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Vous tous, femmes comme hommes, entendez ou lisez souvent le mot parité à travers
les médias. Des nouvelles lois sont élaborées pour tenter de faire appliquer un droit
constitutionnel fréquemment bafoué : celui d’un traitement égalitaire
indépendamment du sexe. Si plusieurs facteurs sont certainement en jeu dans
l’application partielle de la loi, j’émets l’hypothèse dans cet article que la source principale
en est le conditionnement historique d’une domination masculine. Ce déséquilibre entre
hommes et femmes qui tire son origine du droit romain, pèse sur les activités
quotidiennes, notamment dans la sphère du travail, et pollue les relations entre les
individus.
Mais d’où vient donc cette étrange mise à l’écart des femmes ? On ne peut comprendre
l’origine de cette discrimination sans faire un tour dans l’histoire de notre pays.
C’est en fait le droit romain qui nous a transmis la « suprématie culturelle » de l’homme
sur la femme. Comme l’explique l’historienne Régine Pernoud 1, citant le juriste Robert
Willers : « A Rome, la femme, sans exagération ni paradoxe n’était pas sujet de droit …
Sa condition personnelle, les rapports de la femme avec ses parents ou avec son mari
sont de la compétence de la domus dont le père, le beau-père ou le mari sont les chefs
tout-puissants … La femme est uniquement un objet. » D’ailleurs à cette époque, les
filles étaient souvent considérés comme indésirables et tuées par le père à leur
naissance. Il avait de toute façon droit de vie et de mort sur tous ses enfants. Il gardait
éventuellement la fille aînée dans la famille mais elle n’avait pas droit à un prénom
contrairement aux garçons.
Pendant le Moyen Age, la femme jouit d’une certaine indépendance et sa maturité plus
précoce que celle de l’homme est reconnue dans l’âge de la majorité : 12 ans pour la
jeune femme, 14 pour le jeune homme. A partir du XVIème siècle, la situation de la
femme change profondément : le concile de Trente (1563) rend obligatoire la cérémonie
religieuse de mariage tout en réaffirmant son indissolubilité puis le pouvoir royal (Charles
IX) confirme cette indissolubilité en même temps que la sujétion de l’épouse au mari. La
1
Régine Pernoud La femme au temps des cathédrales Illustrations choisies et commentées par Guy Lobrichon Edition
Stock Paris 2001
1
femme qui disposait au Moyen Age de ses biens propres se trouve sous la dépendance
totale de son mari, elle ne peut disposer d’aucun de ses revenus sans l’accord écrit du
mari. D’ailleurs à partir du XVIIème siècle, elle est obligée d’abandonner son nom de
naissance et de porter le sien. La femme restera donc une mineure civile (son statut
social est équivalent à celui d’un enfant) pendant plusieurs siècles soumise
successivement à son père puis à son mari. La réforme des régimes matrimoniaux qui
lui donnera enfin la libre disposition de ses biens et de son salaire n’interviendra
qu’en 1965.
La révolution française de 1789 où les femmes sont largement partie prenante met au
premier plan l’espoir d’un ordre social différent, non seulement pour l’ensemble des
individus mais aussi pour la catégorie femmes qui se sent fortement opprimée. Elle
réclame notamment le droit de vote qu’elle avait au Moyen Age mais qui fut abrogé au
XVème siècle. A la tête des revendications féminines, Olympe de Gouges rédige en
1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme a le droit
de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. » (Article
X). Olympe ne montera jamais à la Tribune mais elle sera guillotinée en 1793.
L’époque autoritaire de l’empire voit la création du Code civil qui réduit encore le peu de
liberté des femmes. L’exemple du divorce est particulièrement significatif : le divorce par
consentement mutuel établie par la loi de 1792 est supprimé ; dorénavant, si le mari peut
divorcer facilement de sa femme adultère qui est passible d’une sanction pénale pouvant
aller jusqu’à 2 ans en maison de correction, la femme, par contre, ne peut demander le
divorce d’avec son mari infidèle qu’en apportant la preuve que l’acte a été commis dans
la maison commune. Le divorce est d’ailleurs totalement supprimé par Louis XVIII en
1816 et ne sera rétabli qu’en 1884 sous la IIIème république. Quant au divorce par
consentement mutuel, il ne reviendra dans la loi qu’en 1975.
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de ses compagnons hommes. Son séjour lui fournit l’occasion d’instruire les autochtones
kanaks et de s’associer à leur révolte en 1878.4
A contre-courant des normes établies, des femmes courageuses se sont levées et ont
brillé dans leur activité. Mais ces femmes ont eu la chance d’être instruite, ce qui était un
privilège. L’éducation des filles se réduisait généralement aux notions de base des
travaux ménagers ; si la loi Ferry de 1882 sur l’instruction laïque et obligatoire permet
enfin aux filles un accès à l’école primaire, elle ne leur apporte pas les mêmes
connaissances ; les programmes sont fort différents de ceux des garçons : la morale et
les travaux domestiques y occupent une place prépondérante.
Les progrès seront lents. L’accès au baccalauréat ne sera ouvert aux filles qu’en
1924. A partir de cette date et tout au long du XXème siècle, les filles vont investir l’école
avec une progression fulgurante : à partir de 1971, les bachelières dépassent les
bacheliers, leur taux de réussite légèrement supérieur (2 à 3%) reste constant jusqu’à
2011 inclus.
La révolte de mai 1968 initia le processus de l’accès des femmes aux écoles et aux
professions dites masculines : la plus renommée des écoles, l’école Polytechnique
(surnommée l’X) voit l’entrée d’une femme major de promotion en 1972, la première
année où les femmes furent autorisées à se présenter au concours. En 1999, Caroline
Aigle devient la première femme pilote de chasse, elle était sortie major de l’école
Polytechnique.
Ainsi la deuxième moitié du XXème siècle condense, réunit les acquis des réclamations
qui auront mis pour certaines, presque cent ans pour aboutir. En commençant par le droit
de vote, enfin accordé aux femmes en 1944 par le général de Gaulle, l’espace public
masculin ne cesse plus de se fissurer pour y laisser pénétrer les femmes. Mais la
vigilance doit être constante, le sexisme est encore présent chez beaucoup et certaines
avancées sont bien lentes : qu’il s’agisse par exemple de la représentation politique ou
de l’égalité des salaires, preuve que les lois sur la parité ne peuvent annihiler des siècles
d’histoire.
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Louise Michel, la rebelle de Solveig Anspach (sorti en avril 2010) est un film biographique très fidèle ; à ne pas
confondre avec le film Louise Michel de Gustave Kervern et Benoit Delépine (sorti en décembre 2008) qui n’est pas
une biographie mais néanmoins rend hommage à l’héroïne de la Commune.
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La supériorité masculine a paru une évidence aux yeux de tous pendant plusieurs
millénaires. S’affranchir de ce mythe ancré historiquement dans les consciences est sans
nul doute le résultat des efforts de nombreuses femmes et aussi, il est sain de le
reconnaître, de quelques hommes. Revoir et revisiter les relations femmes / hommes est
le plus beau pari du XXI ème siècle. En se regardant l’un, l’autre et en reconnaissant à
chacun, son origine d’être humain, le masculin et le féminin peuvent s’harmoniser aussi
bien en chaque individu que dans la rencontre «inter sexe ».
Dominique Abel