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Séquence Français 2nd Bac pro 

: Devenir soi : écritures autobiographiques

Séquence : Le souvenir d’enfance

Problématique : Le souvenir d’enfance : pourquoi ? Pour qui ? Comment l’évoquer ?

Objectif :

- Objectif de lecture : caractériser les enjeux de l’autobiographie (Pourquoi écrit-on son autobiographie?)
- Objectif d’écriture : rédiger un écrit personnel

Enjeux autobiographie :
- Un témoignage adressé au public : de rectifier des faits, de se justifier au yeux des lecteurs. Ainsi, Rousseau
entreprend-t-il d’écrire les confessions pour faire comprendre qu’il est vraiment, et pour persuader le lecteur qu’il est
un homme bon, malgré ce que disent de lui ses détracteurs.
- Un miroir où se regarde l’auteur, un retour sur soi, une contemplation : le désir de mieu se connaître. En se
racontant l’auteur adulte cherche à saisir l’enfant qu’il était. Aussi raconte-il les épisodes marquants de sa vie (L’age
d’homme de Michel Leiris).

Séance de Lancement sous forme dialoguée suivie d’un travail d’écriture

Que signifie « écrire sur soi « ?


- Écrire sur soi, c’est donner ordre et sens à son expérience, à ses valeurs et à sa représentation du monde
- L’écriture personnelle engage le sujet

Travail libre d’écriture : écrire un souvenir d’enfance en quelques lignes.

Le projet d’écriture est le moteur de l’activité. L’élève écrit un texte au brouillon : la lecture des textes permettra
d’améliorer et de réécrire se premier jet. A chaque séance de lecture, les textes de référence vont nourrir le
texte de l’élève ( A chaque nouvelle lecture, l’élève va réécrire le texte).

Chaque texte est abordé de façon originale mais les élèves ont une liste de questions auquelles après chaque
lecture il tente de répondre. Ce travail sert pour la réécriture du souvenir à la fin de la séquence :
- Quels épisodes d’une vie peut-on choisir de raconter ? Quels épisodes avez-vous particulièrement appréciés
dans vos lectures ?
- A quelle intentions correspondent les épisodes ou les moments racontés ? Que veut nous faire voir ou
comprendre l’auteur ?
- Comment peut-on mettre en valeur un épisode ou un moment-clé ?
Texte : Les Confessions, Rousseau

J'étudiais un jour seul ma leçon dans la chambre contiguë à la cuisine. La servante avait mis sécher à la plaque
les peignes de mademoiselle Lambercier. Quand elle revint les prendre, il s'en trouva un dont tout un côté de
dents était brisé. A qui s'en prendre de ce dégât ? personne autre que moi n'était entré dans la chambre. On
m'interroge : je nie d'avoir touché le peigne. M. et mademoiselle Lambercier se réunissent, m'exhortent, me
pressent, me menacent : je persiste avec opiniâtreté ; mais la conviction était trop forte, elle l'emporta sur
toutes mes protestations, quoique ce fût la première fois qu'on m'eût trouvé tant d'audace à mentir. La chose fut
prise au sérieux ; elle méritait de l'être. La méchanceté, le mensonge, l'obstination, parurent également dignes
de punition ; mais pour le coup ce ne fut pas par mademoiselle Lambercier qu'elle me fut infligée. On écrivit à
mon oncle Bernard : il vint. Mon pauvre cousin était chargé d'un autre délit non moins grave ; nous fûmes
enveloppés dans la même exécution. Elle fut terrible. Quand, cherchant le remède dans le mal même, on eut
voulu pour jamais amortir mes sens dépravés, on n'aurait pu mieux s'y prendre. Aussi me laissèrent-ils en
repos pour longtemps.

On ne put m'arracher l'aveu qu'on exigeait. Repris à plusieurs fois et mis dans l'état le plus affreux, je fus
inébranlable. J'aurais souffert la mort, et j'y étais résolu. Il fallut que la force même cédât au diabolique
entêtement d'un enfant ; car on n'appela pas autrement ma constance. Enfin je sortis de cette cruelle épreuve
en pièces, mais triomphant.

Il y a maintenant près de cinquante ans de cette aventure, et je n'ai pas peur d'être puni derechef pour le
même fait ; hé bien ! je déclare à la face du ciel que j'en étais innocent, que je n'avais ni cassé ni touché le
peigne, que je n'avais pas approché de la plaque, et que je n'y avais pas même songé. Qu'on ne me demande
pas comment le dégât se fit, je l'ignore et ne le puis comprendre ; ce que je sais très certainement, c'est que
j'en étais innocent.

Qu'on se figure un caractère timide et docile dans la vie ordinaire, mais ardent, fier, indomptable dans les
passions ; un enfant toujours gouverné par la voix de la raison, toujours traité avec douceur, équité,
complaisance, qui n'avait pas même l'idée de l'injustice, et qui pour la première fois en éprouve une si terrible
de la part précisément des gens qu'il chérit et qu'il respecte le plus : quel renversement d'idées ! quel désordre
de sentiments ! quel bouleversement dans son cœur, dans sa cervelle, dans tout son petit être intelligent et
moral ! Je dis qu'on s'imagine tout cela, s'il est possible ; car pour moi je ne me sens pas capable de démêler,
de suivre la moindre trace de ce qui se passait alors en moi.

Je n'avais pas encore assez de raison pour sentir combien les apparences me condamnaient, et pour me
mettre à la place des autres. Je me tenais à la mienne, et tout ce que je sentais, c'était la rigueur d'un châtiment
effroyable pour un crime que je n'avais pas commis. La douleur du corps, quoique vive, m'était peu sensible ; je
ne sentais que l'indignation, la rage, le désespoir. Mon cousin, dans un cas à peu près semblable, et qu'on avait
puni d'une faute involontaire comme d'un acte prémédité, se mettait en fureur à mon exemple, et se montait,
pour ainsi dire, à mon unisson. Tous deux dans le même lit, nous nous embrassions avec des transports
convulsifs, nous étouffions ; et quand nos jeunes cœurs un peu soulagés pouvaient exhaler leur colère, nous
nous levions sur notre séant, et nous nous mettions tous deux à crier cent fois de toute notre force : Carnifex !
carnifex ! carnifex !

Je sens en écrivant ceci que mon pouls s'élève encore ; ces moments me seront toujours présents, quand je
vivrais cent mille ans. Ce premier sentiment de la violence et de l'injustice est resté si profondément gravé dans
mon âme, que toutes les idées qui s'y rapportent me rendent ma première émotion ; et ce sentiment, relatif à
moi dans son origine, a pris une telle consistance en lui-même, et s'est tellement détaché de tout intérêt
personnel, que mon cœur s'enflamme au spectacle ou au récit de toute action injuste, quel qu'en soit l'objet et
en quelque lieu qu'elle se commette, comme si l'effet en retombait sur moi. Quand je lis les cruautés d'un tyran
féroce, les subtiles noirceurs d'un fourbe de prêtre, je partirais volontiers pour aller poignarder ces misérables,
dussé-je cent fois y périr. Je me suis souvent mis en nage à poursuivre à la course ou à coups de pierre un
coq, une vache, un chien, un animal que je voyais en tourmenter un autre, uniquement parce qu'il se sentait le
plus fort. Ce mouvement peut m'être naturel, et je crois qu'il l'est ; mais le souvenir profond de la première
injustice que j'ai soufferte y fut trop longtemps et trop fortement lié pour ne l'avoir pas beaucoup renforcé.

Jean-Jacques Rousseau, Confessions, Livre I, 1782.


Séance 1 : Étude du texte de Rousseau, extrait du passage des Confessions « Le peigne cassé »

Axe de lecture : la révélation traumatisante d’une injustice au travers du souvenir d’enfance

On analyse la structure du texte :


- Le récit de l’incident
- La prise de conscience de l’injustice.

Le projet de Rousseau n’est pas seulement une volonté narrative mais surtout une volonté moralisatrice : le
narratif est au service de la morale.

Travail de réflexion sur : Comment raconter un souvenir ? Quels enjeux mettre en place dans le souvenir
autobiographique ?

Point de grammaire : L’accord des verbes Présent/Passé simple/Imparfait et pourquoi lexique.

Cet événement marquant a eu des effets sur Rousseau. Il analyse les effets du malentendu sur lui. Sur le point de
vue psychologique : il y a un renversement, un désordre et un bouleversement. Ce désastre intérieur crée un
désordre de l'esprit, du cœur et de la raison. Toute la méthode éducative acquise est détruite  : plus de douceur,
d'équité. Il met en cause ses éducateurs. C'est le début du mal chez Rousseau. L'impossibilité d'accord provoque
une souffrance intérieure. Rousseau est dorénavant capable de méfaits.

Cette scène des Confessions est un traumatisme pour Rousseau. L'enjeu de l'écriture biographique permet
de montrer l'importance des impressions d'enfance qui vont définir l'être futur. Rousseau cherche à
remonter aux scènes originelles, là où s'est décidé tout le cours de sa vie.

Le texte est un aspect le plus signifiant des confessions, épisode clef avec succession de « je » narré et
« je » narrant.
Importance de la structure. Récit du souvenir dans les deux premiers paragraphes. Ensuite analyse de cette
punition injuste de manière très argumentée. Analyse de la prise de conscience de l’injuste qui marque la fin
de l’insouciance de l’enfant. A cause de cette injustice, il ne plus faire confiance au hommes.

Deuxième partie, exagération veut frapper le lecteur.

Dans confessions , Rousseau parle à dieux, pacte autobiographique avec dieux. Seul dieux pour lui peut le juger.
Champ lexical de la faute et de l’injustice.

- Première partie, « je », première prhrase on est dans l’immédiaté narrative, récit avec temps du récit passé simple
et présent de narration.
On a bien des éléments perturbateurs quand basculement au passé simple. Enfin péripéties « enfin je sorti »
« mais » triomphant »
Système énonciatrice très raccourci ou triomphe la résistance avec la permanence du « je ».

- Deuxième partie, changement de narration, permanence du « je » : Moi maintenant « ici », je vous écris des
confessions. Autre processus de confidence. Temps verbaux changent avec présent d’énonciation avec quelques
imparfait convoqué.
Sur les repères organisationnels, on entres dans un processus argumentatif.
Rousseau ne va pas raconter le souvenir mais l’analyser. Confessions = projet moralisateur pour pas se
raconter mais se justifier.
Comme il veut se justifier, il dramatise et exagère. Lecteur pris en témoin des malheur de Rousseau.
L’innocence de l’enfant est mis en avant.
On est bien dans des fonctions persuasives qui trouvent leur place dans le mouvement du coeur qui s’appuie sur le
juste et injuste. Faisant appel au jugement des dieux.
Lexique organisé autour de de la passion du Christ très exagéré.
Déclinaison du lexique adapté à chacune des parties engage le lecteur auprès du lecteur. Il s’appuie sur un
vocabulaire d’exagération, ponctuation forte, système hyperbolique qui concours à la dramatisation.
- Troisième partie : psychologique, parce que cet enfant à découvert injustice, son univers s’est écroulé. Cette
société, cette belle nature, ce sont les hommes qui sont venus la dégrader. Cette épisode de fausse accusation est
venue détruire l’insouciance de l’enfance. Cahmp lexical du paradis perdu, péché originel, de l’injustice.

Episode fait naître en Rousseau une haine de l’injustice. Cet incident révèle la contradiction entre vérité et
mensonge.

Séance 2 : Extrait de Les Mots de Sartre

Un jour - j’avais sept ans - mon grand-père n’y tint plus : il me prit par la main, et dit que nous allions faire une
promenade. Mais à peine avions-nous tourné le coin de la rue, il me poussa chez le coiffeur en me disant : «
Viens, nous allons faire une surprise à ta mère. » J’adorais les surprises. Il y en avait tout le temps chez nous.
Cachotteries amusées ou vertueuses, cadeaux inattendus, révélations théâtrales suivies d’embrassements :
c’était le ton de notre vie. Quand on m’avait ôté l’appendice, ma mère n’en avait pas soufflé mot à Karl pour lui
éviter des angoisses qu’il n’eût, de toute manière, pas ressenties. Mon oncle Auguste avait donné l’argent ;
revenus clandestinement d’Arcachon, nous nous étions cachés dans une clinique de Courbevoie. Le
surlendemain de l’opération, Auguste était venu voir mon grand-père : « Je vais, lui avait-il dit, t’annoncer une
bonne nouvelle. » Karl fût trompé par l’affable solennité de cette voix : « Tu te remaries ! » « Non, répondit mon
oncleen se souriant, mais tout s’est très bien passé. » « Quoi, tout ? », etc. Bref les coups de théâtre faisaient
mon petit ordinaire et je regardai avec bienveillance mes boucles rouler le long de la serviette blanche qui me
serrait le cou et tomber sur le plancher, inexplicablement ternies ; je revins glorieux et tondu.

Il y eu des cris, mais pas d’embrassements et ma mère s’enferma dans sa chambre pour pleurer : on avait
troqué sa fillette contre un garçonnet. Il y avait pis : tant qu’elles voltigeaient autour de mes oreilles ; mes belles
anglaises lui avaient permis de refuser l’évidence de ma laideur. Déjà, pourtant mon oeil droit entrait dans le
crépuscule. Il fallut qu’elle s’avouât la vérité. Mon grand-père semblait lui-même tout interdit ; on lui avait confié
sa petite merveille, il avait rendu un crapaud : c’était saper à la base ses futurs émerveillements.

Jean-Paul Sartres, Les Mots, 1964

Axe de lecture : une anecdote en apparence anodine mais qui suscite une double révélation : l’enfant découvre
sa laideur et le regard des autres sur lui.

Comment l’adulte, écrivant ce souvenir, fait de cet épisode un événement capital de son existence ?
Analyse de la structure complexe du texte : Le souvenir, l’analyse rétrospective, la digression.
Structure qui accroche l’intérêt du lecteur en relançant l’attention à travers un récit plaisant qui prend tout à la
fois l’apparence du conte et de l’écriture théâtrale.
Sarte transforme un expérience douloureuse en un récit à la fois drôle et tendre.

Même travail de réflexion que dans la lecture précédente et confrontation des textes de Rousseau et de Sartre.

Point de grammaire : Paroles rapportées

Éléments d’analyse :

Dans cet extrait, Sartre découvre qu’il est laid. L’enfant découvre sa laideur. Sarte disait qu’il avait toujours
souffert de sa laideur.
Mise en abîme du récit avec inversion des rôles. Mise en scène des souvenirs. Paroles rapportées =
théâtralisation du texte.
Épisode fondateur pour Sartre comme Rousseau qui regarde de manière éclairé son existence.
Plan du texte : Structure complexe : (l1-4) : souvenir du coiffeur ;(l.5-7) : analyse
rétrospective ;(l.7-15) : anecdote de l'appendicite (digression) puis fin de l'analyse. C'est
un récit de base puis une analyse sur ce récit coupé par un exemple, puis reprise du récit
de base.

Regard à la fois tendre et ironique sur sa famille et son enfance, présentée comme une pièce de théâtre
(l.5-6). Allitération "cachotteries", "cadeaux" : manière de renforcer la théâtralité de cette phrase
nominale.

•Dit explicitement (l.7) "ton" qui est un terme normalement utilisé en critique littéraire, et non pour
une description d'une anecdote de l'enfance.
•Texte tout entier inspiré par le théâtre, dans sa structure :
Alternance récit-analyse + anecdote de l'appendicite : petite scène comique très vivante, fondée sur le
quiproquo.
Coup de théâtre du "bref" (l.15) qui coupe la scène relatant l'histoire de l'apendicite.

Dans ce passage des " Mots ", Sartre raconte avec ironie et humour sa 1ère expérience chez le coiffeur.
Cet épisode, source d'une double révélation sur sa laideur, mais aussi sur ses proches, est particulièrement
bien construit et montre l'ironie avec laquelle le narrateur adulte traite l'épisode, les autres personnages et
l'enfant naïf qu'il fut. Sartre transforme une expérience douloureuse en récit à la foie drôle et tendre.

Séance 3 : Extrait de l’Age d’homme de Leiris

Âgé de cinq ou six ans, je fus victime d'une agression. Je veux dire que je subis dans la gorge une opération
qui consista à m'enlever des végétations ; l'intervention eut lieu d'une manière très brutale, sans que je fusse
anesthésié. Mes parents avaient d'abord commis la faute de m'emmener chez le chirurgien sans me dire où ils
me conduisaient. Si mes souvenirs sont justes, je m'imaginais que nous allions au cirque ; j'étais donc très loin
de prévoir le tour sinistre que me réservaient le vieux médecin de la famille, qui assistait le chirurgien, et ce
dernier lui-même. Cela se déroula, point pour point, ainsi qu'un coup monté et j'eus le sentiment qu'on m'avait
attiré dans un abominable guet-apens. Voici comment les choses se passèrent : laissant mes parents dans le
salon d'attente, le vieux médecin m'amena jusqu'au chirurgien, qui se tenait dans une autre pièce en grande
barbe noire et blouse blanche (telle est, du moins, l'image d'ogre que j'en ai gardée) ; j'aperçus des instruments
tranchants et, sans doute, eus-je l'air effrayé car, me prenant sur ses genoux, le vieux médecin dit pour me
rassurer : « Viens, mon petit coco ! On va jouer à faire la cuisine. » À partir de ce moment je ne me souviens de
rien, sinon de l'attaque soudaine du chirurgien qui plongea un outil dans ma gorge, de la douleur que je
ressentis et du cri de bête qu'on éventre que je poussai. Ma mère, qui m'entendit d'à côté, fut effarée. […]

Ce souvenir est, je crois, le plus pénible de mes souvenirs d'enfance. Non seulement je ne comprenais pas que
l'on m'eût fait si mal, mais j'avais la notion d'une duperie, d'un piège, d'une perfidie atroce de la part des
adultes, qui ne m'avaient amadoué que pour se livrer sur ma personne à la plus sauvage agression. Toute ma
représentation de la vie en est restée marquée : le monde, plein de chausse-trapes, n'est qu'une vaste prison
ou salle de chirurgie ; je ne suis sur terre que pour devenir chair à médecins, chair à canons, chair à cercueil ;
comme la promesse fallacieuse de m'emmener au cirque ou de jouer à faire la cuisine, tout ce qui peut
m'arriver d'agréable en attendant n'est qu'un leurre, une façon de me dorer la pilule pour me conduire plus
sûrement à l'abattoir où, tôt ou tard, je dois être mené.

Michel Leiris, L'âge d'homme, 1939

Axe de lecture : à quelle logique obéit la composition du texte ? Étude de la progression du récit de la situation
initiale à la situation finale, étude du registre de l’émotion.
Faire réfléchir sur les relations que l’auteur établit entre l’expérience de l’enfant et la vie de l’adulte qu’il est
devenu.
Quelles sont, dés lors, les fonctions de l’écriture autobiographique ?
Le récit d’un souvenir traumatisant devient l’acte fondateur de la représentation de tout une vie.

Éléments d’analyse :

Première partie : récit de l’opération, du piège.


« Voici » = présentatif authentifie le souvenir. Pose le cadre du récit très réaliste avec champ lexical de
l’horreur .
Puis mise à distance du souvenir : « il fut impossible de m’arracher une parole ».

Grilles de lecture possible a suive avec les élèves :

1. Quel est le statut du narrateur ? Quel est le point de vue adopté ?

Le narrateur est un narrateur interne : il écrit à la 1ère personne (« je »). Il s'agit d'un adulte qui se remémore
un souvenir d'enfance. Il adopte le point de vue de l'enfant qu'il a été (« j'ai été victime d'une agression », « je
m'imaginais que nous allions au cirque »), avant de donner son point de vue d'adulte sur l'incident.

2. En combien de parties diviseriez-vous ce texte ? À quels moments de la vie du narrateur


correspondent-elles ? Pour répondre, appuyez-vous sur les temps des verbes et sur leurs valeurs.
(Question qui peu ouvrir l’analyse après la lecture du texte)

On peut diviser ce texte en deux parties, correspondant chacune à un paragraphe : • dans le premier, le
narrateur fait le récit de son souvenir d'enfance, en utilisant principalement le passé simple (pour les actions
brèves, ponctuelles et de premier plan : « je fus », « je subis ») et l'imparfait (pour les descriptions : « je
m'imaginais », « j'étais ») ; • dans le second, il commente ce souvenir en expliquant comment il a influencé sa
perception du monde, principalement au présent d'énonciation (« est », « suis », « peut ») : c'est alors le
narrateur adulte qui exprime ses sentiments.

3. Après avoir précisé quelle expérience médicale le narrateur rapporte, expliquez ce qu'il a éprouvé et
relevez un champ lexical correspondant.

Le narrateur rapporte le souvenir de son ablation des végétations (0,5 point). Au cours de cette expérience, il a
éprouvé : • un sentiment de menace (« ogre », « instruments tranchants », « sans doute eus-je l'air effrayé », «
l'attaque soudaine », « la plus sauvage agression »), • de la douleur (« douleur », « cri de bête que l'on éventre
», « que l'on m'eût fait si mal »), • un sentiment de trahison (« coup monté », « abominable guet-apens », «
duperie », « piège », « perfidie atroce », « promesse fallacieuse »). • un choc devant la brutalité des médecins
(« agression », « d'une manière très brutale », « sans que je fusse anesthésié », « attaque soudaine »).

4. Que ressent le narrateur vis-à-vis de l'attitude de ses parents ? Citez deux expressions du texte et
commentez-les.

Le narrateur porte un jugement sur ses parents (« Mes parents avaient d'abord commis la faute de... » : il est
bien en train de leur reprocher leur attitude).

Il estime qu'ils l'ont trahi, ont voulu le tromper (« j'avais la notion d'une duperie, d'un piège, d'une perfidie atroce
de la part des adultes, qui ne m'avaient amadoué que pour se livrer sur ma personne à la plus sauvage
agression » : pour lui, ils ont agi sciemment dans le but de le leurrer et de le faire souffrir).

5. En quoi cette expérience a-t-elle influencé la vision du monde de Michel Leiris ? Appuyez-vous sur le
champ lexical dominant et sur deux métaphores que vous expliquerez.

Cette expérience l'a influencé dans le sens où il se méfie désormais de « tout ce qui peut [lui] arriver d'agréable
», considérant ces instants de bonheur comme un « leurre » ou « une façon de [lui] dorer la pilule ». Il est
devenu pessimiste et considère à présent qu'il ne se trouve sur terre que pour devenir « chair à médecins, chair
à canons, chair à cercueil »), et que tout événement connaîtra forcément une conclusion pessimiste.

Les métaphores abondent : « le monde […] n'est qu'une vaste prison ou salle de chirurgie » ; « chair à
médecin, chair à canons, chair à cercueil » ; « une façon de me dorer la pilule » ; « pour me mener plus
sûrement à l'abattoir »...

Séance 4 : Oral

Travail de synthèse sur les trois lectures.


Reprise du travail de réflexion que chaque élève a mené avec le questionnement de départ.
Le travail est fait avec la classe, à l’oral, l’objectif étant de bien définir les enjeux de l’écriture autobiographique
et de réfléchir à l’originalité de chaque extrait.

Séance 5 : réécriture

Le travail qui a été repris à chaque séance est définitivement réécrit, avec pour modèle les trois textes étudiés.
La consigne de réécriture est : Racontez un épisode de votre enfance qui vous a marqué. En vous appuyant
sur l’écriture des trois textes étudiés, vous mêlerez à votre récit les réflexions et les sentiments que ce souvenir
vous inspire aujourd’hui.

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