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Lycée Sévigné-1ères-2024- Entraînement à domicile pour le bac blanc oral à partir du 3 avril

Lecture linéaire n°1

Objet d’étude au programme : la littérature d'idées du XVIème siècle au XVIIIème siècle


Olympe de GOUGES, Déclaration de la femme et de la citoyenne, 1791

Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

À décréter1 par l'Assemblée nationale dans ses dernières séances


ou dans celle de la prochaine législature2.

Préambule

1 Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation,


demandent d'être constituées en Assemblée nationale.
Considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de
5 la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la
corruption3 des gouvernements, (elles) ont résolu d'exposer dans
une déclaration solennelle4, les droits naturels inaliénables5 et
sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment
présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans
10
cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir
des femmes, et ceux du pouvoir des hommes, pouvant être à
chaque instant comparés avec le but de toute institution
politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des
15 citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et
incontestables, tournent toujours au maintien de la
Constitution6, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.
En conséquence, le sexe supérieur, en beauté comme en
courage, dans les souffrances maternelles7, reconnaît et déclare,
en présence et sous les auspices de l'Être suprême8, les
20 Droits suivants de la Femme et de la Citoyenne.

1- décréter : adopter officiellement par décret


2- législature : durée d’exercice d’une assemblée législative
3- corruption : fait de se laisser détourner de ses devoirs par des promesses ou de l’argent
4-solennelle : officielle
5- inaliénables : dont on ne peut être privé
6- Constitution : ensemble des lois qui déterminent le mode de gouvernement d’un Etat et définissent les droits
des citoyens
7- souffrances maternelles : souffrances liées aux accouchements
8- sous les auspices de l’Etre suprême : avec la protection du Créateur

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Lecture linéaire n°2

Objet d’étude au programme : la littérature d'idées du XVIème siècle


au XVIIIème siècle
Olympe de GOUGES, Déclaration de la femme et de la citoyenne, 1791

Le début du postambule

1 Femme, réveille-toi ; le tocsin1 de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais
tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme 2,
de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la
sottise et de l'usurpation3. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir
5 aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne.
Ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? Quels sont les avantages que
vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain4 plus signalé.
Dans les siècles de corruption vous n'avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre
empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des injustices de l'homme. La
10 réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets5 de la nature ; qu'auriez- vous
à redouter pour une si belle entreprise ? Le bon mot du Législateur des noces de Cana6 ?
Craignez-vous que nos Législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps
accrochée aux branches de la politique, mais qui n'est plus de saison, ne vous répètent :
femmes, qu'y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre. S'ils
15 s'obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence7 en contradiction avec leurs
principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de
supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l'énergie
de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampants
à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de
20 l'Être Suprême. Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose, il est en votre pouvoir
de les affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir.

1- tocsin : son de cloche destiné à donner l’alarme


2- fanatisme : attachement excessif à l’égard d’une religion ou d’une cause, qui
pousse à l’intolérance, voire àla violence
3- usurpation :
appropriation
illégitime, vol
4-dédain :
indifférence,
mépris
5- décrets : décisions
6- Olympe de Gouges fait référence à un récit de la Bible, les noces de Cana, dans
lequel Jésus demande à Marie : « Qu’y a-t-il de commun entre toi et moi ? » Pour
les chrétiens, cet épisode établit u rapprochement entre le sacrement du mariage,
qui permet l’union de l’homme et de la femme, et l’acte de foi, qui unit les
croyants à leur Dieu. Olympe de Gouges souligne le fait que la morale chrétienne
a longtemps imprégné la vie politique et sociale française.

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Lecture linéaire n°3 (/12 pts)


VOLTAIRE Candide ou l’Optimisme, chapitre XIX, 1759

Dans ce conte philosophique, Voltaire (1694-1778) s’attaque à la pensée de


Leibniz, qui considère que nous habitons « le meilleur des mondes possibles » : s’il
est vrai que le mal existe, il est toutefois compensé par un bien infiniment plus
grand. Voltaire, qui voit dans cette théorie une incitation au fatalisme, fait donc
vivre à Candide une série de malheurs s’accumulant au-delà de ce qu’il est possible
d’endurer. L’extrait proposé offre l’exemple d’une atteinte aux droits de l’homme.
La rencontre de l’esclave Cacambo est un choc pour Candide, qui redécouvre la
réalité du mal au sortir de l’Eldorado.

1 En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que
la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre
homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en
hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? -- J'attends mon
5 maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. -- Est-ce M.
Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? -- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est
l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand
nous travaillons aux sucreries, et que la meule1 nous attrape le doigt, on nous coupe la
main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans
10 les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque
ma mère me vendit dix écus patagons 2 sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon
cher enfant, bénis nos fétiches3, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as
l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton
père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait
15 la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux
que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que
nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais
si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous
m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
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1- meule : lourde pierre servant à écraser et à broyer


2- Patagons : de Pantagonie
3- fétiches : objets incarnant une divinité, auxquels on prête un pouvoir magique

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Lecture linéaire n°4


Molière, Le Malade imaginaire, (I,6), « Holà ! Toinette ! » jusqu’à la fin
1 BELINE : (…) Holà! Toinette!
TOINETTE
Madame?
BELINE
Pourquoi donc est-ce que vous mettez mon mari en colère?
TOINETTE, d'un ton doucereux.
5 Moi, madame? Hélas! je ne sais pas ce que vous me voulez dire, et je ne songe qu'à complaire à
monsieur en toutes choses.
ARGAN
Ah! la traitresse!
TOINETTE
Il nous a dit qu'il voulait donner sa fille en mariage au fils de monsieur Diafoirus; je lui ai répondu
que je trouvais le parti avantageux pour elle, mais que je croyais qu'il ferait mieux de la mettre dans
10 un couvent.
BELINE
Il n'y a pas grand mal à cela, et je trouve qu'elle a raison.
ARGAN
Ah! m'amour, vous la croyez? C'est une scélérate; elle m'a dit cent insolences.
BELINE
Eh bien, je vous crois, mon ami. Là, remettez-vous. Ecoutez, Toinette, si vous fâchez jamais mon
mari, je vous mettrai dehors. Çà, donnez-moi son manteau fourré et des oreillers, que je l'accommode
15 dans sa chaise. Vous voilà je ne sais comment. Enfoncez bien votre bonnet jusque sur vos oreilles: il
n'y a rien qui enrhume tant que de prendre l'air par les oreilles.
ARGAN
Ah! ma mie, que je vous suis obligé de tous les soins que vous prenez de moi!
BELINE, accommodant les oreillers qu'elle met autour d'Argan.
Levez-vous, que je mette ceci sous vous. Mettons celui-ci pour vous appuyer, et celui-là de l'autre
20 côté. Mettons celui-ci derrière votre dos, et cet autre-là pour soutenir votre tête.
TOINETTE, lui mettant rudement un oreiller sur la tête, et puis fuyant.
Et celui-ci pour vous garder du serein.
ARGAN se lève en colère, et jette tous les oreillers à Toinette.
Ah! coquine, tu veux m'étouffer.
25 BELINE
Hé, là! hé, là! Qu'est-ce que c'est donc?
ARGAN, tout essoufflé, se jette dans sa chaise.
Ah! ah! ah! je n'en puis plus.
BELINE
Pourquoi vous emporter ainsi? Elle a cru faire bien.
ARGAN
Vous ne connaissez pas, m'amour, la malice de la pendarde. Ah! elle m'a mis tout hors de moi; et il
30 faudra plus de huit médecines et de douze lavements pour réparer tout ceci.
BELINE
Là, là, mon petit ami, apaisez-vous un peu.
ARGAN
Ma mie, vous êtes toute ma consolation.

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Lecture linéaire n° 5: MOLIERE, Le Malade imaginaire (II, 5), 1673


La tirade de Diafoirus

MONSIEUR DIAFOIRUS
1 Monsieur, ce n'est pas parce que je suis son père; mais je puis dire que j'ai sujet d'être content de
lui, et que tous ceux qui le voient, en parlent comme d'un garçon, qui n'a point de méchanceté. Il
n'a jamais eu l'imagination bien vive, ni ce feu1 d'esprit qu'on remarque dans quelques-uns; mais
c'est par là que j'ai toujours bien auguré de sa judiciaire2, qualité requise pour l'exercice de notre
5 art3. Lorsqu'il était petit, il n'a jamais été ce qu'on appelle mièvre4 et éveillé. On le voyait toujours
doux, paisible et taciturne, ne disant jamais mot, et ne jouant jamais à tous ces petits jeux que l'on
nomme enfantins. On eut toutes les peines du monde à lui apprendre à lire; et il avait neuf ans, qu'il
ne connaissait pas encore ses lettres. « Bon, disais-je en moi-même: les arbres tardifs sont ceux qui
portent les meilleurs fruits. On grave sur le marbre bien plus malaisément que sur le sable; mais
10 les choses y sont conservées bien plus longtemps; et cette lenteur à comprendre, cette pesanteur
d'imagination, est la marque d'un bon jugement à venir. » Lorsque je l'envoyai au collège, il trouva
de la peine; mais il se raidissait contre les difficultés; et ses régents 5 se louaient toujours à moi de
son assiduité et de son travail. Enfin, à force de battre le fer, il en est venu glorieusement à avoir
ses licences6 ; et je puis dire, sans vanité que, depuis deux ans qu'il est sur les bancs7, il n'y a point
15 de candidat qui ait fait plus de bruit que lui dans toutes les disputes de notre Ecole8. Il s'y est rendu
redoutable; et il ne s'y passe point d'acte où il n'aille argumenter à outrance pour la proposition
contraire. Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes ; ne démord jamais de
son opinion et poursuit un raisonnement jusque dans les moindres recoins de la logique. Mais, sur
toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément
20 aux opinions de nos anciens (…)

1-ce feu : cette vivacité


2-mais c’est précisément pour cette raison que j’ai toujours pensé qu’il aurait une excellente faculté de
jugement
3-art : technique (sens classique). La médecine est un art au XVIIème siècle, c’est-à-dire qu’elle se ramène
à un ensemble de règles qu’il convient de mettre en pratique
4-mièvre : vif et ingénieux
5-régents : ses enseignants du collège
6-licences : diplômes universitaires sanctionnant quatre années d’étude
7-sur les bancs de la faculté de médecine
8-qui se soit montré plus brillant dans les débats qui opposent les étudiants sur une thèse

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