Vous êtes sur la page 1sur 3

Oral Français

Jean-Luc LaSalope est un comédien, metteur en scène, dramaturge et même éditeur du XX


siècle. Il apprendra en 1988 qu’il est atteint du Sida, et se retirera 3 mois durant à Berlin afin
d’écrire Juste La Fin du Monde. Sa mort en 1995, à l’âge de 38 ans, n’empêchera pas la
sortie de dizaines de pièces qui rencontreront un succès posthume. C’est aujourd’hui un des
auteurs contemporains les plus joués en France.
Louis, jeune écrivain homosexuel de 34 ans, apprend qu’il est atteint du Sida et qu’il va
mourir. Il décide donc de retourner voir sa famille afin de leur annoncer son futur décès.
Cependant tout ne se passera pas comme prévue pour Louis, et ce qui devais être une
confession familiale va se transformer en véritable règlement de compte pour notre
protagoniste. Entre lourds reproches, silence accablant, et autres confessions, c’est au final
la famille de Louis qui en révélera le plus durant toute l’œuvre. Louis repartira sans avoir
put annoncer la nouvelle, et meurt 1 an après.
La scène étudié est le prologue du roman, dans lequel Louis va être présenter, avant
d’annoncer l’intrigue de tous le roman, à savoir l’annonce de sa mort, et sa volonté d’aller
l’annoncer à sa famille.
On se demande donc, comment ce prologue annonce t’il l’intrigue tragique de la
scène ?
Nous répondrons à cette problématique, avec dans un premier temps l’étude de l’annonce de
la mort de Louis, et dans un deuxième temps l’annonce de sa visite à sa famille.

I – L’annonce de la mort de Louis (ligne 1 a 10)

-Tout d’abord, il est bien important de relever la nature du texte, c’est a dire le prologue. Celui ci
sert traditionnellement à présenter un ou plusieurs personnages, et un peu l’oeuvre, hors ici, toute
l’intrigue est dévoilé dès la deuxième ligne « J’allais mourir à mon tour »
-Retour sur la deuxième ligne « J’allais mourir à mon tour », démontre qu’un autre membre de la
famille est mort avant lui, sûrement le père.
-Louis annonce d’ailleurs des faits qui se produiront plus tards, rappelant la tonalité prophétique,
qui reviendra souvent au cours de l’œuvre.
-Louis va appuyer le thème de la mort de la ligne 2 a 3 principalement en répétant le verbe mourir,
comme s’il essayait de le faire comprendre au spectateur, mais également à lui même.
-La tragédie est appuyé ligne 3, par l’annonce de son âge. 34 ans est un âge trop jeune pour mourir,
le spectateur/lecteur s’en rend bien compte, cela ne sera pas naturel.
-Le terme « L’année d’après » revient de manière anaphorique, continuant à appuyer l’effet
prophétique du prologue.
-Le champ lexical du temps est le plus utilisé dans cette partie de l’oeuvre, encore une fois Louis
semble vouloir nous convaincres et se convaincre que son temps est compté, et que sa vie prendra
inéluctablement fin, ce qui pour le lecteur peut etre caractérisé par tout simplement le faite de finir
le roman. On annonce donc la fin dès le prologue.
- De la ligne 5 a 8, Louis va via une énumération décrire son comportement passif, voir puéril face à
sa mort imminente. Il n’aurait rien fait, aurait « triché », potentiel référence à des actes mauvais, ou
immoral comme le dénie face à la fin de sa vie, le rejet de sa responsabilité sur les autres.
-Le temps est mis en avant comme le véritable problème pour Louis, à travers le champs lexical de
la violence « danger , ennemi, mort, violence ». Ainsi, la maladie passe au second plan face à ce
temps inévitable, indéniable pour notre pauvre Louis.
-Enfin, les temps verbaux renforcent la confusion. D’abord, « j’allais », à l’imparfait nous plonge
dans une époque passée. Puis, « j’ai », au présent de l’indicatif nous ramène à une immédiateté de
l’action. Enfin, « je mourrai », au futur de l’indicatif, nous tend vers un avenir très sombre pour le
protagoniste.

II – L’annonce de son retour (Ligne 10 – 36)

-Ce deuxième mouvement commence directement par une sorte de retournement de situation.
« Malgré tout » annonce que malgré sa fatalité, Louis ne restera plus passif.
-Le champ lexical de l’hésitation «  La peur, le risque, malgré », donne un sentiment d’héroïsme à
Louis, qui n’oublie pas cependant sa fin prochaine « Sans espoir de survivre ». Il se sait héros
tragique condamné.
-Louis évoque donc son choix de retourner voir sa famille, avec laquelle on peut supposer qu’il n’a
pas garder de bonnes relations vu son doute. Cela est démontré par le vocabulaire du retour
« retourner, revenir sur mes pas, aller sur mes traces ». Ce voyage est un voyage dans le temps et
l’espace, car on sait qu’il les a quitté 12 ans auparavant.
-Louis semble donc stopper momentanément la mort par son voyage inversé, par un retour à ses
sources, comme une dernière volonté, comme pour se « purger » de quelque chose dont il n’arrive
pas à se débarrasser.
-De plus «lentement, calmement, d’une manière posée» nous apporte des informations sur la
psychologie de Louis. Rappelons effectivement que le monologue permet traditionnellement de
prendre connaissance des sentiments et pensées du personnage théâtral. Et cela nous permet
effectivement de découvrir qui est Louis dans ce prologue où il s’adresse directement à nous
lecteurs.
-Jean Luc Lagarce crée donc un effet de théâtre dans le théâtre, car Louis devient son propre
metteur en scène, il annonce lui même la suite de ses propres actions.
-De la même manière, l’insistance sur le mot « posé » désigne la sérénité que Louis veut avoir face
à sa famille, mais également la position du corps dans le cercueil.
-Après tout ça, et avec en plus la répétition du verbe « annoncer », le lecteur aura bien compris que
l’annonce de sa mort va être l’intrigue du roman.
-Cependant Louis semble ne vouloir qu’effleurer le sujet de sa mort avec sa famille, argument
caractérisé par la simplicité de ses propos « Dire/Seulement dire/Pour annoncer ». Il semble à la fois
proche et distant de sa famille, renforçant l’idée que l’annonce à ses proches est une véritable
épreuve dont il veut se débarrasser.
-Enfin, «ma mort prochaine et irrémédiable» renforce le registre tragique. D’ailleurs Louis apparaît
comme un héros tragique précisément parce qu’il est condamné et que la fatalité est plus puissante
que ses efforts pour lutter.
-Mais la place reste particulière dans ce prologue puisqu’il est à la fois victime du destin, par la
maladie, mais également la voix de son propre destin. Or, Louis insiste sur une volonté illusoire de
faire face, de maîtriser: «l’annoncer moi-même, en être l’unique messager».
-Mais au fond, Louis sait que cette tentative est désespérée, vouée à l’échec: «l’illusion d’être
responsable de moi-même et d’être jusqu’à cette extrémité mon propre maître».
-Ainsi dans ce dernier mouvement le destin du héros tragique paraît plus fort que sa volonté.

Conclusion
En conclusion, le prologue de Juste La Fin du Monde sort de la méthode traditionnelle, car ici
contrairement à beaucoup d’œuvres, ce prologue vient directement annoncé la tragédie à venir, à
savoir la Mort de Louis. Son originalité va permettre d’annoncer les deux intrigues principales du
romans, à savoir la mort future de Louis et son retour avec sa famille, mais également de poser
d’autres questions annexes sur par exemple l’absence du père ou la psychologie de Louis.

Vous aimerez peut-être aussi