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SURRÉALISTE
E T Q U E L Q U E S T E X T E S AU TO U R D U S U R R É A L I S M E
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GUILLAUME APOLLINAIRE
Et toi mon cœur pourquoi bas-tu
Comme un guetteur mélancolique
J’observe la nuit et la mort
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G U I L L AU M E A P O L L I N A I R E ( 18 8 0 - 1918 )
LE PONT MIRABEAU
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G U I L L AU M E A P O L L I N A I R E ( 18 8 0 - 1918 )
MARIE
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G U I L L AU M E A P O L L I N A I R E ( 18 8 0 - 1918 )
L’ADIEU
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G U I L L AU M E A P O L L I N A I R E ( 18 8 0 - 1918 )
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G U I L L AU M E A P O L L I N A I R E ( 18 8 0 - 1918 )
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G U I L L AU M E A P O L L I N A I R E ( 18 8 0 - 1918 )
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G U I L L AU M E A P O L L I N A I R E ( 18 8 0 - 1918 )
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G U I L L AU M E A P O L L I N A I R E ( 18 8 0 - 1918 )
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TRISTAN TZARA
« DADA n’est pas une théorie, mais une protestation. »
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T R I S TA N T Z A R A ( 18 9 6 - 19 6 3 )
Prenez un journal
Prenez des ciseaux
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à vo-
tre poème.
Découpez l'article
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-le dans
un sac.
Agitez doucement
Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre dans l'ordre où elles ont quitté le sac.
Copiez consciencieusement.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voilà "un écrivain infiniment original et d'une sensibilité charmante, encore
qu'incomprise du vulgaire"
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ANDRÉ BRETON
«La beauté sera convulsive, ou ne sera pas.»
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A N D R É B R E TO N ( 18 9 6 - 19 6 6 )
L’UNION LIBRE
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De rendez-vous dans le lit même du torrent
Aux seins de nuit
Ma femme aux seins de taupinière marine
Ma femme aux seins de creuset du rubis
Aux seins de spectre de la rose sous la rosée
Ma femme au ventre de dépliement d’éventail des jours
Au ventre de griffe géante
Ma femme au dos d’oiseau qui fuit vertical
Au dos de vif-argent
Au dos de lumière
À la nuque de pierre roulée et de craie mouillée
Et de chute d’un verre dans lequel on vient de boire
Ma femme aux hanches de nacelle
Aux hanches de lustre et de pennes de flèche
Et de tiges de plumes de paon blanc
De balance insensible
Ma femme aux fesses de grès et d’amiante
Ma femme aux fesses de dos de cygne
Ma femme aux fesses de printemps
Au sexe de glaïeul
Ma femme au sexe de placer et d’ornithorynque
Ma femme au sexe d’algue et de bonbons anciens
Ma femme au sexe de miroir
Ma femme aux yeux pleins de larmes
Aux yeux de panoplie violette et d’aiguille aimantée
Ma femme aux yeux de savane
Ma femme aux yeux d’eau pour boire en prison
Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache
Aux yeux de niveau d’eau de niveau d’air de terre et de feu
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ROBERT DESNOS
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R O B E R T D E S N O S ( 19 0 0 - 194 5 )
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la
naissance de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser
sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
O balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors de-
bout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui
compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les
premières lèvres et le premier front venus.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me
reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre
cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran so-
laire de ta vie.
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R O B E R T D E S N O S ( 19 0 0 - 194 5 )
LE CANAPÉ DE PAMÉLA
Le canapé de Paméla
Le Panapé de Caméla
Le Panala de Camépé
Le charme de Paméla
Le charme du canapé
Il est passé par ici
Il repassera par là
C’est un nabeau c’est un naquois
Charmante Paméla
Délicieux canapé.
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R O B E R T D E S N O S ( 19 0 0 - 194 5 )
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PAUL ÉLUARD
Revenir dans une ville de velours et de porcelaine, les fenêtres seront des vases où
les fleurs, qui auront quitté la terre, montreront la lumière telle qu’elle est.
Voir le silence, lui donner un baiser sur les lèvres et les toits de la ville seront de
beaux oiseaux mélancoliques, aux ailes décharnées.
Ne plus aimer que la douceur et l’immobilité à l’œil de plâtre, au front de nacre, à
l’œil absent, au front vivant, aux mains qui, sans se fermer, gardent tout sur leurs ba-
lancent, les plus justes du monde, invariables, toujours exactes.
Le cœur de l’homme ne rougira plus, il ne se perdra plus, je reviens de moi-
même, de toute éternité.
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PAU L É LUA R D ( 18 9 5 - 19 5 2 )
JE T’AIME
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PAU L É LUA R D ( 18 9 5 - 19 5 2 )
L’EXTASE
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PAU L É LUA R D ( 18 9 5 - 19 5 2 )
LIBERTÉ
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Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
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Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
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Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
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PAU L É LUA R D ( 18 9 5 - 19 5 2 )
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PAU L É LUA R D ( 18 9 5 - 19 5 2 )
L’AMOUREUSE
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PAU L É LUA R D E T B E N JA M I N P É R E T
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36. Il ne faut pas coudre les animaux. 58. Honore Sébastien si Ferdinand est li-
37. Dieu calme le corail. bre.
38. Tourner le radius du côté du mur. 59. Trois font une truie.
39. Qui s’y remue s’y perd. 60. Il y a toujours un squelette dans le
40. Il faut battre sa mère pendant qu’elle buffet.
est jeune. 61. La métrite adoucit les flirts.
41. Un clou chasse Hercule. 62. Un loup fait deux beaux visages.
42. Quand la raison n’est pas là, les sou- 63. Saisir la malle du blond.
ris dansent. 64. Les complices s’enrichissent.
43. Un peu plus vert et moins que blond. 65. La feuille précède le vent.
44. Viande froide n’éteint pas le feu. 66. Les cerises tombent où les textes man-
45. Une ombre est une ombre quand quent.
même. 67. Joyeux dans l’eau, pâle dans le mi-
46. Saisir l’œil par le monocle. roir.
47. Le silence fait pleurer les mères. 68. Le marbre des odeurs a des veines
48. Peau qui pèle va au ciel. mouvantes.
49. Il n’y a pas de désir sans reine. 69. Mettez un moulin à cheval, il ira à
50. Qui n’entend que moi entend tout. Chatou.
51. Trop de mortier nuit au blé. 70. S’il n’en reste qu’une, c’est la foudre.
52. Une femme nue est bientôt amou- 71. Il ne faut pas lâcher la canne pour la
reuse. pêche.
53. Qui sème des ongles récolte une tor- 72. Duvet cotonneux des médailles.
che. 73. Vague de sous, puits de moules.
54. La grandeur ne consiste pas dans les 74. Un nègre marche à côté de vous et
ruses, mais dans les erreurs. vous voile la route.
55. On n’est jamais blanchi que par les 75. Le rat arrose, la cigogne sèche.
pierres. 76. Les enfants qui parlent ne pleurent
56. Mourir quand il n’est plus temps. pas.
57. Se mettre une toupie sur la tête. 77. A chaque jour suffit sa tente.
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78. Comme une poulie dans un pâté. 100. Jouer du violon le mardi.
79. Tout ce qui grossit n’est pas mou. 101. Le pélican est ce qui se rapproche le
80. C’est l’auréole qui perce la dentelle. plus du bonnet de nuit.
81. Les poils tombés ne repoussent pas 102. Saluer l’âne qui broute des griffes.
pour rien. 103. Rassemble, afin d’aimer
82. Coupez votre doigt selon la bague. 104. Les courtisanes perdent leurs as.
83. Il y a toujours une perle dans ta bou- 105. Passe ou file.
che. 106. Les savants qui s’approchent jettent
84. Ne jetez aux démons que les anges. leurs vêtements dans les fossés.
85. Vous avez tout lu mais rien bu. 107. Faire deux heures d’une horloge.
86. A quelque rose chasseur est bon. 108. Les homards qui chantent sont amé-
87. Faire son petit sou neuf. ricains.
88. Loin des glands, près du boxeur. 109. Il n’y a pas de cheveux sans rides.
89. Fidèle comme un chat sans os. 110. Les amants coupent les amantes.
90. Un cou crasseux fait un pipe culottée. 111. Un albinos ne fait pas le beau temps.
91. Les beaux crânes font de belles décou- 112. Tout ce qui vole n’est pas rose.
vertes. 113. Je suis venu, je me suis assis, je suis
92. Gratter sa voisine ne fleurit pas en parti.
mai. 114. Il y a loin de la route aux escargots.
93. D’abord enfermez le collier, ensuite 115. Rouge comme un pharmacien.
attrapez-le. 116. Porter ses os à sa mère.
94. Tout ce qui vient de ma cuisine gran- 117. Un plongeon vaut mieux qu’une gri-
dit dans la cour. mace.
95. Brûler le coq pour grossir. 118. Le son fait la Beauce.
96. Tirez toujours avant de ramper. 119. Dans le paysage, un beau fruit fait
97. Un corset en juillet vaut un troupeau une bosse et un trou.
de rats. 120. A chien étranglé, porte fermée.
98. User sa corde en se pendant. 121. Herbe sonore se prend au nid.
99. Une brume s’y prend plus gentiment.
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122. Dansez tout le jour ou perdez vos bi- 142. Un rêve sans étoiles est un rêve ou-
nocles. blié.
123. Sourd comme l’oreille d’une cloche. 143. Brosse d’amour pour les hirsutes.
124. Deux crins font un crime. 144. Le sein est toujours le cadet.
125. Mieux vaut mourir d’amour que d’ai- 145. Pendu aux cerises.
mer sans regrets. 146. Chien mal peigné s’arrache les poils.
126. Il y a un ivrogne pour les curieux. 147. Celui qui n’a jamais senti la pluie se
127. C’est un rat qui dégonfle un autre moque des nénuphars.
rat. 148. La rivière est borgne.
128. Un trombone dans un verre d’eau. 149. Une tarte suffit pour l’horizon.
129. Une arme suffit pour montrer la vie. 150. A bonne mère, suie chaude.
130. Un jeune homme marié perd son 151. Quand la route est faite, il faut la re-
nez. faire.
131. Il n’y a pas de bijoux sans ivresse. 152. Vivre d’erreurs et de parfums.
132. Les castors ne se purgent pas la nuit.
133. Mon prochain, c’est hier ou demain.
134. Écraser deux pavés avec la même
souche.
135. Tuer n’est jamais voler.
136. Ne grattez pas le squelette de vos
aïeux.
137. Taquiner le corbillard.
138. Les pelles ne se vendent pas sans fu-
sils.
139. A chacun sa panse.
140. Les blessures en forme d’arc ne con-
jurent pas l’orage.
141. Sois grand avant d’être gras.
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LOUIS ARAGON
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LO U I S A R AG O N ( 18 97 - 19 8 2 )
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LO U I S A R AG O N ( 18 97 - 19 8 2 )
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L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages
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FRANCIS PONGE
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F R A N C I S P O N G E ( 18 9 9 - 19 8 8 )
LE PAIN
La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi pa-
noramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes,
le Taurus ou la Cordillère des Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le
four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevas-
ses... Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière
avec application couche ses feux, — sans un regard pour la mollesse ignoble sous-ja-
cente.
Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des
éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les
coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se déta-
chent alors les unes des autres, et la masse en devient friable...
Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect
que de consommation.
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F R A N C I S P O N G E ( 18 9 9 - 19 8 8 )
L’ORANGE
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