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Origami

Jack Fleurant

Oeuvre publiée sous licence Creative Commons by-nc-nd 3.0

En lecture libre sur Atramenta.net

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Origami

Des vaisseaux de papier découvrant l’Amérique


Les soleils argentins les trésors des Tropiques
Des avions de papier déchirant le silence
Comètes de fumée de fer et d’arrogance

Origami origami

Des diamants de papier dans des coffres lointains


Fortunes arrachées en sinistres butins
Des îles de papier ceinturées de remparts
Refuges de béton pour les eurodollars

Origami origami

Paroles de papier discours énigmatiques


Qui transforment l’agneau en un loup fanatique
Prophètes de papier vérités détournées
Humanisez un peu vos idoles glacées

Origami origami

Des réseaux asociaux au papier volubile


Où l’amitié se noie en relations futiles
D’une banalité on fait une pensée
Une fleur de papier sans vie et sans durée

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Origami origami

Les villes de papier ne défient plus le temps


La grimace s’accroche à la face des gens
Sur la nappe en papier où l’espoir s’est figé
On trace des projets qu’on n’atteindra jamais

Origami origami

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Le Mytho

Quand le Mytho s’attarde au Café du Commerce


On écoute en riant son cœur qui se déverse
De sa vie trop banale il vous fait un roman
De son passé fictif il conjugue les temps
Il évoque à l’envi ses erreurs de jeunesse
Ses moments de folie et ses soirées d’ivresse
Les jours de plein soleil dans des pays lointains
Et les séjours plombés de retours incertains

Le Mytho a connu des amours impériales


Princesses d’Orient sulfureuses vestales
Des nuits ensorcelées espoirs sans lendemain
Des départs éplorés dans le petit matin
Il a cherché de l’or au bord du Pacifique
Fait jaillir le pétrole dans le Golfe Persique
Égaré dans les neiges de l’Himalaya
Il aurait rencontré le grand Dalaï-lama

Le Mytho se rappelle avoir été rebelle


Avoir voulu forcer l’entrée des citadelles
Avoir levé le poing dans des révolutions
Avoir pris la Bastille au nom de la Nation
Il se voit insoumis dressant des barricades
Au péril de sa vie bravant la mousquetade
Il aurait même pu devenir président

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Mais il a préféré rester indépendant

Quand le dernier client a terminé son verre


Le Mytho s’en retourne à sa vie terre à terre
La nuit le plongera dans son lit d’illusions
Sa fabrique d’amour de rêve et d’ambition
Et vous qui écoutez cette chanson futile
Ne riez pas trop fort des récits inutiles
De ce prince exilé sous son modeste toit
Car c’est peut-être vous car c’est peut-être moi

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La Frime

Sur le comptoir qui tangue un peu


Les coudes ancrés mi-clos les yeux
Dans des volutes de vertige
Tu t’abandonnes alors au feu
D’un alcool au nom prétentieux
Qui t’envoûte et qui te dirige

Enveloppée dans son écrin


De faux-semblants de faux satin
Se tient une fausse princesse
Vraie paumée du petit matin
Deux sous d’amour peau de chagrin
Mais en attendant rien ne presse

Refrain

C’était donc ça la vie


Que tu te promettais
c’était donc ça l’envie
De ne mourir jamais
C’était d’la frime

Tu te méfies des étrangers


T’aimes pas les chanteurs engagés
Tu trônes dans tes certitudes

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Il ne faut pas te déranger
Dans tes convictions grillagées
Dans ton rempart de solitude

Pour quelques sous quelques deniers


Pépites d’or dans ton panier
Te voilà changé en esclave
Ta carrière on peut le parier
Te conduit à ton jour dernier
Sans incidents et sans entraves

(Au refrain)

Où sont passés tes cheveux longs


Tes rêves remplis de chansons
Et ton regard contestataire
Le poing levé vers l’horizon
Tu te voyais au panthéon
D’un paradis égalitaire

Tu marchais comme un empereur


A travers champs à travers cœurs
L’avenir était dans ta poche
Cet avenir un peu farceur
T’a fait une vie sans saveur
Autour d’un rêve qui s’accroche

(Au refrain)

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Quand les dieux sont repus

Quand les dieux sont repus de sang et de mitraille


Et s’éloignent en chantant de nos champs de bataille
Sur la terre endormie les portes s’entrebâillent
On oublie un instant les morts les funérailles
On fait de beaux discours et de folles ripailles
La vie reprend son cours on repense aux semailles
Et les filles couchées sur les divans de paille
Écoutent les garçons parler de fiançailles

Mars Arès Taranis et toi Thor


N’avez-vous jamais de remords ?

Quand les dieux fatigués de leur insignifiance


Veulent changer le cours d’une éternelle errance
Les fenêtres se cachent et tout devient silence
On renonce à l’instant aux joies aux espérances
On fait de grands discours sermons sans clairvoyance
La mort reprend son cours de sa toute-puissance
Et les filles et les gars graines d’obéissance
Partageront ce soir les fruits de sa violence

Mars Arès Taranis et toi Thor


N’avez-vous jamais de remords ?

Quand les dieux avinés laissent tomber leurs chaînes

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Qu’ils emplissent la nuit de leurs échos de haine
Sur les portes meurtries leur fureur se déchaîne
Et les espoirs vaincus s’étiolent et se gangrènent
Et nos hymnes guerriers sont de tristes rengaines
Toujours recommencée la mort est souveraine
Les mères éplorées les filles à la peine
Voient descendre en chantant les garçons dans l’arène

Mars Arès Taranis et toi Thor


N’avez-vous jamais de remords ?

Quand les dieux sont repus de sang et de mitraille


Et s’éloignent en chantant de nos champs de bataille
Sur la terre endormie les portes s’entrebâillent
On oublie un instant les morts les funérailles
On fait de beaux discours et de folles ripailles
La vie reprend son cours on repense aux semailles
Et les filles couchées sur les divans de paille
Ecoutent les garçons parler de fiançailles

Mars Arès Taranis et toi Thor


N’avez-vous jamais de remords ?

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FIN

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