτερον κατέπεσεν έπΐ τήν πέτραν, καί φυέν έξηράνθη διά τό μή èyeiv Ικμάδα.
(2) Cf. P lat. Soph. 265 c 1.
APPENDICE II 271
272 LA R É V É L A T IO N D ’H E R M È S T R IS M É G IS T E
(1) Au ch. ix .
(2) En 40.7 je lis xàv tA yiyocü; : xat rcXr^aïc; P.
APPENDICE Π 275
(1) διά (της) τών αίσθητηρίων προσπάθειας γενομένης 40.12/3. προσπάθεια est
un terme quasi technique chez Porphyre pour désigner l’attachem ent de
l’àme au corps et à ses passions, et. Sent. 28, p. 1 2 .1 8 Μ. : (1’άσώματον se délivre
du σώμα) αυτό έαυτό στραφέν έκ τής προσπάθειας, 29, ρ. 13.9 έκ δέ τής πρός τό
σώμα προσπάθειας, 32, ρ . 23.8 SS. ένεργών μέν γάρ τις συνεχώς κατ’ αΤσθησιν, κάν
μή μετά προσπαθείας καί τής τού ήδεσθαι άπολαόσεως τούτο ποιή, άλλ’ οδν έσχέ-
δασται περί το σώμα,... προσπάσχων δέ ταϊς τών αισθητών ήδοναΐς ή λύπαις σύν
προθυμία καί έπινεόσει συμπαθεί, ad Marc., 32, ρ. 295. 7 Ν. όσω τής τοϋ σώμα
τος προσπαθείας άφίσταται, τοσούτω μέτριο τω θείιρ πελάζει.
(2) Tim . 28 a.
(3) Le texte est gâté (40. 20 SS.) : τάς πρός τής κατ’ αύτής τής δοξαστικής ψυχής
συναρμόσας τοϋ γνωρίσματος. Peut-être < καί ¿» τάς πρός τής κατ’ αυτόν (déjà
Kalbfleisch) [τής] δοξαστικής ψυχής συναρμόσας. J e ne sais que faire de τοϋ
γνωρίσματος.
276 l a r é v é l a t i o n d ’h e r m è s ' t r i s m é g i s t e
(1) Le texte n’est pas sûr. En 43.5 je lis avec Krpll φυτικήν συμφϋσαν : φυσι
κήν σύμφυσιν P. En 43.6, avec Kalbfleisch, άγουσαν έπιπείθειαν (= έπιπειθομένην) :
άγουσαν έπιπειθή (corrigé en -θεϊ) P.
(2) έοικυΐαι... παλμοϊς μερών οίς άν άποληφθή πνεύμα, 43.14. Quand l’air
APPENDICE II 279
est conçu dans le sein, le second le fait d’être logé dans les portés
25 dans le sein. ] De même donc que, si l’on qualifie de malheur pour
l’âme le fait d’appartenir aux mortels, on ne dit pas que l ’âme
est devenue mortelle, mais qu’elle est logée dans les mortels,
de même, à coup sûr, faut-il entendre ce appartenir aux portés
dans le sein en ce sens que T âme entre dans la race des êtres
portés dans le sein et mortels, mais non en ce sens que, au moment
où ces êtres sont conçus, elle est, elle-même aussi, conçue avec
eux (1).
[4] Pareillement ils se méprennent sur la pensée de Platon ]
quand il dit, dans le Phèdre (248 d), que « l’âme qui a contemplé
le plus abondamment entre dans la. semence (γονή) d’un homme
ami de la beauté, et adonné aux Muses ».. Car, par semence, il ne
faut pas entendre le sperme, mais la génération, en sorte que cela
signifie « génération de celui qui doit encore être porté dans le
sein », et non « sperme de celui qui procrée ». Car Platon ne dit
5 pas que l’âme arrive et va se loger dans le sperme | d’un homme
ami de la beauté, mais qu’elle contribue à la génération d’un
homme ami de la beauté, en sorte que l’ami de la beauté, ce n’est
pas l’engendrant, mais l’engendré. [5] D’autre part, ce qui prouve
que, selon Platon, l’âme vient s’établir quand l’embryon, après
l’achèvement de son corps, est sorti de la mère pour venir au
jour, c’est qu’il est dit aussi dans le Tintée (43 a) : « Quand le
corps en son entier eut été bien équipé, Dieu y introduit l’âme ».
Mais dans le Phèdre aussi (246 c) Platon parle de même, et pour
10 ainsi dire partout où il |dit que l’âme, s’emparant du corps, fait
du composé de corps et d’âme un vivant.
(1) çitnç (47.12). C’est la 80va(«î (f* onipiia-n de 46.25/6, ou encore l’âme
végétative de l’embryon. — Pour la suite (§ 5 ), v o ir Addenda.
A P P E N D IC E II 285
(1) Je Iis μη<κέτι ? ) > κατά τη ν της μητρ5ς οίκονομίαν 47.28 (Kalbfleisch).
(2) ή δέ έξωθεν (48.6),sc. ψυχή (qui se tire de ψυχήν 48.5).
(3) Voir Addenda.
286 LA R É V É L A T IO N D ’H E R M É S T R IS M É G IS T E
(t) C’est ainsi qu’il faut traduire si l’on garde le texte 6 νάφθας άφβείς άφθέντι
πυρι έξάπτεται, cf. ήπται ταίρι Eur. Hel. 107, δψαντες πυρί Esch. A g. 295. Mais
le texte est-il bon? Diels proposait 6 νάφθας < καί μ ή > άφθείς άφθέντος πυράς
έξαπτεται = » même sans contact avec un feu allumé prend flamme ·.
(2) Cf. Jam bl., π. ψυχής, supra, p. 233.
(3) διά τό είναι έγκόομιος 49.16. εγκόσμιος = ούράνιος,'cf. Ε . R . Dodds en
son édition de Procius, The Eléments of Theology, pp. 283, 285. L ’àme, étant
céleste, ne peut entrer directement dans un corps de chair : il lui faut entrer
d’abord dans un corps intermédiaire, éthéré, pneumatique ou aérien.
A P P E N D IC E II 287
(1) J e lis ¡51.23) 2v0aSi) (ïvO aSiP), cette dernière phrase formant en vérité
la conclusion de tout le chapitre xit.
LA RÉVÉLATION D’ HERMÈS TRISMÉGISTE. — III. ‘- 0
290 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
(1) J e lis (57.2) Tj-ru; Sv < i > x (a r à xotpè)v i|roxt) «¡i TexOévri Ycvovépr).
(2) Point cardinal de l’écliptique. Sur les « degrés horoscopes » et les cen
tres, cf. Bouché-Leclercq, Astrologie Grecque, pp. 257 ss.
(3) Cf. Bouché-Leclercq, pp. 280 ss.
298 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
de l’octave, si elle est trop basse ou trop haute (1), elle s’écarte du]
25 double rapport (2), ainsi en va-t-il aussi du petit corps de
l’embryon qui est dans le sein et en train de se rendre accordé à
une âme : avant d’avoir reçu le degré suffisant d’accord avec
l ’âme, il ne la possède pas; a-t-il été accordé, aussitôt il possède,
présente en lui, l ’âme qui doit l’utiliser; mais tant que l ’accord
fait défaut, l ’âme n’est pas présente, bien que le monde soit tout
rempli et gorgé d’âmes. [7] Car de même que, | si le froid ou la
chaleur ou encore quelque excès ou défaut relâche et détend
l ’accord de l ’œil, aussitôt la faculté sensitive cesse d ’être présente
5 même en puissance... (3), de même |l’âme, qui se servira du
corps instrumental quand il aura été accordé, est absente de ce
corps entier tan t qu’il demeure imparfait et non accordé, même
si, comme je l ’ai dit, toutes choses sont recouvertes d’un épais
m anteau d’âmes. C’est, de fait, ce qui se passe pour nous aussi :
bien que l’Univers, suppose, soit recouvert d’un épais manteau
d’âmes, nous ne pouvons vivre en compagnie de trois âmes, ou
même de deux, qui conservent leur faculté propre de raisonne
ment, parce nous n’avons été accordés qu’à une seule âme, et, si
10 cet accord | est rompu, Je corps peut sans doute admettre des
âmes d’une autre sorte, par exemple des âmes de vers de
cadavres et de vers de terre, mais il s’est séparé (4) de l’âme
qui lui était appropriée et consonante. [9] Si d o n c.. (5), |
15 comment l ’âme serait-elle présente à l’embryon, cette âme
dont la constitution naturelle est de ne pas lui être présente
de l ’extérieur et de ne prendre pour instrument que le tout
complet une fois qu’il a été entièrement formé?1
I I I e P A R T IE : M ê m e s i l'e m b ry o n e s t v iv a n t
e n a c te ou en p u issa n ce ,
l ’a n im a tio n d o it s e fa ir e de l'e x té r ie u r
X V II, 1-fln. (1)
tel organe après tel autre; et, de ce qu'ils font pousser les dents
après l’enfantement, puis, au cours du progrès de l’âge, la barbe
et les poils du pubis, on ne peut conclure que les parties de cette
sorte ne sont pas issus du sperme. C’est d’une manière appro-
5 priée que l’être humain, | à partir du sperme, est mû de la vie
végétative et du mouvement de croissance tan t qu’il est dans
le ventre, de la vie sensitive quand il en a émergé, de la vie
rationnelle quand il a progressé en âge, et en dernier lieu de
la vie intellectuelle, sans qu’aucun élément psychique se soit
par addition insinué en lui de l’extérieur, mais tout a été
d’abord confondu ensemble comme dans la germination des
céréales, et même si certaines raisons séminales ne se différen
cient qu’à un autre moment, comme par exemple, dans le
10 grain de blé, |les raisons séminales du chaume, de la feuille, de
la racine ont été unies avant de se différencier, néanmoins ces
raisons séminales, non du blé et des (1) (fruits seulement, mais
aussi des animaux, ont été d’abord unies dans les semences) et
par la suite se différencient. [7] Car de même que, dans la noix
qui vient d’émerger, tout est ensemble et dans une même masse
15 compacte et verte, puis la cosse et la coque ligneuse |sous la
cosse se distinguent, à des moments différents, de la pellicule
sous la coque, du fruit lui-même dans la pellicule, et des mem
branes ligneuses qui traversent intérieurement le fruit, et
pourtant la raison séminale de la noix reste toujours présente
tout entière dans le fruit, de même, disent-ils, toutes les parties
ont été confondues dans le sperme, mais elles n’en sortent pas
20 moins de cette confusion et se configurent chacune à part |en
faisant leur entrée en scène (à des moments différents) (2), et
c’est toujours la partie appropriée aux circonstances qui néces
sairement se distingue avant les autres. C’est pourquoi, comme
il n’est pas encore besoin, durant la grossesse, d’impulsion et
d’imagination, les raisons séminales de ces facultés demeurent
inactives dans la masse entière de l’embryon, de même que,
dans le grain de blé, les raisons séminales du chaume et de la
25 feuille, mais le moment de la sortie [ de chacune des facultés
vient toujours à point pour correspondre aux besoins. [X V III,
1] Maintenant, que le sperme ne soit pas le produit de la seule
âme végétative en nous, mais aussi de l’âme sensitive, imagina-1
(1) Lacune d’une ligne environ. Je conjecture ou τού πυροϋ καί τών (καρπών
μόνον, άλλά καί τών ζφων, ήνωνται έν σπέρ)μα(σι) καί ύστερον διακρίνονται.
(2) (κατά διαφόρους καιρούς) conieci 60.20, coll. 60.17.
302 LA RÉVÉLATION D’HERMÈS TRISMÉGISTE
23-26 ................................................ 6
A pulée
1. Cet Index ne vise pas à être complet, et il ne porte, sauf rare exception, que
sur le corps même du livre, sans les Appendices. Passim après le titre de l’ouvrage
signifie que de nombreux passages sent signalés (non transcrits) au lieu indiqué de mon
livre. Quand la référence comporte page e t ligne, je n’indique que la première ligne,
om ettant les abréviations usuelles s. ou ss.
307
308 TA BLES
50 62.15....................................................... 146
50 71.1......................................................... 146
51 71.3......................................................... 141
2 5 ............................ 58 Secrets d’Hinoch (ed. Forbes-Char-
................................. 59, 1 le s).
................................. 75 s. p a s s im ...................................
................................ 63 s. 2 2 .8 -1 0 .................................
4 3 ......................... 64 2 2 - 2 3 ......................................
45 g....................... 64
H e r r a r P a st o r
4 7 ............................ 76
6 2 ............................ 59, 1 Sim ilitud ines ted . G e b h a rd t-H a r-
n a ck ).
A thanasb V I I I , 2 . 3 .............................. .................... 148
I X , 1 0 -1 3 ............................. .................... 14 2 s.
V. Antonii 6 0 ............................................ 143
1 0 .6 ....................... .................... 151
A u g u s t in 1 1 , 2 .............................. .................... 151
1 1 . 5 ..............................
in Jo., 4 5 , 2 - 3 ........................................... 99 S.
1 3 .1 -2 ........................... .................... 14 8
C icéron C. U ., I , 6 ( 9 . 6 ) ...............
9 ( 9 . 1 7 ) ..............
Somn. Scip., 1 3 .............................. 1 0 ( 1 0 .3 ) ........... ..................... 4 7 ,5
1 5 ............................... . . 27 11 ( 1 0 . 9 , 1 2 ) . .
1 7 .............................. 1 2 ....................... 1 5 s ., 3 4 , 8 6 s.
26 (fin).................. 31 1 2 ( 1 0 .1 5 ) .........
Tuse. Disp., 1 , 7 2 .................................... 3 3 ,1 1 2 ( 1 0 .1 8 ) ......... ..................... 88
1 3 - 1 9 ...............
CORRUTUS
1 3 ....................... ..................... 87
Theol. Gr., 9 .......................................... 161 13 ( 1 0 . 1 9 ) . . .
13 ( 1 0 . 2 0 ) . . . . . . . 8 6 ,2 ; 8 7 -8 9
D io c ín b L aerce 13 (1 0 .2 1 ) .........
V II , 1 4 7 ...................................................... 16 1 1 4 .......................
1 5 ....................... .................... 10 2
Excerpta ex Theoiota 1 8 -2 6 ...............
18 ( 1 3 . 7 ) . . . .
1 , 1 - 2 ............................................................. 14 8
2 0 ( 1 3 .2 3 )........
F i r m ic u s M a t e r n u s 2 1 -2 5 .............
2 2 ....................... . . Ill s ., 1 1 6
d e a r . pr. reL, 1 9 , 1 ............................... 155, 1
2 2 ( 1 4 .1 5 )...,
22 ( 1 4 . 2 0 ) . . .
H éc a té e d ’A b d í r e
2 3 ......................
a p . Diod. Sic ., I I , 4 7 , 2 ....................... 1 35 2 4 -2 6 .............
2 4 .......................
H énoch
2 4 (1 5 .9 ) .........
L ie n d’Hénoch (ed. R .-H . Char 2 4 ( 1 5 .1 1 ) ....
les). 2 4 ( 1 5 .1 2 ) ..
p a ssim ................................................... 135 1 2 5 ....................
XV, 6. 7, 3 J AMBLIQUE
X V I.............................. 8 de myet. (P a rth e y )
X X I I I ( Kori Koemou).
I, 5 ................................................ 49; 145, 3
Analyse.................................................. 37 ss
1 2 ....................................................... 173 s.
2 2 -2 4 ........................................................ 83
I I , 7.......................................................... 145, 3
34 -3 5 ........................................................ 63
V II I, 2 ................................................... 49, 2
4 4-46............. 84
6 ................................................. 49
Herrn, ap. J . Lyd. de mena., 167.17
7 ................................................. 50
W u en sch .......................................... 151
(ap. Stob., vol. I Wachsmuth)
H ip p o l y t s (ed. P . Wendland) p la n ............................................................. 9 s.
Ref. o. haer., I, 21, 3 .......................... 7 ,1 an aly se.............................................. 10-14
V I, 2 9 ,1 ....................... 25, 2 traduction ................................... 177-264
3 1 , 8 ..................... 137 365.9 W ...................................................... 46 s.
3 75.5 ...................................................... 69
H y p è r id e 378.19......................................................... 70
Épitaph., 3 5 -3 9 ................................... 137 378.21......................................................... 71
379.8............................................................ 76
I nscriptions 380.6 ...................................................... 71
Corot, epigr. (Buecheler) 380.10 ............................................ 7 8 ,7 9 s.
« 3 . 3 ........................................................ 138
9 7 5 .4 .................................................. 140, 2 de e. pyth. (Deubner)
1 1 09.16 ............................................. 140, 2 17, 72(41.12 D .).................................... 110
1 1 09.27................................................... 139
1109.31 ............................................. 140, 2 F l . JosipH E
1 109.34................................................... 133
Bell. Jud., I l , 8 , 7 ,1 3 8 ........................ 110
1 109.43................................................... 140, 2
116 5 .1..................................................... 138 J u l ie n
1233.17 ............................................. 139
1530 B ........................................ 133; 139, 3 IV (ad Soiem), 142 C-144 C ............ 159
143 B ................................................... 158
Corot, lot. epigr. (EngstrOm) 148 D-149 A ...................................... 160 s.
« 3 - 1 2 ..................................................... 1 3 9 ,1
J u s t in
2 « *-2 ........................................................ 1 4 0 ,2
Dial. c. Tryph., IV , 2 .......................... 168
Dittenberger, S yll.·
7 4 1 1 1 ,1 1 ............................................... 1 5 1 ,1 J u v în a l
* 8 5 .2 5 ..................................................... « O s.
1109.31 ............................................. no I I , 149 ss................................................... 138
I r în £ e M acrobe
adv. haer. (H a rv ey )
Sat., I, 18, 18. 159
I, 2, 6. 137 18, 2 0 . 160
TABLES 311
7 .1 2 .1 1 ........................ 31 I S e r v io s
8. 1 . 1 ............................. 65 in Aen. (Thilo), V I, 127 ................... 123
8 .1 .1 1 ........................ 71 439 ................... 122 8.
8 .1 .2 7 .......................... 72 8. 7 1 4 ................... 132
8 ,1 .3 7 ................................. 77 743 ................... 126 8.
8 , 1 .4 7 ..................... 74, 1 ; 76
8 .2 ................................. 49, 3 S e x t u s E m p i r ic u s
8. 2 .1 ............................ 66
8 , 2 .6 ................................... 6 6 ,3 ado. math., I X , 3 3 .............................. 1 6 1 ,1
8 . 5 .2 ............................ 77
St ace
8 , 5 .8 ................................... 93
8 ,5 .1 6 ................................. 70,95 Silo., I I , 1, 200 ss.................................. 138
8 .5 .2 7 .......................... 96 7 ,1 1 4 s.................................... 138
8 .7 .1 2 .......................... 8 1 ,1 V , 1 ,2 5 3 s s . . . , .......................... 138
V , 1 , 1 .1 ..................................... 94 3, 24 ss..................................... 133 8.
3, 284 ss................................... 138
P lu ta r q u e
T aurus
dedej. or., 10, 415 B /C....................... 122
ap. Stob ., IV , 1089 H ense.............. 149 ap. Jam bl. i t . f 3 7 8 . 2 5 .. .. 73, 76, 77
T e r t u l iie n
PoEPHYRE
de an. (Waszmk)
de abet., I I , 4 7 ................................... 7, 3
4 8 .......................................... 7 ,3 p l a n ........................................................ 3
2 . 3 ............................................................ 1. 3
ad Mare., 3 3 ......................................... 131
it. Taupov (trad .)......................... 265-301 9 . 2 ................................................................ 29
X , 2 ................................................................ 9 ,3 1 4 .1 ...................................... 29
X I I I , 7 ................................................... 7 ,3 1 5 .5 .................................. L3
X IV , 4 ..................................................... 7, 3 2 3 ................................................................. » 9
2 3 .1 ................ 3 s., 33, 67
de regr. a n ., 8 .............................. 4 7 ; 5 8 ,1
2 3 .5 ................................... 4,67
1 0 .................................... 47
11, l e t 4 ........................ 80s. 2 3 .6 .................................. 67 s.
11, 5 ................................ 81 2 8 .1 .................................. 1, 3
3 3 .2 .................................. 1, 3
V. Plot., 16................................................ 5 9 ,3
Porph.ap. Jam b l. it.*}/. 4 5 7 . 1 9 .. .. 82 37-53 ....................................................... 97
3 7 .5 -7 ..................................................... 7, 2
38 ........................... 13 s., 100 8 .
P r o c lu s
39 .................................. 101
£1. Theol. (Dodds), 110 ................ 145, 3 40 .................................. 10 1 8.
2 0 9 ......... 131, 132 4 0 .2 ......................... .. ■■· 1°3
in Crat., 102.15 Pasq......................... 158, 2 4 0 .3 .................................. 102
in Etui., 261.4 Fried!............................ 1 5 8 ,2 4 1 .............................................................. 102
in remp., I I , 91.21 Kroll.................. 7, 1 5 1 .1 .................................. 39
1 1 4 .1 0 ........................... 163 5 3 .2 .................................. 30
1 1 4 .2 0 ........................... 149 s. 5 4 .1 .......................................................... 119
in Pint., I l l , 234.6 D iehl................. 127
V areon
P rudence
de 1.1-, V, 5 9 ........................................ 27
Peristepk., 5, 373 s.............................. 144
14,91 ss............................. 144 VlRGILE
I ndex V erborum
άγιος λόγος........................................... 95, 1 ¿ιεισιεαν, άνααχχν, ίλχειν................. 169 SS.
«νάλυαις, λιίαις(τ. »ιάματος)............ 125, 1 δΐιοι (οί)................................................ 106, 4
άνόητος.................................................. 117, 4 θρόνοι (célestes)................................. 48, 3
άντίλτ,ψις.............................................. 60, 2 χχρδία ( = ψυχή)............................... 107, 1
άποχλείω (etgén.).............................. 116, 1 χαταφλυαρεΐν....................................... 107, 4
Αυθεντία................................................ 167, 4 χήρυξ, χήρυγμχ................. 107, 3; 109, 1
βαιετίζεοβαι (et gén.) ...................... 108, 1 χόσμοι (astres).................................... 55, 5
βλειεειν ( = όρχν)............................... 91, 4 xopuçoûv, χορυψοΰσθαι................... 158, 2
γυμνός, γυμνωθείς............................. 131, 4 λαμβάνειν (concevoir).......... 168, 3, 4, 5
δίχη (châtim ent)................................ 145, 2 νοερός ( = νοητός)............................... 40, 3
δυνάμεις (juives)................................ 164, 1 όντες (ο'ι).................................. .·____ 132, 2
δυνάμεις (personnifiées)................... 163, 5 ιερολήμματα......................................... 116, 2
εις ( = tv).............................................. 14g, 3 αιεεΰδειν ( properarr) ........................ 120, 1
έχχόχτειν.............................................. 116, 3 τά ξις....................................................... 87, 1
iv αιγή................................................... 168, 6 Ολη ( = χαχόν)......................X V I, 4 ; 43, 3
èv τ ά ξ ε ι................................................. 151, 1 ΰχηρια'.χ (des démons).................... 145, 3
εν τψ π α τρ !.......................................... 86, 2 χλευάζειν.................................... 108 e t Add.
ίξυφαιρεϊν............................................ 116, 5 ψόχωαις.................................................. 58, 5
Index Général1
1. L a Table des Matières étan t détaillée et, je l’espère, claire, je n’ai signalé ici qu’un
petit nombre de thèmes, principalement parmi ceux qui ont été traités dans les notes.
Comme dans les autres Index, il n’a pas été tenu compte des Appendices.
314 TABLES
Influence juive su ri’— ..................... 1 4 0 ,4 Gnostiques de Plotin........... 59, 3; 50, 1
Robe de feu dans 1’— .......................... 144,5 Oracles Chaldaiquee et Numé-
n iu s ............................................... 53-56
P la to n Sources et date de Numénius......... 4 2 ,1